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13/10/2025

Madagascar : et une révolution, une !

Fausto Giudice, 13/10/2025

Pour ceux qui comme moi ont l’âge de se souvenir des années 1960 et 1970 qu’ils ont vécu, le mouvement de révolte de la jeunesse malgache de ces dernières semaines ne pouvait qu’évoquer une autre révolte, celle de mai 1972, qui vit la chute du président hémiplégique Philibert Tsiranana, un pur produit de la Françafrique foccartienne : il avait commencé sa carrière politique, tout comme l’Ivoirien Houphouët-Boigny, sous la houlette du Parti communiste français avant de glisser, Mitterrand et Deferre puis Foccart aidant, vers une variante indocéanienne de la « social-démocratie » coloniale [très peu sociale et pas du tout démocratique]. 






Tsiranana avait hérité d’une grande île où tous les éléments nuisibles pour la Françafrique avaient été éradiqués par les massacres de 1947. Il allait tenir au pouvoir 12 ans, avant de se faire balayer par le soulèvement d'avril-mai 1972. Celui-ci était une insurrection contre la « coopération », terme élégant pour qualifier l’incroyable joug colonial français maintenu après l’indépendance dans tous les domaines, à commencer par l’enseignement à tous les niveaux, de la maternelle à l’Université. C’était en premier lieu ce contre quoi les lycéens et étudiants se révoltaient. Tout était décidé depuis Paris, jusqu’aux menus des restaurants universitaires. Formés en France ou par des Français, les fonctionnaires, militaires, gendarmes et policiers n’étaient que des photocopies des originaux de Madame la France. Ici, les CRS s’appelaient les FRS.

En apprenant que le président Rajoelina -un putschiste ensuite sanctifié par des élections -venait d’être exfiltré du pays par un avion militaire français -vers La Réunion, Dubaï, ou autre site de ses comptes bancaires -, je me suis demandé ce qui avait vraiment changé en 50 ans, si les prépondérants n’avaient pas tout simplement maintenu leur mainmise sur l’Île Rouge.

La jeunesse malgache de 2025, ce sont les petits-enfants de la jeunesse de 1972-1975. Les grands-parents étaient étudiants, lycéens, fonctionnaires, infirmières et précaires/chômeurs. Dans Antananarivo, 30 000 des 250 000 habitants étaient des « chômeurs » et ce fut leur aile marchante organisée, les ZOAM, qui assura la protection des manifestants et les ripostes musclées à la répression.

Les ZOAM, c’est tout un roman. Tsiranana s’était mis définitivement la jeunesse à dos en les traitant dans un discours de fumeurs de marie-jeanne.

Au départ, ils s’appelaient les ZWAM et on les reconnaissait à leur chapeau de cow-boy. ZWAM = Zatovo Western Andevo Malagasy, Amicale malgache des amateurs de western. Aficionados de westerns spaghetti, leur idole était Clint Eastwood dans les films de Sergio Leone. Jeunes précaires-chômeurs des bidonvilles et des quartiers pouilleux de la capitale, ils apportèrent tout leur savoir-faire de guerriers urbains se revendiquant comme descendants d’esclaves aux jeunes des classes moyennes ayant initié la révolte, peu rompus à la castagne. En mai 1972, ils changeront de nom pour devenir les ZOAM + Zatovo Orin'Asa Malagasy, Jeunes chômeurs malgaches.

Leurs descendants ne sont plus nourris par les westerns et les BD, mais par les anime japonais et tout ce qui circule sur les médias en ligne. Leur situation est tout aussi précaire, ils ont le choix entre être livreur de pizza, employé·e de call center, esclave dans une usine textile chinoise ou esclave numérique pour Google & Co.. Et leur génération est absolument majoritaire : plus de 50% des 32 millions de Malgaches ont moins de 20 ans. Un véritable dépôt de barils de poudre.

Je vous propose ci-dessous une note synthétique rédigée par nos services d'analyse, comparant le mouvement de 1972 et celui de 2025.

Madagascar — Révoltes de 1972 et 2025 : fiche comparative

Résumé 

·    Dans les deux cas, une mobilisation de jeunesse urbaine déclenche une crise de régime. Rôle déterminant de l'armée.

·    1972 bascule rapidement vers une transition militaire (Ramanantsoa). En 2025, la crise est plus longue et segmentée, désormais marquée par l'exfiltration du président Rajoelina par un avion militaire français.

