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14/10/2025

Le Prix Nobel de la paix : un hénaurme foutage de gueule

Reinaldo SpitalettaSombrero de Mago, El Espectador, 14/10/2025

Traduit par Tlaxcala

Il existe un dicton tenace parmi les petits empereurs yankees à propos de leurs fameuses croisades, souvent plus sanglantes que celles du christianisme médiéval. Ils proclament, la bouche pleine, que leur présence, parfois avec des marines, des bombardiers, et pourquoi pas, des bombes atomiques, fait partie non seulement de la civilisation, mais aussi de la démocratie et de la liberté. De telles déclarations sont risibles lorsqu’elles sortent, par exemple, de la bouche de personnages comme Kissinger, Bush, Obama ou Trump, qui, après avoir ravagé des territoires, peuvent, pourquoi pas, recevoir le prix Nobel de la paix.


Une paix menaçante, par Waldo Matus 

Peut-être - la mémoire est fragile - que peu de personnes se souviennent de l’opération “Choc et effroi” en 2003. Ils ont dévasté l’Irak, riche en pétrole, puis ont monté un juteux business transnational de reconstruction. Ils ont anéanti des bibliothèques millénaires, tué des civils à la pelle, saturé de terreur et de mort ces terres de littérature fascinante et de tapis volants. Le petit conte yankee des marines en mission de démocratie pourrait encore prêter à rire (même la statue de la Liberté s’en tape les cuisses), s’il ne s’agissait pas de toute la mort et de la barbarie qu’ils sèment dans les territoires qu’ils envahissent.

Mais ils peuvent tout se permettre. Ils sont les maîtres et seigneurs. Et au Moyen-Orient, ils disposent d’avant-postes comme Israël. Il se trouve que plus les actions des bourreaux yankees sont sanglantes et destructrices, plus ils semblent proches d’être récompensés par des prix universels. Une autre manière de se moquer du monde. Une autre façon d’affirmer qu’ils peuvent faire, ici et là, tout ce qu’ils veulent. Personne ne les arrête ni ne les punit. Certains de ces pirates et génocidaires reçoivent même des distinctions.

Ces jours-ci, avec la remise du prix Nobel de la paix à Madame Machado, alors que les favoris semblaient être précisément deux génocidaires (Trump et Netanyahou), des souvenirs d’autres lauréats ont refait surface, des figures qui, par leurs actions, ont discrédité cette distinction. Il suffit de se rappeler un bandit comme Henry Kissinger, auteur, coauteur et complice de massacres, de coups d’État et de conspirations sanglantes en Amérique latine, en Asie et en Afrique. Tout un résumé des formes les plus ignobles de tuer des gens, de renverser des présidents, de créer des enfers où ont brûlé des millions de civils.

En 1973, alors qu’il lui restait encore des années de tueries et d’ingérences dans les affaires intérieures de multiples pays, on lui a décerné le prix Nobel de la paix. On disait alors que c’était plutôt une couronne pour la guerre, pour les attentats permanents contre la démocratie et l’autodétermination des nations. On remettait la distinction à celui qui, des années plus tard, serait qualifié par l’un de ses compatriotes, Gore Vidal, de « plus grand criminel de la planète ».

Depuis longtemps déjà, le prix Nobel de la paix est en déclin. Les naïfs du monde espéraient qu’en 2025, par un sursaut de lucidité, le comité le décernerait à quelque médecin palestinien, par exemple à Hussam Abu Safiya, enlevé par des soldats israéliens, utilisé comme « bouclier humain », torturé et enfermé dans une geôle israélienne. Non, bien sûr que non. Ce serait rêver d’un monde où les puissances dominantes ne se rangeraient pas du côté du génocide, de l’invasion, de l’anéantissement de peuples entiers, et du mépris des principes d’autodétermination et de non-ingérence dans les affaires intérieures des nations.

Décerner le prix à Madame Machado, celle-là même qui a appelé des « forces internationales » à envahir son pays, celle qui a regardé avec des yeux pleins d’admiration les manœuvres de flibustier de Trump (auquel, en vérité, peu importe qu’il y ait ou non de la démocratie au Venezuela, mais bien les richesses de ce pays), relève d’une diabolique mise en scène destinée à camoufler l’horreur d’un génocide : celui que commettent les USA et Israël dans la bande de Gaza.

