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16/08/2024

OMER BARTOV
En tant qu'ancien soldat des FDI et historien du génocide, j'ai été profondément troublé par ma récente visite en Israël

Cet été, des étudiants d'extrême droite ont protesté contre l'une de mes conférences. Leur rhétorique rappelait certains des moments les plus sombres de l'histoire du XXe siècle et recoupait de manière choquante les opinions de la majorité israélienne.

Omer Bartov, The Guardian, 13/8/2024
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Le 19 juin 2024, je devais donner une conférence à l'université Ben-Gourion du Néguev (BGU) à Be'er Sheva, en Israël. Ma conférence s'inscrivait dans le cadre d'un événement sur les manifestations universitaires mondiales contre Israël, et j'avais prévu d'aborder la guerre à Gaza et, plus largement, la question de savoir si les manifestations étaient des expressions sincères d'indignation ou si elles étaient motivées par l'antisémitisme, comme certains l'ont prétendu. Mais les choses ne se sont pas déroulées comme prévu.

29/10/2023

JORGE MAJFUD
Les nazis de notre temps ne portent pas la moustache

Jorge MajfudEscritos Críticos, 28/10/2023

Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

C’est une tragique ironie de l’histoire que ceux qui, dès le début, ont condamné les actions belliqueuses du Hamas et du gouvernement israélien soient accusés d’être en faveur du terrorisme par ceux qui ne font que condamner le Hamas et justifier le terrorisme massif, historique et systématique du gouvernement israélien.


Heureusement, des centaines de milliers de Juifs (surtout dans l’hémisphère nord) ont eu le courage que les évangéliques ou les laïques politiquement corrects et prévisibles n’ont pas eu de descendre dans la rue et dans les centres du pouvoir mondial pour clarifier que l’État d’Israël et le judaïsme ne sont pas la même chose, une confusion fondamentale, stratégique et fonctionnelle qui se trouve au cœur du conflit et ne profite qu’à quelques-uns avec la complicité fanatique et ignorante de beaucoup d’autres.

 

En fait, des dizaines de milliers de studieux juifs des livres saints du judaïsme, tels que la Torah, ont affirmé que le judaïsme était antisioniste. Beaucoup diront que c’est une question d’opinion, mais je ne vois pas pourquoi leur opinion devrait être moins importante que celle du reste des charlatans bellicistes.

 

Ce sont ces Juifs, qui savent que leur coexistence avec les musulmans a été, pendant des siècles, bien meilleure que cette tragédie moderne, qui ont crié à Washington et à New York “Pas en notre nom”, “Arrêtez le génocide de l’apartheid” et qui, dans bien des cas, ont été arrêtés pour avoir exercé leur liberté d’expression, qui, dans les démocraties impériales, a toujours été la liberté de ceux qui n’étaient pas assez importants pour défier le pouvoir politique, comme le montre, par exemple, la liberté d’expression à l’époque de l’esclavage. Mais c’est à eux que reviendra la dignité conférée par l’histoire.

 

Quand la lumière reviendra à Gaza et que le monde apprendra ce qu’une des plus puissantes armées nucléaires du monde, avec la complicité de l’Europe et des USA, a fait à un ghetto sans armée et à un peuple qui n’a droit qu’à respirer, quand il le peut, il apprendra que ce ne sont pas des milliers mais des dizaines de milliers de vies aussi précieuses que les nôtres, écrasées par la haine raciste et mécanique de malades, dont quelques-uns disposent d’un grand pouvoir politique, géopolitique, médiatique et financier, qui, en fin de compte, gouvernent le monde.

 

Naturellement, la propagande commerciale tentera de le nier. L’histoire ne le pourra pas. Elle sera implacable, comme elle l’est généralement lorsque les victimes ne dérangent plus.

 

Beaucoup se tairont, tremblant devant les conséquences, devant les listes noires (journalistes sans travail, étudiants sans bourses, hommes politiques sans dons, comme l’ont même rapporté des médias comme le New York Times), devant l’opprobre social dont souffrent et souffriront ceux qui oseront dire qu’il n’y a pas de peuples ni d’individus choisis par Dieu ou par le Diable, mais de simples injustices d’une puissance déchaînée.

Qu’une vie vaut autant et de la même manière qu’une autre.

 

Que le peuple palestinien (avec une population huit fois supérieure à celle de l’Alaska, quatre ou cinq fois supérieure à celle d’autres États usaméricains), coincé dans une zone invivable, a les mêmes droits que n’importe quel autre peuple à la surface de la sphère planétaire.

