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Sergio Rodríguez Gelfenstein
¿Qué hará Marcos Rubio? 

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23/03/2024

Le Déserteur, le nouveau blog de Franco “Bifo” Berardi

« Ce ne sont pas quelques porteurs de peste (untorelli) qui déracineront Bologne » (Enrico Berlinguer, secrétaire général du PCI, septembre 1977). Franco Berardi, alias Bifo, fut l’un des untorelli qui déclenchèrent la panique dans les rangs du Parti communiste italien, qui administrait la bonne ville de Bologne, menacée par les hordes de la jeunesse soulevée.

 

Né en 1949, créateur de Radio Alice, Bifo fut une des figures de l’aile créative de ce mouvement de l’Autonomie ouvrière que la répression, à laquelle le PCI contribua résolument, ne tarda pas à décimer. Exilé comme des centaines d’autres en France, il travaille avec Foucault et Guattari avant de retourner en Italie puis de passer plusieurs années aux USA. Il a ensuite enseigné la philosophie dans un lycée de Bologne. Début mars 2024, Bifo s’est résolu à créer un blog appelé Il Disertore, en hommage au Déserteur de Boris Vian, dont nous avons décidé de traduire les articles en français. On peut lire de Bifo en français :

15/09/2023

DAVID KLEBE
En route vers Ouman
Le pèlerinage des Juifs hassidiques sur la tombe de Rabbi Nahman est devenu un enjeu politique

David Klebe (avec kna, agence de presse catholique), Jüdische Allgemeine,  14/09/2023

Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

« Qu'est-ce que je peux vous dire ? Il n'y a tout simplement rien de plus grand que d'être avec moi à Rosh Hashanah ! » Ces paroles rapportées de Rabbi Nahman de Bratslav [Rebbe Nohmen Breslover] illustrent le souhait de nombreux adeptes du mouvement hassidique de Bratslav de se rassembler pour le Nouvel An juif [16-17/9/2023] sur la tombe de cet érudit né en 1772. Il est décédé en 1810 à Ouman. Dans cette ville située aujourd'hui en Ukraine, à environ 200 kilomètres de Kiev, sa tombe est un lieu de pèlerinage.

L’un des disciples du rabbin Nahman est le rabbin David Kraus, qui vit à Jérusalem. « Depuis 2006, je me rends chaque année à Ouman pour voir le rebbe, j’y suis au moins deux fois par an et au moins une fois par an avec toute la famille », raconte-t-il à notre journal. Il estime que cette année encore, entre 30 000 et 40 000 fidèles rien que d’Israël se rendront à Ouman pour Rosh Hashanah, Et ce, bien que de nombreuses instances officielles le déconseillent vivement en raison de la guerre d’agression russe.

Atmosphère

Le rabbin Kraus explique ce qui caractérise un pèlerinage à Ouman : « C’est la ville de toutes les nostalgies. L’atmosphère, surtout ce qui s’y passe en vous chez Rabbi Nahman, est incroyable et indescriptible. Il faut y avoir été, l’avoir ressenti et vécu pour le comprendre ».

Il prend les dangers au sérieux, mais la force de la foi lui donne confiance. Et finalement, on vit aussi en Israël sous une menace permanente : « J’y suis déjà allé deux fois cette année et j’ai aussi visité la tombe du Baal Shem Tov, et tout était sûr. Il n’y a rien à voir ou à ressentir de la guerre. Les événements de la guerre se déroulent bien plus loin de là ».

L’ambassade usaméricaine à Jérusalem, par exemple, voit les choses tout autrement. Elle a publié un avertissement jeudi dernier. Celui-ci est sans équivoque : « Ne voyagez pas ». 


Recommandation

La recommandation s’applique aux citoyens usaméricains qui envisagent de se rendre en pèlerinage à Ouman pendant Roch Hachana : « Depuis le début de la guerre en Ukraine, les frappes aériennes russes ont touché des bâtiments civils et des infrastructures critiques, y compris des lieux de culte, dans toutes les régions du pays, souvent sans avertissement ou avec peu d’avertissement. Pas plus tard qu’en juin, Ouman a subi plusieurs attaques de missiles russes ». Le ministère israélien des Affaires étrangères a également émis une alerte aux voyages en Ukraine et mis en garde contre les pèlerinages à Ouman.

