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Sergio Rodríguez Gelfenstein
¿Qué hará Marcos Rubio? 

31/01/2024

Pourquoi les Israéliens ne veulent pas savoir ce qui se passe réellement à Gaza, selon une étude psychologique


Yair Ben David, Haaretz, 20/1/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Yair Ben David est un conférencier israélien spécialisé dans la psychologie de la moralité. Il est l’auteur de deux livres qui explorent les subtilités de la moralité dans notre vie quotidienne : "Comment être bon" et "Comment être mauvais", tous deux publiés en hébreu par Kinneret Zmora-Bitan Dvir.

Une méta-analyse d’études comportementales s’interroge sur un phénomène étrange : qu’est-ce qui pousse les gens à fermer les yeux sur la vérité - à Gaza, par exemple ?

Dario Castillejos, Mexique

Une allégation fréquemment entendue à l’encontre des critiques d’Israël dans le monde, des campus universitaires des USA aux rues de Paris, à la lumière de la guerre de Gaza, est que nombre d’entre eux ont ignoré les actes de massacre commis par le Hamas. Une grande partie de cette ignorance pourrait provenir d’un manque spécifique de connaissances : de l’ignorance de ce qui se passe dans une région que certains manifestants et critiques ne peuvent même pas situer sur une carte ; et de l’exposition à une vérité partielle ou pire dans les médias sociaux, qui ont tendance à nous diriger vers des contenus qui ne font que confirmer ce que nous pensions déjà.

Mais cette fois-ci, les critiques, dont certaines vont jusqu’à appeler à l’éradication d’Israël, semblent être non seulement la conséquence d’une éducation déficiente et d’une image de la réalité biaisée par les filtres de TikTok et d’Instagram. Il semble que certains “experts” aient un intérêt direct à faire progresser et à orienter le manque de connaissances et l’oubli sélectif dans le contexte israélien. Ce que nous voyons ici est très probablement le phénomène psychologique connu sous le nom d’“ignorance volontaire”.

Une « revue méta-analytique » publiée récemment dans la prestigieuse revue Psychological Bulletin fournit une plate-forme importante pour ce phénomène intriguant, dont certains d’entre nous souffrent régulièrement. L’ignorance volontaire, comme l’explique l’article, est notre choix d’éviter de prendre en considération des informations même lorsqu’elles sont facilement accessibles. Ce phénomène est appelé par d’éminents chercheurs « l’effet autruche », en référence à la croyance commune (mais fausse) selon laquelle cet oiseau enfouit sa tête dans le sable face au danger.


 
D’un point de vue psychologique, l’ignorance volontaire est un sujet à la fois fascinant et particulier. Les êtres humains étant dotés d’une curiosité innée, on pourrait s’attendre à ce qu’ils s’efforcent d’en savoir le plus possible. La plupart d’entre nous sont des chasseurs et des cueilleurs de connaissances, à la recherche de nouvelles informations en permanence et en tout lieu. Certains d’entre nous ont peut-être été incités à lire cet article précisément pour cette raison.

YACOV BEN EFRAT
Uncle Joe pédale dans le houmous : Biden et le casse-tête israélo-palestinien

Yacov Ben Efrat, Daam, 30/1/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Yacov Ben Efrat est le secrétaire général du Parti des travailleurs Da’am, un groupe écosocialiste créé en 1995 pour se présenter aux élections israéliennes. Da’am est l’acronyme inversé de منظمة العمل الديمقراطي (Munazzamat al amal addimokratiy/ Organisation pour l’action démocratique). Critiques à l’égard des accords d’Oslo, qu’ils considéraient comme préjudiciables aux Palestiniens, ils appellent au remplacement du régime d’apartheid israélien par un État unique où les Palestiniens et les Israéliens jouiraient de tous les droits civiques.

Lors d’une émission de radio matinale populaire, on a demandé à Hili Tropper, ministre de la coalition Unité nationale (Gantz/Lapid), entrée dans le cabinet de guerre après le 7 octobre, censée être modérée, quelle était sa position sur la proposition de Biden concernant la création de deux États. La réponse de Tropper a été sans équivoque : « actuellement hors sujet ». Si l’on ajoute à cela le rejet catégorique par Netanyahou de la proposition usaméricano-égyptienne d’accord sur les otages, il semble que Biden perde peu à peu du terrain parmi les dirigeants israéliens. La popularité de Joe Biden a atteint son apogée lorsqu’il a stationné l’USS Eisenhower au large des côtes libanaises, exprimant ainsi son soutien inconditionnel à Israël. On se souvient de son triple avertissement au Hezbollah et à l’Iran : « ne bougez pas ».

