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01/11/2024

Algérie, 1er Novembre 1954: déclenchement de l'insurrection nationale

 1er Novembre 1954
Appel au peuple algérien
Texte intégral du premier appel adressé par le Secrétariat général du Front de libération nationale au peuple algérien

Naissance d’un texte fondateur
La Proclamation du Premier novembre 1954 

 

Le “Groupe des 6” [Comité révolutionnaire d'unité et d'action (CRUA)] qui déclencha l'insurrection. Debout, de gauche à droite : Rabah Bitat (1925-2000), Président de l'Assemblée populaire nationale de 1977 à 1990, Mostefa Ben Boulaïd (1917-1956 piégé par un poste radio), Didouche Mourad  (1927-1955 mort au combat) et Mohammed Boudiaf (1919-1992 assassiné), Président du Haut Comité d'État en 1992. Assis : Krim Belkacem (1922-1970 assassiné) à gauche, et Larbi Ben M'Hidi (1923-1957 assassiné) à droite. 







Le logo officiel de la commémoration

 Lire

•     1er novembre 1954 : L'Algérie, de la sédition à la nation
•   
 1er
novembre 2024 : que reste-t-il de la révolution algérienne ?
•    Novembre 1954 – novembre 2024 : l’art de tourner en rond
•    De la guerre d’Algérie à la guerre à l’Algérie : mensonges et vérités

 


Écouter
Algérie 1954 : le feu sous la cendre (France-Culture)


A.L.N.

APPEL

Peuple Algérien,

A l’exemple des peuples qui ont brisé les chaînes de l’esclavage et de l’oppression,

En accord avec tes frères Marocains et Tunisiens auxquels tu es lié par des siècles d’histoire, de civilisation et de souffrance, tu ne dois pas oublier un seul instant que notre avenir à tous est commun.

Par conséquent, il n’y a pas de raison pour ne pas unifier, confondre et intensifier notre lutte. Notre salut est un et notre délivrance est une, dissocier le problème maghrébin c’est aller contre une réalité historique qui, à dater de 1830, fait notre malheur à tous.

En outre, pense un peu à ta situation humiliante de colonisé, réduit sur son propre sol à la condition honteuse de serviteur et de misérable surexploité par une poignée de privilégiés, classe dominante et égoïste qui ne cherche que son profit sous le couvert fallacieux et trompeur de civilisation et d’émancipation.

A propos de civilisation, nous te rappelons quelques dates illustres: 1830 avec ses rapines et ses crimes au nom du droit du plus fort: 18 70 suivie de massacres et d’expropriations qui ont frappé des milliers d’Algériens; 1945 avec ses 40 000 victimes; 1948 et ses élections à la Naegelen; 1950 avec son fameux complot. Comme tu le constates, avec le colonialisme, la Justice, la Démocratie, l’Égalité ne sont que leurre et duperie destinés à te tromper et à te plonger de jour en jour dans la misère que tu ne connais que trop.

Si à tous ces malheurs il faut ajouter la faillite de tous les partis politiques qui prétendaient te défendre, tu dois te convaincre de la nécessité de l’emploi d’autres moyens de lutte.

C’est pourquoi, conscients de la gravité de l’heure, au coude à coude, avec nos frères de l’Est et de l’Ouest qui meurent pour que vivent leur patrie respective, nous t’appelons à secouer ta résignation et à relever la tête pour reconquérir ta liberté au prix de ton sang.

Dans ce domaine, nous savons ce dont tu es capable, mais au départ nous voudrions attirer ton attention sur la manière de servir les forces de libération qui, pour ton bonheur, ont fait le serment sacré de tout sacrifier pour toi.

1°) Reste calme et discipliné. Ne te laisse pas aller au désordre qui ne peut servir que l’ennemi.

2°) Ton devoir impérieux est de soutenir tes frères combattants par tous les moyens.

3°) Sois vigilant. L’ennemi te guette et surveille tes moindres gestes pour gêner ton action.

