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22/07/2024

YANIV COGAN
Israël étudie une proposition visant à installer un régime fantoche “musulman modéré” à Gaza

Ce plan, que des responsables israéliens ont qualifié de “brillant”, prévoit de “rééduquer” les Palestiniens, de détruire l’UNRWA et de raser les camps de réfugiés.

Yaniv Cogan, Drop Site News, 19/7/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Yaniv Cogan est un auteur vivant à Tel Aviv. Il a récemment contribué au livre DELUGE: Gaza and Israel from Crisis to Cataclysm, publié par OR Books.

Jeudi, la Knesset israélienne a voté à une écrasante majorité pour contrecarrer tout effort visant à établir un État palestinien indépendant et a de fait confirmé le projet de longue date d’Israël de confiner les Palestiniens dans des ghettos de plus en plus isolés et inhabitables. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a clairement indiqué qu’il s’opposait à tout cessez-le-feu avec le Hamas qui ne lui permettrait pas de poursuivre sa campagne militaire à Gaza et qu’il s’efforçait de saboter une fin négociée de la guerre.


La mosquée Abdullah Azzam est réduite en ruines par une frappe israélienne à Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 17 juillet 2024. Photo : Majdi Fathi/Nur Photo via Getty

Dans le même temps, le gouvernement israélien a élaboré des plans d’après-guerre dystopiques et fondamentalement irréalistes pour gouverner Gaza, soit par l’occupation, soit, comme le suggère un document influent, par l’installation d’un régime fantoche “musulman modéré”.

Les responsables israéliens de la sécurité ont fait l’éloge du récent document universitaire recommandant l’élimination de la démocratie à Gaza et la reconstruction de la société gazaouie en une “entité musulmane modérée” dans le moule des Émirats arabes unis et de l’Arabie saoudite. Le plan contient plusieurs idées pour refaire entièrement la société gazaouie, notamment raser les camps de réfugiés, interdire “tous les livres scolaires existants” et établir un contrôle total des médias. La proposition appelle également à l’élimination de l’Office de secours et de travaux des Nations unies (UNRWA) et à la fermeture des programmes sociaux et humanitaires gérés par le Hamas pour les remplacer par une structure alternative contrôlée par Israël.

« Nous, au Conseil national de sécurité [israélien], avons lu cet excellent document », a déclaré son directeur, Tzachi Hanegbi, lors d’une récente interview à i24 News, « et en fin de compte, nous, les décideurs, devrons prendre en compte cette analyse, parce qu’elle est brillante ».

Alors que certains dirigeants politiques et responsables gouvernementaux israéliens de premier plan ont préconisé un plan plus extrême pour Gaza, qui impliquerait une occupation militaire permanente, voire l’expulsion de l’ensemble de la population palestinienne, la proposition des universitaires ouvre une fenêtre sur l’éventail des options envisagées aux plus hauts niveaux du pouvoir en Israël. Alors que les responsables israéliens mènent des jeux de guerre intellectuels sur l’avenir de Gaza, les Palestiniens restent pris au piège d’un enfer fait de bombardements constants, d’occupation militaire, de famine et de menaces d’anéantissement.

Selon les quatre universitaires israéliens auteurs du document, intitulé “From a Murderous Regime to a Moderate Society” [D’un régime meurtrier à une société modérée], celui-ci a eu une influence significative dans les allées du pouvoir. « Il a été très bien accueilli. Nous savons qu’il a été lu et diffusé. Des personnes très haut placées l’ont reçu plus d’une fois avec la recommandation de le lire et d’en discuter », a déclaré la professeure israélienne Netta Barak-Corren lors d’un récent podcast animé par Dan Senor, l’ancien porte-parole du régime d’occupation militaire des USA en Irak.

Le plan du “jour d’après” pour Gaza a été salué par l’éminent néoconservateur usaméricain qui a joué un rôle clé en Irak en 2003, lorsque l’administration Bush a imposé un vaste programme visant à éradiquer par la force l’idéologie du parti Baas de la société irakienne. « Je pense que l’ensemble des efforts déployés est extraordinaire », dit Senor dans son podcast. « Je connais un certain nombre de responsables israéliens qui partagent ce point de vue. Cela a certainement un impact et fait le tour du monde ». Senor a été conseiller principal de L. Paul Bremer, qui a dirigé l’occupation irakienne à ses débuts et a mis en place un régime désastreux pour les Irakiens, lequel a contribué à déclencher une insurrection d’une décennie contre les forces usaméricaines.

