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14/10/2025

Après Charm el-Cheikh : la coalition de Netanyahou survivra-t-elle ?

English  عربية

 Ameer Makhoul , Progress Center for Policies , 14/10/2025

Traduit par Tlaxcala

 

Introduction

Dans un ton marqué par ce qu’on pourrait qualifier d’« humour trumpien », parfois proche du chaos, le président usaméricain Donald Trump a adressé plusieurs messages à la Knesset israélienne — des messages révélant un double discours destiné à la fois à l’élite politique israélienne et au grand public.

Cet article examine le contenu de ces messages adressés à la scène politique israélienne et leurs possibles implications pour l’avenir de la coalition au pouvoir dirigée par Benjamin Netanyahou.


I. Les messages de Trump à la classe politique israélienne

De manière directe et spontanée — bien que non totalement improvisée —, Trump a appelé le président israélien Isaac Herzog à utiliser son autorité constitutionnelle pour accorder à Netanyahou une grâce présidentielle, mettant fin à ses procès et les effaçant définitivement.

Il s’est également adressé à Netanyahou lui-même sur un ton « paternel », l’exhortant à faire preuve de « bienveillance » envers le chef de l’opposition, Yaïr Lapid, qui s’était exprimé au nom de l’opposition.

Par ces deux remarques, Trump a placé à la fois Netanyahou et Lapid en position de débiteurs politiques à son égard, se présentant comme leur sauveur et renforçant leur dépendance politique vis-à-vis de son leadership.

La nouvelle approche usaméricaine, sous la bannière de « America First », semble peu disposée à poursuivre le modèle traditionnel où le lobby pro-israélien joue le rôle d’intermédiaire décisif dans l’élaboration de la politique usaméricaine.

Elle redéfinit la relation de sorte que les USA deviennent le principal gardien des intérêts d’Israël, selon une vision strictement usaméricaine, et non l’inverse.


II. Lire l’arrière-plan de la position usaméricaine

Ces deux déclarations traduisent une volonté de favoriser un compromis interne israélien inspiré par l’esprit d’« unité nationale ».

Trump a utilisé son discours à la Knesset pour transmettre des messages liés à la stabilisation de la phase politique post-guerre.

Son administration considère que la coalition actuelle pourrait faire obstacle à cette nouvelle étape, tout en estimant que Netanyahou est la seule figure capable de conduire Israël de la rhétorique de la « guerre perpétuelle » à celle de la paix régionale et de la prospérité partagée entre Israéliens et Palestiniens.

III. Israël entre isolement et soumission à la domination usaméricaine

Trump a souligné que les victoires militaires d’Israël n’avaient été possibles que grâce au soutien usaméricain, promettant que son administration œuvrerait à mettre fin à l’isolement international d’Israël.

Dans le même temps, il a insisté sur le fait que ces réussites devaient lui être personnellement attribuées, concentrant son message sur Netanyahou plutôt que sur le gouvernement dans son ensemble.

Mais Trump a vite découvert que mettre fin à l’isolement régional et international d’Israël s’avérait bien plus complexe qu’il ne l’avait anticipé.

Cela s’est reflété dans la controverse entourant l’absence de Netanyahou au sommet de Charm el-Cheikh (13 octobre 2025), sur lequel les décisions de la Cour pénale internationale (CPI) planaient lourdement — créant un risque juridique pour plusieurs dirigeants européens s’ils défiaient les mandats d’arrêt visant Netanyahou.

Ce dernier a invoqué la « sainteté de la fête de Souccot » comme prétexte pour ne pas y assister, évitant ainsi une humiliation qui aurait révélé l’ampleur de son isolement politique et diplomatique, tant régional qu’international — bien si le principe juridique juif du pikuach nefesh (« sauver des vies ») aurait permis sa participation.

IV. La stratégie régionale de Trump

Trump se montre peu intéressé par les détails juridiques ou constitutionnels internes à Israël, préférant se concentrer sur l’objectif usaméricain plus large : consolider l’hégémonie yankee et s’assurer que les solutions conçues à Washington dominent les dynamiques régionales.

Sous sa direction, Washington paraît se rapprocher d’un axe émergent Turquie–Qatar–Syrie–Indonésie, tout en maintenant une coordination avec le bloc arabe traditionnel — Égypte, Arabie saoudite et Jordanie — qui soutient toujours la création d’un État palestinien.

L’administration usaméricaine actuelle considère cet objectif comme une composante des arrangements régionaux à long terme, même s’il ne figure pas parmi les priorités immédiates de Trump.

Cela signifie que le plan de fin de la guerre de Gaza, adopté à Charm el-Cheikh et officiellement approuvé par Netanyahou, représente désormais un consensus partagé — bien que l’horizon politique d’une paix durable demeure incertain.

V. La dimension religieuse et politique du discours de Trump

Dans son discours à la Knesset comme lors du sommet de Charm el-Cheikh, Trump a évoqué « trois mille ans de conflit », évitant délibérément toute référence à l’histoire moderne, au droit international ou à 1948.

Il a préféré encadrer son message autour du lien religieux entre les trois religions abrahamiques.

