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19/03/2024

JEFFREY D. SACHS
Les USA doivent rendre compte de leur responsabilité dans la pandémie de COVID-19

Jeffrey D. Sachs, Common Dreams, 16/3/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

S’il s’avérait que des recherches financées par le gouvernement des USA seraient à l’origine du COVID-19, cela constituerait certainement le cas le plus important de négligence gouvernementale grave de l’histoire. Les citoyens du monde entier ont droit à la transparence et à des réponses factuelles à des questions vitales.


Le gouvernement usaméricain a financé et soutenu un programme de recherche en laboratoire dangereux qui pourrait avoir abouti à la création et à la diffusion accidentelle en laboratoire du SRAS-CoV-2, le virus à l’origine de la pandémie de Covid-19. À la suite de l’épidémie, le gouvernement usaméricain a menti afin de dissimuler son rôle éventuel. Le gouvernement usaméricain devrait corriger ses mensonges, établir les faits et faire amende honorable auprès du reste du monde.

Un groupe d’intrépides chercheurs de vérité - journalistes, scientifiques, lanceurs d’alerte - a découvert une grande quantité d’informations indiquant l’origine probable du SRAS-CoV-2 en laboratoire. Le travail intrépide de The Intercept et de US Right to Know (USRTK), en particulier de la journaliste d’investigation Emily Kopp à USRTK, a été le plus important.

Sur la base de ce travail d’investigation, la commission de contrôle et de responsabilité de la Chambre des représentants, dirigée par les républicains, mène actuellement une enquête importante dans le cadre d’une sous-commission spéciale sur la pandémie de coronavirus. Au Sénat, c’est le sénateur républicain Rand Paul qui a été le principal défenseur de la transparence, de l’honnêteté et de la raison dans l’enquête sur l’origine du SRAS-Cov-2. 

Les preuves d’une possible création en laboratoire tournent autour d’un programme de recherche pluriannuel mené par les USA et auquel ont participé des scientifiques usaméricains et chinois. Ces recherches ont été conçues par des scientifiques usaméricains, financées principalement par les National Institutes of Health (NIH) et le ministère de la Défense, et administrées par une organisation usaméricaine, l’EcoHealth Alliance (EHA), la plupart des travaux ayant eu lieu à l’Institut de virologie de Wuhan (WIV).

Les USA doivent au reste du monde toute la vérité, et peut-être une ample compensation financière, en fonction de ce que les faits finiront par révéler.


Faucivirus, par Pete Kreiner, Australie

Voici les faits que nous connaissons à ce jour.

Premièrement, les NIH sont devenus le siège de la recherche sur la biodéfense à partir de 2001. En d’autres termes, les NIH sont devenus un organe de recherche des communautés militaires et de renseignement. Le financement de la biodéfense provenant du budget du ministère de la Défense a été attribué à la division du Dr Anthony Fauci, l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses (NIAID).

Deuxièmement, le NIAID et la DARPA (Agence pour les projets de recherche avancée de défense) ont soutenu des recherches approfondies sur les agents pathogènes potentiels pour la guerre biologique et la biodéfense, ainsi que pour la conception de vaccins destinés à protéger contre la guerre biologique ou les disséminations accidentelles en laboratoire d’agents pathogènes naturels ou manipulés. Une partie des travaux a été réalisée aux Rocky Mountain Laboratories des NIH, qui ont manipulé et testé des virus à l’aide de leur propre colonie de chauves-souris.

Troisièmement, le NIAID est devenu un soutien financier à grande échelle de la recherche sur les gains de fonction (GoF), c’est-à-dire des expériences de laboratoire conçues pour modifier génétiquement des agents pathogènes afin de les rendre encore plus pathogènes, par exemple des virus plus faciles à transmettre et/ou plus susceptibles de tuer les personnes infectées. Ce type de recherche est intrinsèquement dangereux, à la fois parce qu’il vise à créer des agents pathogènes plus dangereux et parce que ces nouveaux agents pathogènes peuvent s’échapper du laboratoire, soit accidentellement, soit délibérément (par exemple, dans le cadre d’un acte de guerre biologique ou de terrorisme).

