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Sergio Rodríguez Gelfenstein
¿Qué hará Marcos Rubio? 

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25/01/2024

Quand les Pieds Nickelés se mélangent les pédales, ça tue leurs propres soldats

 FG, 25/1/2024

Mercredi 24 janvier à 11 h 15, un avion militaire russe Ilyouchine-76 provenant de l’aéroport militaire de Tchkalovksiï , près de Moscou, a explosé et s’est écrasé près du village de Iablonovo, à 70 km au nord-est de Belgorod, en Russie. Il transportait 65 prisonniers de guerre ukrainiens, 3 militaires russes et six membres d’équipage, qui ont tous été pulvérisés. Un deuxième avion transportant 80 prisonniers a alors fait demi-tour. Les prisonniers devaient faire l’objet d’un échange à la frontière russo-ukrainienne, située à 35 km de Belgorod.

Cette information donnée par le ministère russe de la Défense n’a été ni confirmée ni infirmée par son homologue ukrainien. Le renseignement militaire français l’a cependant confirmée.

L’avion a été frappé par un deux missiles ukrainiens, soit des Patriot PAC-3 de fabrication US (Raytheon) d’une portée de 160 km, soit Iris T-SLM de fabrication allemande (Diehl BGT Defence) d’une portée de 45 km.

Un Patriot coûte entre 3,5 et 4 millions d’€, un Iris seulement 400 000 €. Mais qui paie ça ? Pas les héroïques combattants ukrainiens, mais les contribuables des USA et de l’UE. L’aide militaire des USA a dépassé 4 milliards de dollars, celle de l’UE 2 milliards d’€. Depuis la première guerre du Golfe, de la guerre d’Irak à celle du Yémen, ce ne serait pas la première fois que des missiles Patriot font des dégâts dans le propre camp des lanceurs : leur fiabilité, estimée à 10% il y a 30 ans, aurait atteint 90% selon leurs propagandistes, une « information » à prendre évidemment avec des pincettes.

Dans le livre des records de pieds nickelés, l’armée ukrainienne prend donc la première place devant l’armée la plus morale du monde, Tsahal, célèbre pour avoir abattu 3 des siens alors qu’ils agitaient des drapeaux blancs ou pour avoir fait sauter 21 réservistes avec leurs propres explosifs dans le sud de Gaza.

Questions pour un champion : 1°-Ce genre de « bavure » entre-t-il dans la catégorie des crimes de guerre ? 2°- Qui doit en être tenu pour responsable ? Le fabricant ? Le fournisseur ? L’utilisateur ? Qui devra indemniser les familles des victimes ?

« Autant de récits,
Autant de questions.
 »

B. Brecht, Questions d’un ouvrier qui lit


 

17/03/2022

GILAD ATZMON
Idées fausses
Comment ils se sont tous plantés à propos de l’Ukraine

Gilad Atzmon, 16/3/2022
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Jérusalem 1973

Ashraf Marwan est une figure controversée au sein de la communauté du renseignement israélien. Certains le considèrent comme le meilleur espion arabe d'Israël, d'autres comme un maître de l'espionnage égyptien qui a trompé l'armée israélienne avant la guerre de 1973, qui a été un désastre militaire pour l'État juif. En juin 2007, Marwan est « tombé » du balcon de sa maison à Londres. Sa femme et de nombreux commentateurs ont accusé le Mossad de cet assassinat.


 Marwan était né en 1944 dans une famille égyptienne influente. À l'âge de 21 ans, il épouse Mona Nasser, la deuxième fille du président Gamal Abdel Nasser, et s'assure une place dans les coulisses du pouvoir dans le Caire des années 1960.

Après sa défaite humiliante lors de la guerre de 1967, l'Égypte a commencé à préparer son armée à reprendre la péninsule du Sinaï. Marwan était au courant des secrets les mieux gardés de l'Égypte : ses plans de guerre, les comptes rendus détaillés des exercices militaires, la documentation originale des contrats d'armement conclus par l'Égypte avec l'Union soviétique et d'autres pays, les tactiques militaires, les comptes rendus des réunions du haut commandement, les transcriptions des conversations privées de Sadate avec les dirigeants mondiaux, etc. Tout cela lui a permis de fournir à Israël des informations inestimables sur la guerre à venir.

