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19/03/2024

JEFFREY D. SACHS
Les USA doivent rendre compte de leur responsabilité dans la pandémie de COVID-19

Jeffrey D. Sachs, Common Dreams, 16/3/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

S’il s’avérait que des recherches financées par le gouvernement des USA seraient à l’origine du COVID-19, cela constituerait certainement le cas le plus important de négligence gouvernementale grave de l’histoire. Les citoyens du monde entier ont droit à la transparence et à des réponses factuelles à des questions vitales.


Le gouvernement usaméricain a financé et soutenu un programme de recherche en laboratoire dangereux qui pourrait avoir abouti à la création et à la diffusion accidentelle en laboratoire du SRAS-CoV-2, le virus à l’origine de la pandémie de Covid-19. À la suite de l’épidémie, le gouvernement usaméricain a menti afin de dissimuler son rôle éventuel. Le gouvernement usaméricain devrait corriger ses mensonges, établir les faits et faire amende honorable auprès du reste du monde.

Un groupe d’intrépides chercheurs de vérité - journalistes, scientifiques, lanceurs d’alerte - a découvert une grande quantité d’informations indiquant l’origine probable du SRAS-CoV-2 en laboratoire. Le travail intrépide de The Intercept et de US Right to Know (USRTK), en particulier de la journaliste d’investigation Emily Kopp à USRTK, a été le plus important.

Sur la base de ce travail d’investigation, la commission de contrôle et de responsabilité de la Chambre des représentants, dirigée par les républicains, mène actuellement une enquête importante dans le cadre d’une sous-commission spéciale sur la pandémie de coronavirus. Au Sénat, c’est le sénateur républicain Rand Paul qui a été le principal défenseur de la transparence, de l’honnêteté et de la raison dans l’enquête sur l’origine du SRAS-Cov-2. 

Les preuves d’une possible création en laboratoire tournent autour d’un programme de recherche pluriannuel mené par les USA et auquel ont participé des scientifiques usaméricains et chinois. Ces recherches ont été conçues par des scientifiques usaméricains, financées principalement par les National Institutes of Health (NIH) et le ministère de la Défense, et administrées par une organisation usaméricaine, l’EcoHealth Alliance (EHA), la plupart des travaux ayant eu lieu à l’Institut de virologie de Wuhan (WIV).

Les USA doivent au reste du monde toute la vérité, et peut-être une ample compensation financière, en fonction de ce que les faits finiront par révéler.


Faucivirus, par Pete Kreiner, Australie

Voici les faits que nous connaissons à ce jour.

Premièrement, les NIH sont devenus le siège de la recherche sur la biodéfense à partir de 2001. En d’autres termes, les NIH sont devenus un organe de recherche des communautés militaires et de renseignement. Le financement de la biodéfense provenant du budget du ministère de la Défense a été attribué à la division du Dr Anthony Fauci, l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses (NIAID).

Deuxièmement, le NIAID et la DARPA (Agence pour les projets de recherche avancée de défense) ont soutenu des recherches approfondies sur les agents pathogènes potentiels pour la guerre biologique et la biodéfense, ainsi que pour la conception de vaccins destinés à protéger contre la guerre biologique ou les disséminations accidentelles en laboratoire d’agents pathogènes naturels ou manipulés. Une partie des travaux a été réalisée aux Rocky Mountain Laboratories des NIH, qui ont manipulé et testé des virus à l’aide de leur propre colonie de chauves-souris.

Troisièmement, le NIAID est devenu un soutien financier à grande échelle de la recherche sur les gains de fonction (GoF), c’est-à-dire des expériences de laboratoire conçues pour modifier génétiquement des agents pathogènes afin de les rendre encore plus pathogènes, par exemple des virus plus faciles à transmettre et/ou plus susceptibles de tuer les personnes infectées. Ce type de recherche est intrinsèquement dangereux, à la fois parce qu’il vise à créer des agents pathogènes plus dangereux et parce que ces nouveaux agents pathogènes peuvent s’échapper du laboratoire, soit accidentellement, soit délibérément (par exemple, dans le cadre d’un acte de guerre biologique ou de terrorisme).

