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10/11/2024

GIDEON LEVY
Amsterdam-Gaza : un pogrom imaginaire pour justifier un génocide réel

Gideon Levy, Haaretz, 10/11/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Un pogrom hideux et criminel [sic] contre des supporters de football israéliens a eu lieu à Amsterdam jeudi. Des pogroms similaires, perpétrés par des colons, ont lieu presque quotidiennement en Cisjordanie. Les pogroms de Huwara, par exemple, ont dépassé par leur ampleur et leur violence même l’Holocauste II à Amsterdam. Le lendemain du pogrom aux Pays-Bas, des colons violents se sont déchaînés à Surif ; deux jours auparavant, ils s’étaient déchaînés à Al-Maniya.

 Alors que des Israéliens étaient tabassés à Amsterdam, dans la bande de Gaza, des dizaines de personnes ont été tuées sans distinction, y compris de nombreux enfants, comme c’est le cas tous les jours. Les pogroms quotidiens en Cisjordanie et, bien sûr, la guerre à Gaza n’ont pas été comparés à l’Holocauste ; le président de Yad Vashem n’a pas été interrogé à leur sujet ; aucune force de secours n’a été envoyée pour sauver les victimes ; le ministre israélien des affaires étrangères et le président de la Knesset n’y ont pas vu l’occasion d’une séance de photos. Ces pogroms ont lieu tous les jours et personne ne se soucie de vous en informer.
Israël a battu jeudi un nouveau record d’auto-victimisation, et les médias ont battu un nouveau record d’incitation à la haine, d’exagération, d’alarmisme et, surtout, de dissimulation des informations qui ne cadrent pas avec le récit, que leurs consommateurs apprécient. Amsterdam était une occasion à ne pas manquer : une fois de plus, des Juifs sont tabassés en Europe.
Un fan de football du Maccabi Tel Aviv a raconté qu’il avait visité la veille la Maison d’Anne Frank - quelle coïncidence qui fait froid dans le dos - et l’animateur radio a failli fondre en larmes. La correspondante de la propagande israélienne de droite et ultranationaliste en Allemagne, Antonia Yamin, a expliqué que « l’Europe ne comprend pas le problème » : l’année dernière, 300 membres d’une famille de Khan Younès sont venus à Berlin et certains d’entre eux sont déjà connus de la police. Gaza est également à blâmer à Amsterdam. Yamin a bien sûr oublié de mentionner l’enfer d’où venait cette famille et qui l’avait créé.
C’est comme ça quand on vit dans la bulle chaude et confortable, complètement déconnectée de la réalité, dans le déni complet, que les médias israéliens construisent pour nous : nous sommes toujours les victimes et les seules victimes ; il n’y a eu un massacre que le 7 octobre; tout Gaza est à blâmer ; tous les Arabes sont assoiffés de sang ; toute l’Europe est antisémite. Vous en doutez ? Voyez la Nuit de Cristal à Amsterdam.
Et maintenant, les faits : à Amsterdam, certains supporters israéliens se sont déchaînés dans les rues avant même le pogrom : les médias israéliens n’ont presque jamais montré les cris dégoûtants « Nous allons baiser les Arabes » (en hébreu) et l’arrachage d’un drapeau palestinien légitimement accroché au balcon d’un immeuble, ce qui pourrait gâcher l’image de l’antisémitisme. Personne n’a posé la première question que la vue de la violence et de la haine à Amsterdam aurait dû soulever : pourquoi nous détestent-ils à ce point ? Non, ce n’est pas parce que nous sommes juifs.
Non pas qu’il n’y ait pas d’antisémitisme : bien sûr qu’il existe et qu’il doit être combattu, mais la tentative de tout mettre sur le dos de l’antisémitisme est ridicule et mensongère. Un vent anti-israélien a soufflé sur Amsterdam jeudi, et c’est ce qui a déclenché le pogrom. Les immigrés nord-africains, les Arabes et les Néerlandais qui se sont révoltés ont vu les horreurs commises à Gaza au cours de l’année écoulée. Ils n’ont pas l’intention de les passer sous silence.
Pour eux, les victimes sont leurs frères et leurs compatriotes. Et qui peut rester indifférent lorsque son peuple est massacré de manière aussi cruelle ? Chaque garçon de café marocain dans chaque ville néerlandaise reculée a vu bien plus de Gaza que les experts des affaires arabes en Israël. Aucune personne décente ne peut rester indifférente aux images de Gaza. Les émeutiers d’Amsterdam ont commis des actes de violence flagrants et méritent d’être condamnés et punis. Rien ne peut justifier un pogrom, ni à Amsterdam, ni à Huwara.
Mais les émeutes d’Amsterdam ont aussi un contexte, et Israël ne veut pas l’aborder. Il préfère envoyer un garde du corps avec chaque supporter israélien qui se rendra désormais en Europe plutôt que de se demander pourquoi ils nous haïssent tant et comment cette haine peut être apaisée. Après tout, elle n’avait pas éclaté de la sorte avant la guerre de Gaza.
Il s’agit là d’un autre coût de la guerre à Gaza qui aurait dû être pris en compte : le monde nous détestera pour cela. Chaque Israélien à l’étranger sera désormais la cible de la haine et de la violence. C’est ce qui arrive lorsque l’on tue près de 20 000 enfants, que l’on procède à un nettoyage ethnique et que l’on détruit la bande de Gaza. C’est une petite bizarrerie du monde : il n’aime pas ceux qui commettent ce genre de crimes.

