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07/08/2025

HAARETZ
Une entreprise US, des chauffeurs d’Europe de l’Est, des liens avec Israël : qui est derrière l’acheminement de l’aide à Gaza

Arkel International, un sous-traitant du gouvernement usaméricain et d’armées du monde entier, transporte de l’aide vers les sites de la Gaza Humanitarian Foundation (GHF). Son représentant en Israël est un homme d’affaires, consul honoraire du Rwanda, qui a précédemment négocié des contrats de défense en Afrique.

Bar Peleg, Yaniv Kubovich et Avi ScharfHaaretz, 5/8/2025

Traduit par Tlaxcala


Des véhicules blindés escortent des camions d’aide humanitaire vers le passage de Kerem Shalom, à la frontière entre Israël et la bande de Gaza. On peut voir un graffiti représentant le mot « millénaire » en hébreu sur l’avant d’un camion. Photo : Eliahu Hershkovitz

Au cours des derniers mois, un hôtel situé dans un kibboutz du sud d’Israël est devenu le lieu de résidence de chauffeurs routiers étrangers venus de plusieurs pays d’Europe de l’Est.

La plupart d’entre eux sont arrivés en Israël au cours des derniers mois après s’être vu promettre une opportunité financière qui leur permettrait de gagner un salaire beaucoup plus élevé que dans leur pays d’origine. Pour gagner leur vie, les chauffeurs doivent effectuer un trajet quotidien, parfois deux, entre le point de passage frontalier de Kerem Shalom et les points de distribution alimentaire à l’intérieur de la bande de Gaza.

Ces chauffeurs, principalement originaires de Géorgie et de Serbie, pays avec lesquels Israël n’a pas conclu d’accord bilatéral en matière de main-d’œuvre, ont été amenés en Israël par une société usaméricaine impliquée dans le projet d’aide alimentaire dans la bande de Gaza : Arkel International LLC, une entreprise de construction et de logistique qui opère en tant que sous-traitant pour la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), a appris Haaretz.

La GHF, qui gère quatre centres de distribution d’aide dans la bande de Gaza, emploie au moins trois entreprises en tant que sous-traitants.

Jusqu’à présent, deux de ces sociétés étaient connues : la première est UG Solutions, qui a participé plus tôt cette année à la sécurisation du corridor de Netzarim lors d’un échange d’otages et qui s’occupe désormais de certains aspects de la sécurité sur les sites de distribution de l’aide humanitaire. La deuxième est Safe Reach Solutions, une société de logistique et d’opérations.

La troisième société, Arkel International, est responsable de la logistique des opérations de distribution de l’aide humanitaire.

Selon les documents constitutifs de la société en Israël, son représentant autorisé dans le pays est Hezi Bezalel, un homme d’affaires israélien qui a précédemment négocié des contrats de défense en Afrique. La société affirme qu’il n’est pas impliqué dans ses activités et qu’il a seulement aidé à sa création en Israël.

« Je suis chauffeur routier en Géorgie . Mon patron m’a proposé de venir en Israël par l’intermédiaire d’un courtier et m’a dit que je pouvais gagner deux fois plus, voire plus », a déclaré à Haaretz un chauffeur routier de 32 ans, marié et père d’une fille.

Lorsqu’on lui a demandé qui l’avait amené en Israël et qui payait son salaire, il a répondu : « C’est la société Arkel qui nous a amenés ici. C’est elle qui nous paie nos salaires, et c’est avec elle que nous avons signé le contrat. Notre travail consiste à partir le matin dans un convoi de camions et à entrer dans Gaza. L’armée israélienne nous escorte jusqu’à la zone de distribution. Nous arrivons avec les camions, ils les déchargent pour nous sur le site, et nous repartons immédiatement. Il y a parfois deux trajets par jour », a déclaré le chauffeur.

Arkel transporte des colis alimentaires depuis un point de chargement près de Kerem Shalom vers des lieux de livraison à l’intérieur de Gaza : trois dans le sud, près des ruines de Rafah, et un le long de la partie sud du corridor de Netzarim. Dans le cadre de ce projet, Arkel a fait venir en Israël des dizaines de travailleurs étrangers, dont certains chauffeurs routiers d’Europe de l’Est.

Arkel est enregistrée dans l’État de Louisiane, aux USA, depuis 2005. La société s’est enregistrée en Israël en tant que société étrangère le 13 mai 2025, une semaine avant que les centres de distribution de l’aide du GHF ne commencent leurs activités dans la bande de Gaza et un jour avant l’enregistrement de Safe Reach Solutions en Israël. Au moins un des dirigeants d’Arkel vit en Israël depuis octobre 2024.


