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06/10/2025

TIGRILLO L. ANUDO
Les flottilles qui sont kidnappées chaque jour

Tigrillo L. Anudo, 6 octobre 2025
Traduit par Tlaxcala

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Le monde change peu. Les schémas historiques se répètent. Le passé n’est jamais parti. La chosification des êtres humains continue. La colonisation est toujours à l’ordre du jour. La piraterie en eaux internationales renaît avec d’autres acteurs (qui a finalement gardé les aides et les biens des passagers de la flottille humanitaire en route vers Gaza ?). On qualifie de “terroristes” ceux qui entreprennent des actions en faveur de la justice.


L’arraisonnement de la Global Sumud Flotilla, qui transportait une aide humanitaire au peuple martyrisé de Gaza, est ce qui se produit quotidiennement dans de nombreux pays. Cela se passe en ce moment même en Équateur, au Pérou, en Argentine, où les politiques néolibérales soumettent la population à la faim, au manque d’accès à la santé, à l’éducation, au logement, à l’emploi — à une mort lente.

La différence, c’est qu’il ne s’agit pas de flottilles naviguant sur la mer. Ce sont des flottilles d’investissements sociaux, kidnappées dans des congrès et assemblées ploutocratiques corrompues. Cette pratique du capitalisme global est plus visible dans une nation envahie, massacrée et humiliée par l’idéologie sioniste : conception d’un État suprémaciste menant un nettoyage ethnique contre ceux qu’il considère comme “inférieurs” et “terroristes”.

Dans les pays cités, ce sont les droits humains d’autres ethnies (indigènes, afrodescendants, paysans, ouvriers métis) sont séquestrés. Des régimes dictatoriaux et répressifs y opèrent. Ils ne tuent pas avec des bombardiers ou l’intelligence artificielle, mais par la négation de la dignité humaine — ignominie invisibilisée par les médias capitalistes et les systèmes éducatifs programmant des analphabètes politiques.

Tout est lié. Daniel Noboa (Équateur), Dina Boluarte (Pérou) et Javier Milei (Argentine) sont alliés du gouvernement sioniste de Netanyahou. De même, Donald Trump et plusieurs dirigeants européens font affaire avec le régime israélien et défendent. Bien que certains gouvernements d’Europe aient verbalement condamné les actions terroristes de l’État israélien (comme l’Italie ou l’Espagne), ils ont fini par baisser la tête face au génocide. Ils manquent de courage. Ils craignent de sortir du club des puissants complices du monde.

Le gouvernement des USA suit l’idéologie sioniste, c’est son modèle. C’est l’allié naturel de ceux qui incarnent le capitalisme 2.0 : usure, contrôle bancaire et financier, industries lucratives, production d’armes, surveillance, espionnage, exploitation accrue du travail. Le capitalisme 2.0 fait progresser la technologie, mais régresser l’humanité.

Israël enseigne aux USA comment faire des affaires, en l’associant à des projets hôteliers sur le territoire palestinien. Ni le droit international ni les droits humains ne freinent le taux de profit. L’élite politique mondiale reste permissive face au génocide de Gaza, par intérêt économique et diplomatique.

Même les romans dystopiques du XXe siècle n’avaient pas imaginé l’utopie négative actuelle : un petit pays, armé jusqu’aux dents et soutenu par l’empire usaméricain, défend son “droit” à commettre un génocide. Il considère même l’envoi d’eau, de nourriture, de médicaments à Gaza comme des actes “terroristes” financés par le Hamas. Il impose un blocus maritime depuis 17 ans, condamnant Gaza à la soif, à la faim, au manque de soins, violant le droit maritime international. Qui se soucie de la Palestine ?

Comment affronter le danger que représente le terrorisme d’État d’Israël ? Les marches et les flottilles humanitaires sont plus symboliques qu’efficaces. Cependant, elles sont précieuses et doivent continuer car elles rendent visible l’infâme offensive d’une machine qui tue enfants et femmes. Il existe aussi des campagnes de boycott contre les entreprises qui financent le terrorisme de l’armée sioniste. Leur portée est limitée, mais elles s’ajoutent au cri pour la paix. Le président Petro a proposé une Armée de Salut de l’Humanité, mais il n’y a pas eu de réponse opportune pour la concrétiser. Le président Trump a annoncé un “plan de paix” recolonisateur pour freiner la “guerre” (il ne dit pas “génocide”) et administrer avec Tony Blair (tueur d’Asiatiques) la bande de Gaza. Une tromperie et une moquerie envers le monde. Ils annulent l’autodétermination des peuples d’un trait de plume, ils décident pour la Palestine.

Tout indique que le désordre qui détruit le droit international ne pourra être compensé que par l’usage de la force par de nouveaux acteurs audacieux. Les Houthis du Yémen, un pays pauvre ravagé par la guerre, ont osé lancer des drones et missiles vers Israël ; ils le font par solidarité avec la Palestine, pour se faire entendre comme nation ignorée et frappée, pour des motifs historiques et religieux, pour la stratégie, le calcul politique, et parce qu’ils ont la dignité et le courage qui manquent aux nations riches. Ces actions, ainsi que les réponses avec missiles supersoniques de l’Iran qui ont mis en pièces le Dôme de fer d’Israël, encouragent d’autres pays à intervenir pour arrêter les massacres impunis commis quotidiennement par les militaires fanatiques dirigés par Netanyahu. Israël n’est pas si invulnérable ; cela a été démontré. Et un pays minuscule comme le Yémen comprend qu’il peut jouer un rôle en contrôlant la mer Rouge, par où navigue une grande partie des combustibles et marchandises du commerce international. Dans un monde où sont violées les règles de coexistence et de respect entre nations, on autorise la continuation de ces violations par d’autres intéressés. Israël risque d’être effacé de la carte pour son défi persistant à la paix et à la moralité internationales.

Ahmed Rahma, Türkiye

Si l’armée israélienne s’arroge le droit de kidnapper des bateaux dans les eaux internationales, elle valide le fait que les Houthis attaquent les navires transportant des armes, marchandises ou combustibles par le détroit de Bab el-Mandeb, l’entrée sud de la mer Rouge, par où transitent les navires chargés de pétrole qui approvisionnent non seulement Israël, mais aussi l’Europe et les USA. Les navires de ce dernier pays souffriront aussi. Les prix du pétrole peuvent augmenter. L’économie mondiale pourrait être affectée. La loi de la jungle s’étend sur la planète ; un avenir incertain pourrait marquer les relations internationales.

La dispute des marchés et des routes commerciales mondiales place dans un jeu d’échecs la Russie, la Chine, l’UEurope et les USA. Aucun d’entre eux ne se soucie du sort de la Palestine. Ils se préoccupent de la manière dont ils se positionnent face à leurs adversaires. Chaque fois qu’un nouveau front de guerre s’ouvre pour les USA, Russes et Chinois en profitent. Ils veulent que les USA s’épuisent en aidant leurs partenaires israéliens. Voilà pourquoi ours et dragons n’entrent pas énergiquement en scène pour défendre la Palestine. C’est ainsi que fonctionne l’économie politique. De petits pays comme le Yémen et le Liban (Hezbollah) font plus pour les Gazaouis que les grandes puissances. Les gouvernements arabes ne parviennent pas non plus à s’entendre sur la manière d’aider leurs frères palestiniens, ni sur la façon de faire face au défi sioniste.

