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03/11/2025

Les drones à IA utilisés à Gaza surveillent désormais les villes usaméricaines

 

Nate Bear, ¡Do Not Panic!, 31/10/2025

Traduit par Tlaxcala

Les drones quadricoptères alimentés par l’intelligence artificielle, utilisés par l’armée israélienne (FDI) pour commettre un génocide à Gaza, survolent désormais les villes usaméricaines, surveillant les manifestants et téléversant automatiquement des millions d’images dans une base de données de preuves.


Ces drones sont fabriqués par une entreprise appelée Skydio, qui, en quelques années, est passée d’une relative obscurité à une valorisation de plusieurs milliards de dollars, devenant le plus grand fabricant de drones aux USA.

L’ampleur de l’utilisation des drones Skydio à travers le pays, et la vitesse à laquelle celle-ci s’est développée en seulement quelques années, sont stupéfiantes. L’entreprise a signé des contrats avec plus de 800 agences de police et de sécurité à travers les USA, contre 320 en mars dernier, et ses drones sont désormais déployés des centaines de fois par jour pour surveiller la population dans les villes et les bourgs du pays.

Liens étroits avec Israël

Skydio entretient des liens profonds avec Israël. Dans les premières semaines du génocide, l’entreprise californienne a envoyé plus d’une centaine de drones à l’armée israélienne, avec la promesse d’en fournir davantage. On ignore combien d’autres ont été livrés depuis cette première admission. Skydio possède un bureau en Israël et collabore avec DefenceSync, un sous-traitant militaire local qui sert d’intermédiaire entre les fabricants de drones et l’armée israélienne.

Skydio a également levé des centaines de millions de dollars auprès de capital-risqueurs usaméricano-israéliens et de fonds d’investissement disposant de lourds portefeuilles en Israël, dont la société Andreessen Horowitz (a16z), fondée par Marc Andreessen.

Et maintenant, ces drones — testés dans un contexte de génocide et perfectionnés sur des Palestiniens — essaiment sur les villes usaméricaines.

Déploiement national massif

D’après mes recherches, presque toutes les grandes villes usaméricaines ont signé un contrat avec Skydio au cours des 18 derniers mois, notamment Boston, Chicago, Philadelphie, San Diego, Cleveland et Jacksonville. Les services de police municipaux ont récemment utilisé ces drones pour recueillir des informations lors des manifestations No Kings, et l’université Yale s’en est servie pour espionner le campement étudiant anti-génocide installé sur son campus l’an dernier.

À Miami, les drones Skydio sont employés pour surveiller les vacanciers printemps ; à Atlanta, la société s’est associée à la Atlanta Police Foundation pour installer une station permanente de drones dans le nouveau Centre de formation de la sécurité publique d’Atlanta. D’après un rapport municipal, Detroit a récemment dépensé près de 300 000 dollars pour l’achat de quatorze drones Skydio. Le mois dernier, l’agence ICE (Immigration and Customs Enforcement) a acheté un drone Skydio X10D, capable de suivre et de poursuivre automatiquement une cible. Depuis juillet, les services des douanes et de la protection des frontières (CBP) ont acquis trente-trois exemplaires du même modèle.

Une technologie d’IA autonome

Le système d’intelligence artificielle qui alimente les drones Skydio fonctionne grâce aux puces Nvidia et leur permet d’opérer sans intervention humaine. Ces drones sont dotés de caméras thermiques et peuvent fonctionner dans des environnements dépourvus de GPS, dits GPS-denied environments. Ils sont capables de reconstituer en 3D les bâtiments et infrastructures, et de voler à plus de 50 km/h.

La police de New York (NYPD) a été l’un des premiers corps à adopter les drones Skydio, et demeure l’un de leurs utilisateurs les plus enthousiastes. Un porte-parole a récemment déclaré à un site spécialisé que la NYPD avait effectué plus de 20 000 vols de drones en moins d’un an, soit environ 55 vols par jour à travers la ville. Un rapport municipal indiquait que la NYPD exploitait alors 41 drones Skydio. Une modification récente du règlement de la Federal Aviation Authority (FAA) laisse penser que ce nombre a encore augmenté — tout comme l’usage massif de ces drones à travers le pays.

Assouplissement réglementaire

Avant mars 2025, les règles de la FAA interdisaient aux forces de sécurité usaméricaines d’utiliser des drones au-delà de la ligne de vue de leur opérateur, et proscrivaient leur utilisation au-dessus des zones densément peuplées. Mais une dérogation délivrée ce mois-là a ouvert les vannes : les forces de l’ordre peuvent désormais faire voler des drones hors de leur champ visuel et au-dessus des foules.

Skydio a qualifié cette dérogation d’« historique ». Elle l’est.
Ce changement réglementaire a déclenché une véritable fièvre d’achat de drones Skydio par la police et les agences de sécurité usaméricaines, beaucoup ayant lancé un programme appelé Drone As First Responder (Drone comme premier intervenant).

N’ayant plus besoin de garder le drone en vue, et libres de survoler les rues, les forces de police envoient de plus en plus souvent des drones avant les agents humains pour répondre aux appels et mener des enquêtes. La ville de Cincinnati, par exemple, prévoit que d’ici la fin de l’année, 90 % des interventions seront d’abord effectuées par un drone Skydio.

Infrastructure de surveillance totale

Ce niveau de couverture est rendu possible par les stations d’amarrage Skydio, des plateformes matérielles installées un peu partout dans les villes, permettant aux drones d’être rechargés, lancés et posés à distance, parfois à plusieurs kilomètres du poste de police.

Toutes les données collectées lors de ces vols sont sauvegardées sur carte SD, puis automatiquement téléversées dans un logiciel spécialement conçu pour les forces de l’ordre. Ce logiciel, baptisé Axon Evidence, est produit par Axon, fabricant controversé des pistolets à impulsion (Tasers) et d’armes dites « non létales », déjà utilisées par la police aux USA et en Europe.

