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23/11/2025

Un canevas écrit dans le sang : la hiérarchie du génocide, d’El-Fasher à El-Geneina, et son lien avec la guerre menée par les Émirats arabes unis contre le Soudan


Darfur Union in the UK (Union du Darfour au Royaume-Uni), 15/11/2025

نمطٌ مكتوب بالدم: هرمية الإبادة الجماعية من الفاشر إلى الجنينة وصلتها بحرب الإمارات على السودان

A Pattern Written in Blood: The Hierarchy of Genocide from Al-Fashir to El-Geneina and Its Connection to the UAE’s War on Sudan

Traduit par Tlaxcala

 

Depuis presque trois ans, le monde voit surgir des fragments d’horreur du Soudan : une fosse commune découverte ici, un quartier incendié là, un convoi de familles en fuite traqué sur la route. Mais ce qui se déroule aujourd’hui à El-Fasher n’est pas un événement isolé. C’est le dernier chapitre d’un projet d’extermination plus vaste, méticuleusement organisé. Un schéma de génocide affiné d’une ville soudanaise à l’autre : El-Geneina, Kutum, Zalingei, Nyala, El-Obeid, Al-Gezira, et culminant maintenant dans la ville assiégée et envahie d’El-Fasher.


Manifestation « Bas les pattes du Soudan» à Londres le 9 novembre 2024. Photo Mark Kerrison/In Pictures via Getty Images

Ce n’est pas le chaos.
Ce n’est pas un « conflit tribal ».
Ce n’est pas un effondrement de l’ordre.
C’est un système de violence hiérarchisé, coordonné, rendu possible, financé, armé et dirigé intentionnellement.

Et au cœur de ce système se trouvent les milices des Forces de soutien rapide (FSR), soutenues par les Émirats arabes unis (EAU), ainsi que les réseaux étrangers qui les alimentent.

 

I. Un génocide avec un plan : le modèle recyclé de l’anéantissement

Ce qui se passe à El-Fasher s’est déjà produit, presque pas à pas, à travers le Darfour et le Soudan.
Le modèle est constant :

1.      Encercler la ville : siège, points d’étranglement, barrages routiers.

2.     Couper les communications : blackout, brouillage, intimidation des journalistes.

3.     Affamer et terroriser : couper nourriture, eau, médicaments.

4.    Envahir avec une violence écrasante : drones, artillerie, colonnes de combattants.

5.     Séparer les civils par ethnicité : les hommes exécutés ; les femmes soumises à des viols de masse.

6.    Piller, brûler, vider la ville : maisons, marchés, hôpitaux.

7.     Fosses communes et mares de sang : preuves confirmées par satellite.

8.    Envoyer des équipes médiatiques de blanchiment pour dire au monde « la vie est normale ».

El-Geneina a suivi le script en premier.
Puis Kutum et Zalingei. Puis Nyala, Jebel Aulia, Madani, et des centaines de villages ruraux.
Et maintenant, El-Fasher subit la même cruauté calculée, mais à une échelle inégalée depuis le génocide rwandais.

 

II. El-Geneina : la première El-Fasher

La Darfur Union in the UK a documenté — largement, publiquement et minutieusement — ce qui s’est passé à El-Geneina à travers des dizaines d’articles publiés sur notre site.

À El-Geneina, comme à El-Fasher :

• Des fosses communes étaient creusées en plein jour.
• Des corps jonchaient les rues, le sang coulant dans les caniveaux.
• Des femmes étaient violées, souvent devant leurs familles.
• Des quartiers entiers ont été vidés, brûlés, effacés.
• Le gouverneur du Darfour-Ouest, Khamis Abbakar, a été assassiné en détention — un crime fièrement filmé et diffusé par les auteurs, suivi par la profanation du corps.

Chaque élément de cette campagne d’extermination réapparaît aujourd’hui à El-Fasher.
La seule différence est désormais l’échelle — et la rapidité avec laquelle les FSR passent du massacre à la manipulation médiatique.

 

III. Une violence systématique et hiérarchisée, jamais des « combattants indisciplinés »

Les atrocités commises à El-Fasher ne sont pas des actes spontanés de soldats incontrôlés. Elles résultent d’une chaîne de commandement dotée :

• d’une direction stratégique,
• de réseaux logistiques,
• de fournitures militaires étrangères,
• et d’un cadre idéologique visant à expulser les communautés non arabes de leurs terres.

