La perle du jour

 « Le public n'est plus dupe des mensonges propagandistes qui résonnent dans les médias. Ces lettres ont été écrites par un petit groupe de radicaux, manipulés par des organisations financées par des fonds étrangers dans le seul but de renverser le gouvernement de droite. Ce n'est pas une vague. Ce n'est pas un mouvement. C'est un petit groupe de retraités bruyant, anarchiste et déconnecté, dont la plupart n'ont pas servi [dans l’armée] depuis des années ». C’est ainsi que Netanyahou a réagi aux pétitions qui se succèdent en rafales, émanant de centaines et de milliers de réservistes de l’armée de l’air, du corps médical militaire, de la marine, demandant au gouvernement d’arrêter de bombarder Gaza pour épargner les Israéliens encore captifs [les fameux « otages », qui sont encore une trentaine en vie plus une trentaine à l'état de cadavres]]. Bibi, qui a 75 ans, n’a pas l’intention, quant à lui de devenir un paisible retraité, ni bruyant ni silencieux. Les pilotes signataires de la première pétition seront rayés des cadres de l’armée génocidaire, ce qui est une bonne chose.

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21/11/2021

GIDEON LEVY
Une brève histoire de l’infanticide en Palestine occupée

 Gideon Levy, Haaretz, 20/11/2021
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

D’abord nous avons eu honte, puis nous avons été choqués, et nous avons même enquêté. Puis nous l'avons nié et nous avons menti. Après cela, nous l'avons ignoré et refoulé, nous avons bâillé et perdu tout intérêt. Maintenant, c'est la pire phase de toutes : Nous avons commencé à faire l'éloge des tueurs d'enfants. C'est dire jusqu'où nous sommes allés.

Mohammed al-Durra et son père sur des images tirées d'une vidéo de septembre 2000. Crédit : AP

Le premier enfant dont je me souviens n'avait même pas un jour. Sa mère, Faiza Abou Dahouk, l'a mis au monde à un poste de contrôle. Les soldats l'ont repoussée de là et de deux autres postes de contrôle, jusqu'à ce qu'elle doive le porter, tout au long d'une nuit froide et pluvieuse. Lorsqu'elle est arrivée à l'hôpital, il était déjà mort.

L'affaire a été soulevée lors d'une réunion du cabinet ministériel. Un agent a été licencié et une mini-tempête s'en est suivie. C'était en avril 1996, pendant l'année de l'espoir et des illusions. Quatre ans plus tard, lorsque la seconde Intifada a éclaté, des soldats ont tué Mohammed al-Dura devant les caméras et Israël était déjà passé à la phase des démentis et des mensonges :    Dura n'est pas mort. Les soldats israéliens ne l'ont pas tué ; peut-être s'est-il tiré une balle, peut-être est-il encore en vie aujourd'hui.

Des restes de honte et de culpabilité s'accrochaient encore, d'une manière ou d'une autre. Après cela sont venues 20 années d'indifférence et de complaisance. Des soldats et des pilotes ont tué 2 171 enfants et adolescents, et aucun de ces cas n'a choqué qui que ce soit ici, ni déclenché une véritable enquête ou conduit à un procès. Plus de 2 000 enfants en 20 ans - 100 enfants, trois classes par an. Et tous, jusqu'au dernier, ont été déclarés coupables de leur propre mort.