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26/09/2025

Charlotte Gainsbourg, Gisèle Halimi et le génocide de Gaza : le torchon brûle à Saint-Germain-des-Près

 


Serge Halimi : « Ma mère, Gisèle Halimi, aurait lu cette tribune avec dégoût »

L’actrice Charlotte Gainsbourg, qui doit incarner, dans un « biopic » en cours de tournage dont la sortie en salle est prévue pour 2026, l’avocate et infatigable militante progressiste Gisèle Halimi, décédée le 28 juillet 2020, a cosigné, le 19 septembre dernier, avec une petite vingtaine d’autres personnalités, une tribune collective [lire ci-dessous] appelant Emmanuel Macron à conditionner la reconnaissance d’un État palestinien « à la libération des otages » israéliens retenus à Gaza « et au démantèlement du Hamas ». Ulcéré par ce déni, l’un des fils de l’avocate, Serge Halimi, nous a fait parvenir ce texte rappelant que cette dernière a, tout au long de sa vie, exprimé « sa solidarité constante » avec Gaza - où, constatait-elle, « un peuple aux mains nues est en train de se faire massacrer ». Il estime qu’elle « aurait lu cette tribune avec dégoût ».Blast, 26/9/2025

J’ai appris plusieurs mois après que la décision avait été prise que Charlotte Gainsbourg avait été choisie pour interpréter le rôle de ma mère lors du procès de Bobigny. Autant dire qu'on ne m'a pas demandé mon avis.

Les producteurs, réalisateurs, journalistes, présidents de la République, maires, actrices, etc. peuvent se référer à leur guise à une personnalité publique. Ils peuvent même s'en prévaloir quand ils l'ont combattue par leur œuvre ou par leur engagement politique.

Jusqu'à présent la mémoire de Gisèle Halimi a surtout été mise en avant pour célébrer des causes et des victoires devenues relativement consensuelles (avortement libre, criminalisation du viol, abolition de la peine de mort, dépénalisation de l’homosexualité). En revanche, hormis son combat pour l’indépendance de la Tunisie et de l’Algérie, ses engagements anti-impérialistes, nombreux et constants (Vietnam, Cuba, militants basques, hostilité à la guerre du Golfe et du Kosovo, Palestine), tout comme son refus des traités européens (Maastricht, TCE) ont été oubliés ou occultés.

La signature par Charlotte Gainsbourg, avec Bernard-Henri Lévy, Alain Minc, Dominique Reynié, etc., d’une « lettre ouverte » s’opposant à la reconnaissance de la Palestine par la France et assimilant cette décision à « une capitulation morale face au terrorisme » fait donc resurgir par contraste tout un chapitre de la vie de Gisèle Halimi.

Car elle aurait lu cette tribune collective avec dégoût. Elle ne dit rien des crimes de guerre israéliens pourtant qualifiés de génocide par nombre d’organisations internationales. Charlotte Gainsbourg vient ainsi, sans l’avoir voulu, de rappeler tout un pan trop peu connu de la vie militante de Gisèle Halimi, du Tribunal Russell sur la Palestine à sa défense de Marwan Barghouti. Et notamment sa solidarité constante avec Gaza, à un moment où déjà, écrivait-elle à L’Humanité en juillet 2014, « un peuple aux mains nues est en train de se faire massacrer. L’histoire jugera, mais n’effacera pas le saccage. » Ce fut l’une de ses dernières prises de position publiques.

Le jour où le film sur le procès de Bobigny sortira, Charlotte Gainsbourg sera peut-être interrogée sur la différence fondamentale entre le personnage qu’elle interprète et ses propres convictions qui la rangent dans le camp, peu honorable, des avocats inconditionnels d'Israël. L'opération qu'elle escomptait en incarnant Gisèle Halimi à l’écran se retournera alors contre elle.



« Monsieur le président, vous ne pouvez pas reconnaître un État palestinien sans conditions préalables » : l’appel de 20 personnalités à Emmanuel Macron

EXCLUSIF - Dans une lettre ouverte à Emmanuel Macron, vingt personnalités, dont Philippe Torreton, Joann Sfar, Arthur et Charlotte Gainsbourg, demandent de conditionner la reconnaissance d’un État palestinien à la libération des otages et au démantèlement du Hamas. Le Figaro, 19/9/2025

Monsieur le président de la République,

Lundi 22 septembre à New York, vous vous apprêtez à reconnaître, au nom de la France, un État palestinien.

Nous, artistes, intellectuels, entrepreneurs, responsables associatifs et citoyens, appelons de toutes nos forces à la paix au Proche-Orient. Mais cette reconnaissance d’un État palestinien, vous l’aviez vous-même soumise à des conditions préalables claires pour qu’elle contribue à la paix : en particulier, la libération des 48 otages encore retenus à Gaza et le démantèlement du Hamas.

Alors que la France s’est prudemment abstenue de toute reconnaissance d’un État palestinien depuis 1948, dans l’attente de réunir les conditions de paix et de sécurité mutuelle, comment justifier de le faire tandis que la guerre déclenchée par le pire massacre antisémite depuis la Shoah fait toujours rage ? Comment l’annoncer alors que le Hamas détient toujours des otages ? Pourquoi le faire au moment où flambe en France un antisémitisme prenant précisément prétexte de la situation au Proche-Orient ?

Reconnaître un État palestinien maintenant, avant la libération des otages et le démantèlement du Hamas, n’aidera ni les civils palestiniens ni à la libération des otages.

Monsieur le président, reconnaître un État palestinien maintenant, avant la libération des otages et le démantèlement du Hamas, n’aidera ni les civils palestiniens ni à la libération des otages.

Nous savons que ce n’est pas votre intention, pourtant une reconnaissance demain avant la réalisation des conditions que vous aviez énoncées serait revendiquée comme une victoire symbolique pour le Hamas, qui ne ferait qu’aggraver l’étau meurtrier qu’il impose aux Palestiniens.

Monsieur le président, vous allez annoncer la reconnaissance par la France d’un État palestinien. Nous vous le demandons solennellement : affirmez dans ce cas avec la même fermeté que cette reconnaissance ne prendra effet qu’après la libération des otages et le démantèlement du Hamas.

C’est à ce prix, et à ce prix seulement, que ce geste peut contribuer à la paix. Ce serait sinon une capitulation morale face au terrorisme.

Signataires :

Yonathan Arfi, président du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France)
Yvan Attal, acteur, réalisateur
Michel Boujenah, comédien
Pascal Bruckner, philosophe
Père Patrick Desbois, président de Yahad unum
Raphaël Enthoven, philosophe
Arthur Essebag, animateur et producteur
Charlotte Gainsbourg, actrice
Ariel Goldmann, président du FSJU (Fonds social juif unifié)
Simone Harari-Baulieu, productrice
Mona Jafarian, chroniqueuse
Elie Korchia, président du Consistoire central
Haïm Korsia, grand rabbin de France
Mathieu Laine, entrepreneur et écrivain
Bernard-Henri Lévy, philosophe
Jean Madar, chef d’entreprise
Alain Minc, économiste
Dominique Reynié, professeur, directeur de Fondapol
Joann Sfar, dessinateur
Philippe Torreton, comédien

Lire aussi Gisèle Halimi, l'avocate de la cause palestinienne, par Choisir la cause des femmes, 23/9/2025


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