Le document a été distribué aux hauts responsables de la sécurité nationale israélienne, y compris aux membresl du Conseil de sécurité nationale, aux échelons supérieurs des Forces de défense israéliennes et à l’agence de renseignement Shin Bet à partir de février 2024. Il a également été présenté aux cinq membres du cabinet de guerre, l’organe de décision qui, jusqu’à sa récente dissolution, avait le dernier mot sur les politiques d’Israël à Gaza.

Les médias israéliens n’en ont toutefois pas parlé avant le mois de juin, notant que le document de 28 pages n’avait pas été rendu public. Danny Orbach, l’un des auteurs du document et professeur à l’Université hébraïque de Jérusalem, a expliqué dans un message sur Facebook que le document était resté confidentiel en raison des “recommandations opérationnelles spécifiques” qu’il contenait. Drop Site News a obtenu une copie peu de temps après - qui, avec 32 pages, semble être une version éditée ou mise à jour - et le Centre Moshe Dayan de l’Université de Tel Aviv a récemment publié la version de 32 pages (en hébreu).

Le document rassemble les enseignements tirés de quatre opérations historiques de changement de régime - le Japon et l’Allemagne après la Seconde Guerre mondiale, l’Irak et l’Afghanistan après les invasions menées par les USA - et formule des recommandations pour les efforts actuels d’Israël visant à renverser le gouvernement démocratiquement élu du Hamas dans la bande de Gaza.

Selon les auteurs, l’ordre social qui régnait avant le 7 octobre a facilité l’émergence d’une « structure sociopolitique qui ... a directement profité au Hamas ». Son effondrement, dû au « déplacement de nombreux résidents dans des zones de sécurité ad hoc.... la destruction de maisons, de bâtiments publics et d’infrastructures.... la mort de dizaines de milliers de résidents de la bande, dont une grande partie de terroristes, mais aussi de nombreux civils.... les difficultés humanitaires et la faim », a créé un “éventail de possibilités” qu’Israël doit parcourir avec soin pour garantir le résultat souhaité.

En décembre 2023, l’un des auteurs du document, Harel Chorev, de l’université de Tel- Aviv, a participé à l’émission officielle des FDI, Ma’arachot, pour débattre de la question « Peut-on éliminer le Hamas ? ». Il a souligné que la destruction de Gaza par Israël était une composante essentielle des efforts visant à marginaliser le Hamas : « Une fois qu’il est clair que [le Hamas] non seulement n’a pas gagné, mais qu’il a provoqué une horrible catastrophe pour lui-même et pour son peuple... et que cela se termine avec le cadavre métaphorique et non métaphorique du Hamas gisant sur le sol, dépouillé et achevé, cela aura un écho très positif ».

La façon dont Chorev présente la destruction de Gaza et les immenses souffrances humaines qu’elle provoque comme des réalisations des FDI est cohérente avec les commentaires récents de commandants des FDI sur le terrain, comme le général de brigade Yair Palai, qui supervise des milliers de soldats de la Brigade Golani à Gaza. « Lorsque les habitants de Gaza reviendront ici, un jour, ils ne croiront pas ce que le Hamas leur a fait, à eux et à leurs maisons », a déclaré Palai dans une interview publiée par Israel Hayom. « C’est l’entière responsabilité [du Hamas]. Il a détruit leurs vies, leurs biens ».

La mentalité stratégique reflétée dans ces commentaires est bien antérieure à l’actuelle guerre de Gaza. Plus de dix ans avant les attaques du 7 octobre, Dan Schueftan, ancien conférencier au Collège de sécurité nationale de Tsahal, l’équivalent de l’Académie militaire usaméricaine de West Point, expliquait : « Les invasions terrestres doivent être menées, peut-être à l’enseigne de “prter atteinte aux forces ennemies”, mais leur véritable signification est la dévastation qu’elles laissent derrière elles. Je ne vois pas d’inconvénient à ce que nous invoquions un objectif militaire comme prétexte, car c’est ce qu’exigent tous les spécialistes du droit international, et nous pouvons donc faire appel à un avocat pour nous expliquer comment procéder, mais l’essentiel est que [nous comprenions] très clairement [l’objectif réel] ».

