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17/02/2025

MURTAZA HUSSAIN
Alors que Modi se rend à Washington, des USAméricains sikhs affirment que la surveillance et les menaces se poursuivent

La campagne transnationale présumée d’assassinats et d’intimidation visant les dissidents sikhs est loin d’être finie

Murtaza Hussain, Drop Site News, 14/2/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Murtaza Hussain est un journaliste d’origine pakistanaise qui a grandi à Toronto et vit aujourd’hui à New York. Après avoir travaillé au site ouèbe The Intercept, il contribue au nouveau site créé par Jeremy Scahill et Ryan Grim, Drop Site News. @MazMHussain

 


Dans l’après-midi du 22 décembre 2024, un véhicule blanc s’est arrêté devant les portes de la maison de l’activiste politique Pritpal Singh à Fremont, en Californie. Les images de sécurité fournies à Drop Site montrent un homme se garant devant la propriété, située dans un cul de sac tranquille de la banlieue, sortant de son véhicule, prenant plusieurs photos de la maison de Singh et des environs, avant de s’éloigner après avoir été remarqué par des voisins sortant de chez eux.

M. Singh est un organisateur usaméricain d’origine sikh qui avait déjà précédemment été averti par le FBI que sa vie était en danger. Ces avertissements ont été émis après une série d’assassinats et de tentatives d’assassinat d’autres militants sikhs en Amérique du Nord en 2023, qui, selon les USA et le Canada, auraient été orchestrés par des agents des services de renseignement indiens et dirigés par de hauts responsables du gouvernement Modi.

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Alors que le président Donald Trump fait la cour au premier ministre indien Narendra Modi à Washington cette semaine, des agents des forces de l’ordre enquêtent pour savoir si des personnes travaillant pour le gouvernement indien continuent de cibler les USAméricains sikhs dans le cadre d’une série de fusillades, de menaces et d’incidents d’intimidation non élucidés dans plusieurs pays.


Le président Donald Trump et le premier ministre indien Narendra Modi tiennent une conférence de presse conjointe à la Maison Blanche le 13 février 2025 / Andrew Harnik / Getty Images

Ces incidents feraient partie d’une campagne mondiale orchestrée par le gouvernement indien pour cibler les dissidents à l’étranger, notamment aux USA, au Royaume-Uni et au Canada. L’Inde est actuellement dirigée par un gouvernement nationaliste religieux qui a adopté une ligne dure à l’égard du séparatisme et des mouvements politiques basés sur les minorités dans le pays.

Singh, qui milite pour les droits des Sikhs et l’indépendance politique, a reçu plusieurs notifications du FBI concernant des menaces de mort. Le FBI et d’autres agences de renseignement usaméricaines appliquent une politique connue sous le nom de « devoir d’avertissement », qui les oblige à fournir des informations sur une menace imminente pour la vie d’un individu. À peu près à la même époque, M. Singh a fait état de plusieurs cas où des personnes se sont rendues à son domicile.

« Nous avons cinq cas de surveillance suspecte à mon domicile, dont trois au cours des dernières semaines. D’après ce que nous avons appris grâce à l’alerte du FBI, nous pensons que cette surveillance est liée au gang de Modi », a déclaré M. Singh. « Il est stupéfiant d’apprendre du FBI que l’on est la cible d’un gouvernement étranger alors que l’on pensait être en sécurité chez soi en tant que citoyen usaméricain ».

Les militants sikhs en Occident affirment depuis des années qu’ils sont la cible d’attaques de la part du gouvernement indien, y compris de meurtres présumés. Les militants visés sont pour la plupart des partisans de la création d’un État sikh séparatiste en Inde, une cause qui a déclenché une insurrection militante à l’intérieur de l’Inde dans les années 1980, mais qui est restée largement en sommeil depuis, vivant principalement comme un thème d’activisme politique de la diaspora.


Une liste de 43 “gangsters anti-indiens” recherchés, publiée par la National Investigation Agency (NIA), le FBI indien en septembre 2023. Les personnes assassinées au Canada figuraient sur cette liste

L’année dernière, le gouvernement canadien a publié une série de déclarations publiques sans précédent, accusant l’Inde d’avoir mené pendant des années une campagne de meurtres, d’incendies criminels, d’extorsions, de violations de domicile et de harcèlement politique à l’encontre des militants sikhs dans ce pays. Selon le gouvernement canadien, cette campagne comprenait les meurtres d’au moins deux hommes, Hardeep Singh Nijjar et Sukhdool Singh Gill, tous deux tués par balles lors d’assassinats perpétrés par des gangs qui, selon le Canada, auraient été dirigés par de hauts responsables du gouvernement indien.

