16/09/2025

FRANÇOIS VADROT
The Netanyahu Scale of Massacres

When the media grades horror the way we mesure earthquakes

François Vadrot, 16/9/2025

Preamble

It all started with the front page of the French Newspaper of Record on the morning of September 16, 2025. It reported that the “Palestinian civil defense” (a carefully chosen formula to avoid the word Hamas) “fears a major massacre” in Gaza, while an Israeli minister rejoiced that “Gaza is burning.” 

The dissonance was striking: on one side a civilian institution fearing a massacre, on the other a political leader celebrating it. But the most disturbing point lay elsewhere: the very idea of a “major massacre.” As if there existed an implicit taxonomy, a bureaucratic classification of killings. Would a “minor” massacre then be acceptable, dissolvable into the routine of daily war tolls?

 From this arose the idea of a Netanyahu scale of massacres: a satire of media language, a graduated accounting of horror, where the word “massacre” only appears once an arbitrary threshold is reached, and where indignation is calculated to the decimal point.


The Netanyahu Scale

Level 0 — Insignificant incidents
Snipers, drones: isolated deaths do not enter the accounting.

Level 1 — Micro-massacre
Fewer than ten dead. Called an “incident” or a “targeted strike.” No photo, just a lost line in a live update.

Level 2 — Moderate blunder
10 to 20 dead. The word “massacre” is forbidden: instead, “an uncertain toll” is evoked.

Level 3 — Minor massacre
20 to 49 dead. Newsrooms admit the term, but in the conditional: “fears of a massacre.”

Level 4 — Major massacre
50 dead or more. A live news feed is opened. The word “massacre” is allowed, but with the adjective: yes, a massacre, but a “major” one.

Level 5 — Catastrophe
100 dead and more. The word “horror” appears, but voiced through an NGO or a historian.

Level 6 — Apocalypse
Several hundred dead in an instant (camp, school, hospital). Described as a “turning point in the conflict,” immediately erased by the next one.

Level 7 — The unspeakable
An editorial is rolled out on the “failure of the international community,” without ever naming the criminal.

Conclusion

On the Richter scale, we measure the strength of earthquakes. On the Netanyahu scale, we measure the media’s tolerance for horror.

FRANÇOIS VADROT
Propositions pour une échelle de Netanyahou des massacres

Quand les médias classent l’horreur comme on mesure un séisme.

 François Vadrot, 16/9/2025

Préambule

Tout est parti de la Une du Journal de référence, ce matin du 16 septembre 2025. On y lisait que la « défense civile palestinienne » ( formule soigneusement choisie pour éviter le mot Hamas) « craint un massacre majeur » à Gaza, alors qu’un ministre israélien se réjouissait que « Gaza brûle ».

La dissonance était frappante : d’un côté une institution civile qui redoute un massacre, de l’autre un responsable politique qui s’en félicite. Mais le plus troublant était ailleurs : l’idée même de « massacre majeur ». Comme s’il existait une taxonomie implicite, un classement administratif des tueries. Un massacre « mineur » serait-il donc acceptable, soluble dans la routine des bilans de guerre ?
De là est née l’idée d’une échelle de Netanyahou des massacres : une satire du langage médiatique, une comptabilité graduée de l’horreur, où le mot « massacre » n’apparaît qu’après un seuil arbitraire, et où l’indignation se calcule à la décimale.



L’échelle de Netanyahou

Niveau 0 — Incidents insignifiants
Snipers, drones : les morts isolées n’entrent pas dans la comptabilité.

Niveau 1 — Micro-massacre
Moins de dix morts. On parle d’« incident » ou de « frappe ciblée ». Pas de photo, juste une ligne perdue dans un direct.

Niveau 2 — Bavure modérée
10 à 20 morts. Le mot « massacre » est interdit : on évoque un « bilan encore incertain ».

Niveau 3 — Massacre mineur
20 à 49 morts. Les rédactions admettent le terme, mais au conditionnel : « craintes d’un massacre ».

Niveau 4 — Massacre majeur
50 morts ou plus. On ouvre un direct. Le mot « massacre » s’impose, mais assorti de l’adjectif : un massacre oui, mais « majeur ».

Niveau 5 — Catastrophe
100 morts et plus. On parle d’« horreur », mais à travers la voix d’une ONG ou d’un historien.

Niveau 6 — Apocalypse
Plusieurs centaines de morts en un instant (camp, école, hôpital). On évoque un « tournant du conflit », aussitôt effacé par le suivant.

Niveau 7 — L’indicible
On ressort l’éditorial sur « l’échec international », sans jamais nommer le criminel.

Conclusion

Sur l’échelle de Richter, on mesure la force des séismes. Sur l’échelle de Netanyahou, on mesure la tolérance médiatique à l’horreur.


AMEER MAKHOUL
Netanyahou, le discours “spartiate” et la guerre des civilisations

Ameer Makhoul, Progress Center for Policies, 15/9/2025
Traduit par Tlaxcala

 


Dans son discours du 15 septembre au Département des comptables généraux du ministère israélien des Finances, Netanyahou a exposé sa vision de l’avenir et une dimension fondamentale de sa vision et de ses politiques, fondées sur la permanence de la guerre, déclarant : « Les dangers ne disparaissent pas, ils ne font que changer. » Netanyahou a souligné la nouvelle orientation consistant à contrer l’isolement international en se tournant vers une production militaire autonome.

On ne sait pas si le discours de Netanyahou, qui a coïncidé avec le sommet arabo-islamique de Doha et la visite du secrétaire d’État usaméricain, était lié à ces deux événements en termes de calendrier.

Analyse

Netanyahou reconnaît ouvertement l’isolement dans lequel se trouve Israël, tandis que sa conclusion est de renforcer davantage des politiques qui équivalent à un pari global et à une guerre perpétuelle jusqu’à la « victoire décisive ». Il semble convaincu qu’Israël est capable de l’atteindre, renforcé par les déclarations de Marco Rubio, qui a adopté la position et le récit d’Israël. En réalité, Netanyahou rejette toute main arabe tendue vers la compréhension ou la paix, quelle qu’en soit la forme ou la substance.