 NdT
1-Mais que fait donc Israël dans l’Europa League ?
2-Les détenteurs d’un passeport israélien peuvent voyager dans 128 pays du monde, dont ceux d’Europe à une seule exception (Arménie), sans visa
3-Les polices de l’Union européenne surveillent les hooligans, tifosi et autres supporters de près et les fichent, mais apparemment pas les 2 700 “Maccabi Fanatics” débarqués à Amsterdam. Or, à l’occasion du match de Conference League face à Olympiakos en mars 2024, les fanatics du Maccabi Tel Aviv avaient à nouveau fait parler d’eux en agressant sauvagement trois personnes sur la place Syntagma à Athènes. Un lynchage en règle qui avait envoyé une des victimes, d’’origine arabe, à l’’hôpital.
4-Les autorités turques viennent d’interdire la tenue, prévue pour le 28 novembre, d’un match entre Beşiktaş et Maccabi, qui devrait se tenir dans un “pays neutre” (le Groenland ? Les îles Kamchatka ? Les Galapagos ?)
5-Les autorités françaises ont en revanche décidé de maintenir le match France-Israël (Ligue des Nations) prévu pour le jeudi 14 novembre au Stade de France. On annonce la venue de 70 à 90 supporters israéliens, pour la protection desquels 2 500 policiers et gendarmes seront réquisitionnés, outre plusieurs compagnies de CRS réparties dans la capitale [en tout, de 4 000 à 4 500 uniformés]. « Le Stade de France et ses abords seront bunkérisés », a déclaré une source policière au journal L’Équipe. Prix de l’opération (pour les contribuables) : un minimum de 250 000 € [plus un ensemble de primes d'un montant inconnu], soit environ 2500 € par supporter.
On vit une époque formidable
Lire aussi : Violences à Amsterdam: Qui sont les supporters du Maccabi Tel Aviv?

19/10/2024

ALAN MACLEOD
‘Beurk Rabid’ & Co.: ces espions israéliens qui écrivent les “news” aux USA

 Alan Macleod, MintPress News, 16/10/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

« Un an après les attentats du 7 octobre, Netanyahou est sur une lancée victorieuse » : tel est le titre d’un récent article d’ Axios décrivant le Premier ministre israélien sur une vague imbattable de triomphes. Ces « succès » militaires stupéfiants, note l’auteur Barak Ravid, comprennent le bombardement du Yémen, l’assassinat du chef du Hamas Ismail Haniyeh et du chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, ainsi que les attentats aux bipeurs contre le Liban.


Le même auteur est récemment devenu viral pour un article affirmant que les attaques israéliennes contre le Hezbollah « n’ont pas pour but de mener à la guerre mais sont une tentative de “désescalade par l’escalade” ». Les utilisateurs des médias sociaux se sont moqués de Ravid pour ce raisonnement bizarre et orwellien. Mais ce qui a échappé à presque tout le monde, c’est que Barak Ravid est un espion israélien - ou du moins il l’était  jusqu’à récemment. Ravid [né en 1980] est un ancien analyste de l’agence d’espionnage israélienne Unité 8200. Jusqu’en mars 2023, il était réserviste des Forces de défense israéliennes.

L’Unité 8200 est l’organisation d’espionnage la plus importante et peut-être la plus controversée d’Israël. Elle est responsable de nombreuses opérations d’espionnage et de terreur très médiatisées, dont le récent attentat aux bipeurs qui a blessé des milliers de civils libanais. Comme le révélera cette enquête, Ravid est loin d’être le seul ancien espion israélien à travailler dans les principaux médias usaméricains, s’efforçant de susciter le soutien de l’Occident aux actions de son pays.

L’initié de la Maison Blanche

Ravid est rapidement devenu l’une des personnalités les plus influentes du corps de presse du Capitole. En avril, il a remporté le prestigieux prix des correspondants de presse de la Maison-Blanche « pour l’excellence globale de sa couverture de la Maison-Blanche », l’une des plus hautes distinctions du journalisme usaméricain. Les juges ont été impressionnés par ce qu’ils ont décrit comme « des niveaux profonds, presque intimes, d’approvisionnement en sources aux USA et à l’étranger » et ont sélectionné six articles comme étant des travaux journalistiques exemplaires.

La plupart de ces articles consistaient simplement à publier des sources anonymes de la Maison Blanche ou du gouvernement israélien, à les mettre en valeur et à distancier le président Biden des horreurs de l’attaque israélienne contre la Palestine. Ainsi, il n’y avait pratiquement aucune différence entre ces articles et les communiqués de presse de la Maison Blanche. Par exemple, l’un des articles retenus par les juges était intitulé « Scoop : Biden dit à Bibi qu’une pause de trois jours dans les combats pourrait aider à obtenir la libération de certains otages », et présentait le 46e président des USA comme un humanitaire dévoué, déterminé à réduire les souffrances. Un autre article décrivait la « frustration » de Biden à l’égard de Netanyahou et du gouvernement israélien.

Des protestataires avaient appelé les journalistes à bouder l’événement par solidarité avec leurs confrères tombés à Gaza (ce qui, à l’heure où nous écrivons ces lignes, représente au moins 128 journalistes). Non seulement l’événement n’a pas été boycotté, mais les organisateurs ont décerné leur prix le plus prestigieux à un fonctionnaire des services de renseignement israéliens devenu reporter, qui s’est forgé la réputation d’être peut-être le sténographe le plus consciencieux du pouvoir à Washington.

Ravid s’est vu remettre personnellement le prix par le président Biden, qui l’a embrassé comme un frère. Le fait qu’un (ancien) espion israélien connu puisse serrer Biden dans ses bras de cette manière en dit long non seulement sur les relations intimes entre les USA et Israël, mais aussi sur la mesure dans laquelle les médias de l’establishment sont redevables au pouvoir politique.


