Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
L'écrivain usaméricain Sinclair Lewis est né le 7 février 1885 et mort en 1951. En 1930, il fut le premier USAméricain à recevoir le prix Nobel de littérature. Lewis était bien informé sur la montée du nazisme grâce à sa deuxième femme, Dorothy Thompson. Elle était correspondante de presse à Berlin et avait même interviewé Hitler en personne. Son roman de 1935 It Can't Happen Here sur l'élection d'un président autoritaire était à la fois une réaction à la montée d'Hitler et une aide à la campagne électorale de Franklin D. Roosevelt, dans sa confrontation politique avec le radical Huey Long, un « menteur inculte à la vision du monde idiote » qui s'en prenait agressivement aux minorités et qui est appelé Berzelius « Buzz » Windrip dans le livre. Le roman a connu un grand succès aux USA et a eu un fort impact politique. Édité avec une traduction de Raymond Queneau en 1937 par Gallimard, réédité en 1953, il a été réédité par les Éditions La Différence en 2016 et 2019. À l'occasion du 137e anniversaire de la naissance de l'écrivain, nous nous sommes entretenus sur l'actualité de ce livre avec l'artiste, poète, chercheur en sciences sociales et militant pour la paix allemand Rudolph Bauer .
Pourquoi « It can't happen here » de Sinclair Lewis est-il si actuel aujourd'hui ?
L'actualité du roman de Sinclair Lewis publié en 1935 aux USA, It Can't Happen Here, ressort déjà du titre. La conviction que « ça ne peut aps se passer ici » correspond à la conviction de nombreuses personnes que l'histoire ne se répète pas, que les événements survenus dans un pays ne se produiront pas dans un autre. Le retour d'un système totalitaire d'inspiration fasciste, tel qu'il a régné en Allemagne à partir de 1933 et dans les pays envahis par l'Allemagne à partir de 1939 jusqu'à la capitulation à la fin de la guerre en 1945, est totalement exclu et impensable. Jusqu'à présent, une grande partie de la population ne doute pas que les mesures d'urgence prises en raison du COVID-19 visent uniquement à assurer le bien-être sanitaire des personnes. Une deuxième raison de l'actualité du roman est le personnage fictif de Doremus Jessup, l'éditeur sexagénaire du journal provincial Daily Informer. Jessup incarne cette partie du milieu intellectuel qui se considère comme éclairée et politiquement indépendante. Les journalistes, rédacteurs et commentateurs de nos médias actuels lui ressemblent sur ce point. Ils n'ont pas adopté et n'adoptent pas de position objective ou critique en matière de pandémie et de mesures gouvernementales, mais se font les propagandistes de la politique officielle. Pour citer une troisième référence au présent, la plupart des gens soi-disant de gauche, tels que nous les trouvons dans des partis et des organisations comme Attac ou dans les syndicats, leur ressemblent également. Même là où ces pseudo- et quasi-gauchos sont sceptiques vis-à-vis de la politique gouvernementale, ils ne demandent pas le retour à la démocratie, mais des mesures étatiques plus sévères, une action plus brutale de la police, des interdictions professionnelles, l'obligation de porter un masque et une vaccination obligatoire qui balaie toutes les objections scientifiques et les doutes concernant les expériences de thérapie génique. Ils ne veulent pas admettre qu'il existe des signes fascistes et des parallèles.
Que signifie pour vous le fascisme ? Comment peut-on décrire le paradigme fasciste ? À quoi reconnaît-on le fascisme ?