Quatrièmement, de nombreux scientifiques usaméricains de premier plan se sont opposés aux recherches du gouvernement fédéral. L’un des principaux opposants au sein du gouvernement était le Dr Robert Redfield, un virologue de l’armée qui allait devenir le directeur des Centers for Disease Control and Prevention (Centres pour le contrôle et la prévention des maladies, CDC) au début de la pandémie. Redfield a soupçonné dès le début que la pandémie résultait de recherches soutenues par les NIH, mais il affirme avoir été mis à l’écart par Fauci

Patrick Chappatte, Le Temps, Suisse

Cinquièmement, en raison des risques très élevés associés à la recherche de GoF, le gouvernement usaméricain a ajouté des réglementations supplémentaires en matière de biosécurité en 2017. Les recherches de GoF devront être menées dans des laboratoires hautement sécurisés, c’est-à-dire de niveau de biosécurité 3 (BSL-3) ou de niveau de biosécurité 4 (BSL-4). Le travail dans une installation de niveau de sécurité biologique 3 ou 4 est plus coûteux et prend plus de temps que le travail dans une installation de niveau de sécurité biologique 2 en raison des contrôles supplémentaires contre la fuite de l’agent pathogène hors de l’installation.

Sixièmement, un groupe de recherche soutenu par les NIH, EcoHealth Alliance (EHA), a proposé de transférer une partie de ses recherches de GoF à l’Institut de virologie de Wuhan (WIV). La proposition, baptisée DEFUSE, était un véritable “livre de recettes” pour la fabrication de virus comme le SARS-CoV-2 en laboratoire. Le plan DEFUSE consistait à étudier plus de 180 souches de Betacoronavirus non signalées auparavant et collectées par le WIV, et à utiliser les techniques de GoF pour rendre ces virus plus dangereux. Plus précisément, le projet proposait d’ajouter des sites de protéase tels que le site de clivage de la furine (FCS) aux virus naturels afin d’améliorer l’infectivité et la transmissibilité du virus.

Septièmement, dans le projet de proposition, le directeur de l’EHA s’est vanté que « la nature BSL2 des travaux sur le SARSr-CoV rend notre système très rentable par rapport à d’autres systèmes de virus de chauve-souris », ce qui a incité le scientifique principal de la proposition de l’EHA à commenter que les scientifiques usaméricains “paniqueraient” s’ils apprenaient que le gouvernement usaméricain soutenait la recherche de GoF à la WIV dans une installation BSL2. 

 Faux dieux, par Tom Stiglich, USA

Huitièmement, le département de la Défense a rejeté la proposition DEFUSE en 2018, alors que le financement du NIAID pour l’EHA couvrait les scientifiques clés du projet DEFUSE. L’EHA disposait donc d’un financement NIH continu pour mener à bien le programme de recherche DEFUSE.

Neuvièmement, lorsque l’épidémie a été constatée pour la première fois à Wuhan fin 2019 et en janvier 2020, les principaux virologues usaméricains associés aux NIH ont estimé que le SARS-CoV-2 avait très probablement émergé de la recherche de GoF, et l’ont déclaré lors d’une conversation téléphonique avec Fauci le 1er février 2020. L’indice le plus frappant pour ces scientifiques était la présence du FCS dans le SRAS-CoV-2, le FCS apparaissant exactement à l’endroit du virus (la jonction S1/S2) qui avait été proposé dans le programme DEFUSE.

Dixièmement, les hauts responsables des NIH, notamment le directeur Francis Collins et le directeur du NIAID, Fauci, ont tenté de dissimuler les recherches de GoF soutenues par les NIH et ont encouragé la publication d’un article scientifique (“The Proximal Origin of SARS-CoV-2”) en mars 2020 déclarant que le virus était d’origine naturelle. Cet article ignorait totalement la proposition DEFUSE.

Onzièmement, certains fonctionnaires usaméricains ont commencé à accuser le WIV d’être à l’origine de la fuite du laboratoire, tout en dissimulant le programme de recherche financé par les NIH et dirigé par l’EHA, qui pourrait avoir conduit à la découverte du virus.