Que les Palestiniens, hommes, femmes et enfants écrasés par les bombes aveugles, ne sont pas des “animaux à deux pattes”, comme le prétend le Premier ministre Netanyahou (s’ils étaient des chiens, ils seraient au moins mieux traités). Les Israéliens ne sont pas non plus “le peuple de la lumière” combattant “le peuple des ténèbres”.

 

Que les Palestiniens ne sont pas des terroristes parce qu’ils sont nés Palestiniens, mais l’un des peuples qui a le plus souffert de la déshumanisation et du siège constant, du vol, de l’humiliation et du meurtre en toute impunité depuis près d’un siècle.


Mais ceux qui osent protester contre un massacre historique, un parmi tant d’autres, sont, comme par hasard, ceux qui sont accusés de soutenir le terrorisme. Il n’y a là rien de nouveau. C’est ainsi que les terroristes d’État ont toujours agi dans toutes les parties du monde, tout au long de l’histoire et sous des drapeaux de toutes les couleurs.



Arcadio Esquivel, Costa Rica, 2017


13/07/2022

FRANCO "BIFO" BERARDI
Amok

Franco «Bifo» Berardi, Not Nero Editions, 5/7/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Excusez-moi un instant, je dois aller vomir puis je reviens.

L'alliance des sénescents

Fin juin 2022. Les dirigeants des pays membres de l'OTAN, représentation armée de la race blanche, se réunissent à Madrid pour planifier la troisième guerre mondiale imminente, alors que la guerre d'Ukraine se poursuit et que nous commençons à en voir les conséquences : inflation, récession, misère, disette, faim.

Quelques jours plus tôt, s'était tenu en Chine le sommet des BRICS, les pays qui s'opposent à la domination euro-usaméricaine sur le commerce et qui prennent la tête d'un processus de mondialisation anti-occidentale et d'affirmation d'un modèle politique ouvertement anti-libéral. Il s'agit d'un front de pays hétérogènes, unis par un ressentiment commun contre l'Occident colonialiste et un intérêt commun à s'émanciper de la domination financière nord-américaine.

Nous sommes en train de prendre conscience des effets à long terme de la défaite de la classe ouvrière et de la perspective internationaliste. Il n'y a plus d'alternative sociale à l'impérialisme du capitalisme occidental, et au lieu de cette alternative qui prenait le nom de communisme, il y a maintenant une coalition politiquement hétérogène de pays à régimes autoritaires.

La Russie, qui appartient également au monde blanc, fonctionne comme un bélier pour la percée de l'ordre occidental, comme un élément de désintégration interne du front racial blanc (auquel les Russes appartiennent également).

Macron a déclaré il y a peu que l'OTAN était en état de mort cérébrale ; elle a maintenant été ressuscitée : à la place d'un cerveau, on a installé un appareil programmé pour l'extermination de ceux qui s'opposent à l'ordre blanc mondial.

Je dois m'excuser pour l'utilisation d'une expression qui n'a aucune base scientifique et qui est aussi un peu dégoûtante : « race blanche ». La race blanche n'existe pas, bien sûr. Mais d'un point de vue idéologique, ces deux mots expriment, à un niveau inconscient, l'identification fantasmatique et pourtant réelle des peuples qui, au cours des deux derniers siècles, ont subjugué les peuples du Sud par la force des armes, s'emparant de leurs territoires, de leurs ressources, de leur travail. Maintenant, le monopole de la force n'est plus entre leurs mains, la bombe finale prolifère et l'énergie de la race blanche s'amenuise.

Le gigantisme quelque peu hystérique du congrès de Madrid est un signe de la panique avec laquelle la race blanche regarde l'horizon. Ils sont complètement fous, ils tenteront de se suicider, mais tout comme chaque tireur de masse essaie d'emmener autant de personnes que possible en enfer, les dirigeants du monde libre pourraient emmener toute la race humaine en enfer.

La guerre nucléaire devient de plus en plus probable, au point que nous ne l'envisageons même plus, comme une éventualité à laquelle nous préférons ne pas penser.

Le retour de la bombe

Gunther Anders a écrit dans les années 1960 que le nazisme historique, à commencer par la victoire d'Adolf Hitler aux élections démocratiques de 1933, n'était qu'une répétition générale de ce qui deviendrait le vrai Troisième Reich définitif dans un avenir qui est maintenant devenu le présent.

