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04/04/2025

HELYEH DOUTAGHI
Déclarations sur ma suspension puis mon licenciement par l’Université Yale

Ci-dessous, traduites par Tlaxcala, deux déclarations de Helyeh Doutaghi suite à sa suspension (4 mars) puis son licenciement (28 mars) par l’Université Yale. Son crime : le soutien à la résistance du peuple palestinien, étiqueté comme “terrorisme” par des sionistes anonymes recourant à l’intelligence artificielle.

Suspendue pour un discours en faveur de la Palestine : ma déclaration sur l’adhésion de la faculté de droit de Yale aux calomnies générées par l’IA

Helyeh Doutaghi, 13/3/2025 

Je m’appelle Helyeh Doutaghi. Je suis spécialiste du droit international et de l’économie géopolitique. Mes recherches portent sur les approches du droit international par le tiers monde (TWAIL), les critiques postcoloniales du droit et l’économie politique mondiale des sanctions. J’ai particulièrement examiné les mécanismes et les conséquences de la guerre économique contre l’Iran, ainsi que les formes de connaissances produites dans le cadre du droit international humanitaire (DIH) afin d’obscurcir les opérations militaires usaméricaines et de les soustraire à l’obligation de rendre des comptes. Le 1er octobre 2023, j’ai été nommée directrice adjointe du projet Droit et économie politique (LPE) et j’ai rejoint l’équipe. J’occupais également le poste de chercheuse associée à la Yale Law School (YLS), un poste de professeure non permanente sans responsabilités d’enseignement.

Le matin du 3 mars, j’ai été informée d’un rapport en ligne me concernant. Une obscure plateforme sioniste de droite alimentée par l’IA et appelée “Jewish Onliner” a publié un rapport m’accusant à tort d’être une “terroriste”. Plutôt que de me défendre, la faculté de droit de Yale a décidé, moins de 24 heures après avoir pris connaissance du rapport, de me mettre en congé.

L’administration ne m’a donné que quelques heures de préavis pour assister à un interrogatoire basé sur des allégations d’extrême droite générées par l’IA à mon encontre, tout en subissant un flot de harcèlement en ligne, de menaces de mort et d’abus de la part de trolls sionistes, ce qui a exacerbé une détresse et des complications sans précédent au travail et à la maison. J’ai enduré tout cela alors que je jeûnais, et ma demande d’aménagements religieux pour le Ramadan a été rejetée. Quelques heures plus tard, l’YLS m’a mis en congé, m’a retiré mon accès aux technologies de l’information - y compris mon courrier électronique - et m’a interdit de quitter le campus. Je n’ai bénéficié d’aucune procédure régulière ni d’aucun délai raisonnable pour consulter mon avocat.

Plutôt que d’enquêter d’abord sur la source de ces allégations, la « meilleure école de droit » du pays les a prises pour argent comptant et a transféré la charge de la preuve de l’accusateur à l’accusée, me considérant, prima facie, comme coupable jusqu’à preuve du contraire. Que les avocats de la faculté de droit de Yale se soient sciemment appuyés sur des allégations fabriquées par  l’IA ou aient simplement choisi l’ignorance volontaire reste sans réponse.

Pour mener l’interrogatoire, la faculté de droit de Yale a retenu les services de David Ring du cabinet d’avocats Wiggin and Dana - un avocat dont le profil public mentionne “Israël” comme un “service” qu’il fournit et dont le portfolio se targue de conseiller “les plus grandes entreprises aérospatiales et de défense du monde”. Nommé à deux reprises par le département d’État usaméricain en tant que Special Compliance Officer [agent spécial de conformité], sa carrière est profondément ancrée dans les industries qui soutiennent le génocide et les crimes de guerre en Palestine. Lorsque j’ai fait part de mes inquiétudes concernant le conflit d’intérêts potentiel posé par sa participation à ce processus, l’YLS les a rejetées, déclarant qu’il n’y avait “aucune inquiétude quant à sa capacité à mener un entretien équitable”. Il est répréhensible que l’YLS nomme un avocat qui profite de la machinerie de la mort palestinienne pour “interviewer” une employée à propos de ses positions publiques contre le génocide et en faveur de la Palestine.

Yale a fait preuve de mauvaise foi tout au long de ce "processus". Cela s’est manifesté par l’insistance de l’administration sur un interrogatoire immédiat avec un délai déraisonnable, par le type d’avocat engagé pour m’“interviewer”, par le fait que cet avocat externe a refusé de répondre aux questions sur les protections procédurales, et par le refus de ma demande d’un bref accommodement religieux. La préoccupation singulière de l’YLS de maintenir l’approbation des bailleurs de fonds sionistes qui financent leur complicité dans le génocide a conduit l’organisation à me faire subir un interrogatoire dont j’avais toutes les raisons de penser qu’il était conçu non pas pour découvrir la vérité, mais pour justifier un résultat prédéterminé. Pour plus de détails, voir la note de mon avocat à la fin de cette déclaration.

Ce qui est clair, c’est que les actions de l’Université Yale constituent un acte flagrant de représailles contre la solidarité palestinienne - une violation de mes droits constitutionnels, de ma liberté d’expression, de ma liberté académique et de mes droits fondamentaux à une procédure régulière. Je suis prise pour cible pour une seule raison : pour avoir dit la vérité sur le génocide du peuple palestinien dont l’université Yale est complice.

L’Endowment Justice Coalition (EJC) a exposé les liens financiers étroits de Yale avec les fabricants d’armes, sur la base de déclarations fiscales accessibles au public. Parmi les gestionnaires d’actifs de l’université figurent JLL Partners, lié à General Dynamics et Lockheed Martin, et Farallon Capital, qui investit dans HowMet Aerospace, une société qui produit des composants clés pour les avions de chasse usaméricains F-35 utilisés par Israël pour commettre un génocide.

En tant qu’universitaire du mouvement qui s’oppose sans équivoque à l’impérialisme et au génocide usaméricano-sioniste, ma présence - en particulier en tant que musulmane iranienne dans une université d’élite qui est profondément impliquée dans les structures matérielles et idéologiques du génocide - est intolérable pour les forces du fascisme qui dirigent ce pays.

Les attaques contre moi, y compris les diffamations amplifiées par des trolls fascistes, sont emblématiques d’une politique officielle plus large de ce régime autoritaire visant à utiliser l’IA pour cibler les étudiants, les professeurs et les organisateurs qui osent s’élever contre le génocide, la famine systémique et le nettoyage ethnique des Palestiniens. Cette répression, désormais formalisée dans le cadre du programme de l’initiative “Catch and Revoke” [Attraper et révoquer] marque une dangereuse escalade dans la répression étatique, explicitement conçue pour favoriser une atmosphère de peur sur les campus universitaires. Tous les défenseurs de la liberté d’expression devraient être profondément préoccupés par le fait que ces mots infâmes, « Êtes-vous ou avez-vous déjà été membre de... », redeviennent un refrain courant. Nous entrons dans l’ère du maccarthysme sioniste, une époque où la dissidence est invariablement réprimée, où des carrières sont détruites pour avoir dit la vérité et où le simple fait d’être solidaire de la libération de la Palestine est considéré comme un crime. Tout comme le maccarthysme cherchait à écraser la résistance anti-impérialiste par la peur et la répression, cette nouvelle itération vise à réduire au silence, à intimider et à purger ceux qui contestent le colonialisme sioniste et l’impérialisme usaméricain.

Il ne s’agit pas d’une démonstration de force ; c’est le dernier refuge d’un ordre qui s’effondre - un empire en déclin, qui recourt à la répression brutale pour étouffer et écraser ceux qui exposent son hégémonie en train de s’effilocher.

