02/12/2022

SHANY LITTMAN
Les musées israéliens ont peur de parler de la Nakba : la famille d’artistes Abu Shakra entre dans l’histoire

Pour la première fois, un musée israélien consacre la quasi-totalité de son espace d’exposition à une exposition d’art palestinien. Les artistes, tous membres de la famille Abu Shakra, veulent parler d’un sujet tabou...

Shany Littman, Haaretz, 2/12/2022 
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

La date est le 31 octobre, la veille des élections israéliennes. Au rond-point situé à l’entrée d’Oum el Fahm , deux femmes tiennent des pancartes invitant les habitants à se rendre aux urnes le lendemain pour voter. Quatre énormes panneaux d’affichage surplombent l’intersection, chacun portant le portrait d’un candidat différent de la liste du parti Balad, et un cinquième panneau d’affichage prédit les quatre sièges de la Knesset que le parti va remporter, assurant ainsi sa place dans la prochaine Knesset. Mais nous savons maintenant comment cela a tourné. (Balad n’a pas dépassé le seuil de voix nécessaire (3,25%) pour entrer au parlement).

Karim Abu Shakra admet qu’il n’a pas l’intention de voter. En fait, depuis 40 ans, il n’a jamais mis les pieds dans un isoloir. La grande et belle galerie où il présente ses peintures aux collectionneurs et aux conservateurs intéressés par son travail est située dans le quartier en haut de la colline, à côté de son studio et de la maison qu’il partage avec sa femme et leurs quatre enfants. De grandes peintures à l’huile sont accrochées aux murs. Certaines sont des autoportraits très expressifs, d’autres des peintures de fleurs et de plantes - des cyclamens dans un pot de fleurs, un oiseau perché sur un chardon, et de nombreux cactus aux formes et aux couleurs variées. Accrochée près de la porte, une photographie encadrée en noir et blanc de son oncle, l’artiste Asim Abu Shakra, décédé d’un cancer en 1990, à l’âge de 28 ans. Karim n’avait que 8 ans à l’époque, mais peu de temps après, il est devenu évident qu’il était destiné à poursuivre le chemin de son oncle talentueux. « C’est mon professeur. Il m’a pris la main et m’a dit : "Continue" », dit Karim.

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