·    Probable trajectoire à 6 mois : transition civile supervisée par des garants (UA/SADC), avec garanties sécuritaires et calendrier électoral court.

Chronologie éclair 2025

·    25–29 sept. : marches étudiantes/jeunesse sur fond d'eau/électricité & vie chère ; heurts et victimes ; dissolution du gouvernement.

·    Début oct. : segments militaires (dont CAPSAT) se désolidarisent ; l'exécutif parle de « tentative de coup ».

·    12–13 oct. : exfiltration de Rajoelina hors du territoire par avion militaire français ; vacance de facto et recomposition des loyautés.

Comparatif 1972 / 2025 (synthèse)

Axe

1972 (rotaka)

2025 (au 13 oct.)

Déclencheur

Universités, anti-colonialisme, contenu éducatif

Eau/électricité, coût de la vie, gouvernance

Protagonistes sociaux

Étudiants/lycéens d'Antananarivo

Jeunesse/étudiants (« Gen Z »), quartiers urbains

Pouvoir en place

Prés. Philibert Tsiranana (PSD)

Prés. Andry Rajoelina (réélu 2023)

Rôle de l'armée

Arbitre : transition sous gén. Ramanantsoa

Factions : CAPSAT & gendarmerie se désolidarisent

Moment-clé

13 mai : répression, bascule politique

12–13 oct. : exfiltration du président hors du pays

Issue/état

Transition militaire actée

Crise ouverte ; vacance de facto, issue en débat

Scénarios possibles (4ème trimestre 2025 1er trimestre 2026)

Scénario

Mécanique

Probabilité (estimation)

Transition civile supervisée

Intérim institutionnel + garanties UA/SADC + calendrier court

En hausse

Transition militaire « arbitre »

Officiers/CAPSAT imposent l'intérim élections

Moyenne–haute

Présidence en exil

Rajoelina dirige de l'étranger ; dualité de légitimités

Moyenne

Durcissement répressif

État d'urgence renforcé par loyalistes restants

Moyenne-faible

Fragmentation locale

Pouvoirs concurrents, économie de crise

Faible-moyenne

Signaux précoces à surveiller

·    Annonce d'un intérim crédible (Sénat/Conseil constitutionnel ou figure consensuelle).

·    Position officielle des segments militaires (CAPSAT, gendarmerie, état-major).

·    Médiations UA (Union Africaine)/CDAA (Communauté de développement d'Afrique australe)/FFKM (Conseil chrétien des Églises à Madagascar) et modalités d'un calendrier électoral.

·    Mesures d'urgence sur eau/électricité (plan de délestage, financement d'appoint).

·    Posture de la France et des partenaires (reconnaissance, facilitation, neutralité).

 

06/10/2025

TIGRILLO L. ANUDO
Les flottilles qui sont kidnappées chaque jour

Tigrillo L. Anudo, 6 octobre 2025
Traduit par Tlaxcala

Español English Italiano عربية

Le monde change peu. Les schémas historiques se répètent. Le passé n’est jamais parti. La chosification des êtres humains continue. La colonisation est toujours à l’ordre du jour. La piraterie en eaux internationales renaît avec d’autres acteurs (qui a finalement gardé les aides et les biens des passagers de la flottille humanitaire en route vers Gaza ?). On qualifie de “terroristes” ceux qui entreprennent des actions en faveur de la justice.


L’arraisonnement de la Global Sumud Flotilla, qui transportait une aide humanitaire au peuple martyrisé de Gaza, est ce qui se produit quotidiennement dans de nombreux pays. Cela se passe en ce moment même en Équateur, au Pérou, en Argentine, où les politiques néolibérales soumettent la population à la faim, au manque d’accès à la santé, à l’éducation, au logement, à l’emploi — à une mort lente.

La différence, c’est qu’il ne s’agit pas de flottilles naviguant sur la mer. Ce sont des flottilles d’investissements sociaux, kidnappées dans des congrès et assemblées ploutocratiques corrompues. Cette pratique du capitalisme global est plus visible dans une nation envahie, massacrée et humiliée par l’idéologie sioniste : conception d’un État suprémaciste menant un nettoyage ethnique contre ceux qu’il considère comme “inférieurs” et “terroristes”.

Dans les pays cités, ce sont les droits humains d’autres ethnies (indigènes, afrodescendants, paysans, ouvriers métis) sont séquestrés. Des régimes dictatoriaux et répressifs y opèrent. Ils ne tuent pas avec des bombardiers ou l’intelligence artificielle, mais par la négation de la dignité humaine — ignominie invisibilisée par les médias capitalistes et les systèmes éducatifs programmant des analphabètes politiques.