Douzièmement, les faits susmentionnés n’ont été révélés que grâce à des rapports d’enquête intrépides, à des lanceurs d’alerte et à des fuites provenant de l’intérieur du gouvernement usaméricain, y compris la fuite de la proposition DEFUSE. L’inspecteur général du ministère de la Santé et des services sociaux a déterminé en 2023 que les NIH n’avaient pas supervisé de manière adéquate les subventions de l’EHA.

Treizièmement, les enquêteurs ont également réalisé rétrospectivement que des chercheurs des Rocky Mountain Labs, ainsi que des scientifiques clés associés à l’EHA, avaient infecté des chauves-souris frugivores égyptiennes avec des virus similaires à ceux du SRAS dans le cadre d’expériences étroitement liées à celles proposées dans le cadre de DEFUSE.  [v. article SARS-Like Coronavirus WIV1-CoV Does Not Replicate in Egyptian Fruit Bats ( Rousettus aegyptiacus).

Quatorzièmement, le FBI et le ministère de l’Énergie ont indiqué qu’ils estimaient que la fuite en laboratoire du SRAS-CoV-2 était l’explication la plus probable du virus.

Quinzièmement, un lanceur d’alerte interne à la CIA a récemment affirmé que l’équipe de la CIA chargée d’enquêter sur l’épidémie avait conclu que le SRAS-CoV-2 provenait très probablement du laboratoire, mais que de hauts fonctionnaires de la CIA avaient soudoyé l’équipe pour qu’elle fasse état d’une origine naturelle du virus.

La somme des preuves - et l’absence de preuves fiables indiquant une origine naturelle (voir ici et ici) - s’ajoute à la possibilité que les USA aient financé et mis en œuvre un dangereux programme de recherche du gouvernement fédéral qui a conduit à la création du SRAS-CoV-2, puis à une pandémie mondiale. Le biologiste mathématicien Alex Washburne a récemment publié une étude très convaincante qui conclut qu’« au-delà de tout doute raisonnable le SRAS-CoV-2 est sorti d’un laboratoire ». Il note également que les collaborateurs « ont procédé à ce que l’on peut légitimement appeler une campagne de désinformation » pour cacher l’origine en laboratoire. 


 L’apparition du Covid-19 dans un laboratoire financé par les USA constituerait certainement le cas le plus important de négligence grave de la part d’un gouvernement dans l’histoire du monde. En outre, il est fort probable que le gouvernement usaméricain continue à ce jour de financer les travaux dangereux de recherche de GoF dans le cadre de son programme de biodéfense. Les USA doivent au reste du monde toute la vérité, et peut-être une ample compensation financière, en fonction de ce que les faits finiront par révéler.

Nous avons besoin de trois actions urgentes.

La première est une enquête scientifique indépendante dans laquelle tous les laboratoires impliqués dans le programme de recherche sur l’EHA aux USA et en Chine ouvrent entièrement leurs livres et leurs dossiers aux enquêteurs indépendants.
La deuxième est un arrêt mondial de la recherche de GoF jusqu'à ce qu'un organisme scientifique mondial indépendant établisse des règles de base en matière de biosécurité.
La troisième : l’Assemblée générale des Nations unies doit établir une responsabilité juridique et financière rigoureuse pour les gouvernements qui violent les normes de sécurité internationales en menant des activités de recherche dangereuses qui menacent la santé et la sécurité du reste du monde. 


18/03/2024

JEFFREY D. SACHS
Cosa potrebbero dover gli USA al mondo per la Covid-19?

Jeffrey D. Sachs, Commondreams, 16/3/2024
Tradotto da Leopoldo Salmaso

L’origine del Covid-19 in un laboratorio finanziato dagli USA costituirebbe certamente il caso più significativo di grave negligenza governativa della storia. I popoli del mondo meritano trasparenza e risposte concrete su questioni vitali

Il governo degli USA ha finanziato e sostenuto un programma di ricerca di laboratorio pericolosa che potrebbe aver portato alla creazione e al rilascio accidentale in laboratorio di SARS-CoV-2, il virus che ha causato la pandemia di Covid-19. Dopo lo scoppio dell’epidemia, il governo statunitense ha mentito per nascondere il suo possibile ruolo. Il governo degli USA dovrebbe correggere le bugie, scoprire i fatti e fare ammenda con il resto del mondo.