Ravid s’est fait un nom en publiant sans esprit critique des informations flatteuses qui lui sont communiquées par le gouvernement usaméricain ou israélien et en les faisant passer pour des scoops. En avril, il a écrit que « le président Biden a lancé un ultimatum au premier ministre israélien Benjamin Netanyahou lors de leur conversation téléphonique de jeudi : Si Israël ne change pas de cap à Gaza, « nous ne serons pas en mesure de vous soutenir » », et qu’il “ exerçait sa plus forte pression pour mettre fin aux combats à Gaza après six mois de guerre, et avertissait pour la première fois que la politique américaine sur la guerre dépendrait de l’adhésion d’Israël à ses demandes”, qui incluaient “un cessez-le-feu immédiat”. En juillet, il a répété que des sources anonymes lui avaient dit que Netanyahou et Israël s’efforçaient de trouver « une solution diplomatique »,  une autre affirmation très douteuse.

D’autres articles de Ravid suivent le même schéma :

Cet acharnement à blanchir l’administration Biden a suscité de nombreuses moqueries en ligne.

« AXIOS EXCLUSIF : Après avoir vendu à Netanyahou des millions de dollars d’armes, Biden a joué - à haute voix – ‘Bad Blood’ de Taylor Swift. Tout le monde pouvait l’entendre, dit une source proche de Biden », a tweeté l’ utilisateur X David Grossman. « Je continue à donner des tas d’argent et d’armes, mais je secoue la tête pour que tout le monde sache que je ne suis pas d’accord », a écrit le comédien Hussein Kesvani, en réponse au dernier article de Ravid suggérant que Joe Biden est devenu “de plus en plus méfiant” à l’égard du gouvernement israélien.

Tout au long de cette prétendue rupture entre les USA et Israël, l’administration Biden a continué à soutenir avec enthousiasme les offensives israéliennes, à bloquer les résolutions de cessez-le-feu et la création d’un État palestinien à l’ONU, et a envoyé pour 18 milliards de dollars d’armes à Israël au cours des 12 derniers mois. Ainsi, aussi discutables que soient les rapports d’Axios, ils jouent un rôle vital pour Washington, en permettant à l’administration Biden de se distancier de ce que les organismes internationaux ont qualifié de génocide. La fonction de Ravid a été de fabriquer un consentement pour le gouvernement parmi les élites libérales qui lisent Axios, leur permettant de continuer à croire que les USA sont un honnête courtier pour la paix au Machrek plutôt qu’un complice clé d’Israël.

Ravid ne cache pas son mépris affiché pour les Palestiniens. En septembre, il a retweeté un message dans lequel on pouvait lire : « C’est le PaliNazi : C’est la méthode des PaliNazis... ils empochent des concessions sans rien donner en retour et utilisent ensuite ces concessions comme base de référence pour le prochain cycle de négociations. Les PaliNazis ne savent pas dire la vérité ».

Moins d’une semaine plus tard, il a fait la promotion de l’ affirmation très douteuse du ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, selon laquelle les forces de défense israéliennes avaient trouvé une photo des enfants du chef des Brigades al-Qassam, Mohammed Sinwar, célébrant devant une immense photo d’avions frappant le World Trade Center. Gallant a déclaré qu’ils avaient trouvé cette photo - essayant clairement d’associer faussement les Palestiniens au 11 septembre - dans un tunnel « où les frères Sinwar se cachaient comme des rats ».

Une agence d’espionnage tristement célèbre

Fondée en 1952, l’Unité 8200 est la division la plus importante et la plus controversée de l’armée israélienne.

Responsable des opérations secrètes, de l’espionnage, de la surveillance et de la cyberguerre, le groupe est au centre de l’attention mondiale depuis le 7 octobre 2023. Il est largement identifié comme l’organisation à l’origine du tristement célèbre attentat aux bipeurs au Liban, qui a fait au moins neuf morts et environ 3 000 blessés. Alors que beaucoup en Israël (et Ravid lui-même) ont salué l’opération comme un succès, elle a été condamnée dans le monde entier comme un acte de terrorisme flagrant, y compris par l’ancien directeur de la CIA, Leon Panetta.

L’Unité 8200 a également établi une liste de personnes à abattre pour Gaza, alimentée par l’intelligence artificielle, suggérant des dizaines de milliers d’individus (y compris des femmes et des enfants) à assassiner. Ce logiciel a été le principal mécanisme de ciblage utilisé par les FDI au cours des premiers mois de leur attaque contre cette bande densément peuplée.

Décrite comme le Harvard israélien, l’Unité 8200 est l’une des institutions les plus prestigieuses du pays. Les parents dépensent des fortunes pour que leurs enfants suivent des cours de sciences et de mathématiques, dans l’espoir qu’ils soient choisis pour y servir, ce qui leur ouvrirait les portes d’une carrière lucrative dans le secteur florissant de la haute technologie en Israël.

L’unité sert également de pièce maîtresse à l’appareil d’État répressif futuriste d’Israël. En utilisant des quantités gigantesques de données compilées sur les Palestiniens en suivant leurs moindres mouvements grâce à des caméras de reconnaissance faciale, en surveillant leurs appels, leurs messages, leurs courriels et leurs données personnelles, l’Unité 8200 a créé un filet dystopique qu’elle utilise pour surveiller, harceler et réprimer les Palestiniens.

L’Unité 8200 constitue des dossiers sur chaque Palestinien, y compris ses antécédents médicaux, sa vie sexuelle et ses recherches, afin que ces informations puissent être utilisées ultérieurement à des fins d’extorsion ou de chantage. Si, par exemple, un individu trompe son conjoint, a désespérément besoin d’une opération médicale ou est secrètement homosexuel, ces informations peuvent être utilisées pour transformer des civils en informateurs et en espions pour le compte d’Israël. Un ancien agent de l’Unité 8200 a déclaré que, dans le cadre de sa formation, il devait mémoriser différents mots arabes pour « gay » afin de pouvoir les repérer dans les conversations.