Tout est lié. Daniel Noboa (Équateur), Dina Boluarte (Pérou) et Javier Milei (Argentine) sont alliés du gouvernement sioniste de Netanyahou. De même, Donald Trump et plusieurs dirigeants européens font affaire avec le régime israélien et défendent. Bien que certains gouvernements d’Europe aient verbalement condamné les actions terroristes de l’État israélien (comme l’Italie ou l’Espagne), ils ont fini par baisser la tête face au génocide. Ils manquent de courage. Ils craignent de sortir du club des puissants complices du monde.

Le gouvernement des USA suit l’idéologie sioniste, c’est son modèle. C’est l’allié naturel de ceux qui incarnent le capitalisme 2.0 : usure, contrôle bancaire et financier, industries lucratives, production d’armes, surveillance, espionnage, exploitation accrue du travail. Le capitalisme 2.0 fait progresser la technologie, mais régresser l’humanité.

Israël enseigne aux USA comment faire des affaires, en l’associant à des projets hôteliers sur le territoire palestinien. Ni le droit international ni les droits humains ne freinent le taux de profit. L’élite politique mondiale reste permissive face au génocide de Gaza, par intérêt économique et diplomatique.

Même les romans dystopiques du XXe siècle n’avaient pas imaginé l’utopie négative actuelle : un petit pays, armé jusqu’aux dents et soutenu par l’empire usaméricain, défend son “droit” à commettre un génocide. Il considère même l’envoi d’eau, de nourriture, de médicaments à Gaza comme des actes “terroristes” financés par le Hamas. Il impose un blocus maritime depuis 17 ans, condamnant Gaza à la soif, à la faim, au manque de soins, violant le droit maritime international. Qui se soucie de la Palestine ?

Comment affronter le danger que représente le terrorisme d’État d’Israël ? Les marches et les flottilles humanitaires sont plus symboliques qu’efficaces. Cependant, elles sont précieuses et doivent continuer car elles rendent visible l’infâme offensive d’une machine qui tue enfants et femmes. Il existe aussi des campagnes de boycott contre les entreprises qui financent le terrorisme de l’armée sioniste. Leur portée est limitée, mais elles s’ajoutent au cri pour la paix. Le président Petro a proposé une Armée de Salut de l’Humanité, mais il n’y a pas eu de réponse opportune pour la concrétiser. Le président Trump a annoncé un “plan de paix” recolonisateur pour freiner la “guerre” (il ne dit pas “génocide”) et administrer avec Tony Blair (tueur d’Asiatiques) la bande de Gaza. Une tromperie et une moquerie envers le monde. Ils annulent l’autodétermination des peuples d’un trait de plume, ils décident pour la Palestine.

Tout indique que le désordre qui détruit le droit international ne pourra être compensé que par l’usage de la force par de nouveaux acteurs audacieux. Les Houthis du Yémen, un pays pauvre ravagé par la guerre, ont osé lancer des drones et missiles vers Israël ; ils le font par solidarité avec la Palestine, pour se faire entendre comme nation ignorée et frappée, pour des motifs historiques et religieux, pour la stratégie, le calcul politique, et parce qu’ils ont la dignité et le courage qui manquent aux nations riches. Ces actions, ainsi que les réponses avec missiles supersoniques de l’Iran qui ont mis en pièces le Dôme de fer d’Israël, encouragent d’autres pays à intervenir pour arrêter les massacres impunis commis quotidiennement par les militaires fanatiques dirigés par Netanyahu. Israël n’est pas si invulnérable ; cela a été démontré. Et un pays minuscule comme le Yémen comprend qu’il peut jouer un rôle en contrôlant la mer Rouge, par où navigue une grande partie des combustibles et marchandises du commerce international. Dans un monde où sont violées les règles de coexistence et de respect entre nations, on autorise la continuation de ces violations par d’autres intéressés. Israël risque d’être effacé de la carte pour son défi persistant à la paix et à la moralité internationales.

Ahmed Rahma, Türkiye

Si l’armée israélienne s’arroge le droit de kidnapper des bateaux dans les eaux internationales, elle valide le fait que les Houthis attaquent les navires transportant des armes, marchandises ou combustibles par le détroit de Bab el-Mandeb, l’entrée sud de la mer Rouge, par où transitent les navires chargés de pétrole qui approvisionnent non seulement Israël, mais aussi l’Europe et les USA. Les navires de ce dernier pays souffriront aussi. Les prix du pétrole peuvent augmenter. L’économie mondiale pourrait être affectée. La loi de la jungle s’étend sur la planète ; un avenir incertain pourrait marquer les relations internationales.