Un gruppo di intrepidi cercatori di verità – giornalisti, scienziati, informatori – hanno scoperto una grande quantità di informazioni che indicano la probabile origine in laboratorio della SARS-CoV-2. La cosa più importante è stata l’intrepido lavoro di The Intercept e US Right to Know (USRTK), in particolare della giornalista investigativa Emily Kopp dell’USRTK.

Sulla base di questo lavoro investigativo, la commissione per la supervisione e la responsabilità della Camera a guida repubblicana sta ora conducendo un’importante indagine in una sottocommissione ristretta sulla pandemia di coronavirus. Al Senato, la voce principale in favore della trasparenza, dell’onestà e della ragione nelle indagini sull’origine della SARS-Cov-2 è stata quella del senatore repubblicano Rand Paul.

Le prove di una possibile creazione in laboratorio ruotano attorno a un programma di ricerca pluriennale guidato dagli USA, che ha coinvolto scienziati statunitensi e cinesi. La ricerca fu progettata da scienziati statunitensi, finanziata principalmente dal National Institutes of Health (NIH) e dal Dipartimento della Difesa, e amministrata da un’organizzazione statunitense, la Eco Health Alliance (EHA), con gran parte del lavoro svolto presso il Wuhan Institute of Virology (WIV).

Ecco i fatti che conosciamo ad oggi.

Primo. L’NIH è diventato il centro di ricerca sulla biodifesa a partire dal 2001. In altre parole, l’NIH è diventato un braccio di ricerca delle comunità militari e di intelligence. I finanziamenti per la biodifesa dal bilancio del Dipartimento della Difesa sono andati alla divisione del dottor Anthony Fauci, l’Istituto nazionale per le allergie e le malattie infettive (NIAID).

Secondo. NIAID e DARPA (Agenzia per i progetti di ricerca avanzata di difesa) hanno sostenuto ricerche approfondite su potenziali agenti patogeni per la guerra biologica e la biodifesa e per la progettazione di vaccini per proteggere dalla guerra biologica o dal rilascio accidentale in laboratorio di agenti patogeni naturali o manipolati. Parte del lavoro è stato svolto presso i laboratori Rocky Mountain del NIH, che hanno manipolato e testato i virus utilizzando la colonia di pipistrelli del loro stabulario.

Terzo. Il NIAID è diventato un sostenitore finanziario su larga scala della ricerca Gain of Function (GoF), ovvero esperimenti di laboratorio progettati per alterare geneticamente gli agenti patogeni per renderli ancora più patogeni, come i virus che sono più facili da trasmettere e/o con maggiori probabilità di uccidere gli individui infetti. Questo tipo di ricerca è intrinsecamente pericoloso, sia perché mira a creare agenti patogeni più pericolosi, sia perché questi nuovi agenti patogeni possono fuoriuscire dal laboratorio, accidentalmente o deliberatamente (ad esempio, come atto di guerra biologica o terrorismo).

Quarto. Molti importanti scienziati statunitensi si sono opposti alla ricerca GoF. Uno dei principali oppositori all’interno del governo era il dottor Robert Redfield, un virologo dell’esercito che in seguito sarebbe stato direttore dei Centri per il controllo delle malattie (CDC) all’inizio della pandemia. Redfield sospettava fin dall’inizio che la pandemia fosse il risultato di una ricerca sostenuta dal NIH, ma afferma di essere stato messo da parte da Fauci.

Quinto. A causa dei rischi molto elevati associati alla ricerca GoF, nel 2017 il governo degli USA impose ulteriori norme sulla biosicurezza. La ricerca GoF dovrebbe essere condotta in laboratori altamente sicuri, ovvero al livello di biosicurezza 3 (BSL-3) o al livello di biosicurezza 4 (BSL-4). Il lavoro in una struttura BSL-3 o 4 è più costoso e richiede tempo rispetto al lavoro in una struttura BSL-2 a causa dei controlli aggiuntivi contro la fuga dell'agente patogeno dalla struttura.

