Ci-dessous deux articles
sur la plus récente histoire d’horreur de la Palestine occupée, traduits par Fausto
Giudice, Tlaxcala
L'histoire
de Rayan : « Tué par la peur quand les soldats sont entrés dans la
maison »
Michele Giorgio, Pagine Esteri,
30/9/2022
« Lorsque Yasser, le père de
Rayan, a ouvert la porte de la maison et que les soldats (israéliens) sont
entrés, il y a eu un grand vacarme. L'enfant avait peut-être peur d'être arrêté
car les soldats recherchaient les écoliers qui avaient jeté des pierres sur les
voitures israéliennes. Rayan a hurlé de peur puis s'est soudainement effondré
sur le sol. Nous l'avons emmené à l'hôpital mais son cœur avait cessé de battre ».
C’est le récit de Mohammed Suleiman sur la mort de son neveu Rayan Suleiman, 7
ans, « tué par la peur » hier à Taqua, le village situé à quelques
kilomètres de Bethléem où l'armée a fait une descente dans plusieurs maisons à
la recherche des garçons de l'école primaire Al-Khansa qui avaient auparavant
pris pour cible de leurs jets de pierres des colons israéliens traversant la
zone. Une mort par crise cardiaque - les médecins de l'hôpital de Beit Jala ont
fait tout ce qu'ils pouvaient pour sauver la vie de Rayan - qui a créé une forte
impression en Cisjordanie occupée où la tension, la colère et la frustration
ont atteint des niveaux sans précédent ces dernières années en raison des
incursions israéliennes quasi quotidiennes, notamment à Jénine et Naplouse.
L'armée
israélienne a confirmé qu'un officier avait interrogé le père de Rayan, ainsi
que plusieurs autres parents palestiniens, sur la participation présumée de
leurs enfants à des jets de pierres. Mais elle affirme qu'il n'y a pas eu
d'incidents pendant l'enquête et que les troupes n'ont pas utilisé de mesures
anti-émeutes, comme des gaz lacrymogènes, et qu'il n'y aurait « aucun lien
entre la mort de l'enfant et les contrôles dans la zone ». Des témoins
palestiniens insistent cependant sur le fait que les soldats se sont lancés à
la poursuite des écoliers de Taqua, à tel point que des rumeurs ont d'abord
circulé selon lesquelles Rayan était mort en tombant d'une hauteur de plusieurs
mètres alors qu'il tentait de s'échapper.
Pour les
Palestiniens, cet enfant est le 159ème martyr depuis le début de
l'année en Cisjordanie, à Gaza et à Jérusalem-Est. Les décès, dont un grand
nombre de combattants armés, se sont largement concentrés au cours des six
derniers mois, depuis qu'Israël a lancé l'opération militaire “Briser la vague”
en Cisjordanie en réaction aux attaques menées au printemps dernier par des
Palestiniens de Jénine, qui ont fait 18 morts à Tel Aviv et dans d'autres
villes israéliennes. L'opération s'est intensifiée ces derniers mois et
certains y voient un lien avec la campagne pour l’image du Premier ministre
Yair Lapid pour les élections législatives du 1er novembre, ainsi
qu'avec celle menée à Gaza début août contre le Jihad islamique (49 morts
palestiniens, dont 17 enfants).
Le climat
général est également aggravé par la situation du prisonnier politique Nasser
Abu Hamid, du camp d'Al-Amari (Ramallah), atteint d'un cancer et à qui les
médecins donnent quelques jours à vivre mais qui n'a pas encore été libéré.
L'avocat des droits humains Salah Hamouri, qui a entamé une grève de la faim
pour protester contre sa détention sans inculpation par Israël, est également
en prison. Hamouri a été arrêté le 7 mars à Kufr Aqab et se trouve depuis en
détention administrative, c'est-à-dire sans inculpation ni procès, qui peut
être renouvelée indéfiniment. L'avocat fait partie des 30 prisonniers
politiques palestiniens détenus sans procès qui ont entamé un jeûne de
protestation dimanche.
Entre-temps,
la vision d'Israël non pas comme un État juif mais comme un "État de tous
ses citoyens" a coûté cher au parti arabe Balad/ Tajamu' al [Ligue Démocratique
Nationale],
qui a été exclu hier de la participation aux élections du 1er novembre
par la Commission électorale centrale. La disqualification avait été demandée
par le Likoud de l'ancien Premier ministre Netanyahou, mais était également
soutenue par le ministre de la Défense Benny Gantz. Le leader de Balad/ Tajamu' al, Sami Abu Shehadeh, a annoncé qu'il ferait
appel de cette décision qui pourrait être annulée par la Cour suprême dans les
prochains jours. Aucun problème en revanche pour les formations d'extrême
droite Sionisme religieux et Otzma Yehudit, que de nombreux Israéliens accusent
de racisme.