Selon un communiqué d’Axon, ce logiciel permet « le téléversement automatique de photos et de vidéos issues des drones vers un système numérique de gestion des preuves ».

Liens entre Axon et Israël

L’équipement d’Axon est également au cœur de l’appareil d’apartheid israélien, l’entreprise fournissant des caméras corporelles et des tasers aux forces de police et aux gardiens de prison israéliens qui torturent régulièrement des Palestiniens. Axon, qui a participé à un tour de financement de 220 millions de dollars de Skydio (série E), fait partie des nombreuses entités soutenant Skydio dans le cadre d’un agenda sioniste.


Le réseau des investisseurs

Le premier investisseur de Skydio, en 2015, fut Andreessen Horowitz (a16z), qui apporta 3 millions de dollars de capital d’amorçage à l’équipe fondatrice de trois personnes. Depuis, la firme a investi des dizaines de millions supplémentaires à travers de multiples levées de fonds. Les fondateurs Marc Andreessen et Ben Horowitz sont des sionistes notoires. En 2024, leur société fut le principal investisseur en capital-risque en Israël. L’été dernier, Andreessen et Horowitz se sont rendus en Israël pour rencontrer des entreprises technologiques fondées par d’anciens membres des FDI et de l’unité 8200.

Parmi les autres investisseurs de Skydio figurent Next 47, qui possède un bureau en Israël dirigé par Moshe Zilberstein, ancien du centre informatique de renseignement Mamram, et Hercules Capital, dont la directrice générale, Ella-Tamar Adnahan, est une Israélo-USAméricaine présentée par les médias comme « la banquière de référence d’Israël dans le secteur technologique aux USA ».

Le laboratoire de Gaza exporté

La saturation des forces de police usaméricaines par une technologie de surveillance étroitement liée à Israël, utilisée pour commettre des crimes de guerre, constitue une évolution terrifiante — quoique prévisible. Les drones Skydio seront centraux dans l’avancée du proto-fascisme aux USA et dans la répression d’Antifa et d’autres prétendus « terroristes domestiques » par l’administration Trump.

Dans ce contexte, le plus surprenant est peut-être que cette expansion rapide des technologies de surveillance d’origine israélienne soit passée presque inaperçue.

Politique et symbolique

Skydio devrait également figurer à l’ordre du jour de Zohran Mamdani. Récemment critiqué pour avoir déclaré que « lorsque la botte de la NYPD est sur votre nuque, c’est un lacet israélien qui la maintient », le cas de Skydio illustre précisément ses propos. S’il reste fidèle à ses convictions, il pourrait user de son autorité en tant que maire pour annuler le contrat Skydio de la NYPD.

Usage militaire et risque de fusion

Skydio est aussi un fournisseur important du Département de la Défense, ayant récemment signé un contrat pour fournir des drones de reconnaissance à l’armée usaméricaine. En tant que fournisseur majeur pour les forces de sécurité militaires et civiles, la question se pose : quelles données sont — ou seront — partagées entre l’armée et les services de sécurité intérieurs via le système Skydio-Axon ?

Gaza, laboratoire du monde occidental

Skydio illustre une fois encore comment Gaza sert de laboratoire pour les fabricants d’armes : un lieu d’expérimentation pour les technologies de surveillance et d’apartheid, avant leur perfectionnement et leur déploiement dans les pays occidentaux.

L’année prochaine, Skydio lancera une nouvelle génération de drones d’intérieur. On ne peut qu’imaginer dans quelle mesure ces nouveaux modèles seront inspirés des « enseignements » tirés du génocide.

L’histoire de Skydio montre une vérité brutale : ce qui se passe à Gaza ne reste pas à Gaza.
La logique de l’impérialisme capitaliste veut que ces technologies finissent toujours par revenir à la maison.

Toutes les illustrations proviennent de Skydio

19/10/2025

MAROC : Nous réclamons Vérité et Justice pour les victimes de la répression à Lqliâa !

Ci-dessous 2 documents transmis par le SNP/CGT et traduits par SOLIDMAR

  CONFÉDÉRATION GÉNÉRALE DU TRAVAIL

SYNDICAT NATIONAL DES PAYSANS
BUREAU NATIONAL – AGADIR, MAROC

LETTRE OUVERTE

À Monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies
Au Comité des Droits de l’Homme de l’ONU

Objet : Plainte relative à l’assassinat de M. Abdessamad Oubla, jeune activiste du mouvement Gen Z Maroc

Monsieur le Secrétaire Général,

La victime, M. Abdessamad Oubla, était diplômé de l’Institut du Cinéma de Ouarzazate, affilié à l’Université Ibn Zohr. Jeune artiste ambitieux, il avait choisi le septième art pour bâtir une carrière prometteuse dans ce que l’on appelle parfois le Hollywood marocain – Ouarzazate. Cependant, la trahison, l’oppression et l’injustice ont anéanti ses espoirs : il a été assassiné lors des manifestations du mouvement de jeunesse Gen Z, dans sa ville natale de Lqliâa, province d’Inezgane-Aït Melloul, région du Souss-Massa-Drâa, au sud du Maroc.

Les faits

Dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre 2025, M. Oubla documentait pacifiquement les manifestations avec sa caméra. Un gendarme tireur embusqué l’a poursuivi dans la rue principale, tentant de lui arracher son appareil. D’un seul coup de revolver, il lui a ôté la vie.

Le commandement de la gendarmerie du Sud a ensuite tenté de dissimuler tous les éléments du crime prémédité : témoignages, vidéos et photographies publiés sur les réseaux sociaux, autant de preuves accablantes confirmant la matérialité du crime. Comme souvent, ces éléments ont été soustraits à la connaissance publique et relégués dans les archives internes de la gendarmerie.

