Antonio Mazzeo, Africa
ExPress, 1/6/2023
Traduit par Fausto
Giudice, Tlaxcala
Alger est l’un des principaux partenaires commerciaux et militaires de la Russie sur le continent africain, mais l’Italie ne cesse de faire des affaires de millions de dollars avec elle. Après les accords stratégiques signés dans le secteur de l’énergie par ENI avec l’entreprise publique SONATRACH, c’est le complexe militaro-industriel qui frappe aux portes du gouvernement de la République algérienne démocratique et populaire pour développer la production et les commandes dans le secteur de l’industrie de guerre.
Le secrétaire de la Défense, Luciano Portolano, et
les représentants de Leonardo à Alger
Le 25 mai s’est achevée la visite institutionnelle en Algérie du secrétaire général de la Défense et directeur national de l’armement, le général Luciano Portolano, et d’une délégation de hauts responsables de Leonardo SpA, conduite par Pasquale Di Bartolomeo (directeur commercial du groupe).
Dans la capitale maghrébine, la délégation italienne a rencontré le secrétaire du ministère de la Défense, le général de division Mohamed Salah Benbicha. Avant de quitter Alger, le général Portolano et le Dr Di Bartolomeo ont visité le site industriel d’Aïn Arnat, dans la province de Sétif (nord-est de l’Algérie), siège de la coentreprise créée en mars 2019 par Leonardo et EPIC/EDIA (Établissement public de caractère industriel/Établissement de développement des industries aéronautiques), une entreprise publique qui opère dans le domaine industriel militaro-aéronautique.
« Le secrétaire général de la défense et directeur national de l’armement a souligné que, dans ce cas également, la synergie entre le ministère de la défense et l’industrie italienne est un exemple de l’efficacité du système de défense du pays », rapporte l’état-major de la défense. « L’occasion a permis de donner une impulsion supplémentaire afin que toutes les conditions nécessaires pour rendre concrètement opérationnelle la joint-venture industrielle italo-algérienne et passer à la phase industrielle de l’assemblage des hélicoptères soient finalisées ».
« En particulier, des contingences ont été créées pour accélérer le calendrier de signature des accords auxiliaires et la commande des sept premiers hélicoptères AW139 sur un total de 70 (dont 53 pour le marché algérien) », ajoute la Défense. « L’homologue algérien a confirmé l’avancement des négociations et le fait que le ministère algérien de la Défense lui-même a déjà alloué les ressources financières nécessaires pour garantir la durabilité industrielle dans les années à venir ».
Luciano Portolano a rencontré son homologue algérien, Mohamed Salah Benbicha, à l’occasion du 12ème Comité bilatéral Italie-Algérie, qui s’est tenu à Alger le 2 mars. L’objectif central du sommet était de renforcer le partenariat et les relations bilatérales industrialo-militaires, en commençant bien sûr par la relance de l’accord Leonardo-EPIC/EDIA pour la production d’hélicoptères de guerre, après le “ralentissement” dû à la pandémie de Covid 19.
L’usine d’Aïn Arnat est détenue à 51 % par le ministère algérien de la Défense et à 49 % par la holding italienne. Selon l’accord de 2019, Leonardo assurera l’assemblage, la vente et la prestation de services pour divers modèles d’hélicoptères AgustaWestland, principalement pour les besoins nationaux algériens (avions de transport légers et moyens, évacuation médicale, surveillance et contrôle). Une partie de la production sera destinée à l’exportation vers les marchés d’Afrique et du Moyen-Orient ; la coentreprise fournira également aux clients des services après-vente tels que la réparation et la révision, la formation et le développement de capacités technologiques dans le domaine de la production de matériaux aéronautiques.
Le groupe Leonardo (anciennement Finmeccanica) a obtenu d’autres commandes importantes dans le secteur militaro-sécuritaire en Algérie. En janvier 2008, les filiales SELEX Sistemi Integrati et Elsag Datamat ont signé un contrat d’une valeur de 230 millions d’euros avec la Gendarmerie nationale pour la fourniture d’équipements et de systèmes de surveillance, de contrôle et de sécurité, soutenus par un réseau de communication pour l’intégration de différentes technologies.
Plus précisément, une structure C4I (commandement, contrôle, communication, informatique et renseignement) flexible a été fournie, avec de multiples centres opérationnels régionaux et intermédiaires, des postes de commandement mobiles, ainsi que 250 centres de contrôle locaux à déployer dans toute l’Algérie.
SELEX Sistemi Integrati, en tant que maître d’œuvre, s’est chargée de la logistique, de la formation des techniciens algériens et du service après-vente ; SELEX Communications a fourni le système de communication mobile TETRA, ainsi que les connexions radio HF, satellite et micro-ondes. Elsag Datamat, pour sa part, a fourni les applications logicielles pour l’exploitation des systèmes de surveillance.
Le 15 juillet 2010, lors d’une visite officielle en Algérie du ministre des Affaires étrangères de l’époque, Franco Frattini, une commande de 30 hélicoptères AgustaWestland d’une valeur de 460 millions a été annoncée pour “renouveler” la flotte des forces armées algériennes.
En fait, selon le site spécialisé sud-africain Defenceweb, entre 2010 et 2016, le groupe italien a fourni aux forces armées, à la police et à la gendarmerie algériennes environ soixante-dix hélicoptères de différents types, pour un montant total de 1,3 milliard de dollars (8 AW101, 24 AW109, 8 AW119 Koala pour la formation des pilotes, 20 AW139 et 10 Super Lynx).
Leonardo a également livré un lot de canons OTO Melara 127/64 LW (Lightweight) pour armer les nouvelles frégates Meko A200 de la marine algérienne, qui seront construites en Allemagne à partir de 2016 par le groupe ThyssenKrupp Marine Systems.
Les frégates Meko A200 sont également équipées de
torpilles anti-sous-marines MU90 fabriquées par le groupement européen Eurotorp,
détenu à 50 % par WASS - Whitehead Alenia Sistemi Subacquei S.p.A., une société
de la holding Leonardo basée à Livourne.