La connaissance doit être au service des opprimés. Si ce que nous apprenons et enseignons ne nous oblige pas et ne nous donne pas les moyens d’utiliser nos plumes et nos voix pour remettre en cause les systèmes d’oppression, alors c’est un exercice intellectuel dénué de sens. Les institutions universitaires occidentales cultivent une classe lâche de collaborateurs intellectuels qui écrivent des articles critiques sur l’oppression mais la maintiennent par leur silence lorsque leurs privilèges sont menacés. La complicité de l’université de Columbia dans la dernière vague de répression contre ses étudiants en est un exemple.

C’est ainsi que le fascisme gagne : non seulement par la force brute, mais aussi en restant réactif face à l’oppression, et grâce à la complicité de ceux qui prétendent défendre la justice mais choisissent de rester silencieux lorsque le fascisme frappe. Les 17 derniers mois ont prouvé que de nombreux membres de la “gauche” occidentale ne sont pas disposés à faire les sacrifices nécessaires pour mettre fin au génocide. Dans le monde universitaire et à l’extérieur, ils profitent - à titre personnel et professionnel - des structures mêmes du génocide et de l’impérialisme auxquelles ils prétendent s’opposer. Leur confort est acheté aux dépens des opprimés. La gauche occidentale est aujourd’hui confrontée à un choix clair : soit elle relève le défi de lutter contre la vague de répression, soit elle continue à garder le silence au service du génocide.

Mais je ne me tairai pas. Je suis fière d’avoir utilisé ma voix et ma plume pour soutenir la lutte pour la libération de la Palestine. Ils peuvent me dépouiller de mes droits et privilèges, mais mon engagement en faveur d’une Palestine libre et du démantèlement complet de l’impérialisme usaméricain dans le monde ne dépend pas d’une reconnaissance institutionnelle ou d’une stabilité matérielle. Il est enraciné dans la lutte collective des opprimés mais puissants, dans les luttes anticoloniales en cours dans notre région, et dans la certitude que la libération viendra - non pas grâce à la bienveillance de l’empire sous l’égide des partis “démocrate” ou “républicain” qui sont unis dans le génocide de notre peuple, mais par sa défaite politique.

Vivre sous une dictature fasciste aux USA peut sembler étouffant, créant l’illusion que nous sommes isolés et en infériorité numérique. Mais la réalité est tout autre : nous sommes aux côtés de la grande majorité du monde, de la Palestine au Liban, en passant par l’Iran, le Yémen, le Venezuela, Cuba, le Nicaragua et bien d’autres encore. Notre lutte est celle des opprimés mais puissants, des damnés de la Terre.

La campagne incessante visant à écraser la solidarité palestinienne par des arrestations massives, l’intimidation, le harcèlement et la censure a échoué. Cet échec est la raison pour laquelle l’État se tourne maintenant vers la force brute, comme en témoigne la dernière escalade à Columbia, où des manifestants ont été brutalement battus et où Mahmoud Khalil, étudiant à Columbia - aujourd’hui prisonnier politique - a été enlevé de force par l’État en collaboration avec l’université. Je suis entièrement solidaire de Mahmoud Khalil. Il s’agit d’une violation flagrante des droits constitutionnels les plus élémentaires, qui marque une nouvelle étape dans la descente des USA vers une tyrannie sans foi ni loi.

Le régime colonial israélien traverse une crise profonde. La défaite de sa machine de propagande - si vitale pour sa survie - a été accélérée par sa défaite sur le terrain à Gaza. L’empire ne peut se maintenir sans soutien intellectuel et institutionnel, et par conséquent, la suppression dont j’ai fait l’objet, comme beaucoup d’autres dans le monde universitaire usaméricain et au-delà, n’est pas fortuite, elle est structurelle. Le gouvernement usaméricain, reconfiguré en un appareil de sécurité fasciste, ne se contente pas de réprimer la contestation - il se prépare à la guerre, à l’étranger comme à l’intérieur du pays. Les institutions d’élite et les universités, chargées de reproduire ce système et de former la prochaine génération à le défendre et à le maintenir, se sont transformées en mécanismes de surveillance, veillant à ce que les voix de la résistance soient éradiquées pour permettre les atrocités commises à l’étranger. Mais l’université n’est pas seulement un lieu de répression, c’est un lieu de lutte. Nous devons le reconnaître comme tel et nous dresser pour reprendre le pouvoir sur ces institutions ou, le cas échéant, les démanteler et les perturber. Le temps de la critique passive est révolu depuis longtemps ; nous devons agir collectivement pour exposer, contester et résister au rôle des universités occidentales dans le maintien de l’empire et du génocide.

Appel à l’action

La faculté de droit de Yale doit rendre des comptes. J’appelle à un boycott immédiat et effectif de la faculté de droit de Yale et à une demande collective de divulgation complète et de désinvestissement de Yale dans le domaine du génocide. En outre, Yale doit prendre des mesures concrètes et efficaces pour réparer le préjudice qu’elle m’a infligé, être tenue responsable des dommages qu’elle a causés et faire une déclaration publique pour rétablir ma réputation.

Pas un seul professeur de Yale ne s’est levé pour s’opposer publiquement à ce que Yale m’a fait subir jusqu’à présent. Dans tout le pays, les universitaires et les administrateurs d’université - à quelques honorables exceptions près - ont joué un rôle lâche et collaboratif en facilitant l’attaque contre les droits démocratiques. Ceux qui sont trop préoccupés par leur salaire et leur carrière pour s’opposer à cette attaque sans précédent contre la liberté d’expression sont complices de leur propre assujettissement et de l’érosion de la force collective de la communauté. J’appelle chaque professeur, universitaire, chercheur, étudiant et membre de la communauté à se lever et à s’exprimer publiquement contre le fait que la faculté de droit de Yale fonctionne comme une extension de l’appareil d’État fasciste.

Je ne me laisserai pas intimider. Je ne reculerai pas. Je reste fidèle à mon engagement en faveur de la libération de nos peuples de l’impérialisme usaméricain, de la justice, de la vérité et de la solidarité indéfectible qui nous lie dans la lutte pour une Palestine libre.

En avant, quoi qu’il en coûte,

Helyeh Doutaghi

Mon avocat, Eric Lee, fait la déclaration suivante :

J’ai été engagé par la Dre Doutaghi en fin de matinée le 4 mars. Vers 14 h 30 cet après-midi-là, j’ai reçu un courriel du bureau de l’avocat général de Yale renvoyant à l’article du “Jewish Onliner” et indiquant que la Dre Doutaghi faisait l’objet d’une enquête à la suite de cet article. J’ai ensuite été contacté par l’avocat externe de Yale qui a insisté pour que la Dre Doutaghi accepte une interview l’après-midi même. J’ai demandé à m’entretenir avec l’avocat externe et nous avons discuté à 16 heures. J’ai demandé quelles procédures seraient mises en place pour l’entretien et j’ai expliqué qu’en raison de réunions déjà planifiées, je ne serais pas en mesure de participer à un entretien l’après-midi même. L’avocat externe m’a demandé d’envoyer un courriel proposant les prochaines étapes, ce que j’ai fait à 17h30, environ une heure après la fin de notre appel téléphonique. Dans ce courriel, j’ai indiqué que nous demandions un bref accommodement religieux en raison du fait que Mme Doutaghi avait jeûné pendant le ramadan tout en subissant un harcèlement et une violence intenses en ligne, et que nous serions mieux préparés à discuter des prochaines étapes le lendemain, après que Mme Doutaghi eut passé une bonne nuit de sommeil. Au moment où j’ai envoyé ce courriel, j’ai reçu un courriel du bureau de l’avocat général de Yale indiquant que la Dre Doutaghi avait été placée en congé administratif pour avoir prétendument omis de répondre à la demande d’entretien.