Plus dangereuse encore est l’affirmation de Netanyahou, dans le contexte des succès d’Israël dans la guerre contre l’Iran, qu’il existe de nouvelles menaces pesant sur Israël. Il a ajouté : « Même lorsqu’une force est éliminée, d’autres forces remontent à la surface… Je ne les nommerai pas. » Il a poursuivi, s’adressant aux hauts responsables du ministère des Finances : « Réfléchissez entre vous aux dangers. Les dangers ne disparaissent pas, ils ne font que changer. » Netanyahou faisait implicitement allusion à l’Égypte et à la Turquie, tout en justifiant une frappe contre le Qatar.

La question de la fabrication militaire indépendante est apparue sous la présidence de Biden, lorsque celui-ci a interdit la fourniture de bombes massives à Israël avant son occupation et sa destruction de Rafah. Biden considérait que l’armée israélienne les utiliserait contre des civils, tandis que les USA fournissaient à Israël des bombes et des équipements encore plus meurtriers pour la guerre contre le Hezbollah et l’Iran. Trump a depuis levé l’interdiction de Biden.

L’Allemagne a suivi cette ligne, interrompant l’exportation de certaines armes de destruction massive et de munitions pouvant être utilisées contre des civils lors de « l’opération Chariots de Gédéon 2 », selon la position allemande. Le Royaume-Uni et la France ont pris des mesures similaires, tandis que l’Espagne est allée plus loin en interdisant l’utilisation de ses ports pour le transfert d’armes usaméricaines vers Israël, suivie plus tard par l’Italie.

La guerre des civilisations et le “Grand Israël”

Netanyahou attribue l’isolement d’Israël à deux raisons principales : la première est « la migration illimitée des minorités musulmanes vers les pays d’Europe occidentale. Elles ne sont pas encore majoritaires, mais elles sont une minorité influente, bruyante et efficace, ce qui dissuade les gouvernements. Ces questions influencent les dirigeants, et ils ne le nient pas dans les conversations privées. »

L’Israël officiel et sa machine médiatique ont réagi de manière ostensible aux récentes manifestations racistes en Grande-Bretagne contre l’immigration, y exprimant leur soutien. Ils ont également cherché à alimenter le discours populiste européen contre les migrants, les présentant comme antisémites, anti-civilisation occidentale et manipulateurs des positions européennes. Cette rhétorique rappelle les discours de haine autrefois dirigés contre les Juifs européens lors de la montée de l’antisémitisme.

Netanyahou et son gouvernement considèrent la visite de Rubio, secrétaire d’État usaméricain dont les positions idéologiques s’alignent sur celles de Trump contre l’immigration (qu’il qualifie de « menace pour la sécurité nationale »), comme une opportunité d’inciter les deux à se débarrasser du « danger » en expulsant de force les migrants. Pour Netanyahou, la question de l’expulsion des migrants s’aligne logiquement avec ses intentions de déplacer la population de Gaza et même de la Cisjordanie.

Le second message, adressé principalement à Trump et à son administration a été l’affirmation de Netanyahou : « Des pays comme le Qatar et la Chine influencent l’opinion publique par d’énormes investissements dans des campagnes sur les réseaux sociaux. Cela change la position internationale d’Israël. Nous devrons investir des sommes énormes là-dedans. » Ce message visait également le ministère des Finances afin d’allouer des budgets à cet effet.

Netanyahou passe effectivement dans son discours de la doctrine du marché libre ouvert mondialement et intérieurement à celle d’une économie fermée basée sur l’autosuffisance et l’isolement défensif. Ce n’est pas une fin en soi, mais une partie d’une vision qui accepte les guerres perpétuelles comme une réalité. Il a déclaré : « Au moins dans les années à venir, nous devrons nous défendre et savoir comment frapper l’ennemi. » Il a ajouté qu’Israël devait être géré comme « Sparte », qui a mené de nombreuses guerres contre Athènes : « Nous devrons développer des industries d’armement ici. Nous serons à la fois Athènes et une grande Sparte. Nous n’avons pas d’autre choix. »

Conclusion

Netanyahou reconnaît que l’isolement international actuel d’Israël n’est pas temporaire ou éphémère, mais constant et durable, tandis qu’il mise sur les valeurs de Trump et sur les populistes européens.

S’il reste au pouvoir, l’approche de Netanyahou face à l’isolement international est de s’enfermer dans des intentions de guerre permanente, ne comptant que sur des solutions militaires sans aucune voie politique. Il ne s’intéresse ni à la normalisation ni même aux accords d’Abraham.

Il menace implicitement à la fois l’Égypte et la Turquie, indiquant que l’opération militaire israélienne à Doha n’est pas la fin du chemin.

Il défie les pays exportateurs d’armes en insistant sur la production indépendante de l’arsenal militaire d’Israël, ce qui nécessiterait des budgets sans précédent et peut-être indisponibles, même avec de grands changements économiques.

Netanyahou s’aligne presque totalement sur l’agenda et l’administration de Trump dans leur hostilité envers les immigrés, l’Islam et la Chine, embrassant la xénophobie et une théorie du « choc des civilisations » soutenu. Il se positionne aux côtés des forces populistes européennes — même celles qui sont antisémites — tant que leur rhétorique est anti-immigrés, cherchant à provoquer des affrontements internes en Europe avec les mouvements propalestiniens.

En exploitant la question des immigrés palestiniens et arabo-islamiques en Europe et en exigeant de gros budgets pour une propagande visant à promouvoir le récit israélien, Netanyahou cherche à ouvrir un front direct contre les mouvements de solidarité avec la Palestine, les diabolisant par une rhétorique raciste comme le produit de l’immigration et une menace pour la position « européenne blanche » selon le discours colonial.

En parallèle avec le mouvement isolationniste MAGA (« Make America Great Again »), Netanyahou promeut sa doctrine isolationniste « spartiate », que l’on pourrait résumer par MIGA : « Make Israel Great Again ».