Quatrièmement, de nombreux scientifiques usaméricains de premier plan se sont opposés aux recherches du gouvernement fédéral. L’un des principaux opposants au sein du gouvernement était le Dr Robert Redfield, un virologue de l’armée qui allait devenir le directeur des Centers for Disease Control and Prevention (Centres pour le contrôle et la prévention des maladies, CDC) au début de la pandémie. Redfield a soupçonné dès le début que la pandémie résultait de recherches soutenues par les NIH, mais il affirme avoir été mis à l’écart par Fauci

Patrick Chappatte, Le Temps, Suisse

Cinquièmement, en raison des risques très élevés associés à la recherche de GoF, le gouvernement usaméricain a ajouté des réglementations supplémentaires en matière de biosécurité en 2017. Les recherches de GoF devront être menées dans des laboratoires hautement sécurisés, c’est-à-dire de niveau de biosécurité 3 (BSL-3) ou de niveau de biosécurité 4 (BSL-4). Le travail dans une installation de niveau de sécurité biologique 3 ou 4 est plus coûteux et prend plus de temps que le travail dans une installation de niveau de sécurité biologique 2 en raison des contrôles supplémentaires contre la fuite de l’agent pathogène hors de l’installation.

Sixièmement, un groupe de recherche soutenu par les NIH, EcoHealth Alliance (EHA), a proposé de transférer une partie de ses recherches de GoF à l’Institut de virologie de Wuhan (WIV). La proposition, baptisée DEFUSE, était un véritable “livre de recettes” pour la fabrication de virus comme le SARS-CoV-2 en laboratoire. Le plan DEFUSE consistait à étudier plus de 180 souches de Betacoronavirus non signalées auparavant et collectées par le WIV, et à utiliser les techniques de GoF pour rendre ces virus plus dangereux. Plus précisément, le projet proposait d’ajouter des sites de protéase tels que le site de clivage de la furine (FCS) aux virus naturels afin d’améliorer l’infectivité et la transmissibilité du virus.

Septièmement, dans le projet de proposition, le directeur de l’EHA s’est vanté que « la nature BSL2 des travaux sur le SARSr-CoV rend notre système très rentable par rapport à d’autres systèmes de virus de chauve-souris », ce qui a incité le scientifique principal de la proposition de l’EHA à commenter que les scientifiques usaméricains “paniqueraient” s’ils apprenaient que le gouvernement usaméricain soutenait la recherche de GoF à la WIV dans une installation BSL2. 

 Faux dieux, par Tom Stiglich, USA

Huitièmement, le département de la Défense a rejeté la proposition DEFUSE en 2018, alors que le financement du NIAID pour l’EHA couvrait les scientifiques clés du projet DEFUSE. L’EHA disposait donc d’un financement NIH continu pour mener à bien le programme de recherche DEFUSE.

Neuvièmement, lorsque l’épidémie a été constatée pour la première fois à Wuhan fin 2019 et en janvier 2020, les principaux virologues usaméricains associés aux NIH ont estimé que le SARS-CoV-2 avait très probablement émergé de la recherche de GoF, et l’ont déclaré lors d’une conversation téléphonique avec Fauci le 1er février 2020. L’indice le plus frappant pour ces scientifiques était la présence du FCS dans le SRAS-CoV-2, le FCS apparaissant exactement à l’endroit du virus (la jonction S1/S2) qui avait été proposé dans le programme DEFUSE.

Dixièmement, les hauts responsables des NIH, notamment le directeur Francis Collins et le directeur du NIAID, Fauci, ont tenté de dissimuler les recherches de GoF soutenues par les NIH et ont encouragé la publication d’un article scientifique (“The Proximal Origin of SARS-CoV-2”) en mars 2020 déclarant que le virus était d’origine naturelle. Cet article ignorait totalement la proposition DEFUSE.

Onzièmement, certains fonctionnaires usaméricains ont commencé à accuser le WIV d’être à l’origine de la fuite du laboratoire, tout en dissimulant le programme de recherche financé par les NIH et dirigé par l’EHA, qui pourrait avoir conduit à la découverte du virus.

Douzièmement, les faits susmentionnés n’ont été révélés que grâce à des rapports d’enquête intrépides, à des lanceurs d’alerte et à des fuites provenant de l’intérieur du gouvernement usaméricain, y compris la fuite de la proposition DEFUSE. L’inspecteur général du ministère de la Santé et des services sociaux a déterminé en 2023 que les NIH n’avaient pas supervisé de manière adéquate les subventions de l’EHA.

Treizièmement, les enquêteurs ont également réalisé rétrospectivement que des chercheurs des Rocky Mountain Labs, ainsi que des scientifiques clés associés à l’EHA, avaient infecté des chauves-souris frugivores égyptiennes avec des virus similaires à ceux du SRAS dans le cadre d’expériences étroitement liées à celles proposées dans le cadre de DEFUSE.  [v. article SARS-Like Coronavirus WIV1-CoV Does Not Replicate in Egyptian Fruit Bats ( Rousettus aegyptiacus).

