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16/06/2022

Louis Hunkanrin : Le forfait colonial, un pamphlet contre l’esclavagisme




Considéré comme le « Père du mouvement national dahoméen », Louis Hunkanrin (1886-1964) fait partie de la première promotion de l’École normale de Saint-Louis du Sénégal en 1907. Il ne sera pas instituteur longtemps : révoqué en 1910, déporté du futur Bénin à Dakar, il s’engage dans le journalisme anticolonial et participe dès 1922 au journal de l’Union intercoloniale, Le Paria, fondé à Paris par Nguyên Ai Quôc, le futur Hô Chi Minh. Qualifié de meneur de la rébellion de Porto-Novo de février 1923, il est condamné à dix ans d’internement administratif en Mauritanie. C’est là qu’il découvre que l’esclavage, officiellement aboli par la puissance coloniale en 1905, se maintient avec l’assentiment des autorités coloniales, qui vont jusqu’à prélever une taxe sur chaque esclave, équivalente à la taxe sur 5 moutons. Il s’engage donc dans ce combat, dont cette brochure retrace les péripéties. Près d’un siècle plus tard, elle reste d’une actualité percutante : dans la Mauritanie du XXIème siècle, l’esclavage est loin d’avoir disparu et il prospère en toute illégalité.

Ebook € 1.62 – Papier € 5.40

https://glocalworkshop.com/fr/produit/le-forfait-colonial-louis-hunkanrin/

07/01/2022

DAVID OLUSOGA
L'histoire honteuse de l'esclavagisme britannique est importante - c'est pourquoi un jury a acquitté les quatre déboulonneur·es de la statue de Colston

David Olusoga, The Guardian, 6/1/2022
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Les jurés devaient décider que les crimes odieux d'Edward Colston étaient sans importance, mais ils ont choisi de se placer du bon côté de l'histoire.

Illustration par Nate Kitch

Des acclamations ont fusé de la galerie du public de la Cour de la Couronne de Bristol lorsque les verdicts de non-culpabilité ont été rendus. Dix-huit mois après que la désormais tristement célèbre statue de Bristol représentant le marchand d'esclaves Edward Colston se fut écrasée au sol, les quatre jeunes gens qui avaient été accusés de dégâts criminels ont été acquittés.

La stratégie que l'accusation semble avoir adoptée - dans une affaire qui, selon certains, n'aurait jamais dû faire l'objet d'un procès - semble avoir consisté à demander au jury de ne pas tenir compte de l'histoire. Selon eux, l'identité de la personne vénérée par la statue n'avait aucune importance. Il s'agissait, selon eux, d'un cas de dégâts criminels, dans lequel les accusés n'ont même pas nié leur rôle dans le renversement de la statue ou, dans un cas, dans l'aide apportée pour la faire rouler jusqu'au port de Bristol, d'où elle a été jetée à l'eau.

L'accusation soutenait que les crimes d'Edward Colston, actionnaire et finalement gouverneur adjoint de la Royal African Company, l'entité la plus prolifique de l'histoire britannique en matière de commerce d'esclaves, devaient simplement être mis de côté. Le fait que la statue représente un homme dont la richesse a été fondée sur l'asservissement de 84 000 hommes, femmes et enfants est sans importance. Tout comme le fait qu'il ait été complice de la mort de 19 000 d'entre eux, qui sont morts, agonisants, enchaînés sur les ponts des navires négriers de la Royal African Company. Cela ne devait pas préoccuper le jury. Leurs souffrances, leur mort, leur existence même n'avaient rien à voir avec la question en jeu. En adoptant une telle stratégie, l'accusation ne faisait que demander au jury d'adopter la même position d'aveuglement moral délibéré que les défenseurs de Colston ont adoptée pendant des décennies.

RHIAN GRAHAM
Je suis l'une des quatre déboulonneur·es de la statue de Colston à Bristol. Notre victoire a rapproché la nation de la justice raciale

Rhian Graham, The Guardian, 6/1/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Rhian Graham est régisseure et animatrice de spectacles de cirque. Elle fait partie des quatre personnes qui ont été jugées pour le déboulonnage du négrier Edward Colston à Bristol.

 On nous a accusés d'effacer l'histoire, mais c'est impossible. Tout ce que nous avons fait, c'est d'éclairer des endroits où les gens ne veulent pas que la lumière brille.

 

« Il ne s'agit pas du tout de statues en général : il s'agit de cette statue, dans cette ville, à ce moment précis ». Le socle de la statue déboulonnée d'Edward Colston, Bristol, 6 janvier 2022. Photo : Martin Godwin/The Guardian

Le 7 juin 2020, je faisais partie d'un groupe de manifestants qui ont mis à bas une statue du marchand d'esclaves Edward Colston et l'ont jetée dans le port de Bristol. Je n'ai jamais senti et ne sentirai jamais que ce que nous avons fait était mal, et je n'ai jamais pensé que j'étais une criminel.le Mais c'est une belle chose qu'un jury ait examiné toutes les preuves et soit arrivé à la même conclusion.

J'ai eu un bon pressentiment tout au long du procès, mais j'ai dû me préparer aux deux issues - cela aurait pu aller dans un sens ou dans l’autre. Notre défense reposait sur l'argument selon lequel nous avions effectivement renversé la statue lors d'une manifestation « Black Lives Matter », mais qu'étant donné le rôle de Colston dans la Royal African Company, qui a réduit des dizaines de milliers de personnes en esclavage et a été responsable de la mort d'environ 19 000 personnes, il ne s'agissait pas de dégâts criminels.

De gauche à droite, Sage Willoughby, Jake Skuse, Milo Ponsford et Rhian Graham devant la Bristol Crown Court, le 5 janvier 2022.