Jeremy Scahill & Jawa Ahmad, Drop Site News, 23/11/2025
Traduit par Tlaxcala
ملخص المقال باللغة العربية في نهاية الوثيقة
Resumen del artículo en español al final del documento
L’ONU vient d’apposer un sceau de légitimité sur le plan colonial du président Donald Trump pour Gaza. Dans ce reportage exclusif de Drop Site, des dirigeants de la résistance palestinienne évaluent l’état actuel de la guerre.
Introduction
Israël
poursuit le siège de Gaza malgré le « cessez-le-feu » officiellement entré en
vigueur le 10 octobre. Jour après jour, les forces israéliennes attaquent les
Palestiniens dans l’enclave, tuant plus de 340 personnes depuis que Donald
Trump a présenté son plan de « paix » comme un accomplissement monumental
ouvrant une nouvelle ère. La majorité des morts sont des femmes et des enfants.
Durant la
semaine écoulée, les forces israéliennes — qui occupent toujours plus de 50 %
du territoire de Gaza — ont avancé encore davantage au-delà de la « ligne jaune
». Israël menace de reprendre son siège total si le Hamas ne désarme pas et ne
se rend pas. L’État israélien refuse par ailleurs d’autoriser l’entrée des
quantités de nourriture, de médicaments et de produits essentiels convenues
dans l’accord.
Le 17
novembre, dans un geste sans précédent, le Conseil de sécurité des Nations
unies a approuvé le plan néocolonial de Trump pour Gaza, incluant le
déploiement d’une force internationale qui n’opérerait pas sous commandement
onusien, mais sous la direction d’un conseil privé contrôlé par Trump. Selon ce
dernier, cette force serait chargée de désarmer la résistance palestinienne et
de démilitariser Gaza, afin de priver le peuple palestinien de son droit à
l’autodéfense.
Dans le
cadre de la série de Drop Site consacrée à la résistance palestinienne
depuis le 7 octobre, des responsables de haut rang du Hamas et du Jihad
islamique analysent le chemin qui a mené à la situation actuelle. Nous avons
mené une série d’entretiens en personne avec ces dirigeants, qui y décrivent
les événements ayant précédé l’accord de cessez-le-feu d’octobre, leur position
sur le désarmement et sur le plan Trump, ainsi que leur vision de la lutte
actuelle pour la libération nationale palestinienne.
Ce rapport
de Jeremy Scahill et Jawa Ahmad est long et détaillé, mais nous pensons qu'il
vaut vraiment la peine d'être lu.
L’incapacité
de la plupart des médias occidentaux à relayer la perspective de la résistance
palestinienne constitue une faute professionnelle et nuit profondément à la
compréhension du public.
Des membres des Brigades Al-Qassam du Hamas près de la rue Bagdad, dans la ville de Gaza, le 5 novembre 2025. Photo Hamza Z. H. Qraiqea / Anadolu via Getty Images.
La frappe de Doha
Peu après
15h46, heure de Doha, le 9 septembre, Osama Hamdan — un dirigeant de haut rang
du Hamas — reçut l’appel d’un journaliste lui demandant s’il avait entendu
parler d’une explosion qui venait de secouer la capitale qatarie. Hamdan se
trouvait alors à une réunion, à l’autre bout de la ville, loin des bureaux du
mouvement islamique de résistance, situés dans le quartier huppé de Legtaifiya,
rue Wadi Rawdan. Il n’avait entendu aucun bruit.
« Il y a eu
une explosion à Doha », se souvient-il que le journaliste lui a dit. « Je crois
que vos gens ont été ciblés. »
Hamdan commença à appeler d’autres responsables du Hamas. « Personne ne
répondait. Tous les téléphones étaient hors service », se remémore-t-il. « Au
bout de cinq minutes environ, un des frères est venu me voir et m’a dit : “Il y
a eu une frappe aérienne contre le bureau.” »
La
tentative d’assassinat à Doha et le récit d’Osama Hamdan
Alors qu’il
se rendait sur les lieux, Hamdan apprit par les médias que des responsables
israéliens confirmaient une série de frappes visant à assassiner plusieurs
dirigeants de haut rang du Hamas.
L’armée israélienne déclara que les membres de la direction visés « dirigeaient
depuis des années les activités terroristes », qu’ils avaient « planifié et
supervisé le massacre du 7 octobre » et « dirigeaient la guerre contre Israël
».
Selon
Israël, la frappe avait pour objectif d’assassiner le chef du Hamas à Gaza, le
Dr Khalil Al-Hayya. « Nous attendons de voir les résultats », déclara un responsable israélien.
Au moment
des frappes, Benyamin Netanyahou participait à un événement organisé par
l’ambassade usaméricaine à Jérusalem.
Il s’en vanta immédiatement : « Au début de la guerre, j’ai promis qu’Israël
atteindrait ceux qui ont perpétré cette horreur. Aujourd’hui, c’est fait. »
Ces frappes
israéliennes représentaient une escalade spectaculaire, d’autant qu’elles
furent menées sur le territoire du Qatar, pays allié des USA, qui abrite le
CENTCOM, l’un des principaux centres névralgiques militaires USaméricains au
Moyen-Orient.
Les bureaux
du Hamas à Doha avaient été établis en 2011 à la demande directe du
gouvernement usaméricain, précisément afin de maintenir une voie de
communication diplomatique ouverte avec le mouvement. Le Qatar, avec l’Égypte,
joue depuis longtemps un rôle crucial de médiateur dans les conflits et
négociations régionales.
Pour Hamdan,
l’objectif israélien était clair : « C’était un message politique évident :
Netanyahou ne voulait ni cessez-le-feu ni solution.
Il voulait éliminer la délégation qui négociait. En frappant au Qatar, il a
montré qu’il ne respectait même pas ceux qui cherchent à obtenir un accord. »
Désinformation et bilan humain
Quelques
minutes après les frappes, les réseaux sociaux furent inondés de comptes
pro-israéliens affirmant que : Khalil Al-Hayya avait été tué, ainsi que Khaled
Mechaal et Zaher Jabbarin.
Netanyahou
se félicita publiquement de frappes visant « les chefs terroristes du Hamas ».
Mais Hamdan découvrit rapidement qu’aucun dirigeant majeur n’avait été tué. « Ils ont concentré les frappes sur l’endroit où ils pensaient que la réunion se tenait », explique-t-il. « Mais ils ont échoué. »
En
réalité, les frappes tuèrent Hammam Al-Hayya, fils du Dr Khalil Al-Hayya, son
secrétaire personnel, trois assistants et gardes du corps ainsi qu’un officier
de sécurité qatari.
L’armée
israélienne tira entre 10 et 12 missiles sur le complexe, détruisant les
bureaux administratifs et l’appartement de la famille Al-Hayya. L’épouse du dirigeant, sa belle-fille et ses petits-enfants furent blessés.
Hamdan dut
annoncer lui-même la mort de son fils à Al-Hayya. Ce dernier, qui avait déjà
perdu un autre fils — Osama — tué dans une frappe israélienne en 2014, a perdu
de nombreux membres de sa famille dans le génocide en cours.