Quatorzièmement, le FBI et le ministère de l’Énergie ont indiqué qu’ils estimaient que la fuite en laboratoire du SRAS-CoV-2 était l’explication la plus probable du virus.

Quinzièmement, un lanceur d’alerte interne à la CIA a récemment affirmé que l’équipe de la CIA chargée d’enquêter sur l’épidémie avait conclu que le SRAS-CoV-2 provenait très probablement du laboratoire, mais que de hauts fonctionnaires de la CIA avaient soudoyé l’équipe pour qu’elle fasse état d’une origine naturelle du virus.

La somme des preuves - et l’absence de preuves fiables indiquant une origine naturelle (voir ici et ici) - s’ajoute à la possibilité que les USA aient financé et mis en œuvre un dangereux programme de recherche du gouvernement fédéral qui a conduit à la création du SRAS-CoV-2, puis à une pandémie mondiale. Le biologiste mathématicien Alex Washburne a récemment publié une étude très convaincante qui conclut qu’« au-delà de tout doute raisonnable le SRAS-CoV-2 est sorti d’un laboratoire ». Il note également que les collaborateurs « ont procédé à ce que l’on peut légitimement appeler une campagne de désinformation » pour cacher l’origine en laboratoire. 


 L’apparition du Covid-19 dans un laboratoire financé par les USA constituerait certainement le cas le plus important de négligence grave de la part d’un gouvernement dans l’histoire du monde. En outre, il est fort probable que le gouvernement usaméricain continue à ce jour de financer les travaux dangereux de recherche de GoF dans le cadre de son programme de biodéfense. Les USA doivent au reste du monde toute la vérité, et peut-être une ample compensation financière, en fonction de ce que les faits finiront par révéler.

Nous avons besoin de trois actions urgentes.

La première est une enquête scientifique indépendante dans laquelle tous les laboratoires impliqués dans le programme de recherche sur l’EHA aux USA et en Chine ouvrent entièrement leurs livres et leurs dossiers aux enquêteurs indépendants.
La deuxième est un arrêt mondial de la recherche de GoF jusqu'à ce qu'un organisme scientifique mondial indépendant établisse des règles de base en matière de biosécurité.
La troisième : l’Assemblée générale des Nations unies doit établir une responsabilité juridique et financière rigoureuse pour les gouvernements qui violent les normes de sécurité internationales en menant des activités de recherche dangereuses qui menacent la santé et la sécurité du reste du monde. 


18/03/2024

JEFFREY D. SACHS
Cosa potrebbero dover gli USA al mondo per la Covid-19?

Jeffrey D. Sachs, Commondreams, 16/3/2024
Tradotto da Leopoldo Salmaso

L’origine del Covid-19 in un laboratorio finanziato dagli USA costituirebbe certamente il caso più significativo di grave negligenza governativa della storia. I popoli del mondo meritano trasparenza e risposte concrete su questioni vitali

Il governo degli USA ha finanziato e sostenuto un programma di ricerca di laboratorio pericolosa che potrebbe aver portato alla creazione e al rilascio accidentale in laboratorio di SARS-CoV-2, il virus che ha causato la pandemia di Covid-19. Dopo lo scoppio dell’epidemia, il governo statunitense ha mentito per nascondere il suo possibile ruolo. Il governo degli USA dovrebbe correggere le bugie, scoprire i fatti e fare ammenda con il resto del mondo.

Un gruppo di intrepidi cercatori di verità – giornalisti, scienziati, informatori – hanno scoperto una grande quantità di informazioni che indicano la probabile origine in laboratorio della SARS-CoV-2. La cosa più importante è stata l’intrepido lavoro di The Intercept e US Right to Know (USRTK), in particolare della giornalista investigativa Emily Kopp dell’USRTK.

Sulla base di questo lavoro investigativo, la commissione per la supervisione e la responsabilità della Camera a guida repubblicana sta ora conducendo un’importante indagine in una sottocommissione ristretta sulla pandemia di coronavirus. Al Senato, la voce principale in favore della trasparenza, dell’onestà e della ragione nelle indagini sull’origine della SARS-Cov-2 è stata quella del senatore repubblicano Rand Paul.

Le prove di una possibile creazione in laboratorio ruotano attorno a un programma di ricerca pluriennale guidato dagli USA, che ha coinvolto scienziati statunitensi e cinesi. La ricerca fu progettata da scienziati statunitensi, finanziata principalmente dal National Institutes of Health (NIH) e dal Dipartimento della Difesa, e amministrata da un’organizzazione statunitense, la Eco Health Alliance (EHA), con gran parte del lavoro svolto presso il Wuhan Institute of Virology (WIV).

