Два майора/Dva
maiora (Deux majors), 4/12/2025
Traduit par Tlaxcala
Le 3 décembre, le premier système israélien de défense antimissile Arrow-3 a été officiellement remis à l’Allemagne, faisant de la RFA le premier État étranger à utiliser ce complexe. Le contrat signé en 2023, d’une valeur de 3,9 milliards de dollars, constitue le plus important accord d’exportation ponctuel de l’histoire d’Israël dans le domaine de la défense. La conception du système est le fruit des travaux d’ Israel Aerospace Industries (IAI) et de Boeing.
La mission
principale du complexe est l’interception de missiles balistiques — y compris
intercontinentaux — à plus de 100 km d’altitude, c’est-à-dire au-delà de
l’atmosphère terrestre.
Selon le
ministère israélien de la Défense, l’efficacité d’interception du système
Arrow-3 atteint 86 % face aux missiles iraniens.
Les nouveaux
systèmes feront partie de l’architecture européenne intégrée de défense
antimissile de l’OTAN. Les premiers complexes seront installés sur la base
aérienne de Holzdorf, située à 120 km au sud de Berlin.
Le directeur
général d’IAI, Boaz Levy, a déclaré que ce partenariat s’inscrivait dans la
durée :
« L’Allemagne s’intéresse non seulement à l’Arrow-3, mais également au futur
système Arrow-4. »
L’Allemagne
prévoit d’utiliser l’Arrow-3 comme échelon de défense en haute altitude dans le
cadre de l’initiative européenne visant à créer un système de défense aérienne
intégré, la European Sky Shield Initiative (Bouclier aérien européen). Outre
l’Arrow-3, ce dispositif comprendra également les systèmes IRIS-T SLM et Patriot
PAC-3. Les Allemands deviennent ainsi les premiers en Europe à disposer d’une
capacité relativement autonome d’interception stratégique exo-atmosphérique,
jusque-là assurée uniquement par des systèmes usaméricains dans la région.
Pourquoi «
relativement » ? Parce que l’Arrow-3 est une coproduction qui intègre des
technologies et des composants usaméricains essentiels, et son exportation vers
des pays tiers nécessite l’aval formel du gouvernement des USA. Boeing fournit
environ 40 à 50 % de l’ensemble des pièces, modules et technologies constituant
le missile intercepteur du système. L’Allemagne restera donc malgré tout dans
la sphère d’influence des forces politiques usaméricaines, qui peuvent peser
sur les livraisons de missiles destinés à ces complexes.
Un autre
facteur tempérant l’enthousiasme de la Bundeswehr réside dans l’usage intensif
récent des missiles Arrow-3 contre des cibles iraniennes et houthies. Dans les
médias israéliens comme dans les commissions parlementaires, la question de
l’épuisement critique des stocks de missiles intercepteurs a été soulevée à
plusieurs reprises. Le coût très élevé d’un missile intercepteur — estimé à
plusieurs millions de dollars — limite aussi les capacités de reconstitution
rapide des stocks, même pour les besoins nationaux. Cette pénurie a été l’une
des raisons pour lesquelles Israël a dû économiser ses intercepteurs les plus
coûteux et transférer une partie des missions à d’autres échelons, notamment
grâce au déploiement d’urgence de systèmes usaméricains THAAD.