Cette distinction qu’accorde Oslo s’est dévalorisée. Depuis longtemps, elle décline. Parfois, elle semble n’être qu’une moquerie envers ceux qui ont consacré leur vie et leurs principes à la défense des droits humains, de la liberté et de la coexistence pacifique.

D’un autre côté, c’est au peuple vénézuélien qu’il revient de lutter pour construire la démocratie dans son propre pays, sans intervention étrangère, sans ingérences. Mais, comme on le sait, il existe une ambition féroce de l’empire pour s’emparer des richesses stratégiques du Venezuela, et il faut y parvenir, coûte que coûte, même sous le camouflage de petits prix et de tapes amicales dans le dos de ses laquais.

Tout porte à croire que le prix Nobel de la paix, devenu une bagatelle pour des massacres, une vulgaire manipulation d’intérêts politiciens et un instrument des superpuissances, est désormais sur la corde raide. C’est comme un mauvais spectacle de cirque, avec des clowns sans humour.

La paix, comme le rappelait Kant, n’est pas un état naturel, mais un objectif à construire par la raison et le droit international, deux éléments que, curieusement, la guerre - comme c’est bizarre, comme c’est étrange - a réussi à détruire.

 Le Comité Nobel norvégien, 2025. De gauche à droite : Anne Enger, Kristian Berg Harpviken (secrétaire), Gry Larsen, Kristin Clemet, Asle Toje (vice-président) et Jørgen Watne Frydnes (président)
Six luthériens propres sur eux
 Photo Geir Anders Rybakken Ørslien

13/10/2025

De Nobel à Nobel
Lettre ouverte d’Adolfo Pérez Esquivel à María Corina Machado

Adolfo Pérez Esquivel, Página12, 13/10 /2025
Traduit par Tlaxcala



Je t’adresse le salut de Paix et de Bien, dont l’humanité et les peuples plongés dans la pauvreté, les conflits, les guerres et la faim ont tant besoin. Cette lettre ouverte vise à t’exprimer et à partager quelques réflexions.

J’ai été surpris par ta désignation comme Prix Nobel de la paix, attribué par le Comité Nobel. Cela m’a rappelé les luttes contre les dictatures sur notre continent et dans mon propre pays — les dictatures militaires que nous avons subies de 1976 à 1983. Nous avons résisté aux prisons, à la torture et à l’exil, avec des milliers de disparus, des enfants enlevés, et les vols de la mort, dont je suis moi-même un survivant.

En 1980, le Comité Nobel m’a décerné le Prix Nobel de la paix. Quarante-cinq ans ont passé, et nous continuons à œuvrer au service des plus pauvres, aux côtés des peuples latino-américains. Au nom de tous ceux-là, j’ai accepté cette haute distinction — non pour le prix en soi, mais pour l’engagement partagé avec les peuples qui luttent et espèrent construire un nouvel horizon.
La paix se construit jour après jour, et nous devons être cohérents entre nos paroles et nos actes.

À mes 94 ans, je demeure un apprenti de la vie, et ta posture, tes décisions sociales et politiques m’inquiètent. Je t’envoie donc ces réflexions.

Le gouvernement vénézuélien est une démocratie, avec ses lumières et ses ombres. Hugo Chávez a tracé la voie de la liberté et de la souveraineté du peuple, et il a lutté pour l’unité du continent — un réveil de la grande patrie latino-américaine. Les USA l’ont constamment attaqué: ils ne peuvent tolérer qu’un pays du continent échappe à leur orbite et à leur dépendance coloniale. Ils continuent de considérer l’Amérique latine comme leur « arrière-cour ».
Le blocus imposé à Cuba depuis plus de 60 ans est une attaque contre la liberté et les droits des peuples. La résistance du peuple cubain demeure un exemple de dignité et de force.

Je m’étonne de voir à quel point tu t’accroches aux USA: tu devrais savoir qu’ils n’ont ni alliés ni amis, seulement des intérêts.
Les dictatures imposées en Amérique latine ont été orchestrées au service de leurs intérêts de domination, détruisant la vie et le tissu social, culturel et politique des peuples qui luttent pour leur liberté et leur autodétermination.
Nous les peuples, nous résistons et nous luttons pour le droit d’être libres et souverains, et non des colonies des USA.