Tentative de dissimulation officielle

Le rapport du commandant de la gendarmerie du Sud, accompagné d’une vidéo produite par la gendarmerie elle-même, montre que les manifestants n’ont à aucun moment attaqué le poste de gendarmerie. Ils ont simplement déplacé la clôture du parking, endommagé des poubelles et mis le feu à des détritus sur la voie publique. La vidéo officielle le confirme d’ailleurs. Malgré cela, le commandant a transmis au parquet d’Agadir ce document accompagné d’un rapport falsifié, prétendant que les forces de l’ordre avaient agi en légitime défense.

Manquement du parquet

Le Procureur général près la Cour d’appel d’Agadir s’est appuyé sur ce rapport falsifié sans procéder à une enquête sérieuse ni consulter de témoignages indépendants permettant de vérifier les affirmations du commandement de la gendarmerie du Sud. Le procureur a ensuite publié une déclaration officielle, relayée par plusieurs journaux électroniques, comportant des faits contredits par les preuves visuelles et les témoignages recueillis sur le terrain.

Les victimes

Le martyr Abdessamad Oubla a été tué, tout comme deux autres victimes, dont les identités ne sont pas encore connues à ce jour. Ces trois citoyens ont été assassinés deux fois : d’abord par les balles de ceux qui avaient le devoir de les protéger, ensuite par la falsification de la vérité opérée par les autorités censées rendre la justice.

Démarches entreprises

Au vu des faits établis et des preuves recueillies, le Syndicat National des Paysans, affilié à la Confédération Générale du Travail, a déposé une plainte préliminaire auprès de la Présidence du Parquet Général à Rabat. Nous attendons la finalisation de toutes les informations, notamment l’audition des témoins présents sur les lieux, ainsi que l’identification complète des deux autres victimes, dont l’une était mineure.

Fait à Agadir, le 6 octobre 2025

Le Secrétaire Général National
Amal Lahoucine

RÉFÉRENCES ET LIENS

Site du Comité des Droits de l’Homme (ONU) : https://www.ohchr.org/fr/treaty-bodies/ccpr

Profil syndical : https://www.ahewar.org/m.asp?i=7141

Page Facebook : https://www.facebook.com/profile.php?id=61563254921948

Chaîne YouTube : https://www.youtube.com/@snp-cgt-maroc

Vidéos de preuve

Le gendarme qui tire dans la rue : https://www.facebook.com/reel/1317024186555222

Les trois corps des martyrs : https://www.facebook.com/reel/1696442567719081

Témoignage du père d’Abdessamad Oubla : https://www.facebook.com/reel/818313804087812

Témoignage du père de Mohammed Ben Khalifa (deuxième victime) : https://www.facebook.com/reel/1967870944053567

 

CONFÉDÉRATION GÉNÉRALE DU TRAVAIL

SYNDICAT NATIONAL DES PAYSANS
BUREAU NATIONAL

À l’attention de :
- Monsieur le Procureur général du Roi près la Cour de cassation, président du Ministère public, Rabat
- Monsieur le Président délégué du Conseil supérieur de la magistrature, Rabat 

OBJET : PLAINTE POUR HOMICIDE VOLONTAIRE PAR BALLES RÉELLES AVEC PRÉMÉDITATION ET GUET-APENS, ET POUR COMPLICITÉ DANS LA DISSIMULATION DU CRIME

Contre :

  • Monsieur le Procureur général du Roi près la Cour d’appel d’Agadir,
  • Monsieur le Commandant de la région sud de la Gendarmerie d’Agadir,
  • Le Centre de la Gendarmerie de la ville de Lqliâa, province d’Inezgane Aït Melloul.

 

I. RAPPEL DU CONTEXTE

Le Bureau national du Syndicat National des Paysans, affilié à la Confédération Générale du Travail, a déposé le 3 octobre 2025 une plainte auprès de la Présidence du Ministère Public à Rabat (numéro d’enregistrement 292418) concernant un crime d’homicide volontaire avec préméditation et guet-apens, commis par un gendarme du centre de Lqliâa (province d’Inezgane Aït Melloul).

De nouveaux éléments de preuve, matériels et numériques, justifient la présente plainte complémentaire.

II. EXPOSÉ DES FAITS

Au cours des manifestations du mouvement « Génération Z » dans la ville de Lqliâa, un gendarme a utilisé des balles réelles contre des manifestants pacifiques, provoquant la mort de trois citoyens, dont le caméraman chargé de documenter les événements.

1. Ciblage de la victime Abdelssamad Oubla

La victime Abdelssamad Oubla, diplômé de l’Institut du Cinéma de Ouarzazate, filmait les manifestations à titre professionnel.
Il a été délibérément visé parce qu’il documentait les faits à l’aide d’une caméra, ce qui constitue également une atteinte grave à la liberté de la presse et une tentative manifeste d’effacer les preuves des exactions commises par la gendarmerie lors des manifestations pacifiques du 30 septembre au 1er octobre 2025.

2. Refus de restitution de la caméra de la victime

Le Commandant de la région sud de la gendarmerie n’a pas restitué la caméra de la victime, bien qu’elle contienne des preuves irréfutables de l’implication directe de la gendarmerie dans des actes criminels.
Ce refus démontre une volonté claire de dissimulation de la vérité.

III. DÉTAILS DES VICTIMES

1. Abdelssamad Oubla, étudiant chômeur diplômé, originaire du quartier Al Jadid à Lqliâa, a reçu une balle réelle dans la tête alors qu’il filmait à environ 300 mètres du poste de gendarmerie.

               

2. Mohammed Ben Khalifa, décrit par ses pairs comme un jeune homme paisible et intègre, a été tué par balle alors qu’il cherchait son frère cadet au milieu des manifestations.