Ces changements idéologiques dans la rhétorique de Netanyahou confirment que les évolutions des positions internationales en faveur des droits palestiniens isolent de plus en plus Israël. Pourtant, les conclusions de Netanyahou ne feront qu’approfondir et aggraver cet isolement, prouvant qu’il ne s’agit pas d’une phase passagère.

AMEER MAKHOUL
Netanyahu, el discurso “espartano” y la guerra de civilizaciones

Ameer Makhoul, Progress Center for Policies, 15/9/2025
Traducido por Tlaxcala

 


En su discurso del 15 de septiembre en el Departamento de Contadores Generales del Ministerio de Finanzas de Israel, Netanyahu expuso los rasgos del futuro y una dimensión fundamental de su visión y de sus políticas, basadas en la permanencia de la guerra, afirmando: «Los peligros no desaparecen, solo cambian». Netanyahu subrayó la nueva orientación de contrarrestar el aislamiento internacional mediante una producción militar autosuficiente.

No está claro si el discurso de Netanyahu, que coincidió con la cumbre árabe-islámica en Doha y la visita del secretario de Estado de USA, estaba relacionado con estos dos eventos en cuanto a su calendario.

Análisis

Netanyahu reconoce abiertamente el aislamiento en el cual se encuentra Israel, mientras que su conclusión es profundizar aún más en políticas que equivalen a una apuesta total y a una guerra perpetua hasta la “victoria decisiva”. Parece convencido de que Israel es capaz de lograrlo, respaldado por las declaraciones de Marco Rubio, quien ha adoptado la postura y la narrativa de Israel. En la práctica, Netanyahu rechaza cualquier mano árabe tendida hacia el entendimiento o la paz, sea cual sea su forma o sustancia.

Más peligrosa aún es la afirmación de Netanyahu, en el contexto de los logros de Israel en la guerra contra Irán, de que existen nuevas amenazas para Israel. Añadió: «Incluso cuando una fuerza es eliminada, otras fuerzas emergen... No las nombraré.» Continuó, dirigiéndose a altos funcionarios del Ministerio de Finanzas: «Piensen entre ustedes en los peligros. Los peligros no desaparecen, solo cambian.» Netanyahu insinúa implícitamente tanto a Egipto como a Turquía, además de justificar un ataque contra Catar.

El tema de la fabricación militar independiente surgió durante la presidencia de Biden, cuando él prohibió el suministro de bombas masivas a Israel antes de su ocupación y destrucción total de Rafah. La consideración de Biden era que el ejército israelí las usaría contra civiles, mientras que USA proporcionaba a Israel bombas y equipos aún más letales para la guerra contra Hezbolá e Irán. Trump ha levantado desde entonces la prohibición de Biden.

Alemania siguió esta línea, deteniendo la exportación de ciertas armas de destrucción masiva y municiones que podrían usarse contra civiles en la «Operación Carros de Gedeón 2», según la posición alemana. El Reino Unido y Francia tomaron medidas similares, mientras que España fue más allá al prohibir el uso de sus puertos para transferir armas usamericanas a Israel, seguida después por Italia.

La guerra de civilizaciones y el “Gran Israel”

Netanyahu atribuye el aislamiento de Israel a dos razones principales: la primera es “la migración ilimitada de minorías musulmanas a los países de Europa occidental. Aún no son mayoría, pero son una minoría influyente, ruidosa y efectiva, lo que disuade a los gobiernos. Estos asuntos influyen en los líderes, y ellos no lo niegan en conversaciones privadas”.

El Israel oficial y su maquinaria mediática respondieron de forma ostentosa a las recientes manifestaciones racistas en Gran Bretaña contra la inmigración, expresándoles su apoyo. También buscaron agitar el discurso populista europeo contra los migrantes, presentándolos como antisemitas, anti-civilización occidental y manipuladores de las posiciones europeas. Esta retórica recuerda al discurso de odio dirigido en su momento contra los judíos europeos durante el auge del antisemitismo.

Netanyahu y su gobierno ven la visita de Rubio, secretario de Estado usamericano cuyas posiciones ideológicas se alinean con las de Trump contra la inmigración (a la que llama “una amenaza para la seguridad nacional”), como una oportunidad para instar a ambos a librarse del “peligro” expulsando por la fuerza a los migrantes. Para Netanyahu, la cuestión de deportar migrantes se alinea lógicamente con sus intenciones de desplazar a la población de Gaza e incluso de Cisjordania.

El segundo mensaje, dirigido principalmente a Trump y a su administración, fue la afirmación de Netanyahu: “Países como Catar y China influyen en la opinión pública mediante enormes inversiones en campañas en redes sociales. Esto cambia la posición internacional de Israel. Tendremos que invertir sumas enormes en ello”. Este mensaje también iba dirigido al Ministerio de Finanzas para asignar presupuestos a tal efecto.

En su discurso, Netanyahu pasa efectivamente de la doctrina del mercado libre abierto global y nacional a la doctrina de una economía cerrada basada en la autosuficiencia y el aislamiento defensivo. Esto no es un fin en sí mismo, sino parte de una visión que acepta las guerras perpetuas como realidad. Declaró: “Al menos en los próximos años, tendremos que defendernos y saber cómo golpear al enemigo”. Añadió que Israel debe ser gestionado como “Esparta”, que libró muchas guerras contra Atenas: “Tendremos que desarrollar industrias armamentísticas aquí. Seremos tanto Atenas como una gran Esparta. No tenemos otra opción”.

Conclusión

Netanyahu reconoce que el aislamiento internacional actual de Israel no es temporal o pasajero, sino constante y sostenible, mientras apuesta por los valores de Trump y por los populistas europeos.

Si permanece en el poder, el enfoque de Netanyahu para enfrentar el aislamiento internacional es atrincherarse en intenciones de guerra permanente, confiando únicamente en soluciones militares sin ninguna vía política. No le interesa la normalización ni siquiera los Acuerdos de Abraham.

Amenaza implícitamente tanto a Egipto como a Turquía, señalando que la operación militar israelí en Doha no es el final del camino.

Desafía a los países exportadores de armas insistiendo en la producción independiente del arsenal militar de Israel, lo que requeriría presupuestos sin precedentes y posiblemente indisponibles, incluso con grandes cambios en la economía.