Après une recherche Google sur “Jewish Onliner”, nous avons appris qu’en janvier 2025, le journal israélien Haaretzavait enquêté sur “Jewish Onliner” et l’avait présenté comme un type de bot généré par l’IA qui diffuse des informations erronées pour contrer les discours pro-palestiniens en ligne. Haaretz a également indiqué que le robot pourrait avoir des liens avec le gouvernement et l’armée israéliens. À la lumière de ces informations, j’ai écrit à Yale le 5 mars pour leur demander (1) s’ils étaient au courant de l’illégitimité de la source, (2) si ce n’était pas le cas, s’ils avaient pris des mesures pour déterminer la légitimité de la source avant de se précipiter pour juger la Dre Doutaghi, et (3) si la précipitation pour forcer la Dre Doutaghi à une interview immédiate avait pour but de nous empêcher d’avoir le temps d’enquêter sur la légitimité de la source. Yale a refusé de répondre à ces questions.

Yale plie le genou devant les efforts de Trump pour supprimer la liberté d’expression, écraser la liberté académique et établir une dictature. Sa réussite dépendra entièrement de la réaction de la population. Nous exhortons tout le monde à se lever et à prendre la défense de la Dre Doutaghi et des principes démocratiques de liberté d’expression et de respect de la légalité qui sont fondamentaux pour nous tous. Nous demandons à nouveau à Yale de réintégrer la Dre Doutaghi, de lui donner accès au campus et à son courrier électronique, et de prendre des mesures publiques pour restaurer sa crédibilité et sa réputation.


 

Ma déclaration sur mon licenciement par la faculté de droit de Yale et le projet “Droit et économie politique” (Law and Political Economy Project, LEP)

1er avril 2025

Le vendredi 28 mars, jour d’Al-Quds, quelques jours avant que nous, musulmans, ne célébrions notre deuxième Aïd à l’ombre d’un génocide continu contre nos familles en Palestine, la faculté de droit de Yale (YLS) m’a licenciée pour avoir dénoncé la barbarie sioniste en Palestine. Cet acte s’inscrit dans le cadre d’une répression violente et plus large à l’encontre des étudiants et des universitaires à travers le pays, dont beaucoup occupent des postes précaires.  Ce à quoi nous assistons dans des institutions comme Yale, Cornell, Columbia et Harvard, c’est à la normalisation d’une gouvernance fasciste.  De l’enlèvement d’étudiants et de chercheurs pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression à la criminalisation, à l’exécution, à la suspension et au bâillon institutionnel qui sont maintenant monnaie courante sur les campus, les universités sont devenues des collaboratrices actives dans la réduction au silence de la dissidence et la criminalisation de la résistance. Fonctionnant comme des sites efficaces de surveillance et d’oppression, ces institutions - en collaboration avec l’appareil répressif de l’État - établissent de nouveaux et dangereux précédents pour les règles d’engagement dans tout le pays.

Yale affirme m’avoir donné de multiples occasions au cours des trois dernières semaines de répondre à ses “préoccupations” - des préoccupations qui sont apparues après que l’YLS a été publiquement exposée pour avoir agi sur la base d’un rapport généré par l’IA à mon encontre. Bien que j’aie déclaré à plusieurs reprises que j’étais disposée à répondre par écrit aux questions d’YLS, j’ai maintenu ma position selon laquelle je ne coopérerai pas avec les forces sionistes qui représentent et défendent les intérêts des génocidaires. Je ne légitimerai pas un processus mené par des acteurs sionistes qui défendent les intérêts d’un régime dont la politique consiste à tuer des enfants. Pour cette raison, l’YLS a jugé “inappropriées” mes graves préoccupations concernant l’implication d’un conseiller externe ayant des liens publics avec Israël et les fabricants d’armes.

Ils ont tenté de me faire taire, en vain. Plus d’un millier de professeurs, d’avocats, d’universitaires, d’étudiants et d’organisateurs se sont levés en signe de solidarité, condamnant la capitulation de Yale face à la répression sioniste et sa complicité avec les et sa complicité dans la chasse aux sorcières sioniste-maccarthyste dont je fais l’objet. (lire et signer la lettre de soutien)

Dans la lettre mettant fin à ma nomination, l’YLS prétend avoir vérifié de manière indépendante mon affiliation à Samidoun, le réseau de solidarité avec les prisonniers palestiniens. Je rejette catégoriquement la criminalisation de l’organisation politique face à la répression, y compris celle dirigée contre Samidoun. Pourtant, même selon ses propres critères illégitimes, l’YLS n’a pas réussi à établir le seuil de preuve le plus élémentaire. L’article qu’elle cite pour insinuer mon affiliation à Samidoun date de 2022, soit plus de deux ans avant que l’organisation ne soit inscrite sur la liste des entités terroristes au Canada. À cette époque, Samidoun était en fait une organisation à but non lucratif légalement enregistrée au Canada.

Ni l’YLS ni aucun rapport sioniste (ou les deux !) n’ont présenté la moindre preuve démontrant un lien ou un acte illégal de ma part. J’ai été licenciée sur la base d’allégations non prouvées, en l’absence de toute procédure régulière ou d’allégation fondée. Pour un compte rendu complet des faits relatifs à mon engagement avec Yale, et pour corriger leurs fausses affirmations, veuillez vous référer à la déclaration publiée par mon avocat, M. Eric Lee, ci-dessus.

Cela crée un précédent qui fait froid dans le dos. Si une pipistrelle artificielle ou n’importe qui accuse un professeur ou un étudiant de Yale d’avoir commis un acte répréhensible, cela peut désormais suffire à mettre un terme à sa carrière. Tel est l’état de l’académie juridique usaméricaine aujourd’hui : le respect des procédures et l’État de droit sont enseignés dans les salles de classe, mais abandonnés dans la pratique.

Il est profondément ironique qu’en tant qu’universitaire dont le travail interroge les architectures juridiques des régimes de sanctions, j’aie été licenciée de mon poste à la faculté de droit de Yale et du projet LPE sur la base d’allégations d’affiliation à une organisation sanctionnée. Depuis plus d’une demi-décennie, mes recherches portent sur la manière dont les régimes de sanctions, y compris ceux qui sont présentés comme des mesures antiterroristes, fonctionnent comme un outil de gouvernance impériale. Ces mécanismes, conçus pour discipliner et contenir les soi-disant “États voyous” comme l’Iran qui défient l’impérialisme américain, ont longtemps permis l’expropriation d’actifs et l’inscription d’individus sur des listes noires par le biais de procédures secrètes sans procès en bonne et due forme, ainsi que la négation de la souveraineté. Ce qui se passe actuellement aux USA est l’effet boomerang de ces régimes de sanctions.

