AFP, 6/6/2023
Le
Maroc et Israël s'activent à accélérer leur coopération depuis la
normalisation de leurs relations en décembre 2020, dans le cadre des
accords d'Abraham.
Des
soldats israéliens vont participer "activement" pour la première fois à
des manoeuvres militaires sur le sol marocain, l'exercice international
"African Lion 2023", le plus large sur le continent africain, qui
commence mardi, selon l'armée israélienne.
"Une délégation de 12
soldats et commandants du Bataillon de reconnaissance Golani a quitté
dimanche (Israël) pour l'exercice +African Lion 2023+ au Maroc", le
pays-hôte, indique un communiqué israélien publié lundi. "C'est la
première fois que l'armée israélienne prend une part active à ces
manoeuvres internationales sur le sol marocain", souligne le communiqué.
La Brigade Golani est une unité d'infanterie d'élite, engagée
régulièrement dans les territoires occupés palestiniens. Co-organisée
par le Maroc et les Etats-Unis, la 19e édition de l'exercice "African
Lion" doit mobiliser jusqu'au 16 juin près de 8.000 soldats en
provenance de 18 pays.
"Pendant les deux prochaines semaines, nos soldats vont se
concentrer sur un entraînement dans différentes situations de combat qui
combinent guérilla urbaine et guerre souterraine, et qui se conclura
par un exercice conjoint pour toutes les armées participantes", détaille
le communiqué militaire israélien.
Israël avait déjà participé à
"African Lion" l'an dernier mais seulement au niveau des observateurs
militaires internationaux, sans déployer de soldats sur le terrain.
Selon l'état-major général des Forces armées royales (FAR) marocaines,
ces manœuvres annuelles se dérouleront dans sept régions du pays
maghrébin. Elle comprennent des exercices de planification
opérationnelle et de lutte contre les armes de destruction massives, des
entraînements tactiques terrestres, maritimes, aériens et des forces
spéciales, ainsi que des opérations aéroportées, selon les FAR.
Le
Maroc et Israël s'activent à accélérer leur coopération -- militaire,
sécuritaire, commerciale et touristique -- depuis la normalisation de
leurs relations en décembre 2020, dans le cadre des accords d'Abraham,
un processus entre l'Etat hébreu et plusieurs pays arabes, soutenu par
Washington. En contrepartie, Rabat a obtenu de Washington la
reconnaissance de la "souveraineté marocaine" sur le territoire du
Sahara occidental face aux indépendantistes du Front Polisario soutenus
par Alger.
Après la ministre israélienne des Transports Miri
Regev, le président de la Knesset Amir Ohana est attendu mercredi au
Maroc pour une visite officielle "historique", la première par un chef
du parlement israélien, à l'invitation de son homologue Rachid Talbi El
Alami. M. Ohana, ancien ministre israélien de la Sécurité intérieure et
membre du Likoud, le parti de droite de Benjamin Netanyahu, est
d'origine marocaine.
Toutefois le rapprochement tous azimuts
entre les deux pays alliés se heurte, au moins dans l'opinion publique, à
l'accession au pouvoir en Israël de courants ultra-nationalistes,
hostiles à toute reprise des pourparlers avec les Palestiniens. Si la
mobilisation militante a faibli, la cause palestinienne continue de
susciter une immense sympathie dans la population marocaine.