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25/11/2021

SERGIO RODRÍGUEZ GELFENSTEIN
Silvio Rodríguez : 75 ans...et ceux qui restent à venir

Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Le 29 novembre, l'auteur-compositeur-interprète, guitariste et poète cubain Silvio Rodríguez Domínguez a 75 ans. Ci-dessous un hommage plein de souvenirs à ce géant de la Nueva Trova, par un de ses camarades et amis - FG, Tlaxcala

 

En 1980 paraît l'album "Rabo de Nube" de Silvio Rodríguez. L'une de ses chansons est "Testamento". Contrairement à la tradition, dans son testament, Silvio ne parle pas de ce qu'il va quitter, mais de ce qu'il lui reste à   faire, ce qui n'est pas rien si l'on considère qu'à cette époque il n'a pas encore 35 ans. On dit qu'il a écrit cette chanson parce que son déplacement en Angola, en pleine guerre contre le colonialisme et l'apartheid, a rendu réelle et objective une éventuelle rencontre avec la mort.

   

Plus de 40 ans ont passé, la vie a continué à tracer son chemin, les années montrent que l'on est plus proche de la fin que du début. Je ne suis pas un chanteur, j'essaie de parler par écrit et dans cette mesure - en paraphrasant Silvio - je dois dire que je lui dois une chronique à un moment où j'ai également fait mon testament sur les choses que je dois encore faire.

J'écris ces lignes quelques jours avant le 75e anniversaire de Silvio. En fait, j'aurais dû le faire il y a cinq ans, lorsqu'il est entré dans sa huitième décennie de vie, mais le départ prématuré de Fidel nous a ébranlés - lui et moi. Je le lui ai dit quand nous avons parlé quelques jours plus tard. Il a été très laconique : « Nous ne sommes pas ici pour faire la fête ». Et c'est ainsi que la douleur nous a rongés, paralysant tout effort créatif. Il vaut donc la peine maintenant, en guise de souvenir, de raconter quelques anecdotes peu connues qui dépeignent l'être humain que j'apprécie, entremêlé au compositeur et au poète qui manque à tout le monde.

J'ai rencontré Silvio au milieu des années 1970, alors que je vivais encore dans l'appartement de l’avenue 23 à La Havane. Bien que nous ne nous soyons pas rencontrés fréquemment, les fois où je l'ai fait, nous avons eu des discussions intenses sur mon travail "étrange". C'était l'époque où je faisais les premiers pas dans ma formation militaire. L'étrangeté était due à mon statut d'étranger qui avait accès aux académies militaires cubaines.

Dans ces premières conversations, j'ai pu percevoir la qualité d'un être exceptionnel. Bien que sa musique ait commencé à m'accompagner et ait été présente dans ma vie depuis ce moment jusqu'à aujourd'hui, je ne pense pas l'avoir approché tant pour sa condition de musicien incomparable que pour sa condition humaine et son extraordinaire sensibilité qui lui fait posséder un esprit internationaliste, détenteur d'un sentiment de solidarité indéfectible avec ceux qui luttent "où que ce soit" car nous sommes leurs frères, comme l'a souligné Camilo [Cienfuegos].

En arrière-plan, je pouvais deviner que Silvio était envieux des possibilités que la vie m'avait offertes. J'étais très jeune, je n'étais personne (je ne suis toujours personne) et il était déjà SILVIO RODRÍGUEZ, avec une majuscule, bien qu'il ne s'intéressât pas, ni alors, ni aujourd'hui, à le faire sentir à qui que ce soit. À cette époque, je n’avais pas la capacité rhétorique ni la faculté de discernement que les années procurent, mais je pouvais percevoir que Silvio aspirait à libérer ce sentiment internationaliste avec autre chose que la guitare. Il le dit dans son testament :

« Je dois une chanson à une balle
à
un projectile qui devait m'attendre dans une jungle. 

Je te dois une chanson désespérée 

 

Désespérée de ne pas pouvoir la voir ».