Netanyahu se alinea casi completamente con la agenda y la administración de Trump en su hostilidad hacia los inmigrantes, el Islam y China, abrazando la xenofobia y una teoría de “choque de civilizaciones” sostenido. Se posiciona dentro de las fuerzas populistas europeas —incluso aquellas que son antisemitas— mientras su retórica sea antinmigrante, buscando provocar enfrentamientos internos en Europa con los movimientos propalestinas.

Al explotar la cuestión de los inmigrantes palestinos y árabe-islámicos en Europa y al exigir grandes presupuestos para la propaganda destinada a promover la narrativa israelí, Netanyahu busca abrir un frente directo contra los movimientos de solidaridad con Palestina, demonizándolos con retórica racista como producto de la inmigración y como una amenaza a la postura “blanca europea” según el discurso colonial.

En paralelo con el movimiento aislacionista MAGA (“Make America Great Again”), Netanyahu promueve su doctrina aislacionista “espartana”, que podría resumirse como MIGA – “Make Israel Great Again”.

Estos cambios ideológicos en la retórica de Netanyahu confirman que las transformaciones en las posiciones internacionales a favor de los derechos palestinos aíslan cada vez más a Israel. Sin embargo, las conclusiones de Netanyahu solo profundizarán y empeorarán este aislamiento, demostrando que no se trata de una fase pasajera.

Errico Malatesta : Mussolini au pouvoir

Errico Malatesta (1853-1932) : écrivain, propagandiste et révolutionnaire anarchiste italien. Étudiant en médecine à Naples, déjà républicain, il adhéra à l’anarchisme après la Commune de Paris (1871). Il participa à des révoltes dans le monde entier, de l’Égypte à l’Argentine, alternant entre prisons et exils. Ce texte fut publié dans le journal qu’il dirigeait, Umanità Nova, le 25 novembre 1922. 103 ans plus tard, il reste malheureusement d’une actualité brûlante et d’une portée universelle. -Tlaxcala

Originale italiano English

Pour couronner une longue série de crimes, le fascisme a finalement pris le contrôle du gouvernement.

Et Mussolini, le Duce, tant pour se distinguer, a commencé par traiter les députés au parlement comme un maître insolent traiterait des serviteurs stupides et paresseux.

Le parlement, celui qui devait être « le paladin de la liberté », a donné sa mesure.


Caricature du journal satirique L’Asino [L’Âne]
« Me ne frego » : « Je m’en fous » [sous-entendu de la mort], devise des Arditi, les soldats des troupes d’assaut pendant le Première Guerre mondiale, devenue un slogan des fascistes.
« Latin sangue gentile » : « Noble sang latin » : expression tirée du Canzoniere (1340-1374) de Pétrarque, reprise par Giosué Carducci dans un poème de 1859

Cela nous laisse parfaitement indifférents. Entre un fanfaron qui insulte et menace parce qu’il se sent à l’abri, et une bande de lâches qui semble se délecter de leur abjection, nous n’avons pas à choisir. Nous constatons seulement — et non sans honte — quelle espèce de gens est celle qui nous domine et au joug de laquelle nous ne parvenons pas à nous soustraire.

Mais quel est le sens, quel est l’enjeu, quel le résultat probable de ce nouveau mode d’arrivée au pouvoir au nom et au service du roi, violant la constitution que le roi avait juré de respecter et de défendre ?

À part les poses qui voudraient paraître napoléoniennes et ne sont en fait que des poses d’opérette, quand elles ne sont pas des actes de chef brigand, nous croyons qu’au fond rien ne changera, sauf pour un temps une plus grande répression policière contre les subversifs et contre les travailleurs. Une nouvelle édition de Crispi et Pelloux. C’est toujours la vieille histoire du brigand qui devient gendarme !

La bourgeoisie, menacée par la marée prolétarienne qui montait, incapable de résoudre les problèmes rendus urgents par la guerre, impuissante à se défendre par les méthodes traditionnelles de la répression légale, se voyait perdue et aurait salué avec joie quelque militaire qui se serait déclaré dictateur et aurait étouffé dans le sang toute tentative de soulèvement. Mais à ces moments-là, dans l’immédiat après-guerre, la chose était trop dangereuse, et cela pouvait précipiter la révolution plutôt que l’écraser. En tout cas, le général sauveur n’est pas apparu, ou il n’est apparu que sous la forme d’une parodie. À la place surgirent des aventuriers qui, ne trouvant pas dans les partis subversifs un champ suffisant pour leurs ambitions et leurs appétits, pensèrent spéculer sur la peur de la bourgeoisie en lui offrant, contre une rémunération adéquate, le secours de forces irrégulières qui, sûres de leur impunité, pouvaient se livrer à tous les excès contre les travailleurs sans compromettre directement la responsabilité des prétendus bénéficiaires des violences commises. Et la bourgeoisie a accepté, a sollicité, a payé leur concours : le gouvernement officiel, ou du moins une partie des agents du gouvernement, pensa à leur fournir les armes, à les aider quand, dans une attaque, ils étaient sur le point d’être battus, à leur assurer l’impunité et à désarmer préventivement ceux qui devaient être attaqués.

Les travailleurs ne surent opposer la violence à la violence parce qu’ils avaient été éduqués à croire en la légalité, et parce que, même lorsque toute illusion était devenue impossible et que les incendies et les assassinats se multipliaient sous le regard bienveillant des autorités, les hommes en qui ils avaient confiance leur prêchèrent la patience, le calme, la beauté et la sagesse de se laisser battre « héroïquement » sans résister — et par conséquent ils furent vaincus et offensés dans leurs biens, dans leurs personnes, dans leur dignité, dans leurs affects les plus sacrées.

Peut-être, lorsque toutes les institutions ouvrières eurent été détruites, les organisations dispersées, les hommes les plus haïs et considérés comme les plus dangereux tués ou emprisonnés ou de toute façon réduits à l’impuissance, la bourgeoisie et le gouvernement auraient voulu freiner les nouveaux prétoriens qui désormais aspiraient à devenir les maîtres de ceux qu’ils avaient servis. Mais il était trop tard. Les fascistes sont maintenant les plus forts et entendent se faire payer à usure les services rendus. Et la bourgeoisie paiera, cherchant naturellement à se refaire sur le dos du prolétariat.