Seuls les peuples sauvent les peuples. D’autres initiatives seront indispensables pour freiner le génocide. Il n’y a aucune puissance militaire qui sauve des vies à Gaza. Aucun gouvernement n’ose intercéder pour les Palestiniens massacrés. Aucun ne veut “avoir des problèmes”, chacun regarde son propre intérêt. Jusqu’à présent, seule l’Indonésie a proposé 20 000 soldats pour une improbable armée de salut. Personne ne croit aux armées de salut.

Gaza est seule. Ses habitants continuent de tomber sous les balles assassines de Netanyahou. Après Hiroshima et Nagasaki, le génocide palestinien est le plus grand échec de l’humanité.
La coupole sioniste est déterminée à exterminer les habitants de Gaza.
Elle le fait depuis 1947, lorsque ses alliés britanniques les ont placés délibérément sur le territoire palestinien.
Sa haine et sa peur (manque d’amour) l’ont amenée à considérer tous les Palestiniens comme des terroristes.
Elle dit la même chose de ceux qui tentent de leur apporter de l’aide.
Le fascisme est en train de régner, et nous ne nous en sommes pas rendu compte.

 

05/10/2025

GIDEON LEVY
Oui, il faut pleurer sur le sang versé : des générations passeront avant que Gaza oublie le génocide


Gideon Levy, Haaretz, 5/10/2025
Traduit par Tlaxcala

Il faut une dose extraordinaire d’optimisme pour ne pas être accablé – ou rabat-joie – face à l’accord sur Gaza. Mais c’est possible : la proposition présente certains points positifs.


Des Palestiniens inspectent les dégâts dans un quartier résidentiel après une opération israélienne dans la zone, samedi.
Photo Ebrahim Hajjaj / REUTERS


Ce n’est pas un accord de paix entre Israël et Gaza, ce qui aurait bien sûr été préférable, mais plutôt un accord que les USA ont imposé à Israël. Il est depuis longtemps évident que seul un accord imposé peut amener Israël à changer. Le voici donc. C’est un signe d’espoir pour la poursuite d’une politique usaméricaine contraignante — sans laquelle rien ne bouge.

Des dizaines de milliers de vies ont été sauvées ce week-end. La peur, la faim, les maladies, les souffrances et les privations de plus de deux millions de personnes pourraient peu à peu prendre fin. Dimanche, elles auront au moins leur première nuit de sommeil sans la menace des bombardements au-dessus de leurs têtes. Des centaines de personnes retrouveront aussi leur liberté : les 20 otages israéliens encore en vie, les 250 prisonniers palestiniens purgeant des peines à perpétuité en Israël, et les 1 800 habitants de Gaza, pour la plupart innocents, détenus en Israël.

Oui, dans un même souffle : les détenus palestiniens ont eux aussi des familles qui ont enduré des mois, voire des années, d’angoisse et d’incertitude quant au sort de leurs proches. La plupart méritent enfin d’être libérés. Aucun des 1 800 détenus de Gaza qui seront libérés n’a été jugé. Eux aussi ont été enlevés. Il vaut mieux éviter de comparer les conditions de détention : elles ont été terribles des deux côtés. Leur libération est donc une source de joie – pour tous : tous les otages et toutes les familles.

Cet accord rétablit l’ordre dans les relations usaméricano-israéliennes : Israël est l’État client, et les USA la superpuissance. Ces définitions s’étaient complètement brouillées ces dernières années, au point que, surtout sous les administrations Obama et Biden, il semblait parfois qu’Israël était le patron et l’USAmérique son protectorat. Enfin, un président usaméricain ose utiliser le levier immense dont il dispose pour dicter les actions d’Israël. Les décisions imposées par Donald Trump sont bénéfiques pour Israël — même si peu l’admettent.

Mettre fin à la guerre est bien sûr une bonne chose pour Gaza, mais c’est aussi une bonne chose pour Israël. Ce n’est pas le moment d’énumérer tous les dommages terribles que cette guerre a causés à Israël, certains irréversibles. Le monde n’oubliera pas de sitôt le génocide ; il faudra des générations avant que Gaza oublie.
Arrêter la guerre maintenant est le moindre mal pour Israël, qui a perdu son chemin. Ces derniers mois, le pays était au bord de l’effondrement moral et stratégique. L’oncle Donald le ramène à ses proportions d’origine et, peut-être, lui ouvre une voie différente.

Israël aurait pu éviter cette guerre, qui ne lui a causé que du tort. Mais il aurait aussi pu gérer sa fin autrement. Des négociations directes avec le Hamas et des gestes de bonne volonté auraient pu changer la donne. Un retrait total de la bande de Gaza et la libération de tous les prisonniers auraient signalé un nouveau départ. Mais Israël, comme toujours, a choisi d’agir différemment — de ne faire que ce qu’on lui impose.

Gaza, et même le Hamas, sortent de cette guerre debout. Battus, saignants, épuisés, ruinés, mais debout. Gaza est devenue une Hiroshima, mais son esprit vit encore. La cause palestinienne avait complètement disparu de l’agenda international — encore un moment de paix avec l’Arabie saoudite, et les Palestiniens seraient devenus les Indiens d’Amérique de la région — puis la guerre est venue, les ramenant au centre de l’attention mondiale. Le monde les aime, le monde les plaint.

Il n’y a pas de consolation pour les habitants de Gaza, qui ont payé un prix indescriptible — et le monde pourrait encore les oublier —, mais pour l’instant, ils sont au sommet de l’attention mondiale.

Ce moment doit être saisi pour changer l’état d’esprit en Israël : il est temps que les Israéliens ouvrent les yeux et voient ce qu’ils ont fait.

Peut-être qu’il ne sert à rien de pleurer sur le lait renversé, mais le sang versé est autre chose. Il est temps d’ouvrir la bande de Gaza aux médias et de dire aux Israéliens : “Voyez, voilà ce que nous avons fait”.
Il est temps d’apprendre que s’appuyer uniquement sur la force militaire mène à la dévastation.
Il est temps de comprendre qu’en Cisjordanie, nous créons un autre Gaza.
Et il est temps de regarder droit devant et de dire : nous avons péché, nous avons agi avec perversité, nous avons transgressé.

