Il est facile d’être choqué par les
Juifs qui crachent sur les ecclésiastiques chrétiens à Jérusalem. C’est
dégoûtant et abominable. Mais il n’y a aucune raison d’être surpris.
Il ne s’agit pas seulement d’une probable
ancienne coutume juive, comme l’a affirmé Elisha Yered, soupçonné d’avoir
entravé une enquête sur un meurtre. Il s’agit également d’une coutume
israélienne acceptable et normale, qui reflète la manière dont le pays se
comporte. Israël n’a rien à cirer des crachats lancés contre les chrétiens. Ne jouons
pas les vertus offensées.
Ancienne coutume juive ou pas, il y
avait dans notre enfance des enfants dans la Tel Aviv laïque qui disaient
cracher chaque fois qu’ils passaient devant une église. Cela ne nous dérangeait
pas le moins du monde. La plupart d’entre nous n’osaient pas entrer dans une
église, de peur d’être punis. Le signe de croix était encore plus effrayant.
Nous voyions des joueurs de football se signer et, de temps en temps, nous
mettions notre courage à l’épreuve : nous nous signions en cachette et
attendions de voir ce qui se passerait.
Dans le lycée laïque de mon
enfance, il était obligatoire de porter une kippa en cours de Bible, et nous
embrassions le livre saint chaque fois qu’il tombait par terre. Dans cette
atmosphère, les chrétiens suscitaient l’effroi et la répulsion. Aujourd’hui encore,
j’ai une pile de Bibles que j’ai reçues au fil des ans et je n’ai pas le
courage de les jeter dans la poubelle de recyclage comme je le ferais avec d’autres
livres dont j’ai plus d’un exemplaire.
Dans l’Israël laïque des années
1960, qui était horriblement religieux, on nous a inculqué la croyance que le
judaïsme était la religion supérieure à toutes les autres et que ses croyants
étaient les élus. Toutes les autres religions étaient considérées comme
arriérées et leurs croyants comme des adorateurs d’idoles, des primitifs, comme
s’il y avait une différence entre adorateurs d’idoles et adorateurs de Dieu. Et
nous, les enfants du peuple juif, qui n’étions soi-disant pas des adorateurs d’idoles,
étions considérés comme l’incarnation du progrès et des Lumières.
Toutes les autres religions et
nations avaient tout appris de nous, uniquement de nous. C’est ce qu’on nous a
dit. Lorsque vous commencez de cette manière dans les années fondatrices du
pays, 75 ans plus tard, vous avez des gens qui crachent sur les chrétiens. C’est
une ligne droite entre eux et ce qu’on nous a appris à l’école laïque. Mais
aujourd’hui, nous nous considérons comme des gens éclairés et ouverts sur le
monde, et nous avons donc été choqués par les crachats.
Et qu’en est-il de l’État, dont l’une
des langues officielles est le crachat ? Comment décrire la façon dont Israël
traite les institutions internationales dont il bafoue toutes les décisions
depuis des décennies ? Ne crache-t-il pas en réponse à chaque résolution de l’Assemblée
générale des Nations unies, du Conseil de sécurité et de la Cour internationale
de Justice de La Haye ?
Israël crache sur tous les rapports
de toutes les organisations de défense des droits humains, ainsi que, de fait,
sur la position de la majorité absolue du monde. Il crache sur tout le monde.
Israël est la victime ultime, toujours. La seule victime de l’histoire de l’humanité,
ce qui lui permet de faire n’importe quoi. Même cracher. Personne ne nous
prêchera comment nous comporter. Nous avons inventé l’irrigation au
goutte-à-goutte, n’est-ce pas ? Et quiconque ose nous faire la leçon se
heurtera à un barrage de crachats.
Au fond d’eux-mêmes, de nombreux
Israéliens participent aux crachats contre les chrétiens à Jérusalem. Nous
sommes meilleurs, plus forts et plus sages que le monde entier. Lorsque de
jeunes Israéliens ignorants se rendent dans le monde, en Amérique du Sud ou en
Extrême-Orient, ils traitent les locaux avec condescendance, comme aucune autre
nation n’ose le faire. Les Américains sont naïfs, les Suédois sont carrés, les
Allemands sont secs et les Chinois sont étranges. Il n’y a que nous qui soyons
les plus grands.