Cette rhétorique réactive la vision « abrahamique » de Trump, qu’il présente comme un cadre pour résoudre les différends historiques — sans aborder la nature politique contemporaine du conflit israélo-palestinien.

Ainsi, même si la cessation de la guerre de Gaza semble avoir été convenue par tous les participants du sommet et officiellement approuvée par Netanyahou, la voie politique vers une paix permanente reste incertaine :

— Sera-t-elle fondée sur les Accords d’Abraham, rejetés par la plupart des pays arabes ?

— Ou sur la création d’un État palestinien, que le leadership israélien actuel rejette et n’a nullement préparée ?

Dans les deux cas, un résultat décisif semble repoussé à l’après-Trump, à mesure que le processus avance lentement vers une solution politique et, éventuellement, la reconnaissance d’un État.

VI. Les options de Netanyahou

Netanyahou est désormais confronté à trois scénarios principaux :

  1. Organiser des élections anticipées, pour rechercher un nouveau mandat, s’appuyant sur sa popularité croissante, le soutien total de Trump et la rhétorique de la « victoire ».
  2. Gouverner jusqu’à la fin de son mandat actuel (novembre 2026), faute d’un défi sérieux au sein de la coalition ou de l’opposition.
  3. Former un gouvernement d’union nationale, option que Trump encourage ouvertement pour faciliter la mise en œuvre de son plan régional.

Si ce troisième scénario se concrétise, la durée du gouvernement pourrait être prolongée sous prétexte d’une « situation d’urgence » liée à l’application du plan usaméricain — permettant d’ignorer certaines exceptions juridiques et constitutionnelles, ce dont Trump se soucie peu.

Conclusion

Trump a renforcé la position de Netanyahou en Israël, consolidant son image de « leader incontesté » capable de faire face aux grands défis, et ouvrant la voie à l’idée d’un gouvernement d’unité nationale conforme aux préférences usaméricaines.

La fin de la guerre est désormais une décision usaméricaine, laissant peu de marge à une réinterprétation israélienne.

Les opérations militaires limitées d’Israël à Gaza semblent surtout destinées à tester la réaction de Washington, tandis que l’entrée de forces arabo-palestiniennes dans la bande pourrait restreindre la liberté d’action israélienne et compliquer ses options militaires.

L’issue pratique est la mise en œuvre progressive des phases avancées du plan usaméricain.

La mainmise de Netanyahou sur le pouvoir s’est resserrée après la visite de Trump — mais aussi sa dépendance à l’égard de la stratégie usaméricaine.

Cela s’aligne sur l’objectif de Washington : restructurer la politique interne et les équilibres partisans d’Israël.

L’isolement international d’Israël reste profond, et le sommet de Charm el-Cheikh y a ajouté une dimension juridique avec les mandats d’arrêt de la CPI contre Netanyahou — poussant peut-être Trump à user de pression ou de manipulation politique pour en neutraliser les effets.


Ce monument de style pharaonique postmoderne est pratiquement tout ce qui reste d’une précédente rencontre à Charm el-Cheikh, pompeusement baptisée « Conférence des faiseurs de paix », en mars 1996, réunissant les dirigeants de 29 pays autour de Clinton, Moubarak et Shimon Pérès

 

Después de ,Sharm el-Sheij: ¿Sobrevivirá la coalición de Netanyahu?

English  عربية

Ameer Makhoul, Progress Center for Policies , 14-10-2025
Traducido por Tlaxcala

 Introducción

Con un tono marcado por lo que podría describirse como “humor trumpiano”, a veces rozando el caos, el presidente Donald Trump dirigió mensajes a la Knéset israelí — mensajes que revelaron un doble discurso, dirigido tanto a la élite política israelí como al público general.

Este artículo analiza el contenido de dichos mensajes y sus posibles implicaciones para el futuro de la coalición gobernante encabezada por Benjamín Netanyahu.

 

I. Los mensajes de Trump a la clase política israelí

De manera directa y espontánea —aunque no completamente improvisada—, Trump pidió al presidente israelí Isaac Herzog que utilizara su autoridad constitucional para otorgar a Netanyahu un indulto presidencial, poniendo fin a sus juicios y eliminándolos de manera definitiva.

También se dirigió al propio Netanyahu en un tono “paternal”, instándolo a ser “amable” con el líder de la oposición, Yair Lapid, quien había hablado en nombre del bloque opositor.

Con estas dos observaciones, Trump colocó tanto a Netanyahu como a Lapid en una posición de deuda política hacia él, presentándose como su salvador y reforzando su dependencia de su liderazgo.

El nuevo enfoque usamericano, bajo el lema de “America First”, parece poco dispuesto a continuar el modelo tradicional en el que el lobby proisraelí actúa como intermediario decisivo en la formulación de la política de EE. UU.

En cambio, redefine la relación para que Estados Unidos sea el principal guardián de los intereses de Israel, según una visión estrictamente usamericana, y no al revés.

II. Interpretación del trasfondo de la posición usamericana

Estas dos declaraciones revelan un impulso hacia un compromiso interno israelí inspirado en el espíritu de “unidad nacional”.