Les technologies juridiques développées pour gérer et punir les acteurs du Sud qui contestent l’oppression et la domination occidentales sont de plus en plus redéployées vers l’intérieur, en tournant leur regard vers les universitaires, les activistes, les organisations et les mouvements qui critiquent les régimes usaméricain ou israélien.  Des mécanismes tels que la liste SIGN, qui s’est développée après le 11 septembre 2001 dans le cadre d’un appareil de sécurité mondial visant à contrôler les menaces perçues par les USA à l’étranger, élargissent aujourd’hui leur cible et criminalisent les activités de plaidoyer en faveur de la Palestine, tout en supprimant les dissensions internes. Sous couvert de conformité et de sécurité nationale, ces outils sont utilisés pour priver les individus de leurs droits sans procédure régulière. Dans mon cas, aucune preuve n’a été présentée, aucune audience n’a été accordée, seule l’invocation d’un rapport généré par IA a suffi à mettre fin à mon emploi à la faculté de droit de Yale et au projet LPE. Il ne s’agit pas d’une erreur d’appréciation institutionnelle, mais de la manifestation d’un ordre juridique impérial qui érode les protections des accusés, rend les États et les peuples hors la loi et définit la dissidence comme une menace. Les sanctions servent donc à légitimer et à étendre la violence, au-delà des frontières et maintenant dans les universités usaméricaines.  Ce qui était à l’origine un instrument de domination à l’étranger est devenu un outil de contrôle autoritaire à l’intérieur du pays.  Dans ce changement, l’architecture de l’impérialisme capitaliste révèle son visage intérieur : l’autoritarisme fasciste, qui s’appuie de plus en plus sur la répression, la surveillance et la criminalisation de la résistance. Nous sommes à un moment charnière de l’histoire et du déclin de l’empire usaméricain. Le régime usaméricain coordonne la répression violente sur le front intérieur avec une escalade de la guerre sur le front extérieur. Sur de multiples fronts, y compris le génocide en cours en Palestine par le fondé de pouvoir terroriste sioniste des USA dans notre région, le bombardement sauvage du Yémen, le nettoyage ethnique en Syrie par des chargés de mission usaméricains, les assauts israéliens contre le Liban et les menaces quotidiennes contre l’Iran dans le discours officiel et la propagande médiatique, les USA conduisent activement le monde vers une guerre plus large en Asie occidentale. 

Pour maintenir l’illusion de la stabilité intérieure, les mécanismes du pouvoir autoritaire doivent supprimer la dissidence, en ciblant toute personne qui s’oppose à ces politiques afin de créer un effet de refroidissement sur la parole et de faire taire l’opposition. 

Cette suppression de la dissidence vise à maintenir l’impunité des USA et des sionistes face à la résistance croissante à leur impérialisme génocidaire en Asie occidentale et au-delà. Le gouvernement usaméricain tente d’empêcher l’inévitable. Mais rien n’arrêtera la chute de l’empire usaméricain, et rien n’empêchera l’histoire de se souvenir qu’il s’agit de l’un des empires les plus brutaux que le monde ait jamais connu.

Ce à quoi nous assistons aux USA, ce n’est pas l’échec de la démocratie, c’est la démocratie libérale occidentale en soi. Un système construit pour servir la propriété capitaliste. Un système né dans le génocide et l’esclavage, dont l’objectif a toujours été, en premier et dernier lieu, la “liberté” des classes possédantes d’accumuler des richesses par la négation de la liberté et de la souveraineté des colonisés. Face aux défis sans précédent lancés à l’impérialisme capitaliste occidental par le monde majoritaire, ce système a de nouveau montré sa véritable essence, une fois pour toutes, en retournant à ses racines génocidaires.


24/02/2025

“Les Juifs doivent réapprendre à être des Hébreux, à être cruels”: Nili Kupfer-Naouri, combattante du “sionisme triomphant”

Elle s’appelle Nili Kupfer-Naouri. Elle a deux passeports : israélien et français. Elle a succédé à son père, Jacques Kupfer, après sa mort, à la tête de l'organisation “Israel is forever”. Elle fait l’objet d'innombrables plaintes, déposées en France jusqu’ici sans suite judiciaire, pour divers crimes et délits, dont l’apologie du génocide et l’appel à commettre des crimes de guerre, Ci-dessous sa dernière intervention sur RCJ, la Radio de la communauté juive, le média du Fonds social juif unifié : « Nous devons apprendre à devenir fiers, nobles et cruels comme l’exigeait Zeev Jabotinsky ».Un terrifiant exemple de discours génocidaire.

23/02/2025

GIDEON LEVY
Le discours violent de Netanyahou porte en germe les futurs crimes de guerre de l’armée israélienne

Gideon Levy, Haaretz, 23/2/2025
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Tout rhétoricien sait que lorsque l’argument est faible, la solution consiste à augmenter le volume. Le ton de la conversation publique en Israël au cours des dernières semaines ne montre pas seulement la faiblesse de l’argumentation et la bassesse croissante du discours, il est également dangereux en soi.

 
Un homme discute avec un soldat israélien après avoir été empêché d’entrer dans le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie, lors d’une opération militaire en cours, au début de la semaine. Photo MOHAMMAD MANSOUR/AFP

Le discours public israélien a adopté le langage basique de l’incitation à la violence contre tous les Palestiniens et les Arabes. Du Premier ministre au plus humble des reporters de terrain bafouilleux de la télévision, tous se sentent obligés de déblatérer grossièrement contre le Hamas et la bande de Gaza autant que possible, comme si cela renforçait la validité de leurs arguments. On ne peut plus dire “Hamas” [en le prononçant Khamas, NdT] sans y accoler l’adjectif “nazi”, ni parler de Gaza sans dire “monstres” ; c’est cette façon de parler qui est proprement monstrueuse.

Après que Benjamin Netanyahou a donné le ton, la compétition nationale de jurons et d’insultes a commencé.

« Nous sommes tous en colère contre les monstres du Hamas », a déclaré le premier ministre le  jour de la restitution des quatre corps des otages , conformément au cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, et il a immédiatement promis d’“anéantir” les assassins.

Le style, c’est l’homme, et ceux qui prononcent des mots tels que “monstres” et “anéantir” en disent plus sur eux-mêmes que sur l’objet de leurs paroles. Le meurtre de la famille Bibas était cruel et odieux. Mais celui qui parle de “monstres” décrit aussi les actions de ses soldats, qui ont tué des milliers d’enfants.

Lorsqu’il a été annoncé que les restes présumés de Shiri Bibas n’étaient pas les siens, il n’a plus pris de gants. Netanyahou a répété “monstres”, cette fois dans sa langue officielle, l’anglais. L’armée des aboyeurs a suivi dans son sillage, et le fait que le Hamas ait corrigé l’erreur du jour au lendemain n’y a rien changé. Monstres ils étaient, monstres ils restent.

Les cérémonies de remise d’otages, y compris les cérémonies émouvantes de samedi, ont également attesté du “nazisme” et de la “monstruosité” du Hamas. Ceux qui organisent de telles cérémonies sont des nazis - on ne sait pas trop pourquoi - et ceux qui exploitent ce moment à des fins de propagande sont aussi, apparemment, des nazis. Seul Israël est autorisé à exploiter le retour des otages à des fins de propagande.

La vérité doit être dite : la plupart des remises d’otages se sont déroulées sans heurts, même si les Israéliens n’aiment pas voir un otage déposer un baiser sur le front de ses deux ravisseurs, comme l’a fait l’un d’entre eux samedi. Les présentateurs des journaux télévisés se sont empressés de rassurer les téléspectateurs : le baiser a été forcé, même si cela ne semblait pas être le cas.

Pourquoi font-ils cela ? Après tout, le mal du Hamas est évident dans ses actions : pourquoi tout le monde, de l’armée au journaliste israélien Amnon Abramovich, ajoute-t-il de l’incitation à la haine ? Netanyahou, qui se nourrit de l’incitation pour ses besoins politiques, est une chose, mais pourquoi les médias ? Mais seulement pour trouver des faveurs, pour recevoir une tape dans le dos de la part des masses enflammées.

