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17/10/2024
20/08/2024
VICTORIA KORN
Milei's trolls against Maduro
Venezuela's President Nicolás Maduro denounced that the ultra-right Argentine government of Javier Milei financed with public funds a series of massive cyber-attacks against Venezuela. He also denounced that the Argentinian used these robot farms during his election campaign in Argentina, to create the false perception of massive popular support on social networks.
Victoria Korn, La Pluma, 19/8/2024
Translated by Fausto Giudice, Tlaxcala
Victoria Korn is a Venezuelan journalist, analyst of Central American and Caribbean issues, associated with the Latin American Center for Strategic Analysis (CLAE).
Venezuela continues to be the focus of attention in the region and around the world. On Friday, at an extraordinary meeting of its Permanent Council, the OAS approved a resolution put forward by the USA, the content of which is very similar to that of the resolution that failed to achieve consensus on August 1. The resolution was supported by Antigua and Barbuda, Argentina, Canada, Chile, the Dominican Republic, Ecuador, Guatemala, Paraguay, Suriname and Uruguay.
Venezuela is a victim of its desire to manage its natural resources on its own. Donald Trump openly declared in 2023 that, when he left, Venezuela was on the verge of collapse : “We would have taken it over and kept all that oil for ourselves. Instead, we're buying oil from Venezuela and making a dictator very rich”.
Maduro accused Milei of spending $100 million on trolls to attack him.
Some Venezuelans, as well as countries that have not recognized Nicolás Maduro as elected president, are demanding that he present the results of the July 28 elections, broken down by polling station, and that they be counted with “transparency”, in the installation of a new destabilization plan. When it comes to natural resources, democracy doesn't matter.
Milei and the trolls
Venezuela's president, Nicolás Maduro, has denounced the fact that the ultra-right Argentine government of Javier Milei has financed with public funds a series of massive cyber-attacks against Venezuela : “Milei has spent the equivalent of $100 million from the Secretariat of Intelligence of the State: he says he has no money but he has spent $100 million to attack the Bolivarian revolution, the Bolivarian government and the Venezuelan political process with his bots,” Maduro denounced.
He also denounced the Argentinian's use of these bot farms during his election campaign in Argentina, to create the false perception of massive popular support on social networks.
“Milei simulated, created the climate that everyone was speaking in his favor and bought important influencers in Argentina and abroad," Maduro pointed out.
What are robot farms and how do they work?
Maduro denounced the fact that 106 of the country's websites have fallen victim to cyberattacks over the past 20 days. According to experts, these attacks were carried out by sophisticated bot farms located in Spain, Mexico and Argentina, with the aim of destabilizing the Bolivarian government.
Bot farms are automated networks of fake social media accounts, controlled by software or operators, designed to simulate online activity. These accounts can generate thousands of messages, comments and reactions, giving the impression of massive support or rejection of certain issues or personalities. In this way, public opinion is manipulated, amplifying specific messages and silencing dissenting voices.
Maduro pointed out that on Wednesday, [United Socialist Party of Venezuela's Vice-President] Diosdado Cabello's TV show, “Con el Mazo Dando” [Hitting with the sledgehammer], was attacked simultaneously from Spain, Mexico and Argentina during the live broadcast, and that the accounts on which it was broadcast were saturated with automated messages attempting to discredit the content and cause chaos.
Translator’s Note
In 2018, the Venezuelan Ministry of the Interior published a guidebook entitled “Project to create the Bolivarian Revolution's army of trolls to confront the media war”, whose methods appear to be no different from those of its enemies and adversaries. See the guidebook here.
19/08/2024
VICTORIA KORN
Les trolls de Milei contre Maduro
Le président du Venezuela, Nicolás Maduro, a dénoncé le fait que le gouvernement argentin d'ultra-droite de Javier Milei a financé avec des fonds publics une série de cyber-attaques massives contre le Venezuela. Il a également dénoncé le fait que l'Argentin a utilisé ces fermes à robots lors de sa campagne électorale en Argentine, pour créer la fausse perception d'un soutien populaire massif sur les réseaux sociaux.
Victoria Korn, La Pluma, 19/8/2024
Traduit par Fausto
Giudice, Tlaxcala
Journaliste vénézuélienne, analyste des questions relatives à l'Amérique centrale et aux Caraïbes, associée au Centre latino-américain d'analyse stratégique (CLAE).