Hezi Bezalel (né en 1951) est un homme d'affaires, banquier d'investissement et producteur de cinéma très impliqué en Afrique de l'Est (Kenya, Ouganda, Rwanda, Éthiopie) et ami personnel de Paul Kagame

Au moins un mois avant l’enregistrement officiel de la société en Israël, des discussions étaient déjà en cours concernant sa création. Comme l’a précédemment rapporté Haaretz, l’opération d’aide à Gaza a été lancée par des officiers du commandement sud de l’armée israélienne, à l’insu de l’ensemble des autorités de défense, et coordonnée par le bureau du Premier ministre.

Selon une source proche du projet, Arkel devait initialement construire les sites de distribution à l’intérieur de Gaza, mais cette tâche a finalement été confiée à l’armée israélienne.

Dans les documents constitutifs d’Arkel en Israël, c’est Hezi Bezalel, un homme d’affaires qui a fondé un opérateur de téléphonie mobile en Israël, négocié des contrats de défense en Afrique et occupe le poste de consul honoraire du Rwanda en Israël, qui est désigné comme le représentant de la société en Israël.

La société lui a donné procuration pour gérer ses activités en Israël, ouvrir et gérer un compte bancaire pour la société, nommer des avocats et des comptables pour la société et recevoir des documents juridiques au nom de la société.

La société affirme que Bezalel n’a fait que l’aider à se lancer en Israël, grâce à une relation de longue date nouée au fil de projets menés en Afrique depuis des décennies, et qu’il n’est pas un partenaire commercial. Selon une source bien informée, Bezalel aurait même obtenu l’accord du ministère de la Défense avant l’ouverture de la société en Israël.

Un employé d’Arkel a déclaré à Haaretz que les seuls signataires autorisés au sein de la société sont aujourd’hui le PDG et le directeur des opérations ; cependant, le nom de Bezalel n’a pas encore été retiré du dossier de la société auprès de l’Autorité des sociétés israéliennes.

Actuellement, l’activité principale de la société consiste à transporter des marchandises depuis le point de chargement de Kerem Shalom vers des centres de distribution situés dans la bande de Gaza. Les camions utilisés par Arkel appartenaient auparavant à la société de logistique israélienne Millennium.

Des photos obtenues par Haaretz à proximité de Kerem Shalom montrent que le nom de la société a été grossièrement effacé à la peinture. Selon Arkel, les camions leur ont été vendus par Millennium.

Millennium a déclaré que les camions avaient été vendus à un fournisseur, sans toutefois préciser lequel. Les camions entrent dans la bande de Gaza en longs convois, sans plaque d’immatriculation, et sont sécurisés par du personnel d’autres entreprises sous-traitantes.

Comme mentionné, les chauffeurs sont des travailleurs d’Europe de l’Est, notamment de Géorgie et de Serbie, pays avec lesquels Israël n’a pas conclu d’accords bilatéraux pour l’importation de main-d’œuvre.


Des camions d’aide humanitaire d’Arkel sont garés dans le quai de chargement près du kibboutz Kerem Shalom, dans le sud d’Israël, dimanche. Les camions n’ont pas de plaques d’immatriculation et certains portent des graffitis noircissant le nom « Millennium ». Photo : Eliahu Hershkovitz

Les chauffeurs sont logés dans un kibboutz dans le sud d’Israël. « En gros, nous restons au kibboutz toute la journée, sauf lorsque nous livrons des marchandises à Gaza », a déclaré un chauffeur serbe. « Nous voulions vraiment visiter Jérusalem et Nazareth, mais nous ne sommes pas autorisés à trop nous déplacer à l’extérieur et, jusqu’à présent, nous n’avons pas organisé de visite touristique. »

Les chauffeurs indiquent qu’ils gagnent environ 4 000 shekels (1004 €) par mois, soit plus que le salaire moyen dans leur pays d’origine. « Le travail n’est pas vraiment dangereux », explique l’un d’eux. « Nous ne distribuons pas la nourriture. Nous quittons généralement Gaza dès que le chargement est déchargé. Il y a beaucoup d’explosions et de tirs tout le temps, mais cela ne nous vise pas, donc dans l’ensemble, c’est sûr. »

La plupart des chauffeurs interrogés par Haaretz ont déclaré que leur contrat expirait le mois prochain. « À l’heure actuelle, tout le monde ici est censé partir en septembre. On ne sait pas si les contrats seront prolongés ou si d’autres personnes seront recrutées pour nous remplacer. Un responsable a déclaré cette semaine que nous pourrions rentrer [chez nous] encore plus tôt, dans les prochaines semaines, car ces convois vers Gaza pourraient devenir inutiles », a déclaré un chauffeur.