Le gouvernement de Nicolás Maduro vit sous la menace constante des USA et du blocus — il suffit de rappeler la présence des forces navales usaméricaines dans la Caraïbe et le danger d’une invasion.
Tu n’as pas dit un mot, ni condamné cette ingérence d’une grande puissance contre le Venezuela. Pourtant, le peuple vénézuélien est prêt à affronter la menace.

Corina, je te demande : pourquoi as-tu appelé les USA à envahir le Venezuela ?
Lorsqu’on a annoncé que tu avais reçu le Prix Nobel de la paix, tu l’as dédié à Trump — l’agresseur de ton propre pays, celui qui ment et accuse le Venezuela d’être un État narcotrafiquant, un mensonge semblable à celui de George Bush, qui accusa Saddam Hussein de détenir des « armes de destruction massive ».
Ce fut le prétexte pour envahir l’Irak, le piller et provoquer des milliers de morts, de femmes et d’enfants.
J’étais à Bagdad à la fin de la guerre, dans un hôpital pour enfants, et j’ai vu la destruction et les morts causées par ceux qui se proclament défenseurs de la liberté.
La pire des violences est le mensonge.

N’oublie pas, Corina, que le Panama fut envahi par les USA, provoquant morts et destructions pour capturer un ancien allié, le général Noriega.
L’invasion fit 1 200 morts à Los Chorrillos.
Aujourd’hui, les USA cherchent à nouveau à s’emparer du canal de Panama.
C’est une longue liste d’interventions et de souffrances infligées à l’Amérique latine et au monde par les USA .
Les veines de l’Amérique latine restent ouvertes, comme l’écrivait Eduardo Galeano.

Je suis troublé que tu aies dédié le Nobel non pas à ton peuple, mais à l’agresseur du Venezuela.
Je crois, Corina, que tu dois réfléchir et comprendre où tu te tiens : es-tu une pièce de plus dans le système colonial des USA, soumise à leurs intérêts de domination — ce qui ne peut jamais être au bénéfice de ton peuple ?
En tant qu’opposante au gouvernement de Maduro, tes positions et tes choix suscitent beaucoup d’incertitudes, surtout lorsque tu en viens à appeler une puissance étrangère à envahir ton pays.

Il faut se souvenir que construire la paix demande force et courage, au service de ton peuple — un peuple que je connais et que j’aime profondément.
Là où il y avait jadis des bidonvilles dans les collines, vivant dans la pauvreté et la misère, il y a aujourd’hui des logements décents, des soins, de l’éducation et de la culture.
La dignité d’un peuple ne s’achète ni ne se vend.

Corina, comme le dit le poète* :

« Voyageur, il n’existe pas de chemin ; le chemin se fait en marchant. »

Tu as aujourd’hui la possibilité de travailler pour ton peuple et de construire la paix, non de provoquer davantage de violence.
Un mal ne se résout jamais par un mal plus grand : on n’aura alors que deux maux, et jamais la solution du conflit.

Ouvre ton esprit et ton cœur au dialogue, à la rencontre de ton peuple.
Vide le baril de la violence et construis la paix et l’unité de ton peuple, pour que la lumière de la liberté et de l’égalité puisse enfin entrer.

*Un autre Machado, prénommé Antonio (aucun lien avec Mme María Corina) [NdT]

12/10/2025

Rejet de la décision du Comité Nobel d’attribuer le Prix de la Paix à María Corina Machado

Nous, soussigné·es, réprouvons la décision du Comité Nobel d’attribuer le Prix de la Paix à María Corina Machado, et considérons cette décision comme un acte qui promeut la guerre en Amérique latine et encourage le terrorisme.

Nous pensons qu’il ne s’agit pas d’une coïncidence si cette décision a été prise au moment où une flotte américaine stationnée dans les Caraïbes menace le Venezuela.
La décision d’exalter une figure comme celle de María Corina Machado fait partie de l’offensive médiatique destinée à préparer l’opinion publique mondiale à l’arrivée de la guerre en Amérique latine.