La dispute des marchés et des routes commerciales mondiales place dans un jeu d’échecs la Russie, la Chine, l’UEurope et les USA. Aucun d’entre eux ne se soucie du sort de la Palestine. Ils se préoccupent de la manière dont ils se positionnent face à leurs adversaires. Chaque fois qu’un nouveau front de guerre s’ouvre pour les USA, Russes et Chinois en profitent. Ils veulent que les USA s’épuisent en aidant leurs partenaires israéliens. Voilà pourquoi ours et dragons n’entrent pas énergiquement en scène pour défendre la Palestine. C’est ainsi que fonctionne l’économie politique. De petits pays comme le Yémen et le Liban (Hezbollah) font plus pour les Gazaouis que les grandes puissances. Les gouvernements arabes ne parviennent pas non plus à s’entendre sur la manière d’aider leurs frères palestiniens, ni sur la façon de faire face au défi sioniste.

Seuls les peuples sauvent les peuples. D’autres initiatives seront indispensables pour freiner le génocide. Il n’y a aucune puissance militaire qui sauve des vies à Gaza. Aucun gouvernement n’ose intercéder pour les Palestiniens massacrés. Aucun ne veut “avoir des problèmes”, chacun regarde son propre intérêt. Jusqu’à présent, seule l’Indonésie a proposé 20 000 soldats pour une improbable armée de salut. Personne ne croit aux armées de salut.

Gaza est seule. Ses habitants continuent de tomber sous les balles assassines de Netanyahou. Après Hiroshima et Nagasaki, le génocide palestinien est le plus grand échec de l’humanité.
La coupole sioniste est déterminée à exterminer les habitants de Gaza.
Elle le fait depuis 1947, lorsque ses alliés britanniques les ont placés délibérément sur le territoire palestinien.
Sa haine et sa peur (manque d’amour) l’ont amenée à considérer tous les Palestiniens comme des terroristes.
Elle dit la même chose de ceux qui tentent de leur apporter de l’aide.
Le fascisme est en train de régner, et nous ne nous en sommes pas rendu compte.

 

04/10/2025

FRANÇOIS VADROT
Le boomerang "Netflix" : l’empire de vapeur sème la révolte

Le boomerang "Netflix" : l’empire de vapeur sème la révolte par François Vadrot

De Netflix à Discord, puis à l’intelligence artificielle, les outils conçus pour divertir et connecter sont devenus les vecteurs d’une conscience collective mondiale.

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CATHERINE DUTHU
Drapeau pirate de “One Piece”, salut à trois doigts de “Hunger Games”: emblèmes de pop culture, symboles de révolte
Entretien avec David Peyron


Un manifestant avec le drapeau national indonésien et un drapeau pirate du manga japonais 'One Piece', le 29 août 2025 à Surabaya, Indonésie. Photo Juni Kriswanto/AFP

Entretien avec David Peyron, maître de conférences en sciences de l’information et de la communication à l’université d’Aix-Marseille.

Catherine Duthu, France Culture, 4/10/2025

Journaliste à la rédaction de la radio publique France Culture

La jeunesse s'embrase, de l'Indonésie au Pérou, en passant par le Népal et le Maroc : des manifestants de la génération Z brandissent le drapeau du manga japonais "One Piece" pour dénoncer les inégalités, la corruption, et exiger de meilleurs services publics. La pop culture sert de ralliement.

Des objets de la pop culture, partagés sur les réseaux sociaux, se retrouvent dans le monde réel, au cœur de la contestation sociale, dans la rue. On a vu, par exemple, le drapeau du manga "One Piece" (drapeau pirate noir, avec un crâne souriant coiffé d'un chapeau de paille à bandeau rouge dans la série de livres vendus à 500 millions d'exemplaires dans le monde) être brandi par de jeunes manifestants au Maroc, à Madagascar ou encore aux Philippines, en Indonésie, au Népal et au Pérou, ces dernières semaines. Ces jeunes protestataires reprennent l'étendard du héros Luffy, qui lutte contre les inégalités et l'autoritarisme dans "One Piece". C'est le dernier exemple en date d'objets de la pop culture qui deviennent des symboles de révolte populaire dans la vie réelle, après avoir été amplement partagés sur les réseaux sociaux.