Dans une
déclaration publique empreinte de dignité, Al-Hayya affirma ensuite : « La
douleur de perdre mon fils, mon compagnon, le directeur de mon bureau et les
jeunes autour de moi, c’est une douleur immense. Nous ne sommes pas faits de fer ou de pierre. Nous pleurons nos martyrs, nos familles, nos frères. Mais ce que je vois chaque
jour — les tueries, la tyrannie, les assassinats, la destruction à Gaza — me
fait oublier ma douleur personnelle. Parce que je sens qu’ils sont tous comme mes propres enfants. »
Une
frappe motivée par les négociations
Bien
qu’Israël justifie publiquement la frappe de Doha au nom du 7 octobre, la
réalité était toute autre : Il s’agissait d’éliminer l’équipe de négociation du
Hamas au moment exact où elle examinait une nouvelle proposition usaméricaine.
Dans les
jours précédant les frappes, l’administration Trump avait transmis au Hamas,
via les médiateurs qataris, un texte présenté comme une nouvelle initiative de
cessez-le-feu.
Ce document exigeait notamment la remise immédiate de tous les captifs
israéliens — vivants et morts — détenus à Gaza.
Du
point de vue du Hamas, cette “offre” ressemblait à un piège : elle était vague,
elle n’engageait pas clairement Israël à mettre fin au génocide, elle ne
garantissait aucune levée du siège ou retrait militaire.
Le Hamas se
souvenait aussi qu’en mai, Trump avait renié une promesse similaire faite lors
d’un échange visant à libérer le soldat usaméricano-israélien Edan Alexander.
Funérailles
à Doha
Les
funérailles furent organisées dès le lendemain, dans la capitale qatarie. Elles
rassemblèrent une foule nombreuse : diplomates, responsables politiques,
membres de la diaspora palestinienne, journalistes, et figures du mouvement
national.
Le cercueil
du fils de Khalil Al-Hayya — Hammam — fut porté en tête du cortège, suivi de
ceux des quatre membres du Hamas tués dans la frappe, ainsi que celui de
l’officier de police qatari. Les dirigeants du Hamas, visiblement éprouvés,
prononcèrent des discours de deuil et de résilience.
Ils insistèrent sur le fait que l’attaque ne briserait pas la volonté
palestinienne de poursuivre les efforts diplomatiques pour mettre fin à la
guerre — malgré l’évidence que l’objectif israélien était précisément
d’éliminer la délégation chargée de négocier.
Le Hamas
avait accepté un accord avant les frappes israéliennes
Le 18 août —
soit trois semaines avant la tentative d’assassinat de Doha — les factions
palestiniennes avaient déjà accepté un accord de cessez-le-feu élaboré par les USA
et Israël.
Cet accord,
appelé “cadre Witkoff”, du nom de l’émissaire spécial usaméricain Steve
Witkoff, comportait 13 points. Il incluait :
- un cessez-le-feu de
60 jours,
- la reprise de l’aide
humanitaire,
- la libération de la
moitié des captifs israéliens, vivants ou morts,
- la possibilité de
prolonger la trêve pendant que les négociations se poursuivaient.
Pour les dirigeants palestiniens, il s’agissait d’un compromis difficile, mais acceptable, afin de stopper l’hécatombe à Gaza. Mohammad Al-Hindi, chef de la délégation du Jihad islamique, raconte : « Trump pensait que le Hamas ne remettrait jamais vingt captifs d’un seul coup. Nous avons consulté toutes les factions et décidé d’accepter l’accord Witkoff. »
Des
concessions palestiniennes majeures
Dans
l’accord du 18 août, les Palestiniens avaient accepté :
- la libération
immédiate de huit captifs le premier jour,
- l’absence de
calendrier clair pour le retrait israélien du corridor de Philadelphie,
- une zone tampon
israélienne plus profonde que ce qu’ils avaient exigé,
- la possibilité d’un
accord même sans garantie que la guerre cesserait complètement.
Selon un
haut responsable qatari, le Hamas avait accepté 98 % de ce que les USA et
Israël réclamaient.
Pourtant…
Israël ne
répondit jamais. Les USA firent porter la faute au Hamas
Lorsque les
Palestiniens annoncèrent qu’ils acceptaient l’accord, Israël ne donna aucune
réponse officielle.
Au lieu de
cela :
- les responsables usaméricains
déclarèrent que le Hamas bloquait les négociations,
- l’armée israélienne accéléra
les bombardements,
- Israël annonça une nouvelle
offensive terrestre imminente,
- les médias israéliens
affirmèrent que les Palestiniens « refusaient la paix ».
Al-Hindi : « Ils ont donné à Israël une excuse pour intensifier les frappes et prétendre que nous refusions un accord — alors que nous l’avions accepté. »
Le 3 septembre : Trump annonce une “offre finale”
Ignorant volontairement l’acceptation palestinienne du 18 août, Trump déclara qu’il présentait une “dernière chance” de parvenir à un accord. Ce nouveau texte, transmis via les médiateurs qataris, ne comportait que 100 mots. Il exigeait :
- que le Hamas remette
en une seule fois tous les captifs israéliens, vivants et morts,
- en échange d’un cessez-le-feu
de 60 jours,
- sans garantie d’un
retrait israélien,
- et sans engagement de
mettre fin au siège ou aux bombardements.
Le Hamas
répondit néanmoins le 7 septembre :
« Nous
accueillons toute initiative visant à arrêter l’agression contre notre peuple. Nous sommes prêts à nous asseoir immédiatement à la table des négociations. »
Une
menace publique d’Israël précède la frappe
Juste avant
l’attaque de Doha, le chef d’état-major israélien Eyal Zamir déclara : « La
plupart des dirigeants du Hamas se trouvent à l’étranger. Nous les atteindrons
aussi ». Moins de 48 heures plus tard, Israël frappait les bureaux du Hamas à
Doha.
Les USA
prétendent ne pas avoir été informés…
Trump
affirma que les USA n’avaient pas été informés à l’avance.
Pourtant :
- le Qatar abrite le CENTCOM,
- les USA surveillent
en temps réel chaque mouvement aérien régional,
- les systèmes de
défense qatariens sont américains,
- et il est impossible
qu’une frappe israélienne de cette ampleur leur échappe.
Hamdan
affirme : « Ils savaient. Et ils ont donné un feu vert implicite. Lorsque Trump dit le contraire, c’est
du théâtre politique. »
La mise
en scène de Trump : Charm el-Cheikh
Le 13
octobre, Donald Trump organisa un grand spectacle diplomatique en Égypte. Il annonça que le Hamas et Israël avaient signé un « accord historique », sans
préciser que ni le Hamas ni Israël n’avaient effectivement signé quoi que ce
soit à Charm el-Cheikh.
La cérémonie
se déroula sans aucun représentant palestinien ou israélien. Trump signa seul
un document symbolique, devant les caméras, entouré d’officiels usaméricains et
de dirigeants arabes. Devant la Knesset, quelques heures plus tôt, il avait
déclaré : « La guerre longue et difficile est maintenant terminée.