Les renseignements fournis par Marwan au Mossad sont parvenus jusqu'aux bureaux des dirigeants politiques et militaires israéliens et ont façonné le soi-disant « concept » stratégique d'Israël après 1967, à savoir la conviction que l'Égypte de Sadate ne lancerait pas de guerre contre Israël si ses exigences minimales n'étaient pas satisfaites. Sans avions d'attaque à longue portée et sans missiles Scud à longue portée, Israël a été amené à croire que l'Égypte ne pourrait pas surmonter la supériorité aérienne israélienne et ne lancerait pas une guerre.

Les rapports que Marwan a fournis à Israël contenaient des informations précieuses qui, bien qu'exactes, ont systématiquement contribué aux idées fausses d'Israël sur les aspirations, les plans et les capacités de l'Égypte.

En avril 1973, Marwan persuade le Mossad que l'Égypte prévoit une attaque contre Israël à la mi-mai. En conséquence, Israël a mis son armée en alerte rouge, mais la guerre de mai n'a jamais eu lieu. Fin septembre, Marwan convainc à nouveau le Mossad d'un plan d'attaque égyptien, mais cette fois le Mossad a perdu sa crédibilité et jusqu'à la dernière minute, les chefs militaires de Tsahal traitent les informations de Marwan avec suspicion. Ils l'ont pratiquement ignoré.

Quelques heures avant qu'elle ne commence, Marwan a fourni au Mossad un dernier avertissement qu'une guerre était sur le point d'être lancée. Tard le 5 octobre 1973, Tzvi Zamir, le chef du Mossad, rencontre Marwan à Londres et apprend qu'une guerre va commencer le lendemain à 18 heures. La guerre a effectivement commencé le lendemain, quatre heures plus tôt que prévu. La guerre de 1973 est considérée par Israël comme sa bévue militaire la plus humiliante et la plus scandaleuse. Israël n'était absolument pas préparé. Les bataillons de Tsahal sur la ligne de front ont été exposés à un assaut égyptien et syrien de grande envergure. Ils ont été anéantis en quelques heures. Certains affirment à juste titre que c'est uniquement parce que les armées égyptienne et syrienne avaient des plans limités en termes de gains territoriaux qu'Israël a survécu militairement à cette guerre et existe encore aujourd'hui. La plupart des commentateurs militaires israéliens s'accordent à dire que ce ne sont pas les généraux des FDI qui ont sauvé le pays, mais les soldats sur le terrain qui ont combattu héroïquement, dos au mur.

Le général Eli Zeira, alors directeur des renseignements militaires israéliens, est considéré comme l'un des principaux responsables de la bévue militaire de 1973. Zeira affirme que ce sont les informations trompeuses de Marwan qui ont conduit Israël à se méprendre sur les véritables intentions de l'Égypte. Zeira affirme que Marwan était un « agent double » ou, plus exactement, un habile maître de l'espionnage égyptien, qui a brillamment réussi à tromper les Israéliens en leur donnant une « fausse idée » du conflit. Ceux qui croient que Marwan a été assassiné par le Mossad ont tendance à accepter l'opinion du général Zeira.

Kiev 2022

Pendant des mois et des mois, l'USAmérique, la Grande-Bretagne et l'OTAN ont averti les Ukrainiens que la Russie préparait une guerre. Les USAméricains, en particulier, ont clairement indiqué qu'ils étaient au courant d'informations, qui, bien qu'elles ne puissent être partagées avec le grand public, indiquaient que Poutine préparait une attaque imminente. Naturellement, peu de gens ont cru à ces avertissements usaméricains répétés : au jour d’aujourd’hui, les services de renseignement usaméricains et britanniques ont été impliqués dans trop de bévues et de mensonges spectaculaires (dont les fantaisistes ADM en Irak et les attaques chimiques en Syrie) pour que personne, y compris les Ukrainiens, ne prenne ces institutions militaires au sérieux. Il était également évident que, plus encore que l'Ukraine ou la Russie ne souhaitait ou n'avait besoin d'un conflit militaire, c'est Washington et Londres qui en souhaitaient un. L'Ukraine est devenue une plaque tournante énergétique à la suite de la découverte d'importantes réserves de gaz et de pétrole sur son territoire. L'Occident y voyait une alternative à la Russie en tant que principal fournisseur de gaz à l'Europe.