 

Puis vinrent la guerre et la révolution au Nicaragua. Après le triomphe du 19 juillet, en septembre, un ami qui travaillait à l'époque à la transformation de la défunte "Radiodifusora Nacional" en "La Voz de Nicaragua", sachant que je me rendrais à Cuba, m'a demandé de lui apporter des disques de l'île car il avait été chargé de créer une bibliothèque musicale. Quand je suis arrivé à La Havane, je suis allé voir Silvio et lui ai parlé de ma mission. Il m'a demandé quand je rentrais à Managua et m'a dit de passer la veille. Entretemps, il s'était chargé d'enregistrer sur cassettes un large éventail de musique cubaine (pas seulement la sienne), qui ferait partie des premiers morceaux constituant la collection de la nouvelle station de radio du Nicaragua révolutionnaire. 


SERGIO RODRÍGUEZ GELFENSTEIN
Silvio Rodríguez: 75 years ... and those that are missing

 Sergio Rodríguez Gelfenstein (bio), 24/11/2021

On November 29, Cuban singer-songwriter, guitarist and poet Silvio Rodríguez Domínguez turns 75 years. Here is a tribute full of memories to this giant of the Nueva Trova - FG, Tlaxcala

In 1980 Silvio Rodríguez's album “Rabo de Nube” appeared. One of his songs is "Testament." Contrary to tradition, in his will, Silvio does not speak about what he is going to leave behind, but about what he still has to do, which was a lot if you consider that by then he was not yet 35 years old. It is said that he wrote this topic because before his transfer to Angola in the midst of a military confrontation against colonialism and apartheid, a possible encounter with death was real and objective. 

More than 40 years have passed, life has continued to chart its course, the years realize that it is closer to the end than to the beginning. I am not a singer, I try to speak by writing and to that extent - paraphrasing Silvio - I must say that I owe him a chronicle at the time when I have also made my will about the things I still have to do.

I am writing it now a few days before Silvio turns 75. In fact, I should have done it five years ago when he began his eighth decade of life, but Fidel's untimely departure shook us - him and me. I told him so when we talked a few days later. He was very laconic: "We are not for celebrations." And so it was, the pain gnawed at us, paralyzing any creative effort. It is worth now, as a reminder, to relate some unknown anecdotes that portray the human being that I appreciate, intertwined with the composer and poet that everyone sees.

I met Silvio in the mid-70s when he was still living in the apartment of 23. Although we did not have frequent encounters, the times I did, there was intense debate about my “strange” job. Those were times when I made the first pines of my military training. The rarity was given by my condition as a foreigner who had access to the Cuban military academies.

In those early conversations, I was able to perceive the quality of an exceptional being. Although his music began to accompany me and has been present in my life from that moment until today, I do not think that I have approached him both because of his status as a unique musician and because of his human condition and his extraordinary sensitivity that makes him the possessor of a internationalist spirit, owner of a feeling of unwavering solidarity with those who fight "no matter where" because we are their brothers, as Camilo pointed out.

In the background, I could guess that Silvio healthy envied the possibilities that life had given me. I was very young, I was nobody (I am still nobody) and he was already SILVIO RODRÍGUEZ, like this with a capital letter although he was not interested at that time, nor is he interested now, to make anyone feel it. At that time he did not have the rhetorical capacity or the faculty of discernment that the years provide, but he could perceive that Silvio aspired to unleash that internationalist feeling with something more than the guitar. He says it precisely in his Testament:

"I owe a song to a bullet

A projectile that must have waited for me in a jungle.

I owe you a desperate song

Desperate for not being able to see her ”.

Later came the war and the revolution in Nicaragua. After the triumph of July 19, in September, a friend who at the time was working on the transformation of the disappeared "Radiodifusora Nacional" into "La Voz de Nicaragua", knowing that I would travel to Cuba, asked me to bring him records of the Island because it had been assigned the task of creating a musical newspaper library. When I got to Havana, I went to see Silvio and told him about the order I had. He asked me when I was returning to Managua and told me to stop by the day before. In doing so, he had given himself the job of recording on cassettes a wide compendium of Cuban music (not just his own), which were part of the first records that constituted the collection of the new radio station of Revolutionary Nicaragua.