Israël, avec notre aide, a tout gagné par la force des armes. Vous avez gagné ». Cette déclaration était fausse : Israël n’avait ni remporté
la guerre, ni écrasé la résistance, ni sécurisé la libération des captifs par
la force.
Le Hamas
respecte l’accord : libération de tous les captifs survivants
Au moment où Trump atterrissait en Israël après la cérémonie, le Hamas avait déjà libéré les 20 captifs israéliens vivants, remis la majorité des corps des captifs décédés et engagé une collaboration avec des équipes internationales pour retrouver les corps restants sous les décombres. Les dirigeants du Hamas affirment que Jared Kushner et Steve Witkoff leur avaient promis que « toutes les dispositions de la Phase 1 seraient appliquées à 100 % ». Pourtant…
Israël
viole immédiatement le cessez-le-feu
Malgré la
signature de Trump, Israël continua :
- à bombarder
quotidiennement Gaza,
- à tuer plus de 340
Palestiniens depuis le début du cessez-le-feu,
- à empêcher l’entrée
de nourriture, carburant et médicaments,
- à occuper plus de la
moitié de Gaza,
- à menacer de
reprendre la guerre si le Hamas ne se rendait pas.
Hamdan
résume : « Ils détruisent les quelques maisons encore debout. Ils veulent
rendre Gaza inhabitable. Quel signe de paix est-ce là ? Ils disent au peuple : “Il n’y a d’avenir ici que si vous résistez.” »
Libération
des prisonniers palestiniens : torture, mutilations, organes retirés
Israël
libéra environ 2 000 prisonniers palestiniens dans le cadre de l’accord.
Les descriptions médicales et juridiques sont effroyables :
- nombreux corps
restitués présentaient des traces de torture extrême,
- certains morts
montraient des incisions chirurgicales indiquant des prélèvements
d’organes,
- beaucoup de
prisonniers vivants sortaient des prisons émaciés, malades, mutilés,
- certains avaient perdu
un œil,
- d’autres avaient des
membres amputés,
- tous décrivaient des
conditions de détention « indescriptibles ».
Pour les
Palestiniens, ces faits démontent complètement le discours israélien prétendant
rechercher la paix.
Un plan
qui offre à Israël une victoire politique sans victoire militaire
Les
dirigeants du Hamas et du Jihad islamique affirment que le plan de Trump :
- sauve Israël d’un humiliant
échec militaire,
- lui offre une couverture
diplomatique après deux ans de génocide,
- légitime l’occupation
à travers un mécanisme pseudo-international.
Un “putsch
diplomatique” à l’ONU
Depuis la
signature de l’accord du 13 octobre, l’administration Trump s’emploie à
consolider politiquement ce que l’armée israélienne n’a pas réussi à obtenir
sur le terrain : la reddition stratégique du peuple palestinien.
Pour cela,
Trump a transformé le Conseil de sécurité en une machine de validation
automatique du plan usaméricain. Le 17 novembre, l’ONU approuve une résolution historique qui :
- soutient le
déploiement d’une force internationale,
- qui n’est pas une
force de l’ONU,
- qui est placée sous autorité
privée,
- directement contrôlée
par Donald Trump,
- à travers un organe
nommé International Board of Peace.
Ce mécanisme
est sans précédent. Il permet à une puissance étrangère — les USA — d’obtenir une légitimité
onusienne sans supervision de l’ONU elle-même.
Ihsan Ataya, du Jihad islamique, résume ainsi le danger : « Le Conseil de sécurité est sous domination usaméricaine. Une résolution qui impose la vision israélo-usaméricaine, avec un vernis onusien, est inacceptable. »
Une force
internationale… mais pas pour protéger les Palestiniens
Les factions
palestiniennes expliquent qu’elles acceptent le déploiement d’une force strictement
onusienne, uniquement pour :
- appliquer le
cessez-le-feu,
- séparer les forces
israéliennes de Gaza,
- garantir le retrait
israélien,
- empêcher de nouvelles
agressions.
Mais la
force proposée par Trump n’a pas cet objectif.
Elle doit, selon Washington :
- désarmer le Hamas,
- démanteler la
résistance,
- établir une
“sécurité” compatible avec les intérêts israéliens,
- superviser administrativement
Gaza.
En d’autres
termes : une force coloniale, externalisée, chargée de neutraliser la
souveraineté palestinienne.
Le refus
arabe d’envoyer des troupes contre les Palestiniens
Trump
affirme publiquement que plusieurs États arabes sont prêts à fournir des
troupes.
La réalité est l’inverse.
- L’Arabie saoudite
refuse officiellement.
- L’Égypte refuse.
- La Jordanie refuse.
- Les Émirats arabes
unis refusent.
- La Turquie refuse.
- L’Indonésie refuse.
- Le Pakistan refuse.
- Le Qatar refuse.
- Même l’Autorité
palestinienne ne veut pas assumer ce rôle.
Les pays
musulmans consultés craignent d’être vus comme :
- une force
d’occupation étrangère,
- exerçant un mandat
colonial,
- chargée de désarmer
les Palestiniens au profit d’Israël.
C’est une
ligne rouge absolue.
Barghouti
: “Gaza doit rester palestinienne”
Mustafa
Barghouti, voix historique de l’unité palestinienne, affirme :
« Gaza doit
être administrée par les Palestiniens. Gaza ne doit pas être séparée de la
Cisjordanie.
Toute force internationale doit être sous mandat de l’ONU, pas sous
commandement étranger. Nous n’accepterons jamais un retour du colonialisme,
surtout pas sous Tony Blair. »
Cette
dernière remarque fait référence à des rumeurs selon lesquelles Blair pourrait
être chargé de superviser la “gouvernance” de Gaza — une perspective que toutes
les factions palestiniennes rejettent catégoriquement.
Comment
Trump obtient un soutien artificiel
À la veille
du vote de la résolution, les USA exercent une pression massive sur de nombreux
gouvernements. Par un mélange d’incitations économiques, de menaces
diplomatiques et de promesses militaires, Trump obtient :
- une déclaration
commune de plusieurs États arabes (Arabie saoudite, Qatar, Égypte, EAU,
Jordanie),
- l’aval symbolique de
l’Autorité palestinienne,
- l’abstention de
puissances critiques.
Il s’agit
moins d’un soutien réel qu’une démonstration de force usaméricaine.
Au Conseil
de sécurité, l’ambassadeur Mike Waltz résume la stratégie usaméricaine : « Un
vote contre cette résolution est un vote pour le retour à la guerre. » Une
formule conçue pour intimider les États hésitants.
La
résolution du 17 novembre : un mandat sans fin
Le texte
adopté le 17 novembre :
- donne son
“approbation” à une force dirigée par Trump,
- ne demande pas
explicitement à Israël de se retirer,
- autorise un mandat
“renouvelable” jusqu’en 2027 et au-delà,
- légitime la
“coopération sécuritaire” entre Israël, l’Égypte et la force
internationale, c’est-à-dire la coordination
pour désarmer la résistance.
