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12/03/2023

GIDEON LEVY
Sameh Aqtash était un travailleur humanitaire qui avait des amis colons. Cela ne l’a pas sauvé du pogrom

Gideon Levy et Alex Levac (photos), Haaretz, 11/3/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Sameh Aqtash, travailleur humanitaire, venait de rentrer de Turquie dans son petit village de Cisjordanie après avoir organisé des transports de nourriture par camion pour les survivants du tremblement de terre. Il a été abattu au passage de colons pogromistes qui se dirigeaient vers la ville de Huwara.

Sameh Aqtash à Bursa. Photo Yeni Safak

 Voici Rim, à qui Sameh donne du lait au biberon. Dans cette vidéo familiale, on voit également une main douce et caressante qui la caresse doucement. Rim est une gazelle que Sameh Aqtash a trouvée dans la nature et qu’il a adoptée. Rim est le mot arabe qui désigne cette délicate créature, et c’est aussi le nom de la fille de Sameh, âgée de 8 mois. Aujourd’hui, il ne pourra plus s’occuper d’aucune d’entre elles : un Israélien armé - peut-être un colon, mais peut-être aussi un soldat - a abattu Sameh, 37 ans, la semaine dernière. Le mot “meurtre” est la meilleure façon de définir cet acte horrible.


Sameh donnant le biberon à un bébé gazelle. Photo : famille Aqtash

C’était la nuit où des colons se sont déchaînés dans la ville de Huwara, le 26 février, un jour après que deux colons israéliens ont été tués à proximité par des Palestiniens. Certains des membres de la foule déchaînée, empêchés de se joindre au pogrom par les barrages routiers de l’armée érigés avec un certain retard, ont décidé de déverser leur rage sur les habitants du minuscule et tranquille village voisin de Za’atara. Lorsque les villageois ont tenté de se protéger et de protéger leurs biens contre les émeutiers qui étaient sur le point d’envahir Za’atara, sous les auspices des Forces de défense israéliennes, quelqu’un a tiré sur Sameh et l’a tué.

C’était un individu singulier, un musulman pieux qui voyageait dans le monde entier et se portait volontaire pour aider les personnes dans le besoin. Quatre jours avant son assassinat, il était revenu d’un séjour de dix jours en Turquie, où il avait aidé les survivants du récent tremblement de terre. Il y a quelques années, il avait parcouru l’Asie et l’Afrique, aidant à construire des mosquées et à creuser des puits au Bangladesh et en Ouganda. Aujourd’hui, il est mort. Et sa mort risque de rester impunie.