3. Une troisième victime, mineure, reste non identifiée à ce jour.

IV. ÉLÉMENTS DE PREUVE

Les preuves disponibles établissent sans équivoque la matérialité du crime :

  • Vidéos diffusées sur les réseaux sociaux localisant les trois victimes à environ 300 mètres du centre de la gendarmerie.
  • Photographies et témoignages confirmant que les victimes ont été touchées par derrière, preuve d’une fuite et non d’une attaque.
  • Vidéo officielle de la gendarmerie montrant uniquement un feu devant la clôture du garage, et non devant le poste.
  • Montage vidéo falsifié amalgamant des images prises à l’intérieur du centre et dans la rue, pour induire en erreur sur le lieu réel des faits.

Ces éléments confirment la thèse d’un usage illégal et disproportionné de la force armée contre des civils non armés.

V. CONTEXTE DE VIOLENCES ANTÉRIEURES

Les faits de Lqliâa s’inscrivent dans un historique de violations graves des droits humains commises par le même centre de gendarmerie.
En 2015, le jeune Mohammed Ajdidik a été renversé par un véhicule de la gendarmerie, transporté au poste au lieu d’être secouru, et est décédé dans des conditions suspectes à l’intérieur du centre.
Dix ans plus tard, la scène se répète, aggravée par l’emploi d’armes à feu.

VI. TENTATIVE DE DISSIMULATION DU CRIME

Le Commandant de la région sud a sciemment cherché à dissimuler un homicide volontaire caractérisé, en présentant à la justice un rapport falsifié, appuyé d’une vidéo manipulée.
Ce rapport, accepté sans vérification par le Procureur général du Roi à Agadir, a été relayé dans une déclaration publique comportant des faits inexacts.

Ce comportement constitue une deuxième atteinte aux victimes — l’assassinat de la vérité elle-même.

VII. TÉMOIGNAGES VIDÉO

  • Le père d’Abdelssamad Oubla, dans une déclaration filmée au cimetière, confirme que son fils n’a pas participé aux manifestations mais filmait les événements.
  • Le père de Mohammed Ben Khalifa affirme que le gendarme tirait à balles réelles dans la rue, atteignant son fils dans le dos, et demande à être entendu par la justice.

Toutes les vidéos pertinentes ont été archivées et peuvent être remises aux enquêteurs compétents.

VIII. DEMANDE

Au regard des faits, le Syndicat National des Paysans considère que :

  • Le Procureur général du Roi près la Cour d’appel d’Agadir,
  • Le Commandant de la région sud de la Gendarmerie d’Agadir,

sont responsables pénalement et administrativement de la dissimulation d’un homicide volontaire commis par un agent de l’État.

Nous demandons :

  1. L’ouverture immédiate d’une enquête impartiale et approfondie sous la supervision du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire ;
  2. La mise en œuvre de poursuites pénales contre toute personne impliquée, directe ou indirecte, dans la commission ou la dissimulation du crime ;
  3. La préservation et la saisie des preuves numériques (vidéos, caméras, rapports internes, témoignages) avant toute altération.


IX. LIENS DES PREUVES VIDÉO

  1. Corps des victimes dans la rue :
    https://www.facebook.com/reel/1696442567719081
  2. Deux vidéos montrant un gendarme tirant à balles réelles :
    https://www.facebook.com/reel/1768481030468440
  3. Déclaration du père d’Abdelssamad Oubla :
    https://www.facebook.com/reel/818313804087812
  4. Déclaration du père de Mohammed Ben Khalifa :
    https://www.facebook.com/reel/1967870944053567
  5. Vidéo montrant le lancement de gaz lacrymogène par la gendarmerie :
    https://www.facebook.com/reel/1322743632642812
  6. Vidéo manipulée pour faire croire à une attaque du poste :
    https://www.facebook.com/reel/1531096111270034
  7. Vidéo expliquant les causes du soulèvement du Souss :
    https://www.facebook.com/reel/2255812821524718

Fait à Agadir, le 10 octobre 2025
Pour le Syndicat National des Paysans,
Le Secrétaire Général National :
Amal Lahoucine


09/10/2025

La lente érosion en Grande-Bretagne de notre droit à manifester contre la guerre et l’atrocité devrait tou·tes nous inquiéter


Iain Overton, AOAV, 6 /10 /2025
Traduit par Tlaxcala

 


Le 5 octobre 2025, la ministre de l’Intérieur travailliste, Shabana Mahmood, a annoncé que la police pourrait bientôt imposer des restrictions aux manifestations dites « répétées ».

Les agents disposeront de nouveaux pouvoirs pour évaluer « l’impact cumulatif » des rassemblements tenus au même endroit et, s’ils le jugent nécessaire, pourront ordonner aux organisateurs de se déplacer, de raccourcir la durée de l’événement ou d’en réduire le nombre de participants.
Cette mesure fait suite à près de 500 arrestations lors d’une manifestation à Londres la veille, la plupart pour avoir exprimé un soutien au groupe désormais interdit Palestine Action.

Ella Baron, The Guardian

Mahmood affirme qu’il ne s’agit « pas d’une interdiction, mais de restrictions et de conditions ».

