Affichage des articles dont le libellé est New-York. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est New-York. Afficher tous les articles

10/07/2025

Zohran Mamdani, l’homme qui provoque l’anxiété (d’une partie) des Juifs de New-York

960 000 des 8,5 millions d’habitants de la ville de New-York et 1,6 des 20,2 millions d’habitants de l’État de New-York sont juifs. On estime le nombre d’Israéliens parmi eux à environ 20 000 mais le nombre de détenteurs de deux passeports (US et israélien) reste inconnu. New-York abrite pas moins de 450 start-ups de technologie, dont une bonne partie de “cybersécurité”, généralement fondées par d’anciens combattants de l’Unité 8200, chargée de la cyberguerre et du cyberespionnage au sein de l’armée d’Israël. Un millier de personnes effectuent en moyenne un vol aérien entre New-York et Tel-Aviv chaque jour, à bord de quatre Boeing. On peut donc se demander si New-York est une banlieue de Tel-Aviv ou si c’est l’inverse. Après la victoire aux élections primaires démocrates de Zohran Mamdani, tout ce petite monde s’agite frénétiquement. Ci-dessous un article du journaliste israélien Omer Kabir dans Ctech, un site d’actualités technologiques publié par Calcalist, le principal quotidien financier israélien, appartenant au Yedioth Ahronoth Group. De toute évidence, le camarade Mamdani donne du grain à moudre aux “shrinks” [psys] de la Grande Pomme chargés de soigner les shpilkes [états d’anxiété, de nervosité] juifs.-FG, Tlaxcala

“Comment un politicien antisémite qui ne reconnaît pas Israël peut-il être maire de la plus grande ville juive du monde ?”

Les leaders de l’immobilier et des affaires new-yorkais mettent en garde contre un exode massif si les politiques radicales de Zohran Mamdani l’emportent.

Omer Kabir, Ctech, 10/7/2025

Depuis que Zohran Mamdani a remporté les primaires démocrates pour la mairie de New York le mois dernier, les communautés immobilières, technologiques et commerciales de la ville sont en ébullition. Outre ses positions ouvertement anti-israéliennes, Mamdani a axé sa campagne sur l’un des défis les plus urgents de la ville, la crise du logement, et s’est engagé à construire des centaines de milliers d’appartements appartenant à l’État et à geler les loyers. Cependant, des sources proches du marché immobilier new-yorkais estiment que ces promesses sont vaines.

L’une d’entre elles est Danny Fishman, PDG de la société d’investissement immobilier Gaia Real Estate, qui affirme que les problèmes à l’origine de l’ascension de Mamdani se sont accumulés pendant plus d’une décennie.

« New York a traversé huit années difficiles sous de Blasio (maire de New York de 2014 à 2021), qui était un gauchiste radical [sic] », a-t-il déclaré à Calcalist. « Puis sont arrivés le COVID, les manifestations Black Lives Matter, de nouvelles lois qui ont facilité la vie des criminels [resic], rendu plus difficile la conduite des affaires et augmenté les impôts. Lorsque de Blasio est parti, la ville était en mauvais état. Eric Adams (l’actuel maire) a réglé le problème de la criminalité, mais après le 7 octobre, deux choses se sont produites : il y a eu des manifestations propalestiniennes et les coûts, en particulier les loyers, ont grimpé en flèche. Je travaille dans de nombreuses villes américaines : Miami, Orlando, Dallas, Houston, Nashville, Atlanta, Long Island. Au cours des deux dernières années, les loyers ont baissé presque partout, mais à New York, ils ont grimpé en flèche. »

Zohran Mamdani, le mois dernier à New York . Photo Adam Gray/AFP

Les promesses de lutter contre les loyers élevés étaient au cœur du programme de Mamdani. Mais selon Fishman, l’intervention municipale en matière de loyers a en fait contribué au problème.

« Ils ont adopté des lois qui ont renforcé les droits des locataires et ont effectivement confisqué les biens des gens. Si un locataire ne paie pas son loyer, je ne peux pas l’expulser, mais je dois quand même payer les taxes foncières, l’assurance et l’hypothèque. Un locataire qui sait comment exploiter le système peut rester dans l’appartement pendant deux ans ».

En conséquence, les propriétaires ont fui et les promoteurs ont cessé de construire.

« Il n’y a pas une seule grue à Manhattan, alors que Miami en regorge, où 20 000 appartements sont en cours de construction. D’autres villes déroulent le tapis rouge pour les entreprises. À New York, personne ne construisait, puis la pandémie a pris fin, les jeunes sont revenus, il y a un million d’étudiants et trop peu d’appartements à louer. Les loyers ont donc augmenté. C’est alors que Mamdani est arrivé avec ses slogans socialistes. Il reproche à Adams les loyers élevés, promet de construire des centaines de milliers d’appartements appartenant à l’État et de geler les loyers, et dit qu’il augmentera les impôts fonciers et sur le revenu des riches. »


Taylor Jones

Fishman qualifie ces promesses d’irréalistes.

« Il ne les construira pas, il n’a pas l’argent et n’a nulle part où le trouver. Ce qu’il peut faire, si le Sénat de New York le lui permet, c’est geler les loyers. Mamdani dit qu’il gèlera le loyer d’un million d’appartements à loyer contrôlé. Cela signifie que tous les propriétaires feront faillite, car en même temps, il veut augmenter les impôts et le salaire minimum à 30 dollars. »

Fishman explique que les promoteurs immobiliers qui ont construit dans la ville ces dernières années ont bénéficié d’exonérations fiscales partielles s’ils incluaient des appartements à loyer contrôlé pendant dix ans.

