Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
Au Honduras, deux habitants sur trois vivent dans la pauvreté. Le pays souffre des graves effets du changement climatique : rien que l'année dernière, il a été frappé par deux ouragans. Chaque mois, des milliers de personnes migrent vers le nord à la recherche d'une vie meilleure. Environ un million de Honduriens vivent déjà aux USA.
Que faudra-t-il pour changer cette situation ? Un autre président ?
Dimanche, 5,3 millions de Hondurien·nes se rendront aux urnes pour des élections générales (parlementaires, municipales et présidentielle), et aussi pour savoir qui remplacera le président Juan Orlando Hernández, qui a dirigé le pays pendant huit années très turbulentes.
Les autorités nationales et usaméricaines ont accusé Hernández de corruption et d'avoir laissé le trafic de drogue organisé pénétrer son gouvernement.
L'élection sera également importante pour l'administration du président Biden, qui cherche depuis longtemps un allié dans cette région difficile.
Tegucigalpa, cinq jours avant les élections de dimanche ; Photo Orlando Sierra/Agence France-Presse - Getty Images
Avant la
couverture de dimanche, j'ai parlé avec Juliana Barbassa, rédactrice en chef du
Times pour l'Amérique latine, qui édite également ce bulletin chaque semaine.
Pourquoi l'administration Biden attend-elle autant de cette élection ?
JULIANA : Les USA et le Honduras ont une relation historiquement proche. Il y a deux raisons principales pour lesquelles les USA suivent cette élection avec intérêt.
La première est la migration. Les Honduriens, confrontés à d'énormes difficultés dans leur pays, se sont dirigés vers le nord en nombre croissant, créant un goulot d'étranglement à la frontière. Cela a posé un problème politique à Biden.
La seconde est la corruption et le trafic de drogue au Honduras, qui peuvent rendre la vie difficile et pousser de nombreuses personnes à chercher leur chance aux USA. Le gouvernement de M. Hernández a fait face à des allégations de corruption et des hommes proches du président, dont son frère, ont été condamnés pour trafic de drogue. L'administration Biden aimerait voir un vainqueur qui remporte un large mandat populaire. Cela donnerait aux USA un partenaire crédible au Honduras et pourrait améliorer les conditions dans le pays.
Qui sont les prétendants ?
JULIANA : La course est très serrée. En tête, Nasry Asfura, candidat charismatique et maire de la capitale, Tegucigalpa. Il se présente pour le parti qui est au pouvoir depuis le coup d'État de 2009, et de nombreux Honduriens aimeraient voir un changement.
À gauche, le leader est Xiomara Castro, l'épouse de Manuel Zelaya, l'ancien président qui a été déposé lors du coup d'État. Elle a promis le changement. Mais le Honduras est un pays conservateur, et ses opposants tentent de la dépeindre comme une communiste qui pourrait s'allier au Venezuela et adopter des mesures socialement libérales.
Les enjeux sont élevés et le résultat devrait être très serré. Cela a suscité des craintes de fraude et d'instabilité parmi les partisans des deux partis.
Les agents électoraux préparent les bulletins de vote avant l'élection générale. Photo Fredy Rodriguez/Reuters
Les élections honduriennes s’ajoutent une série d'autres scrutins qui ont amené les Latino-Américain·es à se prononcer durant cette pandémie. Des élections législatives au Mexique aux élections présidentielles au Chili - en passant par le Nicaragua, le Venezuela, le Pérou et l'Argentine - les habitants du continent ont utilisé leur vote pour exprimer leurs frustrations et, surtout, leurs espoirs d'améliorer leur vie par des moyens démocratiques.