Quiconque assiste à des contacts
entre Israéliens et étrangers peut ressentir cet esprit de condescendance dans
chaque conversation. Il s’accompagne d’un rôle constant de victime, non
seulement à cause de l’Holocauste, mais aussi à cause du présent. Nous sommes
si tolérants et si malheureux. Ils nous tirent dessus et menacent de nous
éliminer, la terreur règne et il est dangereux et difficile de vivre ici,
disent les membres d’un des peuples les plus gâtés de l’univers, qui vivent
dans le décile supérieur des nations.
Et après tout cela, nous ne devrions pas cracher
sur les chrétiens qui polluent notre Via Dolorosa?
Ci-dessous deux
articles de Nir
Hassondans Haaretz
des 3 et 5 octobre 2023 sur une pratique des fous d’Adonaï consistant à cracher
sur tout ce qui est chrétien, un exemple de plus du caractère d’Israël :
le plus grand asile psychiatrique de la planète. Waddie Abu Nasser, conseiller et ancien porte-parole de l’Assemblée des Ordinaires catholiques de Terre sainte., a déclaré mercredi à la radio de l'armée israélienne que l'incident (rapporté ci-dessous) avait atteint les plus hautes sphères de la foi. "L'incident a atteint le monde entier, jusqu'au grand patron", a-t-il déclaré. "Le pape est informé de chaque incident, il est furieux". (NdT)
Augmentation
du nombre de juifs crachant sur des fidèles chrétiens à Jérusalem
Alors que
des dizaines de milliers de Juifs se rendent à Jérusalem pour la fête de
Souccot, certains ont été filmés en train de cracher sans raison sur des
fidèles chrétiens. Les églises de Jérusalem confirment que le nombre
d'incidents similaires est en augmentation.
Policiers et manifestants lors d'une manifestation de droite contre un événement évangélique dans la vieille
ville de Jérusalem, en mai dernier. Photo : Olivier Fitoussi
Plusieurs
incidents au cours desquels des Juifs ont craché sur des fidèles chrétiens ou
près d’eux dans la vieille ville de Jérusalem ont été filmés dimanche et lundi
derniers, ce qui confirme la généralisation de ces attaques.
Ces
derniers jours, des dizaines de milliers de Juifs ont participé à des
manifestations et à des prières à l'occasion de la fête de Souccot, au cours
desquelles de nombreux incidents de crachats ont été enregistrés. La plupart
des personnes filmées en train de cracher sont des jeunes juifs qui ont craché
sur des églises ou sur des fidèles chrétiens qu'ils ont croisés.
L'un de ces
crachats a été enregistré alors qu'un groupe de fidèles chrétiens sortait d'une
église par la porte des Lions, dans la vieille ville de Jérusalem, en portant
une grande croix. Alors que le groupe remontait la rue, il est tombé sur une
procession de centaines de Juifs qui faisaient le chemin inverse en portant les
quatre espèces.
Dès qu'ils ont remarqué les fidèles chrétiens, ils se sont mis à cracher,
principalement par terre.
Religieuses à l'Église du Saint-Sépulcre. Photo: Ohad Zwigenberg
Si ces
crachats n'ont rien de nouveau, les autorités ecclésiastiques confirment qu'ils
se sont récemment généralisés. En août dernier, le Global Religious Freedom
Action Center a recensé 21 attaques de ce type visant des chrétiens ou des institutions
chrétiennes, la plupart dans la vieille ville de Jérusalem.
Une statue
de Jésus profanée a été vandalisée par un extrémiste juif dans l'église de la
Flagellation à Jérusalem, en février. Photo : AMMAR AWAD/ REUTERS
Lors d'une
conférence de presse précédant son élévation au rang de cardinal il y a deux
semaines, Pierbattista Pizzaballa, patriarche latin de Jérusalem, a déclaré que
ces incidents n'étaient pas nouveaux, « mais nous avons l'impression
qu'ils sont devenus plus fréquents ces derniers temps. Ils sont liés à des
groupes et mouvements ultra-orthodoxes et religieux-sionistes. La présence de
ces groupes dans la vieille ville [de Jérusalem] est plus importante que par le
passé. Il ne fait aucun doute que certains rabbins l'approuvent, voire
l'encouragent ».