Le gouvernement indonésien a d'ailleurs suspendu, vendredi, la licence d'exploitation de l'application de partage de vidéos TikTok après que la plateforme a refusé de communiquer certaines données relatives aux récentes manifestations anti-gouvernementales, a annoncé le ministère indonésien de la communication et des affaires numériques.

Comment ce drapeau pirate du héros de One Piece est-il devenu un signe de ralliement des manifestants dans plusieurs pays d'Asie, d'Afrique mais aussi au Pérou et en France ?

02/10/2025

Madagascar : une révolte logique

 

Le peuple malagasy se révolte contre la misère et la corruption soutenues par le néocolonialisme. Les étudiants ont lancé le mouvement GÉNÉRATION Z MADAGASIKARA. Il s'étend à tout le pays. Le régime répond par la violence et fait tirer sur les foules pacifiques : plus de 20 morts et 100 blessés depuis le 25 septembre.
Le gouvernement est tombé.
Le mouvement s'étend à tout le pays.
Le pouvoir prévoit un acte genre guerre civile samedi avec des milliers de voyous payés pour affronter les manifestants pacifiques.

MADAGASIKARA
Lien vers la page officielle des jeunes de la Génération Z. Pour être informés et pas désinformés.



Madagascar : le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme choqué par la réponse violente aux manifestations contre les coupures d’électricité et d’eau

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, s’est dit choqué lundi par la réponse violente des forces de sécurité aux manifestations en cours à Madagascar. Au moins 22 personnes ont été tuées et plus d’une centaine d’autres ont été blessées.

Parmi les victimes figurent des manifestants et des passants tués par des membres des forces de sécurité, mais aussi d’autres tués lors des violences et des pillages généralisés qui ont suivi, perpétrés par des individus et des gangs sans lien avec les manifestants.

« Je suis choqué et attristé par les pertes en vies humaines et les atteintes aux personnes au cours des manifestations contre les coupures d’eau et d’électricité à Madagascar », a déclaré M. Türk dans un communiqué de presse. « J’exhorte les autorités à garantir le respect des droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique, conformément à leurs obligations en vertu du droit international relatifs aux droits humains ».

Utilisation de balles réelles

Les manifestations pacifiques ont commencé dans la capitale Antananarivo le 25 septembre, mais les forces de sécurité sont intervenues avec une force non-nécessaire, lançant des gaz lacrymogènes, et frappant et arrêtant des manifestants. Certains officiers ont également utilisé des balles réelles, a noté le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) dans un communiqué de presse.

D’autres manifestations ont rapidement éclaté dans huit autres grandes villes du pays.

« J’exhorte les forces de sécurité à s’abstenir de recourir à une force non-nécessaire et disproportionnée et à libérer immédiatement tous les manifestants arrêtés arbitrairement. Le droit international relatif aux droits humains est particulièrement strict quant à l’usage des armes à feu ; elles ne peuvent être utilisées par les agents des forces de l’ordre que lorsque cela est strictement nécessaire pour protéger des vies ou prévenir des blessures graves résultant d’une menace imminente », a dit le chef des droits de l’homme.

Il a également exhorté les autorités malgaches à mener des enquêtes rapides, approfondies, indépendantes et transparentes sur les violences et à traduire en justice les personnes reconnues coupables.

Source

Révolution 

Document pour penser la Révolution à Madagascar

 


Révolution, cela veut dire avoir le sens du moment historique;

cela veut dire changer tout ce qui doit être changé; cela veut dire l’égalité et la liberté pleines;

cela veut dire être traité soi-même et traiter autrui comme un être humain;

cela veut dire nous libérer par nous-mêmes et par nos propres efforts;

cela veut dire défier de puissantes forces dominantes dans l’arène sociale et nationale et au-dehors;

cela veut dire défendre des valeurs auxquelles on croit au prix de n’importe quel sacrifice;

cela veut dire modestie, désintéressement, altruisme, solidarité et héroïsme;

cela veut dire lutter avec audace, intelligence et réalisme;

cela veut dire ne jamais mentir, ne jamais violer des principes moraux;

cela veut dire conviction profonde qu’il n’existe pas de force au monde capable d’écraser la force de la vérité et des idées.

Révolution, cela veut dire unité, cela veut dire indépendance, cela veut dire lutter pour nos rêves de justice

 

En l’an 2000, le président de la République de Cuba, Fidel Castro Ruz, 
a résumé ce que devait être, selon lui, la Révolution.