Chaque phase — du siège au pillage, des vidéos de torture aux exécutions de masse — correspond à une doctrine centralisée, rendue possible par les Émirats arabes unis

• Fourniture d’armes et de munitions.
• Envoi de drones avancés pour bombarder des zones civiles.
• Recrutement de mercenaires venus de plusieurs régions.
• Gestion de nœuds logistiques au Tchad, en Libye et au Puntland.
• Contrôle des récits politiques via des médias qui leur appartiennent.

Ce n’est pas du soutien. C’est de la direction stratégique.
Et grâce à cet appui, les FSR agissent en toute impunité, certaines que chaque massacre sera couvert diplomatiquement et médiatiquement.


IV. Effacer les preuves : la guerre médiatique des EAU

Une fois El-Fasher envahie, les médias alignés sur les Émirats ont afflué.
Sky News Arabia, détenue et contrôlée par les intérêts émiratis, a dépêché Tsabih Moubarak et d’autres correspondants, 
non pas pour documenter le génocide, mais pour l’effacer.

Ils ont filmé quelques rues triées sur le volet.
Ils ont souri devant des ruines encore imprégnées de sang.
Ils ont évité les fosses communes.
Ils ont évité les hôpitaux où des civils blessés étaient exécutés.
Ils ont évité les lieux où des femmes ont été violées en masse.

Ceci est le bras médiatique du génocide : une machine de propagande activée dès que le massacre est terminé, pour imposer au monde une version « normalisée ».

Et en ligne, des milliers de comptes automatisés, d’influenceurs financés par les EAU, et de réseaux coordonnés tentent d’étouffer les témoignages soudanais sous des récits fabriqués.

Mais leur campagne échoue. Chaque heure, des voix soudanaises percent. Plus de preuves émergent.
Plus de survivants témoignent. La documentation s’accumule. Comme toujours, la vérité survit à la propagande.

 

V. El-Fasher aujourd’hui : un génocide en temps réel

Ce qui se passe maintenant à El-Fasher n’est pas de « l’après-conflit ».
C’est en cours.

• Civils exécutés par groupes, souvent séparés par ethnicité.
• Femmes violées par des unités fournies par les EAU.
• Familles forcées de payer des rançons pour leurs proches enlevés.
• Quartiers entiers incendiés.
• Mares de sang visibles sur les images satellites de Maxar.
• Civils torturés filmés pour terroriser les autres.

C’est un génocide au présent.

 

VI. Une impunité rendue possible par un parrainage étranger

Chaque atrocité est facilitée par :

• Des armes fournies par les EAU (transportées via le Tchad, la Libye et la Corne de l’Afrique).
• Des bombardements aériens menés par des drones émiratis ciblant abris, hôpitaux et centres alimentaires.
• Une stratégie militaire coordonnée par des agents de renseignement émiratis intégrés dans la chaîne de commandement des FSR.
• Des équipes médiatiques envoyées à El-Fasher pour blanchir le récit.

Les FSR ne combattent pas seules : elles combattent sous direction étrangère.


VII. Un appel au monde : cesser de prétendre que c’est « local »

Le génocide d’El-Fasher, comme celui d’El-Geneina, n’est pas « soudanais ». Il n’est pas « tribal ». Il n’est pas « le chaos d’un État fragile ».
C’est un projet transfrontalier d’extermination étatique, impliquant une logistique financée, des armes avancées, un commandement externe et une couverture politique délibérée. Pour y répondre, le monde doit reconnaître ces faits.
Le silence est de la complicité. Refuser de nommer les EAU est de la complicité. Répéter le langage des FSR est de la complicité. Envoyer des journalistes blanchir El-Fasher est de la complicité. Traiter le génocide comme un « conflit » est de la complicité.

 

VIII. Conclusion : les canevas ne cessent que lorsqu’on les affronte

El-Fasher n’est pas une anomalie : c’est la dernière preuve d’un système de destruction laissé sans contrôle depuis des décennies. Le même plan. Les mêmes armes. La même idéologie. Les mêmes auteurs. Les mêmes commanditaires.

Le génocide se répète lorsque le monde prétend ne pas le voir.