Al-Hindi
réagit :
« Tout ce
qui est “renouvelable” peut durer indéfiniment. Oslo devait durer cinq ans. ça
fait trente ans. Ce genre de mandat est fait pour ne jamais se terminer. »
La
résolution ne garantit :
- ni fin de
l’occupation,
- ni levée du siège,
- ni reconstruction
réelle,
- ni protection
efficace pour les Palestiniens.
C’est une
architecture conçue pour institutionnaliser la domination israélo-usaméricaine.
Trump
propose Gaza comme un projet immobilier privé
En
parallèle, Trump vante son plan comme :
- un projet
touristique,
- « une Riviera de rêve
»,
- un investissement
stratégique pour le Golfe.
Il propose
la création d’un fonds international de reconstruction, dont il serait le
président, et qu’il continuerait à diriger même après avoir quitté ses
fonctions publiques.
Pour les
Palestiniens, cette vision — réduire Gaza à un parc immobilier — est une
insulte à leur souffrance et à leurs aspirations nationales.
Une
résistance façonnée par vingt ans de guerre
Les
dirigeants de la résistance rappellent qu’il est impossible de comprendre la
situation actuelle sans revenir à deux décennies d’affrontements continus :
- guerres de 2006,
2008–2009, 2012, 2014, 2021,
- blocus total imposé à
Gaza depuis 2006,
- tentatives répétées
d’assassiner les dirigeants,
- destruction
systématique des infrastructures civiles.
Hamdan
explique :
« La
résistance n’est pas née soudainement en 2023 ou 2024. Elle s’est formée sous les bombes, au prix de milliers de martyrs. Les jeunes ont appris la fabrication d’armes parce que personne ne nous en
donnait. Nous étions sous blocus. Alors ils ont développé leurs propres outils. »
Les factions
palestiniennes insistent : contrairement à ce qu’affirme Israël, le Hamas ne
reçoit pas de livraisons massives d’armes sophistiquées.
Au contraire
: la majorité des armes est fabriquée localement, à partir de matériaux
simples, souvent recyclés à partir d’obus israéliens non explosés.
Le mythe
israélien de la “puissance militaire du Hamas”
Israël et
plusieurs analystes occidentaux n’ont cessé de décrire la résistance
palestinienne comme :
- « fortement armée »,
- « soutenue par l’Iran
»,
- possédant un «
arsenal stratégique »,
- capable de « menacer
la sécurité régionale ».
Mais les
dirigeants du Hamas et du Jihad islamique rejettent cette image comme :
- politiquement
motivée,
- utilisée pour
justifier le génocide,
- et totalement
déconnectée de la réalité matérielle à Gaza.
Al-Hindi :
« Ils
exagèrent pour présenter Gaza comme une menace régionale, alors que le blocus
empêche même l’entrée de nourriture. La réalité, c’est que nos armes sont rudimentaires, locales, simples. Ce qui nous protège, c’est la volonté, pas la technologie. »
L’essence
de la résistance : une volonté politique, pas une puissance militaire
Tous les dirigeants
interrogés insistent sur un point fondamental : la résistance palestinienne
n’est pas une armée. C’est un mouvement de libération nationale. Son arme
principale est la résilience du peuple.
Hamdan : «
La résistance n’est pas une institution militaire classique.
C’est un état d’esprit collectif, une conviction. Même si vous détruisez 90 %
de notre capacité matérielle, vous ne pouvez pas détruire la volonté d’un
peuple déterminé à vivre libre. »
Al-Hindi
développe : « Chaque fois qu’il y a besoin d’armes, nos jeunes les
fabriqueront. On ne peut pas désarmer une volonté. Une arme peut être détruite, mais pas le
désir de liberté. »
La
question centrale : désarmer quoi, et au profit de qui ?
Les leaders
palestiniens affirment que toute discussion sur les armes doit commencer par
une question essentielle : “Qui nous protège si nous remettons nos armes ?”
Abou Marzouk
: « Si un jour il existe un État palestinien souverain avec une armée capable
de défendre le peuple, la résistance n’aura plus besoin de garder des armes. Mais
aujourd’hui, remettre nos armes revient à mourir. Cela reviendrait à livrer deux millions de Palestiniens désarmés à l’armée
israélienne. Aucun peuple ne ferait cela. »
« Il existe
aujourd’hui un effort concerté — mené par Israël, soutenu par les USA et
légitimé par l’ONU — pour transformer la question du désarmement en pierre
angulaire du nouvel ordre imposé à Gaza. »
Le piège
du désarmement
Dans un
discours prononcé le 6 novembre lors d’une conférence d’affaires à Miami, Steve
Witkoff déclara que les USA étaient « en train de mettre en place un processus
de démantèlement des armes — un programme de démilitarisation et d’amnistie ».
Il affirma également que le Hamas s’était engagé à se désarmer et à remettre
ses armes à la force internationale dirigée par Trump.
« Le Hamas a
toujours indiqué qu’il se désarmerait. Ils l’ont dit ; ils nous l’ont dit
directement lors de cette fameuse réunion que Jared a eue avec eux », déclara
Witkoff. « Le Hamas a toujours dit que nous aurions besoin d’une force de sécurité
internationale pour venir ici et être l’entité à laquelle ils remettraient les
armes. »
Dans son
entretien avec Drop Site, Osama Hamdan dément catégoriquement toute
promesse de ce type : « Non. Ce qu’il dit, je ne sais pas, mais nous n’avons
jamais dit cela, parce que toute la délégation était présente et personne n’a
dit cela. Si vous voulez négocier, cela prendra du temps — bien plus que les quatre jours
de négociations » qui ont précédé l’accord de Charm el-Cheikh. « Nous devons
parler avec nos frères et les autres factions. Et lorsque nous parviendrons à
une compréhension nationale sur ce sujet, alors nous commencerons à discuter
avec les médiateurs et les USAméricains. »
Le
Département d’État usaméricain n’a pas répondu aux demandes de commentaire
concernant les affirmations de Witkoff et le démenti du Hamas.
Les armes
de la résistance : outils de défense, et non pas arsenal offensif
Mousa Abou
Marzouk, membre fondateur du Hamas, affirme que la tentative israélienne de
présenter les armes de la résistance comme autre chose que des outils de
défense face à l’invasion et à l’occupation est dénuée de fondement. « Les
Israéliens eux-mêmes disent avoir éliminé la plupart des Brigades al-Qassam à
Gaza — dans le nord, à Khan Younès et à Rafah — et qu’il ne reste pratiquement
plus de combattants des Qassam.
Le président Trump a dit que 25 000 membres des Qassam avaient été tués, et
leurs chiffres correspondent approximativement à ça», ajouta-t-il.