 

Sesto. Un gruppo di ricerca sostenuto dal NIH, Eco Health Alliance (EHA), ha proposto di spostare parte della sua ricerca GoF al Wuhan Institute of Virology (WIV). Nel 2017, l’EHA ha presentato una proposta al DARPA per ricerche GoF presso il WIV. La proposta, denominata DEFUSE, era un vero e proprio “libro di ricette” per produrre virus come SARS-CoV-2 in laboratorio. Il piano DEFUSE prevedeva di indagare su più di 180 ceppi di Betacoronavirus precedentemente non segnalati che erano stati raccolti dal WIV e di utilizzare tecniche GoF per rendere questi virus più pericolosi. Nello specifico, il progetto ha proposto di aggiungere siti di proteasi come il sito di scissione della furina (FCS) ai virus naturali per migliorare l'infettività e la trasmissibilità del virus.

29/12/2023

JEFFREY D. SACHS
La politique étrangère usaméricaine est une escroquerie fondée sur la corruption

Jeffrey D. Sachs (bio), Common Dreams, 26/12/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Les 1 500 milliards de dollars de dépenses militaires annuelles sont l'arnaque qui continue à alimenter le  complexe militaro-industriel et les initiés de Washington, alors même qu'elle appauvrit et met en danger l'USAmérique et le monde.

À première vue, la politique étrangère des USA semble totalement irrationnelle. Les USA s'engagent dans une guerre désastreuse après l'autre - Afghanistan, Irak, Syrie, Libye, Ukraine et Gaza. Ces derniers jours, les USA se sont retrouvés globalement isolés dans leur soutien aux actions génocidaires d'Israël contre les Palestiniens, votant contre une résolution de l'Assemblée générale de l'ONU pour un cessez-le-feu à Gaza, soutenue par 153 pays représentant 89 % de la population mondiale, et à laquelle s'opposaient seulement les USA et 9 petits pays représentant moins de 1 % de la population mondiale.

« Plus vous marchez, plus nous gagnons », par Party9999999

 Au cours des 20 dernières années, tous les grands objectifs de la politique étrangère usaméricaine ont échoué. Les talibans sont revenus au pouvoir après 20 ans d'occupation usaméricaine de l'Afghanistan. L'Irak de l'après-Saddam est devenu dépendant de l'Iran. Le président syrien Bachar el-Assad est resté au pouvoir malgré les efforts de la CIA pour le renverser. La Libye a sombré dans une longue guerre civile après le renversement de Mouammar Kadhafi par une mission de l'OTAN dirigée par les USA. L'Ukraine a été ratiboisée sur le champ de bataille par la Russie en 2023 après que les USA ont secrètement sabordé un accord de paix entre la Russie et l'Ukraine en 2022.

Pour comprendre l'escroquerie de la politique étrangère, il suffit d'imaginer le gouvernement fédéral actuel comme un racket à plusieurs divisions contrôlé par les plus offrants.

Malgré ces débâcles remarquables et coûteuses, les unes après les autres, les mêmes personnages sont restés à la tête de la politique étrangère usaméricaine pendant des décennies, notamment Joe Biden, Victoria Nuland, Jake Sullivan, Chuck Schumer, Mitch McConnell et Hillary Clinton.

Qu'est-ce qui se passe ?

Pour résoudre l'énigme, il faut reconnaître que la politique étrangère usaméricaine n'a rien à voir avec les intérêts du peuple usaméricain. Il s'agit plutôt des intérêts des initiés de Washington, qui courent après les contributions aux campagnes électorales et les emplois lucratifs pour eux-mêmes, leur personnel et les membres de leur famille. En un mot, la politique étrangère usaméricaine a été piratée par les grandes fortunes.