Mais en réalité, c’est un nouveau tour de vis dans une lente érosion, depuis plusieurs décennies, du droit britannique de protester contre la guerre et l’atrocité.
Les ministres affirment que les manifestations répétées risquent de rendre les communautés juives « inquiètes pour leur sécurité », à la suite du meurtre de deux hommes devant une synagogue de Manchester (l’un par l’assaillant, l’autre tué par les tirs de la police).
Personne ne conteste la gravité de ce crime ni la nécessité de lutter contre l’antisémitisme.
Mais cette politique s’inscrit dans une tendance au tour de vis législatif qui, depuis vingt-cinq ans, rend le droit de contester la guerre de plus en plus difficile à exercer.
Cette loi accordait à la police le pouvoir d’arrêter et de fouiller sans motif dans des zones désignées.
Conçue pour la lutte antiterroriste, elle a rapidement été utilisée contre des militants pacifistes et anti-guerre.
En 2005, un délégué travailliste de 82 ans, Walter Wolfgang, fut expulsé du congrès du parti pour avoir interrompu le discours du ministre des Affaires étrangères sur l’Irak – et détenu en vertu de cette loi. Son crime : la dissidence.
Cette loi visait directement Brian Haw, le manifestant anti-guerre dont le campement de fortune à Parliament Square irritait les ministres et embarrassait le gouvernement.
Désormais, même lire à voix haute les noms des soldats britanniques morts en Irak sans autorisation policière devenait un acte criminel.
Manifester près de Westminster, symbole de la reddition de comptes, devenait un événement réglementé.
Le Police Reform and Social Responsibility Act 2011 abrogea la zone d’exclusion…
Mais il interdit simultanément les tentes, le matériel de couchage et les mégaphones à Parliament Square.
Les veillées prolongées, emblématiques de l’activisme pacifiste, devenaient impossibles.
Ce que la loi donnait d’une main, elle le retirait de l’autre.
En 2015, les Extremism Disruption Orders proposés auraient permis d’interdire des individus accusés de promouvoir un « extrémisme non violent ».
L’ambiguïté du terme alarma les défenseurs des libertés civiles.
Pendant ce temps, la surveillance des manifestants s’intensifiait : bases de données policières recensant les « extrémistes domestiques », infiltration d’agents dans les groupes pacifistes…
Le Police, Crime, Sentencing and Courts Act 2022 redéfinissait la manifestation comme une nuisance potentielle, élargissant le pouvoir policier pour restreindre tout rassemblement – même une protestation solitaire – s’il causait une « gêne sérieuse » ou « plus qu’une perturbation mineure ». Le bruit devint un motif d’arrestation, tout comme « s’attacher » à des bâtiments, creuser des tunnels pour bloquer des travaux, ou même porter du matériel permettant de telles actions.
Il introduisit aussi les Serious Disruption Prevention Orders, permettant d’interdire à des personnes nommées de participer à des manifestations ou d’en faire la promotion sur les réseaux sociaux.
C’était une première : un groupe pacifiste inscrit aux côtés des organisations djihadistes ou néonazies.
Depuis, plus de 1000 arrestations ont eu lieu pour simple soutien verbal ou visuel à Palestine Action.


Amnesty International dénonça une « attaque sans précédent contre le droit de manifester » ; les Nations unies exprimèrent une rare réprobation.
La ministre annonce une révision de la législation sur les manifestations « pour s’assurer que les pouvoirs sont suffisants ».
Une phrase inquiétante.
Les pouvoirs créés pour une crise sont rarement abandonnés à la suivante.
chaque gouvernement hérite des outils du précédent et les perfectionne.
De Blair à Starmer, de zones d’exclusion en ordres de prévention, le résultat est une contrainte cumulative.
Le pays qui accueillait autrefois un million de manifestants contre la guerre en Irak est devenu un lieu où l’on risque l’arrestation pour avoir simplement lu des noms ou brandi une pancarte.
Mais la démocratie n’est pas faite pour être confortable.
Elle exige de la friction, du bruit, et la visibilité du dissensus.
Il limite le droit d’être démocratique.
Mais elle s’inscrit dans une logique cumulative. Ainsi, même si la protestation reste légale en théorie, l’espace pour l’exercer s’est vu grignoté à chaque nouvelle loi prétendant seulement la « mettre en ordre ».

C’est une réaction précipitée.

Le raisonnement est familier.

Le droit de manifester n’a pas été révoqué ; il a été progressivement débridé – proprement, bureaucratiquement, presque imperceptiblement.

Le processus a commencé avec le Terrorism Act 2000, adopté par le gouvernement travailliste de Tony Blair avant les attentats du 11 septembre mais élargi après ceux-ci.

La même année, une autre entaille : le Serious Organised Crime and Police Act 2005, qui interdisait les manifestations non autorisées dans un rayon d’un kilomètre autour du Parlement.

Lorsque la coalition arriva au pouvoir en 2010, elle promit de revenir sur les excès travaillistes.

Les années suivantes virent surgir des menaces plus subtiles :

Dans les années 2020, l’érosion redevint législative :

Puis, en 2023, le Public Order Act créa de nouvelles infractions :

En juillet 2025, l’ancienne ministre Yvette Cooper utilisa les pouvoirs antiterroristes pour interdire Palestine Action – un réseau militant non-violent ciblant les usines d’armement britanniques fournissant Israël.

Et le gouvernement continue sur cette lancée.

Aujourd’hui, la nouvelle doctrine de l’impact cumulatif risque de criminaliser la fréquence même : une veillée hebdomadaire devant une ambassade pourrait être jugée excessive.

Les libéraux-démocrates préviennent : cela ne réduira pas la haine antisémite, mais affaiblira gravement la liberté d’assemblée.

Le schéma est clair :

Les dirigeants politiques affirment qu’il s’agit d’équilibre, pas de répression.

Quand l’État juge qu’une manifestation est « trop fréquente » ou « trop bruyante », il ne modère plus la dissidence – il la gère.

Ce n’est pas la disparition brutale d’un droit, mais la mort par mille coupures, tranchées petit à petit par des « restrictions et conditions », par des euphémismes bureaucratiques qui paraissent raisonnables sur le moment, mais regrettables avec le recul.

L’annonce de ce week-end peut sembler une simple retouche procédurale.

L’excision progressive, l’ amputation lente de la dissidence politique en Grande-Bretagne a été propre et silencieuse. 