30/09/2025

TIGRILLO L. ANUDO
L’ONU disqualifiée par les peuples

 

Tigrillo L. Anudo, 30/9/2025
Traduit par Tlaxcala

Le monde est un asile d’aliénés. Tant de bêtes déchaînées ne seront pas contrôlées même par une Armée du Salut de l’Humanité. Il faut un théâtre de la cruauté pour à peine étouffer l’assaut contre la raison qui s’est emparé des sociétés humaines. Des disruptions performatives, des paralysies massives, la rupture de la normalité, des cris généralisés pour la vérité et la liberté, des actions audacieuses, le défi aux pouvoirs. Jusqu’à ce que la raison pointe chaque matin avec le lever du soleil.

L’Organisation des Nations Unies — l’ONU — est un théâtre de la simulation et du mensonge. Rien de significatif pour la tranquillité des espèces ne naît de cet instrument des élites corporatistes qui oppressent la famille humaine. Entité sans autorité face aux pouvoirs militaires et économiques. Entité sans âme, sans peuples enracinés, sans représentation des opprimés. Les voix de la vie, de l’eau, du sacré, de l’ancestral, de la paix, de l’enfance, du migrant, n’y ont pas leur place.

La diplomatie a encore une fois échoué, comme l’a dit Petro dans les rues de New York. Depuis deux ans, le défilé de mots sur les moquettes de l’ONU n’a pas su enrayer les rivières de sang dans les déserts de Gaza. Depuis sa fondation il y a 80 ans, presque aucune guerre n’a pu être empêchée. Les conflits qui ont éclaté se sont pour une large part terminés grâce à la dissuasion provoquée par les armes elles-mêmes. L’ONU est si inopérante que les pays font davantage confiance à la capacité dissuasive des armes nucléaires ou à des alliances stratégiques. C’est pourquoi ils se préoccupent de les développer. Un pays qui ne veut pas succomber à la voracité de puissances agressives montre ses armes atomiques et supersoniques.

22/09/2025

Baha Sa Luneta : une révolte logique des citoyens contre la corruption aux Philippines

 

Le drapeau des Pirates au Chapeau de Paille, du manga et anime japonais One Piece, est devenu le symbole de ralliement de la jeunesse asiatique, du Népal à l'Indonésie, contre l'autoritarisme et la corruption. Il a aussi flotté sur les manifestations qui ont eu lieu le dimanche 21 septembre à Manille, capitale des Philippines. Ci-desssous les compte-rendus de ces manifestations, traduits par Tlaxcala [ce drapeau est aussi apparu dans les manifestations du 18 septembre en France : lire ici]

“Impyerno !” : Des étudiants aux retraités, des milliers de personnes s’insurgent contre les projets fantômes lors du rassemblement à Luneta

Jean MangaluzThe Philippine Star , 21/9/2025
 Avec des informations de l’Agence France-Presse

MANILLE, Philippines (mis à jour à 12h00) — Des milliers de Philippins sont descendus dans la rue dimanche pour protester contre un scandale de plusieurs milliards de pesos lié à de faux projets de contrôle des inondations, tenant pour responsables à la fois les politiciens et les entrepreneurs de la perte de fonds publics. Les manifestations ont coïncidé avec le 53ᵉ anniversaire de la loi martiale.

Au moins 49 000 personnes s’étaient rassemblées à 10h25 au parc Rizal de Manille pour le rassemblement « Baha sa Luneta: Aksyon na Laban sa Korapsyon (litt.  “Inondation à Luneta : action contre la corruption ”)», organisé par des étudiants et des groupes militants, selon la municipalité. La chaleur n’a pas dissuadé les manifestants, qui brandissaient pancartes et banderoles appelant à mettre fin à la corruption endémique.


Vues aériennes de la foule à 10h25 au parc Rizal (Luneta). Au moins 49 000 personnes ont manifesté, selon les autorités municipales.— Bureau d’information de Manille


Divers groupes défilent au parc Luneta de Manille, dimanche 21 septembre 2025, lors de vastes manifestations anticorruption contre les révélations récentes d’une fraude aux projets de contrôle des inondations impliquant des centaines de milliards de pesos de fonds publics.— Philstar.com / Jean Mangaluz

Bien que la colère provienne du scandale des projets d’inondation, les revendications sont devenues multisectorielles. Certains manifestants ont réclamé une gestion budgétaire transparente, tandis que d’autres ont soulevé des préoccupations environnementales.