“-Deux États ? - Trop tard !”
Hassan Bleibel, Liban

 Il est difficile de parler d’un État palestinien lorsque 80 % des Palestiniens de Cisjordanie soutiennent l’attaque du Hamas du samedi 7 octobre, tandis que la majorité des Israéliens refusent catégoriquement toute souveraineté palestinienne, surtout après l’attaque du Hamas.

La société israélienne est plus divisée que jamais. Le gouvernement contre le commandement militaire, la droite contre la gauche, avec en filigrane le débat sur le sort des otages. Faut-il accepter l’arrêt des combats pour sauver les otages du Hamas, ou continuer la guerre en espérant que la pression militaire fera fléchir le Hamas ?

La question politique divise également la société. Le gouvernement refuse de discuter du « jour d’après », un refus qui, selon les militaires, entraîne la perte des acquis militaires obtenus au prix du sang de quelque 200 soldats morts et de milliers de blessés. Un État palestinien ne fait pas du tout partie de la discussion, et il semble qu’il y ait un énorme manque de communication entre les USAméricains et les Israéliens.

Néanmoins, le débat politique au sein du cabinet est intéressant. Il divise le gouvernement d’union. Netanyahou affirme que la discussion sur « le jour d’après » aura lieu lorsque la guerre sera terminée, tandis que Gantz et Eisenkot (et Tropper) affirment que le jour d’après, c’est ici et maintenant. En d’autres termes, la guerre dans sa forme la plus intense est terminée et nous devons maintenant décider de ce qu’il faut faire. On peut se demander comment il est possible que Netanyahou et Gantz soient assis dans le même cabinet de guerre, gérant les batailles ensemble tout en étant en désaccord sur une question fondamentale : guerre ou pas guerre ?

La réalité du terrain permet de mieux comprendre cette énigme. En effet, Israël a divisé Gaza en deux, Gaza Nord et Gaza Sud. Au nord de Gaza, la guerre s’est terminée et l’armée s’est partiellement retirée. C’est cette zone qui fait débat : qu’en faire et qui la contrôlera. Benny Gantz mise sur les fonctionnaires palestiniens locaux pour gérer la vie des 150 000 habitants de Gaza qui y restent, tandis que Smotrich et Ben Gvir veulent annexer le territoire à Israël et y installer des colons. Et que veut Bibi ? Il veut survivre. S’il se range du côté de Smotrich et Ben Gvir, il perdra son partenariat avec Gantz et Biden se prononcera contre lui. Si Bibi va avec Gantz, sa coalition s’effondre et son avenir politique est voué à l’échec.

Alors que Biden tente de s’attaquer à la racine du problème, en cherchant une solution durable au sanglant conflit israélo-palestinien [sic], la coalition et l’opposition israéliennes se querellent sur l’avenir du nord de la bande de Gaza. Les Israéliens ne sont pas actuellement ouverts à des solutions radicales. En réalité, ils ne l’ont jamais été. Ils ont toujours préféré la gestion des conflits à leur résolution.

Malgré le sentiment profond de chaque Israélien que le 7 octobre est un moment décisif, le plus grand désastre qui ait frappé le pays depuis sa fondation, il n’y a actuellement ni ouverture ni énergie mentale pour aller au fond des choses. En apparence, tout le monde comprend que l’armée a échoué et que la confiance en elle a été brisée. Tout le monde comprend que le premier responsable de ce désastre se trouve au sommet de la pyramide, le Premier ministre Binyamin Netanyahou. Il nie sa responsabilité en la rejetant sur l’armée, dont tous les commandants ont déjà assumé la responsabilité de cet échec.

Et c’est là que réside l’absurdité : Quel est l’échec de Netanyahou ? Il a fait confiance au Hamas, l’a financé, lui a permis de se renforcer afin d’affaiblir l’Autorité palestinienne et d’enterrer définitivement l’idée de deux États. Après tout cela, Biden vient le voir une fois de plus avec le même mantra d’un État palestinien. Conclusion de Netanyahou : il n’y a personne à qui faire confiance, ni à l’Autorité palestinienne ni au Hamas. Et que faut-il faire ? Il n’a pas de réponse pour l’instant et de toute façon, taisez-vous, on est en guerre !

Face à cet échec colossal, qui a mis Israël à genoux et obligé les USA à venir à son secours, le président usaméricain, qui a mis tous ses œufs dans le panier israélien, se gratte la tête. Comment ouvrir les yeux des Israéliens, comment les convaincre que l’illusion que le conflit peut être géré au lieu d’être résolu est à la base de l’échec du 7 octobre ? Je vais leur apporter une solution sous la forme d’un État palestinien enveloppé dans les atours saoudiens. Le cadeau lui-même ne leur plaira peut-être pas, mais l’emballage les incitera à l’accepter.