En conséquence, le peuple usaméricain est largement perdant. Les guerres ratées depuis 2000 lui ont coûté environ 5 000 milliards de dollars en dépenses directes, soit environ 40 000 dollars par ménage. Environ 2 000 milliards de dollars supplémentaires seront dépensés au cours des prochaines décennies pour les soins aux anciens combattants. Au-delà des coûts directement supportés par les USAméricains, nous devrions également reconnaître les coûts terriblement élevés supportés à l'étranger, en millions de vies perdues et en milliers de milliards de dollars de destruction des biens et de la nature dans les zones de guerre.

Le cerveau du complexe militaro-industriel , par EspenSchei

Les coûts continuent de s'accumuler. En 2024, les dépenses liées à l'armée usaméricaine s'élèveront à environ 1 500 milliards de dollars, soit environ 12 000 dollars par ménage, si l'on ajoute les dépenses directes du Pentagone, les budgets de la CIA et d'autres agences de renseignement, le budget de la Veteran's Administration, le programme d'armes nucléaires du ministère de l'Énergie, l'“aide étrangère” militaire du département d'État (par exemple à Israël) et d'autres lignes budgétaires liées à la sécurité. Des centaines de milliards de dollars sont gaspillés dans des guerres inutiles, des bases militaires à l'étranger et une accumulation d'armes tout à fait superflue qui rapproche le monde de la troisième guerre mondiale.

Pourtant, décrire ces coûts gargantuesques, c'est aussi expliquer la “rationalité” tordue de la politique étrangère usaméricaine. Les 1 500 milliards de dollars de dépenses militaires sont l'arnaque qui continue à alimenter le complexe militaro-industriel et les initiés de Washington, alors même qu'elle appauvrit et met en danger l'USAmérique et le monde.

Pour comprendre l'arnaque de la politique étrangère, il suffit de considérer le gouvernement fédéral actuel comme un racket à plusieurs divisions contrôlé par les plus offrants. La division Wall Street est gérée par le Trésor. La division de l'industrie de la santé est gérée par le ministère de la santé et des services sociaux. La division du pétrole et du charbon est gérée par les départements de l'énergie et de l'intérieur. Enfin, la division de la politique étrangère est gérée par la Maison Blanche, le Pentagone et la CIA.

Chaque division utilise le pouvoir public à des fins privées par le biais de délits d'initiés, financés par les contributions des entreprises aux campagnes électorales et les dépenses de lobbying. Il est intéressant de noter que la division de l'industrie de la santé rivalise avec la division de la politique étrangère en tant que remarquable escroquerie financière. En 2022, les dépenses de santé des USA s'élevaient à la somme stupéfiante de 4 500 milliards de dollars, soit environ 36 000 dollars par ménage, ce qui représente de loin les coûts de santé les plus élevés au monde, alors que l'USAmérique se classe au 40e rang mondial en termes d'espérance de vie. Une politique de santé ratée se traduit par de très grosses sommes d'argent pour l'industrie de la santé, tout comme une politique étrangère ratée se traduit par des méga-revenus pour le complexe militaro-industriel.

Plus il y a de guerres, plus il y a d'affaires

La division de la politique étrangère est dirigée par une petite coterie secrète et très soudée, comprenant les hauts responsables de la Maison Blanche, de la CIA, du département d'État, du Pentagone, des commissions des services armés de la Chambre et du Sénat, et des principales entreprises militaires, notamment Boeing, Lockheed Martin, General Dynamics, Northrop Grumman et RTX (Raytheon). Il y a peut-être un millier de personnes clés impliquées dans la définition de la politique. L'intérêt public ne joue qu'un rôle limité.

Les principaux responsables de la politique étrangère gèrent les opérations de 800 bases militaires usaméricaines à l'étranger, des centaines de milliards de dollars de contrats militaires et les opérations de guerre où l'équipement est déployé. Plus il y a de guerres, plus il y a d'affaires. La privatisation de la politique étrangère a été considérablement amplifiée par la privatisation de la guerre elle-même, car de plus en plus de fonctions militaires “essentielles” sont confiées aux fabricants d'armes et à des sous-traitants tels que Haliburton, Booz Allen Hamilton et CACI.