Les marchandises transportées par les camions – certaines achetées en Israël, selon TheMarker – sont emballées dans des entrepôts en Israël, en partie au port d’Ashdod et à Jérusalem, puis chargées dans des camions dans un centre logistique construit près de la frontière avec Gaza.

TheMarker a indiqué que l’une des entreprises responsables était Millennium. Lors d’un entretien avec Haaretz, le propriétaire de Millennium, Shimon Sabah, a déclaré que son entreprise ne fournissait plus aucune aide logistique au client impliqué dans l’aide humanitaire à Gaza et que le fait que le logo n’ait pas été effacé des camions était dû à une négligence de la part de l’entreprise.

Arkel International est une société d’infrastructure et de services créée aux USA il y a environ 60 ans et enregistrée en Louisiane depuis 20 ans. Le seul propriétaire de toutes les actions d’Arkel est George H. Knost III. Le directeur est John Moore.

La société est un sous-traitant du gouvernement usaméricain et d’armées et de gouvernements du monde entier, qui gère des projets de construction, d’énergie et de logistique. Selon le site web aujourd’hui disparu de la société, celle-ci opère « là où d’autres ne peuvent ou ne veulent pas ».

Depuis 2010, la société a remporté plus d’une centaine de contrats d’une valeur de plusieurs centaines de millions de dollars auprès du ministère usaméricain de la Défense et du département d’État pour des projets en Irak, en Afghanistan et ailleurs. C’est la première fois qu’elle entreprend un projet civilo-militaire de cette envergure en Israël.

La société est également impliquée dans le forage pétrolier et gazier et travaille comme sous-traitant pour le gouvernement usaméricain, ainsi que pour des armées et des gouvernements du monde entier, gérant des projets de construction, d’énergie et de logistique.


Des cartons contenant de l’aide humanitaire sont entreposés du côté gazaoui du point de passage de Kerem Shalom avant d’être distribués par la Fondation humanitaire de Gaza, en juillet. Photo : Ohad Zwigenberg/AP

Malgré les critiques internationales à l’encontre du projet d’aide à Gaza, Arkel est fière de ce travail, qu’elle considère comme un soutien à Israël et une aide pour renverser le contrôle du Hamas sur Gaza. Une source au sein de l’entreprise, s’exprimant auprès du journal Haaretz, a déclaré qu’elle estimait que la plupart des critiques à l’encontre du projet étaient « des fausses informations et de la propagande du Hamas visant à discréditer Israël ».

Travis Daharash, chef de projet chez Arkel, a déclaré : « Arkel fournit à la GHF un soutien logistique et en matière de construction. Bien que nous ne fournissions pas d’informations spécifiques sur notre main-d’œuvre pour des raisons de sécurité, celle-ci répond à toutes les exigences locales. »

Le financement du projet d’aide humanitaire est largement opaque et la GHF ne révèle pas l’identité de ses donateurs. En juin de cette année, environ un mois après le début des activités du fonds, le département d’État usaméricain a approuvé un financement de 30 millions de dollars pour l’entreprise. Selon un rapport de Reuters, cette somme sera versée par l’Agence américaine pour le développement international à la GHF, dont sept millions de dollars seront transférés immédiatement.

Jeudi, Reuters a rapporté que des responsables de l’administration Trump avaient déclaré au Congrès en juillet qu’Israël avait accepté de verser une somme équivalente à celle versée par les USA et de transférer 30 millions de dollars au fonds.

En juin dernier, Liel Kyzer a rapporté pour la chaîne publique Kan que le gouvernement avait prévu 700 millions de shekels [175 M€] pour l’aide humanitaire à Gaza et que cette mesure était financée par une réduction massive du budget de l’État, y compris des services sociaux.

Le ministère des Finances et le bureau du Premier ministre ont démenti cette information à l’époque, affirmant qu’Israël ne finance pas l’aide humanitaire à Gaza.

Les centres d’aide de la GHF ont commencé à fonctionner en mai. Ce fonds a été créé par Israël en collaboration avec des sociétés de sécurité privées.

Des travailleurs usaméricains et palestiniens gèrent ces centres, tandis que l’armée israélienne les sécurise à plusieurs centaines de mètres de distance. Chaque jour, des milliers, voire des dizaines de milliers de Gazaouis viennent chercher de la nourriture dans ces centres. Malgré les promesses faites par le fonds au début du projet d’aide, la distribution ne se fait pas de manière ordonnée, mais dans une bousculade générale pour s’emparer des cartons.

