JAMIL CHADEDes artistes et des mouvements sociaux brésiliens demandent à Lula de protéger la flottille en route vers Gaza

Jamil Chade, UOL, à Genève, 28/09/2025
Traduit par Tlaxcala

Une large coalition d'artistes, de personnalités, d'universitaires, de politiciens et de mouvements sociaux a lancé dimanche un appel au gouvernement Lula pour qu'il garantisse la protection de la Global Sumud Flotilla (GSF), une initiative internationale qui vise à briser le blocus illégal de Gaza et à apporter une aide humanitaire aux Palestiniens.

Le groupe, composé de personnalités telles que Chico Buarque, Chico César, le rappeur GOG, Bela Gil, Mel Lisboa, Aline Borges, l'écrivain Milton Hatoum et le père Julio Lancelotti, demande également au gouvernement Lula d'adopter des sanctions contre Israël et de s'engager vers une rupture des relations diplomatiques.

Carol Proner, Vladimir Safatle, Paulo Sérgio Pinheiro, Luis Nassif, Luiza Erundina, Eduardo Suplicy et José Dirceu ont également signé la pétition.

Greta Thunberg porte un t-shirt en hommage à Marielle Franco dans la flottille d'aide à Gaza

La GSF rassemble environ 600 membres de 44 pays sur près de 50 bateaux, dont 15 Brésiliens.

La semaine dernière, Lula a profité de son discours à l'ONU pour dénoncer la situation à Gaza. « Là-bas, sous des tonnes de décombres, des dizaines de milliers de femmes et d'enfants innocents sont ensevelis. Là-bas sont également ensevelis le droit international humanitaire et le mythe de la supériorité éthique de l'Occident. Ce massacre n'aurait pas eu lieu sans la complicité de ceux qui auraient pu l'éviter », a-t-il déclaré.

Mais parmi les mouvements sociaux, une pression s'exerce pour que le gouvernement Lula adopte des mesures concrètes au-delà des discours.

Aujourd'hui, le groupe demande que « le gouvernement brésilien reste ferme dans son exigence de cessation immédiate des attaques et de la tentative de criminalisation de la Global Sumud Flotilla, afin de préserver les Brésiliens qui y naviguent, en leur garantissant un passage libre et sans entrave, conformément au droit international, afin de livrer l'aide humanitaire à Gaza, urgente face à la famine, à la soif, au manque de soins médicaux, d'assainissement et de santé imposés par le siège israélien, dans le cadre du génocide ».

Mais l'initiative demande également au gouvernement brésilien « d'imposer des sanctions à Israël, en vue de rompre toutes les relations avec cet État génocidaire ».

Des mouvements tels que le MST, le MTST et la CUT font également partie de l'initiative, ainsi que les députées Sâmia Bomfim (PSOL-SP), Fernanda Melchionna (PSOL-RS), Érika Kokay (PT-DF), le député Glauber Braga (PSOL-RJ) et le député João Daniel (PT-SE).

La lettre, qui compte plus de 350 signatures, est une initiative de l'organisation de la flottille et fait suite aux attaques contre des bateaux, avec le lancement d'au moins 14 bombes à effet moral et de produits chimiques le 23 septembre dernier.

« Les cœurs et les esprits de la plupart des gens dans le monde sont avec notre mission historique. L'invasion totale de la ville de Gaza se poursuit à un rythme accéléré et nous continuerons à naviguer pour briser le blocus et ouvrir un couloir humanitaire vers Gaza, en transportant toute l'aide que nous pouvons. Suivez-nous et levez-vous pour mettre fin au génocide », appelle directement depuis la flottille l'activiste brésilien Thiago Ávila, organisateur international de la Global Sumud Flotilla.

Les comités de solidarité avec le peuple palestinien, ainsi que les organisations de la communauté arabo-palestinienne au Brésil, telles que la Fédération arabo-palestinienne du Brésil (FEPAL) et l'Institut Brésil-Palestine (Ibraspal), soutiennent également cette initiative, tout comme des collectifs tels que Vozes Judaicas por Libertação (Voix juives pour la libération), expression juive antisioniste dans le pays.

Envoi de navires

La semaine dernière, 37 parlementaires ont envoyé un document au gouvernement fédéral demandant des mesures urgentes pour protéger les membres d'équipage de la Global Sumud Flotilla, parmi lesquels se trouvent des Brésiliens. Le texte demande à l'Union « d'envoyer des bateaux équipés pour aider à protéger la flottille et garantir le sauvetage des Brésiliens qui font partie de la mission ». L'initiative a été prise par la députée Fernanda Melchionna (PSOL-RS), avec le soutien de personnalités telles qu’ Érika Kokay (PT-DF) et Sâmia Bomfim (PSOL-SP).

Une réunion avec le ministre Mauro Vieira, organisée par le député João Daniel (PT-SE), est également prévue le 2 octobre, en présence des députées Sâmia Bomfim et Fernanda Melchionna. L'ordre du jour comprend les négociations diplomatiques, la sécurité de la flottille et la position du gouvernement brésilien face aux attaques israéliennes, ainsi que les conclusions de l'audience publique qui s'est tenue le 28 août et qui a débattu de la rupture des relations avec Israël.