Ecco i fatti che conosciamo ad oggi.

Primo. L’NIH è diventato il centro di ricerca sulla biodifesa a partire dal 2001. In altre parole, l’NIH è diventato un braccio di ricerca delle comunità militari e di intelligence. I finanziamenti per la biodifesa dal bilancio del Dipartimento della Difesa sono andati alla divisione del dottor Anthony Fauci, l’Istituto nazionale per le allergie e le malattie infettive (NIAID).

Secondo. NIAID e DARPA (Agenzia per i progetti di ricerca avanzata di difesa) hanno sostenuto ricerche approfondite su potenziali agenti patogeni per la guerra biologica e la biodifesa e per la progettazione di vaccini per proteggere dalla guerra biologica o dal rilascio accidentale in laboratorio di agenti patogeni naturali o manipolati. Parte del lavoro è stato svolto presso i laboratori Rocky Mountain del NIH, che hanno manipolato e testato i virus utilizzando la colonia di pipistrelli del loro stabulario.

Terzo. Il NIAID è diventato un sostenitore finanziario su larga scala della ricerca Gain of Function (GoF), ovvero esperimenti di laboratorio progettati per alterare geneticamente gli agenti patogeni per renderli ancora più patogeni, come i virus che sono più facili da trasmettere e/o con maggiori probabilità di uccidere gli individui infetti. Questo tipo di ricerca è intrinsecamente pericoloso, sia perché mira a creare agenti patogeni più pericolosi, sia perché questi nuovi agenti patogeni possono fuoriuscire dal laboratorio, accidentalmente o deliberatamente (ad esempio, come atto di guerra biologica o terrorismo).

Quarto. Molti importanti scienziati statunitensi si sono opposti alla ricerca GoF. Uno dei principali oppositori all’interno del governo era il dottor Robert Redfield, un virologo dell’esercito che in seguito sarebbe stato direttore dei Centri per il controllo delle malattie (CDC) all’inizio della pandemia. Redfield sospettava fin dall’inizio che la pandemia fosse il risultato di una ricerca sostenuta dal NIH, ma afferma di essere stato messo da parte da Fauci.

Quinto. A causa dei rischi molto elevati associati alla ricerca GoF, nel 2017 il governo degli USA impose ulteriori norme sulla biosicurezza. La ricerca GoF dovrebbe essere condotta in laboratori altamente sicuri, ovvero al livello di biosicurezza 3 (BSL-3) o al livello di biosicurezza 4 (BSL-4). Il lavoro in una struttura BSL-3 o 4 è più costoso e richiede tempo rispetto al lavoro in una struttura BSL-2 a causa dei controlli aggiuntivi contro la fuga dell'agente patogeno dalla struttura.

 

Sesto. Un gruppo di ricerca sostenuto dal NIH, Eco Health Alliance (EHA), ha proposto di spostare parte della sua ricerca GoF al Wuhan Institute of Virology (WIV). Nel 2017, l’EHA ha presentato una proposta al DARPA per ricerche GoF presso il WIV. La proposta, denominata DEFUSE, era un vero e proprio “libro di ricette” per produrre virus come SARS-CoV-2 in laboratorio. Il piano DEFUSE prevedeva di indagare su più di 180 ceppi di Betacoronavirus precedentemente non segnalati che erano stati raccolti dal WIV e di utilizzare tecniche GoF per rendere questi virus più pericolosi. Nello specifico, il progetto ha proposto di aggiungere siti di proteasi come il sito di scissione della furina (FCS) ai virus naturali per migliorare l'infettività e la trasmissibilità del virus.

12/02/2023

GIANFRANCO LACCONE
Mais le changement climatique est aussi une question sanitaire

Gianfranco Laccone, ClimateAid.it, 9/2/2023

Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

 

La relation très étroite entre le changement climatique et la situation sanitaire préoccupe les institutions internationales depuis des décennies, produisant des rapports de plus en plus alarmants sur l’influence sur la santé des populations de la planète. Aujourd’hui, elles le font de manière plus consciente et articulée, renforcés par l’expérience amère de la période la plus dramatique de la pandémie. Le tremblement de terre catastrophique entre la Turquie et la Syrie (bien que non imputable au climat, mais apportant des changements collatéraux dans ce domaine également), montre que tout cela ne suffit pas pour changer les comportements afin de vivre, même en présence du changement climatique. Aujourd’hui, plus personne ne doute de l’évolution climatique, après avoir constaté la hausse des températures, les "événements" extrêmes dans les régions les plus riches de la planète (dont les gouvernements se croyaient, à tort, indemnes de ces phénomènes et présumaient de toute façon les contrôler) et la montée des océans qui érodera les côtes peuplées des continents.

