Illustrations : Fourate Chahal El Rekaby
Traduit par Tlaxcala
Português
Español النسخة العربية
Les mouvements de solidarité du Brésil soutiennent depuis longtemps la Palestine, mais les liens économiques et militaires avec Israël continuent de se renforcer. Alors que le Brésil se prépare à accueillir la COP30, les campagnes de base révèlent les connexions entre le militarisme israélien et les inégalités internes, l’agrobusiness et la violence d’État. Ce moment représente une occasion clé pour renforcer les efforts de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS).
Introduction
La société
civile et les mouvements sociaux brésiliens portent la solidarité avec la
Palestine à leur agenda depuis plusieurs décennies, mais les dix dernières
années ont vu une montée considérable des revendications en faveur du boycott,
du désinvestissement et des sanctions (BDS), en réponse à l’appel lancé en 2005
par la société civile palestinienne.
De 2003 à
2016, le Brésil a été gouverné par le Parti des travailleurs (Partido dos
Trabalhadores, PT), un parti de gauche. Après la destitution de la présidente
Dilma Rousseff en 2016, Michel Temer a occupé la fonction de président jusqu'à
l'arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro en 2019. Sous le gouvernement du PT, le
Brésil a officiellement reconnu l’État de Palestine en 2010 et a fréquemment
condamné les actions militaires israéliennes. Néanmoins, au cours des deux
dernières décennies, la politique brésilienne sur cette question est devenue de
plus en plus instable, oscillant entre des affirmations de principe de
solidarité avec la Palestine et l’approfondissement de liens politiques et
économiques avec le régime israélien.
Même sous le PT — et plus encore sous Bolsonaro — le Brésil a augmenté ses
achats d’armes à Israël, continué à exporter du pétrole vers l’État
d’apartheid, et renforcé le commerce agro-industriel avec ce pays — autant
d’activités qui ont contribué à soutenir l’infrastructure de l’occupation
israélienne (Nakamura, 2024).
Depuis des
décennies, le complexe militaro-industriel brésilien, l’agrobusiness, les politiciens
de droite et les lobbys évangéliques-sionistes se sont alignés pour promouvoir
un approfondissement des relations entre le Brésil et Israël. Ensemble, ils ont
normalisé le commerce avec Israël sous couvert de partenariats technologiques
et d’agriculture respectueuse du climat, blanchissant ainsi les crimes du
régime israélien.
Cette
contradiction apparente — entre une solidarité affichée envers la Palestine et
le renforcement des liens économiques avec Israël — n’est pas propre au Brésil.
En réalité, très peu de pays dans le monde se sont engagés à couper, ou même à
réduire, leurs liens commerciaux avec Israël. Cela demeure vrai même après la
reconnaissance internationale généralisée de son régime d’apartheid¹ et les
décisions contraignantes de la Cour internationale de Justice (CIJ) en 2004,
2024 et 2025 — la décision de 2024 ayant été soutenue par la grande majorité
des pays, y compris le Brésil, dans une résolution de l’Assemblée générale de
l’ONU en septembre 2024².
Les
mouvements de solidarité au Brésil — dont beaucoup sont ancrés dans les favelas,
dans les mouvements urbains pour le logement, les mouvements ruraux sans terre,
les luttes pour la justice climatique et les communautés affectées par les agissements
des entreprises, ainsi que dans les syndicats étudiants et de travailleurs —
ont mené d’importantes campagnes reliant le militarisme israélien à la violence
d’État, au pillage environnemental et à l’extractivisme agraire au Brésil.
Depuis le début du génocide diffusé en direct à Gaza et l’expansion des colonies
israéliennes et des crimes en Cisjordanie, le besoin urgent de révéler ces
liens de complicité et d’exposer comment les relations israélo-brésiliennes
affectent les groupes marginalisés au Brésil s’est renforcé. Cette question a
désormais atteint une visibilité sans précédent dans les médias grand public.
En novembre
2025, le Brésil accueillera la COP30 à Belém do Pará, aux côtés du Sommet des
Peuples⁴.
Cet événement crée une fenêtre stratégique pour confronter les connexions de “greenwashing”
[verdissement, écoblanchiment] entre les entreprises israéliennes de
technologie agricole et hydrique et les agendas extractivistes en Amérique
latine. Il s’agit d’un moment clé pour construire une solidarité concrète avec
la Palestine, relier les luttes multiples et renforcer les résistances locales.
Cet article
analyse les principaux liens entre le Brésil et Israël, et comment ils se
connectent aux luttes sur le terrain au Brésil. Il présente également certaines
victoires remportées par les campagnes propalestiniennes et les obstacles
freinant de nouveaux progrès, notamment les efforts pour passer des mots aux
actes en solidarité avec la Palestine, y compris lors de la COP30.
Cet article
est structuré comme suit. Après cette introduction, la section suivante explore
les relations entre le Brésil et Israël, en fournissant un contexte historique
et en présentant la coopération militaire, les accords agro-industriels, le
commerce pétrolier et les positions diplomatiques des deux pays, en particulier
au cours des 20 dernières années. La section suivante examine ensuite comment
la résistance et la solidarité avec la Palestine, en particulier le BDS, se
sont développées au Brésil au cours de la dernière décennie. L'avant-dernière
section aborde les défis auxquels est actuellement confrontée la solidarité
avec la Palestine et les moyens de les surmonter, notamment les objectifs
prioritaires et les perspectives d'avenir prometteuses. L'article se termine
par une brève conclusion. Tout au long du texte, l'article applique l'approche
critique du « droit international par le bas » (Rajagopal, 2008), selon
laquelle la mobilisation politique est essentielle pour faire progresser et
appliquer le droit international.
Depuis le
milieu du XXe siècle, la relation du Brésil avec Israël combine un
alignement symbolique et une coopération pragmatique.
En 1947, le diplomate brésilien Oswaldo Aranha, qui présidait l’Assemblée
générale des Nations unies, joua un rôle politique et procédural crucial dans
l’adoption du Plan de partage de la Palestine (Résolution 181 de l’ONU).
Les récits contemporains et les reconstructions ultérieures créditent Aranha
d’avoir reporté le vote pour consolider une majorité des deux tiers en faveur
du plan, et d’avoir fait pression activement sur plusieurs délégations.
Ces actions lui valurent d’être publiquement honoré en Israël dans les
décennies suivantes (JTA, 2017).
Son rôle à l’ONU a ainsi imprimé une association précoce entre la diplomatie
brésilienne et la légitimation internationale de la création d’Israël.
Au début des
années 1960, sous la présidence de gauche de João Goulart, les relations
bilatérales restaient cordiales mais utilitaires, motivées davantage par des
calculs multilatéraux et la recherche de coopération technique que par des
affinités idéologiques.
La dictature militaire (1964–1985) inaugura cependant une collaboration
sécuritaire et technoscientifique ouverte.
Des documents d’archives cités par des enquêtes journalistiques révèlent des
liens étroits entre Israël et la junte brésilienne, incluant des ventes d’armes,
des échanges d’expertise militaire et une coopération nucléaire précoce.
Un premier accord entre les deux pays fut signé le 10 août 1964, à peine quatre
mois après le coup d’État, suivi de nouveaux accords en 1966, 1967 et 1974
(Mack, 2018).
Même si ces sources ne prouvent pas une participation d’Israël au coup d’État
lui-même, elles montrent une rapide convergence post-coup d’État, fondée sur
des intérêts communs autour de la sécurité et du développement nucléaire —
conforme à la quête de technologies stratégiques du régime militaire.
Ce rapprochement entraîna une intégration structurelle des liens
militaro-scientifiques israéliens dans la modernisation autoritaire du Brésil,
tout en consolidant la coopération nucléaire germano-brésilienne (1975) et un programme
nucléaire parallèle poursuivi jusque dans les années 1990 (Arms Control
Association, 2006 ; World Nuclear Association, 2025).