Le Hamas n’est pas à défendre. Il s’agit d’une organisation dépravée [sic] qui a mené une attaque dépravée [resic] contre Israël. Mais le discours contaminé aura un prix élevé. Un cinquième des Israéliens sont des Palestiniens : Comment allons-nous vivre avec eux alors que leurs frères sont des monstres nazis ? La moitié des personnes vivant entre le Jourdain et la mer Méditerranée sont des Palestiniens : comment allons-nous vivre à leurs côtés ? Israël a lancé cette terrible attaque sur Gaza avant que le discours sur les “monstres” ne commence.

Le 7 octobre 2023 a semé le trouble dans la conscience des Israéliens, et la rhétorique incendiaire des politiciens et des médias y a ajouté. L’humanité n’existe plus en Israël, car il n’y a plus de non-combattants à Gaza. Pas même les nourrissons qui sont morts à peine nés. Ni même les hommes de paix et de sagesse de Gaza (oui, il y en a aussi).

Ajoutez à cela le discours empoisonné de ces dernières semaines et imaginez à quoi ressemblera la prochaine guerre, qui sera dirigée non seulement contre le Hamas mais aussi contre les monstres nazis.

Imaginez les pensées qui traversent la tête d’un soldat envahissant une maison en Cisjordanie, alors que cette incitation coule dans ses veines. S’il croit entrer dans la maison de monstres nazis, comment traitera-t-il ses habitants ? Il détruira davantage et tuera davantage, d’une manière plus brutale que jamais. 

Un jour, nous regretterons la délicatesse et la retenue morale de Tsahal dans la guerre actuelle, avec seulement la moitié de la bande de Gaza détruite et seulement 15 000 enfants morts. Attendez la prochaine guerre que nous mènerons contre les nazis.


Emad Hajjaj


 

21/02/2025

HAGAI AMIT
„idf.farsi“, die Einheit der israelischen Armee, die beauftragt wurde, Iraner über soziale Medien anzusprechen
Begegnung der x-ten Art


Der Krieg hat Hunderttausende von Follower für die persischsprachige Soziale-Medien-Botschaft der IDF [engl. Akronym für Zahal, „Israels Verteidigungsstreitkräfte] gebracht. Wenn es eine Sache gibt, von der die Mitarbeiter der Einheit überzeugt sind, dann ist es, dass „nur das iranische Volk das Regime stürzen wird“.


Shamsian, „R“ und Pinhasi, fotografiert im Hauptquartier des IDF-Sprechers in Ramat Aviv. Foto:  Eyal Toueg, Borna_Mirahmadian/Shutterstock

Hagai Amit, Haaretz, 20.2.2025
Übersetzt von Mikaela Honung, Tlaxcala

„Eure Gefangenen sind immer noch in unseren Händen, der Jemen ist die Schande eures Lebens, das Brüllen des Iran wird euch vernichten, die israelischen Behörden haben euch betrogen. Bewohner des Spinnenhauses - geht, und je eher, desto besser.“

Diesen Text zeigte ich den Mitarbeitern der persischsprachigen Abteilung des Sprecherbüros der israelischen Verteidigungsstreitkräfte zu Beginn meines Treffens mit ihnen Anfang des Monats. Die Nachricht war am Abend zuvor von einer nicht identifizierten Adresse eingegangen. „Es handelt sich offenbar um eine iranische Quelle, um Hacker im Auftrag der Revolutionsgarden“, lautete das Urteil über denjenigen, der es auf meine Telefonnummer abgesehen hatte und versuchte, mich zu beeinflussen.

Meine Gesprächspartner wurden jedoch empört, als ich sie fragte, ob iranische Bürger, die ihre Nachrichten verfolgen, nicht dasselbe empfinden wie ich, wenn ich eine solche SMS erhalte - Angst und Feindseligkeit. Aus der Sicht von Master Sgt. Kamal Pinhasi, der die Einheit leitet und Sprecher der IDF für die persischen Medien ist, Master Sgt. Shirly Shamsian, die diese Sprache in Online-Chats mit iranischen Bürgern spricht, und Sgt. 1st Class R., der für die Überwachung der Medien und Übersetzungen zuständig ist (und es vorzieht, nicht namentlich genannt zu werden) - sehnt sich das iranische Volk nach den Nachrichten der IDF.

„Die beste Umfrage, die zeigt, dass die Mehrheit der iranischen Bevölkerung das Regime ablehnt, war die jüngste [Präsidentschafts-]Wahl im Sommer 2024“, bemerkt Pinhasi. „Trotz des Drucks, den die Revolutionsgarden auf die Anhänger des Regimes ausübten, um sie zur Stimmabgabe zu bewegen, wurde die Wahl erst in einer zweiten Runde entschieden, und selbst dann gingen nur 39 Prozent der Wahlberechtigten zu den Urnen, und der gewählte Kandidat, Masud Pezeschkian, gewann nur knapp - und man weiß nicht, wie sie die Stimmzettel ausgezählt haben“.

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„Ich kenne den Iran seit 36 Jahren [beruflich]“, fährt er fort, „und die dortige Regierung wird von nicht mehr als 20 Prozent der Bevölkerung unterstützt“.

„Die Situation dort ist einfach schlecht“, fügt Shamsian hinzu. „Es gibt häufig Stromausfälle, und das Gleiche gilt für Wasser und Gas für den Hausgebrauch.“

Pinhasi: „Die Menschen im Iran warten seit 46 Jahren auf wirtschaftliches Wachstum, aber das ist nicht eingetreten. In dieser Zeit waren sie von der Welt abgeschnitten, und die Folge dieser Trennung ist, dass ein großer Teil [der Bevölkerung] auch vom Westen enttäuscht ist. Wenn sie also zur Wahl gehen, sagen sie sich: ‚Wenn die Wahl zwischen dem Schrecklichen und dem Bösen besteht, wählen wir das Böse.‘“

Pinhasi, Shamsian und R. wurden alle im Iran geboren. Pinhasi kam 1978 im Alter von 15 Jahren nach Israel, kurz vor der Revolution von Ayatollah Khomeini; Shamsian kam 1988 während des iranisch-irakischen Krieges nach Israel, als sie 12 Jahre alt war; und R. ist seit seinem elften Lebensjahr, also seit 1989, hier. Seit Beginn des Krieges im Gazastreifen leiten sie die Gruppe, die vor fünf Jahren mit dem Ziel gegründet wurde, die iranische Öffentlichkeit über die sozialen Medien zu erreichen und sie über die Realität der Situation, wie sie Israel sieht, zu informieren.

Sie arbeiten über X, Instagram und TikTok. „Wir sind weniger auf TikTok und viel mehr auf Instagram aktiv“, sagt Shamsian. Einmal pro Woche gehen sie auch live und führen ein offenes Gespräch mit iranischen Followern auf einer der Plattformen.

Das Instagram-Konto der Einheit hat 220.000 Follower, das TikTok-Konto etwa 93.000. Sie weisen darauf hin, dass der Staat alle ausländischen sozialen Medien blockiert, so dass die iranischen Follower die staatlichen Blockaden mit Hilfe von VPN oder einer anderen Technologie umgehen müssen, was die Surfgeschwindigkeit verringert.

„Wenn jemand, der das Regime unterstützt, auftaucht, geschieht dies über eine Plattform, die vom Regime blockiert werden soll. Das ist ein Ansatzpunkt, der von vornherein alles untergräbt, was sie uns erzählen“, erklärt Pinhasi.

Was ist das Ziel Ihrer Tätigkeit? Eine Revolution im Iran zu fördern?