Ceux qui ont pris cette décision ne sont ni innocents ni confus.
Ils mettent en avant une personnalité impliquée dans toutes les tentatives de coup d’État, dans des activités terroristes, qui a plaidé en faveur d’une agression militaire contre le Venezuela, et qui incarne le pire de la droite vénézuélienne — liée directement au sionisme international, ayant expressément soutenu le génocide contre le peuple palestinien, et à l’aile belliciste du gouvernement Trump, dirigée par Marco Rubio.

Cinq cents ans après l’invasion du continent américain, les gouvernements européens et des institutions comme le Comité Nobel réaffirment, par de tels actes, leurs pratiques colonialistes et racistes.

Nous, signataires de cette déclaration — qui avons défendu la Révolution bolivarienne et qui, ces dernières années, avons pu diverger sur la politique du gouvernement Maduro — réaffirmons aujourd’hui notre soutien à sa décision de mobiliser et d’armer le peuple face à l’agression impérialiste.

Pour nous, il n’existe pas d’autre position que d’accompagner le peuple vénézuélien dans sa décision de défendre sa souveraineté et son gouvernement.

 👉Découvrez les premières signatures et ajoutez la vôtre

10/10/2025

Un Prix Nobel de la Paix en faveur du génocide à Gaza

Tigrillo L. Anudo, 10/10/2025
Traduit par Tlaxcala

Il n’y a qu’un seul objectif politique qui puisse expliquer pourquoi le Comité norvégien a attribué le Prix Nobel de la Paix à María Corina Machado : détourner l’attention afin de masquer le rejet mondial du génocide en cours à Gaza. En d’autres termes, offrir un ballon d’oxygène à Netanyahou et à Trump.

La "Libertadora" récompensée

Ce prix aurait constitué une véritable contribution à la paix si le Comité avait décerné le Nobel à l’activiste suédoise Greta Thunberg, l’une des animatrices de la Global Sumud Flotilla, qui a tenté de briser le blocus maritime de Gaza.
Ou encore s’il avait récompensé l’un des médecins héroïques qui sauvent des vies sur le territoire palestinien avec des moyens rudimentaires, au milieu des bombardements, de l’angoisse, du manque d’eau et des coupures d’électricité.

Mais quel rapport María Corina a-t-elle avec la paix ?
Une politicienne qui, à ce jour, appelle le président Trump à intervenir au Venezuela avec toute son arrogance brutale et meurtrière.
Une opposante qui a attisé la violence et l’instabilité politique dans la République bolivarienne du Venezuela.
La même qui a soutenu le “président autoproclamé” Juan Guaidó, lequel a détourné les ressources de l’État vénézuélien remises illégalement par le gouvernement des USA.
La même encore qui s’est alliée à Leopoldo López et à d’autres politiciens de l’oligarchie vénézuélienne pour promouvoir les émeutes (“guarimbas”), la sédition, la création de groupes paramilitaires et des attentats contre des dirigeants du gouvernement.

La décision du Comité norvégien donne un second souffle et légitime le plan d’invasion du gouvernement des USA.
María Corina entretient des alliances avec le régime sioniste, auprès duquel elle s’est également tournée pour chercher à renverser le gouvernement vénézuélien.


« Aujourd’hui, tous ceux d’entre nous qui défendent les valeurs de l’Occident sont aux côtés de l’État d’Israël ; un véritable allié de la liberté. »
Un gazouillis machadien de mai 2021

 

Lui accorder le Prix Nobel de la Paix, c’est en réalité récompenser le sionisme génocidaire.
Loin de constituer une contribution à la paix mondiale, ce geste ouvre un nouveau front de guerre et de souffrance dans une autre région.

Depuis qu’elle siégeait à l’Assemblée, María Corina n’a cessé d’attaquer le gouvernement populaire d’Hugo Chávez.
Elle a toujours représenté les intérêts de l’oligarchie corrompue qui a plongé le Venezuela dans les pires indicateurs de pauvreté, de santé, d’éducation, de mortalité infantile et d’aide aux personnes âgées.
Son origine de classe l’a toujours alignée du côté des oppresseurs, jamais des opprimés.