À l’ère
démocratique (depuis 1985), le Brésil a oscillé entre un soutien symbolique aux
droits palestiniens (reconnaissance diplomatique, déclarations publiques) et
une coopération pragmatique avec Israël dans les domaines du commerce, de la
sécurité et de la technologie.
Sur le long terme, on distingue donc une double trajectoire :
– un rôle fondateur du Brésil dans la légitimation internationale d’Israël en
1947 ;
– puis, après le coup d’État, une coopération sécuritaire et technologique
inscrivant Israël dans le projet de modernisation militaire brésilienne.
Cependant,
ces relations diplomatiques ont fluctué selon les gouvernements en place, et ce
n’est que très récemment qu’elles se sont réellement été dégradées.
Durant les années 2000, l’Amérique latine dans son ensemble a redéfini son
orientation diplomatique face à la question israélo-palestinienne.
Cette reconfiguration s’explique en partie par l’arrivée au pouvoir de gouvernements
de gauche et de centre-gauche, la montée de la « vague rose », et la réaction
contre le Consensus de Washington (Lucena, 2022).
En parallèle, l’émergence des BRICS et la politique étrangère « active et
assertive » du Brésil ont favorisé une volonté d’autonomie vis-à-vis des USA et
la diversification des partenariats internationaux.
Dans ce contexte, le soutien à la cause palestinienne devint pour plusieurs
gouvernements latino-américains un instrument stratégique de positionnement
international (Baeza, 2012).
Malgré cette
tendance régionale à l’appui de la Palestine, les grandes économies du
continent — Brésil, Argentine, Mexique — ont maintenu une approche « équilibrée
» consistant à exprimer leur solidarité avec la Palestine tout en réaffirmant
le droit d’Israël à la sécurité.
Cette diplomatie double traduisait un mélange de reconnaissance symbolique et
de pragmatisme (Baeza, 2012).
Par exemple, la vague de reconnaissances de l’État de Palestine entre décembre
2010 et mars 2011, bien qu’elle ait marqué une tendance régionale vers
l’affirmation de la souveraineté palestinienne, s’est accompagnée d’un discours
d’équilibre et de promotion de la paix, plutôt que de sanctions ou de critiques
directes envers Israël (Baeza, 2012).
Sous la
présidence de Luiz Inácio Lula da Silva, ce positionnement « équilibré » a été
particulièrement frappant.
Puissance émergente cherchant à exercer une influence mondiale, le Brésil de
Lula (2003–2010) tenta d’assumer un rôle diplomatique de premier plan au
Moyen-Orient.
Son gouvernement fit preuve d’une sensibilité sans précédent aux revendications
palestiniennes, culminant avec la reconnaissance de l’État de Palestine en
décembre 2010.
Cependant, alors que le Venezuela et la Bolivie avaient choisi la rupture
diplomatique avec Israël en 2009, le Brésil préféra reconnaître la Palestine
tout en préservant ses liens bilatéraux avec Israël (Baeza, 2012).
Cette
politique fut interrompue sous la présidence de Jair Bolsonaro, lorsque le
Brésil s’aligna ouvertement sur Israël : ouverture d’un bureau commercial à
Jérusalem en 2019, projet de transfert de l’ambassade (finalement non réalisé),
et adhésion au Israel Allies Caucus⁵.
Cette posture renforça l’alliance idéologique avec les évangéliques
conservateurs et les élites économiques (Huberman, 2024).
Avec le
retour de Lula pour un troisième mandat en 2023, le Brésil a repris une
politique plus traditionnelle : lors de l’ouverture de l’Assemblée générale de l’ONU, Lula rappela l’importance
de résoudre « la question palestinienne » et de reconnaître « un État
palestinien viable et indépendant ».
Cependant, le Brésil continua à entretenir des relations diplomatiques avec
Israël, tout en refusant de reconnaître officiellement Israël comme un régime
d’apartheid.
Après le début du génocide en octobre 2023, le gouvernement Lula renforça ses critiques
contre les opérations militaires israéliennes.
En février 2024, lors du sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba, Lula compara
la conduite israélienne à Gaza au génocide nazi.
Israël réagit en déclarant Lula persona non grata, et le Brésil rappela son ambassadeur,
refusant depuis d’accréditer celui d’Israël à Brasília (MercoPress, 2023).
Les déclarations officielles depuis octobre 2023 réaffirment le soutien du
Brésil à l’État palestinien et au droit international, tout en dénonçant le
gouvernement Netanyahou, mais sans rompre les liens commerciaux et militaires.
Les secteurs
de l’agro-industrie et du pétrole sont les grands bénéficiaires de ces
échanges.
Ces deux secteurs jouent un rôle central dans le maintien des relations
économiques Brésil–Israël, quel que soit le gouvernement, tout en étant responsables
de graves violations des droits humains et environnementaux dans les campagnes
brésiliennes (Articulação para o Monitoramento dos Direitos Humanos no Brasil
[AMDH], 2025).
Ils sont également parmi les principaux soutiens politiques et financiers de
l’extrême droite.
Cette
convergence entre agrobusiness, pétrole, politiciens d’extrême droite et Israël
apparaît clairement dans les données récentes :
entre 2019 et 2022 (période Bolsonaro), les exportations vers Israël dans ces
deux secteurs ont augmenté chaque année, passant de 320 millions USD à 1,55
milliard € (MDIC, n.d.).
En 2023, elles ont diminué à 571 millions €, dont 21 % de pétrole brut, 19 % de
bœuf et 18 % de soja (Nakamura, 2024).
Mais même sous Lula, le Brésil est resté l’un des principaux fournisseurs
pétroliers d’Israël en 2024, représentant 9 % du pétrole brut reçu cette
année-là, sans compter les produits dérivés (Lakhani et Niranjan, 2024).
Concernant
les importations israéliennes vers le Brésil, elles sont dominées par les engrais
et technologies agricoles, Israël étant l’un des plus grands fournisseurs de
ces produits (Pligher, 2023).
En 2023, le Brésil a importé environ 1,21 milliard € de ces produits, dont 45 %
d’engrais et 11 % de pesticides, principalement des sociétés Haifa Group et Adama
(Nakamura, 2024).
Le Brésil importe aussi des technologies agricoles israéliennes, comme des drones
pour la fertilisation et l’irrigation, produits par Haifa Group, Adama et
Netafim.
Ces
entreprises jouent un rôle central dans le « greenwashing » israélien : l’usage
stratégique d’un discours environnemental pour masquer ou légitimer
l’occupation coloniale et la spoliation des Palestiniens (Who Profits Research
Center, 2020).
Dans cette rhétorique, Israël se présente comme un leader mondial de la
durabilité, tout en dissimulant les violations systématiques des droits humains
et de l’environnement perpétrées par ses entreprises et par l’État (Who Profits
Research Center, 2024).
Le mythe sioniste de « faire fleurir le désert » sert à vendre ses technologies
d’irrigation comme solutions mondiales au changement climatique, tout en effaçant
l’histoire de la dépossession des Palestiniens (ibid.).
Les sociétés
Adama et Netafim, parmi les plus grandes d’Israël, incarnent cette stratégie.
Netafim, pionnière de l’irrigation goutte-à-goutte, se présente comme
championne de la durabilité, mais équipe des colonies illégales en Cisjordanie.
Adama, géant agrochimique, promeut des produits « écologiques » alors que son
modèle repose sur la monoculture intensive et l’exclusion des pratiques
agricoles palestiniennes.
Leur réputation « verte » leur permet de s’intégrer aux programmes
internationaux de développement et de sécurité alimentaire, y compris dans les
espaces de négociation climatique comme la COP (GRAIN, 2022).
Un autre
exemple majeur de greenwashing est Mekorot, entreprise publique israélienne
spécialisée dans la désalinisation et l’irrigation, accusée de pratiquer un
apartheid de l’eau : détournement des ressources hydriques palestiniennes, restriction
d’accès et utilisation politique de la rareté (PENGON – Palestinian
Environmental NGOs Network, 2021).