« Si Mamdani met en œuvre son plan, les propriétaires ne pourront pas augmenter les loyers, mais leurs exonérations fiscales expireront. À partir de ce moment-là, ils feront faillite. Ce sera comme dans les années 1980, lorsque les propriétaires ont abandonné leurs immeubles, jeté les clés et sont partis. »

Fishman estime qu’une victoire de Mamdani chasserait les entrepreneurs de la ville, dans l’immobilier et dans d’autres secteurs.

« Les gens prévoient déjà de déménager. J’ai ouvert un bureau à Miami il y a huit mois, et je ne suis pas le seul. À Miami, j’ai 200 restaurants près de chez moi, des musées, des galeries d’art, une plage et aucune taxe d’État. Les gens cesseront de faire des affaires à New York.

De plus en plus de gens partent. Je peux vivre à Miami, passer moins de 180 jours par an à New York et ne payer aucune taxe municipale. Les taxes foncières ici sont déjà si élevées qu’elles absorbent plus que les revenus de l’immeuble. » Fishman prévient que les propositions de Mamdani ne feront que nuire à une ville déjà fragile. « S’il met en œuvre toutes ces absurdités, les plus forts partiront et la ville subira un coup fatal, dont on ne sait pas si elle pourra se remettre. »


Les positions anti-israéliennes virulentes de Mamdani, et, selon Fishman, peut-être antisémites, chasseront également l’élite juive de la ville, affirme-t-il.

« J’ai une résidence secondaire sur le boulevard Rothschild à Tel Aviv. Un quart de mes voisins sont des Juifs français originaires de Paris. Ils ne sont pas venus en tant que sionistes, ils ont fui l’islam radical [reresic]. C’est là le véritable danger. New York compte une importante communauté juive dans les domaines des affaires, de l’immobilier, de Wall Street et des hautes technologies. S’ils ne se sentent pas en sécurité, et c’est le cas depuis le 7 octobre, ils partiront, et la ville en sera mortellement affaiblie. Comment un politicien antisémite qui ne reconnaît pas Israël peut-il être maire de la plus grande ville juive du monde ? »


Eric Adams, le maire en place de New-York, affrontera en tant qu’indépendant Mamdani et Andrew Cuomo aux élections du 4 novembre 2025. Élu grâce aux voix et aux contributions financières juives, il a multiplié les signes d’allégeance à Israël, déclarant récemment que Bibi Netanyahu serait bienvenu s’il venait à New-York. Rien qu’en mai, il a établi le Bureau du maire pour combattre l’antisémitisme et le Conseil économique NYC-Israël. En juin, il a émis un décret instaurant la définition controversée de l'antisémitisme par l'International Holocaust Remembrance Alliance. Sur la photo, Adams reçu par Bibi en Israël en août 2023.

Malgré son sombre constat, Fishman reste optimiste quant à la défaite de Mamdani.

« Dans l’immobilier et d’autres secteurs, il y a une tendance à soutenir un candidat consensuel [=pro-israélien, NdT] », a-t-il déclaré. « J’ai discuté avec de nombreux hommes d’affaires, et les gens veulent soutenir Adams. Des efforts sont également déployés pour augmenter le taux de participation. Seuls 22 % des démocrates inscrits ont voté lors des primaires. La victoire de Mamdani a pratiquement mis la ville en jeu. Mais si le taux de participation augmente, il ne gagnera pas. »

« Mamdani ne voudra pas chasser les start-ups israéliennes de New York »

La victoire de Mamdani aux primaires a inquiété les travailleurs israéliens du secteur technologique, qui craignent de perdre le soutien politique dont ils bénéficiaient jusqu’à présent.

« Je constate une réelle inquiétude au sein de la communauté technologique israélienne, et je la ressens moi-même », a déclaré Guy Franklin, fondateur d’Israeli Mapped in NY [qui cartographie 450 start-ups technologiques à New-York, NdT], à Calcalist. « Ces dernières années, nous avons coopéré avec la mairie et le bureau du maire. La crainte est que tout cela disparaisse. »

D’autres considèrent cette réaction comme exagérée.

« Même si le maire est sioniste, cela n’affecte pas vraiment les start-ups », a déclaré Noam Schwartz, PDG d’ActiveFence. « Parfois, vous invitez un fondateur à serrer la main pour une séance photo, cela n’affecte pas vraiment l’entreprise. »

Eyal Bino, fondateur du fonds de capital-risque 97212 Ventures, qui soutient les start-ups en phase de démarrage, convient qu’il n’y a pas lieu de paniquer.

« La marque technologique israélienne est forte, et un maire ne changera pas ça », a-t-il déclaré à Calcalist. Il admet toutefois avoir été choqué lorsqu’il a appris que Mamdani avait remporté les primaires.

« Les Juifs américains s’organisent dans des groupes WhatsApp, et déploient d’énormes efforts pour l’empêcher de gagner. La grande surprise, c’est ce virage radical vers la gauche. Les derniers maires étaient fortement pro-israéliens et travaillaient en étroite collaboration avec le secteur technologique israélien, non seulement Bloomberg, mais aussi Adams. Si Mamdani est élu, cela pourrait nuire à la visibilité de la technologie israélienne, mais je ne pense pas qu’il veuille chasser les nombreuses start-ups israéliennes qui ont des bureaux à New York».

Bill Day

 Lire sur le même thème

La honte : Trump menace de dénaturaliser et d’expulser Zohran Mamdani, par Branko Marcetic, Jacobin, 2/7/2025