Les agents de l’Unité 8200 ont ensuite créé certaines des applications les plus téléchargées au monde et un grand nombre des programmes d’espionnage les plus tristement célèbres, dont Pegasus. Pegasus a été utilisé pour surveiller des dizaines de dirigeants politiques dans le monde entier, dont Emmanuel Macron en France, Cyril Ramaphosa en Afrique du Sud et Imran Khan au Pakistan.

Le gouvernement israélien a autorisé la vente de Pegasus à la Central Intelligence Agency, ainsi qu’à certains des gouvernements les plus autoritaires de la planète. L’Arabie saoudite, notamment, a utilisé le logiciel pour surveiller le journaliste du Washington Post Jamal Khashoggi avant qu’il ne soit assassiné par des agents saoudiens en Turquie.

Une récente enquête de MintPress News a révélé qu’une grande partie du marché mondial des VPN est détenue et exploitée par une société israélienne dirigée et cofondée par un ancien élève de l’Unité 8200.

En 2014, 43 réservistes de l’Unité 8200 ont rédigé une déclaration commune dans laquelle ils déclaraient ne plus vouloir servir dans cette unité en raison de ses pratiques contraires à l’éthique, qui consistaient notamment à ne pas faire de distinction entre les citoyens palestiniens ordinaires et les terroristes. La lettre indiquait également que leurs renseignements étaient transmis à des politiciens locaux puissants, qui les utilisaient comme bon leur semblait.

Cette déclaration publique a hérissé Ravid de colère à l’égard de ses collègues. À la suite de ce scandale, Ravid s’est rendu à la radio de l’armée israélienne pour attaquer les dénonciateurs. Il a déclaré que s’opposer à l’occupation de la Palestine revenait à s’opposer à Israël lui-même, l’occupation étant une « partie » fondamentale d’Israël. « Si le problème est vraiment l’occupation, a-t-il dit, alors vos impôts sont aussi un problème - ils financent le soldat au poste de contrôle, le système éducatif... et 8200 est une belle blague ».

Si l’on met de côté les commentaires de Ravid, une question se pose : est-il vraiment acceptable que des membres d’un groupe conçu pour infiltrer, surveiller et cibler des populations étrangères, qui a produit un grand nombre des technologies d’espionnage les plus dangereuses et les plus invasives de la planète, et qui est largement considéré comme étant à l’origine d’attaques terroristes internationales sophistiquées, écrivent les news des USAméricains sur Israël et la Palestine ? Quelle serait la réaction si des personnalités des médias usaméricains s’avéraient être des agents de renseignement du Hezbollah, du Hamas ou du FSB russe ?

Nouvelles d’Israël, livrées par Israël

Ravid est loin d’être le seul journaliste influent aux USA à entretenir des liens étroits avec l’État israélien. Shachar Peled a passé trois ans en tant qu’officier de l’unité 8200, à la tête d’une équipe d’analystes spécialisés dans la surveillance, le renseignement et la cyberguerre. Elle a également travaillé comme analyste technologique pour le Shin Bet, le service de renseignement israélien. En 2017, elle a été engagée comme productrice et rédactrice par CNN et a passé trois ans à préparer des segments pour les émissions de Fareed Zakaria et Christiane Amanpour. Google l’a ensuite engagée pour devenir sa spécialiste principale des médias.


L’ancienne espionne israélienne Shachar Peled a travaillé pour la chaîne israélienne i24 News avant d’être embauchée par CNN, puis par Google.

Tal Heinrich est un autre agent de l’Unité 8200 qui a travaillé pour CNN. Heinrich a passé trois ans en tant qu’agent de l’Unité 8200. Entre 2014 et 2017, elle a été productrice sur le terrain et à la rédaction du bureau de CNN à Jérusalem, notoirement pro-israélien, où elle a été l’une des principales journalistes à façonner la compréhension par l’USAmérique de l’opération « Bordure protectrice », le bombardement israélien de Gaza qui a tué plus de 2 000 personnes et laissé des centaines de milliers de personnes déplacées. Heinrich a ensuite quitté CNN et est aujourd’hui la porte-parole officielle du Premier ministre Benjamin Netanyahu.


La tendance de CNN à l’embauche de personnalités de l’État israélien se poursuit encore aujourd’hui. Tamar Michaelis, par exemple, travaille actuellement pour la chaîne et produit une grande partie de son contenu sur Israël et la Palestine. Elle a pourtant
été porte-parole officielle des Forces de défense israéliennes (FDI).

Anat Schwartz avait liké un gazouillis d'un autre sioniste appelant à "transformer la bande de Gaza en abattoir", exemple cité par l'Afrique du Sud dans sa plainte à la CIJ contre Israël pour génocide. Elle a finalement été virée par le New York Times

Le New York Times, quant à lui, a embauché Anat Schwartz, une ancienne officière de renseignement de l’armée de l’air israélienne sans aucune expérience journalistique. Schwartz a coécrit le fameux article« Screams Without Words », aujourd’hui discrédité, qui affirmait que des combattants du Hamas avaient systématiquement violé des Israéliennes le 7 octobre. Le personnel du Times lui-même s’est révolté devant l’absence de preuves et de vérification des faits dans l’article.