R.: „Israels Wahrheit zu vermitteln.“

Shamsian: „Wir wollen keine Revolution im Iran machen. Das muss von innen kommen, von den Bürgern. Das ist nicht unsere Aufgabe.“

Pinhasi: „Die operativen Botschaften der Armee zu übermitteln. Nach anderthalb Jahren Krieg haben die Iraner ein Recht darauf, echte Nachrichten über die Situation zu erhalten und nicht die Lügen, die ihnen [ihre] Regierung in den letzten 46 Jahren aufgetischt hat. Der Iran ist tief in den Krieg verwickelt, und die Bevölkerung dort interessiert sich dafür, denn schließlich geht es um ihr Geld. Wir sind hier, um den einfachen Iranern klarzumachen, dass das Geld, das aus ihren Taschen kommt, zur Finanzierung des Terrorismus, für irakische Stellvertreter-Milizen oder für die Houthis verwendet wird, die mit der Unterstützung Kriegsmaterial erwerben. Wir geben die Wahrheit wieder, und die Menschen können sie mit den Lügen und der Gehirnwäsche des Regimes vergleichen.“

Pinhasi: „Unsere Live-Übertragung auf Instagram hat 13.000 Follower. Unser größter Erfolg ist, dass unser Output die iranischen Medien im Iran erreicht. Außerdem sehen wir an den Reaktionen der Anhänger des Regimes, dass unsere Aktivitäten sie verletzen - das ist unser Erfolg.“

Shamsian: „Es gibt regimetreue Telegram-Kanäle, die mindestens einmal im Monat unsere Beiträge hochladen und uns als Mörder brandmarken. Das zeugt von unserem Erfolg, neben dem Dank und den positiven Reaktionen.“

Die drei haben sich neben ihrer israelischen auch ihre iranische Identität bewahrt. „Der Iran ist ein erstaunliches Land mit einer vielfältigen Geschichte und Kultur, ein Land, auf das man stolz sein kann“, sagt Shamsian.

Für Pinhasi ist es „selbstverständlich, dass wir Israel und den Iran lieben. Ich bin von beiden Ländern begeistert und würde gerne in beiden Ländern leben. Heute sind wir in Israel investiert, unsere Zukunft liegt hier, aber wir träumen immer noch davon, zu einem Besuch in den Iran zurückzukehren, wo ich die Orte meiner Kindheit sehen könnte. Die Wurzeln der Verbindung zwischen den beiden Völkern - dem jüdischen und dem iranischen - reichen bis in die Zeit vor Kyros dem Großen [6. Jahrhundert v. Chr.] zurück. Die Katastrophen, die das gegenwärtige Regime über beide Völker gebracht hat, sind nichts im Vergleich zu dieser Verbindung über die Generationen hinweg.“

Im Iran gibt es noch eine jüdische Gemeinde, deren Mitglieder sogar Israel besuchen.

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Shamsian: „Im Laufe der Jahre ist es Juden aus dem Iran gelungen, als Touristen hierher zu kommen. Heutzutage trauen sie sich immer weniger. Das Regime hat im Laufe der Jahre versucht, zwischen Judentum und Zionismus zu unterscheiden, aber in den letzten Jahren haben sie die beiden in Versprechern als identisch bezeichnet.“

HAGAI AMIT
“idf.farsi”, l’unité de l’armée israélienne chargée d’atteindre les Iraniens sur les médias sociaux
Rencontres du énième type

La guerre a amené des centaines de milliers de personnes à suivre la messagerie en persan de l’armée israélienne sur les médias sociaux. S’il y a une chose dont le personnel de l’unité est convaincu, c’est que « seul le peuple iranien renversera le régime »


Shamsian, “R.” et Pinhasi, photographiés au quartier général du porte-parole des FDI, à Ramat Aviv. Photo :  Eyal Toueg, Borna_Mirahmadian/Shutterstock

Hagai Amit, Haaretz, 20/2/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala


« Vos prisonniers sont toujours entre nos mains, le Yémen est la honte de votre vie, le rugissement de l’Iran vous détruira, les autorités israéliennes vous ont trompés. Habitants de la maison de l’araignée, partez, et le plus tôt sera le mieux ».

J’ai montré ce texte au personnel de l’unité de langue persane du bureau du porte-parole des forces de défense israéliennes au début de la réunion que j’ai eue avec eux au début du mois. Le message était arrivé la veille au soir d’une adresse non identifiée. « Il s’agit apparemment d’une source iranienne, des pirates informatiques au nom des gardiens de la révolution », m’a-t-on dit à propos de la personne qui avait ciblé mon numéro de téléphone et qui essayait de m’influencer.

Mes interlocuteurs se sont toutefois indignés lorsque je leur ai demandé si les citoyens iraniens qui suivent leur messagerie ne ressentaient pas la même chose que moi lorsque je recevais un texte de ce genre : de la peur et de l’hostilité. Du point de vue du sergent-chef Kamal Pinhasi, qui dirige l’unité et est le porte-parole des FDI pour les médias persans, de la sergent-chef Shirly Shamsian, qui parle cette langue lors des discussions en ligne avec les citoyens iraniens, et du sergent de première classe R., qui est chargé du suivi des médias et des traductions (et qui préfère ne pas être identifié par son nom), le peuple iranien a soif des messages des FDI.

« Le meilleur sondage montrant que la majorité de la population iranienne s’oppose au régime a été la récente élection [présidentielle], à l’été 2024 », note Pinhasi. « Malgré toutes les pressions exercées par les gardiens de la révolution sur les partisans du régime pour qu’ils aillent voter, il a fallu un second tour pour décider de l’élection, et même là, seuls 39 % des électeurs éligibles se sont rendus aux urnes, et le candidat élu, Masoud Pezeshkian, a gagné de justesse - et on ne sait pas comment ils ont compté les bulletins de vote ».

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« Je connais l’Iran [professionnellement] depuis 36 ans », poursuit-il, « et le gouvernement de ce pays n’a pas le soutien de plus de 20 % de la population ».

« La situation là-bas est tout simplement mauvaise », ajoute Shamsian. « Les coupures de courant sont fréquentes, et il en va de même pour l’eau et le gaz à usage domestique ».

Pinhasi : « Le peuple iranien attend la croissance économique depuis 46 ans, mais elle n’est pas au rendez-vous. Pendant cette période, ils sont restés coupés du monde, et cette coupure a eu pour effet qu’une grande partie [de la population] est également déçue par l’Occident. Lorsqu’ils se rendent aux urnes, ils se disent que s’ils ont le choix entre le terrible et le mauvais, ils voteront pour le mauvais ».

Pinhasi, Shamsian et R. sont tous nés en Iran. Pinhasi est arrivé en Israël en 1978, à l’âge de 15 ans, juste avant la révolution de l’ayatollah Khomeini ; Shamsian est arrivée en Israël en 1988, pendant la guerre Iran-Irak, à l’âge de 12 ans ; et R. est ici depuis l’âge de 11 ans, en 1989. Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, ils dirigent l’unité, créée il y a cinq ans dans le but d’atteindre le public iranien par le biais des médias sociaux et de l’informer de la réalité de la situation telle qu’Israël la perçoit.

Ils travaillent sur X, Instagram et TikTok. « Nous sommes moins impliqués sur TikTok et beaucoup plus sur Instagram », explique Shamsian. Une fois par semaine, ils se mettent en ligne et tiennent une conversation ouverte avec les Iraniens qui les suivent sur l’une des plateformes.

Le compte Instagram de l’unité compte 220 000 followers et le compte TikTok environ 93 000. Ils soulignent que l’État bloque tous les médias sociaux étrangers, de sorte que les partisans iraniens doivent contourner les blocages de l’État au moyen d’un VPN ou d’une autre technologie, ce qui réduit la vitesse de navigation.

