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04/07/2023

JACK KHOURY
Les Israéliens vont retourner à la normale, mais l’opération contre Jénine ne fera que galvaniser une nouvelle génération de Palestiniens désespérés


Jack Khoury, Haaretz, 4/7/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Israël peut réussir à ramener une sorte de calme limité en Cisjordanie, mais les images de Jénine seront un terrain plus fertile pour galvaniser une autre génération qui ne voit pas d’avenir

Un Palestinien regarde par la fenêtre alors que de la fumée s’échappe à la suite d’une attaque de drone israélien dans la ville de Jénine, en Cisjordanie occupée, le 3 juillet 2023.Photo : JAAFAR ASHTIYEH /AFP

Israël annoncera bientôt solennellement la fin de l’opération militaire à Jénine, qui a commencé tôt lundi. Le porte-parole des FDI, le premier ministre et le ministre de la défense expliqueront que les objectifs de la mission ont été atteints : des militants armés ont été frappés, des individus recherchés ont été arrêtés et des munitions ont été capturées et détruites. Tous ces résultats - qui n’ont fait aucune victime israélienne, à l’exception d’un soldat légèrement blessé - renforceront le sentiment de satisfaction en Israël.

Pour l’opinion publique israélienne, le nombre de Palestiniens tués (10) et blessés (100), ou les dégâts considérables causés aux infrastructures, ne peuvent obscurcir le sentiment de victoire. Chaque opération a un message, et cette fois-ci n’est pas différente. Chaque Palestinien est un danger potentiel pour la sécurité d’Israël et constitue donc une cible légitime. Aucune discussion sérieuse n’a lieu sur l’essence du conflit et ses implications.

Israël a travaillé pendant des semaines à la préparation de l’opération. Les gros titres des journaux annonçaient la nécessité d’une opération massive et de grande envergure, et la référence à Jénine en tant que “capitale du terrorisme palestinien” a été martelée dans la conscience publique.

Les arrestations fréquentes et les assassinats ciblés au cours des six derniers mois n’ont pas satisfait ceux qui réclamaient une opération plus vaste à la lumière des attentats terroristes perpétrés en Cisjordanie, y compris le plus récent à Eli. Et comme si cela ne suffisait pas, la tentative de lancer des roquettes depuis la Cisjordanie vers des localités de la vallée de Jezréel la semaine dernière a soufflé le vent dans les voiles de toute décision opérationnelle, de l’ancien député du Meretz Yair Golan au chef du conseil régional de Judée et de Samarie Yossi Dagan. Il ne restait plus qu’à fixer l’heure, ce qui a été fait lundi, après la fin de l’Aïd El Adha, la fête musulmane du sacrifice.

Les Israéliens reprendront le cours normal de leur vie dans quelques jours, et ils s’attendent à ce que les Palestiniens fassent de même : panser leurs plaies, enterrer leurs morts et passer à autre chose. Personne ne s’intéressera à l’avenir, ni ne pensera aux grandes lignes d’un accord, parce qu’Israël souhaite cimenter une réalité dans laquelle les Palestiniens s’habituent à vivre sous l’occupation et le contrôle israéliens, leurs affaires civiles étant gérées par une [In]Autorité palestinienne paralysée.

De temps en temps, il y a une opération militaire limitée, qui est accueillie par un silence tonitruant de la part de la communauté internationale, et en particulier de l’Oncle Sam. La question du contrôle des Palestiniens n’intéresse pas les décideurs. Pour eux, le peuple élu peut régner éternellement, les Palestiniens ne méritent pas d’avenir et la jeunesse palestinienne doit accepter la situation.

Il y a vingt ans, Israël s’est lancé dans une opération beaucoup plus vaste contre les militants de Jénine, alors soutenus par un leader comme Yasser Arafat, et bien mieux organisés et financés. Aujourd’hui, Israël combat ceux qui étaient alors des bébés et des enfants en bas âge, ou qui n’étaient pas encore nés. La génération née après les accords d’Oslo a grandi avec la dévastation de 2002, l’arrogance et le défi israéliens, l’indifférence internationale et la désintégration de l’unité nationale palestinienne. Une génération de jeunes en colère, frustrés et désespérés, qui n’ont d’autre but que de porter des armes et de tirer, a vu le jour. Pour l’opinion publique israélienne, une photo de victoire a peut-être été réalisée, mais chaque opération de ce type ouvre la voie à de nouvelles séries de combats et d’effusions de sang.

Israël parviendra peut-être à instaurer une sorte de calme limité, mais les images de Jénine seront un terreau plus fertile pour susciter une autre génération qui ne voit pas d’avenir. Pendant ce temps, Israël écrase l’[In]Autorité palestinienne, qui est censée être en charge de la région. Dans les conditions actuelles, cette opération n’est, elle aussi, qu’un maillon de plus dans la chaîne sanglante.

 

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