Le futur cardinal, le patriarche
latin italien de Jérusalem Pierbattista Pizzaballa, arrive au Vatican la
semaine dernière. Photo : TIZIANA FABI - AFP
Mgr.
Pizzaballa a ajouté que l'augmentation de ces attaques est liée au gouvernement
d'extrême droite d'Israël. « Il se peut que certains de ces mouvements
aient le sentiment, sinon d'être soutenus [par l'État], mais au moins protégés ».
« Ce
qui se passe avec les chrétiens n'est pas isolé. Nous constatons une
augmentation de la violence dans les sociétés israélienne et palestinienne. Ce
que nous voyons avec les chrétiens fait partie d'un phénomène plus large. Les
voix modérées ne sont pas entendues et les voix extrêmes se renforcent. Nous
sommes en contact avec les autorités et la police à ce sujet », a-t-il ajouté.
En août, le
commandant de la police du district de Jérusalem, le général de division Doron
Turgeman, a promis, lors d'une réunion avec les responsables des églises de la
ville, de lutter contre ces attaques. Depuis le début de l'année, la police a
ouvert 16 enquêtes concernant des actes de vandalisme, de violence ou de
harcèlement à l'encontre de chrétiens et d'institutions chrétiennes et a arrêté
21 suspects. Cependant, la police affirme qu'il est difficile d'inculper les
agresseurs, en particulier ceux qui crachent par terre et non sur un individu.
“Comportement
barbare” : l'ancienne coutume juive qui consistait à cracher près de prêtres
chrétiens n'avait rien à voir avec la pratique actuelle
« Cela
n'a jamais été une pratique courante », déclare un historien de Jérusalem.
Bien que le phénomène ne soit pas nouveau, il change de nature et devient de
plus en plus courant et de plus en plus extrême. L'évolution la plus importante
de ces dernières années a été son extension au Quartier musulman.
Des religieuses chrétiennes orthodoxes
tiennent des bougies et des fleurs lors d'une procession à Jérusalem, en août.
Photo : Ohad Zwigenberg /AP
Le clip
vidéo dans lequel on voit de jeunes juifs cracher sur un défilé chrétien dans
la vieille ville de Jérusalem cette semaine a suscité des réactions houleuses.
Un militant
d'extrême droite, Elisha Yered [impliqué dans l'assassinat de Qusai Jamal Maatan, 19 ans, près de Burqa en août dernier, et ancien porte-parole de la députée Limon Son Har-Melech du parti Otzma Yehudit (Force Juive), NdT], a notamment réagi en affirmant que la coutume
de cracher à côté d'une église ou sur des prêtres était une “coutume ancienne
et de longue date”. Cette déclaration a suscité la colère d'un grand nombre de
personnes. Le président, le maire de Jérusalem et même le ministre de la Sécurité
nationale, Itamar Ben-Gvir, ont condamné la coutume du crachat et la
déclaration de Yered.
Mais Yered a
raison, la coutume a vraiment des racines profondes dans le judaïsme ashkénaze.
Le problème est qu'il s'agit d'une coutume entièrement différente. La coutume
originale a été inventée comme une protestation discrète et interne d'une
petite minorité persécutée, et elle était pratiquée en secret. Les crachats
actuels sur les églises chrétiennes et les défilés à Jérusalem sont un acte de
défi public et d'humiliation des croyants qui appartiennent à un groupe
minoritaire.
« Mais
aujourd'hui, les relations ont changé, nous sommes les souverains et il y a des
minorités qui sont sous notre responsabilité, à qui nous sommes obligés de
fournir une protection. Dans une telle situation, il n'est plus possible de se
justifier, ni vis-à-vis de soi-même, ni vis-à-vis des autres », déclare le
Dr Yaakov Maoz, président de Lishana, une organisation pour le renouveau de
l'araméen en Israël, qui a des liens avec les communautés chrétiennes.
Les sources
juives conservent des preuves de cette coutume. Dans le livre du Maharil (XVIe
siècle), qui fait autorité en matière de coutumes des juifs ashkénazes, l'écrivain
Rabbi Yaakov Halevi Ben Moshe Moelin mentionne une coutume consistant à cracher
pendant la récitation de la prière “Aleinu Leshabeah” en prononçant les mots
faisant référence aux adorateurs d'idoles.