Plusieurs employés du New York Times, dont l’éditorialiste vedette David Brooks, ont des enfants qui servent dans les forces de défense israéliennes ; alors même qu’ils font des reportages ou émettent des opinions sur la région, le Times n’a jamais révélé ces conflits d’intérêts flagrants à ses lecteurs. Il n’a pas non plus révélé qu’il avait acheté pour sa cheffe de bureau Jodi Rudoren une maison à Jérusalem qui avait été volée à la famille de l’intellectuelle palestinienne Ghada Karmi en 1948.

"Comment réussir dans le journalisme sans vraiment prendre un diplôme" : BD à la gloire de Jeff Goldberg sur le site ouèbe de l'Université de Pennsylvanie

MintPress News a interviewé Ghada Karmi l’année dernière à propos de son dernier livre et des tentatives israéliennes de la faire taire. Jeffrey Goldberg (un USAméricain), ancien rédacteur du New York Times Magazine et actuel rédacteur en chef de The Atlantic, avait abandonné ses études à l’université de Pennsylvanie pour se porter volontaire en tant que gardien de prison des FDI pendant la première Intifada (soulèvement) palestinienne. Dans ses mémoires, Goldberg a révélé que, lorsqu’il servait dans les FDI, il a aidé à dissimuler les mauvais traitements infligés aux prisonniers palestiniens.

Les entreprises de médias sociaux sont elles aussi remplies d’anciens agents de l’Unité 8200. Une étude réalisée par MintPress en 2022 a révélé que pas moins de 99 anciens agents de l’Unité 8200 travaillaient pour Google.


Marine Le Pen jeune ? Non, Emi Palmor

Facebook emploie également des dizaines d’anciens espions de cette unité controversée. C’est le cas d’Emi Palmor, qui siège au conseil de surveillance de Meta. Ce comité de 21 personnes décide en dernier ressort de l’orientation de Facebook, d’Instagram et des autres offres de Meta, en se prononçant sur les contenus à autoriser, à promouvoir et à supprimer. Human Rights Watch a formellement condamné Meta pour sa suppression systématique des voix palestiniennes sur ses plateformes. L’organisation a recensé plus de 1 000 cas de censure ouvertement anti-palestinienne pour les seuls mois d’octobre et de novembre 2023. Une mesure de cette partialité est mise en évidence par le fait que, à un moment donné, Instagram a automatiquement inséré le mot « terroriste » dans les profils des utilisateurs qui se disaient palestiniens.


Malgré les affirmations répandues par des politiciens usaméricains selon lesquelles elle est un foyer de racisme anti-israélien et antisémite, TikTok emploie également de nombreux anciens agents de l’Unité 8200 à des postes clés de son organisation. Par exemple, en 2021, elle a embauché Asaf Hochman en tant que responsable mondial de la stratégie des produits et des opérations. Avant de rejoindre TikTok, Hochman a passé plus de cinq ans en tant qu’espion israélien. Il travaille aujourd’hui pour Meta.

Censure pro-israélienne de haut en bas

Lorsqu’il s’agit de l’attaque d’Israël contre ses voisins, les médias capitalistes ont toujours fait preuve d’un parti pris pro-israélien. Le New York Times, par exemple, s’abstient régulièrement d’identifier l’auteur des violences lorsqu’il s’agit de l’armée israélienne et décrit le génocide de 750 000 Palestiniens en 1948 comme une simple « migration ». Une étude de la couverture du journal a révélé que des mots tels que « massacre » et « horrible » apparaissent 22 fois plus souvent lorsqu’il est question des morts israéliens que des morts palestiniens, malgré la disparité gigantesque du nombre de personnes tuées dans les deux camps.

Pendant ce temps, dans un reportage sur la façon dont les soldats israéliens ont tiré 335 balles sur une voiture dans laquelle se trouvait une enfant palestinienne et ont ensuite tiré sur les secouristes venus la sauver, CNN a imprimé le titre « Five-year-old Palestinian girl found dead after being trapped in car with dead relatives » (une fillette palestinienne de cinq ans retrouvée morte après avoir été piégée dans une voiture avec des parents décédés) - un titre qui pourrait être interprété comme signifiant que sa mort était un accident tragique.

Ce type de reportage n’est pas le fruit du hasard. En fait, il vient directement du sommet de la hiérarchie. Une note de service du New York Times datant de novembre et ayant fait l’objet d’une fuite révèle que la direction de l’entreprise a explicitement demandé à ses journalistes de ne pas utiliser des mots tels que « génocide », « massacre » et « nettoyage ethnique » lorsqu’ils évoquent des actions d’Israël. Le personnel du Times doit s’abstenir d’utiliser des mots tels que « camp de réfugiés », « territoire occupé » ou même « Palestine » dans ses reportages, ce qui rend presque impossible la transmission de certains des faits les plus élémentaires à son public.

Le personnel de CNN est soumis à des pressions similaires. En octobre dernier, le nouveau directeur général Mark Thompson a envoyé une note de service à l’ensemble du personnel, lui demandant de veiller à ce que le Hamas (et non Israël) soit présenté comme responsable de la violence, de toujours utiliser l’expression « contrôlé par le Hamas » lorsqu’il est question du ministère de la santé de Gaza et de ses chiffres de mortalité civile, et lui interdisant de rendre compte du point de vue du Hamas, dont le directeur principal des normes et pratiques en matière d’information a déclaré au personnel qu’il n’était « pas digne d’intérêt » et qu’il s’agissait de « rhétorique incendiaire et de propagande ».

Le Times et CNN ont tous deux licencié de nombreux journalistes en raison de leur opposition aux actions israéliennes ou de leur soutien à la libération de la Palestine. En novembre, Jazmine Hughes, du Times, a été renvoyée après avoir signé une lettre ouverte s’opposant au génocide en Palestine. L’année précédente, le journal avait mis fin au contrat de Hosam Salem à la suite d’une campagne de pression menée par le groupe pro-israélien Honest Reporting. Et le présentateur de CNN Marc Lamont Hill a été brusquement licencié en 2018 pour avoir appelé à la libération de la Palestine dans un discours aux Nations unies.

