Hannah
Natanson et Emmanuel
Felton, The Washington Post, 16/5/2024
Traduit par Layân Benhamed, édité par Fausto
Giudice, Tlaxcala
Un tchat [groupe de discussion] sur WhatsApp lancé par quelques riches
USAméricains après l’attaque du Hamas du 7 octobre révèle les pressions qu’ils
ont exercé sur le maire noir de New York Eric Adams [ancien policier issu du
ghetto, démocrate, diabétique, franc-maçon, végétarien, grand chasseur de SDF
et pro-israélien virulent, NdE] et leur travail pour façonner l’opinion
usaméricaine sur la guerre de Gaza.
Des manifestants propalestiniens scandent des slogans
tout en faisant face à des agents de la police de New York à l’université de
Columbia, à la fin du mois d’avril. (Ed Ou pour le Washington Post)
Un groupe de
milliardaires et d’hommes d’affaires qui s’efforcent de façonner l’opinion
publique usaméricaine sur la guerre à Gaza a fait pression en privé sur le
maire de New York le mois dernier pour qu’il envoie la police disperser les
manifestations propalestiniennes à l’université de Columbia, selon des
communications obtenues par le Washington Post et des personnes familières du
groupe.
Des hommes
d’affaires, dont le fondateur de la société de snacks Kind, Daniel Lubetzky, le
gestionnaire de fonds spéculatifs Daniel Loeb, le milliardaire Len Blavatnik et
l’investisseur immobilier Joseph Sitt, ont tenu un appel vidéo Zoom le 26 avril
avec le maire Eric Adams (Démocrate), environ une semaine après que le maire avait envoyé la
police new-yorkaise sur le campus de Columbia, comme le montre un registre de
messages de tchat. Pendant l’appel, certains participants ont discuté de la
possibilité de faire des dons politiques à M. Adams, ainsi que de la manière
dont les membres du groupe de discussion pourraient faire pression sur le
président et les administrateurs de Columbia pour qu’ils autorisent le maire à
envoyer la police sur le campus pour s’occuper des manifestants, d’après les
messages de discussion résumant la conversation.
Un membre du
groupe de discussion WhatsApp a déclaré au Washington Post qu’il avait fait un
don de 2 100 dollars, la limite maximale légale, à Adams ce mois-là. Certains
membres ont également proposé de payer des enquêteurs privés pour aider la
police new-yorkaise à gérer les manifestations, comme le montre le journal de
tchat - une offre qu’un membre du groupe a rapportée dans le tchat et que M.
Adams a acceptée. Le département de la police de New York n’utilise pas et n’a
pas utilisé d’enquêteurs privés pour aider à gérer les manifestations, a
déclaré une porte-parole de la mairie.
Les messages
décrivant l’appel avec Adams faisaient partie de milliers de messages
enregistrés dans une discussion WhatsApp entre certains des chefs d’entreprise
et financiers les plus importants du pays, notamment l’ancien PDG de Starbucks
Howard Schultz, le fondateur et PDG de Dell Michael Dell, le gestionnaire de
fonds spéculatifs Bill Ackman et Joshua Kushner, fondateur de Thrive Capital et
frère de Jared Kushner, le gendre de l’ancien président Donald Trump [et
chargé de mission au Moyen-Orient par lui, NdE].
Des personnes
ayant un accès direct au contenu du journal de discussion l’ont communiqué au
Post. Elles ont communiqué ces informations sous le couvert de l’anonymat, car
le contenu de la discussion était censé rester privé. Des membres du groupe ont
vérifié l’existence du tchat et leurs commentaires.
La discussion
a été lancée par un collaborateur du milliardaire et magnat de l’immobilier
Barry Sternlicht - qui ne s’est jamais joint directement au groupe,
communiquant plutôt par l’intermédiaire du collaborateur, selon les messages de
la discussion et une personne proche de Sternlicht. Dans un message daté du 12
octobre, l’un des premiers envoyés dans le groupe, l’employé qui s’exprimait au
nom de Sternlicht expliquait aux autres membres que l’objectif du groupe était
de “changer le discours” en faveur d’Israël, notamment en faisant connaître
« les atrocités commises par le Hamas [...] à tous les Américains ».