Des fidèles
juifs dans la vieille ville de Jérusalem mercredi. Photo : Olivier Fitoussi
Le Maharil
mentionne également qu'il était d'usage de cracher en passant près des églises.
Mais cette coutume est totalement différente de ce qui s'est fait cette semaine
à Jérusalem, affirme A., un jeune religieux, ancien haredi, qui a étudié la
coutume.
« Quand
je marchais avec mon père, il m'apprenait à cracher, mais c'est comme crier “Shabbes”
aux voitures le jour du Shabbat, ce n'est pas une mitzvah [prescription,
commandement], c'est un acte éducatif. Il s'agit d'éduquer l'enfant à
rejeter Avoda Zara (le culte des idoles). L'idée était de le faire
discrètement, sans démonstration, le but n'est pas d'humilier quelqu'un
d'autre, mais il y a un but interne, que je fais pour moi-même », dit A..
« Cela
n'a jamais été une pratique courante », déclare Amnon Ramon, de l'Institut
de recherche politique de Jérusalem. « Elle était pratiquée dans certains
endroits, principalement en Europe de l'Est, et en secret. Il s'agit de l'acte
d'une minorité qui, en secret, passe près de l'église la nuit sans que personne
ne la voie. C'est une coutume et il n'y a pas de halakha (loi religieuse) à ce
sujet ».
De même, il
semble que l'ancienne coutume ashkénaze convienne bien à certains cracheurs qui
ont des idées nouvelles et plus agressives sur le christianisme. « Toutes
les halakhot [prescriptions] antichrétiennes sont devenues plus
sévères dans la seconde moitié du 20e siècle », explique le Dr
Karma Ben Johanan, du département des religions comparées de l'université
hébraïque.
« En ce
qui concerne la question de savoir si le christianisme est un culte idolâtre,
il y a trois halakhot, mais il est clair que nous suivons Maïmonide qui a
statué que c'est le cas, et il est également affirmé que les rabbins qui
disaient le contraire avaient peur des chrétiens et qu'il n'y a maintenant plus
besoin de ces justifications », déclare-t-il.
La
caractérisation du christianisme comme un culte idolâtre convient parfaitement
à l'ultranationalisme hardali
(ultra-orthodoxe, sioniste de droite) et kahaniste qui parle de la nécessité
d'éliminer le christianisme du pays. C'est, par exemple, ce qui a motivé ceux
qui ont incendié l'église de la multiplication (des pains et des poissons) près
de la mer de Galilée, et ceux qui attaquent les églises.
Une
chronique des crachats
Depuis des
décennies, les croyants et les religieux chrétiens connaissent très bien la
coutume du crachat et en souffrent. Contrairement à l'affirmation de la police
selon laquelle il est difficile de poursuivre les cracheurs, dans le passé, des
personnes ont été poursuivies pour avoir craché. En 1995, un acte d'accusation
a été déposé contre un homme qui avait craché lors d'un défilé dans le quartier
arménien de Jérusalem. Il a été condamné à deux mois de prison avec sursis et à
une amende de 750 shekels.
Dans le
recours déposé devant la Cour suprême, son avocat Naftali Wurzberger a affirmé
que la liberté d'expression permettait à une personne de cracher “même en
présence d'un défilé d'ecclésiastiques portant une croix” : « Il est
impossible d'ignorer la halakha qui prévaut dans le judaïsme et selon laquelle
c'est une mitzvah pour un juif de cracher lorsqu'il passe devant une église ou
qu'il rencontre une croix ». Mais les juges de la cour de district ont
rejeté cet argument.
En 2004, un
jeune homme de la yeshiva de droite Har Hamor à Jérusalem a craché sur le
patriarche arménien lors d'une parade religieuse dans la vieille ville. Le
patriarche Nourhan Manougian a giflé le jeune homme et la police a arrêté
Manougian pour l'interroger. Par la suite, une réunion de réconciliation a eu
lieu au cours de laquelle les rabbins de la yeshiva, l'une des principales
yeshivas hardali d'Israël, se sont excusés auprès du patriarche et ont affirmé
qu'ils n'éduquaient pas leurs étudiants à cette coutume.