Le problème avec Biden, c’est qu’il n’a personne avec qui travailler. Les acteurs sur lesquels il compte sont très éloignés de sa vision du monde et de ses politiques. Comment faire confiance au Saoudien Mohamed Ben Salman, ce même MBS que Biden a déclaré, lors de son élection, être une personnalité indésirable ? Quelle Autorité palestinienne peut être construite avec un prince sanguinaire qui méprise la démocratie et massacre les opposants politiques ? Quelle sorte d’Autorité palestinienne peut être établie lorsque ses représentants sont impliqués dans la corruption et suppriment tout signe de liberté et de démocratie ?  Et surtout, quelle sorte d’Autorité palestinienne « améliorée » sera construite lorsque le Hamas se cache derrière elle ? Ne s’agit-il pas simplement d’une réplique du modèle du Hezbollah, qui se cache derrière le gouvernement libanais mais en est l’acteur déterminant ?

Les Sages demandent à Israël de se conformer immédiatement aux mesures conservatoires de la CIJ

The Elders, 29/1/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

The Elders (Les Anciens, ou Les Sages) est un groupe indépendant de dirigeants du monde œuvrant pour la paix, la justice, les droits humains et une planète durable. Il a été fondé par Nelson Mandela en 2007 @TheElders

Déclaration : Les Sages demandent à Israël de se conformer immédiatement aux mesures conservatoires ordonnées par la Cour internationale de justice (CIJ) pour protéger les Palestiniens de Gaza contre les actes de génocide.

 

Les Sages demandent également aux alliés d'Israël d'affirmer publiquement leur respect de la décision de la Cour et d'utiliser les leviers politiques, militaires et financiers à leur disposition pour s'assurer qu'Israël respecte les mesures conservatoires.

La décision juridiquement contraignante de la CIJ est un moment d'une extrême gravité.

Les forces israéliennes ont tué plus de 25 000 Palestiniens à Gaza, détruit des maisons et des infrastructures sur l'ensemble du territoire et déplacé jusqu'à 1,9 million de personnes. Les Sages partagent le jugement de la Cour selon lequel cette ampleur de la dévastation risque de causer un préjudice irréparable à la population de Gaza.

Israël, en tant que puissance militaire occupante, doit se conformer à l'arrêt de la Cour et mettre en œuvre les mesures conservatoires dans leur intégralité. Il doit notamment veiller à ce que son armée ne commette aucun acte de génocide à l'encontre du peuple palestinien en tant que groupe protégé, y compris en tuant des membres de ce groupe. Il s'agit également d'empêcher l'incitation au génocide et de permettre la fourniture des services de base et de l'aide humanitaire dont le pays a un besoin urgent. Une mesure immédiate doit être la levée du siège de Gaza et la fin de la punition collective des Palestiniens.

Les Sages soutiennent l'accent mis par la Cour sur le fait que toutes les parties au conflit sont liées par le droit international humanitaire, ainsi que son appel à la libération immédiate et inconditionnelle des otages détenus par le Hamas et d'autres groupes armés.

Tous les États ont la responsabilité de respecter l'arrêt de la Cour. L'Afrique du Sud a fait preuve de leadership moral en portant cette affaire devant la Cour, et il incombe maintenant aux autres - en particulier aux alliés d'Israël et au Conseil de sécurité des Nations unies - de respecter leurs propres obligations morales et juridiques de prévenir les actes de génocide et de soutenir l'arrêt de la CIJ.

Au minimum, les alliés d'Israël doivent s'assurer qu'ils ne sont pas complices de crimes atroces. Les Sages réitèrent donc leur appel à tous les pays qui fournissent une assistance militaire à Israël pour qu'ils réexaminent cette assistance et fixent de nouvelles conditions pour la fournir à l'avenir. Les gouvernements qui fournissent une assistance militaire en sachant que des atrocités sont commises ou sont imminentes risquent d'être complices. La légitime défense ne peut en aucun cas justifier les crimes atroces.

Pendant trop longtemps, les alliés d'Israël - en particulier les USA et de nombreux États européens - ont fourni une couverture politique à ses violations du droit international.  Cette impunité doit cesser maintenant.

Les dirigeants politiques qui choisissent d'ignorer ou de saper l'arrêt de la Cour risquent d'affaiblir davantage l'État de droit international à un moment où il est déjà gravement menacé. Le Conseil de sécurité des Nations unies a un rôle essentiel à jouer pour garantir le respect de l'arrêt de la CIJ et l'application cohérente du droit international. Le monde nous regarde.