« Israël a aussi récemment annoncé que la plupart des capacités militaires du
Hamas avaient été détruites — ils ont dit avoir anéanti 90 % des capacités du
Hamas. Alors, si vous avez détruit 90 % des capacités militaires du Hamas et
tué la majorité des combattants des Qassam, comme le dit le président Trump, qui
allez-vous désarmer ? Et où sont les armes que vous prétendez retirer alors que
vous dites les avoir déjà détruites ? »
Une
réalité matérielle : aucune arme lourde, une production locale artisanale
Mohammad
Al-Hindi, dirigeant du Jihad islamique, précise : « Je vous le dis : il n’y a
pas d’armes lourdes.
Même les munitions antichars sont fabriquées par les jeunes Palestiniens à
Gaza.
Quant aux discours sur la contrebande et ce genre de choses — ce sont des
récits qu’Israël diffuse dans les médias pour présenter Gaza comme si elle
possédait une immense puissance militaire. »
Il donne des
exemples concrets :
- Le lance-roquettes
antichar Yassin 105 : fabriqué localement par des jeunes dans la bande de
Gaza.
- Les mortiers :
également fabriqués localement.
- Les engins explosifs
improvisés (IED) : produits dans l’« enveloppe de Gaza ».
Il s’agit
donc d’un arsenal artisanal, produit sous blocus et dans des conditions
extrêmes.
Les
négociations : les armes comme “armes de volonté”
Tout au long
des négociations pour mettre fin à la guerre la résistance a clairement
expliqué sa position sur la question des armes. Elle a indiqué être ouverte à
une trêve de longue durée supervisée internationalement, pendant laquelle les
forces de résistance n’entreprendraient aucune action offensive. Al-Hindi
résume ainsi la nature réelle des armes dans Gaza :
« Les armes présentes
dans Gaza sont avant tout des armes de volonté. Chaque fois qu’il y aura besoin
d’armes, les jeunes les fabriqueront immédiatement, et leur détermination est
forte.
Par conséquent, parler de remise des armes est impraticable, irréaliste et
dénué de sens, car à tout moment — s’il y a volonté et s’il y a agression — et
si le peuple palestinien doit se défendre, des armes peuvent être fabriquées
facilement dans Gaza. »
Une
nuance stratégique : pas de remise, mais possible contrôle dans une trêve
durable
Bien que le
Hamas nie avoir accepté tout désarmement, la position palestinienne comporte
une nuance importante :
- Désarmement total → ligne rouge,
équivalent à une reddition de la cause nationale.
- Démantèlement
supervisé, stockage des armes, absence d’utilisation → potentiellement
négociable dans une trêve durable et sous garanties solides.
Al-Hindi et
Ataya rappellent :
- Les armes ne peuvent
être remises ni à Israël, ni à une force étrangère hostile.
- Elles pourraient être
placées sous contrôle, mais seulement si :
- une trêve de longue
durée est garantie,
- toutes les
agressions israéliennes cessent,
- une autorité
palestinienne légitime et protectrice existe.
Ataya pose
la question essentielle :
« À qui
remettre nos armes ?
Existe-t-il un État palestinien ou un gouvernement palestinien qui protège
notre peuple à Gaza pour que nous lui remettions nos armes ? Ou devrions-nous
remettre nos armes à notre ennemi et capituler ?
Est-il concevable que la résistance — qui n’a pas été vaincue dans la guerre,
que l’ennemi n’a pas pu éradiquer, et avec laquelle l’ennemi a été contraint de
négocier pour un échange de prisonniers —
brandisse maintenant le drapeau blanc et place la corde autour de son propre
cou ? »
Continuité
: Israël exige la reddition totale malgré son échec militaire
Tandis que
les groupes palestiniens exposent une position structurée et cohérente, Israël
continue d’affirmer :
- « Gaza sera
démilitarisée »,
- « Le Hamas sera
désarmé »,
- « Par la manière
facile ou par la manière difficile ».
Mousa Abou
Marzouk répond : « Si vous combattez une résistance pendant deux ans et que
vous ne parvenez pas à la vaincre, comment pourriez-vous obtenir à la table des
négociations ce que vous n’avez pas pu obtenir par la force ?
Ils doivent revoir leurs attentes à la baisse. »
Israël
tente de délégitimer les armes de la résistance
Selon Abou
Marzouk, l’effort israélien pour dépeindre les armes de la résistance comme
autre chose qu’un moyen de défense est mensonger : « Les Israéliens affirment
eux-mêmes avoir éliminé la plupart des Brigades al-Qassam à Gaza — au nord, à
Khan Younès et à Rafah. Trump dit que 25 000 membres des Qassam ont été tués. Israël prétend avoir détruit 90 % de nos capacités militaires. Alors que reste-t-il à désarmer ? »
Il insiste :
si Israël a réellement détruit cette capacité militaire, il n’y a plus aucune
logique à exiger le désarmement, puisque cela reviendrait à réclamer la remise
d’armes que l’ennemi prétend avoir déjà anéanties.
Les armes
légères : production locale, simple et continue
Al-Hindi
précise : « Il n’y a aucune arme lourde à Gaza. Même les munitions antichars sont produites par des jeunes Palestiniens à Gaza. Les mortiers sont fabriqués localement. Les dispositifs explosifs improvisés
aussi. »
Il ajoute : «
Israël propage des récits exagérés pour présenter Gaza comme si elle disposait
d’une grande puissance militaire, alors que la majorité de nos armes sont
artisanales. »
La
position palestinienne : pas de reddition, mais une ouverture encadrée
Les
négociateurs palestiniens ont répété :
- qu’ils refusent la
reddition,
- qu’ils refusent la
confiscation totale des armes,
- mais qu’ils sont
ouverts à une formule où les armes seraient :
- stockées sous
supervision,
- non utilisées,
- dans le cadre d’une trêve
durable,
- et avec cessation
totale des agressions israéliennes.
Ce n’est pas
un désarmement — c’est une gestion encadrée, conditionnée par l’arrêt de la
guerre.
À qui
remettre les armes ?
Ataya pose
la question qualitative centrale : « À qui devons-nous remettre nos armes ? Existe-t-il un État palestinien qui protège notre peuple ? Ou devrions-nous remettre nos armes à notre ennemi ? Est-ce concevable que la résistance, non vaincue, accepte maintenant de se
pendre de ses propres mains ? Jamais nous ne remettrons les armes à Israël. »
Il précise
que toute discussion sur les armes doit être nationale, impliquant toutes
les factions, et seulement dans un contexte où l’agression cesse.
Une trêve
supervisée n’est possible qu’avec la fin de l’agression
Les
Palestiniens disent avoir expliqué aux médiateurs — y compris aux USAméricains
lors de négociations directes — qu’ils sont ouverts à :
- des accords
supervisés internationalement,
- un mécanisme de mise
sous contrôle des armes,
- un système où ces
armes ne seraient pas visibles ni en usage.
Mais cela
n’est possible qu’avec une trêve durable et une fin totale des attaques
israéliennes.
Al-Hindi : «
Les armes peuvent être entreposées. Il peut y avoir une police palestinienne
dans les rues. Mais parler de “remise des armes” n’a aucun sens : ce sont des armes de
volonté. Elles peuvent être fabriquées à tout moment. »
Pourquoi
la résistance refuse catégoriquement le désarmement total
Plusieurs
raisons sont invoquées :
1. Le
droit à la résistance contre l’occupation, garanti par le droit international.