Bien que Mekorot ait échoué à entrer sur le marché brésilien grâce aux
campagnes de boycott, elle reste très présente en Amérique latine [en
particulier Argentine et Uruguay, NdT] et en Afrique (PENGON, 2024).
La stratégie
israélienne de « marque nationale » ne se limite pas à l’environnement : elle
englobe le secteur militaro-industriel.
Même si aucune preuve ne relie directement ces technologies à des usages
répressifs au Brésil, elles servent l’agro-industrie, qui elle-même opprime les
petits producteurs, communautés traditionnelles et peuples autochtones par la spoliation,
la contamination chimique et la violence (AMDH, 2025).
L’achat de ces produits à double usage (comme les drones) contribue à intégrer
la technologie militaire israélienne dans l’économie verte mondiale,
normalisant ainsi l’industrie israélienne de l’armement.
C’est pourquoi les campagnes exigent un embargo total sur Israël, et pas
seulement sur certains équipements militaires.
Les liens
militaro-industriels prennent la forme d’importations et d’investissements
croisés.
Le Brésil a augmenté ses importations d’armes israéliennes entre 2010 et 2019,
recevant avions, drones, missiles et systèmes de commandement.
En 2024, il a dépensé au moins 145 millions € en matériel militaire israélien,
chiffre probablement sous-estimé en raison du secret défense et des contrats
municipaux (Trading Economics, 2025).
Les machines militaires, réacteurs et chaudières nucléaires figuraient parmi
les trois premières catégories d’importations israéliennes.
Ces montants
auraient été encore plus élevés sans la pression des mouvements sociaux.
En 2024, alors que Lula avait reconnu le génocide, l’armée brésilienne
négociait un contrat de 130–172 millions € pour 36 canons automoteurs ATMOS
produits par Elbit Systems, principal exportateur militaire israélien (Azulay,
2024).
Sous la pression publique, le gouvernement annula l’accord fin 2024 — une
victoire majeure pour les campagnes de boycott.
Le commerce
des armes est bilatéral : le Brésil exporte aussi vers Israël.
Par exemple, AEL Sistemas, fabricant de Porto Alegre, est une filiale d’Elbit
Systems.
Elle produit du matériel militaire brésilien avec technologie israélienne et exporte
des composants vers Israël (Brasil de Fato, 2023a).
Elbit possède aussi une autre coentreprise, Ares Aeroespacial e Defesa (Rio de
Janeiro), qui depuis 2017 fabrique des stations d’armes télécommandées pour
l’armée brésilienne (Azulay, 2024).
D’autres
secteurs industriels brésiliens sont liés au complexe militaire israélien.
En 2025, des journalistes ont révélé que de l’acier brésilien était exporté
vers Israeli Military Industries (IMI), une entreprise absorbée par Elbit, pour
fabriquer des armes (The Intercept Brasil, 2025).
Des documents d’expédition ont montré qu’en septembre 2025, 56 à 60 tonnes de
barres d’acier devaient quitter le port de Santos pour Haïfa, alimentant des manifestations
syndicales et populaires.
L’acier figurait d’ailleurs parmi les 10 premiers produits exportés vers Israël
en 2024 (Sindipetro-LP, 2025).
Autre lien
essentiel : le pétrole.
Une enquête de 2024 a montré que le Brésil fournissait 9 % du pétrole brut
importé par Israël entre octobre 2023 et juillet 2024, y compris après la
décision de la CIJ sur le génocide (Lakhani et Niranjan, 2024).
Sous Bolsonaro, les exportations avaient culminé à 920 millions € en 2022
(Trading Economics, 2025), et même sous Lula elles ont augmenté de 51 % en 2024
(ANP).
Les principales entreprises impliquées sont Shell et Petrobrás (Forgerini,
2025).
Ces flux
pétroliers sont désormais au cœur des campagnes syndicales et BDS.
Les fédérations FUP et FNP ont exigé en mai 2025 la suspension des exportations
vers Israël, dénonçant la contradiction entre le commerce pétrolier brésilien
avec Israël et les principes constitutionnels du pays, qui incluent la promotion
de la paix et le droit des peuples à l’autodétermination (FNP et FUP, 2025).
Ces mobilisations ont réuni le mouvement BDS, des syndicats et d’autres acteurs
de la société civile.
Cependant, à la date de rédaction de cet article (octobre 2025), il semble que le
volume des exportations de pétrole brut et de produits dérivés vers Israël ait
fortement diminué.
Néanmoins, des soupçons de contournements indirects persistent, notamment via
des transbordements de cargaisons entre navires et des relais par des pays
tiers avant la destination finale.
Ainsi, les revendications pour un embargo officiel et une politique commerciale
fondée sur des principes se poursuivent (Opera Mundi, 2025).
La suspension
du contrat d’achat des canons Elbit ATMOS mentionnée plus haut constitue un signe
d’évolution du gouvernement face aux importations d’armes israéliennes.
Un autre signe a été l’annonce du ministre des Affaires étrangères, en août
2025, selon laquelle le Brésil étudie la possibilité d’interdire les
exportations de matériel militaire vers Israël.
Cependant, le gouvernement n’a ni annulé les grands accords militaires et
agro-industriels, ni retiré le pays du traité de libre-échange Mercosur–Israël.
Il faut noter à cet égard que sur les quatre accords bilatéraux signés par
Bolsonaro en 2021 (dont trois sur la coopération militaire, sécuritaire et
aéronautique), un est déjà entré en vigueur et trois attendent encore
l’approbation du Sénat brésilien.
Le mouvement BDS et ses partenaires demandent au président d’annuler ces
accords avant même leur ratification par le Congrès, ce qu’il a le pouvoir de
faire (Blumer, 2024).
Face à l’inaction
persistante du gouvernement, la société civile, au Brésil comme en Palestine, renforce
la pression pour une rupture complète des relations avec Israël (BADIL, 2024).
La section suivante explore comment la solidarité palestinienne au Brésil
s’articule aux luttes sociales nationales, et comment le mouvement BDS s’est
développé dans le pays, culminant aujourd’hui dans une grande campagne exigeant
des actions concrètes plutôt que des discours.
Résistance
et solidarité : des luttes conjointes
La
reconnaissance de la lutte palestinienne a toujours existé au sein des mouvements
sociaux brésiliens, mais la solidarité concrète s’est approfondie lorsque
ceux-ci ont perçu les parallèles historiques entre :
- le traitement des
Palestiniens par Israël — État colonial de peuplement imposant un système
d’apartheid de facto et de jure —
et - le traitement des Noirs,
des peuples autochtones et des populations subalternes au Brésil.
Les mouvements
noirs au Brésil reconnaissent que les tactiques utilisées contre les
Palestiniens sont exportées vers l’appareil militaire brésilien pour réprimer
la jeunesse noire et périphérique, ainsi que les peuples autochtones
(Almapreta, 2023).
Contrairement à Israël, le Brésil n’est pas un État d’apartheid légalement
constitué, mais il porte un fort héritage de violence coloniale.
Cette violence consolide l’autorité souveraine de l’État en éliminant ou
neutralisant les groupes perçus comme menaçants pour le régime de propriété,
d’accumulation et de contrôle politique.
Ainsi, les Yanomami ont subi des centaines de morts liées à l’extraction
minière illégale, tandis que les communautés noires endurent une violence
d’État systémique, notamment par la police militarisée et la guerre contre la
drogue, comme en témoignent les récentes tueries dans la Baixada Santista
(Almapreta, 2023).
Les
impératifs économiques participent de cette dynamique d’oppression dans les
deux pays.
Sous Bolsonaro, la déréglementation a facilité l’extraction illégale sur les
terres autochtones, notamment dans la réserve Yanomami, intégrant l’or
illégalement extrait aux marchés mondiaux.