Mais cette reconnaissance tardive et partielle a empêché une réaction adéquate et la situation actuelle condamne d’emblée les plus faibles de la planète : les femmes, les pauvres et les minorités.

Osama Hajjaj, Jordanie

Ce qui est en vigueur actuellement est ce qui a été produit par les règles économiques qui ont été établies depuis les années 1980 : on théorise qu’il faut laisser la solution des problèmes, y compris les problèmes environnementaux, à l’action des « forces du libre marché» sans intervention publique et, en fait, la philosophie de l’homo homini lupus [l’homme, un loup pour l’homme] est sanctionnée, de plus en plus soutenue par l’utilisation des armes, des groupes criminels et de la corruption qui dominent le commerce. La santé de l’espèce humaine n’échappe pas à cette fatalité, bien que l’assemblée des Nations unies, en lançant les 17 objectifs de développement durable, ait inclus la « santé et le bien-être » comme troisième point, après ceux de la lutte contre la pauvreté et la faim. Si l’espèce humaine fait cavalier seul en essayant de ne pas atteindre les objectifs prévus, alors qu’elle les a planifiés avec des cibles à atteindre et des indicateurs pour les évaluer, le changement climatique complique leur réalisation, en exacerbant bon nombre des problèmes évalués lors de la promulgation de l’Agenda 2030.  Le récent rapport sur la relation entre le climat et la santé publié par Lancet, le “Lancet Countdown on health and climate change”, souligne la fréquence croissante des vagues de chaleur et des phénomènes météorologiques extrêmes tels que les incendies, les inondations et les sécheresses, qui constituent la base de la propagation des maladies infectieuses. Si l’on ajoute à ces “bases” la diffusion du CO2 dans l’atmosphère, élément essentiel à la formation des macromolécules, donc des virus, qui sont une forme de ces agrégats, on obtient un tableau que l’on peut résumer schématiquement comme suit :

 

Réchauffement climatique et stress thermique, avec des conséquences directes (coups de chaleur) et indirectes (aggravation de pathologies préexistantes).

Pollution de l’air, incendies et troubles respiratoires, entraînant des maladies respiratoires et de l’asthme.

Augmentation de la propagation des maladies infectieuses à transmission vectorielle, c’est-à-dire la propagation d’infections telles que la dengue, le Zika, le chikungunya et le paludisme, avec l’élargissement de leur zone de présence et la prolongation des conditions de transmission.

Les inondations, la qualité de l’eau et le risque de contamination bactérienne augmentent, mais il y a aussi des effets indirects, car la malnutrition qui en résulte provoque des diarrhées et donc une réduction de la capacité de l’individu à se nourrir.

 

Il est clair que le changement climatique est aussi une question de santé, qui ne peut être abordée avec quelques médicaments, mais en développant des systèmes de prévention des vagues de chaleur et des événements extrêmes et en préparant les systèmes de santé à leur impact. Cela soulève des questions délicates et lourdes de conséquences, comme, par exemple, les co-bénéfices qui peuvent être obtenus avec une meilleure nutrition et une amélioration des transports, mais aussi avec une meilleure organisation du système de santé et une formation professionnelle adéquate des opérateurs. Et c’est là que les problèmes se posent, car pour parvenir à des soins de santé préventifs, aussi capables d’atténuer les effets du changement que de s’y adapter, il est nécessaire de renforcer la médecine d’urgence et de catastrophe. Il semble toutefois que dans la majorité des pays (y compris l’Italie), nous suivons obstinément la direction opposée, en fermant les hôpitaux de zone et les “salles d’urgence”  De la même manière, la direction opposée est également parcourue en ce qui concerne la formation professionnelle : il y a peu de médecins par rapport aux besoins, les universités réduisent le nombre d’inscriptions en médecine et se tournent vers une médecine capable de produire des profits, les pratiques médicales traditionnelles sont abandonnées et oubliées, alors que, surtout dans la phase de soins primaires, elles pourraient être utilement combinées avec les pratiques médicales, élargissant ainsi la cible et la zone d’intervention.