Trump aprovechó su discurso ante la Knéset para enviar mensajes relacionados con la estabilización de la fase política posterior a la guerra.

Su administración considera que la coalición gobernante actual podría obstaculizar esta etapa, pero también que Netanyahu es el único capaz de guiar a Israel del discurso de la “guerra perpetua” hacia una paz regional y una prosperidad compartida entre israelíes y palestinos.

III. Israel entre el aislamiento y la sumisión al dominio usamericano

Trump subrayó que las victorias militares de Israel fueron posibles gracias al apoyo usamericano y prometió que su administración trabajaría para poner fin al aislamiento internacional de Israel.

Al mismo tiempo, enfatizó que esos logros debían atribuirse personalmente a él, centrando su mensaje en Netanyahu más que en el gobierno en su conjunto.

Sin embargo, Trump descubrió rápidamente que poner fin al aislamiento regional e internacional de Israel era mucho más complicado de lo previsto.

Esto se reflejó en la controversia por la ausencia de Netanyahu en la Cumbre de ,Sharm el-Sheij (13 de octubre de 2025), donde las decisiones de la Corte Penal Internacional (CPI) pesaban fuertemente, creando riesgos legales para varios líderes europeos si desafiaban las órdenes de arresto contra Netanyahu.

Netanyahu optó por invocar la “santidad de la festividad de Sucot” como pretexto para no asistir, evitando así una humillación que habría revelado la magnitud de su aislamiento político y diplomático, tanto regional como internacional — aunque el principio judío de pikuaj nefesh (“salvar vidas”) habría permitido su participación.

IV. La estrategia regional de Trump

Trump muestra poco interés por los detalles legales o constitucionales internos de Israel, concentrándose en el objetivo usamericano más amplio: consolidar la hegemonía de EE. UU. y garantizar que las soluciones diseñadas en Washington dominen los resultados regionales.

Bajo su liderazgo, Washington parece acercarse a un eje emergente Turquía–Catar–Siria–Indonesia, manteniendo al mismo tiempo la coordinación con el bloque árabe tradicional —Egipto, Arabia Saudita y Jordania— que sigue apoyando la creación de un Estado palestino.

La actual administración usamericana considera este objetivo parte de los arreglos a largo plazo de la región, aunque no sea una prioridad inmediata de Trump.

Esto significa que el plan para poner fin a la guerra de Gaza, acordado en la cumbre de ,Sharm el-Sheij y oficialmente adoptado por Netanyahu, se ha convertido en un entendimiento compartido —aunque el horizonte político de una paz duradera siga sin resolverse.

V. La dimensión religiosa y política del discurso de Trump

En su discurso ante la Knéset y en la cumbre de ,Sharm el-Sheij, Trump invocó “tres mil años de conflicto”, evitando deliberadamente toda referencia a la historia moderna, al derecho internacional o al año 1948.

En su lugar, enmarcó su mensaje en el vínculo religioso entre las tres religiones abrahámicas.

Esta retórica revive la visión “abrahámica” de Trump, que presenta como un marco para resolver disputas históricas sin abordar la esencia política contemporánea del conflicto israelí-palestino.

Así, aunque el cese de la guerra de Gaza parece haber sido acordado por todos los participantes y aprobado oficialmente por Netanyahu, el camino político hacia una paz permanente sigue siendo incierto:

— ¿Se basará en los Acuerdos de Abraham, rechazados por la mayoría de los países árabes?

— ¿O en la creación de un Estado palestino, que el liderazgo israelí actual se niega a aceptar y no ha preparado?

En cualquier caso, un desenlace decisivo parece posponerse hasta después del mandato de Trump, mientras el proceso avanza gradualmente hacia una solución política y, finalmente, la estatalidad palestina.

VI. Las opciones de Netanyahu

Netanyahu se enfrenta ahora a tres escenarios principales:

  • Convocar elecciones anticipadas, buscando un nuevo mandato basado en su creciente popularidad, el apoyo total de Trump y la narrativa de la “victoria”.
  • Gobernar hasta el final de su mandato actual (noviembre de 2026), ante la ausencia de un desafío serio dentro de la coalición o la oposición.
  • Formar un gobierno de unidad nacional, opción que Trump alienta abiertamente para facilitar la implementación de su plan regional.

Si este tercer escenario se materializa, el mandato del gobierno podría ampliarse bajo el pretexto de una “situación de emergencia” vinculada a la ejecución del plan usamericano — permitiendo pasar por alto las excepciones legales y constitucionales, algo que a Trump le preocupa poco.

Conclusión

Trump ha fortalecido la posición de Netanyahu dentro de Israel, consolidando su imagen como “líder indiscutible” capaz de afrontar grandes desafíos y allanando el camino para la idea de un gobierno de unidad nacional alineado con las preferencias usamericanas.

El fin de la guerra es ahora una decisión usamericana, dejando poco margen a una reinterpretación israelí.

Las operaciones militares limitadas en Gaza parecen destinadas a probar la reacción de Washington, mientras que la entrada de fuerzas árabo-palestinas en la Franja podría restringir la libertad de acción de Israel y complicar sus opciones militares.