Outre les centaines de milliards de dollars de contrats militaires, les opérations de l'armée et de la CIA ont d'importantes retombées commerciales. Avec des bases militaires dans 80 pays à travers le monde et des opérations de la CIA dans de nombreux autres, les USA jouent un rôle important, bien que le plus souvent secret, dans la détermination des dirigeants de ces pays, et donc dans les politiques qui façonnent les accords lucratifs concernant les minerais, les hydrocarbures, les oléoducs et les terres agricoles et forestières. Les USA ont cherché à renverser au moins 80 gouvernements depuis 1947, généralement sous la houlette de la CIA, par le biais de coups d'État, d'assassinats, d'insurrections, de troubles civils, de manipulations d'élections, de sanctions économiques et de guerres ouvertes. (Pour une superbe étude des opérations de changement de régime menées par les USA entre 1947 et 1989, voir l'ouvrage de Lindsey O'Rourke intitulé Covert Regime Change, 2018).

Outre les intérêts commerciaux, il y a bien sûr des idéologues qui croient vraiment au droit de l'USAmérique à diriger le monde. La famille Kagan, tous des bellicistes enragés, est le cas le plus célèbre, bien que ses intérêts financiers soient également profondément liés à l'industrie de la guerre. La question de l'idéologie est bien celle-là. Les idéologues se sont trompés dans presque tous les cas et auraient depuis longtemps perdu leur chaire d'orateur à Washington s'ils n'avaient pas été utiles en tant que bellicistes. Qu'ils le veuillent ou non, ils servent d'interprètes rémunérés au complexe militaro-industriel.

Il y a un inconvénient persistant à cette escroquerie commerciale permanente. En théorie, la politique étrangère est menée dans l'intérêt du peuple usaméricain, alors que c'est le contraire qui est vrai. (Une contradiction similaire s'applique bien sûr aux soins de santé hors de prix, au renflouement de Wall Street par le gouvernement, aux avantages de l'industrie pétrolière et à d'autres escroqueries). Le peuple usaméricain soutient rarement les machinations de la politique étrangère usaméricaine lorsqu'il lui arrive d’entendre la vérité. Les guerres usaméricaines ne sont pas menées à la demande du peuple, mais par des décisions venues d'en haut. Des mesures spéciales sont nécessaires pour tenir le peuple à l'écart de la prise de décision.

La première de ces mesures est une propagande implacable. George Orwell l'a bien compris dans 1984, lorsque “le Parti” a soudainement changé d'ennemi étranger, passant de l'Eurasie à l'Estasie, sans un mot d'explication. Les USA font essentiellement la même chose. Qui est le plus grand ennemi des USA ? Faites votre choix, selon la saison. Saddam Hussein, les talibans, Hugo Chavez, Bachar el-Assad, ISIS, Al-Qaïda, Kadhafi, Vladimir Poutine, le Hamas, ont tous joué le rôle d'“Hitler” dans la propagande usaméricaine. Le porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby, diffuse cette propagande avec un sourire en coin, indiquant qu'il sait lui aussi que ce qu'il dit est ridicule, bien que légèrement divertissant.

La propagande est amplifiée par les groupes de réflexion de Washington qui vivent des dons des entreprises militaires et parfois des gouvernements étrangers qui font partie des opérations d'escroquerie des USA. Pensez au Conseil de l'Atlantique, au CSIS et, bien sûr, au très populaire Institut pour l'étude de la guerre, qui vous est offert par les principaux entrepreneurs militaires.

La seconde consiste à dissimuler les coûts des opérations de politique étrangère. Dans les années 1960, le gouvernement uaméricain a commis l'erreur de forcer le peuple usaméricain à supporter les coûts du complexe militaro-industriel en enrôlant des jeunes pour combattre au Viêt Nam et en augmentant les impôts pour payer la guerre. L'opinion publique s'y est opposée.

À partir des années 1970, le gouvernement s'est montré beaucoup plus habile. Il a mis fin à l'appel sous les drapeaux et a fait du service militaire un travail à louer plutôt qu'un service public, en s'appuyant sur les dépenses du Pentagone pour recruter des soldats issus des couches économiques inférieures. Il a également abandonné l'idée désuète selon laquelle les dépenses publiques devraient être financées par l'impôt et a, au contraire, réorienté le budget militaire vers les dépenses déficitaires, ce qui le protège de l'opposition populaire qui se déclencherait s'il était financé par l'impôt.