Israël estime que 1 200
personnes ont été tuées lors de l’attaque du Hamas du 7 octobre. Au cours des
mois qui ont suivi le début de la guerre, le nombre de morts à Gaza a dépassé les 35 000, selon
le ministère de la santé de Gaza.
Le groupe de
discussion s’est formé peu après l’attaque du 7 octobre et son activisme s’est
étendu au-delà de New York, touchant les plus hauts niveaux du gouvernement
israélien, le monde des affaires usaméricain et les universités d’élite.
Intitulé “Israel Current Events”, le groupe de discussion a fini par compter
une centaine de membres, comme le montre le journal de bord. Plus d’une
douzaine de membres du groupe figurent sur la liste annuelle des milliardaires
de Forbes ; d’autres travaillent dans l’immobilier, la finance et les
communications.
Dans
l’ensemble, les messages donnent un aperçu de la manière dont certaines
personnalités ont utilisé leur argent et leur pouvoir pour tenter de façonner
l’opinion des UAméricains sur la guerre de Gaza, ainsi que
les actions de dirigeants universitaires, commerciaux et politiques, dont le
maire de New York.
« Il est
ouvert à toutes les idées que nous avons », a écrit Sitt, membre du tchat
et fondateur de la chaîne de magasins Ashley Stewart et de la société
immobilière Thor Equities, le 27 avril, le lendemain de l’appel Zoom du groupe
avec Adams. « Comme vous l’avez vu, il est d’accord pour que nous
engagions des enquêteurs privés et que l’équipe de renseignements de sa police
travaille avec eux ».
Sitt s’est
refusé à tout commentaire par l’intermédiaire d’une porte-parole.
Une
demi-douzaine de membres éminents du groupe ont confirmé officiellement leur
participation à la discussion. Plusieurs personnes connaissant bien le groupe
ont confirmé les noms d’autres membres.
Le
milliardaire chypriote israélien de l’immobilier, Yakir Gabay, a écrit dans une
déclaration transmise par un porte-parole qu’il avait rejoint le groupe parce
qu’il voulait « partager son soutien dans un moment difficile et
douloureux », aider les victimes des attaques du Hamas et « essayer
de corriger les informations fausses et trompeuses diffusées intentionnellement
dans le monde entier pour nier ou dissimuler les souffrances causées par le
Hamas ».
Interrogé sur
la réunion e Zoom avec les membres du groupe de discussion, le bureau du maire
n’a pas abordé directement la question, préférant partager une déclaration du
maire adjoint Fabien Levy* qui souligne que la police new-yorkaise a pénétré à
deux reprises sur le campus de Columbia en réponse à des « demandes
écrites spécifiques » émanant de la direction de l’université.
« Toute suggestion selon laquelle d’autres considérations auraient été
prises en compte dans le processus de décision est totalement fausse », a
déclaré Levy. Il a ajouté : « L’insinuation selon laquelle des donateurs
juifs ont secrètement comploté pour influencer les opérations du gouvernement
est un trope antisémite bien trop familier que le Washington Post
devrait avoir honte d’évoquer, et encore plus de normaliser dans la
presse ».
Dès le début, M.
Adams s’est montré disposé à envoyer les forces de l’ordre pour s’occuper des
manifestants sur les campus. Il a envoyé la police sur le campus de Columbia
pour disperser les manifestants propalestiniens le 18 avril, à la demande de
l’université, environ un jour après que les manifestants avaiient érigé leur
campement de solidarité avec Gaza. Les policiers ont arrêté plus de 100 manifestants. Le maire a
par la suite affirmé que les
étudiants activistes étaient affectés par des « influences
extérieures » et que l’intervention de la police était nécessaire pour
empêcher que des « enfants » soient « radicalisés ».
Le président
de Columbia et lui-même se sont depuis lors attirés des critiques - mais aussi
des soutiens - pour avoir impliqué la police, ce qui vient s’ajouter à une
période difficile pour Adams, qui doit être réélu en 2025 et qui fait
face à une enquête du FBI pour corruption, selon
laquelle sa campagne de 2021 aurait reçu des dons illégaux de la part de la
Turquie. M. Adams a défendu cette campagne, affirmant qu’il l’avait
menée dans le respect des « normes éthiques les plus strictes ».