Elle n’a jamais non plus représenté la défense des droits démocratiques du peuple vénézuélien, contrairement à ce qu’affirme le procès-verbal du Comité norvégien.
Et encore moins une “transition juste et pacifique de la dictature à la démocratie”, cette narration médiatique néolibérale et impériale utilisée pour justifier — comme on l’avait fait pour l’Irak avec les “armes de destruction massive” — la destruction de l’État vénézuélien, afin de s’emparer de ses immenses richesses énergétiques.

Ce que María Corina a réellement promu, c’est la guerre civile entre Vénézuéliens, l’ingérence de l’empire, le déni de la souveraineté nationale, l’intervention de gouvernements corrompus et antidémocratiques d’Amérique latine et d’Europe.
Elle s’est enrichie personnellement grâce à son activité conspiratrice et, loin d’alléger les souffrances du peuple vénézuélien, elle y a contribué en ne s’opposant pas au blocus économique et commercial infâme imposé par les USA.

Il aurait été moins nuisible que le Comité attribue le Prix Nobel de la Paix à Donald Trump ou à Benjamin Netanyahou — rappelons que le prix fut déjà décerné à Barack Obama, un président belliciste, instigateur de génocides au Moyen-Orient.
Car le mal est déjà fait à Gaza ; et maintenant, un nouveau front de génocide s’ouvre dans les Caraïbes, potentiellement encore plus terrible.

Selon l’œuvre du tout récent lauréat du Prix Nobel de littérature, l’écrivain hongrois László Krasznahorkai, l’effondrement moral a saisi la planète.
C’est pour cette vision lucide d’un monde où la dystopie affleure partout que l’Académie suédoise lui a accordé le prix.
En cela, l’Académie a eu raison.
Mais elle se contredit à travers le Comité norvégien, qui, le lendemain, a attribué le Prix Nobel de la Paix à une personne qui ne le mérite pas.
Ainsi, la machine des Nobel a effacé de la main gauche ce qu’elle avait écrit de la droite.


Ci-dessous la traduction du communiqué officiel du Comité Nobel

 

Annonce – Prix Nobel de la Paix 2025

10 octobre 2025


Le Prix Nobel de la Paix 2025 est décerné à une femme courageuse et résolument engagée pour la paix, à une femme qui maintient vivante la flamme de la démocratie au milieu d’une obscurité grandissante.

Le Comité Nobel norvégien a décidé d’attribuer le Prix Nobel de la Paix 2025 à María Corina Machado.

Elle reçoit ce prix pour son travail infatigable en faveur de la promotion des droits démocratiques du peuple vénézuélien et pour sa lutte visant à instaurer une transition juste et pacifique du régime dictatorial vers la démocratie.

En tant que dirigeante du mouvement démocratique au Venezuela, María Corina Machado représente l’un des exemples les plus remarquables de courage civil en Amérique latine de ces dernières années.

Madame Machado a été une figure clé et fédératrice au sein d’une opposition politique autrefois profondément divisée — une opposition qui a su trouver un terrain d’entente autour de la revendication d’élections libres et d’un gouvernement représentatif.
C’est précisément cela, l’essence même de la démocratie : notre volonté commune de défendre les principes du pouvoir populaire, même lorsque nous sommes en désaccord.
À une époque où la démocratie est menacée, il est plus important que jamais de défendre ce socle commun.

Le Venezuela est passé d’un pays relativement démocratique et prospère à un État autoritaire et brutal, aujourd’hui plongé dans une crise humanitaire et économique profonde.
La majorité des Vénézuéliens vit dans une pauvreté extrême, tandis qu’une poignée de dirigeants s’enrichit outrageusement.
La machine répressive de l’État se retourne contre ses propres citoyens.
Près de huit millions de personnes ont quitté le pays.
L’opposition a été systématiquement réprimée par la fraude électorale, la persécution judiciaire et l’emprisonnement.

Le régime autoritaire du Venezuela rend l’action politique extrêmement difficile.
En tant que fondatrice de Súmate, une organisation vouée au développement démocratique, María Corina Machado s’est engagée pour des élections libres et équitables il y a plus de vingt ans.
Comme elle l’a dit : « C’était un choix des urnes contre les balles. »
Dans ses fonctions politiques et au sein d’organisations depuis, Machado a défendu l’indépendance du pouvoir judiciaire, les droits humains et la représentation populaire.
Elle a consacré des années à l’émancipation du peuple vénézuélien.