Le quatrième co-auteur de “From a Murderous Regime to a Moderate Society”, Nathaniel Palmer de l’Université Bar-Ilan, a également exprimé son point de vue selon lequel les dommages causés par la guerre à la population palestinienne dans son ensemble sont un avantage. « Qui doit se sentir vaincu ? Le Hamas ou le Palestinien ordinaire ? Ma position est très claire : sur la base des leçons tirées de l’histoire, ce sont les Palestiniens ordinaires qui devraient se sentir vaincus », dit Palmer dans une interview accordée à Yediot Aharonot. La proposition de changement de régime elle-même le souligne : « Il est important que le public palestinien comprenne lui aussi que le Hamas a été vaincu ».

Le plan de réhabilitation après la “défaite totale” envisagé dans le document semble de moins en moins pertinent. Les Brigades Al-Qassam du Hamas et leurs alliés des autres factions armées de Gaza ont démontré une capacité significative à soutenir une guerre de guérilla contre l’assaut israélien. Dans le même temps, les dirigeants militaires et politiques israéliens restent déterminés à mettre en œuvre une politique génocidaire qui rendrait Gaza inhabitable de façon permanente. L’examen des détails du plan donne un aperçu important de certaines des ambitions concrètes des planificateurs de la politique israélienne, ce qui met à mal les affirmations selon lesquelles l’assaut contre Gaza est une opération ciblée axée uniquement sur le Hamas et le Jihad islamique palestinien.


LE JOUR AVANT LE JOUR D'APRÈS
-Et il y a aussi le nouveau Deif
Eran Wilkowski, Haaretz

 

Parmi ses recommandations, le document appelle à

Raser les camps de réfugiés et les remplacer par des logements “ordonnés” construits par les Israéliens.

Les camps eux-mêmes, note le document, constituent une part importante de la base sociale du Hamas. « Nous recommandons de détruire l’infrastructure des camps de réfugiés et de construire à leur place des quartiers ordonnés qui garantiront des conditions de vie appropriées et dans lesquels les familles gazaouies reviendront », conclut l’article. Mais les auteurs affirment que ce prétendu processus de reconstruction, qui est à la fois techniquement impossible et politiquement improbable, devra attendre qu’une “défaite totale” soit infligée au Hamas : « L’histoire montre que tant qu’une défaite totale n’a pas été infligée, il est inutile d’entamer des tentatives de restauration des systèmes ».

Imposer un régime de censure au système éducatif, aux médias et aux mouvements de jeunesse.

Le plan prévoit le renvoi des “éducateurs particulièrement extrémistes”, ainsi que l’interdiction immédiate de “tous les manuels scolaires existants” et suggère de les remplacer par des manuels alternatifs basés sur les programmes utilisés dans les Émirats arabes unis et en Arabie saoudite. En février, à peu près au moment où le document a été distribué pour la première fois, l’ancien chef du Mossad et du Conseil national de sécurité d’Israël, Yossi Cohen, a déclaré : « Les Émiratis ont fait un travail remarquable avec leurs manuels scolaires. Il y a eu de nombreux exemples [des changements qu’ils ont apportés], disant qu’Israël est avec nous, un allié, un allié important. Si seulement il y avait un dirigeant [palestinien] du calibre de Mohammed bin Zayed, qui est un géant ».

Le document propose également d’imposer un régime de censure aux médias, aux établissements d’enseignement supérieur et aux mouvements de jeunesse. Les commissions chargées de superviser la censure seraient composées de “Palestiniens modérés”, afin de ne pas être perçues comme un bras armé de l’occupation israélienne.

Le document complète son plan de rééducation en proposant de distribuer aux Palestiniens de Gaza des documents sur “l’histoire et la culture israéliennes” visant à “développer l’empathie et à encourager la paix et la tolérance”. Des mécanismes similaires de surveillance et d’assujettissement ont été mis au point par le Shin Bet d’Israël et utilisés en permanence contre les Palestiniens citoyens d’Israël depuis la création de ce pays.