Prends garde aux faux communiqués, aux mensonges, à la corruption, aux promesses dont le but est de te détourner de la voie que nous ont dicté notre religion et notre devoir national.

Pour finir:

– Toute inattention peut coûter la vie à des hommes.

– Toute indiscrétion peut engendrer des conséquences graves.

Donc, sans perdre une minute, organise ton action aux côtés des forces de Libéradon à qui tu dois porter aide, secours et protection en tous lieux et en tous moments.

En les servant tu sers ta cause

Se désintéresser de la lutte est un crime

Contrecarrer l’action est une trahison

DIEU est avec les combattants des justes causes et nulle force ne peut les arrêter désormais hormis la mort glorieuse ou la Libération Nationale.

VIVE L’ARMÉE DE LIBÉRATION

VIVE L’ALGÉRIE INDÉPENDANTE





14/07/2024

FADWA ISLAH
Après l’Algérie, le Maroc : nouvelles révélations sur les liens de Jordan Bardella avec le Maghreb


Fadwa Islah, Jeune Afrique, 28/6/2024

Après avoir enquêté sur les origines algériennes du président du Rassemblement national, Jeune Afrique est parti sur les traces de son grand-père paternel, à Casablanca. Révélations exclusives à la clé.
Si le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, ne s’est jamais privé de mettre en avant ses origines italiennes, notamment pour illustrer le modèle d’assimilation qu’il défend politiquement, il a toujours fait l’impasse sur les liens de sa famille avec le Maghreb.

     
    Titre de séjour
D’abord, ceux de son arrière-grand-père Mohand Séghir Mada, travailleur immigré algérien arrivé de Kabylie en France dans les années 1930 [lire ici]. Mais aussi ceux de son grand-père paternel, Guerrino Bardella. Celui-ci a d’abord été marié à Réjane Mada, issue de la branche algérienne de la famille, et le couple a donné naissance, en 1968, à Olivier Bardella, le père du potentiel futur Premier ministre français [cet article a été publié avant le premier tour des élections, NdE]. Par la suite, le couple a divorcé et Guerrino s’est installé au Maroc, où il a épousé en secondes noces une Marocaine, prénommée Hakima.
Si la date exacte du mariage n’est pas connue, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il remonte à plusieurs années – le dernier titre de séjour au Maroc de Guerrino Italo Bardella obtenu au motif du « regroupement familial », selon les informations auxquelles Jeune Afrique a eu accès, ayant été délivré en 2016 pour une durée de dix ans. Ce qui signifie qu’il ne s’agissait pas de son premier titre de séjour au Maroc, mais d’un renouvellement.

Conversion à l’islam

Avec sa nouvelle femme, ce retraité, âgé de 80 ans depuis le 1er avril 2024, coule des jours heureux à Casablanca, dans le quartier Bourgogne. Son mariage avec Hakima implique qu’il s’est converti à l’islam, conformément à la loi en vigueur au Maroc qui stipule qu’une citoyenne ne peut pas épouser un étranger de confession non musulmane si celui-ci ne s’est pas converti au préalable officiellement devant un adoul (autorité juridique religieuse) et plusieurs témoins.
Connu comme menuisier-ébéniste, exerçant notamment dans les milieux d’expatriés et dans la bourgeoisie marocaine, Guerrino Bardella est enregistré au royaume en tant que ressortissant italien. Il a longtemps eu ses habitudes au restaurant du Cercle italien « Chez Massimo », boulevard Bir Anzarane, au Maarif, comme nombre de ses compatriotes vivant dans la capitale économique du Maroc.