Avant les élections de 2024, Machado était la candidate présidentielle de l’opposition, mais le régime a bloqué sa candidature.
Elle a alors soutenu le représentant d’un autre parti, Edmundo González Urrutia.
Des centaines de milliers de volontaires se sont mobilisés au-delà des clivages politiques.
Ils ont été formés comme observateurs électoraux afin de garantir une élection transparente et juste.
Malgré les risques de harcèlement, d’arrestation et de torture, des citoyens à travers tout le pays ont surveillé les bureaux de vote, veillant à ce que les résultats soient consignés avant que le régime ne puisse détruire les bulletins et falsifier les chiffres.

Les efforts de l’opposition collective, avant et pendant l’élection, ont été novateurs et courageux, pacifiques et démocratiques.
L’opposition a reçu un soutien international lorsque ses dirigeants ont publié les résultats des votes collectés dans les circonscriptions du pays, prouvant que l’opposition avait remporté la victoire avec une nette avance.
Mais le régime a refusé de reconnaître le résultat et s’est accroché au pouvoir.

La démocratie est une condition préalable à une paix durable.
Mais nous vivons dans un monde où la démocratie recule, où de plus en plus de régimes autoritaires remettent en cause les normes et recourent à la violence.
La poigne de fer du régime vénézuélien et sa répression contre la population ne sont pas uniques.
Nous observons les mêmes tendances ailleurs dans le monde : l’État de droit bafoué par ceux qui détiennent le pouvoir, les médias libres réduits au silence, les opposants emprisonnés, et les sociétés poussées vers l’autoritarisme et la militarisation.
En 2024, davantage d’élections que jamais ont eu lieu, mais de moins en moins ont été libres et équitables.

Dans son histoire, le Comité Nobel norvégien a honoré des femmes et des hommes courageux qui se sont dressés contre la répression, qui ont porté l’espérance de la liberté dans les prisons, dans les rues et sur les places publiques, et qui ont démontré par leurs actes que la résistance pacifique peut changer le monde.
Au cours de l’année écoulée, María Corina Machado a été contrainte de vivre dans la clandestinité.
Malgré de graves menaces contre sa vie, elle est restée dans son pays, un choix qui a inspiré des millions de personnes.

Lorsque les autoritaires s’emparent du pouvoir, il est crucial de reconnaître les défenseurs courageux de la liberté qui se lèvent et résistent.
La démocratie dépend de ceux qui refusent de se taire, de ceux qui osent s’exprimer malgré le danger, et de ceux qui nous rappellent que la liberté ne doit jamais être tenue pour acquise, mais doit toujours être défendue — par les mots, le courage et la détermination.

María Corina Machado répond aux trois critères énoncés dans le testament d’Alfred Nobel pour la sélection d’un lauréat du Prix de la Paix.
Elle a rassemblé l’opposition de son pays.
Elle n’a jamais faibli dans sa résistance à la militarisation de la société vénézuélienne.
Elle a toujours soutenu une transition pacifique vers la démocratie.

María Corina Machado a démontré que les outils de la démocratie sont aussi les outils de la paix.
Elle incarne l’espoir d’un avenir différent, un avenir dans lequel les droits fondamentaux des citoyens sont protégés et leurs voix entendues.
Dans cet avenir, les peuples seront enfin libres de vivre en paix.

Jørgen Watne Frydnes, président du Comité, lit l'annonce

 

25/08/2025

GIDEON LEVY
La place de Trump est devant la CPI, pas à la cérémonie du prix Nobel

Gideon Levy, Haaretz24/8/2025
Traduit par Tlaxcala

Le président usaméricain rêve de recevoir le prix Nobel de la paix à Oslo, dit-on ; mais sa place est à la Cour pénale internationale de La Haye. Aucun autre non-Israélien n’est autant responsable du bain de sang à Gaza que Donald Trump. S’il le voulait, lui seul pourrait, d’un simple coup de fil, mettre fin à cette terrible guerre et au massacre des otages israéliens.