 

24/01/2023

ROBERTO CICCARELLI
Lagarde à Davos : “La réouverture de la Chine va tuer beaucoup de gens, mais elle va aussi relancer l'économie”
Eloge du thanatocapitalisme

 Roberto Ciccarelli, il manifesto, 21/1/2023
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Lors du Forum mondial de Davos, la présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, a dévoilé la réalité du capitalisme, celle qui est sous les yeux de tous mais qui est mise sous le tapis : « Il est possible que le changement de politique sur le Covid en Chine tue beaucoup de gens mais ça relancera aussi l'économie ».

Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne - AP

Les gens projettent parfois sur Davos des cauchemars et des fantasmes sur le mauvais fonctionnement du monde. Il y a ceux qui voient dans le Forum économique mondial qui se tient chaque année dans la ville suisse la projection d'un Léviathan régnant sur terre et sur mer ou le comité des actionnaires envoyé par l'Empire. Certains l'ont associé à la reproduction du bar de La Guerre des étoiles décrit par Obi-Wan Kenobi comme « un repaire d'ordures et de racailles jamais vues ». Aujourd'hui, il serait fréquenté par des marionnettistes ou des philanthropes discutant de l'inégalité historique des revenus ou de la crise climatique, ignorant le fait qu'ils font partie du problème. Et puis il y a Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), qui a réussi hier à tenir un discours de vérité sur le capitalisme, le Covid, l'inflation. Ce fut un lapsus tragique et révélateur.

« La Chine, a déclaré Lagarde lors d'un débat avec la directrice du Fonds monétaire international, Kristalina Georgieva, est en train de se réveiller, à nouveau. On s'attend maintenant à ce qu'elle enregistre une croissance de 5,5 % en 2023 et nous devrions saluer son engagement à supprimer les restrictions sur le Covid. Il est possible que le changement de politique sur le Covid tue beaucoup de gens, mais il relancera aussi l'économie. C'est le choix qui a été fait par les autorités chinoises. L'impact sur nous tous sera positif, pour la Chine et le reste du monde, mais il créera aussi des pressions inflationnistes ».

La Présidente de la BCE a simplement dit ceci : il y a des vies qui sont protégées et d'autres qui peuvent être sacrifiées pour redonner de la valeur à l'économie. Connue pour son manque d'habileté à choisir le bon moment pour des définitions tranchantes, à l’égal d’un Mario Draghi, l'économiste française, ancienne directrice du FMI, devrait pourtant, un jour au moins, recevoir le prix de la meilleure définition du thanatocapitalisme. Il s'agit d'une forme de capitalisme dans laquelle le commerce, l'industrie et la finance sont fondés sur la mort et les profits qui en découlent, y sont liés et en dépendent directement ou indirectement. Lisons-le ainsi : en 2020, il y a eu la pandémie de Covid, produite par les sauts zoonotiques intraspécifiques d'un coronavirus dont la propagation a été facilitée par l'exploitation intensive des forêts et des mines en Chine, puis par les chaînes de valeur interconnectées. Les confinements en accordéon ont paralysé les réseaux mondiaux, brûlé d'immenses ressources publiques pour geler les entreprises, appauvri de larges masses et perturbé la production. Puis est arrivée une autre crise, celle de l'inflation record, venue  s'ajouter au Covid. Aujourd'hui, en Chine, le sacrifice de centaines de milliers de personnes mortes à la suite du Covid devrait servir à remettre l'économie à flot. On pourrait donc aussi lire ainsi les morts sous d'autres latitudes. C'est une vérité invisible, et digérée, sauf par les proches des victimes. Des théories philosophiques ont été créées, des courants politiques “libertariens” ont dénoncé la négation des libertés individuelles causée par les restrictions, mais peu se sont attardés sur la contradiction que Lagarde a résumée dans sa férocité nonchalante.

Lagarde a montré les autres contradictions de la reprise. En supposant qu'une nouvelle vague inflationniste ne vienne pas de Chine, la BCE (comme la Fed aux USA dans un autre contexte) continuera à relever les taux d'intérêt de peut-être un demi-point pour ramener l'inflation à 2 %, un objectif en vue d'ici 2025. « C'est mon mantra », a déclaré Lagarde. Cela augmentera le coût des dettes publiques qui ne seront pas couvertes par les politiques monétaires expansionnistes réduites ; cela renforcera la tentative de contenir les salaires ; cela augmentera le chômage. Créer la crise sociale pour retrouver la croissance : c'est le prix à payer pour la “reprise”, a déclaré le gouverneur de la Réserve fédérale US, Jerome Powell.