JORGE MAJFUD
Les Accords de paix de l’homme blanc accro

Jorge Majfud pour La Pluma et Tlaxcala, 5/10/2025
Traduit par Tlaxcala

 

Le 29 septembre 2025, le New York Times a rendu compte de la réunion à la Maison-Blanche entre le président Trump et le premier ministre israélien Netanyahou.
Son titre annonçait : 
« Trump et Netanyahou disent au Hamas d’accepter leur plan de paix — ou sinon… »
Le sous-titre précisait ces points de suspension : « Le président Trump a déclaré qu’Israël aurait feu vert pour “finir le boulot” si le Hamas refusait d’accepter l’accord de cessez-le-feu. »


Cessez-le-feu…
Ce n’est pas que l’histoire rime : elle se répète.
Depuis le XVe siècle, tous les accords signés par les empires européens ont été imposés par la force des armes et systématiquement violés dès qu’ils cessaient de leur être utiles ou lorsqu’ils avaient réussi à avancer leurs lignes de feu.
Destruction et spoliation, assaisonnées d’une bonne cause : la civilisation, la liberté, la démocratie et le droit de l’envahisseur à se défendre.

Ce fut, pendant des siècles, la même histoire, celle de la diplomatie entre peuples autochtones et colons blancs — en rien différente du cas le plus récent de « l’Accord de paix » proposé et imposé sous menace par Washington et Tel-Aviv à la Palestine.
C’est la même histoire : la violation de tous les traités de paix conclus avec les nations autochtones, de part et d’autre des Appalaches, avant et après 1776.
Puis, ce que les historiens appellent « l’Achat de la Louisiane » (1803) ne fut pas un achat mais une spoliation brutale des nations autochtones, propriétaires ancestrales de ce territoire aussi vaste que tout le jeune pays anglo-américain.
Aucun autochtone ne fut invité à la table des négociations à Paris, bien loin des spoliés.
Et lorsque l’un de ces accords compta un “représentant” des peuples agressés — comme dans le cas du traité cherokee de 1835 — il s’agissait d’un faux représentant, un Guaidó inventé par les colons blancs.

Il en alla de même du transfert des dernières colonies espagnoles (Cuba, Porto Rico, Philippines, Guam) aux USA.
Alors que des centaines de Sioux teignaient de rouge les neiges du Dakota pour réclamer le paiement prévu par le traité les ayant forcés à vendre leurs terres, à Paris on signait un nouvel accord de paix concernant les peuples tropicaux.
Aucun représentant des spoliés ne fut invité à négocier l’accord censé rendre possible leur libération.

Pour Theodore Roosevelt, « la plus juste de toutes les guerres est la guerre contre les sauvages (…) les seuls bons Indiens sont les Indiens morts. »
Plus au sud, il écrivit et publia : « les Noirs sont une race stupide. »
Selon Roosevelt, la démocratie avait été inventée au bénéfice de la race blanche, seule capable de civilisation et de beauté.

À cette époque, l’ethnie anglo-saxonne avait besoin d’une justification à sa brutalité et à sa manie de voler puis de blanchir ses crimes par des accords de paix imposés par la force.
Comme, dans la seconde moitié du XIXe siècle, le paradigme scientifique avait remplacé la religion, cette justification devint la supériorité raciale.

L’Europe tenait la majeure partie du monde sous sa coupe grâce à son fanatisme et à son addiction à la poudre.
Les théories sur la supériorité de l’homme blanc allaient de pair avec sa victimisation : les Noirs, Bruns, Rouges et Jaunes abusaient de sa générosité tout en menaçant la minorité de la race supérieure d’un remplacement par la majorité des races inférieures.
Cela ne vous rappelle rien ?

Comme ces théories biologisantes n’étaient pas suffisamment étayées, on fit appel à l’histoire.
À la fin du XIXe siècle, l’Europe pullulait de théories linguistiques puis anthropologiques sur l’origine pure de la race noble (aryenne, iranienne), la race blanche issue des Védas hindous.
Ces histoires tirées par les cheveux — et les symboles hindous comme la croix gammée nazie ou ce que l’on appelle aujourd’hui l’étoile de David (utilisée par diverses cultures depuis des siècles mais originaire de l’Inde) — se popularisèrent comme symboles raciaux imprimés.



Ce n’est pas un hasard si, à ce moment précis, les théories suprémacistes et le sionisme furent fondés et articulés dans leurs concepts historiques, dans l’Europe blanche, raciste et impérialiste du Nord.
Même le fondateur du sionisme, Theodor Herzl, considérait que les Juifs appartenaient à la « race aryenne supérieure ».

Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, ces suprémacismes coexistèrent avec quelques frictions, mais pas au point de les empêcher de conclure des accords : comme l’Accord Haavara entre nazis et sionistes, qui transféra pendant des années des dizaines de milliers de Juifs blancs (de « bon matériel génétique ») vers la Palestine.
Les premiers antisionistes ne furent pas les Palestiniens qui les accueillirent, mais les Juifs européens qui résistèrent à cet accord de nettoyage ethnique.
Au moment même où l’on colonisait et spoliait les Palestiniens de leurs terres, on colonisait et spoliait le judaïsme de sa tradition.

Lorsque les Soviétiques écrasèrent les nazis de Hitler, être suprémaciste devint une honte. Soudain, Winston Churchill et les millionnaires américains cessèrent de se vanter d’être nazis. Auparavant, la déclaration Balfour-Rothschild de 1917 avait été un accord entre Blancs pour diviser et occuper un territoire de « races inférieures ». Comme le déclara le raciste et génocidaire Churchill, alors ministre de la Guerre : « Je suis tout à fait favorable à l’usage de gaz toxiques contre les tribus non civilisées. » [et il le fit en Irak, NdT]

Mais la brutale irrationalité de la Seconde Guerre mondiale mit également fin à l’ère moderne fondée sur la raison et le progrès. Les sciences et la pensée critique cédèrent la place à l’irrationalité du consumérisme et des religions.

Ainsi, les sionistes d’aujourd’hui n’insistent plus devant l’ONU ou la Maison-Blanche sur leur supériorité aryenne, mais sur leurs droits spéciaux en tant que Sémites élus de Dieu.
Netanyahou et ses escortes évangéliques invoquent mille fois la sacralité biblique d’Israël, comme si lui et le roi David ne faisaient qu’un et comme si ce peuple sémite à la peau foncée d’il y a trois mille ans était le même que les Khazars du Caucase ayant adopté le judaïsme dans l’Europe médiévale.

L’accord de Washington entre Trump et Netanyahou, destiné à être accepté par les Palestiniens, est illégitime dès le début. Peu importe combien de fois on répète le mot paix — tout comme il importe peu de répéter le mot amour pendant qu’on viole une femme. Ce sera toujours un viol, comme le sont l’occupation et l’apartheid d’Israël sur la Palestine.

Le mardi 30 septembre, le ministre de la Guerre des USA, Pete Hegseth, réunit ses généraux et cita George Washington : « Celui qui désire la paix doit se préparer à la guerre », non pas parce que Washington « voulait la guerre, mais parce qu’il aimait la paix ».

Le président Trump conclut : ce serait un affront pour les USA s’il ne recevait pas le prix Nobel de la paix.