La Darfur Union in the UK continuera de documenter, d’exposer et de tenir pour responsables chaque acteur — soudanais ou étranger — ayant contribué à la destruction de notre peuple.

Car cette fois, le monde ne pourra pas dire : « Nous ne savions pas. »

Nous, la Darfur Union in the UK et la diaspora soudanaise, formulons des demandes claires au gouvernement britannique et à la communauté internationale :

1.      Imposer des sanctions ciblées contre les Émirats arabes unis pour avoir sponsorisé et permis des génocides et crimes de guerre au Soudan.

2.     Désigner les Forces de soutien rapide (FSR) comme organisation terroriste selon le droit britannique.

3.     Ouvrir une enquête parlementaire et judiciaire sur l’usage d’armes ou de technologies britanniques au Soudan, ainsi que sur les circuits financiers ayant facilité ces transferts.

4.    Condamner publiquement le rôle des EAU aux Nations unies et dans toutes les enceintes internationales, et exiger leur coopération avec les enquêtes indépendantes sur les crimes de guerre.

5.     Soutenir un accès humanitaire sans entrave à El-Fasher et au Darfour, en priorisant l’aide médicale aux victimes de violences sexuelles et de famine.

Exiger des comptes en matière de propagande de guerre, y compris l’usage de médias pour dissimuler des preuves de crimes en cours.

30/10/2025

Armes britanniques, mains émiraties, sang soudanais : la question à laquelle le Royaume-Uni doit répondre

 


Darfur Union in the UK, 30/10/2025
British Weapons, Emirati Hands, Sudanese Blood: The Question the UK Must Answer

أسلحة بريطانية، أيدٍ إماراتية، دماء سودانية: السؤال الذي يجب أن تجيب عليه بريطانيا

Traduit par Tlaxcala

Les récentes révélations du Guardian mettent en lumière un lien profondément troublant : du matériel militaire fabriqué au Royaume-Uni a été retrouvé au Soudan, entre les mains des Forces de soutien rapide (FSR) soutenues par les Émirats arabes unis (EAU), une milice aujourd’hui accusée de génocide à Al-Fashir, au Darfour Nord.

Ce constat n’est pas abstrait. C’est une preuve matérielle que des armes et équipements autorisés à l’exportation par le Royaume-Uni, vendus à l’origine aux Émirats arabes unis, ont été détournés pour alimenter une guerre génocidaire contre des civils soudanais. Les personnes mourant aujourd’hui sous les frappes de drones et les bombardements à Al-Fashir ont peut-être été tuées à l’aide d’armes fabriquées en Grande-Bretagne.

Une question de responsabilité

En vertu du droit international et des obligations du Royaume-Uni au titre du Traité sur le commerce des armes (TCA), le gouvernement est tenu de garantir que les armes britanniques ne soient pas utilisées pour commettre ou faciliter des crimes de guerre. Pourtant, face aux preuves croissantes de transferts émiratis vers les RSF, une question se pose :

Quelles garanties, le cas échéant, le gouvernement britannique a-t-il mises en place concernant ses ventes d’armes aux Émirats arabes unis ?

L’enquête du Guardian [voir ci-dessous], corroborée par des experts de l’ONU, souligne une chaîne d’approvisionnement par complicité : du matériel britannique, réexporté ou sous licence via les Émirats, se retrouve sur les champs de bataille du Darfour. Ces armes alimentent la campagne systématique de meurtres, de famine et de nettoyage ethnique menée par les FSR. 

Quand la pitié est morte : le massacre dans les hôpitaux d’Al-Fashir

À l’intérieur de la ville assiégée d’Al-Fashir, l’horreur a atteint son paroxysme. Tous les blessés et malades hospitalisés – dans l’hôpital saoudien, les chambres de première classe, l’université et les dortoirs – ont été exécutés de sang-froid par la milice FSR soutenue par les Émirats arabes unis : au moins 460 personnes tuées alors qu’elles étaient encore entre la vie et la mort.

En un temps où l’humanité n’a plus de place, la pitié est morte avant que la médecine ne puisse atteindre les victimes.

Les hôpitaux sont tombés dans un silence terrifiant, seulement rompu par des gémissements qui se sont tus soudainement.