Aux gouvernements, comme celui de Meloni en Italie, Lagarde a lancé une invitation à resserrer les comptes publics dans le cadre d'une nouvelle politique d'austérité qui fait suite aux aides exceptionnelles accordées aux gouvernements pendant la phase aiguë de la pandémie. L'appel est de limiter ces aides aux “groupes les plus faibles”, à l'opposé de ce que fait Meloni avec la réduction du revenu de citoyenneté. Mais il reste à savoir si la modération budgétaire ne va pas également porter atteinte à ce paupérisme, comme cela s'est produit lors de la crise de 2007-2015, par exemple. Ou que les fameux investissements “PNRR” [Plan national de relance et de résilience] serviront à soutenir une croissance anémique. En tout état de cause, la BCE pourrait relever ses taux “plus qu'elle ne le souhaiterait” si les gouvernements ne parviennent pas à maîtriser l'inflation. Ce qui aggraverait éventuellement la récession.

 

19/09/2022

ANTONIO MAZZEO
Militarisme et militarisation en temps de pandémie

 Antonio Mazzeo, 2021
Traduit par Rosa Llorens, Tlaxcala

Publié dans : Osservatorio sulla Repressione (éd.), Umanità a perdere. Sindemia e resistenze. MoMo Edizioni, Roma, 2021.

Médecins et infirmières militaires dans les couloirs des hôpitaux où se multiplient les lits de fortune des malades de Covid-19 ; vaccins contre la grippe stockés dans une des plus grandes bases de l’Armée de l’Air et escortés sur les routes de l’Italie par les camionnettes militaires ; tests, vaccinations et dépistages de masse effectués dans les villages de tentes des forces armées, dressés près des postes des agences sanitaires locales ; troupes armées surveillant frontières, rues, places publiques, gares, aéroports et ports pour imposer les couvre-feux ou réduire les déplacements ; commandos militaires armés de matraques pour empêcher les rassemblements de parents et écoliers à l’entrée des écoles et maternelles. Et les tragiques images vidéo des cercueils des victimes de la pandémie à Bergame, entassés dans les camions militaires.

La réponse institutionnelle au coronavirus a privilégié l’état de guerre, ses langages, ses métaphores, ses symboles. Nous sommes en guerre ! Ce sera une guerre totale contre le virus, l’ennemi invisible ! Tests et vaccins, nos armes pour combattre ! Les hôpitaux comme des tranchées ! Médecins et soldats, nos héros ! Et les bulletins quotidiens avec les morts, les hospitalisés, et les cas désespérés, région par région, ville après ville. Zones rouges, oranges et jaunes telles les champs d’une bataille qui mute et évolue à la même vitesse que les mutations et évolutions de l’ennemi. L’urgence sanitaire, dramatique, réelle, représentée et manipulée comme une crise guerrière globale et totale pour assurer centralisation et autoritarisme dans les décisions, militarisation du territoire et de la sphère sociale, politique et économique, contrôles répressifs et limitations progressives et étouffantes des libertés individuelles et collectives. « Traiter une maladie comme si c’était une guerre nous rend obéissants, dociles, et fait de nous, potentiellement, des victimes désignées ; les malades deviennent les inévitables pertes civiles d’un conflit, ils perdent leurs droits de citoyens et se trouvent déshumanisés », remarque le journaliste Daniele Cassandro (1).

Les lois d’urgence et les limitations des libertés constitutionnelles adoptées « contre » la pandémie ont permis une accélération du processus de militarisation et sécurisation de la société et de l’économie qui n’aurait pas été possible en temps de « normalité ». La création narrative du statut d’urgence et l’utilisation des langages de « guerre » ont en même temps permis de déclencher une attaque mortelle contre les formes de plus en plus réduites de participation et de lutte démocratiques et contre les espaces de rassemblement politique et social. Le choix de la militarisation d’une partie conséquente des interventions sanitaires pour affronter la pandémie de Covid-19 a permis, au lieu de suivre la voie de la participation démocratique, de la décentralisation et du renforcement des centres locaux de proximité territoriale pour la santé et la prévention, d’affirmer publiquement le rôle « indispensable » et « irremplaçable » des forces armées dans la gestion des urgences.