En 1933, dans son discours devant le Reichstag, le candidat au prix Nobel de la paix Adolf Hitler déclara que l’Allemagne ne désirait que la paix. Trois ans plus tard, après avoir occupé militairement la Rhénanie, il insista sur le fait que l’Allemagne était une nation pacifiste cherchant simplement sa sécurité.

Même si le nouvel accord entre Washington et Tel-Aviv était accepté par le Hamas (l’une des créatures de Netanyahou), tôt ou tard il serait violé par Tel-Aviv. Car, pour la race supérieure, pour les peuples élus, il n’existe pas d’accords avec les êtres inférieurs, mais des stratégies de pillage et d’anéantissement : des stratégies de diabolisation de l’esclave, du colonisé, et de victimisation du pauvre homme blanc, cet accro à la poudre — désormais à la poudre blanche.


03/10/2025

RYAN GRIM/MURTAZA HUSSAIN
Comment Larry Ellison et Ron Prosor ont sélectionné Marco Rubio pour sa fidélité à Israël
Les révélations de courriels piratés

Ryan Grim et Murtaza Hussain, DropSiteNews, 2/10/2025
Traduit par Tlaxcala

Tout semble se mettre en place pour Larry Ellison. Le milliardaire cofondateur du géant technologique Oracle, qui a été épisodiquement l’homme le plus riche du monde (doublant Musk au poteau), et fervent soutien d’Israël, s’apprête à jouer un rôle de premier plan dans la refonte de TikTok aux USA. Son fils, David Ellison, est en passe de prendre le contrôle de larges pans des médias, dont CBS News, CNN, Warner Brothers et Paramount, et aurait recruté la star facho Bari Weiss, de la Free Press, pour orienter la ligne éditoriale.


Larry Ellison à la Maison Blanche avec Trump le 21 janvier 2025. Photo Andrew Harnik/Getty Images

« La famille Ellison est en train de monopoliser l’attention et les données, de la même manière que les Vanderbilt l’ont fait avec les chemins de fer et les Rockefeller avec le pétrole », résumait récemment Wired. La manière dont elle prévoit d’exploiter ce monopole devrait être testée dans ce que le président Donald Trump appelle la « Nouvelle Gaza », une zone franche techno-dystopique administrée par un Conseil de la paix dirigé par Trump et par le véhicule politique et commercial de longue date d’Ellison, Tony Blair. Ellison a donné ou promis plus de 350 millions de dollars à l’Institut Tony Blair, que Blair a utilisé pour promouvoir la vision d’Ellison : une alliance entre gouvernement, pouvoir des grandes entreprises et surveillance technologique. En fournissant l’infrastructure de bases de données et des services de cloud computing à d’autres géants comme FedEx et NVIDIA, Oracle est discrètement devenu l’une des entreprises les plus puissantes du monde.

En tant que chef de la diplomatie usaméricaine, le secrétaire d’État Marco Rubio a également joué un rôle dans les discussions sur TikTok, qui ont orienté l’entreprise vers Ellison, après avoir mené, en tant que sénateur, la charge visant à diaboliser l’application. Il a aussi été étroitement impliqué dans le lancement du plan de Trump pour l’avenir de Gaza, qui confie l’enclave à Blair. Le gendre de Trump, Jared Kushner, avait chargé l’Institut Blair au printemps dernier d’élaborer un plan pour l’après-guerre à Gaza, récemment finalisé, selon le Times of Israel.

Que Rubio se retrouve dans une position aussi centrale tient en partie à Ellison, qui a été un grand mécène de l’ancien sénateur cubano-usaméricain de Floride. Ellison a d’abord « évalué » la loyauté de Rubio envers Israël dès le début de 2015, selon des échanges de courriels inédits examinés par Drop Site. Rubio s’est fait connaître comme un jeune sénateur conservateur soutenu par le Tea Party en 2010, lançant une campagne présidentielle lors du cycle de 2016. En tant que secrétaire d’État, Rubio a engagé une répression sans précédent contre la liberté d’expression, allant jusqu’à détenir et tenter d’expulser des critiques d’Israël, précisément pour le « crime » de leur critique d’Israël.

New York, novembre 2011  : rencontre Prosor-Le Pen fille à l'ONU 

Au début de l’année 2015, Ellison échangeait des courriels avec Ron Prosor, qui terminait alors son mandat d’ambassadeur d’Israël auprès des Nations unies ; il est aujourd’hui ambassadeur d’Israël en Allemagne.

  L’ambassadeur d’Israël en Allemagne, Ron Prosor, s’adresse à de jeunes juifs de toute l’Europe à la Porte de Brandebourg, lors du lancement du congrès européen de la jeunesse juive CTEEN, sous le regard de Felix Klein (à droite), commissaire fédéral allemand à l’antisémitisme, le 13 décembre 2024 à Berlin. Environ 500 adolescents juifs participaient à cet événement de quatre jours, baptisé « Shabbat à travers l’Europe », dans la capitale allemande. CTEEN est l’association de jeunesse de l’organisation juive internationale Chabad.
Photo Sean Gallup/Getty Images

À l’époque, Rubio était considéré comme un sérieux prétendant dans la primaire présidentielle républicaine, qui allait finalement inclure le candidat outsider Donald Trump. Les courriels montrent le diplomate israélien et Ellison organisant une rencontre, Prosor sollicitant l’avis d’Ellison sur Rubio en tant que candidat potentiel susceptible de défendre la cause d’Israël.


Le 26 avril 2015, Prosor envoya à Ellison un courriel intitulé « Discours de Rubio », demandant au fondateur et directeur technique d’Oracle de lui transmettre une copie d’un discours du candidat. (Les courriels ne précisent pas lequel, mais Rubio avait lancé sa campagne une semaine plus tôt par un discours dénonçant « l’hostilité envers Israël » de l’administration Obama.) Le lendemain, les deux hommes échangèrent des messages indiquant qu’ils avaient dîné ensemble, et qu’Ellison allait bientôt rencontrer Rubio directement. « J’ai moi aussi passé un très bon moment, Ron. J’attends avec impatience la prochaine fois », écrivit Ellison, ajoutant : « P.S. – Je te dirai comment se passe le dîner avec le sénateur Rubio. »

28/09/2025

BAHMAN KALBASI
Dans ses déclarations, le Département d’État US applique les positions d’Israël
Entretien avec Shahid Qureshi, licencié pour non-conformité

Bahman Kalbasi, BBC Persian, 17/9/2025
Traduit par Tlaxcala

Bahman Kalbasi est le correspondant de la BBC en langue persane aux Nations Unies à New York

Shahid Qureshi travaillait au Bureau des affaires publiques du Département d’État usaméricain et a récemment été licencié. Lors d’une émission spéciale, Qureshi a confié à Bahman Kalbasi : « Les condoléances aux familles des journalistes palestiniens tués par l’armée israélienne à Gaza et l’opposition des USA au nettoyage ethnique à Gaza étaient des positions que j’avais l’intention d’inclure dans les déclarations du Département d’État, conformément à la procédure habituelle, et c’est pourquoi j’ai été licencié ». Dans sa première interview accordée à un média en persan après son limogeage du Département d’État, Qureshi revient sur les événements et son expérience au sein de différentes administrations usaméricaines.