Quatre jours
après l’appel vidéo des membres du tchat avec M. Adams, des étudiants
protestataires ont occupé un bâtiment du campus et le président de Columbia a
invité la police à revenir sur le campus pour évacuer le bâtiment. Les
policiers ont évacué et arrêté des dizaines de manifestants, bousculant,
frappant et traînant des étudiants dans le processus, a rapporté le Post. Un officier
a accidentellement tiré avec son arme.
Le maire de New York, Eric Adams, s’exprime lors d’une
conférence de presse le 1er mai, après que les policiers new-yorkais
ont évacué les manifestants du campus de l’université Columbia le 30 avril.
(Mike Segar/Reuters)
Quelques mois
avant les manifestations à Columbia au printemps, certains membres du tchat ont
assisté à des réunions d’information privées avec l’ancien Premier ministre
israélien Naftali Bennett, Benny Gantz, membre du cabinet de guerre israélien,
et l’ambassadeur d’Israël aux USA, Michael Herzog, d’après les registres du
tchat.
Les membres du
groupe ont également collaboré avec le gouvernement israélien pour projeter à
New York un film d’environ 40 minutes présentant des images compilées par les
forces de défense israéliennes (FDI), intitulé « Bearing Witness to the
October 7 Massacre » (Témoigner du massacre du 7 octobre). Le film
présente des meurtres commis par le Hamas. Un membre du tchat a demandé l’aide
d’autres membres pour projeter le film dans des universités ; il a ensuite été projeté à Harvard, une
projection qu’Ackman, membre du tchat, a contribué à faciliter, à laquelle
il a assisté et qu’il a promue publiquement.
Sternlicht
s’est refusé à tout commentaire, bien qu’une personne proche de lui -
s’exprimant sous le couvert de l’anonymat car elle n’était pas autorisée à
discuter publiquement du groupe de discussion - ait confirmé que le magnat de
l’immobilier était à l’origine de la discussion. D’autres membres du groupe de
discussion, dont Ackman et Schultz, ont confirmé leur appartenance au groupe.
Un
porte-parole a déclaré que M. Ackman n’avait pas participé au tchat depuis le 10
janvier, ajoutant qu’il n’avait jamais parlé à M. Adams des manifestations à
Columbia et qu’il n’avait jamais fait de don à la campagne de M. Adams, même si
M. Ackman « aime bien le maire et le soutient ». Joshua Kushner s’est
refusé à tout commentaire.
Le magnat de l’immobilier Barry Sternlicht en janvier.
(Bloomberg/Getty Images)
Le 12 octobre,
un collaborateur de Sternlicht a transmis un message de son patron décrivant la
mission du groupe : alors qu’Israël s’efforçait de « gagner la guerre
physique », les membres du groupe de discussion « aideraient à gagner
la guerre » de l’opinion publique usaméricaine en finançant une campagne
d’information contre le Hamas. La campagne était désignée dans le tchat comme
« Facts for Peace ».
Le site
d’information Semafor a rapporté en novembre que M. Sternlicht lançait une campagne médiatique anti-Hamas
de 50 millions de dollars avec divers milliardaires de Wall Street et
d’Hollywood. Les personnes impliquées, selon le rapport de Semafor,
comprennent certains membres du tchat WhatsApp, selon une étude du Post.
Les messages du tchat, dont le contenu n’a jamais été rapporté auparavant,
semblent révéler le début de la campagne, ainsi que des activités
pro-israéliennes distinctes entreprises plus tard par les membres du tchat. On
ignore dans quelle mesure le groupe de discussion et la campagne médiatique se
sont chevauchés.
Certaines des
activités de la campagne médiatique étaient publiques, notamment son site web et ses
comptes Instagram, TikTok, YouTube, Facebook et X, qui ont attiré ensemble plus de 170 000 followers.
Contacts à
haut niveau, briefings privés
Dans un
contexte de montée de l’antisémitisme, le collaborateur de Sternlicht a écrit
dans l’un des premiers messages de tchat que son patron était fier de son
héritage juif et voulait soutenir Israël, mais qu’il était également préoccupé
par la sécurité. L’anonymat, a écrit le collaborateur le 12 octobre au nom de
Sternlicht, « est un besoin pratique et une préoccupation pour la sécurité
de ma famille dans un monde de plus en plus complexe ».