Le Venezuela continue d'être au centre de l'attention dans la région et dans le monde. Vendredi, lors d'une réunion extraordinaire de son Conseil permanent, l'OEA a approuvé une résolution présentée par les USA, dont le contenu est très similaire à celui de la résolution qui n'avait pas fait l'objet d'un consensus le 1er août. Cette résolution a été soutenue par Antigua-et-Barbuda, l'Argentine, le Canada, le Chili, la République dominicaine, l'Équateur, le Guatemala, le Paraguay, le Suriname et l'Uruguay.
Le Venezuela est victime d'avoir voulu gérer souverainement ses ressources naturelles. Donald Trump a déclaré ouvertement en 2023 que, lors de son départ, le Venezuela était au bord de l'effondrement : «Nous nous le serions approprié et aurions gardé tout ce pétrole pour nous. Au lieu de ça, nous sommes en train d’enrichir un dictateur ».
Maduro a accusé Milei d'avoir dépensé 100 millions de dollars en trolls pour l'attaquer.
Certains Vénézuéliens, ainsi que les pays qui n'ont pas reconnu Nicolás Maduro comme président élu, exigent qu'il présente les résultats des élections du 28 juillet, ventilés par bureau de vote, et qu'ils soient comptabilisés avec « transparence », dans l'installation d'un nouveau plan de déstabilisation. Quand il s'agit de ressources naturelles, la démocratie importe peu.
Milei et les trolls
Le président du Venezuela, Nicolás Maduro, a dénoncé le fait que le gouvernement argentin d'ultra-droite de Javier Milei a financé avec des fonds publics une série de cyber-attaques massives contre le Venezuela : « Milei a dépensé l'équivalent de 100 millions de dollars du Secrétariat d'État au renseignement : il dit qu'il n'a pas d'argent mais il a dépensé 100 millions de dollars pour attaquer la révolution bolivarienne, le gouvernement bolivarien et le processus politique vénézuélien avec ses bots », a dénoncé Maduro.
Il a également dénoncé le fait que l'Argentin ait utilisé ces fermes de robots lors de sa campagne électorale en Argentine, pour créer la fausse perception d'un soutien populaire massif sur les réseaux sociaux.
« Milei a simulé, créé le climat que tout le monde parlait en sa faveur et a acheté des influenceurs importants en Argentine et à l'étranger », a fait remarquer Maduro.
Que sont les fermes à robots et comment fonctionnent-elles ?
Maduro a dénoncé le fait que 106 sites ouèbe du pays ont été victimes de cyberattaques au cours des 20 derniers jours. Selon les experts, ces attaques ont été menées par des fermes à robots sophistiquées situées en Espagne, au Mexique et en Argentine, afin de déstabiliser le gouvernement bolivarien.
Les fermes à robots sont des réseaux automatisés de faux comptes de médias sociaux, contrôlés par des logiciels ou des opérateurs, conçus pour simuler une activité en ligne. Ces comptes peuvent générer des milliers de messages, de commentaires et de réactions, donnant l'impression d'un soutien ou d'un rejet massif de certaines questions ou personnalités. De cette manière, l'opinion publique est manipulée, amplifiant des messages spécifiques et réduisant au silence les voix dissidentes.
Maduro a précisé que mercredi, l'émission télévisée de Diosdado Cabello, « Con el Mazo Dando », a été attaquée simultanément depuis l'Espagne, le Mexique et l'Argentine pendant la diffusion en direct et que les comptes sur lesquels elle était diffusée ont été saturés de messages automatisés qui tentaient de discréditer le contenu et de provoquer le chaos.
NdTLe ministère de l'Intérieur vénézuélien a publié en 2018 un manuel intitulé "Projet de création de l'armée de trolls de la révolution bolivarienne pour affronter la guerre médiatique", dont les méthodes ne semblent pas être différentes de celles de ses ennemis et adversaires. Voir le manuel ici.
01/07/2024
Six mois dans une dystopie néolibérale
Cannibalisme social contre entraide et résistance en Argentine
crimethInc., 17 /6/ 2024
Traduit par Layân Benhamed,
édité par Fausto
Giudice, Tlaxcala
En décembre 2023, Javier Milei est arrivé au pouvoir en Argentine, introduisant des mesures radicales d’austérité et de déréglementation. En promettant d’écraser les mouvements sociaux au nom d’un capitalisme débridé, son administration ouvre la voie à un effondrement social complet et à l’émergence d’une narco-violence à grande échelle. Dans le récit qui suit, notre correspondant dresse un tableau saisissant des forces et des visions rivales qui se disputent l’avenir de l’Argentine, dont le point culminant le plus récent ont été les affrontements du 12 juin, lorsque des manifestants militants ont affronté près de trois mille policiers encerclant un congrès barricadé.
