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03/03/2024

La Vierge rouge & les Cannibales
Louise Michel et les Kanak

Sur les 4253 Communard·es (dont 23 femmes) déporté·es en Nouvelle-Calédonie suite à l’écrasement sanglant de la Commune de Paris, Louise Michel fut pratiquement la seule à ne pas entrer dans la logique de la « colonisation pénitentiaire », dont le but sera résumé par Victor Hugo dans son célèbre discours sur l’Afrique de 1879 : « Versez votre trop-plein dans cette Afrique, et du même coup résolvez vos questions sociales, changez vos prolétaires en propriétaires » . 

Louise prend fait et cause pour les « Canaques », lorsque ceux-ci se soulèvent en 1878 contre le génocide en cours. «[…]  Cette écharpe rouge de la Commune a été divisée, là-bas, en deux morceaux, une nuit où deux Canaques, avant d’aller rejoindre les leurs, insurgés contre les blancs, avaient voulu me dire adieu. » Au cours des sept années de déportation, Louise fraternisa avec les Kanak et tira deux livres de ses échanges. Alors que la plupart des déportés se rangeaient du côté des forces de répression coloniales, Louise Michel est l’exception lumineuse, pionnière d’un anticolonialisme qui a trop souvent fait défaut à la gauche française, toutes tendances confondues. Des textes à découvrir, d’une femme puisant dans sa condition féminine la force de s’opposer au racisme, au patriarcat et au spécisme. « Quel est l’être supérieur, de celui qui s’assimile à travers mille difficultés des connaissances étrangères à sa race, ou de celui qui, bien armé, anéantit ceux qui ne le sont pas ? »

La Vierge Rouge, la Pétroleuse, l’institutrice, l’infirmière, la combattante Louise Michel est condamnée à la déportation après l’écrasement de la Commune de Paris. Elle arrive en Nouvelle-Calédonie en décembre 1873 et y restera jusqu’en juillet 1880, après quoi, bénéficiant d’une amnistie, elle rentrera en France. Elle établit très rapidement un rapport fraternel avec les Kanak, échangeant, conversant avec eux, apprenant leurs langues, écoutant leurs récits, enseignant à leurs enfants. Quand des insurgés viennent une nuit l’avertir de leur soulèvement imminent, elle leur montre comment sectionner les fils du télégraphe pour saboter les communications des occupants et leur donne son écharpe rouge, relique de la Commune (elle adoptera dans la dernière partie de sa vie tumultueuse le drapeau noir). Cette relique, pieusement conservée, donnera l’idée aux militants indépendantistes kanak des années 1960 d’appeler leur mouvement Les Foulards Rouges.

Louise Michel a écrit deux textes issus de sa rencontre du deuxième type. Ce sont ces documents historiques précieux que nous republions pour les rendre accessibles à toute personne ne fréquentant pas les temples du savoir et leurs rayonnages. L’ouvrage est complété par des analyses sur les déportés de 1848, 1855 et 1871, et couronné par l’incroyable discours de Victor Hugo sur l’Afrique.

Table des matières

·        Légendes et chansons de gestes canaques
par Louise Michel, Nouméa 1875…………….8

·        Légendes et chants de gestes canaques
par Louise Michel,  Paris 1885………………….44

·        Louise Michel et les Kanak : amorce d’une réflexion anti-impérialiste
par Lucie Delaporte, 2018………………………235

·        Déportés en Nouvelle-Calédonie : l’improbable rencontre des communards et des insurgés algériens
par Lucie Delaporte, 2018………………………248

·        Les déportés de 1848
par Marcel Émerit, 1948…………………………257

·        Les communards contre les Canaques
par Jean Bruhat, 1981………………………….....266

·        Commune(s), communards, question coloniale
par Alain Ruscio, 2022……………………………..275

·        Discours sur l’Afrique
 par Victor Hugo, 1879……………………………299

 

 

 

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28/05/2023

ANNAMARIA RIVERA
Produire de la viande

Annamaria Rivera, Comune-Info, 25/5/2023

Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Pour aborder, même brièvement, un thème tel que celui que je propose, je pense qu’il convient de commencer par le concept de réification. En résumé, on peut dire qu’il s’agit d’une posture, d’une disposition, d’une pratique sociale routinière qui nous incite à traiter les sujets autres que nous-mêmes non pas d’une manière conforme à leurs qualités d’êtres sensibles, mais comme des objets inertes, voire comme des choses ou des marchandises.