Les grandes organisations comme Axios, CNN et le New York Times savent évidemment qui elles embauchent. Il s’agit de certains des emplois les plus recherchés dans le journalisme, et des centaines de candidats postulent probablement pour chaque poste. Le fait que ces organisations choisissent de sélectionner des espions israéliens avant tout autre candidat soulève de sérieuses questions quant à leur crédibilité journalistique et leur objectif.

Engager des agents de l’unité 8200 pour produire des news usaméricaines devrait être aussi impensable que d’employer des combattants du Hamas ou du Hezbollah comme reporters. Pourtant, d’anciens espions israéliens sont chargés d’informer le public usaméricain sur les offensives en cours de leur pays contre la Palestine, le Liban, le Yémen, l’Iran et la Syrie. Qu’en est-il de la crédibilité et de la partialité de nos médias ?

Étant donné qu’Israël ne pourrait pas poursuivre cette guerre sans l’aide des USA, la bataille pour le contrôle des cerveaux yankees est aussi importante que les actions sur le terrain. Et au fur et à mesure que la guerre de propagande se poursuit, la frontière entre journaliste et combattant s’estompe. Le fait que nombre des principaux journalistes qui nous fournissent des informations sur Israël et la Palestine soient littéralement d’anciens agents des services de renseignement israéliens ne fait que le souligner.


Le Prix Pulitzer au New York Times pour sa couverture du génocide de Gaza: une grosse farce

20/08/2024

MEHDI HASAN
Tout le monde est du Hamas (c’est du moins ce que disent Israël et ses partisans)

Ma liste de A à Z de toutes les personnes et organisations (anglophones) qui ont été ridiculement accusées de soutenir le Hamas depuis le 7 octobre

Mehdi Hasan, Zeteo, 16/8/2024
Traduit par Hassina Bint Houmous

 Sûrement des membres du Hamas. Photo Justin Tallis/AFP

« Mais le Hamas ! »

C’est le refrain favori de tous les ardents défenseurs de la guerre brutale d’Israël contre Gaza. Et ces partisans sont, sans aucun doute, implacables.

« Hamas, Hamas, Hamas ».

C’est constant, incessant, sans fin.

Tous ceux que l’armée israélienne tue à Gaza sont des membres du Hamas. Tous ceux qui prennent la défense de la population de Gaza sont des membres du Hamas.

C’est la plus grande et - pensent-ils - la meilleure diffamation dont ils disposent.

Mais pour illustrer à quel point cette diffamation est devenue absurde, j’ai dressé une liste, par ordre alphabétique, de toutes les personnalités ou organisations (anglophones) auxquelles j’ai pu penser, qu’elles soient politiques ou apolitiques, juives ou non juives, qui ont été accusées depuis le 7 octobre 2023 de « soutenir » le Hamas, de « sympathiser » avec le Hamas, de faire l’« apologie » du Hamas*.

Voici la liste (avec les liens vers les accusations )*:

Amnesty International est du Hamas

Alexandria Ocasio-Cortez est du Hamas

Bella Hadid est du Hamas

Ben & Jerry’s est du Hamas

Bernie Sanders est du Hamas

Billy Eilish est du Hamas

Cate Blanchett est du Hamas

Charlotte Church est du Hamas

Les enfants de Gaza sont du Hamas

Chuck Schumer est du Hamas

Les étudiants sont du Hamas

Cori Bush est du Hamas

Elizabeth Warren est du Hamas

Le chef des affaires étrangères de l’UE (Josep Borrell) est du Hamas

Gary Lineker est du Hamas

Harvard est du Hamas

Les familles des otages sont du Hamas

Human Rights Watch est du Hamas

Les jeunes qui font du patin à glace sont du Hamas

IfNotNow est du Hamas

Jake Tapper est du Hamas

Les professeurs juifs sont du Hamas

Jewish Voice For Peace (JVP) est du Hamas

Joe Biden est du Hamas

John Cusack est du Hamas

John Oliver est du Hamas

Jonathan Glazer est du Hamas

José Andrés est du Hamas

Kamala Harris est du Hamas

Keir Starmer est du Hamas

Kenneth Roth est du Hamas

Le maire de Londres est du Hamas

Mme Rachel [Rachel Griffin Accurso] est du Hamas

Norman Finkelstein est du Hamas

Oxford University Press est du Hamas

Pramila Jayapal est du Hamas

L’Afrique du Sud est du Hamas

L’Espagne est du Hamas

Le Département d’État est du Hamas

Susan Sarandon est du Hamas

Les Nations Unies, c’est du Hamas

Le chef des opérations humanitaires de l’ONU est du Hamas

UNRWA est du Hamas

La rapporteure spéciale des Nations unies pour la Palestine est du Hamas

LOrganisation mondiale de la santé est du Hamas

Zara Larsson [chanteuse suédoise] est du Hamas

Quelle que soit la célébrité, le respect ou la crédibilité d’une personne ou d’une organisation, ce que nous avons appris depuis le 7 octobre, c’est que si vous osez parler en faveur des droits des Palestiniens, ou critiquer ou même remettre en question les actions d’Israël à Gaza, vous recevez automatiquement l’étiquette du Hamas. C’est aussi simple que ça. Et tout aussi ridicule.

* Si j’ai oublié d’autres exemples évidents, n’hésitez pas à les mentionner dans les commentaires ci-dessous !