« Inacceptable : pulvériser de la peinture sur des avions militaires -Acceptable : tirer sur des Palestiniens faisant la queue pour de la nourriture » : Jon Farley, un enseignant retraité de 67, a été détenu pendant 6 heures et interrogé par la police antiterroriste de Leeds pour cette pancarte, reproduisant une affiche du magazine satirique Private Eye.

27/04/2025

NITZAN PERELMAN BECKER
Ce que masque l’expression « Arabes israéliens »

Nitzan Perelman Becker, Université Paris Cité

Environ 20 % des citoyens israéliens sont Palestiniens. Désignés officiellement comme « Arabes israéliens » – une expression sujette à controverse –, ils subissent de nombreuses formes de discrimination et sont perçus, par le pouvoir en place ainsi que par une partie significative de la population juive, comme une « menace intérieure ». Une perception qui s’est encore durcie depuis le 7 octobre 2023.

Une grande partie des Juifs israéliens, ainsi que de nombreuses personnes extérieures à Israël, désignent les 1,7 million de Palestiniens citoyens de l'État d'Israël – soit près de 20 % de la population du pays – par l'expression d'«Arabes israéliens».

Lors des précédentes guerres menées par Israël à Gaza – en 2008, en 2012, en 2014 et en 2021 –, ces Palestiniens détenteurs de la citoyenneté israélienne s'étaient mobilisés en masse. Mais, face à la guerre actuelle, la plus longue et la plus dévastatrice – au point que, à peine trois mois et demi après son déclenchement, la Cour internationale de justice évoquait déjà un risque de génocide –, ils demeurent en grande majorité silencieux. Ils s'abstiennent de manifester et, même sur leurs réseaux sociaux privés, évitent de critiquer les opérations meurtrières conduites par Tsahal dans la Bande de Gaza. Comment expliquer ce silence ?

Citoyens de seconde zone

Les Palestiniens détenteurs de la citoyenneté israélienne sont les descendants des quelque 150 000 Palestiniens qui ont réussi à rester sur leurs terres ou dans leurs foyers malgré la Nakba – terme arabe signifiant « désastre », désignant l'expulsion massive des Palestiniens de la Palestine historique, accompagnée de massacres et de destructions, survenue entre 1947 et 1949.

Lorsque l’État d’Israël est officiellement fondé en 1948, ces Palestiniens obtiennent le passeport israélien, mais sont immédiatement placés sous un régime militaire, distinct de celui des citoyens juifs. Ce régime, en vigueur jusqu’en 1966, limite drastiquement leur liberté de mouvement, d’expression, d’association, ainsi que leur accès à l’emploi. Son abolition, obtenue au terme d’une mobilisation politique, marque une reconnaissance formelle de leur égalité citoyenne – du moins, sur le papier.

Bien qu’officiellement présentés comme des citoyens égaux, les Palestiniens voient leur identité palestinienne niée par l’usage institutionnalisé de l’expression « Arabes israéliens ». Cette appellation s’est longtemps imposée jusque dans leurs pièces d’identité où figurait, jusqu’aux années 2000, la mention « nationalité : arabe » – en opposition à la « nationalité juive » réservée aux citoyens juifs.

En Israël, et particulièrement à travers la langue hébraïque, les termes « nation » ou « nationalité » prennent une dimension ethnique : la notion de nation israélienne, qui engloberait l’ensemble des citoyens de l’État, n’existe tout simplement pas.

La mention a été supprimée non pour corriger une discrimination, mais parce qu’en 2002, la Cour suprême autorise l’enregistrement de personnes converties au judaïsme réformé comme juives. Opposé à cette reconnaissance, le ministre de l’intérieur ultra-orthodoxe Eli Yishaï décide alors de supprimer toute mention de nationalité.

Aujourd’hui encore, un ensemble de lois et de réglementations institutionnelles accorde des droits spécifiques aux Juifs au détriment des citoyens non juifs – en particulier des Palestiniens. Par exemple, une loi adoptée en 2003 interdit aux citoyens israéliens mariés à des Palestiniens ou Palestiniennes des territoires occupés de vivre en Israël, entraînant la fragmentation des familles. En pratique, cette mesure ne vise que les citoyens palestiniens d’Israël : les couples mixtes, entre Juifs et Palestiniens citoyens de l’État, restent très rares (2,1 % en 2008), et les unions entre Juifs israéliens et Palestiniens des territoires occupés sont quasi inexistantes.

En outre, les lois foncières en Israël favorisent l’accès à la propriété pour les Juifs et renforcent la ségrégation territoriale. Environ 13 % des terres de l’État sont gérées par le Fonds national juif, qui interdit leur vente ou leur location à des non-Juifs.

Parallèlement, des politiques sont mises en œuvre pour « judaïser » certaines régions à forte population palestinienne, comme le Néguev et la Galilée. Plusieurs lois facilitent la création de localités purement juives – notamment la loi de 2011 sur les commissions d’admission, qui autorise les communautés juives de ces régions à décider d'admettre ou non tout nouvel arrivant dans ces zones, ou encore la loi fondamentale sur l’État-nation, qui érige le « l'implantation juive » en « valeur nationale ».

Adoptée en 2018, cette loi stipule que seul le peuple juif dispose du droit à l’autodétermination en Israël, sans préciser les frontières concernées – ouvrant ainsi la voie à une interprétation englobant l’ensemble du territoire entre la mer Méditerranée et le Jourdain. Autrement dit, elle inscrit dans le droit la légitimité d’une suprématie ethnique et nie explicitement le droit à l’autodétermination du peuple palestinien.

Enfin, certaines mesures législatives réservent des avantages financiers aux personnes ayant accompli leur service militaire – une obligation dont les Palestiniens sont exemptés -, permettant d'instaurer des privilèges sans mentionner explicitement l'appartenance ethnique.