Le membre du
personnel a écrit que Sternlicht comprenait si d’autres membres ressentaient la
même chose et a promis que toutes les contributions à la campagne médiatique
resteraient anonymes. « Je suis sensible à la crainte d’être moins
efficace s’il apparaît qu’il s’agit d’une initiative juive », a écrit
l’employé au nom de M. Sternlicht.
Dès le début
du tchat, les membres ont cherché à obtenir des conseils et des informations
auprès de fonctionnaires du gouvernement israélien.
Certains
membres du tchat WhatsApp ont déclaré avoir assisté à des réunions
d’information privées sur la guerre de Gaza avec M. Gantz, membre du cabinet de
guerre israélien, M. Bennett, ancien premier ministre, et M. Herzog,
l’ambassadeur. Le journal du tchat montre des invitations de Zoom pour ces
réunions.
« Je suis
très reconnaissant à Naftali Bennett de m’avoir informé en coulisses », a
écrit M. Schultz, l’ancien PDG de Starbucks, au groupe le 16 octobre.
« « C’est tout à fait extraordinaire ! »
M. Bennett n’a
pas répondu à une demande de commentaire. M. Gantz n’a pas pu être joint pour
un commentaire. Un porte-parole de l’ambassade d’Israël à Washington a déclaré
que la séance d’information donnée par M. Herzog aux membres du tchat était « l’une
des dizaines » que l’ambassadeur avait données ce mois-là, ajoutant que
« les communautés ici aux USA voulaient, à juste titre, en savoir plus sur
ce qui se passait sur le terrain en Israël ».
Un
porte-parole de M. Schultz a confirmé dans un communiqué qu’il avait assisté à
la réunion d’information avec M. Bennett, mais il a précisé que M. Schultz
« n’a pas participé ni contribué financièrement aux travaux du
groupe ». M. Schultz n’a pas participé aux discussions sur M. Adams et les
manifestations à Columbia, ni aux projections du film, selon le porte-parole.
À la fin du
mois d’octobre, les enregistrements du tchat montrent que des membres du tchat
semblent avoir suggéré aux responsables israéliens d’organiser une projection
privée à New York pour les membres des médias de « Bearing Witness »,
le film de l’armée israélienne présentant des séquences choquantes enregistrées
par les tireurs du Hamas sur des caméras corporelles et des téléphones
portables alors qu’ils attaquaient Israël. Sitt a écrit dans un message adressé
au groupe le 27 octobre que les responsables israéliens voulaient les remercier
« d’avoir eu l’idée d’organiser un événement pour la presse à New
York ».
Le mois
suivant, le groupe a projeté le film à New York. Sitt a écrit le 10 novembre
que le gouvernement israélien « s’est arrangé pour que nous »
projetions le film au Gotham Hall le 17 novembre, ajoutant dans un message
ultérieur que la projection « sera répertoriée comme un événement des FDI
non affilié à Facts for Peace afin de les séparer ».
Au cours des
mois suivants, les membres du groupe ont écrit dans le tchat pour signaler des
articles de presse ou des messages sur les médias sociaux concernant Israël,
les événements à Gaza ou, plus tard, les manifestations sur les campus
universitaires.
Pour que la
police de New York puisse revenir
Les étudiants
de Columbia ont d’abord installé un campement le 17 avril, ce qui a
conduit certains étudiants juifs à
alléguer que les manifestations avaient créé une
atmosphère hostile et de harcèlement. La police
est intervenue pour dégager le campement à la demande
du président de Columbia le 18 avril, arrêtant plus de 100 manifestants.
Lors du tchat,
la discussion sur la manière dont Adams gérait les manifestations à Columbia -
et sur la manière dont les membres du groupe pouvaient aider - a pris de
l’ampleur le lendemain, après que les étudiants protestataires ont construit un
nouveau campement pour remplacer celui qui avait été démoli.
Lubetzky, de
la société de snacks Kind, a posté dans le tchat partageant un lien vers une vidéo Instagram montrant un journaliste arabe israélien se faire frapper par un homme que
la légende de la vidéo affirme être un « manifestant
anti-israélien ». Peu de temps après, le milliardaire Blavatnik a posté
une photo d’Adams et a écrit : « Il a besoin d’aide ».