Haaretz a fait état d’un chaos généralisé sur les sites de distribution, où des centaines de Palestiniens ont été tués alors qu’ils se rendaient sur place pour recevoir de la nourriture depuis que le GHF a commencé ses opérations d’aide ces derniers mois.

 

04/08/2025

SARAH B.
Tontons flingueurs en croisade : comment des extrémistes évangéliques et d’anciens membres des forces spéciales ont détourné l’humanitaire à Gaza

À Gaza, l’humanitarisme a été détourné par des croisés armés de fusils, d’exorcismes et d’une mission divine visant à refaire le champ de bataille à l’image de Dieu.

Sarah B., DD Geopolitics , 31/7/2025
Traduit par Tlaxcala

Sommaire

I. Le retour de la croisade…………………………………………………….2

II. Une nouvelle race de mercenaires : rencontrez les croisés……......4

III. La doctrine de la délivrance……………………………………………..15

IV. Les enfants : la lutte contre la traite comme couverture………......20

V. Gaza : un champ de bataille pour l’âme………………………………..23

VI. Au-delà de Gaza, un réseau de domination…………………………..26

VII. L’ombre des complots et des fronts du renseignement………..…29

VIII. Conclusion : l’instrumentalisation de la foi………………………....31


Écouter résumé audio (6:52)



02/08/2025

MORGAN LERETTE
No son Blackwater ni Wagner, pero los paramilitares yanquis contratados en Gaza son mercenarios al 100 %

Hay una diferencia, y lo que está sucediendo hoy nos llevará a un futuro mucho más oscuro

Morgan Lerette, Responsible Statecraft, 31/7/2025
Traducido por Tlaxcala

Morgan Lerette es un exoficial de inteligencia del ejército de USA que trabajó para Blackwater entre 2004 y 2005. Es autor de «Guns, Girls, and Greed: I was a Blackwater Mercenary in Iraq» (Armas, chicas y codicia: fui mercenario de Blackwater en Irak). Tras abandonar el ejército usamericano con el rango de capitán, Morgan se graduó en la Fletcher School of Law and Diplomacy de la Universidad de Tufts con un máster en Banca y Finanzas Internacionales.

 

Los usamericanos que trabajan para una empresa militar privada poco conocida con sede en USA han comenzado a denunciar ante los medios de comunicación y los miembros del Congreso que su trabajo ha consistido en utilizar munición real para controlar a la multitud y otras medidas abusivas contra civiles desarmados que buscaban comida en los controvertidos centros de distribución de alimentos gestionados por la Fundación Humanitaria Global (GHF) en Gaza.

UG Solutions fue contratada por la GHF para garantizar la seguridad y la entrega de alimentos en Gaza. La GHF, con la ayuda de las CMP [contratistas militares privados], afirma haber proporcionado casi 100 millones de comidas a Gaza. Israel puso a la GHF al mando de lo que antes era la misión de ayuda dirigida por la ONU.

Sin embargo, la ONU ha calificado el nuevo modelo de «abominación» que «no proporciona nada más que hambre y disparos al pueblo de Gaza», en referencia a los 1000 habitantes de Gaza que han muerto cerca o en los centros de la GHF desde mayo. Las Fuerzas de Defensa de Israel (FDI) han sido acusadas de disparar y bombardear a civiles desarmados. Los contratistas usamericanos afirman haberlo presenciado y que se les ha ordenado utilizar munición real en sus propias operaciones de control de multitudes.


UG Solutions es una de las dos empresas contratistas usamericanas que trabajan en los centros de distribución de alimentos. Ambas han negado rotundamente las acusaciones de los contratistas, al igual que las FDI. La GHF también ha publicado respuestas exhaustivas en las que califica las acusaciones de totalmente falsas.

Huelga decir que esto plantea un montón de preguntas sobre el uso de contratistas usamericanos en esta zona de conflicto en particular, pero también sobre quiénes son. Según toda la información disponible sobre UG Solutions, no operan bajo la bandera ni la protección de un contrato con una agencia usamericana, sino de una entidad extranjera. Esta ampliación del ámbito de actuación, en mi opinión, convierte a UG Solutions en una organización mercenaria en toda regla y lleva a la industria por un camino muy oscuro.

 

¿Qué es un mercenario?