Ces éléments sont fréquemment passés sous silence quand Israël est présenté comme une démocratie exemplaire ou la « seule démocratie du Moyen-Orient ».

Une « menace intérieure »

Le cadre légal est accompagné d'un racisme systémique, les Palestiniens étant largement perçus comme une menace intérieure. Cette perception se renforce pendant les périodes de guerre ou de tension, notamment après mai 2021, après que des affrontements violents ont éclaté entre Juifs et Palestiniens dans des villes « mixtes », où la présence palestinienne est plus marquée.

« Israël : à Kfar Qasim, le malaise des Arabes israéliens face à la guerre », France 24 (2024).

Jérusalem est au cœur de toutes ces tensions : l’évacuation programmée d’une famille palestinienne à Sheikh Jarrah, l’irruption violente de la police israélienne sur l’esplanade des Mosquées et l'interdiction de prière aux musulmans – y compris les citoyens palestiniens de l'État – en plein mois de ramadan, attisent la colère des Palestiniens citoyens d'Israël.

Dans le débat public, toute contestation de l’action des autorités par les citoyens palestiniens d’Israël est aussitôt interprétée comme la preuve de leur déloyauté envers l’État. Ils sont alors souvent présentés comme un « front intérieur » qu'il faudrait combattre comme un ennemi. Cette vision ne date pas des suites du 7 octobre 2023.

Par exemple, le 10 mai 2021, à la Knesset, Shlomo Karhi, alors député du Likoud et aujourd’hui ministre des communications, comparant les Palestiniens d’Israël aux « ennemis de l'extérieur », affirme :

« Ce terrorisme ne surgit pas de nulle part. Comme des bêtes sauvages qui sentent la faiblesse de leur proie, les ennemis arabes sentent la peur. Les ennemis de l’extérieur nous attaquent, et ceux de l’intérieur […] les soutiennent. »

Un discours tenu également, le 18 mai 2021, par Amichai Chikli, à l’époque député du parti d’extrême droite Yamina et aujourd’hui ministre des affaires de la diaspora :

« Il est de notre devoir de repousser les ennemis d'Israël : les repousser à Gaza, dans les rues de Lod, partout et aussi d’ici, de cet hémicycle, de la Knesset d’Israël. »

Les Palestiniens citoyens d’Israël disposent de droits politiques, dont celui de voter et de siéger à la Knesset. Deux partis arabes y sont actuellement représentés : Hadash-Ta’al, une alliance de la gauche radicale portée par un programme progressiste centré sur l’égalité et la fin de l’occupation ; et Raam, un parti islamiste conservateur, engagé dans une stratégie pragmatique visant à améliorer les conditions de vie des citoyens palestiniens. Aux législatives de 2022, ils ont remporté 5 sièges chacun, sur les 120 que compte la Knesset.

Lors de ces élections, plus de 85 % des citoyens arabes du pays ont voté pour ces partis. En excluant les Druzes – qui votent majoritairement pour des partis juifs et ne se définissent pas comme Palestiniens –, ce chiffre serait encore plus élevé. Il convient toutefois de souligner que la présence de ces partis au Parlement, souvent brandie comme preuve du caractère démocratique de l’État, est régulièrement remise en cause par la droite israélienne, qui les qualifie d’« ennemis » ou de « terroristes ».

Avant même le 7-Octobre, les événements de mai 2021 avaient renforcé ce discours, exploité par Benyamin Nétanyahou et ses alliés à leur retour au pouvoir, fin 2022. Pendant qu'ils se trouvaient dans l'opposition, ils accusaient le gouvernement précédent, en raison de la présence d'un parti arabe dans la coalition, de « soutenir le terrorisme ». Cette campagne de délégitimation, assimilant les Palestiniens à une menace intérieure, a joué un rôle crucial dans la victoire électorale du bloc pro-Nétanyahou aux législatives de 2022.

« Israël, les ministres du chaos », documentaire sur les ministres israéliens d’extrême droite, co-écrit par l’autrice de cet article, Arte (novembre 2024).

Vivre dans le viseur

Depuis l'arrivée du sixième gouvernement Nétanyahou, fin 2022, le racisme anti-arabe a atteint un niveau inégalé. Il se manifeste, entre autres, par une indifférence face à la forte hausse des crimes au sein même de la communauté palestinienne en Israël. En 2023, 223 Palestiniens d’Israël ont été assassinés, le taux de résolution de ces crimes étant inférieur à 10 %. Le gouvernement, et notamment Itamar Ben Gvir, ministre de la sécurité nationale et ancien membre du mouvement suprémaciste Kach, reste inactif face à cette situation.

Dans les villes palestiniennes israéliennes, la tension monte, alimentée par des discours xénophobes et racistes largement diffusés dans l'espace public. C'est dans ce contexte explosif que survient l'attaque du 7 octobre 2023, secouant profondément la société israélienne.

Dix jours après le massacre du 7-Octobre, en pleine offensive israélienne sur Gaza, le chef de la police Kobi Shabtai publie une vidéo sur le compte Twitter en arabe de la police. Face caméra, il menace clairement les Arabes israéliens :

« Quiconque souhaite être un citoyen israélien, ahlan wa sahlan (bienvenue, en arabe) ; quiconque exprime sa solidarité avec les Gazaouis, je le mettrai dans un bus et l’y [à Gaza] conduirai moi-même. »

Cette menace marque le point de départ d’une importante vague de persécutions, toujours en cours, contre les Palestiniens citoyens d’Israël. En trente jours seulement, la police arrête ou ouvre une enquête contre 251 personnes, dont la moitié pour de simples publications sur les réseaux sociaux. Un like, un partage ou un message de solidarité avec Gaza suffit parfois à éveiller les soupçons.

