Éditorial, Haaretz, 13/7/2025
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
Alors que le Premier ministre
Benjamin Netanyahou négocie un cessez-le-feu avec le Hamas, des centaines de
bulldozers, d’excavatrices et de bulldozers blindés Caterpillar D9 israéliens
poursuivent leurs efforts pour rendre Gaza inhabitable pendant des années.
La position officielle des Forces
de défense israéliennes concernant les démolitions de maisons dans la bande de
Gaza est que les travaux menés par des centaines d’engins lourds sont
nécessaires pour des raisons opérationnelles.
En d’autres termes, l’armée
israélienne ne donne l’ordre de raser des bâtiments résidentiels ou autres que
lorsqu’ils constituent, par exemple, un danger pour les soldats ou entravent la
circulation des véhicules militaires.
Cependant, le modèle selon lequel
l’armée israélienne indemnise les opérateurs d’engins lourds à Gaza semble
contredire cette affirmation. Selon un article publié la semaine dernière dans l’édition
hébreue de Haaretz, l’armée propose de payer 2 500 shekels (environ 640
€) aux conducteurs de bulldozers et d’excavatrices pour raser un bâtiment de
trois étages maximum et 5 000 shekels (1280 €) pour des structures plus hautes.
Cette structure tarifaire incite
clairement les entrepreneurs à démolir autant de bâtiments que possible, aussi
rapidement que possible. Si ces opérations étaient véritablement motivées par
des besoins militaires, il serait difficile de justifier une telle
indemnisation.
Le fait que le paiement soit
effectué quotidiennement ou mensuellement renforce ce point. Même ainsi, cela
représente beaucoup plus que ce que les opérateurs gagneraient pour un travail
similaire en Israël, certains gagnant jusqu’à 30 000 shekels [7 700€] par
mois selon certaines sources. Ces salaires élevés visent à compenser les
risques mortels qui dissuadent de nombreux professionnels du secteur de se
rendre à Gaza.
Dans la pratique, cependant, pour
de nombreux opérateurs, ce travail reflète également un engagement idéologique.
Parmi eux figure un groupe important de colons, tandis que les Arabes
israéliens [=Palestiniens de 48], qui constituent une part importante du
secteur des engins lourds en Israël, sont notablement absents.
Les conversations avec les
personnes sur le terrain, qu’il s’agisse d’employés civils de l’armée
israélienne ou de réservistes, révèlent que beaucoup abordent leur travail avec
un sentiment de vengeance lorsqu’ils conduisent leurs bulldozers à travers les
ruines des villes de Gaza.
Le résultat est que, tandis que
le Premier ministre Benjamin Netanyahou négocie un cessez-le-feu avec le Hamas, des
centaines de bulldozers, d’excavatrices et de bulldozers blindés Caterpillar D9
israéliens poursuivent le processus qu’ils ont entamé ces derniers mois :
intensifier leurs efforts pour rendre Gaza inhabitable pendant des années.
Cette destruction n’est pas un
effet secondaire des besoins militaires, mais un objectif en soi.
Il est profondément troublant de
constater la destruction de biens civils sans objectif militaire impératif, une
destruction disproportionnée par rapport à tout avantage militaire obtenu et le
ciblage de sites religieux, d’hôpitaux et d’autres
bâtiments à vocation humanitaire ou éducative est défini comme un crime de
guerre, en particulier si cette destruction vise à garantir que les
Palestiniens de Gaza n’aient nulle part où retourner, dans le cadre d’un plan
de transfert ou d’expulsion de population.
Israël doit mettre fin
immédiatement à ces activités.