SERGIO RODRÍGUEZ GELFENSTEIN
Silvio Rodríguez: 75 años…y los que faltan

El 29 de noviembre, el cantautor, guitarrista y poeta cubano Silvio Rodríguez Domínguez cumple 75 años. He aquí un homenaje lleno de recuerdos a ese gigante de la Nueva Trova.- FG, Tlaxcala

En 1980 apareció el álbum de Silvio Rodríguez “Rabo de Nube”. Una de sus canciones es “Testamento”. Contrario a la tradición, en su testamento, Silvio no habla de lo que va a dejar, sino de lo que le faltaba por hacer, que era bastante si se considera que para ese entonces aún no llegaba a los 35 años. Se dice que escribió este tema porque ante su traslado a Angola en plena confrontación bélica contra el colonialismo y el apartheid, era real y objetivo un posible encuentro con la muerte.


Han pasado más de 40 años, la vida ha seguido trazando su rumbo, los años dan cuenta de que se está más cerca del final que del comienzo. Yo no soy cantor, trato de hablar escribiendo y en esa medida -parafraseando a Silvio- debo decir que le debo una crónica en el momento en que también he hecho mi testamento acerca de las cosas que me faltan por hacer.

Lo escribo ahora a pocos días de que Silvio cumpla 75 años. En realidad, lo debí haber hecho un lustro atrás cuando inició su octava década de vida, pero la intempestiva partida de Fidel nos estremeció -a él y a mi-. Se lo dije cuando conversamos unos días después. Fue muy lacónico: “No estamos para celebraciones”. Y así era, el dolor nos carcomía, paralizando cualquier esfuerzo creativo. Vale entonces ahora, a modo de recuerdo, relatar algunas anécdotas no sabidas que retratan al ser humano que yo aprecio, imbricadas con el compositor y poeta que todos echan de ver.

Conocí a Silvio a mediados de los años 70 cuando todavía vivía en el apartamento de 23. Aunque no teníamos encuentros frecuentes, las veces que lo hice, se producían intensos debates acerca de mi “extraño” quehacer. Eran tiempos en los que yo hacía los primeros pinos de mi formación militar. La rareza venía dada por mi condición de extranjero que tenía acceso a las academias militares cubanas.

En esas tempranas conversaciones, pude percibir la calidad de un ser excepcional. Aunque su música comenzó a acompañarme y ha estado presente en mi vida desde ese momento y hasta hoy, no creo que me haya acercado a él tanto por su condición de músico inigualable como por su condición humana y su extraordinaria sensibilidad que lo hace poseedor de un espíritu internacionalista, dueño de un sentimiento de solidaridad inquebrantable con aquellos que luchan “no importa dónde” porque somos sus hermanos, como señaló Camilo.

En el trasfondo, podía adivinar que Silvio envidiaba sanamente las posibilidades que la vida me había dado. Yo era muy joven, no era nadie (sigo siendo nadie) y él ya era SILVIO RODRÍGUEZ, así con mayúscula aunque no le interesara en ese entonces, ni le interesa ahora, hacérselo sentir a nadie. En esa ápoca no tenía la capacidad retórica ni la facultad de discernimiento que proporcionan los años, pero si podía percibir que Silvio aspiraba a desatar ese sentimiento internacionalista con algo más que la guitarra.  Lo dice precisamente en su Testamento:

“Le debo una canción a una bala

A un proyectil que debió esperarme en una selva.

Le debo una canción desesperada

Desesperada por no poder llegar a verla”.

Posteriormente vino la guerra y la revolución en Nicaragua. Después del triunfo del 19 de julio, en septiembre, un amigo que a la sazón trabajaba en la transformación de la desaparecida “Radiodifusora Nacional” en “La Voz de Nicaragua”, sabedor de que viajaría a Cuba, me pidió que le trajera discos de la Isla porque había recibido la tarea de crear una hemeroteca musical. Al llegar a La Habana fui a ver a Silvio y le comenté el encargo que tenía. Me preguntó cuando regresaba a Managua y me dijo que pasara un día antes. Al hacerlo, se había dado el trabajo de grabar en casetes un amplio compendio de música cubana (no sólo de la suya), que fueron parte de los primeros discos que constituyeron el acervo de la nueva radio de la Nicaragua Revolucionaria.