El uso de contratistas militares privados (CMP) en Irak creó una zona gris entre los combatientes y los civiles que desempeñaban funciones de combate en una zona de guerra. USA, que no quería ser visto como un ocupante, entregó el gobierno de Irak en 2004. En teoría, esto significaba que la misión militar había terminado y que comenzaba la misión diplomática.

En la práctica, la guerra continuó y los diplomáticos necesitaban la protección de miembros no militares. Civiles que trabajaban para empresas como Dyncorp y Blackwater protegían a las personas encargadas de ayudar al incipiente Gobierno iraquí a reconstruir el país. ¿Eran mercenarios? La respuesta corta es: más o menos.

Las Naciones Unidas utilizan seis criterios para definir el término «mercenario».

Alguien que:

1. Es reclutado especialmente para combatir en un conflicto armado.

2. Participa directamente en las hostilidades.

3. Su motivación principal es el beneficio privado (una compensación significativa prometida).

4. No es nacional de una de las partes en conflicto.

5. No es miembro de las fuerzas armadas de una de las partes en conflicto.

6. No ha sido enviado por un Estado en misión oficial.

Los juristas pueden discutir la definición legal de cada criterio, pero, según mi cálculo, y habiendo trabajado para Blackwater en 2004-2005, los CMP cumplen cuatro de los seis criterios (1, 2, 3 y 5).

¿Es UG Solutions la próxima Blackwater?

No. Pero comparten similitudes. Blackwater ganó notoriedad protegiendo a diplomáticos en Irak en 2003. El contrato para proteger al jefe de la Autoridad Provisional de la Coalición, Paul Bremer, dio lugar a contratos con el Departamento de Estado de los USA (DoS) para proteger a diplomáticos, otras agencias gubernamentales (CIA, FBI, etc.), senadores usamericanos y cualquier otra persona que quisiera comprobar los progresos realizados en Irak.

La nuestra era principalmente una operación defensiva en la que protegíamos a personas y lugares, pero teníamos que desplazarnos por todo el país para hacerlo. Esta es también una zona gris en la que teníamos que desplazarnos por todo el país con y sin las personas a las que protegíamos. Esto significaba despejar el tráfico utilizando las mismas armas que se entregaban al ejército usamericano. Algunos podrían argumentar que se trataba de una operación defensiva, pero los vídeos que se pueden ver en YouTube se parecen mucho a operaciones ofensivas.

Estos contratos fueron adjudicados por el Departamento de Estado a Blackwater, que a su vez contrató a contratistas independientes (yo) para trabajar para ellos en Irak. Con múltiples capas de separación entre el otorgante del contrato (el Departamento de Estado) y los hombres que realizaban el trabajo sobre el terreno, se ha dicho que Blackwater no era un grupo mercenario, sino que los contrataba.

Volviendo a la definición de mercenario de la ONU, sostengo que se cumplen cuatro de los seis criterios: fuimos reclutados para combatir, participamos en hostilidades, estábamos motivados por ganancias privadas y no éramos miembros de las fuerzas armadas en el conflicto.

Al entrar en la zona gris creada por la contratación de CMP, podría argumentar que tampoco éramos nacionales de una de las partes en conflicto, ya que la guerra era ahora una misión «diplomática» entre USA e Irak, en la que Irak solicitó la ayuda militar de USA, por lo que técnicamente ya no estábamos «en guerra» con Irak. Pero bueno, yo tenía pasaporte diplomático y Blackwater me dijo que teníamos inmunidad diplomática, así que definitivamente fui enviado por el Estado en misión oficial.

¿Es UG Solutions el próximo Grupo Wagner?

No. Sinceramente, no tienen nada en común. Wagner se conoce comúnmente como un grupo mercenario, pero según la definición de la ONU, no lo es. Son una extensión del ejército ruso. Es cierto que reclutaban en prisiones y han cometido crímenes de guerra, pero no son mercenarios. De las tres empresas, son los únicos que pueden afirmar que no son mercenarios.

La principal diferencia entre Wagner y Blackwater es que Wagner es una unidad militar. Llevan a cabo operaciones ofensivas, conquistan y mantienen territorios, y son enviados a lugares donde Rusia quiere ejercer su influencia. No fue hasta 2023 cuando Vladimir Putin confesó que Wagner estaba financiada por el Gobierno. También tienen una estructura jerárquica y un código de conducta similares a los del ejército usamericano. Es cierto que no parecen cumplirlo de la misma manera que los miembros del ejército usamericano que están regulados por el Código Uniforme de Justicia Militar (UCMJ), pero existe. Eso es más de lo que tenía Blackwater.