Et la répression ne vient pas uniquement des autorités : ces Palestiniens sont aussi surveillés et interrogés par leurs employeurs, leurs universités, leurs collègues ou leurs voisins. Des centaines de personnes sont licenciées ou suspendues de leur travail ou de leurs études, pour une publication privée ou un propos tenu en petit comité.

Leur citoyenneté israélienne ne peut plus les protéger. Preuve en est l'usage croissant, à leur encontre, de méthodes d'arrestation et d'enquête jusque-là réservées aux Palestiniens de Cisjordanie, soumis à l'occupation militaire et dépourvus de droits.

À ce propos, la question de la perception des Palestiniens d’Israël par les autres Palestiniens – qu’ils vivent dans les territoires occupés, dans des camps situés depuis des décennies dans des pays voisins, ou ailleurs dans le monde – mériterait un développement en soi, pour lequel nous n’avons pas la place ici.

Malgré la peur et les menaces policières, de nombreux Palestiniens tentent tout de même de manifester leur solidarité avec Gaza. Mais, depuis le 7 octobre 2023, ce droit fondamental, pourtant inhérent à tout régime se revendiquant démocratique, est réservé aux seuls citoyens juifs. Les Palestiniens, eux, se voient interdire leurs manifestations, encore et encore.

La situation critique des Palestiniens citoyens d’Israël est non seulement ignorée mais aussi, parfois, interprétée de façon erronée dans les médias étrangers. En France, certaines personnalités manipulent des sondages, comme celui de l’Université de Tel-Aviv de décembre 2023, selon lequel, depuis le 7 octobre 2023, 33 % des Palestiniens citoyens d’Israël placent leur citoyenneté israélienne au premier rang de leur identité, 32 % leur identité arabe et seulement 8 % considèrent l’identité palestinienne comme la composante principale.

Pourtant, il suffit d’écouter les Palestiniens pour saisir l’ampleur de cette erreur.

En témoigne, le juriste palestinien Mohammed Abed El Qadir, citoyen d’Israël :

« Si je reçois un appel d’un numéro israélien inconnu et qu’on me demande comment je m’identifie, je pourrais répondre que je suis sioniste et prêt à faire le service militaire, tellement j’ai peur ! Notre persécution depuis le 7 octobre nous a prouvé que l’expression “Arabe israélien” n’existe pas et n’existera jamais. Nous sommes des Palestiniens et nous le serons toujours. »The Conversation

Nitzan Perelman Becker, Docteure en sociologie politique, Université Paris Cité

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

13/03/2025

ALAN MACLEOD
La professeure de l’université Columbia au centre du scandale de la déportation de Mahmoud Khalil est une ancienne espionne israélienne

La professeure au centre du scandale de l’arrestation en vue de le déporter de l’étudiant palestinien à l’Université de Columbia Mahmoud Khalil est une ancienne agente des services de renseignements israéliens, révèle MintPress News.

Alan MacLeod, MintPress News, 11/3/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Mahmoud Khalil, récemment diplômé de la School of International and Public Affairs (SIPA) de l’université, a été enlevé par l’Immigration Customs Enforcement (ICE) samedi pour son rôle dans l’organisation de manifestations l’année dernière contre l’attaque d’Israël sur Gaza. Keren Yarhi-Milo, directrice de cette École des affaires internationales et publiques, est une ancienne officière du renseignement militaire israélien et fonctionnaire à la mission d’Israël auprès des Nations unies. Yarhi-Milo a joué un rôle important en suscitant l’inquiétude du public face à une prétendue vague d’antisémitisme intolérable déferlant sur le campus, jetant ainsi les bases de l’importante répression des libertés civiles qui a suivi les manifestations.


Keren Yarhi-Milo pose avec Hillary Clinton lors de son séjour à Columbia en tant qu’enseignante invitée en 2023. Mme Clinton préside le conseil consultatif de l’Institute of Global Politics (IGP), fondé par Yerhi-Milo
Photo | Facebook | Hillary Clinton

Des fantômes parmi nous

Avant d’entrer dans le monde universitaire, la Dre Yarhi-Milo a servi en tant qu’officière et analyste du renseignement au sein des forces de défense israéliennes. Étant donné qu’elle a été recrutée dans les services de renseignement en raison de sa capacité à parler couramment l’arabe, son travail consistait probablement à surveiller la population arabe.

Après avoir quitté le monde du renseignement, elle a travaillé pour la mission permanente d’Israël auprès des Nations unies à New York. C’est là qu’elle a rencontré l’homme qu’elle a épousé, porte-parole officiel d’Israël auprès des Nations unies.

Bien qu’elle soit aujourd’hui universitaire, elle n’a jamais quitté le monde de la sécurité internationale, dont elle a fait son domaine d’expertise. Elle s’est efforcée de faire entendre la voix des femmes dans ce domaine. L’une d’entre elles était Avril Haines, alors directrice de la sécurité nationale des USA, avec qui elle s’est entretenue en 2023. Bien que Khalil ait été un élève de son école, elle n’a rien dit au sujet de son arrestation. En effet, plutôt que de s’exprimer sur la question (comme le demandaient les militants), elle a choisi cette semaine d’inviter Naftali Bennett, premier ministre d’Israël de 2021 à 2022, à s’exprimer à Columbia. Les étudiants qui ont protesté contre l’événement de mardi ont été condamnés par les autorités universitaires pour avoir “harcelé” Yarhi-Milo.

Des manifestations sans précédent, une répression sans précédent

L’année dernière, Columbia a été l’épicentre d’un mouvement de protestation massif sur les campus universitaires du pays. On estime  qu’au moins 8 % des étudiants usaméricains ont participé à des manifestations dénonçant l’attaque génocidaire contre Gaza et appelant les établissements d’enseignement à se désinvestir d’Israël. La réaction a été tout aussi massive. Plus de 3 000 manifestants ont été arrêtés y compris des membres du personnel universitaire.