 

Bahman Kalbasi: Dans les mois qui ont suivi le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, la pression s’est accrue sur un certain nombre d’activistes et d’étudiants opposés à la guerre d’Israël à Gaza ; allant des tentatives de l’administration d’expulser certaines personnes qui n’étaient pas citoyennes américaines au licenciement d’autres personnes de leur emploi. Shahid Qureshi travaillait au service des relations publiques du département d’État américain et a été récemment licencié. Il avait tenté d’inclure, sur la base de la procédure habituelle, des condoléances aux familles de journalistes palestiniens tués par l’armée israélienne et son opposition au nettoyage ethnique à Gaza dans les déclarations du département d’État. Il affirme que c’est précisément la raison de son licenciement. C’est sa première interview avec un média persanophone depuis son renvoi du département d’État américain, dans laquelle il parle de son expérience au sein des administrations précédente et actuelle, ainsi que des événements. Je suis Bahman Kalbasi, et je m’entretiens avec cet ancien employé du département d’État américain dans un Dialogue Spécial.

 

Shahid Qureshi, merci pour l’opportunité que vous offrez à BBC Persian. Avant d’entrer dans le vif du sujet, pourriez-vous nous parler un peu de vous ? Où êtes-vous né ? Où avez-vous grandi ?

 

Shahid Qureshi : Oui, je suis né à Seattle en 1991. À l’université, j’ai étudié les Relations Internationales à l’Université de Washington. Mes parents sont de la ville de Saveh en Iran et sont venus en Amérique autour de la période de la révolution. Après avoir obtenu ma licence, je suis allé à Washington D.C. pour obtenir mon master dans la même discipline, les Relations Internationales.

 

Bahman Kalbasi: Comment avez-vous atterri au département d’État américain ?

 

Shahid Qureshi : Dès mon plus jeune âge, et après l’invasion de l’Irak par les, je suis devenu sensible aux guerres sans fin dans lesquelles les USA s’étaient engagés. J’avais le sentiment que l’image de l’Irak formée dans l’opinion publique américaine avant l’invasion avait contribué à justifier cette opération. Lorsque nous voyagions en Iran pour rendre visite à la famille et que nous revenions en Amérique, voir une image négative similaire se former sur l’Iran m’inquiétait sur le fait que ce qui s’était passé en Irak puisse se répéter pour l’Iran. C’est pourquoi je me suis beaucoup impliqué dans des organisations de la société civile qui travaillaient à mettre fin aux guerres en Irak et en Afghanistan et à empêcher leur répétition en Iran. En même temps, travailler au département d’État m’attirait en tant que diplomate, à la fois pour comprendre les forces qui mènent un pays à la guerre et pour aider à trouver des voies diplomatiques pour résoudre les différends plutôt que par la guerre. Je suis très heureux d’avoir pu y travailler pendant un moment.

 

Bahman Kalbasi: Lorsque vous avez rejoint le département d’État américain, que faisiez-vous exactement dans votre rôle au sein des relations publiques ? Quelles étaient vos fonctions ?

 

Shahid Qureshi : En septembre dernier, j’ai rejoint l’équipe des relations publiques du département d’État en tant que chargé de liaison médiatique pour les événements au Liban et en Jordanie. Un chargé de liaison médiatique a deux tâches principales. La première est de tenir continuellement le porte-parole du département d’État informé des derniers développements, des actualités et des questions que les médias pourraient poser avant qu’il ne monte au pupitre pour s’adresser aux journalistes. Pour mon secteur de couverture, la Jordanie et le Liban, il s’agissait de le préparer à expliquer les positions de l’administration dans ses réponses. 

La deuxième tâche du chargé de liaison est de répondre aux questions des médias, par exemple sur la position du gouvernement américain concernant un événement au Liban. Après quelques mois à ce poste, des responsables du département d’État ont décidé de me faire confiance pour la tâche plus importante de chargé de liaison médiatique pour les développements en Israël et en Palestine, ce qui, comme vous pouvez l’imaginer, au milieu de cette guerre, était une responsabilité bien plus lourde. Chaque jour, divers réseaux d’information me demandaient la position ou la réaction des USA concernant un événement de la guerre d’Israël à Gaza. 

Mon devoir, dans les administrations Biden et Trump, était d’écrire ma compréhension de la position du gouvernement américain et, avant de l’envoyer au journaliste ayant posé la question, de la montrer aux hauts fonctionnaires du département d’État dans les différents services concernés. Ils examinaient ce que j’avais écrit ligne par ligne et, s’ils le jugeaient nécessaire, supprimaient ou ajoutaient un mot ou quelques lignes. Lorsque le texte final était prêt, je l’envoyais au septième étage du bâtiment du département d’État, où se trouvent les conseillers principaux et les adjoints du secrétaire d’État, pour approbation. Ensuite, je le remettais au journaliste comme position officielle du gouvernement américain ou je le fournissais au porte-parole avant un point presse pour qu’il le place dans le dossier classé par pays, afin qu’il soit préparé à répondre si la même question était soulevée. Lorsque vous lisez dans un article de presse qu’« un porte-parole du département d’État nous a dit... », cette personne est soit moi, soit un autre chargé de liaison médiatique. Comme je l’ai dit, il y a un ou plusieurs chargés de liaison pour chaque région ou continent.

 

Bahman Kalbasi: Venons-en à la semaine qui a conduit à votre licenciement. Que s’est-il exactement passé cette semaine-là, et qu’essayiez-vous d’inclure dans les déclarations du département d’État ou vos réponses aux journalistes qui a mis en colère les hauts responsables du département d’État ?

 

GIDEON LEVY
Netanyahou, si tuer 20 000 enfants à Gaza est une bonne chose, alors qu’est-ce qui est mal ?

Gideon Levy, Haaretz, 28/9/2025
Traduit par Tlaxcala

« Nous n’en avons pas encore fini », a-t-il déclaré d’une voix tonitruante, menaçant comme un parrain de la mafia la bande de Gaza mourante devant l’Assemblée générale des Nations unies, aussi vide qu’un cinéma qui aurait projeté le même film pendant trop longtemps. « Nous n’en avons pas encore fini », a-t-il également menacé les Israéliens qui veulent déjà le voir disparaître de leur vie.

Le discours prononcé vendredi par le Premier ministre Benjamin Netanyahou a une nouvelle fois mis en évidence le fait que nous n’en avons pas encore fini avec lui et qu’il n’en a pas encore fini avec la bande de Gaza et avec nous.

Malgré l’étrange pin’s avec un code QR renvoyant vers des images et des vidéos du massacre du 7 octobre, les gadgets enfantins, le quiz, la carte et les haut-parleurs à Gaza, il reste un démagogue de premier ordre : un meurtrier de masse, l’homme le plus recherché au monde – le simple fait qu’il soit autorisé à monter sur l’estrade de l’ONU est un scandale – se faisant passer pour Mère Teresa.