2. L’absence
d’un État palestinien souverain pouvant protéger les civils.
3. L’échec
militaire d’Israël, qui n’a pas réussi à détruire la résistance malgré deux ans
de guerre.
4. L’impossibilité
pratique : les armes sont fabriquées localement et peuvent être reproduites.
5. Le
danger d’un désarmement unilatéral : laisser 2 millions de Palestiniens sans
défense face à une armée d’occupation.
Marzouk : «
Si l’ennemi n’a pas pu nous vaincre militairement, comment pourrait-il obtenir
à la table des négociations ce qu’il n’a pas réussi par la force ? »
Les
objectifs réels : neutraliser la cause palestinienne
Al-Hindi : «
Personne — ni les USAméricains, ni les Européens, ni même certains Arabes — ne
veut de la résistance. La résistance les embarrasse. L’objectif final est de retirer au peuple palestinien sa capacité à résister. Si
la résistance disparaît, la cause palestinienne disparaît. »
Il insiste :
« Ce n’est pas une question de Hamas ou de Jihad islamique. Le peuple
palestinien résiste parce que l’ennemi, Israël, l’attaque constamment. »
La
position palestinienne: aucun désarmement, mais une possible gestion encadrée
Les dirigeants de la résistance expliquent qu’il existe une confusion entretenue volontairement par les responsables israéliens et usaméricains : ils prétendent que le Hamas aurait accepté le désarmement dans le cadre des négociations. Cette affirmation est fausse.
Osama
Hamdan, Mohammad Al-Hindi et Mousa Abou Marzouk sont catégoriques :
- Ils n’ont jamais
accepté de remettre leurs armes.
- Ils n’ont jamais
donné la moindre garantie en ce sens.
- Aucun dirigeant du
Hamas n’a promis à Steve Witkoff qu’il livrerait les armes.
Hamdan : «
Personne dans notre délégation n’a dit cela. Il n’est pas possible de décider d’une question aussi lourde en quatre jours de
négociations. Le désarmement est une question nationale, pas une question privée. »
Al-Hindi développe : « Lorsque la guerre cesse, lorsque les attaques s’arrêtent, lorsque la liberté est garantie et lorsqu’il existe une direction palestinienne unifiée, alors nous pouvons discuter de la manière dont les armes sont utilisées ou stockées — mais jamais de leur remise totale. »
“Les
armes peuvent être rangées, mais jamais rendues”
La position
palestinienne est constante :
·
Les armes peuvent être
entreposées.
·
Elles peuvent être rendues
invisibles dans la vie civile.
·
Elles peuvent ne pas être
utilisées pendant une trêve.
·
Elles peuvent être contrôlées par une
autorité palestinienne nationale.
Mais :
·
Elles ne peuvent jamais
être remises à Israël.
·
Elles ne peuvent jamais
être détruites à la demande d’une force étrangère.
·
Elles ne peuvent jamais être livrées à une
entité contrôlée par Trump ou par un consortium international.
Ataya
formule la question centrale : « À qui voulons-nous remettre nos armes ? À un
État palestinien qui n’existe pas ? À une force internationale qui nous désarme
pour protéger Israël ? À Israël lui-même ? Aucune nation au monde ne ferait
cela. »
Une
discussion possible seulement dans un contexte politique nouveau
Les factions
palestiniennes indiquent clairement qu’une modification du rôle des armes est
envisageable seulement si :
1. Il
existe un État palestinien souverain,
2. Une
force palestinienne unifiée est créée pour protéger les civils,
3. Le
siège et l’occupation prennent fin,
4. Israël
cesse définitivement toutes les agressions,
5. La
reconstruction de Gaza est garantie,
6. Toutes
les factions palestiniennes (Hamas, Jihad islamique, FPLP, Fatah indépendant,
etc.) participent à une plateforme politique commune.
Hamdan : «
Le jour où un État palestinien souverain voit le jour, et où une armée
nationale protège notre peuple, la résistance n’aura plus besoin de porter des
armes. Mais tant que l’occupation existe, se désarmer revient à mourir. »
Les
accusations israéliennes : une stratégie pour obtenir diplomatiquement ce
qu’Israël n’a pas obtenu par la force
Marzouk
souligne : « Si vous combattez une résistance pendant deux ans avec toute votre
puissance militaire, avec le soutien des USA et de l’Europe, et que vous
échouez, comment pouvez-vous ensuite prétendre obtenir par la diplomatie ce que
vous n’avez pas réussi par les armes ? Israël doit revoir ses attentes à la
baisse. »
Pour les
dirigeants palestiniens :
- Israël n’a pas réussi
à écraser la résistance,
- ni à détruire ses
infrastructures,
- ni à empêcher la
fabrication locale d’armes,
- ni à imposer un ordre
politique stable.
L’exiger
maintenant à travers un plan usaméricain revient à demander à la résistance sa
propre liquidation.
L’objectif
réel du plan américain : neutraliser la cause palestinienne elle-même
Al-Hindi
l’explique explicitement : « Beaucoup de pays — les USA, l’Europe, même
certains Arabes — ne veulent pas de la résistance. La résistance perturbe leurs arrangements régionaux. La résistance les met face à leurs contradictions. Leur objectif final est de
neutraliser la cause palestinienne. Si vous retirez au peuple palestinien sa
capacité à résister, la cause palestinienne disparaît. »
Il ajoute : «
Israël est un projet expansionniste, colonial, agressif. La résistance n’existera plus seulement lorsque l’agression cessera. »
Le récit
israélien sur le désarmement : un instrument pour consolider l’occupation
Les
dirigeants palestiniens affirment qu’Israël cherche à imposer un nouveau modèle
de domination, un modèle où Gaza serait administrée :
- par une force
internationale étrangère,
- dont la mission
principale serait de désarmer les Palestiniens,
- et de garantir la
sécurité d’Israël,
- sans mettre fin à
l’occupation ni au siège.
Hamdan : «
Ils veulent une force internationale qui fasse ce que l’armée israélienne n’a
pas réussi à faire : briser la résistance. C’est impossible. Aucune force
étrangère ne peut entrer à Gaza pour désarmer le peuple. »
Le plan
Trump : sauver Israël de son propre échec
Pour les
dirigeants palestiniens, le plan de Trump ne constitue pas seulement une
tentative d’imposer une architecture coloniale à Gaza : il représente aussi un moyen de sauver Israël de son propre désastre militaire.
Après deux
années de guerre totale, de massacres, de destructions, et malgré un soutien
militaire massif des USA et de l’Europe, Israël n’a pas réussi à :
- détruire le Hamas,
- éliminer le Jihad
islamique,
- reprendre les captifs
par la force,
- ni imposer un ordre
politique stable à Gaza.
