Jonathan
Cook, Mint Press, 9/9/2022
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
Costumes noirs, tons étouffés, un air de révérence dissimulent la panique d'un establishment qui vient de perdre le véhicule principal pour justifier son privilège
Toute personne au Royaume-Uni qui s'imaginait vivre dans une démocratie représentative – une démocratie dans laquelle les dirigeants sont élus et responsables devant le peuple – sera en proie à un réveil brutal au cours des prochains jours et des prochaines semaines.
Les horaires de télévision ont été balayés. Les présentateurs doivent porter du noir et parler avec un ton étouffés Les unes des canards sont uniformément sombres. Les médias britanniques parlent d'une voix unique et respectueuse de la Reine et de son legs irréprochable.
Westminster, quant à lui, a été dépouillé de la gauche et de la droite. Les partis conservateur, libéral-démocrate et travailliste ont mis de côté la politique pour faire le deuil d'une seule voix. Même les nationalistes écossais – censés essayer de se débarrasser du joug des siècles d'une domination anglaise présidée par le monarque – semblent être en deuil effusif.
Les problèmes urgents du monde – de la guerre en Europe à une catastrophe climatique imminente – ne sont plus d'intérêt ou de pertinence. Ils peuvent attendre que les Britanniques sortent d'un traumatisme national plus urgent.
Sur le plan intérieur, la BBC a dit à ceux qui sont confrontés à un long hiver au cours duquel ils ne pourront pas se permettre de chauffer leur maison que leurs souffrances sont « insignifiantes » par rapport à celles de la famille d'une femme de 96 ans qui est morte paisiblement dans le luxe. Ils peuvent attendre aussi.
En ce moment, il n'y a pas de place publique pour l'ambivalence ou l'indifférence, pour la réticence, pour la pensée critique – et certainement pas pour le républicanisme, même si près d'un tiers de la population, surtout les jeunes, souhaite l'abolition de la monarchie. L'establishment britannique attend de chaque homme, femme et enfant qu'il fasse son devoir en baissant la tête.
La Grande-Bretagne du XXIe siècle n’a jamais eu l’air aussi médiéval.