Mary Robinson, ancienne présidente de l'Irlande et présidente de The Elders

Ban Ki-moon, ancien secrétaire général des Nations unies et vice-président de The Elders

Graça Machel, fondatrice du Graça Machel Trust, cofondatrice et vice-présidente de The Elders

Gro Harlem Brundtland, ancienne Première ministre de Norvège et ancienne directrice générale de l'OMS

Helen Clark, ancienne Première ministre de Nouvelle-Zélande et ancienne directrice du Programme des Nations unies pour le développement

Elbegdorj Tsakhia, ancien président et premier ministre de Mongolie

Zeid Ra'ad Al Hussein, ancien Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme

Hina Jilani, avocate à la Cour suprême du Pakistan et coprésidente de la
Taskforce on Justice (Groupe de travail sur la justice)

Ellen Johnson Sirleaf, ancienne présidente du Liberia et lauréate du prix Nobel de la paix

Ricardo Lagos, ancien président du Chili

Juan Manuel Santos, ancien président de la Colombie et lauréat du prix Nobel de la paix

Ernesto Zedillo, ancien président du Mexique

 

The Elders call for immediate compliance by Israel with ICJ provisional measures


The Elders, 29/1/2024

The Elders was founded by Nelson Mandela in 2007. We are an independent group of global leaders working for peace, justice, human rights and a sustainable planet. @TheElders

 

Statement:  The Elders call for Israel to comply immediately with the provisional measures ordered by the International Court of Justice (ICJ) to protect Palestinians in Gaza from acts of genocide.

 


The Elders also call for Israel’s allies to publicly affirm their respect for the Court’s ruling, and to use the political, military and financial leverage at their disposal to ensure Israel’s compliance with the provisional measures.
 
The ICJ’s legally binding decision is a moment of the utmost gravity. 

Israeli forces have killed over 25,000 Palestinians in Gaza, destroyed homes and infrastructure across the territory and displaced up to 1.9 million people. The Elders share the Court’s judgement that this scale of devastation risks causing irreparable harm to the people of Gaza.
  
Israel, as the occupying military power, must comply with the Court’s ruling and implement the provisional measures in full. This includes ensuring its military does not commit any acts of genocide against the Palestinian people as a protected group, including killing members of the group. It also includes preventing incitement to genocide, and enabling provision of urgently needed basic services and humanitarian assistance. An immediate step must be to lift the siege of Gaza and end the collective punishment of Palestinians.

The Elders support the Court’s emphasis that all parties to the conflict are bound by international humanitarian law, and its call for the immediate and unconditional release of the hostages held by Hamas and other armed groups.

All states have a responsibility to respect the Court’s ruling. South Africa has shown moral leadership in bringing this case, and it is now incumbent on others – particularly Israel’s allies and the UN Security Council – to live up to their own moral and legal obligations to prevent acts of genocide, and support the ICJ’s ruling.

As a minimum, Israel’s allies must ensure they are not complicit in any atrocity crimes. The Elders thus reiterate their call for all countries providing military assistance to Israel to place this under review and set new conditions for future provision. Governments which provide military assistance in the knowledge that atrocities are being committed, or may be imminent, risk being complicit. Self-defence can never be a justification for atrocity crimes.

For too long, Israel’s allies – particularly the United States and many European states – have provided political cover for its violations of international law.  This impunity must end now.
  
Political leaders who choose to disregard or undermine the Court’s ruling risk further weakening the international rule of law at a time when it is already acutely under threat. The UN Security Council has a vital role in ensuring compliance with the ICJ ruling and upholding the consistent application of international law. The world is watching.

Mary Robinson, former President of Ireland and Chair of The Elders

Ban Ki-moon, former UN Secretary-General and Deputy Chair of The Elders

Graça Machel, Founder of the Graça Machel Trust, Co-founder and Deputy Chair of The Elders 

Gro Harlem Brundtland, former Prime Minister of Norway and former Director-General of the WHO

Helen Clark, former Prime Minister of New Zealand and former head of the UN Development Programme

Elbegdorj Tsakhia, former President and Prime Minister of Mongolia

Zeid Ra'ad Al Hussein, former UN High Commissioner for Human Rights

Hina Jilani, Advocate of the Supreme Court of Pakistan and co-chair of the Taskforce on Justice

Ellen Johnson Sirleaf, former President of Liberia and Nobel Peace Laureate

Ricardo Lagos, former President of Chile

Juan Manuel Santos, former President of Colombia and Nobel Peace Laureate

Ernesto Zedillo, former President of Mexico