Daniel Loeb, dirigeant d’un fonds spéculatif, en
janvier. (Bloomberg/Getty Images)
M. Sitt a
répondu qu’il avait déjà « apporté son aide mais qu’il [Adams] avait
besoin de plus de soutien ». Il a demandé si d’autres personnes étaient
« prêtes à donner » [de l’argent] à Adams.
Gabay, le
milliardaire chypriote israélien de l’immobilier, a répondu : « Veuillez
envoyer l’information. Merci ». Puis Blavatnik a posté un lien ActBlue [plateforme de donations à des
candidats démocrates] permettant de faire des dons au comité Eric Adams 2025.
Lubetzky a
envoyé un message : Sitt a répondu qu’il était en train de mettre en place un
« code » pour de tels dons ; interrogé sur ce message, Vito Pitta,
conseiller de la campagne 2025 d’Adams, a déclaré « qu’il n’y a pas de
‘code spécial’ pour les contributions ».
Une
porte-parole de M. Blavatnik a déclaré qu’il avait contribué à hauteur de 2 100
dollars à la campagne de réélection de M. Adams en avril. Elle a précisé que ce
don avait été fait « pour soutenir le maire Adams dans son soutien
indéfectible à Israël et sa position ferme contre l’antisémitisme ».
Les
porte-parole de Lubetzky, Sitt et Gabay ont déclaré qu’ils n’avaient pas fait
de dons à Adams. Loeb s’est refusé à tout commentaire.
Lors du tchat,
la discussion a porté sur le fait que Columbia devait accorder une autorisation
à Adams avant qu’il puisse envoyer la police municipale sur le campus.
Un membre a
demandé si le groupe pouvait faire quelque chose pour pousser les
administrateurs de Columbia à coopérer avec le maire. En réponse, l’ancien
membre du Congrès Ted Deutch (Démocrate De Floride), PDG du Comité juif
américain, a partagé le PDF d’une lettre que son organisation avait envoyée le jour même à la présidente de
Columbia, Minouche Shafik, lui demandant de « mettre fin à ces
manifestations ».
« Je suis
également en contact avec le conseil d’administration », a écrit M. Deutch
au groupe de discussion, « pour que la police de New York puisse
revenir ».
Interrogée
pour un commentaire, une porte-parole de Deutch a écrit dans un courriel au Post
que le Comité juif américain « apprécie toutes les occasions de s’engager
avec diverses personnes et institutions qui soutiennent le peuple juif et
l’État d’Israël ». Interrogé sur le groupe de discussion et ses activités,
un porte-parole de Columbia a répondu : « Nous n’en avons pas
connaissance ».
Un appel vidéo
Zoom avec les membres du groupe de discussion et Adams a eu lieu un peu après
11 heures le 26 avril, selon les enregistrements du tchat.
On ne sait pas
exactement combien de membres ont assisté à la réunion, qui a duré environ 45
minutes, selon les registres de discussion. Parmi les personnes présentes
figuraient au moins Blavatnik, Sitt, Loeb et Lubetzky, selon les registres.
Sitt a écrit
quelques minutes après la fin de l’appel pour résumer les points
« discutés aujourd’hui », y compris les dons à Adams, l’utilisation
de l’ « influence » des membres du groupe pour aider à persuader
le président de Columbia de laisser la police de New York revenir sur le
campus, et le financement des « efforts d’enquête » pour aider la
ville.
Lubetzky a
répondu en énumérant des actions concrètes que les membres du groupe devraient
entreprendre. Il s’agissait notamment de partager à nouveau un lien pour offrir
un soutien financier à Adams, d’appeler et d’écrire au président et au conseil
d’administration de Columbia, et d’ « amener les leaders noirs à
condamner l’antisémitisme ». Il a cité plusieurs personnes qu’il
contacterait et a demandé si l’un des membres du groupe connaissait Jay-Z,
LeBron James ou Alicia Keys.
Interrogé sur
ses commentaires, M. Lubetzky a écrit dans une déclaration au Post que
« construire des ponts entre les communautés noire et juive (...) est plus
important que jamais ».
