Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
En 1997, la jeune, talentueuse et célèbre Sinéad O’Connor devait se produire à Jérusalem lors d’un festival organisé par des femmes israéliennes et palestiniennes intitulé “Deux capitales, deux États”. La musicienne et chanteuse irlandaise avait dû renoncer à ce concert en raison des menaces de mort proférées par le Front idéologique, une organisation d’extrême droite dirigée par un jeune Israélien, Itamar Ben Gvir. « Des groupes juifs d’extrême droite ont menacé de nous tuer, moi et mon groupe. Je ne suis pas prête à mourir pour les conneries de quelqu’un d’autre, ni à mettre mon groupe en danger, alors nous n’y sommes pas allése, avait expliqué O’Connor.
Ben Gvir n’a pas assumé la responsabilité des menaces. Cependant, il s’est vanté à la radio israélienne d’avoir, d’une manière ou d’une autre, provoqué l’annulation du concert dans le cadre d’un événement qui, a-t-il expliqué, était perçu comme une attaque contre le contrôle exercé par Israël sur l’ensemble de Jérusalem, y compris la zone arabe revendiquée par les Palestiniens comme la capitale de leur futur État indépendant. O’Connor a réagi en publiant une déclaration à l’Associated Press dans laquelle il accusait Ben Gvir de « n’avoir rien fait de bon dans la vie » et l’admonestait en disant que « Dieu ne récompense pas ceux qui sèment la terreur parmi les enfants du monde ».
Mercredi, l’artiste irlandaise qui a fait chanter au monde entier Nothing Compares 2 U est morte, laissant ses nombreux fans consternés. En revanche, l’extrémiste Itamar Ben Gvir, inconnu il y a vingt-six ans, est aujourd’hui ministre de la Sécurité nationale, l’un des postes les plus importants du gouvernement de l’État juif. Hier matin, sans même tenir compte des assurances données par le président israélien Herzog quant au respect du statu quo des lieux saints de Jérusalem, Ben Gvir a de nouveau pénétré sur l’Esplanade des Mosquées de Jérusalem à l’occasion de Tisha B’Av, le jour de la commémoration de la destruction du Temple juif. Il s’agit de la troisième “visite” de Ben Gvir sur le site depuis que le Premier ministre Benyamin Netanyahou a remporté les élections en novembre dernier. Et comme les précédentes, elle n’avait pas un but touristique. « C’est l’endroit le plus important pour le peuple d’Israël. Nous devons revenir et montrer notre autorité... En ce jour, en ce lieu, nous devons nous rappeler que nous sommes tous frères. Nous sommes le même peuple. Lorsqu’un terroriste regarde par la fenêtre, il ne peut pas nous distinguer », a déclaré le ministre - décrit comme un suprémaciste même par de nombreux Israéliens - en référence aux manifestations de masse, dont la dernière a eu lieu la nuit dernière, qui se déroulent en Israël contre la réforme judiciaire voulue par le gouvernement d’extrême droite religieuse au pouvoir. Quelques heures avant les revendications de Ben Gvir sur l’Esplanade des Mosquées (considérée par la tradition juive comme le site du Temple), un jeune Palestinien de 14 ans, Faris Abu Samra, a été tué lors d’une fusillade déclenchée par un raid de l’armée israélienne dans la ville de Qalqiliya (Cisjordanie). Cela porte à 202 le nombre de Palestiniens tués cette année par des soldats et des colons israéliens, dont 37 adolescents et enfants et 11 femmes.
Amit Halevi, député du Likoud, Yitzhak Wasserlauf, ministre du développement du Néguev et de la Galilée, et le rabbin Shimshon Elboim, du groupe du Mont du Temple, ont participé à la marche de Ben Gvir. Le ministère palestinien des affaires étrangères a vivement protesté : « Le gouvernement israélien soutient officiellement les raids et les agressions contre la mosquée Al Aqsa et les tentatives visant à modifier le statu quo... Netanyahou porte la responsabilité directe de cette provocation ». Des protestations ont également été émises par la Jordanie, l’Égypte et les USA. En représailles, un groupe affilié au Hamas a revendiqué le lancement d’une roquette artisanale depuis Jénine en direction d’une colonie israélienne.
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