Quiconque l’écouterait sans rien savoir de ce que son pays fait à Gaza et en Cisjordanie pourrait être tenté de penser que les Forces de défense israéliennes sont l’Armée du Salut, qu’Israël rivalise avec l’UNICEF pour venir en aide aux enfants dans le besoin et qu’il est lui-même un disciple de longue date des enseignements du Mahatma Gandhi. Oui, Netanyahou n’a rien perdu de son talent.

Les débuts étaient prometteurs. L’exode massif de la salle aurait dû faire honte à tous les Israéliens et les amener enfin à se demander : Israël a-t-il finalement commis une erreur ? On peut supposer sans risque que la plupart des Israéliens répondraient : « C’est l’antisémitisme, idiot. »

Puis vint l’authenticité : le Premier ministre raconta fièrement comment Israël avait pilonné, détruit, écrasé, paralysé et dévasté toute la région environnante. Des dizaines de synonymes pour « anéantir ». Il a utilisé son marqueur noir habituel pour cocher la carte de l’année dernière, couvrant toute la zone de destruction et peut-être aussi celles à venir. Quel honneur. Seule Gaza manquait. Et la Cisjordanie. Peut-être les a-t-il oubliées.

Un groupe de flagorneurs – particulièrement restreint cette année, sans tous les riches Juifs des années précédentes – a applaudi ; le chef de cabinet du Premier ministre, Tzachi Braverman, a lancé des regards sévères à tout le monde, s’assurant que personne ne s’abstienne.

Puis vinrent la démagogie, la propagande et les mensonges insupportables, même selon ses propres critères. « Vous avez vu la photo d’Evyatar David. Émacié, contraint de creuser sa propre tombe », a-t-il déclaré. Avez-vous vu, Monsieur le Premier ministre, la photo de Marwan Barghouti dans une prison israélienne ?

Avez-vous vu le squelette humain, cet homme qui aurait pu apporter la paix ? Vous avez transformé le bien en mal... et le mal en bien, a-t-il prêché en termes bibliques aux pays européens qui ont reconnu l’État palestinien.

Par le bien, vous vouliez dire Israël, Netanyahou ? Comment votre main n’a-t-elle pas tremblé lorsque vous avez écrit ces mots ? Comment votre voix n’a-t-elle pas tremblé lorsque vous les avez prononcés ? Est-ce bien de tuer 1 000 bébés de moins d’un an et 20 000 enfants au total ? De créer 40 000 nouveaux orphelins ? De détruire systématiquement Gaza, sans laisser une seule pierre debout ?

Si c’est ça votre bien, alors qu’est-ce que le mal ? Est-il humain de parler d’autoriser une aide équivalente à 3 000 calories par jour pour chaque habitant de la bande de Gaza ? Est-il légitime de mentionner un beau jeune couple de l’ambassade israélienne à Washington qui a été assassiné à proximité pour la personne qui est responsable du meurtre de dizaines de milliers de beaux jeunes couples à Gaza – un massacre qu’il n’a pas terminé, de son propre aveu ?

Est-il juste d’affirmer (sans citer la source) que près de 90 % des Palestiniens ont soutenu l’attaque du 7 octobre, sans dire combien d’Israéliens juifs soutiennent le génocide, certains avec joie, d’autres en silence ? Le seul chiffre vrai qu’il a cité est que plus de 90 % des députés israéliens ont voté contre l’imposition d’un État palestinien. Comme c’est vrai et comme c’est honteux.

Le summum de cette démagogie mensongère est venu dans la défense contre les accusations de génocide. Les nazis ont-ils gentiment demandé aux Juifs de partir, a-t-il demandé, comparant Israël aux nazis. Eh bien, M. Netanyahou, les nazis ont expulsé les Juifs avant que l’extermination commence.

Entre 1939 et 1941, ils ont expulsé et déporté les Juifs d’Allemagne, de Tchécoslovaquie et d’Autriche vers la Pologne occupée. Leur plan Madagascar rappelle votre plan Riviera et celui de Donald Trump. L’holocauste arménien a également commencé par des expulsions massives.

Nous n’en avons pas encore fini, a déclaré mon Premier ministre, le Premier ministre de tous.

AVI SHLAIM
Le 7 octobre n’était pas la première fois que les sionistes ont laissé tomber “Shlomo Mantzur” (Salman Mansour)

Cet otage d’origine irakienne a été sacrifié deux fois sur l’autel du sionisme : d’abord en Irak, puis à nouveau à la frontière de Gaza.

Avi Shlaim, Haaretz , 16/2/2025
Traduit par Tlaxcala


Manifestation pour la fin de la guerre et un accord sur les otages à Tel Aviv. Au centre, un portrait de Mantzur, alias "Saba", le charpentier de Kissufim . Photo Moti Milrod

Shlomo Mantzur, 86 ans, était le plus âgé des 251 otages israéliens capturés par les militants du Hamas lors de leur attaque meurtrière du 7 octobre. Alors que la version sioniste des événements prétend que Mantzur a été deux fois victime dun antisémitisme arabe vicieux, en réalité, le mouvement sioniste lui-même a joué un rôle dans ses malheurs, d’abord en le plaçant dans la ligne de mire en Irak en 1951, puis en ne le protégeant pas chez lui, au kibboutz Kissufim, au crépuscule de sa vie.


Shlomo Mantzur (en bas à droite) avec ses parents, David et Marcelle, son frère et sa sœur, à Bagdad au début des années 1940. Il s’appelait alors encore Salman Mansour, alias Assa’ad

Mantzur, né en Irak en 1938, avait survécu au tristement célèbre pogrom contre les Juifs, le Farhud, en 1941, et a émigré avec sa famille en Israël à l’âge de treize ans dans le cadre de la « Grande Aliyah » en 1951. Je n’ai aucune idée de ce qu’il a pensé de ce déménagement. J’avais cinq ans en 1950 lorsque j’ai quitté Bagdad avec ma famille, et nous avions clairement le sentiment d’avoir été enrôlés de force dans le projet sioniste.

Le Farhud, le massacre des Juifs irakiens en juin 1941, est souvent cité par les historiens sionistes comme preuve de l’antisémitisme perpétuel des Arabes et des musulmans. Mais le Farhud était une exception plutôt que la norme.

Il s’agissait clairement d’une manifestation d’antisémitisme, mais c’était aussi le résultat d’autres forces, notamment la politique impériale britannique qui a fait des Juifs des boucs émissaires. 165 Juifs ont été tués, des femmes juives ont été violées et des maisons et des magasins juifs ont été pillés. Mais après le Farhud, la vie juive en Irak a progressivement repris son cours normal sans que ces violentes agressions contre les citoyens juifs de Bagdad ne se reproduisent.