18/10/2022

CAITLIN JOHNSTONE
Ukraine : une guerre hollywoodienne

 Caitlin Johnstone, 10/10/2022
Traduit par
lecridespeuples.fr

Caitlin Johnstone (1974) est une Australienne avec une licence de journalisme qui se définit comme « journaliste voyoute, socialiste bogan [plouc/beauf en argot australien et néo-zélandais], anarcho-psychonaute, poétesse guérillera, préposée à l'utopie ». Mère de deux enfants, elle publie sur divers supports des articles, écrits à partir de conversations avec son mari Tim Foley. @caitoz

Une guerre par procuration bonne et juste n’aurait pas besoin d’une communication aussi caricaturale

La mégastar de Star Wars, Mark Hamill, a récemment été nommé ambassadeur de United24, la plateforme de collecte de fonds du gouvernement ukrainien, où, selon le Times, son attention sera centrée sur « l’acquisition, la réparation et le remplacement des drones ainsi que la formation des pilotes. »


D’après le Times :

« Dans ce combat long et inégal, l’Ukraine a besoin d’un soutien supplémentaire continu. C’est pourquoi j’ai été honoré que le Président Zelensky me demande de devenir ambassadeur de l’Armée des drones », a déclaré dans un communiqué M. Hamill, qui jouait Luke Skywalker. « Je sais avec certitude que les Ukrainiens ont besoin de drones pour protéger leur terre, leur liberté et les valeurs de l’ensemble du monde démocratique. C’est maintenant le meilleur moment pour que tout le monde s’unisse et aide l’Ukraine à se dresser dans cette guerre contre l’empire du mal. »

Dans une déclaration remerciant Hamill pour son soutien, Zelensky a déclaré : « La lumière vaincra les ténèbres. J’y crois, notre peuple y croit. Merci d’avoir accepté cette mission difficile d’être le premier ambassadeur à aider l’Ukraine à collecter des fonds pour l’Armée des drones afin de soutenir nos défenseurs. C’est vraiment important ! »

Hamill, 71 ans, fait partie d’une liste croissante de célébrités qui ont apporté leur soutien à United24, que Zelensky a lancé en mai. Le site Web aurait recueilli près de 188 millions de dollars de dons, dont une récente contribution de 5 millions de dollars de la Fondation Pfizer pour répondre aux besoins médicaux de l’Ukraine.

La semaine dernière, l’actrice Barbra Streisand a annoncé qu’elle serait également ambassadrice, saluant la « capacité et le courage » du peuple ukrainien comme une « inspiration pour tous ceux qui, dans le monde entier, promeuvent la démocratie et combattent l’autoritarisme ».

Donc, si vous pensiez que cette guerre par procuration ne pouvait pas être plus « Disneyfiée », vous aviez tort.

Hamill a célébré son nouveau poste en tweetant une illustration montrant un vaisseau spatial Star Wars portant les couleurs du drapeau ukrainien, que l’acteur a légendé en polonais parce que Hollywood est un poison pour le cerveau.

Parmi les autres manigances récentes de Twitter concernant cette guerre par procuration, on peut citer le compte du gouvernement ukrainien qui parle à son compte « Crimée » dans l’imitation la plus crasse de tweets de marques virales que l’on puisse imaginer.

Le compte ukrainien a tweeté « hey @Crimea quoi d’neuf ? » en minuscules, comme le font les jeunes cool.

« @Ukraine je me libère de mes chaînes, je suis sur le chemin du retour à la maison », a répondu le compte « Crimée » tenu par le gouvernement ukrainien.

Ces deux comptes sont bien sûr gérés par la même personne, qui a été engagée spécifiquement pour sa compréhension des réseaux sociaux, des mèmes Internet et du marketing. Car il s’agit de la guerre par procuration la plus bidon et la plus intensive en relations publiques de tous les temps.