En conclusion : misère accrue, oppression accrue.

Quant à nous, nous n’avons qu’à continuer notre combat, toujours pleins de foi, pleins d’enthousiasme.

Nous savons que notre chemin est semé d’embûches, mais nous l’avons choisie consciemment et volontairement, et nous n’avons aucune raison de l’abandonner. Qu’il soit donc bien connu Que tous ceux qui ont un sens de la dignité et de la pitié humaine et veulent se consacrer à la lutte pour le bien de tous sachent bien qu’ils doivent se préparer à toutes les désillusions, à toutes les douleurs, à tous les sacrifices.

Puisqu’il ne manque jamais de personnes qui se laissent éblouir par les apparences de la force et ont toujours une sorte d’admiration secrète pour qui triomphe, il y a aussi des subversifs qui disent que « les fascistes nous ont appris comment on fait la révolution ».

Non, les fascistes ne nous ont rien appris du tout.

Ils ont fait la révolution, si l’on veut appeler cela révolution, avec la permission des supérieurs et au service des supérieurs.

Trahir ses amis, renier chaque jour les idées professées la veille si cela convient à son intérêt, se mettre au service des patrons, s’assurer l’assentiment des autorités politiques et judiciaires, faire désarmer par les carabiniers ses adversaires pour ensuite les attaquer à dix contre un, se préparer militairement sans avoir besoin de se cacher, au contraire en recevant du gouvernement armes, moyens de transport et équipements de caserne, puis être appelé par le roi et se placer sous la protection de Dieu... ce sont toutes des choses que nous ne pourrions ni ne voudrions faire. Et ce sont toutes des choses que nous avions prévues qui arriveraient le jour où la bourgeoisie se sentirait sérieusement menacée.

Au contraire, l’avènement du fascisme doit servir de leçon aux socialistes légalistes, qui croyaient, et hélas ! croient encore, qu’on peut renverser la bourgeoisie par les voix de la moitié plus un des électeurs, et ne voulurent pas nous croire quand nous leur disions que si jamais ils atteignaient la majorité au parlement et voulaient — pour ne faire que des hypothèses absurdes — instaurer le socialisme depuis le parlement, ils en seraient chassés à coups de pied au cul !




Errico Malatesta: Mussolini al poder

Errico Malatesta
(1853-1932): escritor, propagandista y revolucionario anarquista italiano. Estudiante en medicina en Nápoles, y ya republicano, adhiere al anarquismo después de la Comuna de París (1871). Participó en revueltas en medio mundo, desde Egipto hasta Argentina, alternando entre cárceles y exilios.  Este texto fue publicado en el periódico que dirigía, Umanità Nova, el 25 de noviembre de 1922. 103 años después, sigue desgraciadamente siendo de candente actualidad y alcance universal.-Tlaxcala

Original italiano  English

En la culminación de una larga serie de crímenes, el fascismo se ha establecido finalmente en el gobierno.

Y Mussolini, el Duce, sólo por distinguirse, ha comenzado por tratar a los miembros del parlamento como un patrón insolente trataría a siervos estúpidos y holgazanes.

El parlamento, que había de ser “el paladín de la libertad”, ha dado su medida.

Esto nos deja perfectamente indiferentes. Entre un matón que amenaza e insulta, porque así se siente seguro, y una banda de cobardes que parece deleitarse en su degradación, no tenemos que escoger. Constatamos solamente — y no sin vergüenza — qué tipo de personas es la que domina y del yugo de quién no podemos escapar.


Viñeta de la revista satírica L’Asino [El Burro]
“Me ne frego”: “No me importa un carajo” [en referencia a la muerte], lema de los Arditi, los soldados de las unidades de asalto durante la Primera Guerra Mundial, adoptado por los fascistas.
«Latin sangue gentile»: «Noble sangre latina»: expresión retomada del Canzoniere (1340-1374) de Petrarca, por Giosué Carducci en un poema de 1859.

¿Pero cuál es el significado, cuál el alcance, cuál el resultado probable de este nuevo modo de arribar al poder en nombre y al servicio del rey, violando la constitución que el rey había jurado respetar y defender?

Aparte de las poses de querer parecer napoleónico y que no son más que poses de opereta, cuando no son actuaciones de jefe bandolero, creemos que en el fondo nada habrá cambiado, excepto, por un tiempo, mayor presión de la policía contra los subversivos y contra los trabajadores. Una nueva edición de Crispi y Pelloux. ¡Siempre es la misma historia del bandido que se convierte en policía!

La burguesía, amenazada por la marea proletaria, incapaz de resolver los problemas urgentes de la guerra, impotente de defenderse con el método tradicional de la represión legal, se veía perdida y habría recibido con alegría a cualquier militar que fuese declarado dictador y que hubiese ahogado en sangre cualquier intento de reconquista.

Pero en aquellos momentos, inmediatamente después de la guerra, era demasiado peligroso y podía precipitar la revolución en lugar de derribarla. En cualquier caso, el general salvador no apareció, o solo apareció una parodia. En cambio, aparecieron aventureros que, al no encontrar en los partidos subversivos un campo suficiente para sus ambiciones y sus apetitos, pensaron en especular con el miedo de la burguesía ofreciéndole, a cambio de una compensación adecuada, la ayuda de fuerzas irregulares que, seguras de su impunidad, podían entregarse a todos los excesos contra los trabajadores sin comprometer directamente la responsabilidad de los presuntos beneficiarios de las violencias cometidas. Y la burguesía aceptó, solicitó y pagó su colaboración: el gobierno oficial, o al menos una parte de los agentes del gobierno, pensó en proporcionarles armas, en ayudarlos cuando en un ataque estaban a punto de salir perdiendo, en garantizarles la impunidad y en desarmar preventivamente a aquellos que debían ser atacados.