El resultado práctico es la implementación gradual de las etapas avanzadas del plan usamericano.

El control de Netanyahu sobre el poder se ha endurecido tras la visita de Trump, pero también su dependencia de la estrategia y planificación regional de EE. UU.

Esto coincide con el objetivo de Washington de reestructurar la política interna y los equilibrios partidarios de Israel.

El aislamiento internacional de Israel sigue siendo profundo, y la cumbre de ,Sharm el-Sheij añadió una dimensión jurídica con las órdenes de arresto de la CPI contra Netanyahu — lo que podría llevar a Trump a ejercer presión o manipulación política para socavar dichos procesos judiciales.

 Este monumento en estilo faraónico posmoderno es prácticamente todo lo que queda de una reunión anterior en Sharm el-Sheij, pomposamente llamada la “Conferencia de los Pacificadores”, en marzo de 1996, que reunió a líderes de 29 países, alrededor de Clinton, Mubarak y Shimon Peres.

Le Prix Nobel de la paix : un hénaurme foutage de gueule

Reinaldo SpitalettaSombrero de Mago, El Espectador, 14/10/2025

Traduit par Tlaxcala

Il existe un dicton tenace parmi les petits empereurs yankees à propos de leurs fameuses croisades, souvent plus sanglantes que celles du christianisme médiéval. Ils proclament, la bouche pleine, que leur présence, parfois avec des marines, des bombardiers, et pourquoi pas, des bombes atomiques, fait partie non seulement de la civilisation, mais aussi de la démocratie et de la liberté. De telles déclarations sont risibles lorsqu’elles sortent, par exemple, de la bouche de personnages comme Kissinger, Bush, Obama ou Trump, qui, après avoir ravagé des territoires, peuvent, pourquoi pas, recevoir le prix Nobel de la paix.


Une paix menaçante, par Waldo Matus 

Peut-être - la mémoire est fragile - que peu de personnes se souviennent de l’opération “Choc et effroi” en 2003. Ils ont dévasté l’Irak, riche en pétrole, puis ont monté un juteux business transnational de reconstruction. Ils ont anéanti des bibliothèques millénaires, tué des civils à la pelle, saturé de terreur et de mort ces terres de littérature fascinante et de tapis volants. Le petit conte yankee des marines en mission de démocratie pourrait encore prêter à rire (même la statue de la Liberté s’en tape les cuisses), s’il ne s’agissait pas de toute la mort et de la barbarie qu’ils sèment dans les territoires qu’ils envahissent.

Mais ils peuvent tout se permettre. Ils sont les maîtres et seigneurs. Et au Moyen-Orient, ils disposent d’avant-postes comme Israël. Il se trouve que plus les actions des bourreaux yankees sont sanglantes et destructrices, plus ils semblent proches d’être récompensés par des prix universels. Une autre manière de se moquer du monde. Une autre façon d’affirmer qu’ils peuvent faire, ici et là, tout ce qu’ils veulent. Personne ne les arrête ni ne les punit. Certains de ces pirates et génocidaires reçoivent même des distinctions.

Ces jours-ci, avec la remise du prix Nobel de la paix à Madame Machado, alors que les favoris semblaient être précisément deux génocidaires (Trump et Netanyahou), des souvenirs d’autres lauréats ont refait surface, des figures qui, par leurs actions, ont discrédité cette distinction. Il suffit de se rappeler un bandit comme Henry Kissinger, auteur, coauteur et complice de massacres, de coups d’État et de conspirations sanglantes en Amérique latine, en Asie et en Afrique. Tout un résumé des formes les plus ignobles de tuer des gens, de renverser des présidents, de créer des enfers où ont brûlé des millions de civils.

En 1973, alors qu’il lui restait encore des années de tueries et d’ingérences dans les affaires intérieures de multiples pays, on lui a décerné le prix Nobel de la paix. On disait alors que c’était plutôt une couronne pour la guerre, pour les attentats permanents contre la démocratie et l’autodétermination des nations. On remettait la distinction à celui qui, des années plus tard, serait qualifié par l’un de ses compatriotes, Gore Vidal, de « plus grand criminel de la planète ».

Depuis longtemps déjà, le prix Nobel de la paix est en déclin. Les naïfs du monde espéraient qu’en 2025, par un sursaut de lucidité, le comité le décernerait à quelque médecin palestinien, par exemple à Hussam Abu Safiya, enlevé par des soldats israéliens, utilisé comme « bouclier humain », torturé et enfermé dans une geôle israélienne. Non, bien sûr que non. Ce serait rêver d’un monde où les puissances dominantes ne se rangeraient pas du côté du génocide, de l’invasion, de l’anéantissement de peuples entiers, et du mépris des principes d’autodétermination et de non-ingérence dans les affaires intérieures des nations.

Décerner le prix à Madame Machado, celle-là même qui a appelé des « forces internationales » à envahir son pays, celle qui a regardé avec des yeux pleins d’admiration les manœuvres de flibustier de Trump (auquel, en vérité, peu importe qu’il y ait ou non de la démocratie au Venezuela, mais bien les richesses de ce pays), relève d’une diabolique mise en scène destinée à camoufler l’horreur d’un génocide : celui que commettent les USA et Israël dans la bande de Gaza.