Le visage de cette guerre est après tout Volodymyr Zelensky, un acteur ukrainien bien connu, qui a obtenu le soutien de l’Occident pour cette guerre en posant pour Vogue, en faisant des apparitions vidéo pour les Grammy Awards, le Festival de Cannes, le Festival de Venise, la Bourse de New York, le Forum économique mondial et probablement aussi le groupe Bilderberg, et en rencontrant des célébrités comme Ben Stiller, Sean Penn, Bono et Edge de U2.

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14/04/2022

Sergio Rodríguez Gelfenstein
Ukraine : la fin de la notion sioniste d' « antisémitisme »

Sergio Rodríguez Gelfenstein, 7 et 13/4/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

 I

En falsifiant la Bible et en utilisant des déformations historiques, le sionisme a réussi à associer le concept d’« antisémitisme » à celui de discrimination, de persécution, de mauvais traitement et d'exclusion des Juifs. Rien n'est plus faux. Le terme sémite désigne ceux qui, selon la Genèse, sont les descendants de Sem, fils de Noé. Ainsi, à travers l'histoire, l'identité sémitique a toujours été un lien culturel et linguistique. Ainsi, les Arabes et les Juifs sont tous deux des sémites.

Descendants divers de Sem dans l'Antiquité

Ce n'est qu'au XIXe siècle qu'on a commencé à lui donner une connotation raciale, alors qu'il serait correct de se référer à des peuples qui parlaient certains des dialectes émanant d'une origine commune. Il n'existe pas de « race sémitique » homogène puisque les peuples sémitiques (au pluriel) n'avaient en commun qu'un dialecte utilisé par des tribus nomades pastorales et une structure patriarcale.

Récemment, le sionisme a donné à cette notion un caractère racial afin d'établir une exclusivité qui lui permettrait de justifier sa politique expansionniste, violente et soumise aux intérêts impériaux pendant la guerre froide. Ils ont ainsi réussi à semer l'idée que toute critique d'Israël était une attaque contre les Juifs ainsi qu'une manifestation d'antisémitisme.

C'est ainsi que s'explique l'anéantissement par le régime nazi d'environ 6 millions de Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, dans le cadre d'une action ignoble au contenu racial évident. Cependant, si l'on s'en tient à ce mot, l'extermination du peuple palestinien (un peuple sémite) par l'État d'Israël devrait être qualifiée de la même manière. De même, si nous devions nous en tenir à la conceptualisation moderne du terme, nous devrions dire que l'action du sionisme en Palestine est l'expression la plus complète de l'antisémitisme sur la planète.

Néanmoins, le mot s'est répandu, donnant de la véracité à la signification que le sionisme a réussi à lui donner. C'est cette notion qui est en train d’être enterrée en Ukraine, car des dirigeants juifs de ce pays, Israël et les USA se sont entendus pour justifier et soutenir l'action des gangs nazis dans ce pays européen.

Bien que ces détachements portant des symboles nazis aient publiquement exprimé leur sentiment anti-juif, brûlé des synagogues et détruit des symboles hébraïques, le président juif d'Ukraine, les dirigeants israéliens et certains des principaux dirigeants juifs usaméricains, tels que le secrétaire d'État Anthony Blinken, la sous-secrétaire d'État Wendy Sherman, Avril Haines, directrice du renseignement national, et Janet Yellen, secrétaire au Trésor, sont sont fait une joie e soutenir et d’encourager les actions du gouvernement ukrainien, qui est soutenu par les gangs nazis ukrainiens. Pour utiliser leur langage, on pourrait dire que ces Juifs expriment une pensée antisémite et agissent en conséquence, avec conviction et profondeur.

Déjà dans les jours qui ont suivi le coup d'État de 2014, le groupe ultranationaliste Secteur droit, un groupe vitrine fasciste qui comprend des partisans de Svoboda, de Tryzub et d’Assemblée nationale ukrainienne - Autodéfense ukrainienne, menaçait ouvertement les Juifs. Fusil à la main, le leader nazi Oleksandr Muzychko affirme sans ambages son dogme : « combattre les communistes, les Juifs et les Russes tant que j'aurai du sang dans les veines ».