En 2011, le
juge du tribunal de première instance de Jérusalem a acquitté un prêtre grec
orthodoxe qui avait frappé un jeune juif qui lui avait craché dessus. « Il
est intolérable qu'un ecclésiastique chrétien soit humilié en raison de sa
religion, tout comme il est intolérable qu'un juif soit humilié parce qu'il est
juif », a écrit le juge, ajoutant que les autorités sont incapables de
gérer le problème.
« Les
cracheurs ne sont pas pris et ne sont pas punis pour leurs actes. Ce n'est pas
un phénomène nouveau, il existe depuis des années. Les cracheurs ne violent pas
seulement la loi, ils ne nuisent pas seulement à leurs victimes, mais à nous
tous, à notre image, à notre tourisme et à nos valeurs », a déclaré le
juge. Il a donc décidé d'acquitter le prêtre pour cause de légitime défense.
Bien que le
phénomène ne soit pas nouveau, il change de nature et devient de plus en plus
courant et de plus en plus extrême. L'évolution la plus importante de ces
dernières années a été son extension au Quartier musulman. Dans le passé, ce
sont surtout les membres de l'église arménienne, adjacente au quartier juif,
qui ont souffert des crachats.
Ces
dernières années, il s'est étendu à la Via Dolorosa, qui va de la porte des
Lions à l'église du Saint-Sépulcre, et qui traverse principalement le Quartier
musulman. Il s'agit d'un itinéraire sur lequel des centaines de milliers de
pèlerins chrétiens défilent chaque année, et avec la présence accrue de Juifs
religieux dans ces zones, ils sont également devenus les victimes des crachats.
Le clip
vidéo qui a mis le pays en émoi ces derniers jours a été filmé dans la rue de
la Porte des lions. Il a été tourné au cours d'un défilé qui fait le tour des
portes de la ville. Ces défilés sont devenus populaires ces dernières années parmi
les groupes hardali et haredi, comme une sorte de réponse aux mouvements qui
montent sur le Mont du Temple. La visite comprend une marche autour du Mont du
Temple et des prières aux portes du Mont. Elle donne souvent lieu à des
frictions et à des provocations à l'encontre des passants musulmans et
chrétiens.
Photo : Ammar
Awad/Reuters
La veille de
Yom Kippour, un groupe de Juifs a été filmé en train de prier et de chanter sur
des tombes dans le cimetière musulman situé en face de la Porte dorée, ce qui s'inscrivait
également dans le contexte de l'encerclement des portes. La période de l'année
a également son importance. Les fêtes juives sont considérées comme un mauvais
moment pour cracher, en particulier Pourim, où de nombreux chrétiens ont
coutume de s'abstenir de sortir dans la rue pour ne pas être confrontés aux
crachats et à la violence.
Après les
récentes réactions houleuses, les rabbins de la communauté religieuse sioniste
se sont également empressés de condamner les cracheurs et ont appelé à mettre
fin à cette coutume.
Le rabbin
Shlomo Aviner, l'un des chefs du courant hardali, le père spirituel d'une
grande partie des colons de Jérusalem-Est et lui-même résident de la vieille
ville, a écrit mardi : « Il n'existe pas de loi juive stipulant qu'il faut
cracher sur le culte des idoles. Cette règle ne figure ni dans la Gemara, ni
chez Maïmonide, ni dans le Shulchan Aruch. Si nous crachions sur le culte des
idoles et que cela mettait fin à tout le culte des idoles, ce serait une
question intéressante, mais cela ne sert à rien. Cela ne fait qu'engendrer des
conflits et des querelles, et nous y perdons. Nous devons éduquer les enfants à
se comporter de manière respectueuse ».
Amnon Ramon
ajoute : « Cela reflète le problème de l'incapacité à passer d'une situation
de minorité persécutée qui essaie de compenser sa persécution à une situation
où on est maintenant les rois et où on est testés, entre autres, par l’
attitude envers les minorités ».
Hanna
Bendcowsky, guide touristique, chercheuse chevronnée sur le christianisme et
directrice du Centre de Jérusalem pour les relations judéo-chrétiennes,
s'insurge contre la discussion même des racines historiques de la coutume. « Cette
discussion ne devrait pas être ouverte, si vous êtes opposé au christianisme,
gardez votre crachat dans votre bouche. La discussion même revient à légitimer
la question de savoir s'il est légitime de cracher. La discussion devrait
porter sur des comportements barbares au 21e siècle».