Trump fait une annonce depuis la Maison Blanche vendredi. Photo Andrew Caballero-Reynolds/AFP

Il ne l’a pas fait. Non seulement Trump n’a pas téléphoné, mais il continue de financer, d’armer et de soutenir la machine de guerre israélienne comme si de rien n’était. Il est son dernier fan. La semaine dernière, il a qualifié le commandant en chef d’Israël, le Premier ministre Benjamin Netanyahou, de « héros de guerre ». Il s’est rapidement attribué le même honneur douteux, ajoutant avec sa modestie caractéristique : « Je suppose que je le suis aussi ».

Le président usaméricain pense qu’une personne qui commet un génocide à Gaza est un héros. Il pense également qu’une personne qui lance des bombardiers depuis son bureau pour une opération ponctuelle et sans risque contre l’Iran est un héros. Telle est la mentalité de l’homme le plus puissant du monde.

Associer Trump au prix Nobel de la paix, c’est transformer le jour en nuit, le mensonge en vérité et l’auteur de la guerre la plus terrible de ce siècle en une combinaison du révérend Martin Luther King Jr. et du Dalaï Lama, tous deux lauréats de ce prix. Trump et Nelson Mandela dans le même bateau. Le grotesque n’a pas de limites, et c’est entièrement à nos dépens.

Si Netanyahou et Trump méritent une récompense, c’est une récompense qui, heureusement , n’existe pas encore : le prix du génocide.

Deux rapports choquants publiés vendredi ne laissent aucun doute sur la nature génocidaire de la guerre. L’Initiative pour la classification intégrée de la sécurité alimentaire (IPC), soutenue par l’ONU et considérée comme la principale autorité mondiale en matière de crises alimentaires, a confirmé que plus de 500 000 personnes à Gaza et dans ses environs sont confrontées à une famine catastrophique du plus haut niveau. Les Forces de défense israéliennes s’apprêtent à envahir cette ville affamée, et Trump donne son feu vert à cette invasion brutale, ainsi que son soutien international et des armes.

Dans le même temps, le site d’information israélien +972 Magazine, son site jumeau en hébreu Local Call (ou Sikha Mekomit) et le journal britannique The Guardian ont révélé l’existence d’une base de données des services de renseignement militaires israéliens indiquant que 83 % des Palestiniens tués par l’armée israélienne depuis le début de la guerre étaient des civils, un pourcentage extrêmement élevé, même comparé aux guerres les plus horribles telles que celles de Bosnie, d’Irak et de Syrie. Selon les propres données de l’armée israélienne, seul un Palestinien tué sur six était un combattant armé. Cinq sur six étaient des civils innocents, principalement des femmes et des enfants. Comme nous le soupçonnions, comme nous le savions, il s’agit d’un génocide. Les USA le soutiennent.

Trump a prêté main-forte à cette guerre, mais ose encore rêver d’un prix Nobel de la paix. L’opinion publique usaméricaine reste sur ses positions, tout comme le président. Seul un coup de fil de la Maison Blanche pourrait mettre fin au massacre, mais rien n’indique que le président le fera. Soutenu par un vaste appareil de renseignement, 16 agences dotées de budgets colossaux, Trump a déclaré avoir vu « à la télévision » qu’il y avait « une véritable famine » à Gaza.

Mais la télévision de Trump ne l’a apparemment pas suffisamment choqué pour qu’il mène la seule opération de sauvetage que l’USAmérique peut et doit entreprendre : ordonner à Israël de respecter un cessez-le-feu complet et immédiat. L’Israël de Netanyahou ne peut défier la terreur du monde. De plus, Trump fait tout ce qu’il peut pour empêcher les autres pays d’imposer des sanctions à Israël afin de mettre fin au génocide. L’Europe est en colère, mais paralysée par sa peur de Trump, tout comme les organisations internationales.

Le politicard juif usaméricain qui est également ministre du gouvernement israélien, Ron Dermer, a réussi à faire croire à la Maison Blanche et à ses 16 agences de renseignement que le sang est de la pluie, voire une pluie bénie pour l’USAmérique. Résultat : le père du plan Riviera de Gaza, le président usaméricain, est désormais un kahaniste déclaré. Il veut obtenir le prix Nobel de la paix pour ça.