Les USA soutiennent une enquête “immédiate
et approfondie” sur la mort d'un Palestinien de 7 ans
Jack Khoury, Hagar
Shezaf, Yaniv
Kubovich, Ben Samuels, Haaretz,
29/9/2022
L'oncle du
garçon affirme qu'il est mort d'une crise cardiaque lorsque des soldats
israéliens se sont rendus à son domicile en Cisjordanie à la suite de jets de
pierres présumés de son frère.
Le porte-parole adjoint du département d'État US a déclaré jeudi qu'il exigeait
“une enquête immédiate et approfondie” sur le meurtre d'un Palestinien de sept
ans, mort lors d'une intervention de l'armée israélienne dans une ville de
Cisjordanie, selon des Palestiniens.
“Nous avons
le cœur brisé par la mort d'un enfant innocent”, a déclaré le porte-parole
adjoint Vedant Patel.
Le garçon, Rayan
Suleiman, a été effrayé et a "fait une crise cardiaque" lorsque des
soldats sont venus arrêter ses frères dans la maison de sa famille dans la
ville palestinienne de Taqua, près de Bethléem, selon l'oncle du garçon décédé.
Un
responsable de la Défense a déclaré à Haaretz que les soldats étaient
arrivés au domicile pour interroger les parents du garçon au sujet d'un
incident de jet de pierres survenu plus tôt. Le ministère palestinien de la Santé
avait initialement publié une déclaration contredisant cette version, affirmant
que le garçon avait fait une chute mortelle alors qu'il était poursuivi par
l'armée israélienne.
Les
Palestiniens ont ajouté que Rayan avait été transporté à l'hôpital dans un état
critique et que sa mort avait été prononcée peu après. L'armée israélienne
enquête sur cette affaire. Dans un communiqué publié plus tard dans la journée
de jeudi, l'armée a déclaré que « les allégations concernant la mort du
mineur sont connues. Une première enquête n'a trouvé aucun lien entre sa mort
et l'activité des soldats dans la zone ».
Mohammed
Suleiman, l'oncle du garçon, a déclaré que Rayan était à la maison avec ses
parents et ses deux frères lorsque des soldats ont frappé bruyamment à la
porte. Il a ajouté que l'armée voulait arrêter les deux frères, âgés de 8 et 10
ans, pour avoir prétendument jeté des pierres aux soldats. « Le père de Rayan
a ouvert la porte et les soldats sont entrés. Ensuite, il y a eu une agitation
et beaucoup de cris. Effrayé, [Rayan] s'est effondré et a fait une crise
cardiaque », a déclaré Suleiman, ajoutant que l'enfant ne souffrait
d'aucun problème médical antérieur. « C'était un garçon en parfaite santé
et rempli de joie, et en quelques minutes nous l'avons perdu », a-t-il
ajouté.
Une source
de l'armée israélienne a déclaré que les soldats poursuivaient un groupe
d'enfants qui jetaient des pierres, lorsqu'ils les ont perdus de vue. « Près
d'une des maisons, les soldats ont vu un père debout avec ses enfants et les
ont identifiés comme les enfants qui jetaient des pierres, bien qu'il ne soit
pas clair s'il s'agissait des mêmes enfants. L'officier de l'armée a parlé au
père en l'absence des enfants, et après avoir quitté la maison, l'homme a
commencé à crier, ce qui a fait comprendre à l'officier que l'enfant était en
danger. Selon l'officier, il ne savait pas que l'enfant était blessé ».
Mercredi,
quatre Palestiniens ont été tués, dont deux militants recherchés par les FDI,
lors d'affrontements dans la ville de Jénine, en Cisjordanie. Selon les
Palestiniens, 44 personnes ont été blessées au cours des échanges de coups de
feu.
L'armée a
déclaré que les soldats avaient été envoyés dans le camp de réfugiés de Jénine
pour arrêter Abed Fathi Hazem, le frère du combattant palestinien Raad Hazem
qui a tué trois personnes à Tel Aviv en avril avant d'être abattu par les
forces de sécurité à Jaffa.
Quelques
heures plus tard, le Fatah a appelé à une “journée de colère” [Youm Ghadab]
dans toute la Cisjordanie. Le porte-parole du président palestinien Mahmoud
Abbas, Nabil Abou Roudeineh, a déclaré après le raid meurtrier que « l'occupation
israélienne accorde peu de valeur à la vie de notre peuple palestinien, et dégrade
la sécurité et la stabilité en poursuivant sa politique d'escalade."