Three men are pictured in mugshots in this composite photo.

Karan Brar, Kamalpreet Singh and Karanpreet Singh, les 3 suspects dans le meurtre de Hardeep Singh Nijjar

Cette campagne de violence s’est étendue au territoire usaméricain, selon un acte d’accusation usaméricain.



Gurpatwant Singh Pannun


Nikhil Gupta

En 2024, le ministère usaméricain de la justice a inculpé Vikash Yadav, un agent de renseignement indien accusé d’avoir orchestré un projet d’assassinat visant un citoyen usaméricain à New York la même année. Selon le ministère de la justice, le complot visant à tuer Gurpatwant Singh Pannun, conseiller général de l’organisation séparatiste sikh Sikhs For Justice, n’a été déjoué que lorsque le tueur à gages chargé de l’exécuter s’est avéré être un agent infiltré de la DEA. Un autre homme, Nikhil Gupta, attend actuellement d’être jugé aux USA pour son implication dans cette tentative d’assassinat ratée. L’acte d’accusation contre Gupta laisse entendre que de nombreux autres assassinats ont pu être planifiés après celui de Pannun, Gupta ayant déclaré à l’agent infiltré : “Nous avons tellement de cibles”.

08/02/2025

AYELETT SHANI
Comment Oded Twik a sauvé sa sœur et ses enfants des griffes de la secte de psychopathes juifs Lev Tahor

Sa sœur a grandi dans un foyer laïc en Israël, a servi comme officière dans l’armée et aimait faire la fête. Après que la secte ultra-orthodoxe Lev Tahor l’a embrigadée, Oded Twik a traversé l’océan pour la sauver, elle et sa famille maltraitée.

Ayelett Shani, Haaretz, 8/2/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala


Des membres de Lev Tahor protestent devant l’école de Ciudad de Guatemala où les autorités locales ont emmené leurs enfants, le 15 janvier 2025. Photo Johan Ordonez/AFP

 Veuillez vous présenter.

Je suis Oded Twik, j’ai exactement 50 ans. Je suis marié et j’ai deux filles adorables. J’ai un commerce de produits électriques et je dirige une quincaillerie de quartier à Rishon Letzion.

Le magasin dans lequel nous nous trouvons actuellement. Dites-moi, vos clients savent-ils que le gentil monsieur qui fait des doubles de clés a mené une opération de sauvetage des personnes des griffes de Lev Tahor – Cœur Pur -, une secte religieuse ?

C’est un magasin de quartier. Certains connaissent l’histoire.

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Le mois dernier, les autorités guatémaltèques ont ont exfiltré environ 200 femmes et enfants du site de la secte à Ciudad de Guatemala.. Ils étaient tous dans un état grave, mentalement et physiquement. Les responsables locaux de l’aide sociale et la police ont été consternés par la négligence, la violence et l’ampleur des abus. En 2015, dans une sorte d’opération individuelle, vous avez fait sortir du Guatemala votre sœur et sa famille, qui étaient membres de la secte. Comment s’est-elle retrouvée impliquée dans Lev Tahor ?

Nous avons grandi ici en Israël, dans une famille tout à fait normale. Ma sœur, qui a un an de plus que moi, a servi dans l’armée en tant qu’officière au ministère de la défense, à la Kirya [quartier général de la défense]. Elle aimait la vie à Tel Aviv, elle aimait s’amuser, sortir au Coliseum Club. Après son service, elle a décidé de faire un voyage aux USA. Elle a voyagé un peu, puis a travaillé comme fille au pair dans une famille haredi pour payer le reste du voyage. Au bout d’un certain temps, elle nous a soudain envoyé une photo d’un homme à la barbe immense, qui ressemblait à [Theodor] Herzl, avec la légende suivante : « Je me marie ». Nous avons été choqués.

Avez-vous assisté au mariage ?

Mes parents y sont allés [en 1987]. Mon père est revenu en état de choc. Il a dit que c’étaient des bêtes humaines, qu’ils lui avaient rasé la tête pour qu’elle soit chauve pour le mariage. Mais nous ne connaissions ni ne comprenions rien au monde ultra-orthodoxe, et encore moins aux sectes. Nous nous sommes dit que si c’était ce qui lui permettait de se sentir bien, c’était formidable. Plus tard, j’ai découvert que le fondateur de la secte, Shlomo Helbrans, qui venait de sortir de prison [né en Israël dans une famille laïque, il est devenu un extrémiste religieux et a été condamné aux USA pour enlèvement et libéré en 1996], a envoyé une entremetteuse à la famille pour laquelle elle travaillait et lui a dit : « Je veux cette fille, je veux la marier. Même lorsque j’ai compris ce qui se passait et que j’ai essayé de convaincre mes parents de réagir, ils ont continué à me dire : « Qu’est-ce que tu veux d’elle ? L’essentiel est qu’elle soit heureuse ».