À ses origines, le fascisme était un mouvement social. Il est né d'une réaction des classes sociales qui voyaient leur avenir menacé par des crises fondamentales de nature économique, sociale et politique. Cette menace concernait la classe ouvrière, la classe moyenne des artisans et des employés ainsi que les fonctionnaires, mais aussi les entrepreneurs. Le mouvement fasciste a d'abord englobé un large éventail d'approches idéologiques, principalement nationalistes, réactionnaires et antidémocratiques, ainsi que des objectifs de politique d'expansion et de puissance. Plus tard, le terme de fascisme a été utilisé dans un sens plus large, de manière à englober l'ensemble des sous-systèmes et institutions politiques, sociaux et économiques issus de ce mouvement. Si l'on compare les manifestations historiques du fascisme avec sa résurgence actuelle, nous trouvons, outre une série de points communs, des différences graduelles. Outre ses racines de crise, la forme de domination du fascisme d'hier et d'aujourd'hui a en commun : premièrement, un système politique totalitaire qui élimine les droits démocratiques fondamentaux et réprime toute opposition ; deuxièmement, une idéologie communautaire agressive qui constitue le fondement de la cohésion sociale et qui s'appuie et se précipite sur des images de l'ennemi, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur ; troisièmement, l'ordre économique du corporatisme. Dans le corporatisme, l'appareil d'État favorise d'une part les intérêts du capital. D'autre part, l'appareil du pouvoir s'appuie sur la promotion, la bienveillance et le patronage de la part du grand capital. Nous pouvons donc distinguer en termes de paradigmes trois éléments du fascisme et désigner les critères suivants, qui constituent une réponse aux crises politiques, sociales et économiques : (a.) le régime politique totalitaire, (b.) l'idéologie communautaire fasciste à proprement parler et (c.) le corporatisme politico-économique.
Dans l'énumération des éléments du fascisme, où peut-on les situer dans le système de santé et dans la médecine ? Peut-on observer aujourd'hui une fonction similaire à celle de l'époque dans la relation entre la médecine et le fascisme ? Je pense par exemple au rôle particulier du virus, de la virologie et de la médecine, mais aussi du système de santé et de l'industrie pharmaceutique.
Les parallèles entre l'époque et aujourd'hui sont frappants. Le système nazi utilisait des catégories biologiques et biopolitiques pour différencier les « Volksgenossen [compagnons ethniques] aryens dignes de vivre » des « Volksschädlinge [nuisibles à l’ethnie] indignes de vivre ». Aujourd'hui encore, ces distinctions résonnent lorsque l'on parle d'un côté de la « solidarité avec les faibles et les malade », et de l'autre du comportement « nuisible à la communauté » des « réfractaires au masque » et aux « vaccins », qui sont traités d’« irresponsables » et d' « égoïstes » et exclus. Sous le fascisme nazi, les médecins servaient d'agents de sélection du point de vue de la politique démographique et de l'eugénisme. Ils classaient les personnes dans des catégories telles que « apte au travail » et « inapte au travail », « apte à la guerre » et « inapte à la guerre », « apte à la procréation » et « inapte à la procréation ». En coopération avec l'Institut Robert-Koch, qui est à nouveau actif aujourd'hui en Allemagne, et avec les laboratoires de l'industrie pharmaceutique, ils étudiaient les dangers des virus et des bactéries ou l'effet des médicaments et des vaccins. Ils ont mené des expériences humaines meurtrières. Comme aujourd'hui, les médecins et leurs organisations professionnelles étaient hautement considérés comme des piliers du régime politique totalitaire. Comme à l'époque, les gouvernants s'appuient sur les résultats et les calculs des virologues, des épidémiologistes et des médecins, tout en supprimant massivement les résultats contraires. Comparable à l'idéologie fasciste de la communauté nationale de l'époque, le régime hygiéniste répressif sert à produire une idéologie du « nous » sur la base de la peur et de la panique générées par les médias et à l'aide de la symbolique des masques et de la distanciation. Enfin, l'interaction entre l'État et l'économie se répète aujourd'hui encore, lorsque des milliards sont dépensés, voire gaspillée, pour rembourser des revenus manquants - par exemple à la compagnie aérienne allemande Lufthansa - et pour soutenir publiquement des programmes de recherche et de développement.