27/07/2024

Texte intégral du discours de Netanyahou au Congrès US le 24 juillet 2024


Haaretz, 25/7/2024
Traduit par Tlaxcala

Ci-dessous le texte du discours prononcé devant les deux chambres usaméricaines réunies en congrès par Benjamin Netanyahou, Premier ministre d’Israël, contre lequel un mandat d’arrêt pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre a été demandé par le procureur de la Cour Pénale Internationale. Un discours qui est une synthèse grossière  et hallucinante du récit sionihiliste de justification de génocide en cours. Son auteur mériterait un Prix Nobel de la Haine ou au moins un Doctorat Honoris Causa en Hasbara de l’Université du Mensonge.-Tlaxcala


Brandan Reynolds, Afrique du Sud

Président de la Chambre des représentants, Mike Johnson,

Sénateur Ben Cardin,

Chef de la minorité, Hakeem Jeffries,

Chef de la majorité au Sénat, Chuck Schumer,

Chef de la minorité au Sénat, Mitch McConnell,

Sénateurs,

Membres du Congrès,

Invités de marque,

Monsieur le Président, je tiens à vous remercier de me faire le grand honneur de m’adresser pour la quatrième fois à cette grande citadelle de la démocratie.

Nous nous retrouvons aujourd’hui à un carrefour de l’histoire. Notre monde est en plein bouleversement. Au Moyen-Orient, l’axe iranien de la terreur affronte l’Amérique, Israël et nos amis arabes. Il ne s’agit pas d’un choc des civilisations. C’est un choc entre la barbarie et la civilisation.

C’est un choc entre ceux qui glorifient la mort et ceux qui sanctifient la vie.

Pour que les forces de la civilisation triomphent, l’Amérique et Israël doivent s’unir. Car lorsque nous sommes unis, il se passe quelque chose de très simple. Nous gagnons. Ils perdent.

Et mes amis, je suis venu vous assurer aujourd’hui d’une chose : nous gagnerons.

Mesdames et Messieurs,

Comme le 7 décembre 1941 et le 11 septembre 2001, le 7 octobre est un jour qui restera à jamais dans les mémoires.

C’était la fête juive de la Sim’hat Torah. La journée a commencé par être parfaite. Pas un nuage dans le ciel. Des milliers de jeunes Israéliens faisaient la fête lors d’un festival de musique en plein air. Et soudain, à 6h29, alors que les enfants dormaient encore profondément dans leur lit dans les villes et les kibboutzim proches de Gaza, le paradis s’est transformé en enfer. Trois mille terroristes du Hamas ont fait irruption en Israël. Ils ont massacré 1 200 personnes originaires de 41 pays, dont 39 Américains. Proportionnellement, par rapport à la taille de notre population, c’est comme 20 attentats du 11 septembre en un jour. Et ces monstres ont violé des femmes, décapité des hommes, brûlé des bébés vivants, tué des parents devant leurs enfants et des enfants devant leurs parents. Ils ont traîné 255 personnes, vivantes ou mortes, dans les sombres cachots de Gaza.

Israël a déjà ramené 135 de ces otages, dont sept ont été libérés lors d’opérations de sauvetage audacieuses. L’une de ces otages libérés, Noa Argamani, est ici dans la galerie, assise à côté de ma femme Sara.

Le matin du 7 octobre, le monde entier a vu le regard désespéré de Noa alors qu’elle était violemment enlevée à l’arrière d’une moto pour être emmenée à Gaza. J’ai rencontré la mère de Noa, Liora, il y a quelques mois.

Elle se mourait d’un cancer. Elle m’a dit : « Monsieur le Premier ministre, j’ai un dernier souhait. Je souhaite serrer ma fille Noa dans mes bras une dernière fois avant de mourir ».

Il y a deux mois, j’ai autorisé une opération commando de sauvetage à couper le souffle. Nos forces spéciales, dont un officier héroïque nommé Arnon Zmora, qui est tombé au combat, ont sauvé Noa et trois autres otages.

Je pense que c’est l’une des choses les plus émouvantes, lorsque Noa a retrouvé sa mère, Liora, et que le dernier souhait de sa mère s’est réalisé.

Noa, nous sommes ravis de t’ avoir parmi nous aujourd’hui. Nous te remercions.

De nombreuses familles d’otages sont également présentes parmi nous aujourd’hui, dont Eliyahu Bibas. Eliyahu Bibas est le grand-père de ces deux magnifiques garçons roux, les garçons Bibas, des enfants en bas âge.

Ils ont été pris en otage avec leur mère et le fils d’Eliyahu. Toute la famille a été prise en otage. Deux beaux enfants roux pris en otage. Quels monstres !

Nous avons également avec nous Iris Haim, dont le fils Yotam a courageusement échappé à la captivité du Hamas avec deux autres Israéliens, et qui a été tragiquement tué alors qu’il regagnait nos lignes.

Nous avons également avec nous les familles des otages américains. Elles sont ici.

La douleur que ces familles ont endurée est indescriptible. Je les ai rencontrées à nouveau hier et je leur ai promis ceci. Je ne me reposerai pas tant que tous leurs proches ne seront pas rentrés chez eux. Tous.

En ce moment même, nous déployons des efforts intenses pour obtenir leur libération, et je suis persuadé que ces efforts peuvent être couronnés de succès. Certains d’entre eux ont lieu en ce moment même.

Je tiens à remercier le président Biden pour ses efforts inlassables en faveur des otages et de leurs familles.

Je remercie le président Biden pour le soutien chaleureux qu’il a apporté à Israël après l’attaque sauvage du 7 octobre. Il a qualifié à juste titre le Hamas de “mal absolu”. Il a envoyé deux porte-avions au Moyen-Orient pour empêcher une guerre plus étendue. Et il est venu en Israël pour se tenir à nos côtés pendant les heures les plus sombres, une visite qui ne sera jamais oubliée.