Parallèlement, les agressions contre les travailleurs humanitaires, y compris le personnel du Croissant-Rouge, se poursuivent : passages à tabac, humiliations et intimidations, sous la supervision directe des commandants FSR opérant avec le plein soutien et la direction d’Abou Dhabi.

Ces actes s’inscrivent dans une stratégie délibérée : éteindre la vie, effacer les témoins et punir ceux qui aident.

Al-Fashir : une ville sous l’ombre britannique

Aujourd’hui, Al-Fashir n’est plus qu’un champ de ruines. Plus de 2 000 civils ont été massacrés en quelques jours – hommes, femmes, enfants – tandis que les images satellites montrent des flaques de sang tachant les quartiers autrefois pleins de vie. Les hôpitaux, les centres alimentaires et les abris ont été bombardés dans le cadre d’un siège délibéré mené par la milice FSR sous la direction d’Abou Dhabi.

Il est inconcevable qu’en 2025, un composant britannique — moteur, système de ciblage ou unité de communication — puisse jouer un rôle dans l’anéantissement d’une population entière. Et pourtant, nous y sommes.

Questions au gouvernement britannique

Nous, l’Union du Darfour au Royaume-Uni, exigeons des réponses immédiates du gouvernement britannique, et en particulier du secrétaire d’État à la Défense :

1.      Quels mécanismes précis de surveillance de l’utilisation finale existent pour empêcher la réexportation d’armes britanniques des EAU vers des tiers tels que les FSR ?

2.     Le ministère de la Défense ou celui des Affaires étrangères ont-ils ouvert une enquête sur les preuves présentées par The Guardian et les Nations Unies ?

3.     Le gouvernement suspendra-t-il les licences d’exportation d’armes vers les EAU en attendant un examen indépendant des risques de détournement ?

4.    Quelle obligation de rendre des comptes sera-t-elle imposée aux entreprises britanniques dont les produits ont atterri entre les mains des acteurs accusés de génocide ?

Le public a le droit de savoir

Ce n’est pas simplement une question de politique étrangère — c’est une question de responsabilité morale britannique. Le public a le droit de savoir si son gouvernement, sciemment ou par négligence, a facilité le massacre de civils au Darfour.

Les victimes d’Al-Fashir ne sont pas anonymes : enseignants, enfants, mères, gens ordinaires pris sous une pluie de mort, financée par des intérêts étrangers et rendue possible, en partie, par un manque de contrôle au Royaume-Uni.

Un appel à l’action

Nous appelons le Parlement, la société civile et la presse britanniques à exiger transparence et reddition de comptes.

L’exportation d’armes ne doit pas devenir l’exportation d’atrocités.

Le Royaume-Uni ne peut pas prétendre défendre les droits humains à l’étranger tandis que ses armes se retrouvent entre les mains de ceux qui commettent un génocide.

Union du Darfour au Royaume-Uni
Justice, obligation de rendre des comptes et protection des civils au Soudan

 ***

Des équipements militaires britanniques utilisés par une milice accusée de génocide retrouvés au Soudan, selon l’ONU

Exclusif : deux dossiers soumis au Conseil de sécurité soulèvent des questions sur les exportations d’armes britanniques vers les Émirats arabes unis, accusés d’avoir fourni des armes au groupe paramilitaire FSR.

Mark Townsend, The Guardian, 28/10/2025
Traduit par Tlaxcala

Mark Townsend est journaliste principal pour la rubrique Développement mondial du Guardian et auteur de No Return: The True Story of How Martyrs Are Made.

Du matériel militaire britannique a été retrouvé sur les champs de bataille du Soudan, utilisé par les Forces de soutien rapide (FSR), un groupe paramilitaire accusé de génocide, selon des documents consultés par le Conseil de sécurité des Nations unies.

Des systèmes de ciblage pour armes légères et des moteurs britanniques pour véhicules blindés de transport de troupes ont été récupérés sur des sites de combat dans un conflit qui a provoqué la plus grande catastrophe humanitaire au monde.

Ces découvertes ravivent les interrogations sur les exportations d’armes du Royaume-Uni vers les Émirats arabes unis (EAU), à plusieurs reprises accusés d’avoir fourni des armes aux FSR au Soudan.
Elles soulèvent également des questions quant au rôle du gouvernement britannique dans l’alimentation de ce conflit.