Instantanés
Fin janvier 2024, mouvements sociaux, assemblées de quartier et organisations de gauche se rassemblent devant le congrès pour protester contre le paquet massif de réformes néolibérales qui y sont débattues. L’État répond en mobilisant des milliers de policiers. On peut voir un officier se promener en arborant en écusson un drapeau de Gadsden « Ne me marchez pas dessus » sur sa veste.
Quelques jours plus tard, Sandra Pettovello, ministre du « Capital humain », refuse de rencontrer les organisations sociales pour discuter de la distribution d’aide alimentaire aux milliers de comedores populares (soupes populaires de quartier). S’inspirant de Marie-Antoinette, elle déclare : « S’il y a quelqu’un qui a faim, je le rencontrerai en tête-à-tête », mais sans l’intermédiaire des organisations sociales.
Le lendemain, des milliers de personnes acceptent son offre, faisant la queue devant son ministère. Elle refuse de les rencontrer.
Ursula est interviewée en direct par un journaliste d'une chaîne pro-gouvernementale. « Je suis veuve, je reçois une aide du gouvernement et je vis avec ma mère, qui est à la retraite. » Elle raconte qu'elle a trois filles, dont l'une se tient dans la rue, dans le froid, à côté d'elle pendant l'interview. Elle dit avoir récemment perdu son emploi. Alors qu'elle explique qu'elles tentent de survivre en vendant des paquets d'autocollants dans la rue, elle fond en larmes devant sa fille adolescente.
Quelques minutes avant l'interview d'Ursula, une autre femme avait été interviewée dans la rue. « J'ai trois boulots pour joindre les deux bouts. » Aucune des deux n'a mentionné les décisions politiques et économiques qui les ont conduites à ces situations.
Le coût de la vie a explosé. L’inflation est désormais « sous contrôle » – si l’on peut qualifier de sous contrôle un taux d’inflation mensuel de 9 % – uniquement parce que la demande des consommateurs s’est effondrée. Le coût des services publics, des médicaments et des produits alimentaires de base a explosé avec des augmentations de prix bien supérieures à 100 % dans toutes ces catégories. Dans le même temps, les contrats de location ont été complètement déréglementés.
Le résultat n'est pas surprenant. La valeur réelle des salaires s'effondrant, les ventes sont en chute libre. Ce ne sont pas seulement les fonctionnaires, stigmatisés par les ultralibéraux comme des «parasites vivant aux crochets de la société», qui perdent leur emploi. Les petites entreprises et les usines ferment les unes après les autres. Au cours du mois de mai, 300 000 «comptes salaires», comptes bancaires utilisés exclusivement pour recevoir les salaires mensuels, ont été fermés.
Dans une usine de la province de Catamarca, les travailleurs n'ont pas accepté la perte de leur poste de travail. Les 134 travailleurs de l'usine textile Textilcom, soupçonnant la fermeture imminente de celle-ci, ont occupé l'usine en guise de résistance contre la fermeture et comme moyen de pression pour s'assurer qu'ils ne seraient pas privés de leurs arriérés de salaire.
Mais même ici, les travailleurs qui mènent des actions collectives, qui occupent une usine et qui subissent les conséquences concrètes de la logique capitaliste du marché, mettent un point d’honneur à se distancer des chômeurs, des travailleurs informels et des personnes marginalisées qui constituent la majeure partie des mouvements sociaux. « Nous ne dépendons pas de l’aide de l’État, nous ne voulons pas d’aide, nous ne sommes pas comme les piqueteros. »
Un inconnu affronte le président Milei dans la rue en criant : « Les gens n'arrivent pas à joindre les deux bouts ! »
Milei répond : « Si les gens ne parvenaient pas à joindre les deux bouts, ils mourraient dans les rues, donc c'est faux. »
Même la presse pro-gouvernementale et de droite qualifie sa déclaration de « méprisable ».
En même temps, les organisations sociales dénoncent le refus du ministère du Capital humain de distribuer plus de cinq mille tonnes de produits alimentaires. Le ministère accuse le vaste réseau de soupess populaires gérées par les organisations sociales de pratiquer l'extorsion et affirme qu'un audit a révélé que la moitié de ces soupes populaires n'existent pas, alors que toute cette nourriture pourrit dans leurs entrepôts.