Los trabajadores no supieron oponer la violencia a la violencia porque habían sido educados para creer en la legalidad y porque, incluso cuando toda ilusión se había vuelto imposible y los incendios y asesinatos se multiplicaban bajo la mirada benévola de las autoridades, los hombres en los que confiaban les predicaban la paciencia, la calma, la belleza y la sabiduría de dejarse golpear “heroicamente” sin resistirse, y por eso fueron vencidos y ofendidos en sus bienes, en sus personas, en su dignidad, en sus afectos  más sagrados.

Tal vez, cuando todas las instituciones obreras sean destruidas, las organizaciones disueltas, los hombres más odiados y considerados más peligrosos asesinados o encarcelados o reducidos a la impotencia, la burguesía y el gobierno pretenda poner fin a la nueva guardia pretoriana que ahora aspira a convertirse en amos de quienes antes habían servido. Pero ya es demasiado tarde. Los fascistas ahora son los más fuertes y quieren que se les pague por sus servicios.Y la burguesía pagará, por supuesto, buscará pagar apoyada sobre los hombros del proletariado.

En conclusión, miseria aumentada, opresión aumentada.

En cuanto a nosotros, sólo tenemos que continuar nuestra batalla, siempre llenos de entusiasmo. Sabemos que nuestro camino está sembrado de tribulaciones, pero lo escogimos consciente y voluntariamente, y no tenemos ninguna razón para abandonarlo.

Así que todos quienes tienen un sentido de dignidad y compasión humana y quieren dedicarse a la lucha por el bien de todos sepan que deben estar preparados para todas las desilusiones, todo el dolor, todos los sacrificios.

Ya que nunca faltan los que se dejan deslumbrar por las apariencias de la fuerza y siempre tienen algún tipo de admiración secreta por el vencedor, también hay subversivos que dicen que “los fascistas nos han enseñado cómo hacer una revolución.”

No, los fascistas no nos enseñaron nada.

Hicieron la revolución, si revolución le quieren llamar, con permiso de sus superiores y al servicio de sus superiores.

Traicionar a los amigos, renegar todos los días de las ideas profesadas ayer, si así conviene a la propia ventaja ponerse al servicio del patrón, asegurar el consentimiento de las autoridades políticas y judiciales, desarmar con la policía a los oponentes para luego atacarlos en diez contra uno, prepararse militarmente sin necesidad de ocultarse, incluso recibiendo armas del gobierno, además de vehículos y equipos de cuartel, y luego ser llamado por el rey y ponerse bajo la protección de dios… son todas cosas que no podríamos y no querríamos hacer.

Y son todas cosas que habíamos dicho que ocurrirían el día en que la burguesía se sintiera seriamente amenazada.

En vez, el ascenso del fascismo debe ser una lección para los socialistas legalistas, quienes creían, y ¡ay! aún creen que podemos derrocar a la burguesía por los votos de la mitad más uno de los votantes, y no quisieron creernos cuando les dijimos que si alguna vez alcanzaran una mayoría en el parlamento y quisieran — sólo por hacer suposiciones absurdas — implementar el socialismo mediante el parlamento, ¡les patearían el culo!




15/09/2025

SYLVAIN GEORGE
Las flotillas por Gaza o lo inacabado como forma política

Sylvain George, lundimatin, 2-9-2025
Traducido por Tlaxcala

Hace unos meses, el Madleen fue interceptado por el ejército israelí a pocos kilómetros de las costas de Gaza. Este 31 de agosto, es una flotilla de varias decenas de barcos la que se lanza al Mediterráneo con la esperanza de romper el bloqueo que asfixia, hambrea y genocida a Gaza. Los espíritus más realistas, que son también los más cínicos, lo ven como un intento vano o insensato, dado el poder contra el cual los veleros no pueden más que estrellarse. En este excelente texto, el autor y cineasta Sylvain George demuestra y defiende exactamente lo contrario. Lo que está en juego en esta flotilla es un desplazamiento de nuestros referentes políticos: lo inacabado como camino, la vulnerabilidad y la obstinación como potencia, la fragmentación como forma.-lundimatin

 




Introducción: del acontecimiento singular a la cadena inacabada

El pasado mes de junio, la partida del Madleen fue pensada como la invención de una forma política singular: la de lo inacabado. [1]


Se trata entonces de una flota plural, heterogénea, compuesta de militantes, médicos, artistas y “personas comunes”, que se lanza al mar para afrontar el horizonte del asedio.

A través de este gesto, frágil e interrumpido, se abría la posibilidad de una política que no es la del cumplimiento soberano, del acto definitivo o de la victoria fulgurante, sino la del fragmento, el recomienzo, la exposición. El barco, impedido de llegar a Gaza, portaba sin embargo una carga simbólica y material irreductible: inscribía en lo real un gesto de desobediencia marítima, una brecha en el orden establecido, una imagen que no se cierra.

Conviene recordar, sin embargo, que el Madleen no fue una primera vez y venía después de una serie de intentos, desde finales de los años 2000, de romper el bloqueo. Pero su mérito fue haber sabido reactivar la atención pública, arrojar una luz cruda sobre Gaza y mostrar que aún es posible producir una imagen disidente en un mundo saturado de consentimiento y complicidad. Pues si el barco fue impedido, llevó sin embargo al espacio internacional la prueba de que un gesto menor, vulnerable, podía todavía fisurar el cerco simbólico del asedio.

He aquí que poco después del Madleen, y del Handala en julio de 2025, una nueva flotilla zarpó el domingo 31 de agosto de 2025, con varios barcos esta vez, la “Global Sumud Flotilla”, que pretende marcar una inflexión decisiva e intentar una vez más romper el bloqueo. Esta vez, Israel no tendrá que interceptar una nave aislada, sino enfrentarse a una flota entera. La coalición de asociaciones (Freedom Flotilla, Global March to Gaza, Caravana Sumud), reforzada por la presencia de figuras internacionales y miles de voluntarios de 160 nacionalidades, afirma querer lanzar «la misión marítima humanitaria más grande de la historia» [2].