La proclamation de l’état de guerre contre le Covid-19 a non seulement permis aux forces armées d’étendre leur contrôle sur la santé publique et d’autres fonctions « civiles » importantes mais a surtout renforcé et légitimé leur image de fidèles défenseurs de l’ordre public, de la paix sociale et des institutions. L’analyste militaire Gianandrea Gaiani, ex-conseiller pour la politique de sécurité du Ministère de l’Intérieur, a exprimé quelques-unes des raisons qui poussent les centres de pouvoir à confier aux forces armées la gestion de la pandémie. « Les appareils de sécurité prévoient depuis longtemps que la crise économique générée par l’urgence sanitaire entraînera le risque de graves désordres sinon de véritables révoltes », écrit Gaiani. « L’Italie non plus n’est pas exempte de risques de ce genre, compte-tenu de l’échec des initiatives de lutte : nous avons de fait enregistré le record mondial de morts par rapport au nombre d’habitants, mais en même temps nous avons aussi subi le record mondial d’effondrement du PIB ». La montée en flèche du chômage et la crise économique explosive ne pourront qu’étendre le malaise social, la pauvreté et la méfiance croissante à l’égard des institutions. » Dans un avenir à court terme – ajoute l’analyste – tous les éléments cités pourraient causer des désordres sur une large échelle dans de nombreuses zones urbaines européennes, renforçant en outre la nécessité de disposer de forces militaires capables d’appuyer efficacement celles de la police ». (2)


« J’ai une idée sur comment les disperser », par Martin Chren, Slovaquie

Ainsi – grâce à une savante propagande médiatique bien ciblée – s’est trouvé consolidé un modèle culturel totalement opposé à ce qui s’est produit il y a 40 ans lors du tremblement de terre dans l’Irpinia. A l’époque, l’associationnisme de base, le volontariat et les forces vives sociales et politiques du pays eurent la capacité et la lucidité de dénoncer la totale inefficacité des forces armées dans les interventions de secours d’après le séisme et dans les phases successives de reconstruction. Les événements de l’Irpinia furent l’occasion de lancer une analyse collective sur la nécessité de proposer des scénarios complètement différents pour la gestion des urgences naturelles – environnementales et sanitaires – de démilitarisation des crises, misant sur une protection civile, démocratique, populaire, participative et décentralisée. Aujourd’hui, on dirait que des milliers d’années sont passés depuis cette importante phase de débat politique : le désaccord vis-à-vis de la militarisation de la pandémie est absolument minoritaire, de même que se sont en outre affaiblis les anti-corps sociaux contre le virus du militarisme et de l’autoritarisme régnants. Et, paradoxalement, aujourd’hui, ce sont justement les forces armées qui s’interrogent et qui promeuvent une réflexion sur communication et information en temps de pandémie et sur la façon dont les modalités de gestion de la crise et sa narration médiatique peuvent « influer sur la perception des messages par l’opinion publique » (3). D’influer sur les perceptions de l’opinion publique à manipuler les informations et la vérité (y compris celles sur les origines et la diffusion de la pandémie et sur les responsabilités de la communauté scientifique et de chaque gouvernement), il n’y a qu’un pas. « L’état de guerre légitime la limitation des informations, car la première victime de la guerre est toujours la vérité », écrit l’éducateur non-violent Pasquale Pugliese. « La tentation des gouvernements de protéger les citoyens en leur cachant des nouvelles désagréables ou alarmantes est favorisée par le recours à la logique de guerre ; le droit à l’information et à la transparence devient un bien secondaire par rapport au bien primaire qu’est la défaite de l’ennemi » (4).

Le consensus général et la visibilité médiatique en faveur du rôle primordial des militaires dans la mobilisation anti-Covid sont totalement gratuits et injustifiés même à la lumière des effets de « protection sanitaire » des communautés locales obtenus par les initiatives réellement adoptées par les forces armées. Selon le Ministère de la Défense, depuis le début de ce qu’on appelle la deuxième phase de l’urgence (fin de l’été) jusqu’au 31 octobre 2020, Armée de l’Air, Marine et Armée ont déployé 9500 militaires et 713 véhicules sous la coordination du COI – Commandement Opératif du Sommet de Rome. Cependant, si l’on regarde bien les données, on découvre que ces unités ont été » employées, plus qu’en appui du système sanitaire-hospitalier, pour assister les forces de police dans l’application des mesures restrictives des libertés personnelles, mobilité, distanciation sociale et confinement. « Pour la gestion de cette urgence, on a augmenté de plus de 750 unités le dispositif employé dans le cadre de l’Opération Rues Sûres, avec un total d’environ 7800 hommes et femmes des Forces Armées », précise la Défense. Donc 20 % seulement du personnel militaire déployé a effectué des interventions qu’on peut directement associer aux campagnes de lutte contre la pandémie et, en tout cas, avec un apport numérique tout à fait ridicule par rapport à celui mis en œuvre par le système sanitaire public, par le volontariat « civil » et le tiers secteur.

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