Une autre ligne de pensée que j’ai essayé de rendre opérante est celle que l’on pourrait trivialement appeler animaliste : il s’agit en fait d’une réflexion sur la continuité des processus de domination et de réification. La dialectique négative proposée par Theodor W. Adorno, selon laquelle le moi de l’humain est produit par la négation active de l’autre-que-soi, liée à la domination sur la nature, ne concerne pas seulement le rapport hommes/femmes et nous/les /autres, mais aussi celui entre humains et animaux.

Dans le cas des animaux, la marchandisation est en effet totale, au point que les industries qui exploitent les non-humains « ne parlent plus seulement de reproduction mais de production de l’animal : comme si les animaux n’étaient qu’une matière corporelle qu’il appartient au travail humain de former, d’instrumentaliser et de reproduire », ainsi que de tuer (Melanie Bujok, 2008, Materialità corporea, “materiale-corpo”. Pensieri sullappropriazione del corpo di animali e donne ; orig. Körperliche Materialität, „Körper-Material“-Einige Gedanken zur Bemächtigung des Körpers von Tieren und Frauen, 2005).

 

Si abschlachten (“abattre, massacrer” : cf. Schlachter, boucher) était le verbe utilisé par les bouchers nazis pour nommer le massacre des prisonniers dans les camps, planifié et réalisé selon une stricte logique industrielle, aujourd’hui, élever, torturer et abattre des animaux s’appelle “produire de la viande”.

 

Pour subvertir ce modèle, il faut d’abord en montrer la partialité : bien qu’il se soit répandu dans des domaines disparates, il est issu d’une petite fraction de la pensée philosophique - l’occidentale moderne - qui tend à penser en termes de polarités opposées le rapport entre nature et culture, qui sépare, culturellement et moralement, les humains des non-humains, qui établit une fracture irrémédiable entre les sujets humains et les objets animaux, déniant à ces derniers la qualité de sujets, précisément, dotés de sensibilités, de biographies, de mondes, de cultures et d’histoires.


 Cette fraction de la pensée a produit une ontologie très particulière qui, à son tour, a généré une cosmologie et une éthique parmi d’autres. Pour bien comprendre son arbitraire, sa spécificité et donc sa non-universalité, il suffit de considérer que ce modèle dualiste n’a pas de sens pour la plupart des traditions culturelles non occidentales. Parmi celles-ci, nombreuses sont celles qui ont fait de la continuité entre les êtres vivants le paradigme constitutif de leurs ontologies et de leurs cosmologies.

 

La réification des non-humains s’est transformée en marchandisation massive avec les élevages intensifs et les abattoirs automatisés des sociétés industrielles-capitalistes : des structures de concentration, pourrait-on dire, qui, en favorisant le “saut d’espèce”, représentent, entre autres, l’une des causes de la dernière pandémie, comme de bien d’autres qui l’ont précédée.

 

Il suffit de mentionner le SRAS (“syndrome respiratoire aigu sévère”), qui s’est répandu entre 2002 et 2003, également causé par un coronavirus. Mais il ne faut pas oublier que l’Ebola, le sida, la grippe aviaire sont également d’origine zoonotique.

 

Tout cela est dialectiquement lié aux processus rapides et de plus en plus répandus de déforestation, d’urbanisation, d’industrialisation, voire d’agriculture, qui enlèvent progressivement des portions d’habitat aux animaux dits sauvages. Ceux-ci, s’ils survivent, ne peuvent que s’approcher des installations humaines et donc aussi des animaux dits “d’élevage”, parmi les plus vulnérables car immunologiquement déprimés en raison des conditions et des traitements extrêmes auxquels ils sont soumis : entre autres, l’administration de doses anormales d’antibiotiques, sans parler des pratiques de véritable torture.

 

Dans Homo sapiens et mucca pazza. Antropologia del rapporto con il mondo animale (Homo sapiens et vache folle. Anthropologie du rapport avec le monde animal), un livre que j’ai édité, publié par la maison d’édition Dedalo en 2000, et pourtant tragiquement d’actualité, j’ai écrit, entre autres, que ceux qui achètent, par exemple, « de la viande de veau ignorent ou veulent ignorer que la clarté de cette chair devenue viande est obtenue en forçant le veau à vivre sa courte vie dans l’immobilité absolue, bourré de toutes sortes de médicaments qui font vieillir rapidement ses organes, et emprisonné dans des espaces étroits et sombres".