08/02/2025

ALAIN CAMPIOTTI
Leyendo Haaretz

Alain Campiotti, Le Temps, 13-1-2025
Traducido por Michel Mujica

El autor es un periodista y escritor suizo, columnista en el diario Le Temps

En el turco. Es un restaurante banal, no lejos del aeropuerto Ben Gurion. ¿Por qué ir a comer allí? Porque el hijo, que hizo el servicio militar en la zona, pensó que el shawarma era sabroso. El otro día llevó allí a su padre, Gideon Levy. Las cosas salieron mal. Rápidamente se reunió una multitud alrededor de su mesa y los insultos volaron. Al hijo: “¡Que se joda la madre del que come con los nazis!” Al padre: “¡Eres un nazi porque te preocupas por los niños de Gaza!” A causa de la bronca, tuvieron que marcharse.

Gideon Levy es periodista de Haaretz, uno de los diarios más conocidos de Israel, conocido por sus investigaciones sobre el terreno entre los palestinos y sus despiadados comentarios contra el gobierno de Benyamin Netanyahu y los partidos que dominan la escena política israelí. También es probablemente el periodista más odiado e insultado del país. Sin embargo, este hijo de inmigrantes centroeuropeos era cualquier cosa menos un exaltado. Religioso y nacionalista acérrimo en su juventud, según él mismo afirma, llegó a ser portavoz de Shimon Peres, del Partido Laborista, antes de incorporarse a Haaretz, donde se convirtió en una voz resonante cuando el centenario diario pasó del liberalismo moderado a la crítica de los supremacistas y anexionistas que poco a poco se hacían con el poder en Israel.

Pero este Haaretz tan comprometido no es un órgano de propaganda: trabaja en profundidad. También está abierto a voces que lo desafían, como Israel Harel, colono radical y belicista sin complejos, o el historiador Benny Morris, que aboga constantemente por un ataque a gran escala contra Irán.

Tras el asalto masivo de Hamás el 7 de octubre de 2023, el periódico no vaciló en su denuncia de este horror y en su documentación de las masacres, torturas y violaciones que pudieron probarse. Pero cuando se desataron las represalias en Gaza y luego en otros lugares, puso el mismo celo en describir los abusos de esta guerra sin límites y sin piedad para los civiles, a pesar de los obstáculos de todo tipo. Un periodismo ejemplar y solitario, en la adversidad y el dolor.
En otro lugar, el periódico ofrece una descripción a gran escala, completa con mapas (antes y después) de las ciudades destruidas en Gaza y las tiendas de campaña que han sustituido a las casas, bajo la lluvia torrencial de este día de Año Nuevo para nosotros. Otro texto imagina a toda la población de Jerusalén, Tel Aviv y Haifa concentrada en la playa bajo las inclemencias del tiempo: ésta es la vida de los gazatíes que describe.
El otro sábado, Alain Finkielkraut, en Répliques, su programa de culto en la radio France Culture, abrió una especie de apasionada discusión talmúdica sobre este tema (y sobre el pensamiento de Emmanuel Lévinas). ¿Qué significa «pueblo elegido» para los judíos? Todos estuvieron de acuerdo en que sólo puede significar revelar a otros pueblos (el pueblo palestino, por ejemplo) su parte en la elección. Para los extremistas en el poder en Israel significa algo muy distinto. Para algunos de ellos (diputados), no hay ni un solo inocente entre los 2,3 millones de palestinos de Gaza. Se lo dice la Biblia: ante las trompetas de Josué, las murallas de Jericó se derrumbaron y sus habitantes fueron pasados a cuchillo, hombres, mujeres, niños, ancianos, bueyes, ovejas y burros. Un miembro no fanático de la Knesset se levantó para denunciar la «bajeza moral» de este «mesianismo mendaz, nacionalista, racista y fundamentalista que envenena y destruye el espíritu de Israel».
Cuando Gideon Levy salió el otro día del restaurante de shawarma cerca del aeropuerto Ben-Gurion con su hijo, que había sido ahuyentado a base de insultos, fue abordado en la calle por un joven. Era simpático. Le pidió al odiado periodista su bendición. Un tímido atisbo.

Así que me suscribí hace 400 días, para saber más. Es útil, o indispensable. El martes pasado, oí una noticia de diez segundos en una emisora de radio francesa: 51 gazatíes habían muerto durante el día. Miré a ver qué se decía aquí. No había nada. La guerra dura, uno se acostumbra a ella, y algunas muertes valen más que otras; en aquel momento sólo hablábamos de «Charlie», diez años después.

Con Haaretz, estamos en el meollo, con los ojos abiertos. ¿Le apetece? Por ejemplo, el 1 de enero, cuando estábamos de celebración. Ese día, el periódico llegaba al final de un completo reportaje sobre la «guerra contra la prensa» que, en su opinión, libraba el gobierno de Netanyahu, y no hablaba sólo de los 110 periodistas muertos en Gaza. Se ha puesto en marcha un boicot contra el diario rebelde: no más comunicaciones, no más publicidad, no más ingresos del Estado; un viejo plan puesto en marcha el día en que Amos Schocken, el propietario de Haaretz, hablaba en una conferencia en Londres sobre los «luchadores por la libertad palestinos a los que Israel llama terroristas».

El veterano de Haaretz Zvi Bar'el se pregunta por qué la población israelí ha asimilado tan silenciosamente lo que ocurre en Gaza: destrucción masiva y muerte; le recuerda, y mucho, a la Noche de los cristales rotos en Alemania en noviembre de 1938. Una columnista árabe del periódico lamenta cómo las víctimas de los bombardeos han quedado reducidas a estadísticas, mientras que los niños quedan sepultados bajo las ruinas, sus vidas olvidadas para siempre.

Este número de Haaretz habla, por supuesto, de la destrucción del hospital Kamal Adwan en Beit Lahia, justo al norte de Gaza. Poco después, este rudimentario hospital, el penúltimo de esta parte de la Franja, también fue mencionado en un debate del canal LCI, el menos despreciable de los canales franceses de noticias. David Pujadas y sus invitados intentan distinguir lo verdadero de lo falso en este asunto. Porque lo que viene de Gaza está bajo el control de Hamás, ya que el territorio está cerrado a los periodistas. ¿Y no serían  terroristas los pacientes a los que se ve salir con los brazos en alto? ¿Y el médico jefe hecho prisionero, el doctor Hossam Abu Safiya, que tenía un cargo en Hamás, no es otro terrorista? Por otro lado, está la descripción que hace Haaretz del asalto al hospital. Pero cuidao, este periódico es la oposición, es la izquierda…

Haaretz es muy citado en el mundo (la prueba...), pero en Israel es una voz débil: 5% de la audiencia. Gran parte del resto de los medios de comunicación se alinean con la retórica de la venganza y la guerra total desde el 7 de octubre de hace 2 años: los pacientes de Kamal Adwan son terroristas, el médico es un combatiente. En este paisaje, Haaretz es un tenue faro de ética antibelicista. La ética...

Esto es también lo que escribe Haaretz todos los días. Pero frente a esta débil voz, está la realidad del poder sin parangón del ejército de Israel, alimentado sin cesar por sus aliados occidentales, de la victoria total y la obliteración de Jericó, de Palestina. El periódico acaba de revelar que está a punto de alcanzarse un acuerdo con Arabia Saudí para un arreglo regional cuyas migajas para los palestinos, si es que alguna vez obtienen alguna, no serán más que la humillación de sus aspiraciones. La lucha de Haaretz se verá entonces como lo que es: heroica, trágica, perdida.

Gran parte del resto de los medios de comunicación se alinean con la retórica de la venganza y la guerra total.