Des mois après que le Conseil de sécurité a reçu des éléments indiquant que les EAU auraient livré des équipements d’origine britannique aux FSR, de nouvelles données montrent que le gouvernement britannique a continué à approuver des exportations similaires vers cet État du Golfe.

Des moteurs britanniques conçus spécifiquement pour un modèle de véhicule blindé de transport de troupes fabriqué aux EAU semblent aussi avoir été exportés vers l’émirat, malgré des preuves attestant que ces véhicules avaient été utilisés en Libye et au Yémen en violation des embargos sur les armes imposés par l’ONU.


Des images montrent des moteurs britanniques provenant de véhicules militaires produits par Nimr, une société émiratie, censément récupérés sur des positions des FSR au Soudan.
Photo  SOPA Images / LightRocket / Getty Images

Les EAU ont nié à plusieurs reprises apporter un quelconque soutien militaire aux FSR.

Entrée dans sa troisième année, la guerre opposant les FSR à l’armée soudanaise a fait au moins 150 000 morts, forcé plus de 12 millions de personnes à fuir leurs foyers et laissé près de 25 millions dans une situation de famine aiguë. Les deux camps sont accusés de crimes de guerre et d’attaques contre des civils.

L’équipement militaire britannique retrouvé au Soudan figure dans deux dossiers datés de juin 2024 et mars 2025, examinés par le Conseil de sécurité.
Ces dossiers, préparés par l’armée soudanaise, prétendent fournir des preuves détaillées du « soutien émirati » aux FSR.

Le fait que le Royaume-Uni ait continué à fournir du matériel militaire aux EAU, malgré le risque qu’il alimente le conflit meurtrier au Soudan, suscite une profonde inquiétude.

Mike Lewis, chercheur et ancien membre du groupe d’experts de l’ONU sur le Soudan, déclare :

« La législation britannique et les traités internationaux interdisent clairement au gouvernement d’autoriser des exportations d’armes lorsqu’il existe un risque manifeste de détournement ou d’utilisation dans des crimes internationaux. »

Les enquêteurs du Conseil de sécurité ont documenté en détail l’historique de dix ans de détournement d’armes par les Émirats vers des pays sous embargo ou des forces violant le droit international humanitaire.

Lewis ajoute :

« Même avant ces nouvelles informations sur les équipements britanniques au Soudan, ces licences n’auraient jamais dû être délivrées – pas plus qu’à d’autres gouvernements impliqués dans l’armement du conflit soudanais. »

Abdallah Idriss Abugarda, président de l’Association de la diaspora du Darfour au Royaume-Uni, représentant les Soudanais originaires du Darfour, a appelé à une enquête :

« La communauté internationale, dont le Royaume-Uni, doit enquêter d’urgence sur ce transfert et s’assurer qu’aucune technologie ni arme britannique ne contribue à la souffrance des civils soudanais. La reddition de comptes et un contrôle strict de l’usage final sont essentiels pour éviter toute complicité future dans ces crimes graves. »


Un officier de l’armée soudanaise inspecte du matériel saisi après la capture d’une base des FSR à Salha, Omdurman, le 26 mai. Photo Ebrahim Hamid / AFP

Les images incluses dans les deux dossiers, vus par le Conseil de sécurité – dont le Royaume-Uni est membre permanent – suggèrent que des dispositifs de ciblage britanniques pour armes légères ont été récupérés sur d’anciennes positions des FSR à Khartoum et Omdurman.

Bien qu’il soit difficile de vérifier ces images sans métadonnées, plusieurs portent des étiquettes indiquant leur fabrication par Militec, une société basée à Mid Glamorgan, au Pays de Galles, spécialisée dans les systèmes d’entraînement et de ciblage pour armes légères.

Les bases de données indiquent que le gouvernement britannique avait délivré des licences d’exportation à Militec vers les EAU dès 2013.

De nouvelles informations révèlent qu’entre janvier 2015 et septembre 2024, le gouvernement britannique a émis 26 licences d’exportation permanente de dispositifs d’entraînement militaire vers les EAU dans la catégorie « ML14 », qui couvre les produits de Militec.