Quand avez-vous réalisé que les choses n’allaient pas si bien ?

En 2011, nous avons rendu visite à la famille de ma femme, à Chicago. La secte était basée à Montréal à l’époque, et j’ai décidé de profiter du voyage pour rendre visite à ma sœur. Elle hésite et me dit : « On verra, on verra ce que mon mari dira ». « C’est absurde », lui ai-je dit. « Je viens. J’ai réservé une chambre d’hôtel ». Il ne m’est pas venu à l’esprit qu’elle ne voulait vraiment pas que je vienne. J’arrive et je vois qu’elle agit bizarrement.

De quelle manière, par exemple ?

26/07/2022

LA JORNADA
Le pape François, le pardon et le passé colonial

 Éditorial, quotidien La Jornada, Mexico, 26/7/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

 


« Je demande humblement pardon pour le mal commis par tant de chrétiens à l'encontre des peuples autochtones », a déclaré le pape François aux membres des Premières nations, des Métis et des Inuits lors d'un événement à Maskwacis, dans la province de l'Alberta, au Canada. Le lieu choisi pour la première rencontre du pontife avec les natifs sur le sol canadien est hautement symbolique car il s'agit de l'un des endroits où la politique d'assimilation forcée de ces peuples a été mise en pratique : de 1863 à 1998, les autorités canadiennes ont financé un programme dans le cadre duquel 150 000 enfants ont été arrachés à leur famille et placés dans des pensionnats où il leur était interdit de parler leur propre langue et où ils étaient contraints d'adopter les coutumes occidentales.

En 2015, quelques années après la fermeture de la dernière "école" de ce type, une Commission Vérité et Réconciliation a constaté que les enfants enlevés avaient souffert de malnutrition, de violences verbales et d'abus physiques et sexuels généralisés (selon les termes du Parlement canadien) de la part des directeurs et des enseignants. Les conditions dans ces instituts, gérés par des associations religieuses, étaient si déplorables qu'entre 3 200 et 6 000 enfants (selon les sources) sont morts des suites de mauvais traitements et de négligence. Le rapport de la commission avait déjà choqué la société canadienne, mais la demande de justice est devenue véhémente il y a un peu plus d'un an, lorsque des enterrements clandestins et des tombes anonymes contenant les restes de centaines d'enfants ont été découverts sur le terrain de trois centres résidentiels qui avaient été gérés par l'Église catholique.

Mis sous pression par ces révélations, François a reçu une délégation de peuples autochtones au Vatican en avril, et leur a exprimé son "indignation et sa honte" face à ces événements et a annoncé la visite qui a eu lieu ce dimanche. Il condamnait déjà à l'époque les méthodes de colonisation qui tentaient d'uniformiser les indigènes en les "extirpant de leur identité, de leur culture, en séparant les familles" et en induisant une homogénéisation au "nom du progrès et de la colonisation idéologique". Hier, en présence de victimes de ces centres, il a réitéré sa condamnation en présentant ses excuses "pour la manière dont de nombreux membres de l'Église et des communautés religieuses ont collaboré, également par indifférence, à ces projets de destruction culturelle et d'assimilation forcée", politiques qu'il a qualifiées de "néfastes pour les populations de ces terres".

L'attitude du pontife devrait servir d'exemple aux institutions et aux individus qui, aujourd'hui encore, tentent de relativiser, voire de nier, des vérités indéniables : que le processus de colonisation des puissances européennes et de leurs descendants sur le continent américain s'est traduit par un génocide physique, mais aussi culturel, systématique à l'encontre des peuples indigènes ; que les actes des colonisateurs ne méritent pas une qualification plus douce que celle de crimes contre l'humanité, et que c'est dans ces siècles de discrimination, d'exclusion, d'assujettissement et de privation de droits qu'il faut chercher des explications au retard dont souffrent les communautés indigènes dans divers domaines, de l'éducation aux finances.

Dans le même temps, l'accueil chaleureux réservé par les Premières nations, les Métis et les Inuits au leader catholique démontre que le passé ne peut être laissé derrière soi que lorsque les crimes perpétrés sont reconnus, que le repentir est exprimé et qu'une véritable volonté de réparer les dommages est manifestée.