Il a également poussé des États clients tels que l'Ukraine à mener les guerres usaméricaines sur le terrain, afin qu'aucune dépouille usaméricaine ne vienne gâcher la machine de propagande des USA. Il va sans dire que les maîtres de guerre USaméricains tels que Sullivan, Blinken, Nuland, Schumer et McConnell restent à des milliers de kilomètres de la ligne de front. La mort est réservée aux Ukrainiens. Le sénateur Richard Blumenthal (Démocrate-Connecticut) a défendu l'aide militaire usaméricaine à l'Ukraine comme étant de l'argent bien dépensé parce que « sans qu'une seule femme ou un seul homme du service américain n'ait été blessé ou perdu», sans qu'il lui vienne à l'esprit d'épargner les vies des Ukrainiens, qui sont morts par centaines de milliers dans une guerre provoquée par les USA au sujet de l'élargissement de l'OTAN.

Ce système repose sur la subordination totale du Congrès usaméricain aux affaires de guerre, afin d'éviter toute remise en question des budgets démesurés du Pentagone et des guerres lancées par le pouvoir exécutif. La subordination du Congrès fonctionne comme suit. Premièrement, le contrôle de la guerre et de la paix par le Congrès est largement confié aux commissions des services armés de la Chambre et du Sénat, qui définissent en grande partie la politique générale du Congrès (et le budget du Pentagone). Deuxièmement, l'industrie militaire (Boeing, Raytheon et autres) finance les campagnes des membres des commissions des services armés des deux partis. Les industries militaires dépensent également des sommes considérables en lobbying afin d'offrir des salaires lucratifs aux membres du Congrès qui partent à la retraite, à leur personnel et à leur famille, soit directement dans les entreprises militaires, soit dans les cabinets de lobbying de Washington.

Le peuple usaméricain a pour tâche urgente de réformer une politique étrangère tellement défaillante, corrompue et trompeuse qu'elle enterre le gouvernement sous les dettes tout en rapprochant le monde de l'Armageddon nucléaire.

Le piratage de la politique étrangère du Congrès n'est pas seulement le fait du complexe militaro-industriel usaméricain. Le lobby israélien est depuis longtemps passé maître dans l'art d'acheter le Congrès. La complicité des USA avec l'État d'apartheid israélien et les crimes de guerre à Gaza n'a aucun sens pour la sécurité nationale et la diplomatie usaméricaines, sans parler de la décence humaine. Ce sont les fruits des investissements du lobby israélien qui ont atteint 30 millions de dollars en contributions de campagne en 2022, et qui dépasseront largement ce montant en 2024.

Lorsque le Congrès se réunira à nouveau en janvier, Biden, Kirby, Sullivan, Blinken, Nuland, Schumer, McConnell, Blumenthal et leurs semblables nous diront que nous devons absolument financer la guerre perdue, cruelle et trompeuse en Ukraine et le massacre et le nettoyage ethnique en cours à Gaza, de peur que nous, l'Europe et le monde libre, et peut-être le système solaire lui-même, ne succombent à l'ours russe, aux mollahs iraniens et au parti communiste chinois. Les pourvoyeurs de désastres en matière de politique étrangère ne sont pas irrationnels dans leurs discours alarmistes. Ils sont trompeurs et extraordinairement avides, poursuivant des intérêts étroits au détriment de ceux du peuple usaméricain.

Le peuple usaméricain a pour tâche urgente de réformer une politique étrangère qui est tellement brisée, corrompue et trompeuse qu'elle ensevelit le gouvernement sous les dettes tout en rapprochant le monde de l'Armageddon nucléaire. Cette refonte devrait commencer en 2024 par le rejet de tout financement supplémentaire pour la désastreuse guerre d'Ukraine et les crimes de guerre d'Israël à Gaza. Le rétablissement de la paix et la diplomatie, et non les dépenses militaires, sont la voie à suivre pour que la politique étrangère des USA soit conforme à l'intérêt public.