En Israël, la crise économique post-2008 a accru la confiscation des terres
palestiniennes en réponse à la crise du logement.
Dans les deux cas, l’expansion coloniale et le génocide servent des fins
politiques et économiques (Huberman, 2024).
Dans les
deux contextes, bien que spécifiques, la violence d’État cible des populations
racisées, dont la résistance est perçue comme une menace à l’ordre établi.
Ces dynamiques traduisent l’exercice du « pouvoir d’élimination », manifesté
par le meurtre, l’expulsion, l’assimilation ou l’enfermement.
Ces stratégies consolident la souveraineté coloniale sur les territoires
expropriés et facilitent l’accumulation capitaliste.
Exploitation et élimination ne s’excluent pas mais fonctionnent comme deux
modalités interdépendantes du pouvoir colonial (Huberman, 2024).
De nombreux
acteurs de la société civile brésilienne, notamment les mouvements noirs et des
favelas, estiment que la militarisation des territoires au Brésil et en
Palestine découle de régimes de gouvernance racialisés interconnectés, opérant
à travers des logiques partagées d’exception, d’enfermement et de surveillance,
bien que dans des contextes historiques différents.
Dans les favelas, les opérations policières, la surveillance numérique et la police
environnementale forment une infrastructure de contrôle qui normalise la
létalité et suspend les droits.
Dans les territoires palestiniens occupés, les checkpoints, raids et frontières
technologisées construisent une architecture de contrainte parallèle.
Ces dispositifs sont reliés par la circulation transnationale des doctrines,
des technologies et des réseaux d’approvisionnement sécuritaire — drones,
systèmes ISR (renseignement, surveillance et reconnaissance), polices
prédictives, technologies de “ville intelligente” [smart city].
Ainsi, les technologies testées sur une population sont intégrées dans la
gestion ordinaire d’une autre.
Il en résulte un paradigme « sécurité–développement » global qui traite les
populations racisées comme des menaces gouvernables et les espaces comme laboratoires
d’expérimentation de gestion, tout en dissimulant les inégalités structurelles
(Martins et Farias, 2024).
Les méga-événements
organisés récemment au Brésil, en particulier les Jeux olympiques de Rio 2016,
ont consolidé la « militarisation du quotidien » : des régimes de sécurité
exceptionnels, des marchés publics accélérés et des systèmes de surveillance
massifs ont été normalisés, puis réutilisés pour la gouvernance des favelas.
Cet assemblage sécuritaire olympique (patrouilles blindées, centres de
commandement, réseaux de caméras, police algorithmique) a redéfini la notion
d’ordre public, légitimant la gestion permanente des territoires racialisés
comme "zones à risque".
Cette application domestique de technologies d’exception reflète les circuits
transnationaux de la sécurité — rapprochant la gouvernance urbaine brésilienne
des modèles d’occupation israéliens (PACS, 2017).
L’ascension
d’administrations d’extrême droite au Brésil et en Israël a intensifié ces
formes structurelles d’oppression.
Jair Bolsonaro et Benjamin Netanyahou illustrent des formes de « fascisme
périphérique » légitimant la violence d’État et renforçant l’accumulation
primitive sous impératif néolibéral (Huberman, 2024).
C’est dans
ce contexte que la solidarité avec les Palestiniens au Brésil s’est renforcée
depuis le milieu des années 2000, fondée sur les principes du BDS, les alliances
intersectionnelles et la critique du militarisme et du greenwashing.
Le mouvement BDS, né en 2005 à l’appel de plus de 170 organisations
palestiniennes, exige la fin de l’occupation et de la colonisation, l’égalité
complète pour les Palestiniens, et le droit au retour des réfugiés (BDS
Movement, 2005).
Au Brésil et en Amérique latine, le BDS s’est développé à travers les syndicats,
associations étudiantes et académiques, mouvements des favelas et ruraux,
traduisant la plateforme mondiale en campagnes locales, boycotts culturels et politiques
publiques, en liant la Palestine aux luttes contre le racisme, la
militarisation, l’agro-industrie et l’extractivisme (Misleh, 2016).
En 2006, le Syndicat
national des enseignants universitaires (ANDES) a adopté une motion de soutien
au BDS (ANDES-SN, 2025).
En février 2006, la Central Única dos Trabalhadores (CUT), plus grande
confédération syndicale d’Amérique latine, a rejeté l’accord de libre-échange
Mercosur–Israël après un appel BDS, jugeant qu’il rendrait le Brésil complice
de l’apartheid israélien (Badil, 2007).
En 2010, le
premier groupe BDS Brésil fut officiellement créé, centré sur la résistance à
la militarisation et les campagnes contre Elbit Systems.
Il a tissé des alliances entre solidarité palestinienne, mouvements des favelas
et « quilombos » urbains⁹.
Les événements Black July¹⁰ de Rio et São Paulo ont relié la violence raciste
au Brésil à l’occupation militarisée de la Palestine.
En 2014, le mouvement BDS brésilien a remporté une victoire majeure en empêchant
l’expansion d’Elbit à Porto Alegre (Carta Capital, 2019).
Les
premières activités BDS visant le secteur agricole et environnemental ont ciblé
Mekorot, la compagnie d’eau israélienne.
En 2009, la CUT a mené une campagne contre un accord entre Mekorot et la
compagnie publique des eaux de São Paulo, mobilisant salariés et petits
producteurs (CUT, 2009).
En 2014, le Mouvement des personnes affectées par les barrages (MAB) et le Mouvement
des petits producteurs (MPA) ont empêché un autre accord entre Mekorot et
l’État de Bahia (Carta Capital, 2019).
Plus récemment, le Mouvement des travailleurs ruraux sans terre (MST) a lié la
réforme agraire et la solidarité palestinienne, considérant les deux comme des luttes
contre le capitalisme et le militarisme (International Viewpoint, 2024).
Les groupes
BDS collaborent souvent avec des partis de gauche, comme le PSOL, qui a adopté
en 2018 une résolution de soutien au BDS et d’appel à un embargo sur les
exportations militaires israéliennes, reliant les technologies israéliennes à
la répression policière brésilienne (PSOL, 2018).
En 2019,
soit 14 ans après sa fondation, le BDS au Brésil avait déjà obtenu plusieurs victoires
visibles : désengagements d’entreprises, annulations culturelles, débats
parlementaires sur les liens commerciaux et militaires.
La presse reconnaissait son impact croissant mais relevait aussi les contre-attaques
juridiques et diplomatiques (CartaCapital, 2019).
Le BDS est à la fois un projet structuré fondé sur le droit international et un
répertoire stratégique visant la complicité institutionnelle plutôt que les
individus (Misleh, 2016).
Les protestations
Black July et autres mobilisations ont établi un lien direct entre les armes
israéliennes et la police militarisée des favelas, redéfinissant la solidarité
avec la Palestine comme une lutte pour la justice raciale, la démilitarisation
et la justice environnementale (Martins, 2021).
La
contre-offensive et les grands défis
Malgré les
avancées résumées plus haut, la progression du mouvement BDS au Brésil, et plus
généralement de la solidarité avec la Palestine, demeure fortement entravée par
des résistances politiques et des obstacles structurels.
Ces obstacles incluent :
- l’action des réseaux
de lobbying sionistes,
- l’inertie
gouvernementale,
- la répression
juridique (« lawfare »),
- et la construction
idéologique d’Israël comme partenaire innovant et bienveillant.
Deux
organisations sionistes de lobbying jouent un rôle central au Brésil :
- la Israel Allies
Foundation (IAF),
- et la Confederação Israelita do Brasil (CONIB).
L’IAF
entretient un caucus parlementaire pro-israélien, composé de députés proches
des blocs évangéliques et conservateurs, qui s’opposent activement à la
mobilisation propalestinienne dans le pays.
Ces parlementaires rejettent les motions BDS et promeuvent les relations
israéliennes dans les forums législatifs (Israeli National News, 2023).