Al-Hindi : «
Ces deux années ont montré qu’Israël n’est pas aussi fort qu’il le prétend. Sans les USA, il ne serait pas capable de poursuivre une telle guerre ne
serait-ce qu’une semaine. Israël dépend entièrement du soutien occidental. Il n’est pas une puissance autonome. »
Un État
qui perd son image mondiale
Les dirigeants palestiniens expliquent que le génocide de Gaza a totalement transformé l’image internationale d’Israël. Aujourd’hui, Israël est perçu comme :
- un État raciste,
- un État pratiquant le
nettoyage ethnique,
- un État poursuivi
devant la Cour internationale de justice,
- un État en rupture
totale avec le droit international,
- un État miné par ses
propres fractures internes.
Hamdan : «
Leur image dans le monde a été brisée. Ils ne reviendront jamais à ce qu’ils
étaient avant. Le génocide a tout changé. »
La
motivation réelle de Netanyahou : survivre politiquement, éviter la prison
Les
dirigeants palestiniens affirment que Benyamin Netanyahou refuse toute fin
réelle de la guerre, non pas pour des raisons militaires ou stratégiques, mais
pour des raisons personnelles :
- il cherche à éviter
la prison,
- à maintenir sa
coalition ultra-extrémiste,
- à empêcher toute
enquête pénale internationale,
- à empêcher
l’effondrement politique de son gouvernement.
Hamdan : « Si
la guerre prend fin, tout se retournera contre lui. Il devra faire face aux tribunaux. Netanyahou sait qu’il ne peut poursuivre son
rêve du “Grand Israël” que par la guerre — jamais par la paix. »
La
résistance : un mouvement de libération nationale, pas une armée étrangère
Al-Hindi
insiste pour rétablir une vérité essentielle : « La résistance palestinienne
est un mouvement de libération nationale. Nous ne menaçons aucun pays de la
région. Nous combattons uniquement l’occupation israélienne. Le danger pour la région,
c’est Israël — un projet hégémonique, expansionniste. »
Contrairement
à la propagande israélienne qui tente de présenter la résistance comme un
“réseau terroriste international”, les dirigeants palestiniens expliquent :
- la résistance est ancrée
en Palestine,
- elle est issue du
peuple,
- elle est défensive,
- elle répond à 76 ans
de dépossession,
- elle n’a aucune
ambition extérieure.
La
propagande s’effondre, les faits demeurent
Hamdan : «
Pendant des années, ils ont essayé de manipuler l’opinion mondiale. Mais les
images de Gaza — les enfants mutilés, les femmes tuées, les villes rasées — ont
brisé ce mensonge. Aujourd’hui, le monde sait ce qu’est Israël. Et le monde sait que la résistance palestinienne n’est pas ce que dit Israël. »
L’histoire
palestinienne ne commence pas en 2023 — et ne se termine pas avec Trump
Pour les
dirigeants palestiniens, l’essentiel est ailleurs : la lutte palestinienne ne dépend pas d’accords internationaux temporaires ni
des ambitions personnelles de dirigeants étrangers.
Hamdan
conclut : « L’histoire palestinienne est pleine de moments où tout le monde a
cru que nous étions vaincus. Et pourtant nous sommes toujours là. Celui qui pense que notre peuple renoncera
à ses droits se trompe. Nous ne sommes pas vaincus. Et nous ne sommes pas très loin du jour où nous
verrons un État palestinien indépendant et souverain, inshallah. »
ملخص المقال باللغة العربية
يتناول تقرير Weapons of Willpower مسار الحرب على غزة عام 2025، ودور الولايات المتحدة
وإسرائيل، ورؤية قيادات المقاومة الفلسطينية—حماس والجهاد الإسلامي—لما يُعرف
بـ«خطة ترامب لغزة» التي صادق عليها مجلس الأمن بشكل غير مسبوق.
يشير التقرير
إلى أنّ إسرائيل واصلت عملياتها العسكرية ضد غزة رغم إعلان «وقف إطلاق النار»، حيث
قُتل المئات بعد 10 أكتوبر، فيما استمرت إسرائيل في احتلال أكثر من نصف القطاع
ومنع دخول المساعدات الأساسية.
تقول قيادات
المقاومة إنّ الخطة التي روّج لها ترامب تحت عنوان «السلام» تهدف عملياً إلى نزع
سلاح المقاومة الفلسطينية ووضع غزة تحت وصاية دولية يقودها «مجلس سلام» خاص
يترأسه ترامب نفسه، خارج إطار الأمم المتحدة. وترى المقاومة أنّ هذا المجلس يمثل
غطاءً سياسيًا لمشروع الهيمنة الأميركي–الإسرائيلي على مستقبل غزة.
يكشف التقرير
أنّ حماس كانت قد وافقت في أغسطس 2025 على «إطار ويتكوف»—وهو اتفاق بوساطة
أميركية—يشمل هدنة لمدة 60 يوماً واستئناف دخول المساعدات وإطلاق سراح عدد من
الأسرى الإسرائيليين. غير أنّ إسرائيل تجاهلت الرد الفلسطيني، واتهمت حماس زوراً
بعرقلة الاتفاق، ثم صعّدت عملياتها العسكرية.
وفي 9 سبتمبر،
وبينما كان وفد من حماس يجتمع في الدوحة لمناقشة مقترح أميركي جديد، شنّت إسرائيل ضربة
جوية على مكاتب الحركة في العاصمة القطرية، في محاولة لاغتيال قيادة الوفد.
قُتل عدد من أقارب ومرافقي الدكتور خليل الحية، فيما نجا أعضاء الوفد الرئيسيون.
وترى قيادات المقاومة أنّ هذه الضربة كانت رسالة إسرائيلية واضحة لنسف المفاوضات.
توضح المقاومة
أنّ قبولها لمرحلة أولى محدودة—وقف إطلاق النار، والمساعدات، وتبادل الأسرى—لا
يعني القبول ببنود ترامب الأخرى التي تعدّها «استسلاماً سياسياً»، مثل:
- الإشراف الدولي على غزة بقيادة ترامب،
- احتمال بقاء قوات الاحتلال داخل القطاع،
- نزع سلاح الفصائل نهائياً.
وتؤكد القيادات
الفلسطينية أنّ سلاح المقاومة هو سلاح إرادة، ومعظمه محلي الصنع، وأنّ نزع
السلاح يعني شلّ قدرة الشعب الفلسطيني على الدفاع عن نفسه في ظل غياب دولة
فلسطينية مستقلة وقوة أمنية وطنية.
كما يشير
التقرير إلى أنّ الخطة الأميركية منحت إسرائيل «فرصة نجاة» بعد فشلها في تحقيق
أهدافها العسكرية خلال عامين من الحرب، خاصة فشلها في القضاء على المقاومة أو
استعادة الأسرى عبر القوة.
وتخلص الشخصيات
التي جرى مقابلاتها إلى أنّ المشروع الأميركي–الإسرائيلي يهدف إلى فرض وصاية
سياسية واقتصادية على غزة، وأنّ القرار الأممي الذي تبنى خطة ترامب يعكس اختلال
ميزان القوى داخل مجلس الأمن. لكن المقاومة تؤكد أنّ الشعب الفلسطيني لن يتخلى عن
حقوقه، وأنّ النضال من أجل التحرر الوطني سيستمر ما دامت بواعث الاحتلال قائمة.
