Gianfranco Laccone, ClimateAid.it, 9/3/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
Relier des faits apparemment éloignés, comme l’image de la production italienne et le changement climatique, n’est pas difficile si l’on a l’habitude de regarder la réalité en perspective et d’essayer de comprendre où elle va finir par aboutir.
J’aborde cette question parce que les institutions italiennes et européennes vont bientôt légiférer sur la manière, le lieu et les raisons de produire des biens manufacturés de manière durable, en les intégrant dans un système d’économie circulaire. Ce débat est en cours au sein de notre Parlement, avec une enquête sur le “Made in Italy”, et il est bien avancé au sein des institutions européennes, qui sont désormais sur le point de lancer (si la médiation de la présidence suédoise porte ses fruits) un règlement-cadre pour l’élaboration de spécifications d’éco-conception {éco-design) pour les produits durables (abrogeant ainsi la directive 2009/125/CE actuellement en vigueur.
En gros, on discutera de ce qu’il faut faire pour soutenir les marques italiennes et l’UE interviendra pour réglementer l’éco-conception, un secteur de production fondamental pour ceux qui prétendent, comme les entreprises italiennes, être des diffuseurs de qualité et d’originalité.
Je tiens pour acquis que les productions et les produits manufacturés affectent le changement climatique, qu’ils soient originaux et le fruit de l’ingéniosité locale ou fabriqués à l’aide de méthodes et de matériaux introduits artificiellement dans une région. La question est de savoir ce qu’il faut faire pour réduire leur impact sans provoquer des effets secondaires de plus en plus désastreux : qu’il s’agisse d’impacts négatifs tels que la pollution par des matériaux et résidus toxiques ou la destruction de la stabilité sociale, ou même d’impacts écologiquement positifs mais sans réelle articulation sociale (par exemple des produits trop chers pour être diffusés en masse), on tentera de réglementer et de contrôler leur organisation et leur diffusion, dans le but d’atteindre les objectifs de l’Agenda 2030 - de facto étendu à 2050 - en améliorant la condition sociale dans l’UE et, pour notre part, en faisant du Made in Italy une marque communautaire. Si seulement !
Le Made in Italy joue un rôle clé dans notre économie, par exemple dans des secteurs tels que l’agroalimentaire, le textile, l’habillement et la chaussure qui couvrent une grande partie des produits manufacturés et représentent les exportations italiennes en expansion. Son image est un élément d’affirmation sur les marchés, car elle permet de vendre certaines productions très particulières (produits sélectionnés parmi les vins, les vêtements, les chaussures, par exemple) comme des productions d’élite, entraînant également le prix et l’image des autres productions italiennes vers des niveaux plus élevés, en particulier à l’exportation. Un effet sonore, obtenu lorsqu’un produit est formellement imité, évoquant ses caractéristiques, sans utiliser ses ingrédients et sans reproduire les processus de production et les propriétés considérées comme “authentiques”, qui existe dans le Made in Italy lui-même et ne doit pas être sous-estimé. Il doit être corrigé car il est à la base d’un “effet papillon”, négatif à bien des égards, et pour le combattre, il suffirait d’étudier, d’innover et de produire selon les règles qui, à moyen terme, seront les seules à être utilisées pour la vie sur la planète.
Ici commencent les notes douloureuses car la propension actuelle des entreprises italiennes à innover est limitée : elle ne concerne qu’un tiers d’entre elles, et nous pensons que pour ceux qui veulent être à l’avant-garde dans le monde, il serait nécessaire que 75% des entreprises aient une telle propension. Les entreprises italiennes souffrent d’un manque d’évolution numérique et de niveaux de sécurité et de pollution souvent inférieurs aux normes de l’UE (je pense, par exemple, au secteur de la production animale dans la vallée du Pô). En outre, dans le système de production italien, il existe une condition particulière, la diffusion des petites entreprises, qui est sa croix et son bonheur : elle représente sa limite pour faire face à l’augmentation des coûts et, d’autre part, sa grande opportunité pour devenir un exemple de production durable et d’économie circulaire. En effet, ce n’est qu’au niveau local que l’on peut trouver les fondements de la circularité avec un faible impact environnemental, et en Italie, avec ses conditions spécifiques très répandues de climat, de territoire, de distribution sociale et d’organisation de la communauté, les conditions sont réunies pour une grande expérimentation de méthodes innovantes, circulaires et durables dans une économie avancée complexe.