Un juge ordonne au gouvernement de commencer à distribuer la nourriture. Plutôt que d'obtempérer, celui-ci fait appel de la décision judiciaire.
Pendant ce temps, 49 % du pays vit dans la pauvreté, et 11,9 % de la population vit dans l’extrême pauvreté, définie comme « les personnes incapables de subvenir à leurs besoins alimentaires de base ».
23/03/2024
Le Déserteur, le nouveau blog de Franco “Bifo” Berardi
« Ce ne sont pas quelques porteurs de peste (untorelli) qui déracineront Bologne » (Enrico Berlinguer, secrétaire général du PCI, septembre 1977). Franco Berardi, alias Bifo, fut l’un des untorelli qui déclenchèrent la panique dans les rangs du Parti communiste italien, qui administrait la bonne ville de Bologne, menacée par les hordes de la jeunesse soulevée.
Né en 1949, créateur de Radio Alice, Bifo fut une des figures de l’aile créative de ce mouvement de l’Autonomie ouvrière que la répression, à laquelle le PCI contribua résolument, ne tarda pas à décimer. Exilé comme des centaines d’autres en France, il travaille avec Foucault et Guattari avant de retourner en Italie puis de passer plusieurs années aux USA. Il a ensuite enseigné la philosophie dans un lycée de Bologne. Début mars 2024, Bifo s’est résolu à créer un blog appelé Il Disertore, en hommage au Déserteur de Boris Vian, dont nous avons décidé de traduire les articles en français. On peut lire de Bifo en français :
Les Untorelli, Bologne 1977, avec Toni Negri, Franco Piperno et Claude Rouot, Revue Recherches, n°30, nov. 1977
Le ciel est enfin tombé sur la terre, traduit de l’italien par Pierre Rival, Seuil 1978 (à télécharger ici)
Tueries. Forcenés et suicidaires à l’ère du capitalisme absolu, traduit de l'anglais par Paulin Dardel . Lux 2016
26/08/2023
Les BRICS, deuxième bureau
Fausto Giudice, 26/8/2023
L’autre jour, notre artiste a été interrogé sur l’entrée de l’Argentine dans les BRICS, qui alimente bien sûr la fièvre électorale qui frappe l’Argentine. La mère Bullrich, candidate macriste à la présidentielle, ex-ministre du Travail de De la Rua et de l’Intérieur de Macri, donc de double sinistre mémoire, a aussitôt déclaré devant les patrons argentins et yankees réunis en « Conseil des Amériques » : « Pas question que moi, Présidente, l’Argentine fasse partie des BRICS », qui ne sont, avec Lula, Poutine et compagnie, qu’un ramassis de cocos, auxquels vont s’ajouter les horribles Iraniens, célèbres massacreurs de juifs argentins. Son de cloche plus tonitruant chez le clown qui risque bien de faire gicler Tatie Pato [son surnom quand elle était jeune Montonera] dès le premier tour pour affronter au deuxième tour le candidat kirchneriste Sergio Massa, j’ai nommé Javier Milei : « Je ne ferai pas de pacte avec les communistes. Je ne ferai de commerce ni avec le Brésil, ni avec le Venezuela, ni avec Cuba, ni avec le Nicaragua, ni avec la Chine. Ma priorité, ce seront les démocraties du monde, en premier lieu les USA et Israël ». Qu’on se le dise. Quand les Israéliens pourront acheter autant de soja et de viande de boeuf que les Chinois, les barbiers de Palermo et Belgrano vous raseront gratis, inutile de sortir vos dollars.
Et qu’a répondu Eurnekian aux questions sur l’entrée de l’Argentine dans les BRICS ? «En lo personal no me molesta. Veo bien el ingreso de la Argentina a los BRICS» : « Moi, personnellement, ça ne me dérange pas; je vois ça comme une bonne chose ». Deuxième question : « ça ne risque pas de compliquer les relations de l’Argentine avec les USA ? ». Réponse du vieux renard arménien : « No va a empiojar nada, vos podés tener tu señora y tu amante, negro » : « ça ne va rien compliquer du tout, tu sais, mec, tu peux avoir ta légitime et ta maîtresse, tranquillement ». Les BRICS, deuxième bureau* de l’Argentine ?
*Deuxième bureau : expression congolaise pour désigner la maîtresse d’un homme marié