Cette distinction qu’accorde Oslo s’est dévalorisée. Depuis longtemps, elle décline. Parfois, elle semble n’être qu’une moquerie envers ceux qui ont consacré leur vie et leurs principes à la défense des droits humains, de la liberté et de la coexistence pacifique.

D’un autre côté, c’est au peuple vénézuélien qu’il revient de lutter pour construire la démocratie dans son propre pays, sans intervention étrangère, sans ingérences. Mais, comme on le sait, il existe une ambition féroce de l’empire pour s’emparer des richesses stratégiques du Venezuela, et il faut y parvenir, coûte que coûte, même sous le camouflage de petits prix et de tapes amicales dans le dos de ses laquais.

Tout porte à croire que le prix Nobel de la paix, devenu une bagatelle pour des massacres, une vulgaire manipulation d’intérêts politiciens et un instrument des superpuissances, est désormais sur la corde raide. C’est comme un mauvais spectacle de cirque, avec des clowns sans humour.

La paix, comme le rappelait Kant, n’est pas un état naturel, mais un objectif à construire par la raison et le droit international, deux éléments que, curieusement, la guerre - comme c’est bizarre, comme c’est étrange - a réussi à détruire.

 Le Comité Nobel norvégien, 2025. De gauche à droite : Anne Enger, Kristian Berg Harpviken (secrétaire), Gry Larsen, Kristin Clemet, Asle Toje (vice-président) et Jørgen Watne Frydnes (président)
Six luthériens propres sur eux
 Photo Geir Anders Rybakken Ørslien

Los cachondeos del Nobel de la Paz

Reinaldo SpitalettaSombrero de Mago, El Espectador, 14-10-2025

Hay un dicho pertinaz de los emperadorcitos gringos acerca de sus famosas cruzadas, más sangrientas que las del cristianismo medieval. Proclaman, a boca llena, que su presencia, a veces con marines, con bombarderos, también, por qué no, con bombas atómicas, es parte no solo de la civilización, sino de la democracia y la libertad. Risibles tales apreciaciones cuando las pronuncian, por ejemplo, bellezas como Kissinger, Bush, Obama, Trump, que, por lo demás, tras arrasar territorios, pueden ganarse, por qué no, el Nobel de la Paz.



Paz acechante
, por
Waldo Matus 

Podría ser —la memoria es frágil— que pocos recuerden la operación Conmoción y Pavor, en 2003. Arrasaron Irak, rico en petróleo, y montaron después pingüe negocio transnacional de reconstrucción. Acabaron con bibliotecas milenarias, mataron civiles a granel, congestionaron de terror y muerte esas tierras de literaturas fascinantes y de alfombras voladoras. El cuentico yanqui de ir con sus marines como heraldos de democracia podría seguir siendo hilarante (hasta la estatua de la Libertad se carcajea), si no fuera por toda la muerte y barbarie que siembran en los territorios invadidos.

Pero todo lo pueden. Son amos y señores. Y en Medio Oriente tienen avanzadas como Israel. Sucede que cuando más sangrientas y destructivas son las acciones de los verdugos estadounidenses, más cerca están de ser galardonados con premios universales. Como otra modalidad de burlarse del mundo. Como otra cara de decir que pueden hacer, aquí y allá, lo que les venga en gana. No hay quien los detenga ni castigue. Por ahí hasta les dan a varios de esos piratas y genocidas una distinción.

Por estos días, con la concesión del Nobel de Paz a doña Corina, cuando los que más sonaban eran precisamente dos genocidas (Trump y Netanyahu), se removieron historias de premiados que fueron desprestigiando dicha presea. Era sino tener la memoria de un bandido como Kissinger, autor, coautor, cómplice de matanzas, golpes de Estado, sangrientas conspiraciones en América Latina, Asia y África. Todo un trasunto de las más envilecidas maneras de matar gente, deponer presidentes, crear infiernos en los que ardieron millones de civiles. En 1973 (cuando aún le quedaban años de matazones e intrusiones en los asuntos internos de múltiples países), le concedieron el Nobel de la Paz. Desde luego, se dijo entonces que era más un laurel para la guerra, para los atentados permanentes contra la democracia y la autodeterminación de las naciones. Se le concedía la distinción a quien, años después, sería calificado por uno de sus compatriotas, por Gore Vidal, como “el más grande criminal del planeta”.

Así que, desde hace tiempos, el Nobel de la Paz ha venido en decadencia. Se esperaba, de parte de los ilusos del mundo, que este año podrían dárselo, en una actitud incluso en contravía de la tendencia, a algún médico palestino, por ejemplo, a Hussam Abu Safiya, secuestrado por soldados israelíes, utilizado como “escudo humano”, torturado y puesto en encierro en una mazmorra de Israel. No, qué va. Eso es como pensar con el deseo en un mundo en el que los poderes predominantes están del lado del genocidio, la invasión, el arrasamiento de pueblos y del irrespeto a los principios de autodeterminación de los pueblos y no injerencia en sus asuntos internos.