Qu'est-ce qui définit le nazisme pour Gunther Anders ? Dans son livre L’obsolescence de l’homme, il répond : la rage impuissante contre l'humiliation que la superpuissance de la technologie inflige à l'homme, créateur et victime de la technologie. Mais le Troisième Reich à venir est doté d'une nouvelle puissance technique qui se manifeste par la bombe atomique, objet de puissance ultime car capable de faire disparaître son créateur de la surface de la terre.

Le sujet de la bombe nucléaire, qui a hanté le discours public dans les années 1960 et 1980, semble être passé de mode avec la fin de la guerre froide. Mais c'était une illusion : le danger s'est amplifié puisque les propriétaires de la bombe ne sont plus deux, les Russes et les Anglo-USAméricains, mais six, sept, huit, peut-être neuf.

08/11/2021

MAURICE ROUMANI
D'abord, les Juifs de Libye ont été déportés, puis les S.S. sont entrés en scène

Maurice M. Roumani, Haaretz, 8/2/20201
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Maurice M. Roumani, né à Benghazi, en Libye, est professeur émérite de politique et de relations internationales, de religion et de société au Moyen-Orient et fondateur du Centre J. R. Elyachar pour les études sur l'héritage sépharade à l'Université Ben-Gourion du Néguev en Israël. Il est spécialisé dans les relations ethniques en Israël, les Juifs des pays arabes, le conflit du Moyen-Orient, et il est un expert de l'histoire des Juifs libyens, des relations entre Juifs et Musulmans et de l'impact des politiques de l'Holocauste          en Afrique           du         Nord.               Auteur            de The Jews of Libya: Coexistence,Persecution,Resettlement, Sussex Academic, 2021 (inédit en français), dont l'article ci-dessous est un avant-goût.

 Un témoin de la déportation des Juifs de Libye, qui a perdu une grande partie de sa famille dans le bombardement d'un faubourg de Tunis en 1943, raconte l'histoire de cette communauté aujourd'hui disparue, victime à sa manière de la solution finale.

 

Enfants juifs avec des moutons pour le sacrifice de Pessah (Pâque) dans la Hara (quartier juif) de Tripoli, années 1940

J'étais un enfant lorsque j'ai été déporté dans un camion avec mes parents de Benghazi vers la Tunisie, et j'ai été témoin du bombardement (par les Alliés) de La Marsa, une banlieue de Tunis, le 10 mars 1943. Treize membres de ma famille y ont été tués, dont ma grand-mère, mes oncles et tantes et d'autres parents. Pendant de nombreuses années, j'ai enquêté sur les circonstances du bombardement, et au cours de mes recherches, j'ai découvert et reconstitué à partir d'archives de nouveaux détails sur l'évacuation et la déportation des Juifs libyens vers l'Afrique du Nord française pendant la Seconde Guerre mondiale.


La visite de Mussolini en Libye en 1937

Tout a commencé en 1938, lorsque l'Italie fasciste de Mussolini a promulgué les lois raciales contre les Juifs. Bien que la Libye soit sous domination italienne, ces lois n'y sont pas appliquées, grâce au gouverneur général italien du pays, Italo Balbo, qui considère les Juifs comme un élément important de l'économie libyenne et tente de réduire les mesures discriminatoires prises à leur encontre. Après la mort tragique de Balbo, en 1940, deux gouverneurs temporaires sont nommés et révoqués en rapidement l’un après l’autres, avant la nomination du général Ettore Bastico, en juillet 1941.

En septembre, Bastico a exigé que les 7 000 étrangers présents en Libye, dont de nombreux Juifs, soient transférés en Italie. Bastico affirmait que leur loyauté était douteuse et que leur présence aggravait la pénurie alimentaire. Le ministère italien de l'Intérieur oppose son veto à cette idée, invoquant le manque d'espace dans les prisons, le manque de matériaux de construction pour de nouveaux camps de concentration et les problèmes de transport. Le ministère a suggéré que les "ressortissants dangereux" soient internés dans des camps de concentration en Libye même - et sinon, que les citoyens français et tunisiens (juifs et musulmans confondus) parmi eux soient expulsés vers leurs pays d'origine : la Tunisie, l'Algérie et le Maroc. Malgré l'autorisation officielle du plan par Mussolini lui-même, le 20 septembre 1941, l'opération s'avère complexe et difficile à exécuter.