Demande d'intervention à Lula

Marina Conti, conseillère municipale de Campinas (PSOL), souligne que « les déclarations du gouvernement brésilien et du président Lula condamnant le génocide ont été importantes, car Lula a un poids international ».

« Mais nous avons besoin que le gouvernement aille plus loin : nous avons besoin que le gouvernement défende la flottille, cette mission de solidarité internationale et les Brésiliens qui se trouvent ici. Cela serait d'une grande importance », a-t-elle déclaré.

« Nous avons besoin d'actions concrètes, par exemple d'une action diplomatique qui puisse garantir notre protection, tout comme l'Espagne et l'Italie envoient des frégates pour escorter cette mission et lui apporter leur aide », a-t-elle affirmé.

« Nous avons besoin que le gouvernement brésilien prenne des mesures concrètes et qu'il prenne également des mesures pour mettre fin au génocide, car les mots sont importants, ils ont un poids politique, mais nous avons besoin d'actions concrètes, comme par exemple rompre les relations économiques et énergétiques. Le Brésil doit cesser d'alimenter la machine de mort israélienne en pétrole, en acier, en toutes ces matières premières qui sont essentielles et qui alimentent aujourd'hui le massacre du peuple palestinien », a-t-elle argumenté.

João Aguiar, coordinateur de la délégation brésilienne dans la flottille et membre du Núcleo Palestina do PT (Noyau palestinien du Parti des travailleurs), estime que « la Flottille n'apporte pas seulement l'aide humanitaire si nécessaire ». « Elle transporte quelque chose de beaucoup plus lourd. La Flottille navigue avec des millions, voire des milliards de personnes à travers le monde. Des personnes qui, à travers cette action, envoient un message de solidarité, un avertissement que le monde n'acceptera pas cela en silence, que le peuple palestinien n'est pas seul et ne sera pas abandonné. Nous naviguons toujours ensemble : nous, en mer, et vous, sur terre », dit-il.

Qui sont les Brésilien·nes embarqué·es

• Thiago Ávila (@thiagoavilabrasil) — Internationaliste, socio-environnementaliste, militant expérimenté. Organisateur international de la flottille et de missions précédentes en Méditerranée, comme celle du navire Madleen. Reconnu pour son engagement dans les causes climatiques et pour la justice sociale.
• Bruno Gilga Rocha (@brunogilgarocha) — Travailleur de l’USP et actif au sein du Syndicat des Travailleurs de l’USP. En tant que correspondant d’Esquerda Diário, il a participé à la Marche mondiale pour Gaza, en Égypte, et est porte-parole de la délégation brésilienne de la Global Sumud Flotilla.
• Lucas Farias Gusmão (@ekkicetacea) — Activiste, internationaliste et enfant de Bahia. Sa préoccupation centrale est l’avenir de la planète et de l’humanité face à la machine capitaliste et impérialiste qui dévore tout.
• João Aguiar (@joaoaguiar_) — Activiste du Mouvement mondial pour Gaza et du Noyau Palestine du PT/SP. Il a travaillé dans des unités publiques d’assistance sociale au Nordeste du Brésil, promouvant la justice sociale à travers la cuisine, l’alimentation et l’agriculture familiale. Aujourd’hui, il fait partie de la coordination de la délégation brésilienne de la flottille.
• Mohamad El Kadri (@mohamadelkadri) — Coordinateur du Front Palestine et du Forum latino-palestinien, activiste. Il représente la voix de la diaspora arabe au Brésil et sa connexion historique avec la cause palestinienne.
• Mariana Conti (@marianaconti_psol) — Conseillère municipale à Campinas (PSOL/SP). Féministe, reconnue pour la défense des droits humains, de l’éducation publique et de l’écosocialisme.
• Gabrielle Tolotti (@gabi_tolotti) — Présidente du PSOL RS. Active dans les mouvements sociaux et de solidarité internationale.
• Ariadne Telles (@ariadnetelles) — Avocate populaire et militante du Mouvement Bem Viver. Elle agit dans la lutte pour la terre en Amazonie, avec une expérience dans les actions directes et une trajectoire de résistance en défense des territoires et des communautés.
• Lisiane Proença (@lisiproenca) — Communicatrice populaire, voyageuse et agitatrice culturelle. Depuis une décennie sur les routes, elle relie luttes socio-environnementales, territoires et communautés au Brésil et dans l’Amérique latine profonde, enregistrant et amplifiant les voix qui résistent.
• Carina Faggiani — Professeure d’Éducation Physique et docteure en Sciences à l’UNIFESP. Membre du Mouvement des Luttes de Classes (MLC) et de l’Unité Populaire (UP), engagée pour une société plus équitable, inclusive et anticapitaliste.
• Magno Carvalho Costa (@magnocosta) — Militant du Syndicat des Travailleurs de l’USP et dirigeant de la CSP-Conlutas. Vétéran d’initiatives de solidarité internationale avec le peuple palestinien.
• Victor Nascimento Peixoto (@mansur.peixoto) — Professeur chercheur en histoire islamique. Activiste et communicateur populaire.
• Giovanna Vial (@givial) — Journaliste et activiste, avocate, titulaire d’un master en Droits humains.