À la lumière des récents événements, il est nécessaire de savoir qu'en Ukraine, le sionisme mondial, en alliance avec les forces impériales occidentales, a agi avec préméditation et malveillance. En mars 2014, moins d'un mois après le coup d'État en Ukraine, le chroniqueur du Washington Post Eugene Robinson, qui est loin d'être un pro-russe ou un ami du président Poutine, a estimé que lorsqu'Arseniy Yatsenyuk, récemment nommé Premier ministre ukrainien après le coup d'État, devait se rendre aux USA, il faudrait lui demander « pourquoi plusieurs ultranationalistes d'extrême droite ont des postes aussi importants dans le nouveau gouvernement ukrainien ».

Dans son article, Robinson se demandait si Oleksandr Sych, l'un des trois vice-premiers ministres, était membre du parti néonazi Svoboda, dont le leader avait affirmé que l'Ukraine, sous le précédent gouvernement Ianoukovitch, était contrôlée par une « mafia juive de Moscou ». Il a également rappelé que des membres de Svoboda dirigeaient les ministères de l'agriculture et de l'environnement, tandis qu'Andriy Parubiy avait été nommé secrétaire du comité de sécurité nationale et de défense.

Il convient de rappeler que le Congrès juif mondial lui-même, une organisation basée à New York qui se présente comme le bras diplomatique du « peuple juif », a demandé à l'Union européenne d'envisager l'interdiction de ce qu'il considère comme des partis néonazis en Ukraine, dont Svoboda.

De même, le journaliste indépendant usaméricain David L. Stern, basé à Kiev, a fait la lumière sur cette affaire en publiant le 13 décembre 2014 sur BBC News un long article dont le titre résumait le fond de l’affaire : « Ukraine underplays role of far right in conflict» [L’Ukraine minimise le rôle de l’extrême droite dans le conflit]. Dans l'article, Stern réfute la caractérisation russe du nouveau gouvernement ukrainien comme une « junte fasciste de néo-nazis et d'antisémites ». Il a fait valoir qu'aucun parti de ce qu'il appelle « l'extrême droite » n'avait dépassé 5 % aux élections, bien qu'il ait averti que s'ils s'étaient unis, ils auraient dépassé ce seuil. Il a affirmé qu'un seul ministre était lié à ces partis et que le président du parlement était juif, mais a prévenu que la politique ukrainienne n'était pas « totalement exempte de fascisme », notant que personne n'en parlait pour ne pas "alimenter la machine de propagande russe".

Ce long article affirme que le fait de nier cette situation a permis aux nazis de passer inaperçus, de sorte que les Ukrainiens ne savent pas qu'ils existent ni même « ce qu'est réellement un néonazi ou un fasciste, ou ce qu'il représente ». Ensuite, le président Petro Porochenko a accordé la citoyenneté ukrainienne au nazi russo-biélorusse Serhiy Korotkykh, membre du parti d'extrême droite russe Unité nationale et également fondateur de la Société national-socialiste (NSS) en Russie, une organisation dont le but, selon l'universitaire ukrainien Anton Shekhovtsov, était de « préparer une guerre raciale ».

Stern explique ensuite les caractéristiques du bataillon Azov, qui est lié au parti Svoboda. Selon lui, "elle est dirigée par l'organisation extrémiste Patriotes d’ Ukraine, qui considère les Juifs et les autres minorités comme des « sous-hommes » et appelle à une croisade chrétienne blanche contre eux, arborant trois symboles nazis sur son insigne : un Wolfsangel [piège à loup] modifié, un soleil noir (ou « Hakensonne ») et le titre Das Schwarze Korps, qui était utilisé par les Waffen SS [c'était le nom de leur hebdomadaire]. Le bataillon Azov [devenu ensuite régiment] est le seul groupement paramilitaire au monde qui appartienne officiellement aux forces armées et de sécurité d'un pays, en l'occurrence comme détachement de la Garde nationale. Sa naissance remonte à la disparition de l'Union soviétique, lorsque l'idéologie fasciste a repris de la vigueur, donnant naissance à des organisations telles que le Congrès des nationalistes ukrainiens (KUN) et l’Assemblée sociale-nationale ukrainienne, germe du bataillon Azov.

Dans ce domaine, il convient de noter le rôle d'Andriy Biletsky, un lieutenant-colonel de police, chef du parti d'extrême droite fasciste Corps National, qui s'est imposé sous le slogan que l'Ukraine devait « diriger les races blanches du monde dans une croisade finale... contre les sous-hommes dirigés par les Sémites ».