Basándonos en esto, no son más un «ejército mercenario» que el ejército usamericano. Sé que esto va a molestar a algunos, pero yo no he creado los criterios, así que no se enfaden conmigo.



¿Es UG Solutions un nuevo tipo de mercenariado?

Sí. UG Solutions es un grupo mercenario.

Cumplen todos los criterios. No son parte en el conflicto de Gaza, fueron reclutados para participar en hostilidades, no fueron enviados por el Gobierno de los USA, no son nacionales de ninguna de las partes en conflicto, no forman parte de ningún ejército y están allí por motivos económicos. Quiero dejar claro que UG Solutions, como empresa, es un grupo mercenario. Los hombres que trabajan para ella también son mercenarios.

Al igual que Blackwater, se dedican principalmente a operaciones defensivas y el Departamento de Estado de USA ha ayudado a financiar la GHF, pero tienen su sede en USA y trabajan para una entidad extranjera, en una zona de combate, por dinero. Es hora de llamar a las cosas por su nombre: las empresas usamericanas están directamente involucradas en actividades mercenarias y tratan de protegerse bajo la apariencia de ser contratistas militares privados.

¿Qué significa esto?

UG Solutions tomó el modelo de las CMP y lo llevó más allá al contratar a una entidad extranjera. No hay ninguna conexión con el gobierno de USA. No hay forma de que se protejan bajo la bandera usamericana. Es cierto que su misión es aparentemente humanitaria, señalando que la ONU utiliza contratistas para operaciones similares. Tienen razón, aunque sea una razón poco sólida.

Los denunciantes han afirmado que han participado en tácticas ofensivas agresivas contra la población desarmada de Gaza que acudía a los centros de la GHF en busca de alimentos.

El uso de los CMP aquí ha evolucionado hasta el punto de que hay poca diferencia entre la contratación y el trabajo mercenario. UG Solutions ha traspasado los límites de lo que es apropiado para las CMP con sede en USA, tanto desde el punto de vista ético como legal, al hacer caso omiso de la moralidad y trabajar para una organización no afiliada al Gobierno usamericano. Los políticos permanecen en silencio mientras se produce un cambio radical, negándose a reconocer, y mucho menos a regular, las empresas privadas que actúan como mandatarios militares. Lamentablemente, esto continuará hasta que se repita un incidente como la emboscada a cuatro contratistas de Blackwater en Faluya, Irak, en 2004.

Es hora de llamar a esto por su nombre: trabajo mercenario. Si nos negamos a definirlo, nunca tendremos la conversación sobre si debemos o no seguir utilizando los CMP como sustitutos del ejército y la política exterior de USA. Nos debemos a nosotros mismos abordar este alcance cada vez mayor antes de que lleve a que más civiles usamericanos se encuentren en una zona de combate.

MORGAN LERETTE
Ce n’est ni Blackwater ni Wagner, mais les paramilitaires yankees engagés à Gaza sont à 100 % des mercenaires

Il y a une différence, et ce qui se passe aujourd’hui nous mènera vers un avenir bien plus sombre

Morgan Lerette, Responsible Statecraft, 31/7/2025

Traduit par Tlaxcala

Morgan Lerette est un ancien officier du renseignement militaire US qui a travaillé pour Blackwater de 2004 à 2005. Il est l’auteur de « Guns, Girls, and Greed: I was a Blackwater Mercenary in Iraq » (Armes, filles et cupidité : j’étais mercenaire pour Blackwater en Irak). Après avoir quitté l’armée usaméricaine avec le grade de capitaine, Morgan a obtenu un master en banque et finance internationales à la Fletcher School of Law and Diplomacy de l’université Tufts.

 

Des USAméricains travaillant pour une société militaire privée peu connue basée aux USA ont commencé à se manifester auprès des médias et des membres du Congrès, affirmant que leur travail consistait à utiliser des balles réelles pour contrôler les foules et à prendre d’autres mesures abusives contre des civils non armés qui cherchaient de la nourriture dans des sites controversés de distribution alimentaire gérés par la Global Humanitarian Foundation (GHF) à Gaza.


UG Solutions a été engagée par la GHF pour sécuriser et livrer de la nourriture à Gaza. Le GHF, avec l’aide des SMP [Sous-traitants militaires privés], affirme avoir
fourni près de 100 millions de repas à Gaza. Israël a confié à la GHF le contrôle de ce qui était auparavant la mission d’aide humanitaire dirigée par l’ONU.

L’ONU a toutefois qualifié ce nouveau modèle d’« abomination » qui « n’apporte rien d’autre que la famine et les coups de feu à la population de Gaza », faisant référence aux 1 000 Gazaouis qui ont été tués près ou dans les centres de la GHF depuis mai. Les Forces de défense israéliennes (FDI) ont été accusées d’avoir tiré et bombardé des civils non armés. Les employés des sous-traitants usaméricains affirment en avoir été témoins et avoir reçu l’ordre d’utiliser des balles réelles dans le cadre de leurs propres opérations de contrôle des foules

UG Solutions est l’une des deux sociétés usaméricaines sous contrat travaillant dans les centres alimentaires. Toutes deux ont catégoriquement nié les accusations des employés, tout comme les FDI. La GHF a également publié des réponses détaillées qualifiant ces accusations de totalement fausses.

Inutile de dire que cela soulève de nombreuses questions sur le recours à des entrepreneurs usaméricains dans cette zone de conflit particulière, mais aussi sur leur identité. D’après toutes les informations disponibles sur UG Solutions, cette société n’opère pas sous la bannière ni sous la protection d’une agence usaméricaine, mais d’une entité étrangère. Cette extension de son champ d’action, selon moi, fait d’UG Solutions une organisation mercenaire à part entière et entraîne le secteur dans une voie très sombre.

Qu’est-ce qu’un mercenaire ?

Le recours à des sociétés militaires privées (SMP) en Irak a créé une zone grise entre les combattants et les civils privés remplissant des rôles de combattants dans une zone de guerre. Les USA, ne voulant pas être considérés comme des occupants, ont transféré le pouvoir en Irak en 2004. En théorie, cela signifiait la fin de la mission militaire et le début de la mission diplomatique.

Dans la pratique, la guerre faisait rage et les diplomates devaient être protégés par des membres non militaires. Des civils travaillant pour des entreprises telles que Dyncorp et Blackwater protégeaient les personnes chargées d’aider le gouvernement naissant de l’Irak à se reconstruire. Étaient-ils des mercenaires ? La réponse courte est : en quelque sorte.

Les Nations unies utilisent six critères pour définir le terme « mercenaire ».

Une personne qui :

1. Est spécialement recrutée pour combattre dans un conflit armé

2. Participe directement aux hostilités

3. Est principalement motivée par un gain privé (une compensation importante promise)

4. N’est pas ressortissante d’une partie au conflit

5. N’est pas membre des forces armées d’une partie au conflit

6. N’est pas envoyé par un État dans le cadre d’une mission officielle

Les juristes peuvent débattre de la définition juridique de chaque critère, mais d’après mes calculs et mon expérience chez Blackwater en 2004-2005, les SMP répondent à quatre des six critères (1, 2, 3 et 5).

UG Solutions est-elle la prochaine Blackwater ?

Non. Mais ils présentent des similitudes. Blackwater s’est fait connaître en protégeant des diplomates en Irak en 2003. Le contrat visant à protéger le chef de l’Autorité provisoire de la coalition, Paul Bremer, a débouché sur des contrats avec le département d’État américain (DoS) pour protéger les diplomates, d’autres agences gouvernementales (CIA, FBI, etc.), des sénateurs usaméricains et toute autre personne souhaitant vérifier les progrès réalisés en Irak.

Notre mission était principalement défensive : nous protégions des personnes et des lieux, mais nous devions nous déplacer dans tout le pays pour le faire. Il s’agissait également d’une zone grise, car nous devions nous déplacer dans le pays avec ou sans les personnes que nous protégions. Cela impliquait de dégager la circulation à l’aide des mêmes armes que celles fournies à l’armée usaméricaine. Certains pourraient arguer qu’il s’agissait toujours d’une mission défensive, mais les vidéos de nous sur YouTube ressemblent beaucoup à des opérations offensives.

Ces contrats ont été attribués par le DoS à Blackwater, qui a ensuite engagé des contractants indépendants (moi) pour travailler pour eux en Irak. Compte tenu des multiples niveaux de séparation entre le donneur d’ordre (le DoS) et les hommes qui effectuaient le travail sur le terrain, on a dit que Blackwater n’était pas un groupe mercenaire, mais qu’il les avait engagés.

Pour en revenir à la définition du mercenaire donnée par l’ONU, je soutiens que nous remplissions quatre des six critères : nous avions été recrutés pour combattre, nous avions participé à des hostilités, nous étions motivés par un gain personnel et nous n’étions pas membres des forces armées en conflit.