Installer un gouvernement limité sous la menace constante d’Israël

Alors que les Palestiniens seraient soumis à un programme de lavage de cerveau imposé par Israël, l’administration quotidienne de Gaza serait assurée par un mélange de dirigeants locaux favorables à l’agenda d’Israël et de forces arabes étrangères. Afin d’obtenir leur collaboration, les auteurs suggèrent de brandir la menace constante d’un régime militaire israélien permanent : « Israël doit faire comprendre à ses partenaires qu’il a une alternative : si aucune solution efficace n’est trouvée pour le contrôle de Gaza, il n’aura d’autre choix que de prendre ses responsabilités et de reprendre le contrôle de la bande de Gaza. Cela revêt une importance majeure, étant donné que dans l’état d’esprit actuel des Palestiniens, la perte de terres est une menace bien plus grande que la destruction de bâtiments ou la perte, même massive, de vies humaines ».

Plusieurs hommes politiques israéliens ont fait des allusions similaires à une “seconde Nakba” et, dans certains cas, l’ont explicitement appelée de leurs vœux. Gideon Sa’ar, membre de la Knesset et chef du parti de droite Nouvelle Espérance, qui a rejoint le gouvernement d’union d’urgence établi en octobre et a quitté la coalition fin mars 2024, a proclamé : « Gaza doit être plus petite à la fin de la guerre ... Ils doivent perdre ce territoire ... ils doivent en payer le prix, pour eux, la vie humaine ou les dégâts matériels sont moins importants - mais cela, ils le comprennent ».


Mikail Çiftçi, Türkiye

Pousser l’UNRWA hors de Gaza

Le gouvernement israélien cherche depuis longtemps à faire disparaître l’Office de secours et de travaux des Nations unies, l’UNRWA. Créé en 1949 pour protéger le droit au retour des Palestiniens violemment expulsés de leurs terres et de leurs maisons lors de la création de l’État d’Israël, l’UNRWA est le principal fournisseur de programmes humanitaires et éducatifs à Gaza. Tout au long des neuf mois de guerre à Gaza, Israël a faussement qualifié l’UNRWA d’affilié au Hamas, a bombardé ses installations et tué son personnel. Israël a également convaincu les USA et d’autres puissances occidentales de suspendre le financement de l’organisme en menant une campagne de propagande accusant son personnel de complicité dans les attaques du 7 octobre.

Les auteurs affirment que l’agence des Nations unies utilise ses écoles pour diffuser un “endoctrinement terroriste” et qu’elle publie des « rapports qui falsifient les informations sur les conditions dans la bande [de Gaza] » - sans doute une référence aux rapports de situation soigneusement compilés par l’UNRWA qui documentent les attaques des FDI sur des cibles civiles à Gaza et les efforts d’Israël pour entraver l’acheminement de l’aide humanitaire.

Les hommes politiques israéliens ont fréquemment exprimé leur désir de fermer l’UNRWA : Rien que sur Twitter/X, les membres de la Knesset et les ministres du gouvernement israélien ont publié 277 tweets faisant référence à l’agence entre le 7 octobre 2023 et le 1er juin 2024. Parmi ceux-ci, 135 prétendaient que les employés de l’UNRWA étaient des terroristes ou aidaient au terrorisme, 65 appelaient au démantèlement de l’UNRWA, 66 autres appelaient les autres pays à défaire l’UNRWA, et 10 appelaient à des “réformes” non spécifiées au sein de l’UNRWA. Un seul message affirmait la légitimité de l’UNRWA.

Une prescription similaire est faite en ce qui concerne les réseaux Dawa (charité et services sociaux) du Hamas. Les universitaires affirment qu’il faut empêcher le Hamas de fournir des services de « réhabilitation, d’assistance, d’aide, de charité ou de religion » à la population de Gaza, ou « toute autre action qui pourrait lui permettre de conquérir le cœur des habitants ».