Otorgárselo a la señora Machado, la misma que ha llamado a “fuerzas internacionales” a invadir su país, mejor dicho, que ha visto con ojitos de “pispura” las maniobras de filibustero de Trump (al que, en rigor, no le interesa si en Venezuela hay o no hay democracia, sino las riquezas de este país), ha sido toda una diabólica puesta en escena para camuflar el horror de un genocidio. Sí, el perpetrado por Estados Unidos e Israel en la Franja de Gaza.

Esa presea que concede Oslo se ha venido a menos. Desde tiempos viejos está en declive. En ocasiones, parece más una burla a los que han invertido su vida y principios en la defensa de los derechos humanos, de la libertad y la coexistencia pacífica. De otro lado, es al pueblo venezolano al que le corresponde luchar por la construcción de la democracia en su país, sin la intervención extranjera. Sin intromisiones. Pero, como se sabe, hay una ambición feroz del imperio sobre las riquezas estratégicas de Venezuela, y hay que ir por ellas, como sea, incluso con el camuflaje de premiecitos y palmaditas en la espalda a sus lacayos.

Todo indica que el Nobel de la Paz, convertido al parecer en una fruslería, en una manipulación vulgar de intereses politiqueros, y también, de otro lado, de manoseos de las superpotencias, está en la cuerda floja. Es como un espectáculo de circo malo, con payasos sin humor. La paz, como lo recordaba Kant, no es un estado natural, sino un objetivo que se construye con la razón y el derecho internacional, dos elementos que, cosa curiosa, la guerra ha destruido.


El Comité Noruego del Nobel, 2025. De izquierda a derecha: Anne Enger, Kristian Berg Harpviken (secretaria), Gry Larsen, Kristin Clemet, Asle Toje (vicepresidente) y Jørgen Watne Frydnes (presidente). 
Seis luteranos como se pide
 Foto Geir Anders Rybakken Ørslien

Cuando los generales se convierten en banqueros
¿ ¿La puerta giratoria entre defensa y finanzas en el complejo militar-industrial británico ha terminado su giro?

Iain Overton, AOAV, 6/10/2025
Traducido por Tlaxcala

El anuncio de que el general Sir Patrick Sanders, exjefe del Ejército británico, dirigirá la división de préstamos de defensa del banco Santander UK, puede parecer, a primera vista, un paso lógico para un hombre profundamente familiarizado con los asuntos de seguridad nacional.

Al fin y al cabo, ¿quién mejor para asesorar a un banco sobre los riesgos y oportunidades de la inversión en defensa que alguien que ha comandado tropas, presidido comités estratégicos y trabajado estrechamente con socios industriales al más alto nivel?

"Uneasy Rider": El general Sir Patrick Sanders, de 59 años, sirvió 38 años en el ejército británico, comandando operaciones en países como Irlanda del Norte, Kosovo, Bosnia, Irak y Afganistán


¿Cuándo la trayectoria profesional de los exgenerales británicos hacia los consejos de administración deja de ser una transferencia de experiencia y se convierte en un conflicto de intereses institucionalizado?
Esto sucede en medio de lo que el banco denomina una “nueva era de inversión en defensa”, mientras los Estados miembros de la OTAN aumentan su gasto militar y las restricciones ESG (ambientales, sociales y de gobernanza) sobre la financiación del armamento se relajan silenciosamente.
Es un momento de auge para el complejo militar-industrial, hasta el punto de que los generales se convierten en banqueros.
Solo falta el primer general inversor en criptomonedas.
Durante su mandato, Sanders supervisó estrategias de adquisición y asociaciones industriales por valor de miles de millones.
Las fronteras entre su servicio público anterior y sus nuevos intereses privados son, como mínimo, borrosas.
¿Su conocimiento interno de las prioridades del Ministerio de Defensa otorgará ahora a Santander una posición privilegiada en el creciente mercado de crédito de defensa?
Nuestras investigaciones muestran que el 86 % de los altos cargos de defensa británicos pasan al sector privado dentro de los dos años siguientes el fin de su cargo.
Algunos se incorporan a fabricantes, otros a consultorías y, cada vez más, a instituciones financieras ansiosas por financiar la industria de la guerra.
Cuando quienes diseñaban la política de defensa ahora se benefician de su expansión, la confianza pública se erosiona inevitablemente. El caso de Sanders sugiere una puerta giratoria tan amplia que se ha convertido en un pasillo, a través del cual la influencia fluye en ambos sentidos: los bancos obtienen prestigio y acceso; los generales, sueldos y posición; y la línea que separa la seguridad nacional del beneficio empresarial se difumina.


El general Sir Nick Carter, predecesor de Sanders como jefe del Estado Mayor, ahora asesora a empresas armamentísticas israelíes a través de Exigent Capital, una firma financiera con sede en Jerusalén.


Ben Wallace, exsecretario de Defensa de los gobiernos conservadores de Boris Johnson, Liz Truss y Rishi Shunak, es ahora consultor en el sector de seguridad saudí [se incorporó a la empresa de relaciones públicas CTRD. Antes de dedicarse a la política, fue capitán del regimiento de élite de la Guardia Escocesa, NdT].