Quant à la CONIB, elle agit comme intermédiaire principal entre les
institutions communautaires juives et les autorités publiques, défendant le soft
power israélien et attaquant les discours critiques, notamment dans les médias
et les universités.
En plus des
menaces juridiques, ces réseaux pro-israéliens utilisent une stratégie bien
rodée : assimiler toute critique d’Israël à de l’antisémitisme.
Ils affirment que la dénonciation des politiques israéliennes cache une
intention antisémite, afin de délégitimer les activistes.
Or, selon la loi brésilienne, l’antisémitisme est une forme de racisme et
constitue un crime — mais aucune définition officielle du terme n’existe.
Les groupes sionistes cherchent à imposer une interprétation extensive de
l’antisémitisme, permettant de criminaliser la critique politique d’Israël.
Ainsi, un député de droite a récemment proposé une loi imposant la définition
de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA), connue
pour être utilisée afin de censurer les voix critiques du régime israélien.
Cependant, les Juifs antisionistes, notamment ceux de l’organisation Vozes
Judaicas pela Libertação – VJL, se sont opposés à cette initiative.
Le gouvernement fédéral a finalement quitté l’IHRA, où il n’était jusque-là
qu’observateur depuis 2021 (Folha de S. Paulo, 2025b).
Malgré le
ton diplomatique ferme de Lula depuis le début du génocide — rappel de
l’ambassadeur brésilien, abaissement du statut diplomatique d’Israël,
déclarations fortes aux Nations unies —, les changements politiques concrets
restent limités.
L’accord de libre-échange Mercosur–Israël reste en vigueur, les agences
publiques n’ont pas renoncé aux contrats militaires et commerciaux existants,
et plusieurs États et municipalités continuent d’acheter du matériel israélien.
Même après la victoire symbolique qu’a été l’arrêt des livraisons directes de
pétrole en 2025, aucun embargo formel n’a été instauré, et les exportations
indirectes continuent.
L’un des
principaux freins est le lobby des élites économiques et parlementaires
pro-israéliennes, y compris parmi certains alliés du gouvernement, qui font
pression pour maintenir les liens dans les domaines de la sécurité, de
l’agriculture et de l’énergie.
Un exemple frappant est le vote unanime du Sénat brésilien, en juin 2025, en
faveur de la création d’une « Journée de l’amitié avec Israël », fixée au 12
avril, pour célébrer les liens historiques et économiques entre les deux pays —
en pleine offensive génocidaire à Gaza (Câmara dos Deputados, 2025).
Ce vote a constitué un signal politique direct à la présidence, y compris de la
part de sénateurs du parti de Lula, en réaction à ses fortes critiques du
gouvernement israélien.
Pendant ce temps, le ministère de la Défense, qui continue de collaborer avec
des entreprises liées à Elbit Systems et d’entretenir des échanges avec le
marché israélien, a publiquement défendu ses partenariats, qualifiant les
appels à les interrompre d’« ingérence idéologique » (O Globo, 2024).
Un autre
facteur explicatif est la stratégie globale de la « marque Israël », qui met en
avant la technologie climatique, l’innovation agricole et la coopération
sécuritaire.
À travers cette stratégie, Israël participe à de nombreux salons de
l’innovation et événements technologiques au Brésil.
En combinant cette image de modernité à la rhétorique de la durabilité, Israël parvient
à se présenter comme un partenaire du développement brésilien, blanchissant
ainsi son occupation militaire.
Ces récits séduisent les élites économiques brésiliennes et obscurcissent les
revendications d’imputabilité et de rupture.
Aller de
l’avant : stratégies pour faire du Brésil un acteur de premier plan dans la
défense des droits palestiniens
Le Brésil
occupe une position clé dans la politique étrangère latino-américaine.
C’est la plus grande économie d’Amérique du Sud et l’une des dix premières au
monde en 2025.
Il joue également un rôle majeur dans les BRICS et dans la construction d’un ordre
international multipolaire.
Cette position confère au Brésil un poids diplomatique considérable : il a le
pouvoir de réorienter l’équilibre régional vers la responsabilité et la justice
— à condition de rompre ses complicités structurelles dans les domaines militaire,
agricole et énergétique.
Dans ce
contexte, la réussite du mouvement de solidarité avec la Palestine dépend de la
capacité à construire de larges alliances intersectionnelles reliant les luttes
urbaines, rurales, environnementales, syndicales et antiracistes.
Des mouvements comme le MST, le MAB, le MPA, le MNU (Mouvement noir unifié) et
les collectifs des favelas ont déjà démontré le potentiel de relier réforme
agraire, justice du logement et défense de l’environnement à la libération
palestinienne (Tricontinental, 2024).
Les syndicats, les organisations féministes, les mouvements pour la justice
climatique et les associations étudiantes représentent aussi des alliés
puissants.
Des campagnes coordonnées entre ces acteurs peuvent amplifier le message selon
lequel l’apartheid israélien n’est pas un phénomène isolé ou lointain, mais une
expression des mêmes logiques extractivistes et militarisées qui affectent les
communautés marginalisées au Brésil.
Certaines campagnes
prioritaires doivent se concentrer sur les accords de défense et de commerce
avec Israël.
L’annulation du contrat d’artillerie ATMOS avec Elbit Systems en 2024 a
démontré la force de la pression publique et syndicale.
Cette victoire doit servir de précédent pour exiger la fin de tous les accords
militaires avec Israël.
La même
approche s’applique à l’accord de libre-échange Mercosur–Israël.
Le Brésil devrait prendre l’initiative d’y mettre fin unilatéralement, même si
les autres pays du Mercosur ne suivent pas immédiatement.
En parallèle, des syndicats puissants, comme la FUP et la FNP dans le secteur
pétrolier, ou la CUT, doivent continuer à exercer leur pouvoir économique en refusant
d’exporter du pétrole vers Israël et d’entretenir des coopérations techniques
avec des entreprises israéliennes.
Les acteurs
de base doivent aussi faire pression sur le gouvernement fédéral pour qu’il
passe des condamnations rhétoriques à des mesures substantielles.
Conformément au droit international, le BDS appelle à des sanctions efficaces,
proportionnées et légales visant directement les structures d’oppression.
Adopter de telles mesures n’est pas une option politique, mais une obligation
juridique, comme l’affirme aujourd’hui un quasi-consensus d’experts
internationaux.
Ainsi, le Brésil doit honorer ses engagements découlant de la Convention sur le
génocide, de la Convention sur l’apartheid, et des arrêts de la CIJ de février
et juillet 2024.
Concrètement, cela implique :
1. Mettre
fin à toutes les exportations d’énergie vers Israël.
2. Décréter
un embargo militaire complet, couvrant matériel, technologies et coopération
sécuritaire.
3. Annuler
l’accord de libre-échange (ALE) Mercosur–Israël.
4. Suspendre
l’exemption de visa pour les citoyens israéliens et instaurer des vérifications
pour exclure les individus impliqués dans des crimes de guerre.
5. Poursuivre,
sur le territoire brésilien, toute personne impliquée dans des crimes de
guerre, de génocide, de crimes contre l’humanité ou d’apartheid, y compris les
binationaux.
6. Rejoindre
le « Groupe de La Haye » et signer sa déclaration pour affirmer l’engagement du
Brésil envers le droit international et les droits fondamentaux.
Appliquer
ces mesures reviendrait non seulement à honorer les obligations légales du
Brésil, mais aussi à assumer sa responsabilité morale dans la défense des droits
humains et de la justice mondiale.
La participation active du ministère brésilien des Affaires étrangères
(Itamaraty) à des procédures internationales contre Israël pourrait servir de précédent
régional et inciter d’autres gouvernements latino-américains à agir.
