La perle du jour

 « Le public n'est plus dupe des mensonges propagandistes qui résonnent dans les médias. Ces lettres ont été écrites par un petit groupe de radicaux, manipulés par des organisations financées par des fonds étrangers dans le seul but de renverser le gouvernement de droite. Ce n'est pas une vague. Ce n'est pas un mouvement. C'est un petit groupe de retraités bruyant, anarchiste et déconnecté, dont la plupart n'ont pas servi [dans l’armée] depuis des années ». C’est ainsi que Netanyahou a réagi aux pétitions qui se succèdent en rafales, émanant de centaines et de milliers de réservistes de l’armée de l’air, du corps médical militaire, de la marine, demandant au gouvernement d’arrêter de bombarder Gaza pour épargner les Israéliens encore captifs [les fameux « otages », qui sont encore une trentaine en vie plus une trentaine à l'état de cadavres]]. Bibi, qui a 75 ans, n’a pas l’intention, quant à lui de devenir un paisible retraité, ni bruyant ni silencieux. Les pilotes signataires de la première pétition seront rayés des cadres de l’armée génocidaire, ce qui est une bonne chose.

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13/01/2022

GIDEON LEVY
Un Néguev bédouin n'est pas moins israélien qu'un Néguev juif

Gideon Levy, Haaretz, 13/1/2021
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

L'état d'esprit sioniste en pilote automatique : les Bédouins s'emparent du Néguev. Ensuite, ils prendront le contrôle de tout le pays. Israël est en danger. Nous devons agir immédiatement. Avec force, bien sûr. De l'extérieur, on pourrait croire qu’on est à la veille d'une guerre civile. Des étrangers, des séparatistes, des envahisseurs, des ennemis de l'intérieur sont en train d’essayer de s'emparer d'une région et de l'arracher à l'État.

La police arrête un homme lors d’une manifestation de Bédouins à Sa'wa, mercredi 12 janvier. Photo : Eliyahu Hershkovitz

En réalité, il s’agit de citoyens de l'État, qui se battent pour leurs droits sur des terres qui leur appartiennent |au moins] autant qu’aux Juifs. À l'heure actuelle, ils n'ont pas d'aspirations nationales, mais le Néguev était bédouin bien avant d'être juif. Quel est le problème avec ça ? Bnei Brak est haredi et le Néguev est bédouin. Les kibboutzim sont ashkénazes et les villes de développement sont mizrahies et russes. C'est ainsi que cela se passe dans une configuration multinationale et multiculturelle. Mais quand les Haredim construisent plus de quartiers et de villes pour eux-mêmes, l'État ne les combat pas. Quand les Bédouins veulent leur propre terre pour eux-mêmes, c’est un danger pour l'État.

Tous les slogans sionistes fallacieux, ainsi que les mauvaises vieilles façons de faire, sont mis au service de la cause, comme si l'État (juif) n'avait pas encore été fondé. Faire fleurir le désert, cette valeur dans laquelle nous avons été élevés, signifie le faire fleurir pour les seuls Juifs. Sédentariser le Néguev, autre valeur sioniste classieuse, signifie le judaïser. Ni la colonisation du Néguev ni la floraison du désert n'intéressent le sionisme. Seule la judaïsation l'intéresse.

Eh bien, la judaïsation est le côté pile du nettoyage ethnique. Si faire fleurir le désert est une valeur - et on ne voit pas bien pourquoi - qu'y a-t-il de mal à faire fleurir le désert par les enfants du Néguev, ceux qui connaissent le désert, ont l'habitude d'y vivre et l'aiment plus que quiconque ?  Et si la colonisation du Néguev est une valeur - encore une fois, on ne sait pas pourquoi - qu'y a-t-il de mal à y laisser s’installer des Bédouins ? Ne sont-ils pas des personnes ? Pas des Israéliens ? Alors, disons-le au moins clairement.

Et maintenant, sortant de la naphtaline, arrive la vieille arme rouillée du sionisme de 1948 : la plantaison. Si innocent que ça pourrait vous faire pleurer. Couvrir la terre de vert. C'est tellement sioniste, et maintenant, tellement écologiste aussi. La veille de Tu Bishvat, la fête des arbres, on plante dans le Néguev. Quand on était enfants, on nous emmenait à Gan Meir à Tel Aviv le jour de Tu Bishvat pour planter, et c'était excitant. Nous ne savions rien alors. Nous ne savions pas que l'argent de la boîte bleue servait à tapisser le pays de pins, à dissimuler les crimes de 1948 et les ruines silencieuses afin qu'aucun Arabe ne retourne dans sa maison, transformée en bosquet. Maintenant, on va aussi planter un tel bosquet contre nature dans le désert.

Certificat de don néerlandais au KKL/Fonds National Juif pour une plantation d'arbres dans le Néguev  (sans date)