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24/07/2025

LUIS PORTILLO
Le Front Polisario et le cynisme des crétins du PSOE

Luis Portillo Pasqual del Riquelme, El Independiente, 7/6/2025
Traduit par Tafsut Aït Baâmrane

Dire que le Front Polisario (FP) est « une entité privée non reconnue »* est une absurdité absolue, indigne de ceux qui se prétendent à l’avant-garde du « progressisme » national et international. Ceux d’entre nous qui lisent ces stupidités n’en croient pas leurs yeux, tant le niveau de dégradation atteint par le parti PSOE est affligeant : je n’ose même plus dire « Parti socialiste ». Ils ne savent plus quoi dire ou faire pour nier l’évidence, enfonçant toujours davantage leur chute du mauvais côté – le côté obscur – de l’Histoire, aux côtés des forces les plus réactionnaires de la société.


Et ce n’est pas seulement que le PSOE « joue à désinformer », comme le disent les plus indulgents envers cette bande. « C’est bien plus grave que ça », affirment d’autres, « car ce sont des forces organisées qui excluent toute idée de progrès véritablement démocratique – surtout quand il s’agit de Moros ou de musulmans ». « Ces types-là n’ont aucune limite, soumission totale au Sultan ». « C’est répugnant ». « Ils y vont à fond, guerre totale à tous les niveaux »... Voilà les commentaires qui me parviennent, tandis que j’écris moi-même ces lignes comme je peux.

Dire que le Front Polisario est « une entité privée », comme s’il s’agissait d’une pharmacie, d’un concessionnaire automobile ou d’un club de football, ne rehausse en rien le prestige des ‘intellectuels’ (vraiment ?) organiques ni celui des commissaires politiques du parti autrefois socialiste, devenu repaire de filous, d’opportunistes et de sans-vergogne.

Après 50 ans de lutte héroïque et de résistance du peuple sahraoui, voilà que ces petits malins de troisième zone osent sortir de telles énormités.

Le Front Polisario a été créé en 1973. Et même à cette époque lointaine, il n’était en rien « une entité privée non reconnue ». Il a bel et bien été connu et reconnu ! Même le gouvernement de l’UCD, celui d’Adolfo Suárez, a négocié avec le FP les conditions de retrait des militaires espagnols ! À propos, l’armée espagnole était-elle aussi une « entité privée » ? Voilà le genre de stupidités auquel mène la ‘logique’ du PSOE.

Oui, l’Espagne était alors la puissance coloniale, la « mère patrie », la métropole, une « entité publique reconnue » qui a signé son arrêt de mort en tant que telle lors des honteux et sanglants événements de Zemla, avec le massacre de Sahraouis, la « disparition » et l’assassinat du dirigeant sahraoui Bassiri… pour lesquels, encore aujourd’hui, l’« entité publique reconnue » (aux glorieuses « valeurs patriotiques ») qu’est l’Espagne n’a fourni aucune explication, ni déclassifié les documents secrets (bel exemple d’« État transparent et de droit »), malgré son appartenance à l’ONU, à l’OTAN, à l’UE, au FMI et à toute cette panoplie de sigles d’« entités reconnues » censées conférer à ce pays passeport, prestige et « garanties de sérieux ».

Le FP, messieurs du PSOE, a été RECONNU par les Nations Unies comme représentant légitime du peuple sahraoui et maintient depuis un Représentant permanent à l’ONU à New York : notre regretté Ahmed Bujari jusqu’à son décès il y a quelques années, puis son successeur Sidi Omar depuis avril 2018. La représentation légale et reconnue du peuple sahraoui n’est pas, messieurs du PSOE, « une entité privée non reconnue », comme pourrait l’être une épicerie ou un club de football.

Le Front Polisario, en tant qu’avant-garde du peuple sahraoui, a livré trop de batailles, douloureuses et acharnées, sur les plans politique, diplomatique et militaire, pour qu’on vienne aujourd’hui le qualifier de « simple entité privée », à l’image de ce que ses ennemis du camp alaouite du PSOE, à coups de propagande et de désinformation, s’emploient à faire : tenter de le faire passer pour une « organisation terroriste » (reconnue ? privée ?).

Bien au contraire, le FP est l’avant-garde organisée du peuple sahraoui héroïque, expulsé de sa terre – à l’instar des Palestiniens –, abandonné par le gouvernement espagnol (tant franquiste que « socialiste »), livré à ses ennemis, et bombardé par ceux-là mêmes – ceux des « accolades fraternelles » et des propositions d’autonomie – à coups de napalm et de phosphore blanc, tous deux interdits – tout comme l’invasion et l’occupation – par le droit international, ce droit si scrupuleusement respecté par les Trump, Netanyahou et autres acolytes.

Le peuple sahraoui (une « entité privée non reconnue » ?) a proclamé, avec le FP à sa tête, son indépendance, sa Constitution et son propre État : la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD), reconnue comme État par au moins 84 pays. Même si, par la suite, les manœuvres financières, pressions et chantages du Maroc ont entrepris le sale – que dis-je, le répugnant – travail de tenter d’effacer la RASD, le peuple sahraoui et les principes du droit international fondé sur des règles.

L’ONU a reconnu le Front Polisario. L’Union africaine (comptant 55 États) a reconnu la RASD. Le FP dispose d’ambassades dans de nombreux pays, même sans disposer du chéquier du Maroc, grossi par les largesses de l’Espagne, de l’UE et des pétromonarchies du Golfe – celles-là mêmes qui financent des Murs de la honte, tuent et font disparaître les Khashoggi en toute impunité, et abritent des monarques en fuite.

Durant plusieurs années, par une série de jugements successifs, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a donné raison au Front Polisario en tant que représentant légitime du peuple sahraoui – tout comme l’avaient déjà fait l’ONU et la CIJ en 1975 – et lui a reconnu sa capacité juridique. Le FP a gagné face au Maroc, à l’Espagne, à la Commission et au Conseil de l’UE. Face à tous.

Et voilà que les illuminés du PSOE débarquent en déclarant que le Front Polisario est « une entité privée ». Il ne manquait plus qu’ils ajoutent « à but non lucratif ». Comme un club de foot de troisième division, en somme. Ce qui montre bien que, dans ce parti, les diplômes sont superflus et que le cap est perdu. Ou quelque chose de bien pire, si tant est qu’ils en aient jamais eu : la conscience et l’éthique.

*Dans le débat parlementaire sur la proposition de loi du groupe Sumar d'accorder la nationalité espagnole aux personnes nées au Sahara "espagnol" avant le 26/2/1976, le PSOE a rejeté la clause incluant des documents administratifs espagnols validés par le POLISARIO, qualifié d'"entité privée non reconnue" (...par le Maroc).[NdlT]



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