Le fait que le Brésil ait rejoint la plainte de l’Afrique du Sud à la CIJ en
vertu de la Convention sur le génocide constitue déjà une victoire majeure pour
le mouvement propalestinien au Brésil et accroît la pression sur Lula pour
qu’il agisse davantage.
Les
stratégies israéliennes de greenwashing et de marketing sécuritaire nécessitent
des campagnes d’éducation critique.
Au Brésil, il est crucial de produire des documents en portugais analysant les
activités des entreprises israéliennes comme Netafim et Adama, qui profitent de
l’apartheid hydrique, tout en montrant comment leurs récits technologiques
servent à masquer la dépossession coloniale.
Il faut aussi établir des liens clairs entre les technologies militaires
israéliennes et la répression policière interne au Brésil — contre les
défenseurs de l’environnement et les communautés autochtones — pour élargir la
résonance sociale du message.
En reliant ces dynamiques aux luttes rurales et urbaines, les campagnes peuvent
renforcer la conscience publique et ancrer la libération palestinienne dans les
combats brésiliens pour la justice raciale, sociale et écologique.
Les universités
jouent un rôle central : les Semaines contre l’apartheid israélien doivent se
poursuivre, mais il faut aussi étendre le travail dans les espaces militants.
Des campagnes visuelles et médiatiques dans les grandes villes peuvent
articuler des narratifs intersectionnels de résistance.
Lors de la COP30
à Belém, le Sommet des peuples réunira des voix de mouvements sociaux du monde
entier, y compris des organisations palestiniennes telles que le BDS National
Committee (BNC), Stop the Wall, PENGON – Amis de la Terre Palestine, Global
Energy Embargo for Palestine (GEEP) et le Palestinian Institute of Public
Diplomacy (PIPD).
Ces groupes placeront la Palestine au cœur de l’agenda, non comme une
abstraction mais à travers des réseaux concrets de solidarité syndicale,
écologique et politique.
Ils affirmeront ensemble que la libération de la Palestine est une condition
sine qua non d’une justice climatique authentique.
Le Brésil se
trouve à un moment historique : il peut faire de sa solidarité avec la
Palestine un levier concret pour la justice mondiale.
À l’heure où il accueille la COP30 et le Sommet des peuples, l’attention se
porte sur son gouvernement et sa société civile : agiront-ils réellement pour
rompre la complicité avec le régime d’apartheid et de génocide israélien ?
Des progrès
sont déjà visibles.
Les mouvements sociaux — du MST aux syndicats étudiants — ont obtenu des victoires
significatives :
- blocage des contrats
avec Mekorot et Elbit,
- annulation de foires
universitaires israéliennes,
- débats publics sur l’embargo
énergétique total.
Les syndicats ont lié la libération palestinienne aux droits du travail et à la justice environnementale, démontrant l’intersection profonde de ces luttes.
Mais l’État
brésilien demeure hésitant.
Malgré les condamnations puissantes de Lula et le rappel de l’ambassadeur, les réseaux
structurels de coopération militaire, pétrolière et agro-industrielle restent largement
intacts.
Les lobbies sionistes et les élites économiques continuent de bloquer toute
action décisive.
Sans pression soutenue par la base, le Brésil risque de rester complice.
De plus, certaines campagnes de solidarité n’ont pas encore réussi à mobiliser
la société civile dans son ensemble, la Palestine étant parfois perçue comme
une cause abstraite ou lointaine.
La voie à
suivre exige donc :
- une organisation
intersectionnelle accrue,
- un travail conjoint
avec les syndicats, les étudiants et les mouvements écologistes et
territoriaux,
- une pression
constante sur le gouvernement,
- une coordination
régionale élargie,
- et une stratégie
d’éducation publique déconstruisant la propagande israélienne.
Le Brésil
possède à la fois l’obligation morale et la puissance politique d’aller au-delà
de la simple rhétorique de solidarité.
En mettant fin à toute complicité militaire, diplomatique et économique, il
peut inspirer un réalignement régional et renforcer la campagne mondiale contre
l’apartheid israélien.
S’il saisit cette occasion, le Brésil peut devenir un chef de file du Sud
global dans la défense des droits humains et du droit international — au sein
des BRICS, du Mercosur, de l’OEA, et même de l’ONU.
Les années à venir détermineront si le Brésil choisit de rester complice du
militarisme ou de s’affirmer comme défenseur de la justice mondiale.
L’avenir de la lutte palestinienne — et plus largement de la lutte contre les
systèmes mondiaux d’oppression — dépendra en partie de ce choix.
1. La société civile palestinienne a toujours dénoncé le système d'apartheid imposé par Israël. L'apartheid israélien a été reconnu par Amnesty International , B'Tselem , Human Rights Watch et de nombreuses autres organisations et experts en droits humains (Mouvement BDS, 2005
2. Comme l'expliquent les experts indépendants des Nations unies, « les États [...] ont l'obligation légale de se conformer à la décision de la CIJ [...] et devraient : [...] imposer un embargo total sur les armes à Israël, en mettant fin à tous les accords, importations, exportations et transferts d'armes, y compris les biens à double usage qui pourraient être utilisés contre la population palestinienne sous occupation [...] interdire les biens et services issus de la colonisation des territoires palestiniens occupés et d'autres activités illégales susceptibles de porter atteinte aux droits des Palestiniens, [..] annuler ou suspendre les relations économiques, les accords commerciaux et les relations universitaires avec Israël qui pourraient contribuer à sa présence illégale et à son régime d'apartheid dans les territoires palestiniens occupés ». (HCDH, 2024)
3. « Favela » est un terme utilisé pour désigner les territoires urbains auto-construits au Brésil. Alors que l'Institut brésilien de géographie et de statistique (IBGE) préférait auparavant employer la catégorie technique « agglomération infranormale », les mouvements sociaux ont réhabilité l'utilisation du mot « favela », en raison de sa précision historique et sociopolitique et pour éviter les euphémismes tels que « communauté » ou « périphérie ». Ils ont ainsi cherché à affirmer les habitants Ils ont ainsi cherché à affirmer l'autodétermination des habitants et leur lutte contre l'invisibilité. Cela a conduit l'IBGE à commencer à utiliser en 2022 le terme « favelas », parallèlement à celui de « communautés urbaines » (Educação e Território, 2024).
4. Le Sommet des peuples (https://cupuladospovoscop30.org/en/peoples-summit/) (lien externe) est un contre-forum populaire organisé parallèlement aux négociations officielles telles que les COP, où les mouvements sociaux coordonnent leurs stratégies, présentent des solutions communautaires et font pression sur les gouvernements et les entreprises pour qu'ils mettent en œuvre des politiques transformatrices fondées sur les droits.
5. L'Israel Allies Caucus est un groupe parlementaire/politique, généralement coordonné par l'Israel Allies Foundation, qui réunit des législateurs pro-israéliens (souvent issus de blocs confessionnels/évangéliques) afin de promouvoir une politique pro-israélienne, d'approfondir les relations bilatérales et de s'opposer à des initiatives telles que le BDS.
6. Le Marché commun du Sud, formé par le Brésil, l'Argentine, le Paraguay et l'Uruguay, et rejoint plus tard par le Venezuela (dont l'adhésion est actuellement suspendue).
7. Selon les données officielles du gouvernement fédéral brésilien. Cependant, les bases de données internationales montrent que les chiffres réels pourraient être deux fois plus élevés, si l'on inclut les achats des États (https://tradingeconomics.com/brazil/imports/israel (lien externe)).
8. Les Yanomami sont la plus grande tribu relativement isolée d'Amérique du Sud. Ils vivent dans les forêts tropicales et les montagnes du nord du Brésil et du sud du Venezuela.
9. Les quilombos urbains sont des formations citadines ancrées dans la tradition quilombo d'autonomie et de résistance des Noirs, où les Noirs organisent collectivement leur culture, leurs moyens de subsistance et leur lutte politique contre le racisme, la dépossession et la ségrégation spatiale.
