Sur les 4253
Communard·es (dont 23 femmes) déporté·es en Nouvelle-Calédonie suite à l’écrasement
sanglant de la Commune de Paris, Louise
Michel fut pratiquement la seule à ne pas entrer dans la logique de la « colonisation
pénitentiaire », dont le but sera résumé par Victor Hugo dans son célèbre discours
sur l’Afrique de 1879 : « Versez
votre trop-plein dans cette Afrique, et du même coup résolvez vos
questions sociales, changez vos prolétaires en propriétaires » .
Louise prend fait et cause pour
les « Canaques », lorsque ceux-ci se soulèvent en 1878 contre le
génocide en cours. «[…] Cette écharpe rouge de la Commune a été divisée,
là-bas, en deux morceaux, une nuit où deux Canaques, avant d’aller rejoindre
les leurs, insurgés contre les blancs, avaient voulu me dire adieu. » Au
cours des sept années de déportation, Louise fraternisa avec les Kanak et tira
deux livres de ses échanges. Alors que la plupart des déportés se rangeaient du
côté des forces de répression coloniales, Louise Michel est l’exception
lumineuse, pionnière d’un anticolonialisme qui a trop souvent fait défaut à la
gauche française, toutes tendances confondues. Des textes à découvrir, d’une
femme puisant dans sa condition féminine la force de s’opposer au racisme, au
patriarcat et au spécisme. « Quel est l’être supérieur, de celui qui
s’assimile à travers mille difficultés des connaissances étrangères à sa race,
ou de celui qui, bien armé, anéantit ceux qui ne le sont pas ? »
La
Vierge Rouge, la Pétroleuse, l’institutrice, l’infirmière, la combattante
Louise Michel est condamnée à la déportation après l’écrasement de la Commune
de Paris. Elle arrive en Nouvelle-Calédonie en décembre 1873 et y restera
jusqu’en juillet 1880, après quoi, bénéficiant d’une amnistie, elle rentrera en
France. Elle établit très rapidement un rapport fraternel avec les Kanak,
échangeant, conversant avec eux, apprenant leurs langues, écoutant leurs
récits, enseignant à leurs enfants. Quand des insurgés viennent une nuit
l’avertir de leur soulèvement imminent, elle leur montre comment sectionner les
fils du télégraphe pour saboter les communications des occupants et leur donne
son écharpe rouge, relique de la Commune (elle adoptera dans la dernière partie
de sa vie tumultueuse le drapeau noir). Cette relique, pieusement conservée,
donnera l’idée aux militants indépendantistes kanak des années 1960 d’appeler
leur mouvement Les Foulards Rouges.
Louise
Michel a écrit deux textes issus de sa rencontre du deuxième type. Ce sont ces
documents historiques précieux que nous republions pour les rendre accessibles
à toute personne ne fréquentant pas les temples du savoir et leurs rayonnages.
L’ouvrage est complété par des analyses sur les déportés de 1848, 1855 et 1871,
et couronné par l’incroyable discours de Victor Hugo sur l’Afrique.
Table
des matières
·
Légendes et chansons de gestes canaques
par Louise Michel, Nouméa 1875…………….8
·
Légendes et chants de gestes
canaques
par Louise Michel, Paris 1885………………….44
·
Louise
Michel et les Kanak : amorce d’une réflexion anti-impérialiste
par
Lucie Delaporte, 2018………………………235
·
Déportés en
Nouvelle-Calédonie : l’improbable rencontre des communards et des insurgés
algériens
par
Lucie Delaporte, 2018………………………248
·
Les
déportés de 1848
par Marcel Émerit, 1948…………………………257
·
Les communards
contre les Canaques
par
Jean Bruhat, 1981………………………….....266
·
Commune(s),
communards, question coloniale
par Alain Ruscio, 2022……………………………..275
·
Discours sur
l’Afrique
par Victor Hugo, 1879……………………………299
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