05/02/2025

ROGEL ALPHER
L’histoire de Yocheved Lifshitz fait éclater la bulle de la fausse image d’Israël

Voilà une parfaite farce israélienne. Cette fausse image de soi, entretenue par les mythes diffusés par les médias israéliens, télévision en tête, s’est retournée et s’est défaite de l’intérieur

Rogel Alpher, Haaretz 28/1/2025
Traduit de l’hébreu par Keren Rubinstein et de l’anglais 
par Fausto GiudiceTlaxcala

Rogel Alpher (9 juin 1967) est un journaliste et écrivain israélien. Fils d’un agent de Mossad, il a fait son service militaire dans les renseignements avant d’étudier la philosophie. Musicien, critique de cinéma et télévision, auteur de 5 romans, de BD et de scénarios, il se définit comme “gauchiste radical” antisioniste.

Keren Rubinstein est une traductrice israélo-australienne

 


Voici un scénario de satire sociale poignante. Imaginez deux femmes âgées prises en otage à Gaza. Nous les appellerons Yocheved Lifshitz (85 ans, interprétée par Tiki Dayan) et Nurit Cooper (80 ans, interprétée par Sandra Sade). Mais leurs ravisseurs ne tardent pas à découvrir que les deux femmes souffrent énormément. Cooper est à l’agonie après s’être cassé l’épaule, tandis que les vomissements et la diarrhée de Lifshitz n’en finissent pas.

Yocheved (à g.) et Nurit

Le médecin gazaoui (Eli Yatzpan) annonce la couleur : dysenterie. Les ravisseurs, incapables de supporter les nausées et les diarrhées, lui ordonnent de la soigner. Lifshitz prend des pilules - en vain. Lorsque le médecin mentionne que la maladie est contagieuse, les ravisseurs paniquent et décident que ces deux-là n’en valent pas la peine. Si elles meurent, ils n’obtiendront rien pour elles, et ils risquent de contracter la dysenterie et de mourir. « Je n’ai pas signé pour ça, mec », dit l’un d’eux en anglais. (Par ailleurs, une version usaméricaine réalisée par Spielberg, scénarisée par Aaron Sorkin, avec Bette Midler et Dolly Parton dans le rôle des otages détenues par les clandestins mexicains qui avaient traversé le Rio Grande sous le commandement d’Alon Abutbul, est également en cours de tournage).

Les ravisseurs appellent Israël et disent : prenez-les. Israël répond : pas question, nous ne paierons pas un centime pour elles. Les ravisseurs mettent au courant les otages, qui sont choquées et humiliées. Les ravisseurs ont pitié d’elles, appellent Israël et disent : nous les laissons à la frontière. Vous les voulez, prenez-les. Vous ne les voulez pas, ne les prenez pas.

28/11/2024

GIDEON LEVY
Exponer los trapos sucios de Israel en el extranjero es la mejor hasbara que podemos esperar

Gideon Levy, Haaretz, 27/6/2024
Traducido por Luis Casado, Politika/Tlaxcala

¿Por qué fui a hablar al extranjero? ¿Por qué lavar allá los trapos sucios? En primer lugar, porque en el extranjero hay mucho más interés y ganas de escuchar que aquí en Israel. El debate público en el que participé la semana pasada en Toronto con Mehdi Hasan, Douglas Murray y Natasha Hausdorff versaba sobre si el antisionismo es antisemitismo. Las 3 mil entradas (que no eran baratas) se vendieron con mucha antelación, y la sala de conciertos de la ciudad estaba completamente llena... y tormentosa. Dudo que se hubieran vendido 30 entradas para un debate similar en el Auditorio Bronfman de Tel Aviv.


Una manifestante disfrazada de Estatua de la Libertad en una concentración de simpatizantes y familiares de rehenes que pedían su liberación el lunes en Tel Aviv. La pancarta hace referencia a la frase «Todos los ojos puestos en Rafah» que circula por la red. Foto: Marko Djurica/Reuters

Pero el interés por debatir cuestiones de principio, que existe en el extranjero mas no en Israel, no es la única razón para ir allí. El extranjero es el escenario que, en gran medida, determinará el futuro de Israel. No debemos dejarlo en manos de la derecha. Nadie se queja cuando los propagandistas de la derecha causan estragos en todo el mundo a través de la clase dirigente sionista, los poderosos, las organizaciones judías y las embajadas israelíes, un vasto grupo de presión con mucho dinero.
Siembran el pánico afirmando que cualquier crítica a Israel, a la ocupación o el apartheid israelí es antisemitismo, y así silencian a medio mundo por miedo a ser sospechosos de antisemitismo.


Extracto del discurso de Gideon Levy en el Debate Munk de Toronto

Esta práctica manipuladora produce resultados a corto plazo. A largo plazo, será contraproducente para Israel y los judíos, por cuya culpa se ha suprimido la libertad de expresión. Una investigación de The Guardian ha revelado una vez más los métodos utilizados por el Ministerio de la Diáspora y promovidos por el Ministerio de Asuntos Estratégicos para hacerle frente a lo que está sucediendo en Estados Unidos y en los campus universitarios estadounidenses. Tales métodos bastan para dar una mala imagen de Israel. Todo vale para la derecha colonialista y el establishment sionista y judío; alzar una voz diferente a la de Israel es traición.

El daño más perjudicial para la reputación de Israel lo causan sus políticas. La entrevista o el discurso de un detractor de Israel que le hará tanto daño a Israel como las imágenes de los horrores cometidos en Gaza están aún por venir. Un niño convulsionando y moribundo en el suelo manchado de sangre del hospital Al Rantisi es más destructivo que mil artículos de opinión.

Ninguna campaña de propaganda gubernamental - conocida como «Concierto» o «Kela Shlomo» según The Guardian - puede erradicar la repugnancia (justificada) que Israel despierta con su comportamiento en la Franja de Gaza y Cisjordania.

Ningún artículo ha causado tanto daño como la foto del palestino herido atado al techo del capó en llamas de un Jeep del ejército israelí en Yenín. E incluso quienes sólo se preocupan por la imagen de Israel en el extranjero, y no por su esencia moral y su encarnación, deben estar esperando un cambio de política.

La explicación de que ya no hay distinción entre lo que se dice aquí y lo que se dice allá, porque la tecnología lo transmite todo, es risible. Lo que cuenta es el sentimiento antidemocrático de quienes intentan silenciar una opinión, expresada aquí o allá, y la obligación de recabar apoyos «por el bien» del Estado.

Independientemente de la utilidad o de los daños causados a Israel, cada individuo tiene el derecho a expresar sus opiniones en cualquier lugar y en cualquier momento. Basta ya de esta mierda anarquista, primitiva y antidemocrática de “no se lo digas a los Goys”. ¿Y quién determinará lo que es bueno para Israel? ¿La derecha? ¿El gobierno? ¿Los colonos? ¿Y qué Israel debe ser servido?

Cuando destacados israelíes publicaron el miércoles un llamamiento en el New York Times para que no se invitara a Netanyahu al Congreso, no sólo era su derecho, sino también su deber. Todos los que, como ellos, creen que el Primer Ministro Benjamin Netanyahu está haciéndole un daño irreversible al Estado deben poder decirlo, en todas partes.

Haaretz, que se lee en el extranjero en su edición inglesa tanto como en Israel, no es sólo una fuente de información, sino también una fuente de esperanza de que Israel no se resume en los colonos, en el ministro de Seguridad Nacional Itamar Ben-Gvir, en el ministro de Finanzas Bezalel Smotrich y en Netanyahu.
Esta es la mejor defensa pública que Israel puede esperar en estos momentos.

NdT: el gobierno de Netanyahu intenta ahora silenciar Haaretz cortándole todas las fuentes de financiamiento.