10. Black July est un mouvement international né en 2016 contre la militarisation, le racisme et l'apartheid dans le monde, organisé par des mouvements de mères et de proches de victimes de violences étatiques et par des mouvements issus des favelas, des banlieues et des communautés noires de Rio de Janeiro, au Brésil.
Références
bibliographiques
AEL Sistemas (no date)
‘AEL Sistemas: Construindo o futuro da defesa’. Retrieved from https://www.ael.com.br/
Almapreta (2023)
‘Movimento negro do Brasil tem histórico de solidariedade com a Palestina’, 11
October. Retrieved from
https://almapreta.com.br
Al Mayadeen English
(2024) ‘Brazil joins ICJ genocide case against Israel’. Retrieved from https://english.almayadeen.net
ANDES-SN (2025)
‘ANDES-SN vai à Embaixada da Palestina reafirmar solidariedade e apresentar
resoluções do 68º CONAD’. Retrieved from https://www.diplomaciabusiness.com
Ares (2019) ‘Empresa |
Ares | Segurança e Defesa’ [web page]. Retrieved from https://ares.ind.br
Arms Control
Association. (2006, April). Looking back: Lessons from the
denuclearization of Brazil and Argentina. Arms Control Today. https://www.armscontrol.org/act/2006-04/looking-back-lessons-denuclearization-brazil-and-argentina
Articulação para o
Monitoramento dos Direitos Humanos no Brasil (AMDH). (2025, abril). Violações
dos direitos humanos no Brasil. https://monitoramentodh.org.br/wp-content/uploads/2025/04/violacoes_direitos_humanos_brasil.pdf
Azulay, Y. (2024)
‘Israel’s Elbit strikes $150–200M deal with Brazilian army amid President’s
genocide accusations’, CTech, 1 May. https://www.calcalistech.com/ctechnews/article/noz2pj2jo
Badil Resource Center
(2007) ‘Mercosur–Israel Free Trade Agreement signed after delayed
negotiations’. Al-Majdal. Retrieved from https://badil.org/publications/al-majdal/issues/
Badil Resource Center
(2024) ‘International Viewpoint dossier on BDS and Mercosur’. Retrieved from https://badil.org/publications/al-majdal/issues/
Baeza, C. (2012)
‘América Latina y la cuestión palestina (1947–2012)’. Araucaria. Revista
Iberoamericana de Filosofía, Política y Humanidades 14(28): 111–131.
Universidad de Sevilla. https://core.ac.uk/display/51408650
Brasil de Fato (2023a)
‘Empresa de Israel que assinou convênio com Brasil na gestão Bolsonaro é alvo
de protestos em Porto Alegre’, 14 November. https://www.brasildefato.com.br/2023/11/14/empresa-de-israel-que-assinou-convenio-com-brasil-na-gestao-bolsonaro-e-alvo-de-protestos-em-porto-alegre/
Brasil de Fato (2023b)
‘Movimentos populares entregam ao governo brasileiro carta em solidariedade à
Palestina’, 23 May. Retrieved from https://www.brasildefato.com.br Brasil de Fato
Brasil de Fato (2024)
‘Manifestação de apoio à Palestina reivindica fim das relações entre Brasil e
Israel’, 8 May. Retrieved from https://www.brasildefato.com.br
Brasil. Congresso
Nacional (2009) ‘Decreto Legislativo nº 936, de 17 de dezembro de 2009: Aprova
os textos do Acordo-Quadro de Comércio entre o Mercosul e o Estado de Israel
(2005) e do Acordo de Livre Comércio entre o Mercosul e o Estado de Israel
(2007) – Exposição de motivos’. Câmara dos Deputados. https://www2.camara.leg.br/legin/fed/decleg/2009/decretolegislativo-936-17-dezembro-2009-598630-exposicaodemotivos-137505-pl.html
BDS Movement (2023)
‘Palestinians Stand in Solidarity with Brazil’s favelas’, 8 August. Retrieved
from https://www.bdsmovement.net
BDS Movement (2024a)
‘Military embargo is here: Freezing of Elbit artillery deal in light of ICJ
measures’. Retrieved from https://www.bdsmovement.net/Military-Embargo-Is-Here
BDS Movement (2024b)
‘Cancelled university innovation fair with Israeli partners’. Retrieved from https://bdsmovement.net
BDS Movement (2024c)
‘LAAD expo protests and letters to government’. Retrieved from https://bdsmovement.net
BDS Movement Brasil
(2014) ‘O que é o Movimento BDS — de Boicote, Desinvestimento e Sanções —
contra Israel?’, 18 February. Retrieved from https://pcb.org.br/portal2/5881
BDS Movement (no date)
‘Colonialism and apartheid’. Retrieved from https://bdsmovement.net/colonialism-and-apartheid
Chade, J. (2025,
September 2). Campanha global denuncia venda de aço do Brasil para uso
militar em Israel. UOL. https://noticias.uol.com.br/colunas/jamil-chade/2025/09/02/campanha-global-denuncia-venda-de-aco-do-brasil-para-uso-militar-em-israel.htm
Chaui, M., Pinheiro,
P. S., Paulani, L., Calil, C. A., Clemesha, A., Safatle, V., and Casella, P.
(2025) ‘Pela ruptura das relações comerciais com Israel’, Folha de S.Paulo,
6 July. https://www1.folha.uol.com.br/opiniao/2025/07/pela-ruptura-das-relacoes-comerciais-com-israel.shtml
Defense Update (2017)
‘Eshel, T. Elbit Systems' subsidiary to produce remote weapon stations in
Brazil’, 8 January. Retrieved from https://defense-update.com
Dimse (2019) ‘Brazil’s
ranking among Israeli arms importers 2010–2019’. Retrieved from https://dimse.info/brazil
Educação e Território
(2024) ‘Favela: por que o IBGE retomou o uso do termo noCenso?’. https://educacaoeterritorio.org.br/reportagens/favela-por-que-o-ibge-retomou-o-uso-do-termo-no-censo/
Fight Inequality
Alliance (2024) ‘Brazilian social movements against global financial capitalism
[March of the Peoples: Free Palestine from the River to the Sea]’, 19 November.
Retrieved from https://www.fightinequality.org
Folha de S.Paulo
(2025a) ‘Chico Buarque e outras personalidades pedem rompimento com Israel em
carta a Lula’. https://www1.folha.uol.com.br/mundo/2025/05/chico-buarque-e-outras-pers…
Folha de S.Paulo
(2025b) ‘Após Unicamp, Universidade do Ceará cancela acordo com universidade de
Israel por “genocídio em Gaza”’. https://www1.folha.uol.com.br/colunas/monicabergamo/2025/10/apos-unicam…
Forgerini, F. (2025)
‘Venda de petróleo do Brasil a Israel cresceu 51% em 2024, mostra ANP’, Opera
Mundi, 12 July. https://operamundi.uol.com.br/guerra-israel-x-palestina/venda-de-petroleo-do-brasil-a-israel-cresceu-51-em-2024-mostra-anp/
FUP (2025) ‘FUP e FNP
cobram de Lula embargo energético a Israel contra o genocídio em Gaza’. https://fup.org.br/fup-e-fnp-cobram-de-lula-embargo-energetico-a-israel…
GRAIN (2022) ‘Farms,
arms and Israel’s agro‑diplomacy’. https://grain.org/en/article/6878-farms-arms-and-israel-s-agro-diplomacy
International
Viewpoint (2024) ‘Regional platform with Bolivia, Colombia, and Chile to
pressure Mercosur’. Retrieved from https://internationalviewpoint.org
International
Viewpoint (2024) ‘Coordination with AU and CARICOM states at UN and ICJ’.
Retrieved from https://internationalviewpoint.org
Jewish Voice for Peace
(2024) ‘Strategies for defending activists from smear campaigns’. Retrieved
from https://jewishvoiceforpeace.org
Jewish Voice for Peace
(2024) ‘Smear campaigns and political repression of solidarity activists’.
