Tout juste rentré de son voyage triomphal à Washington, D.C., le dirigeant israélien prépare une série de nouvelles demandes pour la phase 2 qu'il espère voir rejetées par le Hamas.
Jeremy Scahill, DropSite News, 10/2/2025
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
Dès
l'instant où Israël a accepté l'accord de cessez-le-feu, son Premier ministre
Benjamin Netanyahou et ses conseillers l'ont qualifié d'accord limité visant à
obtenir la libération du plus grand nombre possible de prisonniers israéliens
et non d'un plan global pour mettre fin à la guerre. Encouragé par ses récentes
rencontres à la Maison Blanche et porté par un tsunami d'enthousiasme face à la
proposition du président Donald Trump de confier le contrôle de Gaza aux USA,
Netanyahou est rentré en Israël dimanche, prêt à saboter l'accord déjà fragile
et à étendre le siège de ses forces sur la Cisjordanie.
« Ce voyage,
et les conversations que nous avons eues avec le président des États-Unis, ont
permis de réaliser d'autres avancées incroyables qui peuvent garantir la
sécurité d'Israël pour des générations », s'est vanté Netanyahou. « Je
n'exagère pas. Je ne charrie pas. Il y a ici des possibilités que nous
n'aurions jamais imaginées, ou du moins qui ne semblaient pas possibles jusqu'à
ces derniers mois, mais qui sont possibles. »
Selon les
termes de l'accord de cessez-le-feu entré en vigueur le 19 janvier, Israël et
le Hamas devaient entamer des négociations sur les détails d'une deuxième phase
de 42 jours du cessez-le-feu au plus tard 16 jours après le début de la phase
1. La deuxième phase prévoit la libération de tous les prisonniers israéliens
restants en échange d'un nombre important de Palestiniens détenus par Israël,
le retrait complet des forces israéliennes de Gaza et le début d'un
cessez-le-feu permanent qui ouvrirait la voie à une reconstruction massive de
la bande de Gaza, d'un coût de plusieurs milliards de dollars. Trois semaines
après l'accord, ces négociations n'ont cependant pas encore commencé. Netanyahou
a d'abord refusé d'envoyer une délégation à Doha, au Qatar, pour les
négociations de la phase 2, mais après l'intervention de la Maison Blanche, il
a envoyé à contrecœur une délégation habilitée uniquement à discuter des
détails techniques en cours liés à la phase actuelle, et non à négocier les
prochaines étapes.
Netanyahou a
atterri à Tel Aviv en affirmant qu'Israël avait conclu un accord stratégique
avec Trump et son envoyé spécial au Moyen-Orient, Steve Witkoff, concernant les
positions qu'Israël défendrait lors du prochain cycle de négociations. Netanyahou
a déclaré lundi qu'il revenait de Washington, D.C. avec de nouveaux plans pour
Gaza et que lui et Trump étaient « sur la même longueur d'onde » quant à la
manière de procéder. « Vous vouliez un jour après [le plan] ? Vous l'avez eu...
Cela ne correspond tout simplement pas au récit d'Oslo... Nous ne répéterons
pas cette erreur... Je suis revenu avec une vision sans le Hamas et sans
l'Autorité palestinienne », a annoncé Netanyahou. Brandissant le poing lors
d'une réunion à la Knesset, il a déclaré : « Nous savons ce qu'est une victoire
totale et nous ne renoncerons pas à elle ».
Peu après le
discours de Netanyahou, Abu Obeida, le porte-parole des Brigades Al Qassam, la
branche armée du Hamas, a annoncé que le groupe retarderait la libération des
trois prochains Israéliens dont l'échange était prévu samedi, invoquant les
violations israéliennes du cessez-le-feu. « Les dirigeants de la résistance ont
surveillé les violations de l'ennemi et son non-respect des termes de l'accord
au cours des trois dernières semaines », a-t-il déclaré, ajoutant que leur
libération « sera reportée jusqu'à nouvel ordre, et jusqu'à ce que l'occupation
s'engage à respecter et à compenser rétroactivement les points convenus des
dernières semaines, et nous affirmons notre engagement envers les termes de
l'accord tant que l'occupation s'y engage ».
Depuis
l'entrée en vigueur officielle du cessez-le-feu le 19 janvier, Israël a
continué de mener des attaques ciblées à l'intérieur de la bande de Gaza
presque quotidiennement. Selon le ministère de la Santé de Gaza, plus de 110
Palestiniens ont été tués lors de ces attaques au cours des trois dernières
semaines. Dimanche, les forces israéliennes ont tiré sur des Palestiniens dans
le nord de Gaza qui, selon Israël, s'étaient trop rapprochés du territoire
israélien. Au moins trois personnes ont été tuées. « Personne ne s'approche du
périmètre et personne ne retourne dans le périmètre », a déclaré Netanyahou. «
Nous l'appliquerons, et nous l'appliquerons fermement. Nous attendons du Hamas
qu'il remplisse toutes ses obligations, et celle-ci en fait partie. »
Le Hamas a
accusé Israël de jouer « un jeu déloyal » en ralentissant ou en bloquant la
livraison convenue de l'aide dans la bande de Gaza, y compris la nourriture,
les médicaments, les tentes, les générateurs et autres produits de première
nécessité, ainsi qu'en continuant à tuer des Palestiniens à Gaza. « Cela
pourrait menacer l'accord et le faire échouer », a déclaré Bassem Naim, membre
du bureau politique du Hamas. « Netanyahou est revenu des USA avec la ferme
intention de saboter l'accord. »
Le cabinet
israélien doit se réunir mardi, date à laquelle Netanyahu a déclaré qu'il
officialiserait les demandes d'Israël qui seront présentées lors des
négociations par l'équipe israélienne. Parmi celles-ci, selon les médias
israéliens, figurent l'exil des dirigeants du Hamas et le désarmement total de
sa branche militaire, les Brigades Ezzedine Al Qassam. Le mois dernier,
Netanyahou a déclaré au cabinet israélien qu'il avait reçu des lettres
d'accompagnement de l'administration sortante de Biden et de l'équipe de Trump
garantissant qu'Israël pourrait reprendre la guerre à Gaza avec un minimum de justification.
Aujourd'hui, il semble que le soutien ira plus loin.