960 000 des 8,5 millions d’habitants de la ville de New-York et 1,6 des 20,2 millions d’habitants de l’État de New-York sont juifs. On estime le nombre d’Israéliens parmi eux à environ 20 000 mais le nombre de détenteurs de deux passeports (US et israélien) reste inconnu. New-York abrite pas moins de 450 start-ups de technologie, dont une bonne partie de “cybersécurité”, généralement fondées par d’anciens combattants de l’Unité 8200, chargée de la cyberguerre et du cyberespionnage au sein de l’armée d’Israël. Un millier de personnes effectuent en moyenne un vol aérien entre New-York et Tel-Aviv chaque jour, à bord de quatre Boeing. On peut donc se demander si New-York est une banlieue de Tel-Aviv ou si c’est l’inverse. Après la victoire aux élections primaires démocrates de Zohran Mamdani, tout ce petite monde s’agite frénétiquement. Ci-dessous un article du journaliste israélien Omer Kabir dans Ctech, un site d’actualités technologiques publié par Calcalist, le principal quotidien financier israélien, appartenant au Yedioth Ahronoth Group. De toute évidence, le camarade Mamdani donne du grain à moudre aux “shrinks” [psys] de la Grande Pomme chargés de soigner les shpilkes [états d’anxiété, de nervosité] juifs.-FG, Tlaxcala
“Comment
un politicien antisémite qui ne reconnaît pas Israël peut-il être maire de la
plus grande ville juive du monde ?”
Les
leaders de l’immobilier et des affaires new-yorkais mettent en garde contre un
exode massif si les politiques radicales de Zohran Mamdani l’emportent.
Omer Kabir, Ctech, 10/7/2025
Depuis que Zohran Mamdani a
remporté les primaires démocrates pour la mairie de New York le mois dernier,
les communautés immobilières, technologiques et commerciales de la ville sont
en ébullition. Outre ses positions ouvertement anti-israéliennes, Mamdani a axé
sa campagne sur l’un des défis les plus urgents de la ville, la crise du
logement, et s’est engagé à construire des centaines de milliers d’appartements
appartenant à l’État et à geler les loyers. Cependant, des sources proches du
marché immobilier new-yorkais estiment que ces promesses sont vaines.
L’une d’entre elles est Danny
Fishman, PDG de la société d’investissement immobilier Gaia Real Estate, qui affirme que les
problèmes à l’origine de l’ascension de Mamdani se sont accumulés pendant plus
d’une décennie.
« New York a traversé huit
années difficiles sous de Blasio (maire de New York de 2014 à 2021), qui était
un gauchiste radical [sic] », a-t-il déclaré à Calcalist. « Puis
sont arrivés le COVID, les manifestations Black Lives Matter, de nouvelles lois
qui ont facilité la vie des criminels [resic], rendu plus difficile la
conduite des affaires et augmenté les impôts. Lorsque de Blasio est parti, la
ville était en mauvais état. Eric Adams (l’actuel maire) a réglé le problème de
la criminalité, mais après le 7 octobre, deux choses se sont produites : il y a
eu des manifestations propalestiniennes et les coûts, en particulier les
loyers, ont grimpé en flèche. Je travaille dans de nombreuses villes
américaines : Miami, Orlando, Dallas, Houston, Nashville, Atlanta, Long Island.
Au cours des deux dernières années, les loyers ont baissé presque partout, mais
à New York, ils ont grimpé en flèche. »
Zohran Mamdani, le mois
dernier à New York . Photo Adam Gray/AFP
Les promesses de lutter
contre les loyers élevés étaient au cœur du programme de Mamdani. Mais selon
Fishman, l’intervention municipale en matière de loyers a en fait contribué au
problème.
« Ils ont adopté des lois qui
ont renforcé les droits des locataires et ont effectivement confisqué les biens
des gens. Si un locataire ne paie pas son loyer, je ne peux pas l’expulser,
mais je dois quand même payer les taxes foncières, l’assurance et l’hypothèque.
Un locataire qui sait comment exploiter le système peut rester dans l’appartement
pendant deux ans ».
En conséquence, les
propriétaires ont fui et les promoteurs ont cessé de construire.
« Il n’y a pas une seule grue
à Manhattan, alors que Miami en regorge, où 20 000 appartements sont en cours
de construction. D’autres villes déroulent le tapis rouge pour les entreprises.
À New York, personne ne construisait, puis la pandémie a pris fin, les jeunes
sont revenus, il y a un million d’étudiants et trop peu d’appartements à louer.
Les loyers ont donc augmenté. C’est alors que Mamdani est arrivé avec ses
slogans socialistes. Il reproche à Adams les loyers élevés, promet de
construire des centaines de milliers d’appartements appartenant à l’État et de
geler les loyers, et dit qu’il augmentera les impôts fonciers et sur le revenu
des riches. »
Fishman qualifie ces
promesses d’irréalistes.
« Il ne les construira pas,
il n’a pas l’argent et n’a nulle part où le trouver. Ce qu’il peut faire, si le
Sénat de New York le lui permet, c’est geler les loyers. Mamdani dit qu’il
gèlera le loyer d’un million d’appartements à loyer contrôlé. Cela signifie que
tous les propriétaires feront faillite, car en même temps, il veut augmenter
les impôts et le salaire minimum à 30 dollars. »
Fishman explique que les
promoteurs immobiliers qui ont construit dans la ville ces dernières années ont
bénéficié d’exonérations fiscales partielles s’ils incluaient des appartements
à loyer contrôlé pendant dix ans.