Le véritable tournant dans l’histoire des Juifs irakiens n’a pas eu lieu en 1941, mais en 1948, près d’une décennie plus tard, avec la création de l’État d’Israël et la défaite humiliante des Arabes dans la guerre pour la Palestine.

14/08/2025

GIDEON LEVY
Quand Anas Al-Sharif est mort, le journalisme est mort, tout comme la vérité et la solidarité

Les journalistes israéliens refusent de voir qu’un pays qui a tué plus de journalistes dans cette guerre à Gaza que dans tout autre conflit de l’histoire finira un jour par tourner ses armes contre eux.

Une manifestante tient une photo d’Anas Al-Sharif, l’un des quatre journalistes d’Al Jazeera tués lors d’une frappe israélienne quelques jours plus tôt, lors d’une manifestation de solidarité avec les journalistes de la bande de Gaza et condamnant la récente frappe, organisée par des journalistes devant le Syndicat de la presse égyptienne au Caire mercredi. Crédit : AFP/KHALED DESOUKI

Gideon Levy, Haaretz, Aug 13, 2025 11:37
Traduit par Tlaxcala

« Si ces mots vous parviennent, sachez qu’Israël a réussi à me tuer et à faire taire ma voix. ... Dieu sait que j’ai déployé tous les efforts et toute l’énergie dont je disposais pour soutenir et faire entendre la voix de mon peuple, depuis le moment où j’ai ouvert les yeux sur la vie dans les ruelles et les rues du camp de réfugiés de Jabaliya. J’espérais que Dieu prolongerait ma vie jusqu’à ce que je puisse retourner avec ma famille et mes proches dans notre ville natale, Al-Majdal Asqalan, aujourd’hui occupée. Mais la volonté de Dieu a prévalu, et son décret s’est accompli. »

Ce n’est pas la volonté de Dieu qui a déterminé le sort du journaliste Anas Al-Sharif dimanche, ainsi que celui de trois autres journalistes et de deux civils, dans la tente de presse adjacente à l’hôpital al-Shifa de la ville de Gaza. Ce n’était pas la volonté de Dieu, mais plutôt celle d’un drone militaire israélien criminel qui a pris pour cible Al-Sharif, le correspondant le plus éminent d’Al Jazeera dans cette guerre. Ce n’est pas la volonté de Dieu, mais celle d’Israël qui a voulu l’exécuter au motif qu’il dirigeait une « cellule du Hamas », sans présenter la moindre preuve à l’appui.

Beaucoup dans le monde ont cru à la version de l’armée, tout comme ils avaient cru que les Forces de défense israéliennes n’avaient pas tué la journaliste d’Al Jazeera Shireen Abu Akleh à Jénine en 2022. Même ceux qui veulent croire qu’Al-Sharif était un chef de cellule doivent se poser la question suivante : qu’en est-il des cinq personnes qui ont été tuées avec lui ? Étaient-elles des adjoints du chef de la cellule ? On ne peut croire quoi que ce soit venant d’une armée qui massacre des journalistes de sang-froid ou d’un État qui n’autorise pas la libre couverture de la guerre, pas même les reportages sur le chef de la cellule terroriste de Jabaliya.

Il est difficile de croire – ou peut-être n’y a-t-il plus rien de difficile à croire – le peu d’intérêt suscité ici [en Israël] par le meurtre de quatre journalistes. La presse israélienne était divisée entre ceux qui ont ignoré l’affaire et ceux qui ont rapporté qu’Israël avait éliminé un terroriste. Sans aucune information, presque tout le monde s’est mobilisé pour raconter l’histoire dictée par les Forces de défense israéliennes, au mépris de la vérité. Et au mépris de la solidarité envers un collègue courageux.

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Des Palestiniens récitent la Fatiha dans un cimetière de la ville de Gaza, mardi, sur la tombe du correspondant d’Al Jazeera Anas Al-Sharif, tué avec d’autres journalistes lors d’une frappe israélienne. Crédit : AFP/BASHAR TALEB

La seule preuve présentée était une photo d’Al-Sharif avec le chef du Hamas Yahya Sinwar. C’est en effet un motif d’exécution.

Un million de fois plus courageux que n’importe quel journaliste israélien, et moins complaisant au service de la propagande de son État et de son peuple que Nir Dvori et Or Heller, Al-Sharif aurait pu enseigner les fondamentaux du journalisme aux membres des médias israéliens.

Le chutzpah de la presse ici est sans limites : Al Jazeera est une chaîne de propagande, hurlent les reporters des chaînes de télévision israéliennes, qui ont donné une mauvaise réputation à la propagande ultranationaliste et à la dissimulation de la vérité pendant cette guerre.

Si Al Jazeera est de la propagande, alors qu’est-ce que Channel 12 ? Et les chaînes 11, 13, 14 et 15 ? Ont-elles un quelconque rapport avec le journalisme dans cette guerre ?


Des enfants palestiniens et un journaliste inspectent la tente détruite d’Al Jazeera à l’hôpital Al-Shifa de Gaza, lundi, après une frappe nocturne de l’armée israélienne. Crédit : AFP/BASHAR TALEB

Lorsque le journalisme est mort, la vérité et la solidarité ont également disparu. Ceux qui ont tué plus de journalistes dans cette guerre que dans toute autre guerre de l’histoire – 186 selon le Comité pour la protection des journalistes basé à New York, 263 selon B’Tselem – tourneront un jour leurs armes contre nous, les journalistes israéliens qui ne trouvons pas grâce à leurs yeux. Il est difficile de comprendre comment les journalistes israéliens ne parviennent pas à saisir cela. Ou peut-être ont-ils l’intention de continuer à se soumettre à la machine de propagande israélienne, car à leurs yeux, c’est ça le journalisme.

Mais cette semaine, l’armée israélienne a bombardé une tente de presse, et les scènes que vous n’avez pas vues étaient horribles : des corps de journalistes ont été retirés de la tente en feu, et leurs collègues israéliens applaudissaient ou restaient silencieux. Quelle honte, tant sur le plan personnel que professionnel. En quoi est-ce moins choquant que le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi en 2018 ? Parce qu’ils n’ont pas démembré le corps d’al-Sharif ?

Les amis d’Al-Sharif et son testament indiquent qu’il savait qu’il était une cible. Lorsque l’armée israélienne a commencé à proférer des menaces de mort à son encontre en octobre, Irene Khan, rapporteure spéciale des Nations unies sur la liberté d’expression, s’est dite inquiète pour son sort. Al-Sharif, a-t-elle déclaré, était le dernier journaliste encore en vie dans le nord de la bande de Gaza. C’est précisément pour cette raison qu’Israël l’a tué. « N’oubliez pas Gaza », tels ont été ses derniers mots dans son testament.