Comme ce fut le cas avec Marwan en 1973, quelqu'un a « aidé » le Pentagone à élaborer un « concept » de « campagne russe imaginaire ». Dans le plan de guerre délirant des USAméricains, Poutine s'emparerait des régions russophones de l'Ukraine à l'est et pourrait également tenter de s'emparer d'un peu de terrain au sud pour créer un passage terrestre vers la Crimée. Cette guerre aurait pris fin en peu de temps car ses objectifs militaires étaient limités. L'Ukraine accepterait les gains territoriaux russes car ils lui permettraient de se débarrasser de ses régions les plus problématiques et les plus contestées. La Russie serait condamnée mais, dans ce scénario, lorsque la paix prévaudrait, l'Ukraine serait en mesure de rejoindre l'UE et peut-être même l'OTAN et, surtout, de devenir le premier fournisseur d'énergie de l'Europe.

Ce « concept » de guerre pourrait bien avoir été induit par une personnage de Poutine/Marwan. Il a induit les USAméricains et les Britanniques en erreur et leur a permis de construire une vision stratégique et géopolitique totalement erronée. L'armée ukrainienne a été assez stupide pour suivre le scénario des services de renseignement du Pentagone et a déployé ses unités d'élite à l'Est. Ces unités se sont préparées à une guerre express sur des territoires contestés mais définis. Mais ce n'est pas la guerre qui s'est produite. Au contraire, ce qui s'est passé a été tragique pour l'Ukraine et son armée. Juste avant l'invasion russe du 24 février, il est apparu clairement que la Russie avait étendu ses exercices militaires au Belarus. Quelques jours plus tard, la Russie a lancé sa campagne militaire. Le principal effort de la Russie a été lancé depuis le Belarus et visait la capitale ukrainienne, Kiev, et non les régions orientales comme prévu. En une simple manœuvre, l'armée russe a réussi à isoler la majeure partie de l'armée ukrainienne, loin de la capitale et sans voies d'approvisionnement ni soutien logistique de l'Ouest.

05/03/2022

LUIS CASADO
L'Ukraine : un épiphénomène

Luis Casado, Grandes Alamedas Siglo XXI, 5-3-2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Esope avait tort quand il disait « l'insignifiance est une garantie de sécurité ». Au contraire, les faibles, les misérables, sont souvent utilisés comme chair à canon. Pire encore : il y a toujours des tueurs à gages pour jouer à titre bénévole de chefs de fanfare.

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Photo : Daniel K. Cheung, sur Unsplash

Je sais que ce titre va donner des boutons à certains gentils lecteurs. Je vous demande seulement de lire ce qui suit. ça en vaut la peine.

La guerre actuelle a, comme toute chose, une genèse. Une généalogie. Pour découvrir ses racines, il faut creuser profondément. La mémoire collective, affirmait Tony Blair, un politichien européen bien connu, ne remonte pas à plus de deux semaines.

Les USA sont entrés dans la Seconde Guerre mondiale un peu tardivement, et il existe des théories controversées sur les raisons de ce retard. Certains disent qu'il était utile d'attendre que les prétendants européens se détruisent entre eux avant de venir au secours de la victoire, d'autres que la population usaméricaine - sans oublier ses oligarques - ne voyait pas d'un bon œil le fait de se mêler des affaires d'un monde très éloigné d'elle.

Winston Churchill savait ce qu'il fallait pour convaincre le Sénat, la Chambre des représentants et Roosevelt lui-même d'entrer en guerre. Certains historiens soulignent que les USA ont provoqué, ou facilité, ou incité, l'attaque de Pearl Harbour dans le seul but de justifier auprès de l'opinion publique une décision qu'ils s'attendaient à voir largement impopulaire.

Les USA n'étaient pas encore sortis de la Grande Dépression, et personne ne savait que la guerre serait le levier magique qui créerait tous les emplois et l'activité industrielle qui propulseraient les USA à la tête de l'économie mondiale. Et du même coup au contrôle militaire d'une grande partie du monde.