Resumen en
español
El artículo “Weapons of Willpower: Hamas and Islamic Jihad on Trump’s
Gaza Plan” analiza, a través de entrevistas con dirigentes del Hamas y la
Yihad Islámica Palestina, los acontecimientos políticos y militares que
rodearon el acuerdo de alto el fuego promovido por Donald Trump en 2025 y la
posterior resolución del Consejo de Seguridad de la ONU.
El reportaje sostiene que Israel continuó atacando Gaza a pesar del “cese
de hostilidades” anunciado, y que el plan de Trump —respaldado sorpresivamente
por la ONU— pretendía imponer una tutela internacional sobre Gaza bajo un
órgano privado presidido por el propio Trump. Ese órgano tendría como objetivo
central desarmar a la resistencia palestina y desmilitarizar la Franja,
sin intervenir sobre la ocupación israelí.
Los dirigentes del Hamas y la Yihad Islámica describen en detalle la falla
del proceso de negociación, explicando que:
- Hamas había
aceptado ya en agosto un acuerdo de 13 puntos (el “marco Witkoff”) que
incluía un alto el fuego, ayuda humanitaria y liberación parcial de
cautivos.
- Israel nunca
respondió a esa aceptación y, junto con funcionarios estadounidenses,
acusó falsamente a Hamas de bloquear un acuerdo.
- El 9 de
septiembre, mientras Hamas evaluaba la nueva propuesta de Trump, Israel
lanzó un ataque aéreo contra su delegación en Doha, matando familiares y
personal pero sin alcanzar a los líderes principales.
Los negociadores palestinos afirman que estaban dispuestos a aceptar una Fase
1 limitada: alto el fuego, intercambio de prisioneros y apertura
humanitaria. Pero rechazaron las fases posteriores del plan Trump porque
implicaban:
- una
administración extranjera de Gaza,
- presencia militar continuada de
Israel,
- eliminación
permanente de la capacidad de resistencia palestina.
Para las facciones palestinas, el objetivo real del plan es imponer una
derrota estratégica a la causa palestina bajo la apariencia de paz. También
sostienen que Trump utilizó el proceso para beneficios políticos, económicos y
personales —incluyendo el control de un fondo internacional de reconstrucción
administrado directamente por él.
El texto destaca que Israel, pese a dos años de guerra devastadora y más de
70.000 palestinos muertos, no logró destruir a la resistencia ni
recuperar a los cautivos por la fuerza, y que el plan de Trump ofreció a Israel
una vía para obtener legitimidad internacional sin retirar sus fuerzas ni poner
fin al bloqueo.
Los líderes palestinos entrevistados recalcan que:
- La resistencia es
un movimiento de liberación nacional, no un actor externo.
- La demanda de
desarme es equivalente a exigir la rendición total del pueblo palestino.
- Las armas en Gaza
son mayoritariamente fabricación local artesanal, símbolo de la
voluntad de resistir.
- Cualquier fuerza
internacional debe estar bajo la ONU y dedicada exclusivamente a
garantizar el alto el fuego, no a operar dentro de Gaza.
El reportaje concluye que el plan Trump representa un intento de subyugar
políticamente a Gaza, evitar el colapso de la imagen internacional de
Israel y negar el derecho palestino a la autodeterminación. Aun así, los
dirigentes entrevistados afirman que el pueblo palestino no abandonará su lucha
y que la resistencia seguirá siendo necesaria mientras exista ocupación.
El artículo “Weapons of Willpower: Hamas and Islamic Jihad on Trump’s
Gaza Plan” analiza, a través de entrevistas con dirigentes del Hamas y la
Yihad Islámica Palestina, los acontecimientos políticos y militares que
rodearon el acuerdo de alto el fuego promovido por Donald Trump en 2025 y la
posterior resolución del Consejo de Seguridad de la ONU.
El reportaje sostiene que Israel continuó atacando Gaza a pesar del “cese
de hostilidades” anunciado, y que el plan de Trump —respaldado sorpresivamente
por la ONU— pretendía imponer una tutela internacional sobre Gaza bajo un
órgano privado presidido por el propio Trump. Ese órgano tendría como objetivo
central desarmar a la resistencia palestina y desmilitarizar la Franja,
sin intervenir sobre la ocupación israelí.
Los dirigentes del Hamas y la Yihad Islámica describen en detalle la falla
del proceso de negociación, explicando que:
- Hamas había
aceptado ya en agosto un acuerdo de 13 puntos (el “marco Witkoff”) que
incluía un alto el fuego, ayuda humanitaria y liberación parcial de
cautivos.
- Israel nunca
respondió a esa aceptación y, junto con funcionarios estadounidenses,
acusó falsamente a Hamas de bloquear un acuerdo.
- El 9 de
septiembre, mientras Hamas evaluaba la nueva propuesta de Trump, Israel
lanzó un ataque aéreo contra su delegación en Doha, matando familiares y
personal pero sin alcanzar a los líderes principales.
Los negociadores palestinos afirman que estaban dispuestos a aceptar una Fase
1 limitada: alto el fuego, intercambio de prisioneros y apertura
humanitaria. Pero rechazaron las fases posteriores del plan Trump porque
implicaban:
- una
administración extranjera de Gaza,
- presencia militar continuada de
Israel,
- eliminación
permanente de la capacidad de resistencia palestina.
Para las facciones palestinas, el objetivo real del plan es imponer una
derrota estratégica a la causa palestina bajo la apariencia de paz. También
sostienen que Trump utilizó el proceso para beneficios políticos, económicos y
personales —incluyendo el control de un fondo internacional de reconstrucción
administrado directamente por él.
El texto destaca que Israel, pese a dos años de guerra devastadora y más de
70.000 palestinos muertos, no logró destruir a la resistencia ni
recuperar a los cautivos por la fuerza, y que el plan de Trump ofreció a Israel
una vía para obtener legitimidad internacional sin retirar sus fuerzas ni poner
fin al bloqueo.
Los líderes palestinos entrevistados recalcan que:
- La resistencia es
un movimiento de liberación nacional, no un actor externo.
- La demanda de
desarme es equivalente a exigir la rendición total del pueblo palestino.
- Las armas en Gaza
son mayoritariamente fabricación local artesanal, símbolo de la
voluntad de resistir.
- Cualquier fuerza
internacional debe estar bajo la ONU y dedicada exclusivamente a
garantizar el alto el fuego, no a operar dentro de Gaza.
El reportaje concluye que el plan Trump representa un intento de subyugar
políticamente a Gaza, evitar el colapso de la imagen internacional de
Israel y negar el derecho palestino a la autodeterminación. Aun así, los
dirigentes entrevistados afirman que el pueblo palestino no abandonará su lucha
y que la resistencia seguirá siendo necesaria mientras exista ocupación.






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