Les cris de protestation, dimanche 21 septembre 2025 au parc Luneta, sont devenus multisectoriels, soulignant comment une corruption massive, comme le récent scandale sur la fraude aux projets d’inondation, freine le développement dans divers domaines.— Philstar.com / Jean Mangaluz

Une grande pancarte demandait : « Comment pouvons-nous attendre des gens qui nous oppriment qu’ils nous servent ? »

Les fameux projets fantômes ont suscité l’indignation depuis que le président Ferdinand Marcos les a mentionnés dans son discours sur l’état de la nation en juillet, après plusieurs semaines d’inondations meurtrières. Lundi, il a déclaré qu’il ne blâmait « absolument pas » les gens de manifester, mais il a appelé à des rassemblements pacifiques. L’armée a été placée en alerte rouge par précaution.

Des voix dans la foule

« Il y a eu des fois où j’ai moi-même dû patauger dans les eaux des inondations, » raconte Aly Villahermosa, 23 ans, étudiante en soins infirmiers à Manille. « S’il y a un budget pour des projets fantômes, alors pourquoi n’y a-t-il pas de budget pour le secteur de la santé ? »

L’ancien député Teddy Casiño a déclaré à la foule que la corruption exigeait l’indignation publique. Il a provoqué rires et acclamations lorsqu’il a fait allusion à un vœu d’anniversaire viral d’un journaliste, souhaitant la mort de tous les responsables corrompus, en demandant au public où ces responsables devraient aller après leur mort.

« Impyerno ! » (En enfer), a répondu la foule en chœur.


De nombreux manifestants du parc Rizal se rendent à une plus grande assemblée menée par des groupes religieux au Monument du Pouvoir Populaire à Quezon City dans l’après-midi du dimanche 21 septembre 2025.— Philstar.com / Jean Mangaluz

« La corruption exige que les gens descendent dans la rue et expriment leur colère dans l’espoir de faire pression sur le gouvernement pour qu’il fasse enfin son travail, » a ajouté Casiño.

Répercussions politiques et coût économique

Le scandale a déjà provoqué des changements au Congrès, notamment la démission du président de la Chambre, Martin Romualdez, cousin de Marcos. Plus tôt ce mois-ci, les propriétaires d’une société de construction ont accusé près de 30 parlementaires et responsables du Département des travaux publics et des routes d’avoir reçu des pots-de-vin.

Le ministère des Finances estime que l’économie a perdu jusqu’à 118,5 milliards de pesos (2 milliards de dollars) entre 2023 et 2025 à cause de la corruption dans les projets de contrôle des inondations. Greenpeace affirme que la perte réelle pourrait avoisiner 18 milliards de dollars.

À Bulacan, province frappée par les inondations, Elizabeth Abanilla, retraitée de 81 ans, a déclaré que les entrepreneurs et les responsables étaient également coupables : « Ils n’auraient pas dû remettre l’argent avant que les travaux soient terminés. Ils sont tous les deux fautifs. »

D’autres manifestations attendues

Plusieurs policiers et garde-côtes ont été déployés pour surveiller les rassemblements. Des foules encore plus nombreuses étaient attendues plus tard dans la journée pour défiler le long de l’avenue EDSA [Epifanio de los Santos Avenue, boulevard périphérique de l’est de Manille, NdT], haut lieu du Mouvement du Pouvoir Populaire qui a renversé le père de Marcos en 1986.

Prières et protestations : Une marée humaine vêtue de blanc envahit EDSA pour la « Trillion Peso March »

Camille Diola, Jean Mangaluz - Philstar.com, 21/9/2025

MANILLE, Philippines (3ᵉ mise à jour, 16h01) — Une foule massive de milliers de personnes a marché dimanche 21 septembre jusqu’au Monument du Pouvoir Populaire pour une démonstration d’unité interreligieuse et multisectorielle contre le plus grand scandale de corruption du pays depuis des décennies.

Le rassemblement de l’après-midi, baptisé « Trillion Peso March », a coïncidé avec le 53ᵉ anniversaire de la loi martiale décrétée par le défunt dictateur Ferdinand Marcos père. Les organisateurs ont déclaré que la date avait été choisie délibérément, établissant un lien entre les abus du passé et la corruption actuelle.

Malgré la pluie, des individus et familles non affiliés se sont joints à des groupes chrétiens et musulmans, ainsi qu’à des organisations de jeunesse, syndicats et mouvements progressistes à Quezon City, débordant sur White Plains Avenue.