Tales transiciones se han vuelto rutinarias, casi inadvertidas.
Pero también puede ocurrir lo contrario: cuando las instituciones financieras se apoyan en exlíderes militares para guiar sus carteras de defensa, corren el riesgo de importar un sesgo; una visión del mundo que considera que la expansión militar es inevitable y beneficiosa.
Eso puede ser rentable para los accionistas, pero es poco saludable para la supervisión democrática.
Pero el historial de ACOBA no inspira confianza: no tiene poderes coercitivos, sus directrices son a menudo ignoradas y sus deliberaciones son opacas.


En la práctica, el sistema británico confía en el honor personal y la apatía pública para controlar los conflictos de interés en los niveles más altos del poder.
Ninguno de los dos ha demostrado ser fiable.
El establecimiento de defensa, la industria armamentística y ahora las instituciones financieras están cada vez más entrelazados en una red de conveniencia mutua.
Como declaró un banquero: Pero, ¿seguridad para quién?
Para muchos civiles en Gaza, Yemen o Ucrania, la industria armamentística financiada por Gran Bretaña ha significado destrucción, no protección.
Pero revela cómo las fronteras entre servicio público y beneficio privado se están diluyendo a plena vista.
Cuando el liderazgo militar se convierte en un trampolín hacia la influencia empresarial, la autoridad moral de las fuerzas armadas, ya en entredicho, corre el riesgo de verse aún más erosionada.
Ampliar los poderes de ACOBA y exigir una transparencia total de quienes obtienen beneficios de sus antiguos cargos públicos.
¿debemos presentarlos como exgenerales… o como lobbistas financieros?

Sin embargo, detrás de este nombramiento se esconde una pregunta que muchos en la clase política británica se resisten a abordar:

Sanders, que fue jefe del Estado Mayor del Ejército entre 2022 y 2024, ayudará ahora a Santander a ampliar sus préstamos a los fabricantes de armas.

El movimiento de Santander forma parte de una tendencia más amplia: instituciones financieras que antes evitaban el sector de la defensa ahora lo están reetiquetando como un “activo esencial de seguridad”.

Pero que un exjefe del Ejército británico desempeñe un papel en este cambio financiero plantea serias preguntas éticas.

Este nombramiento también encaja en un patrón que AOAV ha documentado durante años: la erosión constante de la distancia entre el establecimiento de defensa del Reino Unido y la industria armamentística.

El problema no es solo de percepción. No es un fenómeno nuevo. Y no debería serlo.

Cuando los arquitectos de la política de defensa británica pasan a asesorar o beneficiarse de aquellos que suministran armas a países acusados de violaciones de derechos humanos, la cuestión no es si es legal, sino si es moralmente aceptable.

Los defensores de estos nombramientos sostienen que estas figuras aportan una visión experta sobre la evaluación de riesgos y adquisiciones.


El caso de Sanders será probablemente revisado por el Comité Asesor sobre Nombramientos en los Negocios (ACOBA), el organismo encargado de examinar estas transiciones.

El traslado de Sanders a Santander pone de relieve un fracaso de gobernanza más profundo: “Apoyar este sector es fundamental para la seguridad de la región.”

La puerta giratoria entre generales y banqueros no es, por sí sola, prueba de mala conducta.

Si el Reino Unido desea preservar la integridad de su política de defensa, debe imponer restricciones más estrictas a los cargos posteriores al servicio,

Hasta que eso ocurra, cada nombramiento de este tipo planteará la misma incómoda pregunta: ¿debemos presentarlos como exgenerales… o como lobbistas financieros?

Viñetas de Robert Murray, Private Eye

Quand des généraux deviennent banquiers
La porte tournante entre défense et finance dans le complexe militaro-industriel britannique a-t-elle fini son tour ?

Iain Overton, AOAV, 6/10/2025

Traduit par Tlaxcala

L’annonce selon laquelle le général Sir Patrick Sanders, ancien chef de l’armée britannique, va diriger la division de prêts à la défense de la banque Santander, pourrait, à première vue, sembler une évolution logique pour un homme rompu aux questions de sécurité nationale.
Après tout, qui mieux qu’un ancien chef d’état-major pour conseiller une banque sur les risques et opportunités des investissements dans la défense ?
Il a commandé des troupes, présidé des comités stratégiques et travaillé avec les partenaires industriels les plus influents.


"Uneasy Rider": Le général Sir Patrick Sanders,  59 ans, a servi 38 ans dans l'armée britannique, où il a commandé des opérations dans des pays comme l'Irlande du Nord, le Kosovo, la Bosnie, l'Irak et l'Afghanistan.

Pourtant, derrière cette nomination se cache une question que la classe politique britannique évite soigneusement :
à partir de quel moment la reconversion des anciens généraux dans les conseils d’administration cesse-t-elle d’être une mise à profit d’expertise et devient-elle un conflit d’intérêts institutionnalisé ?

Sanders, chef d’état-major de l’armée britannique de 2022 à 2024, va désormais aider Santander à accroître ses prêts aux fabricants d’armes.
Le tout dans un contexte de boom de l’investissement militaire, alors que les États membres de l’OTAN augmentent leurs budgets et que les restrictions ESG (environnementales, sociales et de gouvernance) sur le financement de l’armement sont discrètement assouplies.