Dans son article, Stern ajoute qu’Azov n'est pas la seule organisation néo-nazie en Ukraine, puisqu'il existe plus de 50 groupes volontaires soutenus par le gouvernement. Il mentionne par exemple que le ministre de l'Intérieur Arsen Avakov et son adjoint Anton Gerashchenko ont soutenu activement la candidature de Biletsky au Parlement. De même, il rappelle que Vadim Troyan, un haut fonctionnaire d'Azov et membre des Patriotes d'Ukraine, a été nommé chef de la police de la région de Kiev.

Stern conclut en disant qu'il pense que l'Ukraine n'est pas dirigée par des fascistes, mais que « les extrémistes de droite semblent faire des percées par d'autres moyens, notamment dans les services de police du pays ». Affirmant que les Ukrainiens « sont très mal informés à ce sujet », il demande : «  Pourquoi personne ne veut le leur dire ? « .

Cela semble contradictoire, mais c'est ainsi que se prépare la fin de la notion sioniste d' « antisémitisme ».


 II

Les Juifs ukrainiens entre la peste sioniste et le choléra nazi

Il est très facile de voir le soutien que l'Occident a apporté aux gangs nazis ukrainiens. Par exemple, déjà en 2018, le journaliste Kevin Rawlinson, dans un article publié dans le journal britannique The Guardian le 2 mars, rapportait que les néonazis ukrainiens recrutaient ouvertement des combattants à Londres pour rejoindre le bataillon Azov.

28/03/2022

GILAD ATZMON
Ukraine : la perspective de la paix et ses ennemis

Gilad Atzmon, (bio) 27/3/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Les USA, la Grande-Bretagne et l'OTAN estiment que la guerre en Ukraine affaiblit la Russie, réduit Poutine à l'état d'Amalek, renforce l'OTAN et donnera un coup de fouet au complexe militaro-industriel yankee. En conséquence, Biden, Johnson et l'OTAN souhaitent une poursuite indéfinie de la guerre.

Il est temps d'identifier qui a besoin que la guerre continue, car Biden n'est pas seul sur ce front. Zelensky veut également que la guerre continue. Il sait que tout accord avec la Russie rendrait sa situation "très compliquée". Les nationalistes ukrainiens, qui semblent combattre courageusement l'armée russe et sont encensés par tous les médias dominants occidentaux, n'accepteront pas la moindre concession territoriale. Il est difficile d'imaginer que la guerre se termine sans une telle concession, surtout si l'on considère les gains territoriaux évidents de la Russie au sud, à l'est et au nord. Et Zelensky, l'acteur, sait que son rôle théâtral actuel est, sans aucun doute, le sommet de sa carrière. À partir de maintenant, c'est la descente. Pour Zelensky, la guerre doit continuer pour toujours.

Et qu'en est-il du peuple ukrainien, veut-il que la guerre prenne fin ? Cela dépend à qui vous demandez. Si vous suivez la presse britannique et usaméricaine, vous avez l'impression que les Ukrainiens sont unis derrière leur leader dans une mission collective et suicidaire. Mais la vérité est que quatre millions de personnes ont quitté le pays, dix millions ont été déplacées à l'intérieur de l'Ukraine et ces chiffres augmentent chaque jour. Le pays est systématiquement détruit, certaines de ses villes réduites en poussière. Si c'est ce que veut le peuple, comme la BBC veut nous le faire croire, la guerre ne prendra jamais fin. Si, au contraire, les Ukrainiens sont des êtres humains ordinaires, ce qui est plus probable et constitue une hypothèse intelligente, ils doivent être très fatigués du désastre qui leur est infligé par leur dirigeant et l'Occident belliciste. En tant qu'êtres humains ordinaires, les Ukrainiens se soucient de l'avenir de leur pays, de leurs enfants, de leurs villes, de leur culture, de leur patrimoine - ils pourraient bien vouloir préserver tout cela plutôt que de mourir au "nom de ça".