L'intervention usaméricaine n'était pas free of charge (gratuite) : l'idée qu'il n'y a pas de repas gratuit faisait déjà partie de la philosophie locale. La facture envoyée ensuite au Royaume-Uni, à l'Allemagne, à la Russie et à d'autres pays européens était très salée.

Mais ce ne fut pas la seule conséquence : une grande partie de l'Europe dut continuer à accueillir gracieusement les troupes usaméricaines. Dans certains cas, jusqu’à aujourd'hui. Ceux qui ont appelé un chat un chat, comme Charles de Gaulle, ont appelé ça « un protectorat ». L'Europe est un « protectorat » usaméricain, ou, pour parler clair, une colonie.

Si vous en doutez, le coût pour l'Allemagne des 32 000 soldats de l'Empire stationnés sur son territoire a été de 1,1 milliard de dollars au cours de la décennie 2010-2019. Ce n'est pas moi qui le dis : c'est le ministère allemand des Finances qui l'a dit, en répondant à Brigitte Freihold, députée au Bundestag. Et l'Allemagne peut alléguer que d’autres pays d'Europe paient encore plus.

Quoiqu’il en soit, les USA dépensent plus pour la défense que les 29 alliés de l'OTAN. Vous me direz que c'est normal, étant donné que l'Empire, ce sont les USA. Nonobstant, Donald Trump s'est permis, à Bruxelles, de dire à cette bande de corniauds qu'ils devaient payer plus, en soulignant que 23 des 29 étaient en retard dans le paiement de leurs misérables contributions (https://www.youtube.com/watch?v=2Cm8Su-bbmw).

À ce jour, les USA paient 70 % du budget de l'OTAN : leurs dépenses militaires représentent 3,4 % de leur PIB, tandis que leurs "alliés" dépassent à peine 1 % du leur. Il n'est pas difficile de voir qui mène la barque dans cette curieuse « alliance ».

01/03/2022

GIDEON LEVY
La bouilloire israélienne et la marmite russe

 Gideon Levy, Haaretz, 27/2/2022
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Israël n'a pas le droit de critiquer la Russie. Un pays qui a plus d'une fois agi exactement comme la Russie, en se déchaînant, n'a pas le droit de critiquer l'agression et l'invasion. Un pays qui a imposé une occupation violente pendant plus de 50 ans ne peut pas critiquer une occupation de trois jours.

Des civils ukrainiens ajustent leurs armes pour repousser les forces russes à Kiev, en Ukraine, samedi. Photo : Mikhail Palinchak /AP

La justification d'une invasion par la Russie, la propagande et les mensonges, semblent tirés du cahier de stratégie d'Israël chaque fois qu'il a envahi Gaza ou le Liban. Israël se sent toujours menacé, tout comme la Russie, et tous deux nient les droits nationaux des peuples qu'ils occupent. Les Ukrainiens ne sont pas un peuple, les Palestiniens non plus. Israël a un droit ancestral sur la Cisjordanie, et la Russie a un droit similaire sur l'Ukraine - et aux yeux des deux, cela signifie le droit fallacieux à la souveraineté. La diabolisation est également similaire : les Ukrainiens sont des nazis, les Palestiniens sont des terroristes ; ce sont tous deux des mensonges de propagande.

Le soulagement comique dans cette guerre maudite a été fourni par le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid : « L'attaque russe contre l'Ukraine est une grave violation de l'ordre international », a-t-il déclaré. Lapid, semble-t-il, n'éprouve aucune honte à prononcer ces mots. Se pourrait-il que sa conscience de soi soit si faible, ou peut-être est-ce le cynisme, l'hypocrisie et le deux poids-deux mesures qui a atteint de nouveaux sommets ?

Quoi qu'il en soit, l'ordre international selon Israël est très flexible. Une invasion russe de l'Ukraine est évidemment une violation de l'ordre international. En revanche, l'invasion et l'occupation du Liban par Israël il y a 18 ans constituent l'ordre international dans ce qu'il a de meilleur. L'ordre international, ce sont les invasions fréquentes de Gaza, sans parler de l'ordre international évident dans lequel Israël contrôle un autre peuple et détient par la force des territoires occupés pendant des décennies, contrairement à la position de toutes les institutions internationales, en fait, du monde entier.