Ahed Tamimi and Dena Takruri
They Called Me a LionessA Palestinian Girl's Fight for Freedom
Hardcover $27.00 Ebook $13.99 Audio $17.50
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
Enfance
J'ai grandi dans un petit village de Cisjordanie appelé Nabi Saleh. C'est à vingt-cinq minutes en voiture au nord-ouest de Ramallah, la ville vibrante et en plein essor qui est un centre culturel et commercial pour les Palestiniens. Nabi Saleh, en revanche, est petit et simple. Nous avons une école, une mosquée, un petit marché et une station-service. Le plus important, nous sommes là les uns pour les autres. Les six cents habitants de mon village sont tous liés par le sang ou le mariage, et font partie de la famille Tamimi élargie. Mes camarades de classe et mes amis étaient aussi mes cousins. C'est une communauté soudée où tout le monde veille sur tout le monde. Et c'est comme ça depuis des centaines d'années.
À première vue, Nabi Saleh semble être un endroit paisible. C'est un village calme et idyllique, qui abrite d'innombrables collines parsemées d'oliviers entre lesquels des chevaux sauvages et des ânes errent souvent. Des couchers de soleil omprenables jettent dans le ciel des nuances magiques de rouge, de pourpre et d'or. Les enfants jouent dehors librement, courent de maison en maison, trouvant généralement un adulte accueillant pour remplir leur ventre avec un repas cuisiné à la maison.
Mais les premières impressions ne racontent pas toute l'histoire. Pour cela, il faut regarder de l'autre côté de la route principale de notre village, vers la colline de l'autre côté de la vallée. C'est là que se trouve la colonie juive israélienne de Halamish, une communauté fortifiée avec des maisons soigneusement aménagées à toit de tuiles rouges, des pelouses entretenues, des terrains de jeux et une piscine. Mais Halamish n’a pas été toujours là. Elle a été établie illégalement sur les terres de notre village en 1977. C'est l'une des centaines de colonies israéliennes construites sur des terres palestiniennes en violation du droit international. Ces colonies sont essentiellement des colonies juives israéliennes, et elles continuent de se multiplier aux dépens de la population palestinienne autochtone. Au fil des ans, nous avons assisté à l'expansion rampante de Halamish, ses colons confisquant plus de nos terres et de nos ressources avec le plein accord de l'État d'Israël. Pas seulement l'approbation, mais la facilitation, aussi. Israël a installé une base militaire juste à côté de la colonie, pour protéger ses habitants et faire de notre vie dans le village un enfer.
Mais Nabi Saleh n'est qu'un microcosme de Palestine. Au cours du siècle dernier, le peuple palestinien a combattu les efforts sionistes pour prendre de plus en plus de nos terres. Le sionisme est un mouvement nationaliste qui a commencé parmi certains juifs européens à la fin du XIXe siècle. Ses fondateurs croyaient que la réponse à l'antisémitisme croissant en Europe était pour les Juifs de s'installer en Palestine, qui était encore un territoire de l'Empire ottoman à l'époque, peuplé par des Arabes qui étaient majoritairement musulmans, avec des minorités chrétienne et juive, aussi. Seule une poignée de Juifs répondirent à l'appel, mais pendant la Première Guerre mondiale, le mouvement sioniste obtint une aide importante de l'Empire britannique. En 1917, les Britanniques publièrent la Déclaration Balfour, qui s'engageait à établir « un foyer national pour le peuple juif » en Palestine. À la fin de la Première Guerre mondiale, les Britanniques avaient pris le contrôle de la Palestine des Ottomans. Sous leur domination coloniale dans les années qui ont suivi, période connue sous le nom de Mandat britannique, ils ont tenu leur promesse de 1917 en facilitant l'immigration de milliers d'autres Juifs européens en Palestine. Ce faisant, les Britanniques ont cédé des terres qui n'étaient pas les leurs, sans tenir compte de la population autochtone majoritaire qui y vivait : les Palestiniens.