Avenir meilleur

Né en 1944 à Alvito, en province de Frosinone dans le Latium italien, issu d’une famille de quatre enfants – il a une sœur, Giovanna, et deux frères : Honoré Roger et Silvio Ascenzo, tous trois décédés –, ce fils de maçon est arrivé en France, à Montreuil, en 1960, en quête d’un avenir meilleur. En 1963, il épouse Réjane Mada, fille de Mohand Séghir Mada.
On ne sait pas grand-chose des relations de Jordan Bardella avec ce grand-père converti à l’islam et installé au Maroc. Encore moins de son rapport à ses origines algériennes, le président du RN ne les ayant jamais évoquées publiquement.

14 juillet : 1935, 1936, 1953, 1958, 1995, 2024

 






25/06/2024

Origines algériennes de Jordan Bardella : enquête sur un tabou

Farid Alilat, Jeune Afrique, 24/6/2024 

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L’arrière-grand-père de Jordan Bardella, le président du Rassemblement national, était un travailleur immigré algérien. Il s’est installé en France, dans la région lyonnaise, au début des années 1930. Nous avons enquêté sur cet aïeul dans son village en Kabylie ainsi qu’à Paris.

Jordan Bardella à Villepinte le 19 juin 2024. © Daniel Dorko / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
Jordan Bardella à Villepinte le 19 juin 2024. © Daniel Dorko / Hans Lucas via AFP

Des origines algériennes de son arrière-grand-père, Jordan Bardella, président du Rassemblement national et possible futur Premier ministre, ne parle jamais. Dans la famille Bardella, le sujet est occulté. Au sein de l’ex-Front national de Marine Le Pen, la question est un tabou. Et pourtant, Mohand Séghir Mada, l’arrière-grand-père de M. Bardella, est bien originaire de Kabylie, en Algérie.

Jeune Afrique est parti sur les traces de cet aïeul et de sa famille, dans son village natal de Guendouz, chef-lieu de la commune d’Aït Rzine, dans la wilaya (département) de Bejaïa*. Nous sommes dans les années 1920. L’Algérie est alors « française » et, dans cette petite bourgade accrochée aux montagnes qui font face à la vallée de la Soummam, la population survit en cultivant de maigres champs d’oliviers et en élevant des chèvres et des moutons. Ici comme ailleurs en Kabylie, la misère est partout. À l’époque, Albert Camus, écrivain et futur prix Nobel de littérature, en sera tellement touché qu’il consacre à ce sujet une série de reportages qui paraîtront en 1939 dans le journal Alger Républicain sous le titre « Misère de Kabylie ».

Ici, il n’y a pas d’usines, pas de fermes coloniales, pas de manufactures pour fournir du travail et ne pas mourir de faim. C’est d’ailleurs cette misère et cette faim qui ont poussé des centaines de milliers de Kabyles à émigrer en France depuis le début du XXe siècle pour travailler dans les usines et les mines métropolitaines. Au village de Guendouz, la famille Mada tire le diable par la queue. Le dénuement est tel que Tahar Mada et ses deux fils Bachir, l’aîné, et Mohand Séghir, le cadet, sont obligés de vendre leurs champs d’oliviers ou d’en hypothéquer certains.

Guendouz, dans la wilaya (département) de Bejaïa, le village natal de Mohand Séghir Mada.
Guendouz, dans la wilaya (département) de Bejaïa, le village natal de Mohand Séghir Mada

05/02/2024

De New York à Gaza : actualité de Frantz Fanon
Une nouvelle biographie et des débats : Israël est-il un État colonial ?

La parution récente d’une nouvelle biographie de Frantz Fanon relance les débats sur la légitimité de la violence des opprimés et sur la nature de l’État d’Israël. Nous publions la traduction de quatre articles.

  •  Le monde a rattrapé Frantz Fanon, par Adam Shatz...p. 1
  •  Quand le médecin ordonnait la violence comme remède, par Jennifer Szalai…p. 6
  • Frantz Fanon aurait-il soutenu le massacre du 7 octobre ? Son biographe n’en est pas si sûr, par Etan Nechin…p.10
  • Qu’est-ce que le “colonialisme de peuplement” [settler colonialism] ?, par Jennifer Schuessler…p. 21