Cette initiative s’inscrit dans une tendance plus large : les institutions financières qui évitaient autrefois le secteur de la défense le requalifient désormais en « actif essentiel de sécurité ».
Le complexe militaro-industriel britannique connaît une telle effervescence que les généraux deviennent banquiers. On attend maintenant le premier général investisseur en cryptomonnaie.

Mais voir un ancien chef de l’armée jouer un rôle dans ce virage financier soulève de sérieuses questions éthiques.
Pendant son mandat, Sanders supervisait des stratégies d’approvisionnement et des partenariats industriels valant des milliards de livres.
Les frontières entre son service public passé et ses intérêts privés présents sont, pour le moins, floues.
Son accès privilégié à la compréhension des priorités du ministère de la Défense ne donnera-t-il pas à Santander un avantage démesuré dans ce marché en expansion rapide ?

Cette nomination illustre un phénomène qu’ AOAV dénonce depuis des années :
la disparition progressive de la distance entre l’establishment militaire, l’industrie de l’armement et le monde financier.
Selon nos recherches, 86 % des hauts responsables de la défense britannique rejoignent le secteur privé dans les deux ans suivant leur départ.
Certains travaillent pour des fabricants, d’autres pour des cabinets de conseil, et de plus en plus pour des institutions financières qui cherchent à financer la guerre.

Le problème n’est pas qu’une question d’image.
Quand ceux qui définissaient hier la politique de défense profitent aujourd’hui de son expansion, la confiance du public s’effrite.
La nomination de Sanders évoque une porte tournante devenue couloir, où l’influence circule librement dans les deux sens :
les banques gagnent du prestige et de l’accès, les généraux gagnent salaire et position, et la frontière entre sécurité nationale et intérêts privés devient invisible.

Ce phénomène n’est pas nouveau.


Le général Sir Nick Carter, prédécesseur de Sanders comme chef d’état-major, conseille désormais des entreprises d’armement israéliennes via la société Exigent Capital à Jérusalem.


Ben Wallace, ancien secrétaire d’État à la Défense dans les gouvernements conservateurs de Boris Johnson, Liz Truss et Rishi Shunak, occupe des fonctions de conseil dans le secteur sécuritaire saoudien [il est entré dans la société de “relations publiques” CTRD. Avant d’entrer en politique, il avait été capitaine dans le régiment d’élite des Gardes écossais, NdT].
Ces transitions sont devenues routinières, presque banales. Alors qu’elles ne devraient pas l’être.

Quand les architectes de la politique de défense britannique deviennent conseillers ou bénéficiaires de ceux qui fournissent des armes à des régimes accusés de violations des droits humains, la question n’est plus de savoir si c’est légal, mais si c’est moralement défendable.


Les défenseurs de ces nominations affirment que ces profils apportent une expertise précieuse. Mais l’inverse peut aussi être vrai : en s’appuyant sur d’anciens militaires pour définir leur stratégie de prêts, les institutions financières risquent d’importer un biais structurel, une vision du monde où l’expansion militaire est inévitable et bénéfique.
C’est peut-être rentable pour les actionnaires, mais certainement néfaste pour la transparence démocratique.

Le cas de Sanders sera probablement examiné par le Comité consultatif sur les nominations professionnelles (ACOBA), l’organe chargé de contrôler ces reconversions. Mais la réputation d’ACOBA est peu rassurante : aucun pouvoir contraignant, des recommandations souvent ignorées, un manque total de transparence.
En pratique, le Royaume-Uni compte sur l’honneur personnel et l’indifférence publique pour réguler les conflits d’intérêts au sommet.
Deux leviers pour le moins peu fiables.


La nomination de Sanders révèle ainsi une défaillance de gouvernance : les sphères militaire, industrielle et désormais financière s’entrelacent dans une toile d’intérêts communs.

Comme l’a déclaré un banquier londonien : « Soutenir ce secteur est essentiel pour la sécurité de la région. » Mais de quelle sécurité parle-t-on ? Pour de nombreux civils à Gaza, au Yémen ou en Ukraine, l’industrie de l’armement financée par la Grande-Bretagne signifie destruction, pas protection.

Cette porte tournante entre généraux et banquiers ne prouve pas nécessairement des malversations,
mais elle illustre la dissolution progressive des frontières entre service public et profit privé.
Quand le leadership militaire devient un tremplin vers l’influence financière,
l’autorité morale des forces armées, déjà fragile, en sort encore affaiblie.

Si le Royaume-Uni veut préserver l’intégrité de sa politique de défense, il doit instaurer des restrictions plus strictes aux postes post-service, renforcer les pouvoirs d’ACOBA et exiger une transparence totale sur les bénéfices tirés des fonctions publiques antérieures.

Tant que cela n’est pas fait, chaque nomination de ce type soulèvera la même question :
faut-il les présenter comme des anciens généraux… ou comme des lobbyistes financiers ?

 Dessins de Robert Murray, Private Eye