En entrant dans la zone grise créée par le recours à des SMP, je pourrais faire valoir que nous n’étions pas non plus ressortissants d’une partie au conflit, car la guerre était désormais une mission « diplomatique » entre les USA et l’Irak, ce dernier ayant demandé l’aide militaire des USA, de sorte que nous n’étions techniquement plus « en guerre » avec l’Irak. Mais bon, j’avais un passeport diplomatique et Blackwater m’avait dit que nous bénéficions de l’immunité diplomatique, donc j’étais bien envoyé par l’État en mission officielle.

UG Solutions est-elle le prochain groupe Wagner ?

Non. Honnêtement, ils n’ont aucun point commun. Wagner est communément considéré comme un groupe de mercenaires, mais selon la définition de l’ONU, ce n’est pas le cas. Il s’agit d’une extension de l’armée russe. Certes, ils ont recruté dans les prisons et ont commis des crimes de guerre, mais ce ne sont pas des mercenaires. Des trois sociétés, c’est la seule qui peut prétendre ne pas être mercenaire.

La principale différence entre Wagner et Blackwater est que Wagner est une unité militaire. Elle mène des opérations offensives, s’empare et occupe des territoires, et est envoyée dans des endroits où la Russie veut exercer son influence. Ce n’est qu’en 2023 que Vladimir Poutine a avoué que Wagner était financé par le gouvernement. Ils ont également une structure hiérarchique et un code de conduite similaires à ceux de l’armée usaméricaine. Certes, ils ne semblent pas les respecter de la même manière que les militaires usaméricains sont régis par le Code uniforme de justice militaire (UCMJ), mais ils existent. C’est plus que ce qu’avait Blackwater.

Sur cette base, ils ne sont pas plus une « armée mercenaire » que l’armée usaméricaine. Je sais que cela va en déranger certains, mais je n’ai pas créé ces critères, alors ne m’en voulez pas.

UG Solutions est-elle une nouvelle forme de mercenariat ?

Oui. UG Solutions est un groupe mercenaire. Ils répondent à tous les critères. Ils ne sont pas partie prenante au conflit à Gaza, ont été recrutés pour participer aux hostilités, n’ont pas été envoyés par le gouvernement usaméricain, ne sont pas ressortissants d’une partie au conflit, ne font pas partie d’une armée et sont là pour leur profit personnel. Je tiens à préciser que UG Solutions, en tant qu’entreprise, est un groupe mercenaire. Les hommes qui travaillent pour elle sont également des mercenaires.

À l’instar de Blackwater, ils mènent principalement des opérations défensives et le département d’État usaméricain a contribué au financement de la GHF, mais leur siège social est situé aux USA et ils travaillent pour une entité étrangère, dans une zone de combat, pour de l’argent. Il est temps d’appeler les choses par leur nom : des entreprises usaméricaines sont directement impliquées dans des activités mercenaires et tentent de se protéger sous le couvert d’une société militaire privée.

Qu’est-ce que cela signifie ?

UG Solutions a repris le modèle des SMP et l’a fait évoluer en passant des contrats avec une entité étrangère. Il n’y a aucun lien avec le gouvernement usaméricain. Ils ne peuvent en aucun cas se protéger sous le drapeau usaméricain. Certes, leur mission est ostensiblement humanitaire, soulignant que l’ONU fait appel à des contractants pour des opérations similaires. Ils ont un argument, même s’il est fragile. Des lanceurs d’alerte ont déclaré avoir participé à des tactiques offensives agressives contre la population non armée de Gaza qui se rendait sur les sites de la GHF pour se procurer de la nourriture.

Le recours aux SMP ici a évolué au point qu’il n’y a plus guère de différence entre le travail sous contrat et le mercenariat. UG Solutions a repoussé les limites de ce qui est acceptable pour les SMP basées aux USA, tant sur le plan éthique que juridique, en faisant fi de toute moralité et en travaillant pour une organisation non affiliée au gouvernement usaméricain. Les politiciens restent silencieux face à ce changement radical, refusant de reconnaître, et encore moins de réglementer, les entreprises privées qui agissent comme des mandataires militaires. Malheureusement, cette situation perdurera jusqu’à ce qu’un incident comme l’embuscade de quatre contractuels de Blackwater à Falloujah, en Irak, en 2004, se reproduise.

Il est temps d’appeler ça par son nom : du mercenariat. Si nous refusons de le définir, nous ne pourrons jamais débattre de l’opportunité de continuer à utiliser les SMP comme mandataires de l’armée usaméricaine et de la politique étrangère. Nous nous devons de remédier à cette dérive avant qu’elle n’entraîne l’envoi d’un plus grand nombre de civils usaméricains dans des zones de combat.