Ces licences ont été accordées à 14 entreprises, dont Militec, mais le gouvernement refuse de divulguer quelles licences ont été attribuées à quelles entreprises.

Les documents montrent qu’au 27 septembre 2024, soit trois mois après que le Conseil de sécurité eut reçu des images prouvant la présence de matériel ML14 au Soudan, le gouvernement britannique a délivré une licence individuelle ouverte pour la même catégorie de produits vers les EAU.

Une telle licence permet au Royaume-Uni d’exporter des quantités illimitées de ce matériel pendant toute la durée de l’accord, sans obligation de suivi de leur destination finale.

À cette date, les inquiétudes grandissaient déjà sur l’implication des EAU dans l’armement des FSR.

Neuf mois plus tôt, en janvier 2024, un rapport du groupe d’experts de l’ONU sur le Soudan – chargé de surveiller l’embargo sur les armes au Darfour – estimait « crédibles » les accusations selon lesquelles les Émirats fournissaient des armes aux RSF.


Véhicule militaire brûlé à l’aéroport international de Khartoum. Photo Giles Clarke / Getty Images

Des années auparavant, le Royaume-Uni avait déjà été alerté que des entreprises basées aux EAU pouvaient constituer un risque de détournement.
Trois ans plus tôt, Londres avait autorisé l’exportation de lunettes de vision nocturne britanniques à une société émiratie, ultérieurement retrouvées entre les mains de combattants talibans en Afghanistan.

Militec, contactée par le Guardian, a refusé de commenter, précisant que toutes ses exportations étaient dûment autorisées par les autorités britanniques compétentes et qu’elle n’avait commis aucune infraction.

Les images incluses dans les dossiers montrent aussi des véhicules blindés de transport de troupes Nimr Ajban, fabriqués aux EAU par Edge Group, un conglomérat d’armement majoritairement étatique.

Une photo datée de 2025 montre la plaque d’un moteur de véhicule Nimr portant la mention « Made in Great Britain by Cummins Inc », fabriqué le 16 juin 2016 par une filiale britannique de Cummins, une entreprise usaméricaine.

Dès 2016, le gouvernement britannique savait que les EAU avaient fourni des véhicules Nimr à des groupes armés en Libye et en Somalie en violation d’un embargo de l’ONU.

Des preuves publiées par le Conseil de sécurité indiquent que les Émirats avaient livré des véhicules blindés aux milices de Zintan en Libye dès 2013.

Aucune donnée de licence britannique ne précise quand ces moteurs ont été exportés, car ils ne sont pas exclusivement conçus pour un usage militaire et ne nécessitent donc pas de licence spéciale.

Véhicules blindés à l’exposition internationale de défense d’Abou Dhabi, 2023. Photo Ryan Lim / AFP

Un porte-parole de Cummins a déclaré :

« Cummins applique une culture de conformité stricte, comme le démontrent les dix principes éthiques de notre code de conduite. Ce code couvre explicitement le respect des sanctions et contrôles à l’exportation dans toutes les juridictions où Cummins opère, souvent au-delà des exigences légales.

Cummins a une politique claire interdisant toute participation, directe ou indirecte, à des transactions liées à des destinations sous embargo sans autorisation complète des autorités compétentes.

Nous examinons minutieusement toutes nos transactions dans le domaine de la défense, obtenons les licences nécessaires et appliquons d’autres mesures de conformité.

Concernant le Soudan, nous avons revu toutes nos transactions passées et n’avons identifié aucune opération militaire impliquant ce pays comme destination finale. »

Un porte-parole du Foreign, Commonwealth and Development Office (FCDO) [ministère des Affaires étrangères] a répondu :

« Le Royaume-Uni dispose de l’un des régimes de contrôle des exportations les plus rigoureux et transparents au monde.
Toutes les licences sont évaluées pour le risque de détournement vers un utilisateur ou un usage final indésirable.
Nous attendons de tous les pays qu’ils respectent leurs obligations au titre des régimes de sanctions de l’ONU. »

Selon des sources gouvernementales, les décisions d’octroi de licences sont prises au cas par cas, et Londres est consciente du risque de détournement vers le conflit au Soudan.
Certaines licences, y compris celles à destination des EAU, auraient déjà été refusées à plusieurs reprises.

Écouter Prise d'El-Fasher au Soudan: que sait-on des crimes contre les civils ?