Nous lisons souvent que Zelensky supplie Israël de négocier un accord de paix avec la Russie, alors qu'Israël n'est pas exactement le candidat le plus naturel pour négocier une coexistence harmonieuse. Ces dernières années, on a beaucoup écrit sur le fantasme israélien et ukrainien de remplacer la Russie comme principal fournisseur de gaz de l'Europe. La guerre actuelle en Ukraine fait d'Israël le principal fournisseur potentiel de gaz à l’Europe. Cette semaine, l'importante chaîne d'information israélienne N12 a déclaré qu' « Israël aidera l'Europe à se couper du gaz russe ». N12 rapporte que lors d'une conférence de l'Agence internationale de l'énergie à Paris, le ministre israélien de l'énergie a entamé des discussions concernant l'exportation immédiate de gaz israélien vers l'Europe.

Pourquoi Poutine s'est-il précipité pour sauver la Syrie et le régime Assad ?  Une réponse est que la Russie avait besoin d'un port méditerranéen pour sa marine. Pourquoi les Russes auraient-ils besoin d'un tel port sur la rive orientale de la Méditerranée ? Une réponse possible : Poutine a compris qu'il pourrait avoir à interférer avec un éventuel gazoduc sous-marin reliant la côte de Gaza à la Grèce. Le port de Lattaquié place la marine russe dans une position stratégique cruciale pour saper un tel projet. En d'autres termes, malgré sa collaboration actuelle avec Israël sur la Syrie, Poutine sait depuis un certain temps qu'un conflit naval avec Israël est inévitable. Bien sûr, les Israéliens le savent aussi.

Mais l'enthousiasme d'Israël pour le "rôle de négociateur de paix" a d'autres ingrédients cruciaux. La force économique actuelle d'Israël est en grande partie le résultat de l'établissement de l'État juif en tant que refuge pour l'argent des oligarques russes, et nombre de ces oligarques sont juifs et également citoyens israéliens. Si Israël devient un "courtier de la paix", alors Israël, en raison de sa neutralité, n'aura pas à participer au carnaval de sanctions contre la Russie. Si la guerre se poursuit indéfiniment, Israël ne se contentera pas de maintenir le flux constant de richesses russes vers ses banques, il deviendra en fait la principale voie de sortie de l'argent russe. Pour des raisons évidentes, Zelensky insiste pour que les pourparlers de paix reprennent à Jérusalem sous les auspices du Premier ministre Bennett. Poutine, cependant, ne semble pas enthousiaste quant à l'option de Jérusalem. Il a peut-être déjà compris comment est Israël et ce qu'il recherche.

Poutine est une énigme vivante. J'ai de bonnes raisons de croire qu'il n'est pas mentalement instable comme il est souvent décrit dans les médias dominants occidentaux. Il est plus probable que ce tacticien expérimenté ait des objectifs géopolitiques et militaires en tête. Mais le problème est que personne ne semble savoir quels sont ces objectifs. Je ne pense pas, par exemple, que Poutine ait eu l'intention d'envahir Kiev ou toute autre grande ville ukrainienne, à l'exception peut-être d'atouts stratégiques comme Mariupol. Je suis également convaincu que Poutine n'avait pas l'intention d'"imposer un changement de régime" en Ukraine. Poutine a probablement vu un danger militaire croissant provenant de l'Ukraine et de ses penchants occidentaux grandissants. Il voulait très probablement anéantir la capacité militaire de l'Ukraine et, ce faisant, envoyer un message clair à tous les pays d'Europe de l'Est. Poutine souhaitait et souhaite toujours régler le conflit avec le dirigeant ukrainien démocratiquement élu, c'est-à-dire Zelensky. Plus que quiconque, Poutine a besoin que Zelensky soit sain et sauf, au moins jusqu'à la conclusion de sa manœuvre militaire.

En tant que tel, Poutine est peut-être le seul acteur de cet horrible théâtre meurtrier à avoir une stratégie de sortie claire et un plan de coexistence future. Il est peut-être le seul dirigeant mondial à envisager la fin de ce conflit. Sa vision peut être inacceptable pour l'ensemble de l'Occident à ce stade. Elle peut être très impopulaire en Ukraine, pour des raisons évidentes. Mais il semble que personne à l'Ouest n'ait osé défier la Russie militairement et je suppose que c'est en partie parce que personne dans l'élite militaire occidentale ne croit vraiment au récit populaire selon lequel l'armée russe serait "faible" et "vaincue".