L’introduction de “bulles humanitaires”

Après avoir fermé les vastes réseaux de services humanitaires de l’UNRWA et du Hamas à Gaza, le document préconise la mise en place d’institutions alternatives sous le contrôle d’Israël.

Le document envisage une structure de commandement centrale israélienne pour coordonner un mécanisme composé d’employés d’organisations d’aide internationale et d’employés de l’Autorité palestinienne, qui distribueraient l’aide humanitaire aux Palestiniens dans certaines “bulles” désignées. Des rapports récents du Washington Post et du Financial Times suggèrent que les Forces de défense israéliennes commencent à mettre en œuvre une version du modèle des “bulles humanitaires”, le Financial Times attribuant le projet au ministre israélien de la défense Yoav Gallant. Les détails du plan ont été rapportés dans les médias israéliens en avril, mais aucune mention du terme “bulles humanitaires” n’est apparue avant la diffusion de l’article des universitaires en février.

Selon toutes les indications disponibles, le modèle des “bulles” ne ferait que détourner l’attention de la politique réelle d’Israël, qui consiste à affamer la population palestinienne. Gallant, qui se serait fait le champion de la mise en œuvre du modèle des bulles, avait auparavant juré d’imposer un siège total à la ville de Gaza : « Il n’y aura pas d’électricité, pas de nourriture, pas d’eau, pas de carburant, tout est fermé. Nous combattons des animaux humains et nous agissons en conséquence ». Plusieurs mois après l’assaut israélien contre la bande de Gaza, lorsque des soldats des FDI l’ont confronté et ont exigé que « l’aide n’entre pas, nous arrêterons l’aide », Gallant a semblé approuver leurs demandes. Ces déclarations, associées aux efforts manifestes des FDI pour limiter l’entrée de l’aide à Gaza, ont conduit le procureur de la Cour pénale internationale à recommander la délivrance d’un mandat d’arrêt à l’encontre de Gallant, notamment pour crime de famine organisée.

Ses collègues décideurs israéliens sont tout aussi déterminés à refuser l’aide humanitaire de base à Gaza. Les membres du Comité ministériel des affaires de sécurité nationale, également appelé Cabinet de sécurité, auraient proclamé : « Dans cette guerre, le mot  ‘humanitaire’ n’existe pas ».

Le cabinet de guerre a fait preuve de la même détermination : à l’extrémité libérale du spectre, Benny Gantz et Gadi Eizenkot, du parti Bleu et Blanc, ont tous deux appelé à limiter l’aide humanitaire autorisée à Gaza afin d’“augmenter la pression”. Eizenkot aurait présenté au cabinet de guerre sa propre proposition pour le “jour d’après” : « Israël n’a pas pour politique d’affamer les habitants de Gaza, malgré l’implication profonde de la population [civile] de Gaza dans les atrocités du 7 octobre et dans la détention d’otages depuis lors. Toutefois, l’aide sera limitée jusqu’au retour des personnes enlevées et sera fournie par toute agence internationale positive qui coordonne cela avec Israël ».

Le plan d’Eizenkot a été rédigé par l’institut MIND Israel, une boîte à idées sur la sécurité nationale dirigée par le général de division Amos Yadlin. Ancien attaché militaire de l’armée israélienne à Washington, Yadlin se serait engagé dans une diplomatie de deuxième ligne avec des fonctionnaires de l’administration Biden, tout en faisant l’éloge du blocage de camions d’aide humanitaire par des civils israéliens comme moyen de contourner les engagements publics d’Israël de fournir une aide suffisante à Gaza.

Malgré les diverses propositions concernant l’après-guerre, Israël semble déterminé à mettre en œuvre une politique “sans lendemain” pour les Palestiniens de Gaza. Cela correspond aux recommandations de l’ancien chef du Conseil national de sécurité, Yaakov Amidror, qui a conseillé Netanyahou dans les premiers jours de la guerre. « Israël dispose d’une grande liberté pour riposter... et oui, il y aura de nombreuses victimes de l’autre côté », a-t-il déclaré. « Je pense que c’était la décision des habitants de Gaza. Ils ont élu le Hamas lors d’élections ouvertes, ils devront donc en assumer les conséquences". Il a ajouté : “Rien n’est trop, dans ce cas”.

NdT





 

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