08/10/2025

اسكتلندا تحظر تقديم المساعدات المالية لشركات السلاح التي تزود جيش الاحتلال الإسرائيلي

 الحكومة المحلية تقول إن المتعاقدين الراغبين في الحصول على الدعم يجب أن يثبتوا أن منتجاتهم لن تُستخدم من قبل الجيش الإسرائيلي

سيفيرين كاريل – محرر الشؤون الاسكتلندية، صحيفة الغارديان، 3 سبتمبر 2025
ترجمها تلاكسكالا

أعلن الوزير الأول في اسكتلندا جون سويني أيضًا عن تجميد أي منح جديدة للمنتجات المتجهة إلى دول متهمة بارتكاب جريمة الإبادة الجماعية.
تصوير: آندي بيوكانان / وكالة فرانس برس / غيتي إيمجز

"لقد علّقنا تراخيص تصدير المعدات العسكرية إلى قوات الدفاع الإسرائيلية التي قد تُستخدم في العمليات في غزة، باستثناء الترتيبات الخاصة ببرنامج F-35 العالمي، استنادًا إلى تقييمنا بأنها قد تُستخدم في ارتكاب أو تسهيل انتهاكات خطيرة للقانون الإنساني الدولي.
وسنعمل مع حلفائنا ومع شركائنا في المنطقة على عملية ذات مغزى نحو حل الدولتين، وسنواصل بذل ما بوسعنا لدعم أسس قيام الدولة الفلسطينية

حظرت الحكومة الاسكتلندية على شركات السلاح التي تزود قوات الدفاع الإسرائيلية (IDF) الحصول على المنح والدعم الاستثماري، كما قررت تجميد أي دعم للتجارة مع إسرائيل.

وقال جون سويني، الوزير الأول، يوم الأربعاء إن أي مقاول دفاعي يرغب في الحصول على دعم مالي في اسكتلندا سيتعين عليه الآن إثبات أن منتجاته لن تُستخدم من قبل الجيش الإسرائيلي.

وأضاف أن على الحكومات حول العالم أن تتخذ إجراءات عاجلة ردًا على "الكارثة الإنسانية" في غزة، حيث توجد الآن أدلة معقولة على وقوع إبادة جماعية.

"حجم المعاناة في غزة لا يمكن تصوره"، قال سويني أمام البرلمان الاسكتلندي. "لا أحد يمكنه تجاهلها. يجب أن نواجه هذه الأزمة بسرعة، وبروح من الرحمة، وبالتزام لا يتزعزع بالمحاسبة".

وبعد أن دعا الحكومة البريطانية إلى دعم الدعوى المرفوعة ضد إسرائيل بتهمة الإبادة الجماعية أمام محكمة العدل الدولية، قال سويني إن حكومته في إدنبرة قررت تعديل قواعد الدعم المالي لشركات الدفاع.

وأوضح أن الحكومة ستقوم الآن بتجميد أي منح أو تمويل جديد للمنتجات المتجهة إلى دول متهمة بشكل مبرر بارتكاب إبادة جماعية.

وأشار سويني إلى أنه أصدر تعليماته لموظفيه، وللوكالة الحكومية "سكوتيش إنتربرايز" (Scottish Enterprise)، ولـ البنك الوطني للاستثمار في اسكتلندا، بعدم تقديم أي دعم مالي جديد للشركات غير الملتزمة، بدءًا من تلك التي تزود إسرائيل.

وكشف تحقيق أجرته منصة The Ferret أن "سكوتيش إنتربرايز" قدمت منذ يناير 2022 ما لا يقل عن 2.75 مليون جنيه إسترليني لشركات الدفاع رايثيون (Raytheon) وتاليس (Thales) وليوناردو (Leonardo)، وجميعها تنتج معدات تُستخدم من قبل الجيش الإسرائيلي، بما في ذلك الطائرات المسيّرة، والطائرات المقاتلة F-35، والصواريخ الموجهة.

وأضاف سويني أن الوكالة تلقّت أيضًا تعليمات بعدم تسهيل أي صفقات تصدير غير عسكرية جديدة مع إسرائيل من قبل الشركات الاسكتلندية، قبل أن يدعو الحكومة البريطانية إلى إلغاء اتفاقها التجاري مع إسرائيل.