Il me semble que lorsque Biden a appelé à la destitution de Poutine en Pologne hier, c'est parce que Poutine vise à mettre un terme définitif à ce drame tragique en Ukraine, bientôt, espérons-le, alors que Biden et ses nombreux partenaires voient un avantage à prolonger ce désastre à jamais.

17/03/2022

GILAD ATZMON
Idées fausses
Comment ils se sont tous plantés à propos de l’Ukraine

Gilad Atzmon, 16/3/2022
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Jérusalem 1973

Ashraf Marwan est une figure controversée au sein de la communauté du renseignement israélien. Certains le considèrent comme le meilleur espion arabe d'Israël, d'autres comme un maître de l'espionnage égyptien qui a trompé l'armée israélienne avant la guerre de 1973, qui a été un désastre militaire pour l'État juif. En juin 2007, Marwan est « tombé » du balcon de sa maison à Londres. Sa femme et de nombreux commentateurs ont accusé le Mossad de cet assassinat.


 Marwan était né en 1944 dans une famille égyptienne influente. À l'âge de 21 ans, il épouse Mona Nasser, la deuxième fille du président Gamal Abdel Nasser, et s'assure une place dans les coulisses du pouvoir dans le Caire des années 1960.

Après sa défaite humiliante lors de la guerre de 1967, l'Égypte a commencé à préparer son armée à reprendre la péninsule du Sinaï. Marwan était au courant des secrets les mieux gardés de l'Égypte : ses plans de guerre, les comptes rendus détaillés des exercices militaires, la documentation originale des contrats d'armement conclus par l'Égypte avec l'Union soviétique et d'autres pays, les tactiques militaires, les comptes rendus des réunions du haut commandement, les transcriptions des conversations privées de Sadate avec les dirigeants mondiaux, etc. Tout cela lui a permis de fournir à Israël des informations inestimables sur la guerre à venir.

Les renseignements fournis par Marwan au Mossad sont parvenus jusqu'aux bureaux des dirigeants politiques et militaires israéliens et ont façonné le soi-disant « concept » stratégique d'Israël après 1967, à savoir la conviction que l'Égypte de Sadate ne lancerait pas de guerre contre Israël si ses exigences minimales n'étaient pas satisfaites. Sans avions d'attaque à longue portée et sans missiles Scud à longue portée, Israël a été amené à croire que l'Égypte ne pourrait pas surmonter la supériorité aérienne israélienne et ne lancerait pas une guerre.

Les rapports que Marwan a fournis à Israël contenaient des informations précieuses qui, bien qu'exactes, ont systématiquement contribué aux idées fausses d'Israël sur les aspirations, les plans et les capacités de l'Égypte.

En avril 1973, Marwan persuade le Mossad que l'Égypte prévoit une attaque contre Israël à la mi-mai. En conséquence, Israël a mis son armée en alerte rouge, mais la guerre de mai n'a jamais eu lieu. Fin septembre, Marwan convainc à nouveau le Mossad d'un plan d'attaque égyptien, mais cette fois le Mossad a perdu sa crédibilité et jusqu'à la dernière minute, les chefs militaires de Tsahal traitent les informations de Marwan avec suspicion. Ils l'ont pratiquement ignoré.

Quelques heures avant qu'elle ne commence, Marwan a fourni au Mossad un dernier avertissement qu'une guerre était sur le point d'être lancée. Tard le 5 octobre 1973, Tzvi Zamir, le chef du Mossad, rencontre Marwan à Londres et apprend qu'une guerre va commencer le lendemain à 18 heures. La guerre a effectivement commencé le lendemain, quatre heures plus tôt que prévu. La guerre de 1973 est considérée par Israël comme sa bévue militaire la plus humiliante et la plus scandaleuse. Israël n'était absolument pas préparé. Les bataillons de Tsahal sur la ligne de front ont été exposés à un assaut égyptien et syrien de grande envergure. Ils ont été anéantis en quelques heures. Certains affirment à juste titre que c'est uniquement parce que les armées égyptienne et syrienne avaient des plans limités en termes de gains territoriaux qu'Israël a survécu militairement à cette guerre et existe encore aujourd'hui. La plupart des commentateurs militaires israéliens s'accordent à dire que ce ne sont pas les généraux des FDI qui ont sauvé le pays, mais les soldats sur le terrain qui ont combattu héroïquement, dos au mur.