« Si Mamdani met en œuvre son
plan, les propriétaires ne pourront pas augmenter les loyers, mais leurs
exonérations fiscales expireront. À partir de ce moment-là, ils feront
faillite. Ce sera comme dans les années 1980, lorsque les propriétaires ont
abandonné leurs immeubles, jeté les clés et sont partis. »
Fishman estime qu’une
victoire de Mamdani chasserait les entrepreneurs de la ville, dans l’immobilier
et dans d’autres secteurs.
« Les gens prévoient déjà de
déménager. J’ai ouvert un bureau à Miami il y a huit mois, et je ne suis pas le
seul. À Miami, j’ai 200 restaurants près de chez moi, des musées, des galeries
d’art, une plage et aucune taxe d’État. Les gens cesseront de faire des
affaires à New York.
De plus en plus de gens
partent. Je peux vivre à Miami, passer moins de 180 jours par an à New York et
ne payer aucune taxe municipale. Les taxes foncières ici sont déjà si élevées
qu’elles absorbent plus que les revenus de l’immeuble. » Fishman prévient que
les propositions de Mamdani ne feront que nuire à une ville déjà fragile. « S’il
met en œuvre toutes ces absurdités, les plus forts partiront et la ville subira
un coup fatal, dont on ne sait pas si elle pourra se remettre. »
« J’ai une résidence
secondaire sur le boulevard Rothschild à Tel Aviv. Un quart de mes voisins sont
des Juifs français originaires de Paris. Ils ne sont pas venus en tant que
sionistes, ils ont fui l’islam radical [reresic]. C’est là le véritable
danger. New York compte une importante communauté juive dans les domaines des
affaires, de l’immobilier, de Wall Street et des hautes technologies. S’ils ne
se sentent pas en sécurité, et c’est le cas depuis le 7 octobre, ils partiront,
et la ville en sera mortellement affaiblie. Comment un politicien antisémite
qui ne reconnaît pas Israël peut-il être maire de la plus grande ville juive du
monde ? »
Malgré son sombre constat,
Fishman reste optimiste quant à la défaite de Mamdani.
« Dans l’immobilier et d’autres
secteurs, il y a une tendance à soutenir un candidat consensuel [=pro-israélien, NdT] », a-t-il
déclaré. « J’ai discuté avec de nombreux hommes d’affaires, et les gens veulent
soutenir Adams. Des efforts sont également déployés pour augmenter le taux de
participation. Seuls 22 % des démocrates inscrits ont voté lors des primaires.
La victoire de Mamdani a pratiquement mis la ville en jeu. Mais si le taux de
participation augmente, il ne gagnera pas. »
« Mamdani ne voudra pas
chasser les start-ups israéliennes de New York »
La victoire de Mamdani aux
primaires a inquiété les travailleurs israéliens du secteur technologique, qui
craignent de perdre le soutien politique dont ils bénéficiaient jusqu’à
présent.
« Je constate une réelle
inquiétude au sein de la communauté technologique israélienne, et je la ressens
moi-même », a déclaré Guy Franklin, fondateur d’Israeli
Mapped in NY [qui cartographie 450 start-ups technologiques à New-York,
NdT], à Calcalist. « Ces dernières années, nous avons coopéré avec la
mairie et le bureau du maire. La crainte est que tout cela disparaisse. »
D’autres considèrent cette
réaction comme exagérée.
« Même si le maire est
sioniste, cela n’affecte pas vraiment les start-ups », a déclaré Noam Schwartz,
PDG d’ActiveFence. « Parfois, vous
invitez un fondateur à serrer la main pour une séance photo, cela n’affecte pas
vraiment l’entreprise. »
Eyal Bino, fondateur du fonds
de capital-risque 97212 Ventures, qui
soutient les start-ups en phase de démarrage, convient qu’il n’y a pas lieu de
paniquer.
« La marque technologique
israélienne est forte, et un maire ne changera pas ça », a-t-il déclaré à
Calcalist. Il admet toutefois avoir été choqué lorsqu’il a appris que Mamdani
avait remporté les primaires.
« Les Juifs américains s’organisent dans
des groupes WhatsApp, et déploient d’énormes efforts pour l’empêcher de gagner.
La grande surprise, c’est ce virage radical vers la gauche. Les derniers maires
étaient fortement pro-israéliens et travaillaient en étroite collaboration avec
le secteur technologique israélien, non seulement Bloomberg, mais aussi Adams.
Si Mamdani est élu, cela pourrait nuire à la visibilité de la technologie
israélienne, mais je ne pense pas qu’il veuille chasser les nombreuses
start-ups israéliennes qui ont des bureaux à New York».
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➤La honte : Trump menace de dénaturaliser et d’expulser Zohran Mamdani, par Branko Marcetic, Jacobin, 2/7/2025
➤ et l’article, d’une rare perversité confusionniste, de Richard Prasquier, président d’honneur du CRIF : New York: la plus grande ville juive du monde peut-elle élire maire Zohran Mamdani ?