لكن مصادر في الحكومة البريطانية اتهمت سويني بـ"التخبط"، بعد أن أعلن أيضًا أن اسكتلندا سترفع الحظر الفعلي المفروض على تمويل الشركات الدفاعية التي تزوّد أوكرانيا بالذخائر.

وقالت إحدى المصادر إن بعض شركات الدفاع قد تبرم عقودًا لتزويد أوكرانيا بالأسلحة وتنتج أيضًا معدات تُستخدم من قبل الجيش الإسرائيلي، ومن بينها شركة BAE Systems التي توظف آلاف الأشخاص في إنتاج المعدات العسكرية البريطانية.

وأضافت المصدر: "محاولة القيام بأمرين متناقضين في الوقت نفسه تصرف غير حكيم".

وفي يوم الأحد، أعلنت الحكومة البريطانية أن أحواض بناء السفن التابعة لشركة BAE Systems على نهر كلايد ستلعب دورًا رئيسيًا في صفقة قياسية بقيمة 10 مليارات جنيه إسترليني مع النرويج لبناء ما لا يقل عن خمس فرقاطات جديدة من طراز "تايب 26" (Type 26)، مما سيؤمّن 2000 وظيفة في اسكتلندا.

وفي يونيو، أعلنت نائبة الوزير الأول كيت فوربس أن "سكوتيش إنتربرايز" ستمنح 9.22 ملايين جنيه إسترليني لشركة BAE Systems لإنشاء أكاديمية جديدة للتدريب وتنمية المهارات كجزء من منشأة بناء السفن الجديدة على نهر كلايد، والتي ستساهم في خلق 300 وظيفة جديدة.

وقد تعرضت شركة BAE Systems لانتقادات من قبل الناشطين المؤيدين لفلسطين لأنها توفر قطعًا لبرنامج الطائرات المقاتلة F-35 من مصانعها في أجزاء أخرى من المملكة المتحدة.

واعترف سويني ضمنيًا بوجود توترات داخل هذه السياسة الجديدة، متعهدًا في الوقت نفسه بأن برامج التدريب المهني الممولة من الحكومة الاسكتلندية داخل شركات الدفاع لن تتأثر.

وكان إعلانه هذا محاولة لتهدئة الانتقادات الصادرة من اليسار السياسي، بما في ذلك من حزب الخضر الاسكتلندي، الذي دعا الوزراء إلى مقاطعة الشركات التي تزود الجيش الإسرائيلي.

وقال جيمي ليفينغستون، رئيس فرع منظمة أوكسفام (Oxfam) لمكافحة الفقر، إن على الحكومة البريطانية أن تحذو حذو سويني:

"غزة تتحول إلى مقبرة أمام أعيننا : التاريخ سيتساءل عمّا إذا كان القادة قد فعلوا كل ما بوسعهم لوقف ذلك. لقد تعهد الوزير الأول بالتحرك، وعلى وستمنستر أن تفعل الشيء نفسه."

وقال متحدث باسم الحكومة البريطانية:

"لقد علّقنا تراخيص تصدير المعدات العسكرية إلى قوات الدفاع الإسرائيلية التي قد تُستخدم في العمليات في غزة، باستثناء الترتيبات الخاصة ببرنامج F-35 العالمي، استنادًا إلى تقييمنا بأنها قد تُستخدم في ارتكاب أو تسهيل انتهاكات خطيرة للقانون الإنساني الدولي.
وسنعمل مع حلفائنا ومع شركائنا في المنطقة على عملية ذات مغزى نحو حل الدولتين، وسنواصل بذل ما بوسعنا لدعم أسس قيام الدولة الفلسطينية."

مشجعو سيلتيك، بقيادة اللواء الأخضر الأيرلندي، في حالة تأهب.

"الاتحاد الأوروبي لكرة القدم متواطئ في الإبادة الجماعية بتطبيعه العلاقات مع إسرائيل. اطردوهم الآن "!

مدرجات خلال مباراة دوري أبطال أوروبا ضد أتلتيكو مدريد في ملعب سيلتيك بارك، غلاسكو، اسكتلندا، 25 أكتوبر/تشرينأكتوبر/تشرين الأول 2023 [هارجي/الجزيرة]