Le général Eli Zeira, alors directeur des renseignements militaires israéliens, est considéré comme l'un des principaux responsables de la bévue militaire de 1973. Zeira affirme que ce sont les informations trompeuses de Marwan qui ont conduit Israël à se méprendre sur les véritables intentions de l'Égypte. Zeira affirme que Marwan était un « agent double » ou, plus exactement, un habile maître de l'espionnage égyptien, qui a brillamment réussi à tromper les Israéliens en leur donnant une « fausse idée » du conflit. Ceux qui croient que Marwan a été assassiné par le Mossad ont tendance à accepter l'opinion du général Zeira.

Kiev 2022

Pendant des mois et des mois, l'USAmérique, la Grande-Bretagne et l'OTAN ont averti les Ukrainiens que la Russie préparait une guerre. Les USAméricains, en particulier, ont clairement indiqué qu'ils étaient au courant d'informations, qui, bien qu'elles ne puissent être partagées avec le grand public, indiquaient que Poutine préparait une attaque imminente. Naturellement, peu de gens ont cru à ces avertissements usaméricains répétés : au jour d’aujourd’hui, les services de renseignement usaméricains et britanniques ont été impliqués dans trop de bévues et de mensonges spectaculaires (dont les fantaisistes ADM en Irak et les attaques chimiques en Syrie) pour que personne, y compris les Ukrainiens, ne prenne ces institutions militaires au sérieux. Il était également évident que, plus encore que l'Ukraine ou la Russie ne souhaitait ou n'avait besoin d'un conflit militaire, c'est Washington et Londres qui en souhaitaient un. L'Ukraine est devenue une plaque tournante énergétique à la suite de la découverte d'importantes réserves de gaz et de pétrole sur son territoire. L'Occident y voyait une alternative à la Russie en tant que principal fournisseur de gaz à l'Europe.

Comme ce fut le cas avec Marwan en 1973, quelqu'un a « aidé » le Pentagone à élaborer un « concept » de « campagne russe imaginaire ». Dans le plan de guerre délirant des USAméricains, Poutine s'emparerait des régions russophones de l'Ukraine à l'est et pourrait également tenter de s'emparer d'un peu de terrain au sud pour créer un passage terrestre vers la Crimée. Cette guerre aurait pris fin en peu de temps car ses objectifs militaires étaient limités. L'Ukraine accepterait les gains territoriaux russes car ils lui permettraient de se débarrasser de ses régions les plus problématiques et les plus contestées. La Russie serait condamnée mais, dans ce scénario, lorsque la paix prévaudrait, l'Ukraine serait en mesure de rejoindre l'UE et peut-être même l'OTAN et, surtout, de devenir le premier fournisseur d'énergie de l'Europe.

Ce « concept » de guerre pourrait bien avoir été induit par une personnage de Poutine/Marwan. Il a induit les USAméricains et les Britanniques en erreur et leur a permis de construire une vision stratégique et géopolitique totalement erronée. L'armée ukrainienne a été assez stupide pour suivre le scénario des services de renseignement du Pentagone et a déployé ses unités d'élite à l'Est. Ces unités se sont préparées à une guerre express sur des territoires contestés mais définis. Mais ce n'est pas la guerre qui s'est produite. Au contraire, ce qui s'est passé a été tragique pour l'Ukraine et son armée. Juste avant l'invasion russe du 24 février, il est apparu clairement que la Russie avait étendu ses exercices militaires au Belarus. Quelques jours plus tard, la Russie a lancé sa campagne militaire. Le principal effort de la Russie a été lancé depuis le Belarus et visait la capitale ukrainienne, Kiev, et non les régions orientales comme prévu. En une simple manœuvre, l'armée russe a réussi à isoler la majeure partie de l'armée ukrainienne, loin de la capitale et sans voies d'approvisionnement ni soutien logistique de l'Ouest.