 

Ce volume, auquel ont participé, outre moi-même, Mondher Kilani, Roberto Marchesini et Luisella Battaglia, était, en particulier dans le cas de ma contribution, largement inspiré par le grand anthropologue Philippe Descola (Par-delà nature et culture, Gallimard 2005), même s’il ne manquait pas de références explicites à d’autres penseurs importants tels que Jacques Derrida (L’animal  que  donc je suis, Galilée 2006).

 

Si les raisons de la propension à manger de la “viande” sont à chercher avant tout du côté du marché et des intérêts de l’industrie de l’élevage, il ne faut pas négliger l’importance de la raison symbolique : dès 1992, Derrida dans Points de suspension (Galilée, 1992) avait esquissé la figure d’une subjectivité “phallogocentrique de la viande”, propre au sujet masculin, détenteur du logos et, précisément, carnivore. À cela s’ajoute la manipulation cruelle des êtres vivants que constituent les expériences de transgénèse, de clonage, etc.

 

Avec les animaux de laboratoire, le cycle maudit atteint son paroxysme. Il n’est donc pas exagéré d’établir une analogie avec les pratiques nazies consistant à réduire les corps humains à l’état de mannequins, d’instruments, de cobayes pour la réalisation d’atroces expériences soi-disant “scientifiques”.

 

Et pourtant, au plus fort de la crise pandémique, la dernière en date, alors que la prise de conscience de la centralité de la question de notre relation perverse avec les écosystèmes et les non-humains aurait dû être largement partagée, a fortiori par les universitaires, voilà que certains d’entre eux se sont laissé aller à des déclarations déconcertantes. Je fais allusion au virologue Roberto Burioni qui, à la télévision, a souhaité que “nos amis à quatre pattes” puissent également contracter le Covid-19 car cela « nous donnera un avantage considérable dans l’expérimentation des vaccins ».

 

Pourtant, il est bien connu que le modèle des expériences sur les non-humains est non seulement inacceptable d’un point de vue éthique, mais qu’il est aujourd’hui si coûteux et dépassé qu’il rend très improbable la création de médicaments et de vaccins efficaces. Cela ne concerne pas seulement le sort des non-humains. Une idéologie et des pratiques similaires conduisent au sacrifice sélectif des humains, les plus vulnérables, les plus exposés, les plus précaires et/ou les plus altérisés, comme nous l’avons également vu lors de la récente pandémie.

 

Depuis près de trente ans, c’est-à-dire depuis que j’ai commencé à intégrer ce qu’on appelle improprement la “question animale” (ou la “question non humaine”) dans mes recherches, et donc dans des essais et des articles, la pensée et les travaux de Philippe Descola me sont devenus indispensables, au point que je le cite très fréquemment : extrêmement utiles, l’un et l’autre, pour montrer - comme il l’écrit lui-même dans Par-delà nature et culture - que « l’opposition entre la nature et la culture ne possède pas l’universalité qu’on lui prête».

 

«  Mener à bien une telle entreprise », ajoute-t-il «  exige que l’anthropologie se défasse de son dualisme constitutif et devienne pleinement moniste ».

 

C’est d’ailleurs grâce à ses recherches et à sa réflexion que j’ai trouvé le courage de mener plus d’une décennie d’enquêtes de terrain à Essaouira : une ville du sud-ouest du Maroc, exemplaire par son histoire de mixité, notamment par la longue cohabitation entre arabo-musulmans et juifs, sans parler d’autres minorités, mais aussi par la cohabitation dense et profonde entre les humains et certaines catégories de non-humains.

Ma recherche - comme je l’ai dit - inspirée de ce qu’on appelle aujourd’hui, un peu improprement, « l’ethnographie multi-espèces », qui a ensuite, dans mon cas, pris la forme d’un essai, publié par Dedalo en 2016 : La città dei gatti. Antropologia animalista di Essaouira (La ville des chats. Anthropologie animaliste d’Essaouira).

Dans cet essai, le thème de la convivialité interspécifique joue un rôle important : avec les chats, les mouettes et même les chiens. Je dis “même” parce que ces derniers ont longtemps été considérés, du côté musulman, comme des êtres impurs, comme on le sait. Il faut cependant préciser que cette distinction entre animaux purs et impurs n’est pas du tout propre au seul monde musulman. Et actuellement, à Essaouira notamment, les chiens sont également accueillis, protégés et intégrés dans le monde des humains.

 

Un autre aspect mérite d’être souligné : à Essaouira, les personnes qui prennent soin d’animaux libres comme les mouettes, les chats et même les chiens sont aussi, voire surtout, les personnes les plus démunies, qui pratiquent une éthique commune de la compassion et de la solidarité, élargie au-delà de l’“espèce” humaine. En s’adonnant au “luxe” du sens et du don, de l’affection et de l’attention les plus gratuites, elles échappent à la raison économique et utilitariste qui les a condamnés. Ils brisent ainsi la chaîne de la dépendance obligatoire à l’égard du besoin à laquelle la société les a liées et dont elle les imagine esclaves.


 

Toujours à propos de la convivialité interspécifique, il convient d’ajouter qu’elle a été pour moi non seulement un objet d’observation, mais aussi et surtout une expérience relationnelle personnelle : directe et durable. En effet, selon mon expérience de terrain, l’animalité, si elle ne permet pas de placer le non-humain dans le rôle classique de “l’informateur ”, le place cependant dans celui d’acteur et de témoin d’un contexte qui favorise les rencontres, les relations, voire les amitiés transpécifiques durables. Tout cela, j’ai pu l’expérimenter personnellement, notamment avec quelques mouettes et chats, auxquels me lie une amitié fidèle et constante depuis plusieurs années.

 

Pour conclure avec une dernière citation de Descola : « Bien des sociétés dites « primitives » […] n’ont jamais songé que les frontières de l’humanité s’arrêtaient aux portes de l’espèce humaine, elles qui n’hésitent pas à inviter dans le concert de leur vie sociale les plus modestes plantes, les plus insignifiants des animaux. »

 

“Humains, la vraie peste, c'est vous”

 

 


27/05/2023

LINDA MAGGIORI
Inondations en Émilie-Romagne : pour les animaux d’élevage, la Vallée de la Bouffe est devenue la Vallée de la Mort

Linda Maggiori, il manifesto, 27/5/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Dans l’Italie submergée, des milliers d’animaux enfermés dans des camps* d’élevage intensifs ont été noyés : « Ne dédommagez pas les éleveurs qui auraient pu les sauver », demandent les défenseurs des animaux.


Porcs morts dans un élevage intensif - Photo Selene Magnolia/Essere Animali

De la Food Valley à la Death Valley :  les images des camps d’élevage inondés sont effroyables : des milliers d’animaux morts noyés, flottant dans la boue, empilés. Beaucoup d’entre eux étaient enfermés dans des enclos et des cages exigus, spécialement conçus pour les empêcher de s’échapper.

La Coldiretti (Confédération nationale des agriculteurs) estime qu’il y a environ 250 000 bovins, porcs, moutons et chèvres et 400 élevages de volailles dans les zones inondées. Dans les montagnes et les zones isolées, il y a maintenant une pénurie d’eau et de foin. La Coldiretti estime que des milliers de ruches ont été détruites. L’Émilie-Romagne est l’une des régions qui comptent le plus grand nombre d’animaux d’élevage et de structures intensives, avec plus de 20 millions de volailles, 1 million de porcs et 579 000 bovins (base de données du registre zootechnique national).

« À BERTINORO, lors d’une reconnaissance effectuée quelques jours après l’inondation, explique Chiara Caprio, porte-parole d’Essere Animali [Être Animaux, organisation de défense des droits des animaux], notre équipe d’enquêteurs a filmé une centaine de porcs morts à l’extérieur d’un hangar dans une exploitation comptant des milliers de porcs. À Bagnacavallo, près de Ravenne, les porcs nageaient dans des enclos inondés. Dans une ferme de San Lorenzo in Noceto, trois hangars ont été inondés et plus de 60 000 poules sont mortes. Plusieurs porcs sont également morts à Lugo. Malheureusement, ces animaux sont confinés dans des camps où il n’existe souvent aucun plan d’évacuation en cas d’urgence ».