M. Blavatnik,
par l’intermédiaire d’une porte-parole, a confirmé qu’il avait participé à la
conférence Zoom avec M. Adams, mais a déclaré qu’il n’avait pas
« participé à une conversation sur les enquêteurs privés et qu’il n’était
pas au courant des discussions liées à ce sujet ». La porte-parole a fait
remarquer que d’autres participants à la conférence ont dit des choses que M.
Blavatnik « n’a pas commentées ou avec lesquelles il n’était pas
d’accord ». Elle a ajouté que le milliardaire, ancien élève et donateur de
Columbia, n’avait rejoint le Zoom que pour comprendre comment Adams
« pensait aux manifestations de Columbia ».
Le soir
suivant l’appel, Sitt a partagé le lien ActBlue pour les dons au comité Adams 2025.
Daniel
Lubetzky, PDG de Kind, en 2017. (Mark
Lennihan/AP)
Le tchat
n’indique pas qui a donné de l’argent à Adams ni quel en est le montant. Le
site web de la commission de financement des campagnes de la ville de New York n’indique que
les dons envoyés jusqu’en janvier de cette année ; les dons plus récents ne
seront rendus publics qu’en juillet.
M. Pitta,
l’avocat de la campagne d’Adams, a déclaré que la campagne n’avait pas reçu de
dons de la part de Lubetzky, Loeb, Sitt ou Gabay. Il a confirmé que M.
Blavatnik avait fait un don, mais n’a pas répondu aux questions portant sur la
date de son don.
Un jour après
le Zoom du 26 avril avec Adams, Loeb a écrit au groupe de discussion pour
partager ses réflexions sur ce qui s’était passé pendant l’appel. Il a écrit
qu’il était « triste que nous ressentions le besoin de ramper pour
demander à nos élus de faire leur travail ». Il a ajouté : « Je serai
reconnaissant lorsque les auteurs de ces actes seront traînés hors du
campus ».
La police est
revenue à Columbia le 30 avril, arrêtant des dizaines de manifestants qui avaient occupé un bâtiment de
l’université. La présidente de Columbia, Mme Shafik, avait demandé l’aide des
forces de l’ordre dans une lettre, écrivant que
l’occupation du Hamilton Hall soulevait de « graves problèmes de
sécurité ». Elle a demandé à la police de rester sur le campus au moins
jusqu’au 17 mai.
Le lendemain
matin, Adams a donné une conférence de presse pour résumer l’action. « Nous
sommes entrés et avons mené une opération », a-t-il déclaré, « pour
éliminer ceux qui ont transformé les manifestations pacifiques en un lieu où
l’antisémitisme et les attitudes anti-israéliennes étaient omniprésents ».
Des étudiants propalestiniens et d’autres
sympathisants se rassemblent devant la bibliothèque Elmer Holmes Bobst de
l’université de New York en mai (Spencer Platt/Getty Images)
Début mai,
sept mois après sa création, le tchat a été fermé. Une personne proche de
Sternlicht a déclaré qu’il avait décidé de fermer le groupe parce que les
activités dépassaient les objectifs initiaux et que les personnes qui l’avaient
lancé - y compris lui-même - n’y participaient plus activement, et ce depuis
des mois.
« Nous
sommes incroyablement reconnaissants pour le dialogue et le soutien que ce
groupe nous a apportés au cours des sept derniers mois », a écrit un
collaborateur de Sternlicht. Il a ajouté que les membres « ne devaient pas
hésiter à nous contacter s’ils avaient besoin de quoi que ce soit ».
« Nous
sommes plus forts ensemble », a écrit le collaborateur en guise de
conclusion.
NdE
*Fabien Levy,
fils d’immigrés iraniens juifs né à Long Island, a été nommé en 2023
maire-adjoint chargé des communications -un poste nouvellement créé – après
avoir été le porte-parole d’Eric Adams depuis l’entrée en fonction de ce dernier comme
maire le 1er janvier 2022.
Hannah
Natanson est une journaliste du Washington Post qui couvre l’éducation
nationale de la maternelle à la 12e année.
Emmanuel
Felton est journaliste spécialisé dans les questions raciales [sic] et ethniques au
bureau des USA du Washington Post.
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