Retrieved from https://jewishvoiceforpeace.org
JTA (2017) ‘Brazil honors diplomat who presided
over 1947 UN vote for partition plan ’, 30 November. https://www.jta.org/2017/11/30/global/brazil-honors-diplomat-who-presided-over-1947-un-vote-for-partition-plan
Historical Materialism
(no date) ‘Why the Brazilian Jewish left is not anti-zionist’. Retrieved from https://www.historicalmaterialism.org
Huberman, B. and
Fernandes, S. (2023) ‘Descolonizar futuros palestinos: O papel da comunidade
internacional para a resolução justa da Questão Palestina/Israel’, Revista
Marx e o Marxismo 11(21): 15–37. https://doi.org/10.36311/2447-8723.2023.v11n21.p15
Lakhani, N. and
Niranjan, A. (2024) ‘Countries fueling Israel’s Gaza war may be complicit in
war crimes, experts warn’, The Guardian, 20 August. https://www.theguardian.com/world/article/2024/aug/20/israel-war-gaza-fuel-war-crimes-warning
Lakhani, N. (2024,
March 14). Revealed: How the global oil industry is fueling Israel’s
war on Gaza. The Guardian. https://www.theguardian.com/world/2024/mar/14/global-oil-industry-impact-israel-gaza-war
Lucena, L. (2022)
‘Existe uma nova Onda Rosa na América do Sul?’, Colab – Faculdade de
Comunicação e Artes (PUC Minas). https://blogfca.pucminas.br/colab/existe-uma-nova-onda-rosa-na-america-…
Mack, E. (2018) ‘When
Israel enjoyed cozy ties with Brazil’s military dictatorship’, +972 Magazine,
18 November. https://www.972mag.com/hope-regime-lasts-israels-cozy-ties-brazils-mili…
Martins, G. (no date)
‘Do Rio de Janeiro à Palestina: A militarização dos territórios’, Nós,
Mulheres da Periferia. https://nosmulheresdaperiferia.com.br/do-rio-de-janeiro-a-palestina-a-militarizacao-dos-territorios/
Martins, G. and
Farias, J. (2024) ‘Circuitos urbanos do terror de Estado: Uma abordagem
antirracista e interseccional da militarização’, Ponto Urbe 32(1). https://journals.openedition.org/pontourbe/16193
MDIC (no date) Comex
Stat: Estatísticas de comércio exterior do Brasil. Ministério do
Desenvolvimento, Indústria, Comércio e Serviços. https://comexstat.mdic.gov.br/pt/geral
MercoPress (2023)
‘Lula compares Gaza to genocide, declares ambassador persona non grata, recalls
diplomat’. Retrieved from https://en.mercopress.com
MercoPress (2025)
‘Brazilians march in support of Palestinian victims’, 16 June. Retrieved
from https://en.mercopress.com
Middle East Monitor
(2024) ‘Social media and urban visual campaigns advocated by solidarity
coalitions’. Retrieved
from https://www.middleeastmonitor.com
Misleh, S. (2016) ‘BDS
contra o apartheid na Palestina’, NEOM – UFF. https://neom.uff.br/bds-contra-o-apartheid-na-palestina/
Nakamura, J. (2024)
‘Entenda a relação comercial entre Brasil e Israel em 3 gráficos’, CNN
Brasil, 19 February. https://www.cnnbrasil.com.br/economia/macroeconomia/entenda-a-relacao-c…
OpenDemocracy (2023)
‘Mekorot’s water apartheid and agritech greenwashing exposed’. Retrieved from https://www.opendemocracy.net
Opera Mundi (2024) ‘Boicote, Desinvestimentos e
Sanções: organizações lançam campanha por fim de acordos militares entre Brasil
e Israel ’, 25
June. Retrieved from https://operamundi.uol.com.br 
;
Opera Mundi (2025) ‘Brasil zera exportações de
petróleo para Israel em 2025, apontam dados oficiais ’, 11 September. https://operamundi.uol.com.br/guerra-israel-x-palestina/brasil-zera-exportacoes-de-petroleo-para-israel-em-2025-apontam-dados-oficiais/
PACS (2017)
‘Militarização do cotidiano: Um legado olímpico’. Instituto Políticas
Alternativas para o Cone Sul. https://www.pacs.org.br
Palestinian BDS National Committee (BNC) (2023)
‘Expose Israeli Apartheid and Greenwashing ’, BDS Australia. Retrieved
from bdsaustralia.net.au
PENGON – Palestinian
Environmental NGOs Network (2021) ‘EU Funding for Mekorot: Aiding and abetting
the Israeli settlement project’. Retrieved from https://www.pengon.org/articles/view/114/en
PENGON – Palestinian
Environmental NGOs Network (2024) ‘Mekorot in Latin America and Africa’.
Retrieved from https://www.pengon.org/articles/view/181/en
Pligher, P. (2023)
‘Israel é importante fornecedor de fertilizantes ao Brasil; guerra afeta o
setor?’, Money Times, 10 October. https://www.moneytimes.com.br/israel-e-importante-fornecedor-de-fertili…
Rajagopal, B. (2005)
‘El derecho internacional desde abajo: El desarrollo, los movimientos sociales
y la resistencia del Tercer Mundo’. Bogotá, Colombia: ILSA.
RioOnWatch (2023)
‘Black July events linking Brazil and Palestine’. Retrieved from https://rioonwatch.org
RioOnWatch (2024)
‘Solidarity protests in São Paulo and Rio linking Israeli arms to Brazilian
policing’. Retrieved from https://rioonwatch.org
Shephard Media (2019)
‘Ares wins Brazil RCWS contract - Land Warfare International’, , 16 February.
Retrieved from https://www.shephardmedia.com
Solomon, S. (2019)
‘Israel’s Elbit gets Brazil contract for $100 million’, Times of Israel,
16 February. Retrieved from https://www.timesofisrael.com
Stop the Wall (2025)
‘Weaponizing water for Israel's genocide, apartheid and ethnic cleansing’. https://stopthewall.org/2025/03/22/weaponizing-water-for-israels-genoci…
Trading Economics (no date) ‘Brazil exports to Israel: Crude oil,
petroleum bituminous minerals’. Retrieved
from https://tradingeconomics.com/brazil/exports/israel/crude-oil-petroleum-…
Tricontinental (2024)
‘MST solidarity with Palestinian struggle — 40 years of MST’. Retrieved from https://thetricontinental.org/newsletterissue/mst-brazil-40-years/
Trotte, A. R. P. and
Almeida, M. L. L. (2021) ‘A internacionalização do BDS: Uma análise comparada
entre as táticas de resistência não-violenta da África do Sul e da Palestina’, Revista
de Iniciação Científica em Relações Internacionais (RICRI) 9(17): 52–70.
Universidade do Estado do Rio de Janeiro / Universidade Federal Fluminense. https://doi.org/10.12957/ricri.2021.574
Universidades pela
Palestina (no date) ‘Universidades brasileiras: ruptura de acordos com Israel’.
Retrieved from https://universidadespelapalestina.com
Who Profits Research
Center (2020) ‘Agribusiness as usual: Agricultural technology and the Israeli
occupation’. https://www.whoprofits.org/writable/uploads/publications/1668633368_b1c…
Who Profits Research
Center (2020) ‘Greenwashing the occupation: The solar energy industry and the
Israeli occupation’. https://whoprofits.org
Who Profits Research
Center (2021) ‘Netafim: From Facilitator of Occupation to Global Leader in
Sustainable Agriculture’. https://whoprofits.org
Who Profits Research
Center (2024) ‘Israeli innovation and agritech greenwashing of occupation’.
Retrieved from https://www.whoprofits.org
World Nuclear
Association. (2025). Nuclear power in Brazil. World Nuclear
Association. https://world-nuclear.org/information-library/country-profiles/countries-a-f/brazil








Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire