Featured articles en vedette Artículos Artigos destacados Ausgewählte Artikel Articoli in evidenza

Affichage des articles dont le libellé est Die Linke. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Die Linke. Afficher tous les articles

01/02/2023

CARMELA NEGRETE
Oskar Lafontaine, leader historique de la gauche allemande : “La préoccupation fondamentale des Européens doit être de savoir comment se libérer de la tutelle usaméricaine”

Carmela Negrete, ctxt.es, 28/1/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Italiano Lafontaine: “La preoccupazione fondamentale degli europei è come liberarsi dalla tutela degli Stati Uniti”


Carmela Negrete (Nerva, Espagne, 1984) est une journaliste indépendante espagnole basée à Berlin depuis 2009, où elle réalise des reportages sur le précariat allemand, dont elle fait elle-même partie. Elle écrit régulièrement pour Junge Welt, Neues Deutschland, ctxt es, eldiario.es et l’hebdomadaire Diagonal, entre autres publications.@carmelanegrete

Entretien avec Oskar Lafontaine, leader historique de la gauche allemande, ancien président du parti social-démocrate, ancien ministre des Finances, fondateur de Die Linke, ancien président de la Sarre.

L’Allemagne a annoncé qu’elle allait envoyer des chars Leopard en Ukraine, bien que le chancelier Olaf Scholz ait lui-même assuré en mars qu’une telle décision pourrait conduire le pays et ses partenaires de l’OTAN directement à la guerre. Nous avons parlé à l’homme politique Oskar Lafontaine (Sarre, Allemagne, 1943), ancien ministre des finances, ancien président du parti social-démocrate SPD et fondateur du parti de gauche Die Linke, qu’il a quitté en mars. Lafontaine a écrit un livre intitulé Ami, it’s time to go (Ami, il est temps de partir : Ami en argot allemand désigne les yankees), dans lequel il réfléchit à la guerre en Ukraine et au rôle de l’Allemagne et de l’Europe dans le conflit. Cette interview pour le portail espagnol CTXT a été réalisée par téléphone au cours de la première semaine de janvier.

Pourquoi pensez-vous qu’il est important de s’opposer aux livraisons d’armes à l’Ukraine ?

L’envoi continu d’armes à l’Ukraine ne fait que prolonger les souffrances, la mort des gens et la destruction de l’Ukraine. La guerre en Ukraine n’est pas une guerre de la Russie contre l’Ukraine ou vice versa, mais une guerre des USA contre la Russie. Il s’agit d’une confrontation géostratégique qui était déjà annoncée dans les années 1990 par des politiciens comme Henry Kissinger. Les Ukrainiens ne sont que les victimes de cet affrontement stratégique, qui le paient de leur vie et de la destruction de leur pays.

Le réarmement de l’Allemagne doit-il nous inquiéter en tant qu’Européens, s’agissant du pays qui a conduit l’Europe à la Seconde Guerre mondiale ?

Cette crainte n’est pas fondée. La question de savoir si l’Allemagne veut rester un protectorat des USA est bien plus importante, car les décisions militaires impliquant le danger d’une guerre nucléaire sur le territoire européen sont prises uniquement par les USA, et les Européens n’ont pas voix au chapitre. La préoccupation fondamentale des Européens doit être de savoir comment se libérer de la tutelle usaméricaine.

C’est la thèse que vous défendez dans votre livre Ami, il est temps de partir, qui est devenu un best-seller. Les médias nous répètent pourtant sans cesse que les USA dépensent plus pour leur défense et que cela nous protège de nos adversaires potentiels. Est-ce une idée fausse ?

Les États ont des intérêts et défendent ces intérêts. L’intérêt des USA n’est pas de défendre l’Europe, mais d’avoir l’Europe comme avant-poste disponible pour leurs intérêts en tant que puissance mondiale. Pour l’instant, les USA sont les grands gagnants de la guerre d’Ukraine. Ils fournissent des armes en grande quantité à leurs partenaires, comme les Allemands et les Polonais ; ils ont évincé le gaz russe bon marché de l’Europe et peuvent enfin réaliser ce qu’ils souhaitaient depuis des années : vendre en Europe leur gaz de schiste, obtenu par des techniques très dommageables pour l’environnement. Et ils ont réalisé ce que Kissinger avait proposé il y a de nombreuses années : confronter l’Europe à la Russie sel”n le principe “diviser pour régner" afin d’assurer leur pouvoir. Croire que les USAméricains veulent nous protéger n’est pas seulement naïf, c’est aussi nuisible. Pour l’Allemagne, l’énergie plus chère des terminaux de gaz liquéfié affecte son industrie, et pas mal d’entreprises veulent donc déplacer leur production vers d’autres pays, y compris les USA eux-mêmes.

Ami, il est temps de partir - Plaidoyer pour l’affirmation de soi de l’Europe”, le best-seller de Lafontaine

Le gaz russe est très important pour l’Allemagne et l’Europe. Pourtant, l’attaque contre les pipelines russes Nord Stream a disparu du discours public avant même d’avoir été clarifiée.

Il n’y a rien de plus à clarifier. Nous pouvons croire le président Joe Biden, qui a déclaré que si les Russes marchaient sur l’Ukraine, ils mettraient fin au pipeline. Toutes les spéculations selon lesquelles un autre pays aurait provoqué ces explosions sont risibles et montrent l’état dans lequel se trouve l’Europe. L’attaque du gazoduc était un acte terroriste qui pourrait être considéré comme un acte de guerre, et le gouvernement allemand vassal est silencieux à ce sujet.

Entre-temps, un ministre vert a décrété la prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires et rouvert des dizaines de centrales à charbon. Comment en est-on arrivé à cette situation absurde ?

C’est une conséquence directe de la décision de l’Allemagne de soutenir la politique agressive des USA, qui a conduit à la guerre économique contre la Russie, préparée de longue date, empêchant l’expédition de gaz vers l’Allemagne. En 2017, un embargo sur le gaz russe avait déjà été conçu. En ce sens, la tentative de transformer l’économie allemande afin de couvrir ses besoins avec des énergies renouvelables, avec une période de transition basée sur le gaz naturel, a échoué lamentablement. Nous sommes maintenant obligés de produire de l’électricité à partir du charbon. Il est incompréhensible que le parti des Verts (Die Grünen), qui est né du mouvement pacifiste et avait pour bannière la protection de l’environnement, soit devenu le parti de la guerre.

À quel point la situation en Ukraine est-elle dangereuse pour nous, Européens ?

Le danger pour les Européens est que l’escalade de la guerre continue à augmenter parce que les USA ont décidé qu’ils voulaient poursuivre cette guerre jusqu’à ce que la Russie soit clairement affaiblie. Cet aspect est important lorsqu’il s’agit de prévisions, car lorsque les USA affirment vouloir que cette guerre se termine bientôt, cela n’est guère crédible. Joe Biden a été vice-président sous Barack Obama, qui est le président qui a financé le coup d’État de Maidan. D’autre part, son propre fils semble être impliqué dans de la corruption en Ukraine. Les collaborateurs du ministère des affaires étrangères de Biden, dont Victoria Nuland, poursuivent leur stratégie de provocation de la Russie et n’écoutent apparemment même pas le Pentagone. Le président des chefs d’état-major interarmées lui-même, Mark Milley, la plus haute autorité militaire après le président, a proposé de rechercher des négociations de paix, mais n’est apparemment pas écouté à la Maison-Blanche.

Malheureusement, il y a plus d’un politicien aux USA qui croit qu’une guerre nucléaire serait justifiable et qu’il serait également possible de la circonscrire à l’Europe. C’est pourquoi il est si nécessaire que l’Europe mène sa propre politique de défense et se libère de la politique d’agression fatale des USA. Il faut rappeler chaque jour aux Européens qu’il n’y a pas de troupes russes ou chinoises à la frontière usaméricaine avec le Mexique ou le Canada, mais que ce sont les troupes usaméricaines qui sont partout aux frontières russes et chinoises.

Les accords de Minsk n’étaient-ils qu’une stratégie visant à gagner du temps, comme l’a laissé entendre l’ancienne chancelière Angela Merkel dans une interview accordée à Die Zeit ?

Ces déclarations d’Angela Merkel ont été fatales, car avec elles, elle a reconnu publiquement que les efforts de paix en Ukraine, dont la guerre a commencé dès 2014, n’étaient pas sérieux. Mme Merkel, comme l’oligarque Porochenko, a admis qu’elle n’avait soutenu ces négociations de paix que pour donner à l’Ukraine le temps de s’armer. Ces déclarations insensées aggravent les relations avec la Russie et amènent le président et les politiciens russes à conclure qu’avec les Européens, on ne peut pas signer d’accords, car ils ne font que mentir et tricher.

Quel bilan tirez-vous des seize années de mandat de l’ancienne chancelière Merkel ?

Il suffit d’écouter les plaintes de son propre parti maintenant qu’il est dans l’opposition au Bundestag. Ils se plaignent que l’infrastructure de l’Allemagne s’effrite et cette plainte est justifiée. Un pays industrialisé qui laisse ses infrastructures, y compris la culture, les écoles et les universités, se délabrer fait une mauvaise politique et n’assure pas l’avenir de son pays et de sa population.

Mme Merkel est également coresponsable de la politique ultra-libérale menée vis-à-vis de l’Europe du Sud. A-t-on appris quelque chose à cet égard ?

Les problèmes en Europe ont commencé avec l’introduction de l’euro, car il était trop faible pour les pays du nord, comme l’Allemagne, et trop fort pour les pays du sud. Cela a entraîné des désavantages concurrentiels pour les pays d’Europe du Sud et l’Allemagne a pu dominer le marché européen des exportations. Il serait important que tous les pays de l’union monétaire aient des chances égales, mais ce n’est pas le cas pour l’instant.

Pendant la crise de l’euro, le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne s’est formé. Peut-on parler de fascisme dans ce cas ?

Il y a plusieurs politiciens dans le parti dont les idées peuvent être qualifiées de fascistes. En Allemagne, l’AfD s’est initialement formée contre l’union monétaire européenne. La question du fascisme est donc beaucoup plus large : sommes-nous sur la voie du fascisme dans le monde entier ? Je pense aux USA, mais aussi à l’Allemagne, et la question est de savoir si nous sommes sur la voie du totalitarisme. Nous observons certainement des tendances très problématiques. Le prix de la paix du secteur du livre allemand a été décerné à Serhiy Viktorovych Zhadan, un auteur ukrainien qui a traité les Russes d’"ordures" et d’"animaux", de "porcs qui devraient brûler en enfer". C’est pourquoi la question du fascisme doit être envisagée de manière plus large et pas seulement comme l’arrivée des partis d’extrême droite, car l’extrémisme en Europe s’installe au centre de la société. La ministre allemande des Affaires étrangères a affirmé que les sanctions devraient "ruiner" la Russie. C’est un langage fasciste.

Quel espoir y a-t-il pour la gauche en Europe et particulièrement en Allemagne ?

Dans toute l’Europe, la gauche doit réfléchir à ce que signifie une politique de gauche. En version simplifiée : défendre les personnes qui ne disposent pas de revenus et de richesses élevés. Au cours des dernières décennies, les questions relatives au système économique, la question marxiste de la contradiction fondamentale entre le capital et le travail, ont été reléguées au second plan. La conséquence est que la concentration des richesses s’est accrue de plus en plus et que l’écart salarial a continué à se creuser. Cette question a été déplacée par d’autres débats, tels que le racisme, l’orientation sexuelle ou la diversité. Toutes ces questions sont importantes, mais elles ont été privilégiées, comme on peut le voir dans les multinationales usaméricaines, au détriment des questions fondamentales sur notre système économique en relation avec la répartition des richesses.

C’est un problème que l’on peut observer très clairement dans les partis sociaux-démocrates. Le SPD, dont j’étais président, était un parti pour la paix, le désarmement et le développement de l’État-providence. Aujourd’hui, le chancelier Scholz, du parti social-démocrate, donne la priorité au réarmement et à la guerre en Ukraine, et préconise le démantèlement de l’État-providence des années 1990, qui a conduit à ce qu’un retraité allemand gagne en moyenne 800 euros de moins par mois qu’un retraité autrichien. Le plus important en ce moment est le prix de l’énergie, qui joue un rôle clé pour les entreprises et la population allemandes. Nous devons revenir aux faibles prix de l’énergie qui ont été bénéfiques pour le bien-être de l’Allemagne et de l’Europe dans son ensemble. Pour ce faire, pendant un certain temps, il sera inévitable que nous devions à nouveau compter sur le gaz russe.

 Oskar Lafontaine au-dessus de la Boucle de la Sarre en 2015

 

29/04/2022

SEVIM DAĞDELEN
Germany enters war


Two articles by Sevim Dağdelen (Duisburg, 1975), a member of the German Bundestag (Federal lower house) since 2005. She is chairperson of the parliamentary group of Die Linke (The Left Party) in the Foreign Affairs Committee and its spokesperson for international politics and disarmament.

Negotiations for peace, not tanks for war!

 Germany follows Washington’s Ramstein war program

Sevim Dağdelen, junge Welt, 27.4.2022
Translated by John Catalinotto

It is no time to be duped by war propaganda. The new militarism challenges our resistance. 

The war in Ukraine is now all about weapons, weapons, weapons. More weapons and heavier weapons. Every taboo of the post-war period is falling. Diplomacy has been written off. 

A new German militarism in the wake of U.S. militarism is the benchmark of this German government. While UN Secretary General António Guterres is in Moscow promoting a quick ceasefire and an end to the war, NATO members are pushing for the military pact to wage war against Russia. 

The Ukrainian soldiers are only a means to an end. Meanwhile, the goal has become taking the war to Russia.

Ramstein is the big U.S. Air Force Base in southwestern Germany

Ramstein means war

NATO is concerned with victory and nothing else. To this end, Washington has convened a special meeting of weapons representatives at the U.S. airbase in Ramstein in Rhineland-Palatinate. 

Instead of supporting Guterres and regarding the U.S. war council on German soil as a calculated political affront to [Germany’s] democratic sovereignty, the SPD/Green government has sent Defense Minister Christine Lambrecht to participate and has announced that it is going full-steam ahead: The government of the SPD, the Greens and the FDP is now delivering German tanks to the East, as demanded. Until victory. There must be no negotiated peace. 

The Ukrainian ambassador and neo-Nazi activist Andrij Melnyk has finally asserted himself at Chancellor Olaf Scholz’s cabinet table. There is no doubt that German weapons end up going to right-wing extremist battalions integrated into the National Guard and Ukrainian army, and no one in the German government shows any concern.

“Cheetah,” “Marten,” “Puma,” “Fox,” “Boxer,” “Leopard” - what reads like the harmless listing in “Grzimek’s Animal Life” encyclopedia threatens to become the program for expanding the Ukraine conflict into a third world war against the nuclear power Russia. By supplying heavy weapons, Germany and NATO are making themselves a direct party to the war.

Militarism challenges our resistance

The situation is red-hot. And the U.S. administration is throwing gasoline on the fire, by which the German government then warms itself. Pentagon chief Lloyd Austin announced in Ramstein that Washington will move “heaven and earth” to arm Ukraine for further war. And British Parliamentary Under-Secretary of State for the Armed Forces James Heappey tells Kiev that it is legitimate to attack Russia with British weapons and carry out strikes on its territory. 

Lambrecht contributes the German tanks that will be used to win the war of attrition. Ramstein is the symbol of a NATO war program. The winners have already been determined: the arms manufacturers. It is carried out on the backs of the populations in Europe. It is no time to be duped by war propaganda. The new militarism challenges our resistance.

 Arms delivery to Ukraine means Germany’s de facto entry into the war

Sevim Dağdelen, junge Welt, 29.4.2022
Translated by John Catalinotto

On April 28, 2022, the Bundestag [German parliament] decided that Germany would de facto enter into war with Russia. With a motion, the Christian Democratic Union (CDU), Social Democrats (SDP), Free Democrats (FDP) and Greens constituted themselves as a war coalition. 

The objections that Chancellor Olaf Scholz had raised only 72 hours earlier in opposition to the delivery of heavy weapons, that they increased the danger of a third world war, were blown away. In the motion of the war coalition, the delivery of heavy weapons to Ukraine is virtually invoked as a cure-all. 

In addition to the commitment to the rearmament fund of 100 billion euros, the additional commitment to a further annual increase in the military budget to more than 70 billion euros was fixed.

In speeches, numerous members of this Alliance for the Ukraine War, led by the chairman of the CDU/CSU parliamentary group, Friedrich Merz, promoted the goal of a military victory for Ukraine, which they said Germany must support unconditionally. 

This break with all the military taboos that grew out of the defeat of German fascism in 1945, and its dangerous consequences, were somewhat alarming to the deputies. In a kind of defensive magic spell, the proposal states right at the beginning that “neither Germany nor NATO will become a party to the war.” 

But the delivery of ever more and ever heavier weapons and the call for a victorious peace against Russia make these incantations seem extremely questionable. These people remind us of someone who draws a square, but writes in the accompanying text to the drawing that the viewer should see a circle here. Surreal and dangerous.

In addition to the de facto entry into the war via the delivery of heavy weapons and training of Ukrainian soldiers to use them, they have put in the foreground the unconditional will of a total economic war against Russia. In the process, the battle zone is being increasingly expanded. China is openly threatened with being caught in the West’s crosshairs if Beijing tries to undermine Western sanctions against Russia. 

Language can be treacherous in this regard. In neo-colonial fashion, the motion says the German government must “emphatically communicate to the People’s Republic of China the expectations of Germany and the European Union.”

Respect for the UN Charter - all gone. The war coalition is openly threatening. Its language is one of violence and threats. Russia is to be pushed to the wall, even if this means a world economic war even against China. 

The problem of this new German militarism remains the recalcitrance of the German population, the majority of which rejects the delivery of heavy weapons and, according to a survey in The Spiegel, the majority of which has no desire to starve and freeze for war. This attitude must be expanded to fight the war coalition’s entry into the war.

Cartoon: Schwere Waffen für die Ukraine (medium) by Kostas Koufogiorgos tagged karikatur,koufogiorgos,lastenfahrrad,lastenrad,panzer,waffenlieferung,rüstungsgüter,ukraine,karikatur,koufogiorgos,lastenfahrrad,lastenrad,panzer,waffenlieferung,rüstungsgüter,ukraine

Heavy weapons for Ukraine, by Kostas Koufogiorgos
Ampel= Traffic light coalition (Social-democrats, liberals and Greens); 100% climate-neutral delivery

21/05/2021

La résolution du comité directeur du parti Die Linke, « Stop à la violence en Israël et en Palestine » : une nouvelle courbette devant la « raison d'Etat »

Groupe de travail régional pour une paix juste au Proche-Orient de DIE LINKE Basse-Saxe, LAG Nahost 19 mai  2021

Original : Stellungnahme zum Beschluss des Parteivorstandes: Stoppt die Gewalt in Israel und Palästina

Traduit par Fausto Giudice

NdT : L’ensemble des politicien·nes allemand·es, à commencer par la chancelière Merkel, rabâchent que le soutien inconditionnel à Israël relève de la « raison d’État » de l’Allemagne. La direction du parti Die Linke vient de leur emboîter le pas. Mais la base du parti se rebiffe, comme les militant·es qui, à Hanovre, animent le groupe de travail pour une paix juste au Proche-Orient. Voici leur réponse à la résolution adoptée par le comité directeur (Parteivorstand) de Die Linke.

Le comité directeur du parti Die Linke (La Gauche) a adopté le 15 mai une résolution dont le texte se trouve ici : www.die-linke.de/partei/parteidemokratie/parteivorstand/parteivorstand/detail/stoppt-die-gewalt-in-israel-und-palaestina/

Voici notre position sur ce texte :

Il y a deux façons de voir ce qui se passe en Israël/Palestine.

Toute personne qui croit que le statu quo est un « conflit » tragique et mutuellement symétrique et NON un état permanent d'oppression systématique et unilatérale - une dictature militaire comme réalité d'occupation depuis 54 ans - a du mal à expliquer l'escalade actuelle. Qui, en outre, annonce la couleur dès la première ligne et attribue l'escalade en premier lieu aux roquettes lancées depuis Gaza, doit cependant, en plus, ignorer délibérément l'ensemble des événements survenus pendant le Ramadhan, bien avant la première roquette du Hamas (le lundi 10 mai au soir). C'est ce que font la presse bourgeoise, le gouvernement allemand, attaché à sa seule raison d'État, et, malheureusement, aussi la résolution du comité directeur du parti du 15 mai 2021.

Ce « calme » censé avoir régné des derniers mois jusqu'au début d'avril 2021, le début des provocations israéliennes à la Porte de Damas, était-il alors une véritable coexistence pacifique quotidienne en Israël ? Ceux qui voient les choses ainsi, qui ont cru à une telle « idylle », doivent maintenant être surpris.

Tout d'abord, d'un point de vue purement chronologique, selon la lecture de la résoliution, la « violence », les échanges de « tirs » n'auraient commencé qu'à la fin du Ramadan, le lundi soir (10 mai) avec la première roquette du Hamas. On peut le voir ainsi - c'est le mainstream bourgeois [1]. C’est alors ne pas considérer les meurtres et les blessures des manifestants palestiniens pendant les semaines précédentes comme de la violence, mais comme une qualité différente, moins dramatique et donc apparemment comme un état normal d'une « coexistence à égalité ».

Ainsi, quiconque, comme le comité directeur dans sa résolution, fait commencer « l'escalade de la violence » le 10 mai - date des premiers tirs de roquettes du Hamas depuis Gaza - doit avoir déjà fait abstraction de la campagne constante et en escalade de nettoyage ethnique pour une Jérusalem juive ethniquement pure, comme à Sheikh Jarrah ; sans parler de la réalité quotidienne de l'occupation brutale de la Cisjordanie et de l'étranglement de Gaza. 


-Mais où sont donc les courageux défenseurs de gauche des opprimés quand des milliers de Palestiniens sont virés à coups de matraque de leurs maisons pour faire la place à des colons israéliens ?
-D'abord on prend un capuccino puis on va à la manif antiraciste, s'il ne pleut pas
Dessin de Karsten Schley