« APRÈS LES INONDATIONS, nous avons sauvé des porcs, des chevaux, des ânes, des poneys, des volailles, des chèvres, des moutons issus de fermes pédagogiques ou de petits troupeaux », expliquent des jeunes de l’association Horse Angels, « il a été plus compliqué de sauver les animauux des élevages intensifs . À Villanova di Bagnacavallo, nous avons été appelés par des habitants, mais quand nous sommes arrivés à la ferme inondée, avec les porcs à l’intérieur, le propriétaire nous a empêchés d’entrer, il y a eu des moments de tension, et même la police est intervenue », racontent Carmelo, Alex et Nicolas.

L’association a écrit au président [de la région Émilie-Romagne] Bonaccini : « Nous demandons que les éleveurs qui n’ont rien fait ou ont même empêché le sauvetage de leurs animaux ne soient pas indemnisés, lorsqu’il peut être prouvé qu’ils auraient pu ouvrir les portes et les libérer, ou les déplacer ailleurs, et qu’ils ne l’ont pas fait dans un but lucratif » [proposition de bombardement électronique au gouverneur ici :

La Regione Emilia Romagna a chi darà gli aiuti? A chi poteva salvare i maiali e non ha fatto nulla per trarli in salvo, o solo a chi ha richiesto aiuto ma non è stato possibile intervenire?

PROPOSTA DI MAIL BOMBING

segreteriapresidente@regione.emilia-romagna.it

Egregio Governatore della Regione Emilia Romagna Stefano Bonaccini
Sono indignat* per la morte di tanti maiali senza soccorsi nelle aziende sunicole.
Mi appello a lei perché non siano risarciti quegli allevatori che non hanno fatto nulla per soccorrere i maiali, affinché sia impedito che ricevano il risarcimento dalla comunità Europea laddove possa essere dimostrato che costoro avrebbero potuto aprire i cancelli e liberare gli animali, oppure trasferirli altrove, e che volutamente non hanno adempiuto a ciò con lo scopo di lucro.
Confidando che gli aiuti siano dati solo o con priorità agli allevatori meritevoli, dotati di umanità nei confronti della specie zootecnica allevata e del benessere dei propri animali in allevamento,
In attesa di riscontro
Data luogo e firma

Animaliberaction a également pris des mesures pour trouver un nouveau foyer à une quarantaine de lapins, perdus dans la campagne au milieu de l’eau et de la boue et sauvés par des bénévoles.

A FAENZA, 600 porcs sont morts dans un élevage intensif, les animaux qui ont réussi à se sauver se sont échappés dans la campagne. Le témoignage d’Elena est émouvant : « Quelques jours après l’inondation, alors que nous nettoyions la maison de l’eau et de la boue, dans un scénario d’après-guerre, nous avons entendu un bruit derrière une haie et vu s’échapper d’une ferme un cochon qui commençait à ronger une porte en bois entraînée là par l’inondation à cause de la faim. Nous l’avons appelé Alfred, nous l’avons nourri, il nous a tenu compagnie et nous a rassérénés. Une ferme pédagogique devait l’accueillir, mais il était porteur d’une puce électronique et son propriétaire est venu le chercher pour le ramener au camp, destination l’abattoir. Ils nous l’ont pratiquement arraché, il criait et pleurait, nous aussi. Parce qu’au milieu de toute cette merde, sauver une vie était quelque chose qui ramenait un peu de sens et d’espoir. Nous voulions le sauver d’une industrie qui a matériellement contribué à la destruction de la planète et à l’altération du climat, avec les conséquences que nous connaissons tous les jours ».

LE SECTEUR ZOOTECHNIQUE contribue à hauteur de 14,5 % aux émissions de gaz à effet de serre, selon la FAO et le GIEC, tout en aggravant la pollution de l’air et de l’eau. Une grande partie des zones touchées par les inondations étaient déjà des ZVN, des zones vulnérables aux nitrates, en raison des effluents agricoles, avec des eaux souterraines fortement contaminées. Après une telle catastrophe, avec les eaux usées, les carcasses et les produits chimiques qui s’écoulent dans la boue, la pollution de l’eau ne peut qu’empirer.

NdT
* J’ai traduit ainsi l’original recinti (enclos), à mon sens bien trop neutre. « Pour toutes ces créatures, tous les humains sont des nazis ; pour les animaux, c’est un éternel Treblinka. »
Isaac Bashevis Singer, The Letter Writer, Collected Stories, 1982, p.71