Muhammad Muslih, Journal of Palestine
Studies, Vol. 16, N° 4 (été
1987), pp. 77-94
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
Cet article est basé sur un chapitre du livre The Origins of Palestinian Nationalism (Columbia University Press et Institute for Palestine Studies, 1988).
Dans le passé, les analyses du développement du nationalisme palestinien ont eu tendance à surestimer le rôle joué par le sionisme et à sous-estimer les facteurs arabes internes qui ont conduit à la montée, non seulement du nationalisme palestinien, mais aussi d’autres nationalismes arabes locaux. Dans le cas des écrivains arabes, ceux qui ont embrassé le nationalisme - qu’il soit local (wataniyyah) ou panarabe (qawmiyyah) - étaient enclins à imputer les problèmes et les contradictions des mouvements nationaux arabes aux forces de l’impérialisme européen. Ils avaient tendance à considérer les forces politiques qui ont émergé dans les pays arabes à l’est de Suez après le démembrement de l’Empire ottoman comme le résultat d’une lutte avec une puissance ou un mouvement étranger. D’autre part, les écrivains sionistes, préoccupés par la scène palestinienne locale, ont souvent négligé l’arène arabe plus large dans laquelle la politique palestinienne évoluait.1
Ces interprétations ne résistent pas à un examen approfondi des documents.
Les entités politiques qui ont lutté pour l’indépendance dans les territoires à l’est de Suez après la Première Guerre mondiale étaient de nouvelles créations, façonnées à partir des débris de l’Empire ottoman par les hommes d’État des puissances coloniales étrangères. Après la défaite finale de l’Empire ottoman, l’ancien ordre d’allégeance politique au souverain dynastique de l’État islamique a été progressivement remplacé par un ordre d’allégeance au pays dans lequel on vivait. En d’autres termes, les nationalismes locaux ont commencé à prendre racine en Palestine, en Syrie et en Irak et se sont progressivement imposés. C’est à l’examen des premières étapes de ce processus en Palestine que cet essai est consacré. Pour démêler l’ensemble des facteurs impliqués dans ce processus, il est utile de penser en termes de deux cadres : le cadre idéologique, la transformation de la loyauté politique d’un ensemble d’idées à un autre ; et le cadre institutionnel, les élites politiques dans les rangs desquelles les idées ont pris forme.
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