La cuestión que se impone es la siguiente: ¿cómo pensar filosóficamente esta nueva partida? ¿Se trata de una simple repetición de lo mismo, de una continuación lineal, o bien de un desplazamiento que transforma el significado del acto? Si el primer barco podía aparecer como un acontecimiento puntual, a la vez heroico y vulnerable, el hecho de que otros le sigan compromete otro régimen de temporalidad y de pensamiento: el de una política de la persistencia —no una persistencia fundada en una esencia inmutable, sino una reanudación discontinua, fragmentaria, donde cada fracaso llama a una reanudación, donde la repetición engendra la diferencia y no la identidad—, el del recomienzo, de la cadena inacabada.

Podría uno verse tentado de reducir estas flotillas a fracasos tácticos: cada nave es interceptada, confiscada, impedida. Pero precisamente en ese impedimento mismo reside su fuerza. Pues lo inacabado no es aquí un defecto contingente, sino que deviene condición de posibilidad de la repetición. Lo que no se cumple una vez puede rejugarse de otro modo, bajo otra forma, en otra constelación. Lo que fracasa en cerrarse renace como fragmento, expuesto a la aprehensión, pero también a la reinscripción.

Así, el gesto de las flotillas no pertenece al paradigma del acontecimiento único, aquel que, en su fulguración, trastornaría el orden establecido. Se trata más bien de una serie discontinua de actos frágiles, cada uno condenado a lo inacabado, pero que componen juntos una escritura política de largo alcance. Cada barco es una hoja arrancada de un libro inacabado, una imagen fragmentaria que persiste. Ahí se perfila un problema: ¿cómo pensar una acción política cuya potencia no reside en el cumplimiento, sino en la reiteración? ¿Cómo concebir una política que asume no ser un “gran acontecimiento” sino una sucesión de gestos menores, intermitentes, pero insistentes?

La cuestión adquiere toda su gravedad si recordamos hacia dónde navegan estos barcos: un territorio transformado en un campo a cielo abierto, donde el hambreamiento [3] se ha convertido en método de gobierno, donde se despliega ante nuestros ojos una limpieza étnica metódica, cubierta por la complicidad occidental y árabe, y por el consentimiento establecido de la mayoría de las naciones. Desde entonces, se plantea la cuestión abismal: ¿qué significa la partida de unos pocos barcos —o incluso de decenas de navíos— frente a un genocidio?

En este sentido, la «Global Sumud Flotilla» no es simplemente la continuación de la anterior. Marca una inflexión: el paso del gesto aislado al devenir-flotilla, es decir, a una política que encuentra su fuerza en la repetición, en el hecho de reabrir sin cesar la herida del bloqueo, en el rechazo obstinado del cierre. Allí donde Israel busca normalizar la excepción, naturalizar el bloqueo como horizonte insuperable, la flotilla viene a reabrir el tiempo, a reavivar lo intolerable, a inscribir una temporalidad insurgente.

Es este pasaje lo que debe analizarse: del Madleen, que supo reavivar la luz sobre Gaza actualizando la fuerza de lo inacabado, a la nueva flotilla como política de la persistencia, como heterotopía frágil frente al campo, como escritura fragmentaria que no cesa de reinscribirse a pesar del impedimento.

 

I. Lo inacabado como forma política

El Madleen, impedido de llegar a Gaza, no «triunfó»: no abrió un corredor marítimo, no rompió materialmente el bloqueo, no alivió concretamente a la población sitiada. Pero reducir su alcance a ese fracaso táctico sería no comprender el corazón de su operación política. Pues el Madleen no fue ante todo un acto logístico o militar. Fue un gesto. Y este gesto debe ser pensado filosóficamente como la puesta en obra de una forma singular: la de lo inacabado.

En la lógica soberana de los Estados, el acto político se define por su culminación. Vale si se concluye, si produce un resultado decisivo, si instituye un fin. La soberanía, como recuerda Schmitt, consiste en el poder de decidir, es decir, de cerrar. En esta economía política de lo acabado, lo inacabado no es más que una carencia, una falla, un residuo. Pero la flotilla desplaza radicalmente esta lógica: propone una política cuyo valor no reside en el cierre sino en la apertura, no en la culminación sino en la reanudación. Transforma lo inacabado de defecto en recurso, en potencia paradójica.

Porque lo que el Madleen inscribió en lo real no fue una victoria consumada, sino una brecha, una desobediencia marítima que, precisamente porque fue interrumpida, permanece disponible, reinscriptible, susceptible de volver. Es en este sentido que Benjamin, en sus Tesis sobre el concepto de historia [4], nos enseña que la historia de los oprimidos no se lee como una continuidad victoriosa sino como una sucesión de fragmentos, de constelaciones inacabadas, de reanudaciones. Lo inacabado no es ahí lo que condena, sino lo que promete: mantiene abierto el espacio de lo posible. Lo que no se cierra, lo que no se concluye, puede ser retomado en otra constelación, en otro montaje.

Así, cada interceptación, cada impedimento no constituye un fin, sino que se convierte en condición de repetición. Lo inacabado no es el fracaso de la acción, es su modo de persistencia. El Madleen, capturado, dispersado, confiscado, dejó tras de sí una imagen que llama a otras imágenes, una acción que exige otras acciones. Es precisamente porque fue interrumpido que pudo ser rejugado por el Handala, y luego por la nueva flotilla. Lejos de apagar el gesto, el impedimento lo obliga a relanzarse.

Lo inacabado, así comprendido, es más que una circunstancia. Es una categoría política. Define una manera de actuar que se arranca del paradigma de la soberanía, que rechaza la culminación como único criterio de valor, y que inventa una política fragmentaria, frágil, pero persistente. Esta política no busca imponer un fin último sino mantener abierta la falla, reabrir el tiempo, producir una persistencia en y por la interrupción.


II. La lógica de la repetición: del hecho puntual al devenir-flotilla

Si el Madleen pudo aparecer como un acontecimiento aislado, una fulguración frágil pronto absorbida por el inmenso aparato del bloqueo, la reaparición del Handala, y luego la partida de una nueva flotilla, marcan un giro decisivo. Lo que se despliega ahora no es ya el acto puntual, sino una lógica de la repetición. La flotilla deviene un devenir-flotilla, una temporalidad política que no se deja agotar en la singularidad de un solo gesto.