Le président Biden et moi-même nous connaissons depuis plus de quarante ans. Je tiens à le remercier pour ce demi-siècle d’amitié envers Israël et pour être, comme il le dit, un fier sioniste. En fait, il dit qu’il est un fier sioniste irlando-américain.

Mes amis, depuis plus de neuf mois, les soldats israéliens font preuve d’un courage sans limite.

Nous recevons aujourd’hui le lieutenant Avichail Reuven. Avichail est officier dans les parachutistes israéliens. Sa famille a immigré en Israël depuis l’Éthiopie. Aux premières heures du 7 octobre, Avichail a entendu la nouvelle du massacre sanglant du Hamas. Il a revêtu son uniforme et pris son fusil, mais il n’avait pas de voiture. Il a donc couru huit miles [= 13 km] jusqu’à la ligne de front de Gaza pour défendre son peuple. Vous avez bien entendu. Il a couru huit miles, s’est rendu sur la ligne de front, a tué de nombreux terroristes et a sauvé de très nombreuses vies. Avichail, nous rendons tous hommage à ton remarquable héroïsme.

Un autre Israélien est parmi nous aujourd’hui. Il se tient juste à côté d’Avichail. Il s’agit du sergent-chef Ashraf al Bahiri. Ashraf est un soldat bédouin de la communauté musulmane israélienne de Rahat. Le 7 octobre, Ashraf a lui aussi tué de nombreux terroristes. Il a d’abord défendu ses camarades dans la base militaire, puis il s’est précipité pour défendre les communautés voisines, y compris la communauté dévastée du kibboutz Be’eri.

Comme Achraf, les soldats musulmans de Tsahal ont combattu aux côtés de leurs compagnons d’armes juifs, druzes, chrétiens et autres avec une bravoure extraordinaire.

Un troisième héros, le lieutenant Asa Sofer, est également présent parmi nous. Asa a combattu en tant qu’officier dans le corps des chars, et il a été blessé au combat. Il a été blessé au combat alors qu’il protégeait ses compagnons d’armes d’une grenade. Il a perdu son bras droit et la vision de son œil gauche. Il se rétablit et, chose incroyable, dans peu de temps, Asa reprendra du service en tant que commandant d’une compagnie de chars.

Je viens d’apprendre qu’il y a un quatrième héros ici - le lieutenant Yonatan, Jonathan Ben Hamo (ph), qui a perdu une jambe à Gaza et a continué à se battre.

Mes amis, ce sont les soldats d’Israël, qui ne se laissent pas abattre, qui ne se découragent pas, qui n’ont pas peur.

Comme le dit la Bible,  יקוםעם כלביא יקום  - ils se lèveront comme des lions. Ils se sont levés comme des lions, les lions de Juda, les lions d’Israël.


Mesdames et Messieurs,

Les hommes et les femmes des FDI viennent de tous les coins de la société israélienne, de toutes les ethnies, de toutes les couleurs, de toutes les croyances, de la gauche et de la droite, de la religion et de la laïcité. Tous sont imprégnés de l’esprit indomptable des Maccabées, les légendaires guerriers juifs de l’Antiquité.

Nous accueillons aujourd’hui Yechiel Leiter, le père de l’un de ces Maccabées. Le père de Yehiel a échappé à l’Holocauste et a trouvé refuge en Amérique. Jeune homme, Yechiel s’est installé en Israël et a élevé une famille de huit enfants. Il a nommé son fils aîné Moshe en l’honneur de son défunt père. Moshe est devenu un officier exemplaire dans l’une de nos unités commando d’élite. Il a servi avec distinction pendant deux décennies, tout en élevant lui-même six beaux enfants.

Le 7 octobre, Moshe se porte volontaire pour retourner au combat. Quatre  semaines plus tard, il est tué par l’explosion d’une mine piégée dans un puits de tunnel, juste à côté d’une mosquée. Lors des funérailles de son fils, Yechiel a déclaré ce qui suit : « Si l’État d’Israël n’avait pas été créé après l’Holocauste, l’image gravée dans notre mémoire collective aurait été la photographie de ce garçon juif sans défense dans le ghetto de Varsovie, levant les mains en l’air avec les fusils nazis pointés sur lui. Mais grâce à la naissance d’Israël », a poursuivi Yechiel, « grâce au courage de soldats comme mon fils Moshe, le peuple juif n’est plus impuissant face à ses ennemis ».

Yechiel, lève-toi pour que nous puissions honorer le sacrifice de ton fils. Je te promets, ainsi qu’à toutes les familles endeuillées d’Israël, dont certaines sont présentes dans cette salle aujourd’hui, que le sacrifice de vos proches ne sera pas vain. Il ne sera pas vain parce que pour Israël, “plus jamais ça” ne doit jamais être une promesse vide de sens. Cela doit toujours rester un vœu sacré. Et après le 7 octobre, “plus jamais ça”, c’est maintenant.

Mes amis,

Pour vaincre nos ennemis brutaux, il faut à la fois du courage et de la lucidité. La clarté commence par la connaissance de la différence entre le bien et le mal. Pourtant, aussi incroyable que cela puisse paraître, de nombreux manifestants anti-Israël choisissent de se ranger du côté du mal. Ils sont du côté du Hamas. Ils sont du côté des violeurs et des assassins. Ils sont du côté des gens qui sont entrés dans les kibboutzim, dans une maison où les parents ont caché les enfants, les deux bébés, dans le grenier, dans un grenier secret. Ils ont assassiné la famille, les parents, ils ont trouvé le loquet secret du grenier caché et ils ont assassiné les bébés. Ces manifestants les soutiennent. Ils devraient avoir honte.