 

11/08/2025

LORENZO TONDO
Anas al-Sharif, éminent correspondant d’Al Jazeera, parmi les cinq journalistes tués dans une frappe aérienne israélienne sur Gaza

Israël reconnaît avoir délibérément attaqué le journaliste, connu pour ses reportages sur le front, lors d’une frappe sur une tente à l’extérieur de l’hôpital al-Shifa

Lorenzo Tondo à Jérusalem, The Guardian, 11/8/2025
Avec Reuters et l’Agence France-Presse
Traduit par Tlaxcala


L’armée israélienne affirme qu’Anas al-Sharif, qui avait fait part de ses craintes d’être tué, était le chef d’une cellule du Hamas. Photo : Al Jazeera

Un éminent journaliste d’Al Jazeera qui avait déjà été menacé par Israël a été tué avec quatre de ses collègues lors d’une frappe aérienne israélienne.

Anas al-Sharif, l’un des visages les plus connus d’Al Jazeera à Gaza, a été tué dimanche soir alors qu’il se trouvait dans une tente réservée aux journalistes à l’extérieur de l’hôpital al-Shifa, dans la ville de Gaza.

Au total, sept personnes ont été tuées dans l’attaque, dont al-Sharif, le correspondant d'Al Jazeera Mohammed Qreiqeh et les cameramen Ibrahim Zaher, Mohammed Noufal et Moamen Aliwa, selon la chaîne de télévision basée au Qatar.

Les Forces de défense israéliennes ont reconnu avoir mené cette frappe, affirmant que le journaliste « était à la tête d’une cellule terroriste de l’organisation terroriste Hamas et était responsable de la poursuite des attaques à la roquette contre des civils israéliens et les forces de défense israéliennes ».

Elle a affirmé disposer de renseignements et de documents trouvés à Gaza comme preuves, mais les défenseurs des droits humains ont déclaré qu’il avait été pris pour cible en raison de ses reportages sur la guerre à Gaza et que les affirmations d’Israël manquaient de preuves.


La tente devant l’hôpital al-Shifa où Anas al-Sharif et six autres personnes ont été tués par une frappe israélienne. Israël a reconnu avoir mené cette frappe, affirmant qu’il s’agissait d’un militant du Hamas, une affirmation que l’ONU a qualifiée de non fondée. Photo : Ebrahim Hajjaj/Reuters

Qualifiant al-Sharif de « l’un des journalistes les plus courageux de Gaza », Al Jazeera a déclaré que cette attaque était « une tentative désespérée de faire taire les voix en prévision de l’occupation de Gaza ».

Le mois dernier, le porte-parole de l’armée israélienne, Avichai Adraee, a partagé une vidéo d’al-Sharif sur X et l’a accusé d’être membre de la branche militaire du Hamas. À l’époque, la rapporteure spéciale des Nations unies sur la liberté d’expression, Irene Khan, avait qualifié cette accusation d’« infondée » et d’« attaque flagrante contre les journalistes ».

En juillet, al-Sharif avait déclaré au Comité pour la protection des journalistes (CPJ) qu’il vivait avec « le sentiment qu’il pouvait être bombardé et martyrisé à tout moment ».

Après l’attaque, le CPJ s’est dit « consterné » d’apprendre la mort des journalistes.

« La pratique israélienne consistant à qualifier les journalistes de militants sans fournir de preuves crédibles soulève de sérieuses questions quant à ses intentions et son respect de la liberté de la presse », a déclaré Sara Qudah, directrice régionale du CPJ.

« Les journalistes sont des civils et ne doivent jamais être pris pour cible. Les responsables de ces meurtres doivent être traduits en justice. »

Le Syndicat des journalistes palestiniens a condamné ce qu’il a qualifié de « crime sanglant » d’assassinat.

En janvier dernier, après un cessez-le-feu entre le Hamas et Israël, al-Sharif avait attiré l’attention générale lorsqu’il avait retiré son gilet pare-balles pendant une émission en direct, alors qu’il était entouré de dizaines d’habitants de Gaza qui célébraient la trêve temporaire.

Quelques minutes avant sa mort, al-Sharif avait publié sur X : « Dernières nouvelles : des bombardements israéliens intenses et concentrés utilisant des « ceintures de feu » frappent les zones est et sud de la ville de Gaza ».

Dans un dernier message, qui selon Al Jazeera aurait été rédigé le 6 avril et publié sur le compte X d’al-Sharif après sa mort, le journaliste a déclaré qu’il avait « vécu la douleur dans tous ses détails, goûté à la souffrance et à la perte à maintes reprises, mais qu’il n’avait jamais hésité à transmettre la vérité telle qu’elle était, sans déformation ni falsification ».

« Allah sera témoin contre ceux qui sont restés silencieux, ceux qui ont accepté notre massacre, ceux qui ont étouffé notre souffle et dont le cœur est resté insensible devant les restes éparpillés de nos enfants et de nos femmes, sans rien faire pour mettre fin au massacre que notre peuple subit depuis plus d’un an et demi », a-t-il poursuivi.

Âgé de 28 ans, il laisse derrière lui une femme et deux jeunes enfants. Son père a été tué par une frappe israélienne sur la maison familiale dans le camp de réfugiés de Jabalia, à Gaza, en décembre 2023. À l’époque, al-Sharif avait déclaré qu’il continuerait à informer et refusait de quitter le nord de Gaza.

Un autre journaliste d’Al Jazeera à Gaza, Hani Mahmoud, a déclaré : « C’est peut-être la chose la plus difficile que j’ai eu à rapporter au cours des 22 derniers mois. Je ne suis pas loin de l’hôpital al-Shifa, à seulement un pâté de maisons, et j’ai pu entendre l’énorme explosion qui s’est produite il y a environ une demi-heure, près de l’hôpital al-Shifa.

« Je l’ai vu quand ça a illuminé le ciel et, en quelques instants, la nouvelle s’est répandue qu’il s’agissait du camp de journalistes situé à l’entrée principale de l’hôpital al-Shifa ».

Al-Sharif et ses collègues couvraient le conflit depuis le début à Gaza.

« Il est important de souligner que cette attaque survient une semaine seulement après qu’un responsable militaire israélien a directement accusé Anas et mené une campagne d’incitation à la haine contre Al Jazeera et ses correspondants sur le terrain en raison de leur travail, de leur couverture sans relâche de la famine, de la malnutrition et de la famine », a ajouté Mahmoud.

Israël a tué plusieurs journalistes d’Al Jazeera et des membres de leur famille, dont Hossam Shabat, tué en mars, et Ismail al-Ghoul et son caméraman Rami al-Rifi, tués en août.

La femme, le fils, la fille et le petit-fils du correspondant en chef Wael al Dahdouh ont été tués en octobre 2023 et lui-même a été blessé lors d’une attaque quelques semaines plus tard qui a coûté la vie au caméraman d’Al Jazeera Samer Abu Daqqa.

Israël, qui interdit l’accès des journalistes étrangers à Gaza et qui a pris pour cible des reporters locaux, a tué 237 journalistes depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023, selon le bureau des médias du gouvernement de Gaza. Le Comité pour la protection des journalistes a déclaré qu’au moins 186 journalistes ont été tués dans le conflit à Gaza. Israël nie avoir délibérément pris pour cible des journalistes.