Les autorités ont dû fermer les routes à 14h00 alors que les manifestants occupaient les deux côtés de ce lieu historique d’EDSA .

 Des milliers de personnes se rassemblent à EDSA, de l’Autel du Pouvoir Populaire à EDSA jusqu’au Monument du Pouvoir Populaire, rejoignant les manifestations anticorruption dimanche. — The STAR / Mark Villeza

 Des manifestants vêtus de blanc affluent sur EDSA pour se réunir au Monument du Pouvoir Populaire lors du « Trillion Peso Rally », dimanche 21 septembre 2025. — Capture Philstar.com

Des prières aux slogans

Le programme a débuté par des prestations de Ben&Ben, Noel Cabangon, Jamie Rivera, Bayang Barrios et d’autres artistes, avant de laisser place à des prières interconfessionnelles dirigées par des leaders chrétiens et musulmans. Une cérémonie du ruban blanc a symbolisé l’unité contre la corruption.

Dans les rues, en milieu d’après-midi, les slogans « Ikulong na ’yan ! Mga korakot ! » (En prison les corrompus !) ont envahi la foule, tandis que les automobilistes klaxonnaient en solidarité malgré les embouteillages sur White Plains Avenue. Malgré la pluie intermittente, des milliers sont restés.

« Il ne s’agit pas seulement de politique. Il s’agit de dignité, de responsabilité, et des vies perdues à cause des inondations, » a déclaré un organisateur à la foule.

Les manifestants ont exprimé leur colère face aux révélations selon lesquelles des milliards de pesos de fonds destinés au contrôle des inondations ont été détournés au cours des 15 dernières années via des pots-de-vin et des projets fantômes.


Des manifestants portent des crocodiles gonflables, symbolisant les politiciens corrompus, lors du rassemblement « Baha sa Luneta » à Manille, dimanche 21 septembre 2025. — Philstar.com / Anjilica Andaya

La province de Bulacan est devenue l’épicentre du scandale après des allégations impliquant des responsables locaux du Département des travaux publics et deux sénateurs. Les entrepreneurs Curlee et Sarah Discaya ont reconnu avoir versé des pots-de-vin à des députés, tandis que d’autres entrepreneurs ont été liés à des projets inachevés ou inexistants.

Bien qu’amorcées par la fraude liée au contrôle des inondations, les manifestations se sont élargies à d’autres griefs. Les manifestants ont réclamé que la vice-présidente Sara Duterte rende des comptes sur l’utilisation des fonds confidentiels de son bureau, une controverse de longue date.

Sur scène, des victimes des anomalies dans les projets d’inondation ont livré leurs témoignages lors du segment intitulé « Sobra Na ! » (Ça suffit !).

Les célébrités deviennent militantes

La manifestation a attiré des visages familiers du monde du spectacle, dont l’humoriste Vice Ganda et l’actrice Anne Curtis, vus dans la foule. Les participants ont affirmé que leur présence montrait que la corruption « concerne tout le monde » et n’est pas seulement une affaire politique.

Par ailleurs, les actrices Angel Aquino, Jodi Sta. Maria et Maris Racal se sont adressées plus tôt aux manifestants. L’acteur Dingdong Dantes et l’animateur Kim Atienza ont mené un groupe de coureurs célèbres tôt le matin, arborant des t-shirts appelant à mettre fin à la corruption.


L’actrice Angel Aquino pose avec des manifestants au parc Rizal lors des protestations du dimanche matin 21 septembre 2025.— Philstar.com / Anjilica Andaya

Une indignation croissante

La « Trillion Peso March » a suivi le rassemblement du matin, « Baha sa Luneta », au parc Rizal de Manille, largement mené par des groupes étudiants.

Le scandale a déjà eu des retombées politiques, dont la démission du président de la Chambre, Martin Romualdez, cousin du président Ferdinand Marcos Jr., qui a lui-même déclaré soutenir les manifestations, auxquelles il a dit qu’il aimerait pouvoir participer.

Le ministère des Finances estime que l’économie a perdu jusqu’à 118,5 milliards de pesos (2 milliards de dollars) entre 2023 et 2025 en raison de la corruption dans les projets d’inondation. Des organisations environnementales comme Greenpeace situent ce chiffre bien plus haut.

Les leaders des protestations ont promis de maintenir la pression dans la rue jusqu’à ce que des mesures de responsabilisation soient appliquées.