Prétendre que les communautés historiquement lésées accordent leur pardon sans être passées par ce processus ne guérit pas les blessures et ne favorise pas la réconciliation, mais minimise de manière ignominieuse la douleur des groupes subjugués, disculpe les responsables et ouvre la porte à la répétition des oppressions.

25/06/2021

Nouvelle découverte horrible de restes d'enfants autochtones au Canada


Ian Austen et Dan Bilefsky, Le New York Times, 24/6/2021

Traduit par Fausto Giudice

Un groupe autochtone a déclaré que les restes de 751 personnes, principalement des enfants, avaient été découverts dans des tombes anonymes sur le site d'un ancien pensionnat de la Saskatchewan.

« En 1898, le pensionnat Marieval a ouvert ses portes et il a fermé ses portes en 1996. L'église catholique romaine supervisant le site des tombes, les catholiques et la prière et la religion supervisant le site des tombes, nous avons commencé nos recherches par géoradar le 2 juin 2021. Jusqu'à hier, nous avons trouvé 751 tombes non marquées. Sur ces 751 résultats, la machine a un pourcentage d'erreur de 10 à 15 %. Nous ne nous baserons donc que sur les 751 résultats. Mais nous savons qu'il y en a au moins 600. Nous ne pouvons pas affirmer que ce sont tous des enfants. Mais il y a des histoires orales selon lesquelles il y a aussi des adultes dans ce site funéraire. Une agression contre un peuple des Premières Nations - nous sommes un peuple fier. Le seul crime que nous ayons commis en tant qu'enfants est d'être nés indigènes. Il y aura beaucoup de travail, beaucoup de guérison. Il y a de nombreux sites sur lesquels nous allons faire un travail similaire. Et nous en trouverons d'autres ».

CALGARY, Alberta - Pendant des décennies, les enfants autochtones ont été arrachés à leur famille, parfois par la force, et placés dans des pensionnats surpeuplés, gérés par l'Église, où ils étaient maltraités et interdits de parler leur langue. Des milliers d'entre eux ont complètement disparu.

Aujourd'hui, une nouvelle découverte apporte la preuve effrayante que de nombreux enfants disparus sont peut-être morts dans ces écoles : les restes de 751 personnes, principalement des enfants autochtones, ont été découverts sur le site d'une ancienne école dans la province de Saskatchewan, a déclaré jeudi un groupe autochtone.

Ce site funéraire, le plus grand à ce jour, a été mis au jour quelques semaines seulement après la découverte des restes de 215 enfants dans des tombes non marquées sur le terrain d'une autre ancienne école confessionnelle pour élèves autochtones en Colombie-Britannique.

Ces découvertes ont ébranlé une nation aux prises avec des générations d'abus généralisés et systématiques à l'encontre des populations autochtones, dont beaucoup sont des survivants des pensionnats. Pendant des décennies, ils ont suggéré, à travers leurs histoires orales, que des milliers d'enfants avaient disparu de ces écoles, mais ils ont souvent été accueillis avec scepticisme. La révélation de deux sites de tombes anonymes est un autre rappel brûlant de cette période traumatisante de l'histoire.

« C'est un crime contre l'humanité, une agression contre un peuple des Premières nations », a déclaré le chef Bobby Cameron, de la Fédération des nations autochtones souveraines de la Saskatchewan. 3Le seul crime que nous ayons commis en tant qu'enfants est d'être nés autochtones », a-t-il ajouté.

Le site funéraire met également une nouvelle pression sur le gouvernement actuel de Justin Trudeau, le premier ministre canadien, qui s'appuie encore aujourd'hui sur un ensemble de lois qui régissent la vie des populations autochtones et qui remontent au XIXe siècle. Les dirigeants autochtones disent espérer que les dernières révélations seront un catalyseur pour l'autonomie qu'ils recherchent depuis longtemps.

« Nous en avons assez qu'on nous dise quoi faire et comment le faire », a déclaré le chef Cadmus Delorme, de la Première nation de Cowessess.

La découverte récente de restes humains au Canada a eu des répercussions dans le monde entier, y compris aux USA, où le ministre de l'intérieur a déclaré cette semaine que le pays allait fouiller les pensionnats fédéraux à la recherche d'éventuels sites de sépulture d'enfants amérindiens. Des centaines de milliers d'entre eux ont été arrachés à leurs communautés pour être assimilés culturellement dans ces écoles pendant plus d'un siècle.



 Un mémorial pour les 215 enfants dont les restes ont été découverts sur le site de l'ancien pensionnat indien de Kamloops, en Colombie-Britannique. Photo Amber Bracken pour The New York Times