Ahora bien, repetir nunca es simplemente reproducir. Como subraya Deleuze en Diferencia y repetición, la verdadera repetición no es identidad, sino diferenciación. No reconduce lo mismo, introduce una alteración, una intensidad nueva, un desplazamiento del sentido. Repetir es “llevar la primera vez a la “enésima” potencia” [5], escribe Deleuze. Cada barco, lejos de ser una copia del anterior, es una variación que despliega una nueva figura del gesto inicial. El Madleen llamaba al Handala; el Handala llama a otros navíos; y cada uno, por su diferencia, compone con los otros una cadena discontinua, pero insistente.

Hay que insistir aquí en el alcance político de esta lógica. La soberanía estatal, ya se dijo, busca cerrar: se define por la decisión, por el fin impuesto, por la culminación. En cambio, la flotilla abre. Su gesto, condenado a lo inacabado, no se extingue. Permanece relanzable y llama a otros gestos. Allí donde el acto soberano se consuma en su propia efectividad, el acto frágil, inacabado, se despliega en una temporalidad insurgente, hecha de reanudaciones, de retornos, de recomienzos.

Por eso la repetición de las flotillas no debe ser comprendida como redundancia sino como obstinación creadora. Cada vez, el bloqueo parece imponerse definitivamente, como una fatalidad insuperable. Y, sin embargo, cada vez, los barcos vuelven a zarpar, reabriendo la herida, reinscribiendo en el presente lo intolerable. Su repetición dice: el tiempo del bloqueo no está cerrado, puede ser horadado, fisurado, interrumpido…

Repetir, aquí, no es recaer en la impotencia, sino transformar el fracaso en condición de posibilidad, hacer de la interrupción el motor de una persistencia. El devenir-flotilla es esta temporalidad paradójica donde el gesto se sabe impedido, pero persiste en rejugarse, no a pesar del fracaso, sino a causa de él.

III. La fragmentación como escritura política

Si la flotilla debe pensarse como un devenir, es porque no se totaliza en un cumplimiento único, sino que se despliega bajo la forma de fragmentos. Cada partida es una parcela de escritura política, un fragmento arrancado al mar y a la historia, que solo cobra sentido en la relación con los otros fragmentos que le precedieron y con aquellos que le seguirán. No se puede leer una flotilla como un relato cerrado, sino como una página dispersa de un libro inacabado, cuya unidad nunca está dada sino siempre por reconstituir en el después, en el montaje de las huellas.

Este carácter fragmentario no significa debilidad o contingencia, sino que constituye, al contrario, una forma de resistencia. Pues el poder soberano busca el cierre, la decisión, la totalidad. El Estado quiere imponer el sentido por la culminación: una ley promulgada, una frontera sellada, una guerra ganada. La flotilla, en cambio, rechaza esta lógica. Se inscribe en una política que no culmina, que no unifica, que no busca la conclusión de la totalidad sino la apertura del fragmento. Inventa un modo de actuar donde el valor reside en la intermitencia, en la reinscripción, en la reanudación.

Foucault recordaba que el barco es “la heterotopía por excelencia”: lugar móvil, espacio otro que lleva consigo su propio afuera, contraespacio frágil pero real. Gaza, por su parte, condensa la experiencia extrema del espacio cerrado: suspensión de la ley, normalización de la excepción, administración de la supervivencia por la privación y el hambre. Entre el cierre y la travesía, entre el campo y la heterotopía, se abre un contraste decisivo. El campo encierra, fija, inmoviliza; la flotilla abre, desplaza, descentra. El campo busca hacer absoluto el cierre; la flotilla recuerda que siempre existen espacios otros, incluso fugitivos, incluso precarios.

Este contraste ilumina el alcance de la fragmentación. Pues cada navío es un fragmento de heterotopía opuesto al fragmento disciplinario del campo. Cada flotilla despliega un contrafragmento que fisura el orden espacial y simbólico del bloqueo. Y como estos fragmentos no se suman para formar una totalidad estable, sino que se repiten y se desplazan, su potencia reside en su capacidad de persistir en la interrupción.

Blanchot y Nancy han propuesto que la comunidad moderna ya no se funda sobre una totalidad cerrada, sino sobre la exposición de fragmentos, sobre la yuxtaposición de singularidades inacabadas que se mantienen juntas por su no-coincidencia. La flotilla actualiza esta lógica: cada navío es una singularidad expuesta, cada partida un fragmento vulnerable, pero es en su puesta en relación, en su constelación discontinua, donde se construye una forma política.

Así, la flotilla no es solamente un acontecimiento puntual condenado al fracaso. Es una escritura fragmentaria que deshace la lógica del cierre, que opone a la totalidad impuesta del campo una constelación de heterotopías vulnerables pero insistentes. Una política que no busca constituir un todo, sino hacer vivir fragmentos, mantener abierta la posibilidad de un afuera.



IV. Temporalidad insurgente: romper la normalización del bloqueo

El bloqueo de Gaza no se reduce a un cierre espacial. Constituye, sobre todo, una técnica de temporalización, una manera de producir el tiempo como instrumento de dominación. Desde 2007, Israel ha buscado hacer del bloqueo no una medida excepcional y provisoria, sino un horizonte insuperable, una normalidad instalada. Gaza queda así reducida a una temporalidad suspendida, un presente sin futuro, ritmado por las cuotas de comida, las penurias de agua, los cortes de electricidad, los bombardeos recurrentes.

Esta suspensión del tiempo no es un accidente: es el corazón de la estrategia. Pues uno de los rasgos más aterradores del bloqueo es el uso sistemático del hambre como arma, no de guerra en el sentido clásico —ya que la asimetría impide hablar estrictamente de guerra—, sino de aniquilamiento. El hambreamiento no es una consecuencia indirecta, sino una política deliberada. Se trata de privar a la población de alimentos, agua, medicinas, de someterla a una supervivencia mínima administrada cotidianamente. Es lo que debemos nombrar una limpieza étnica lenta, una política de borramiento metódico que combina el aniquilamiento espacial (el asedio, la destrucción de infraestructuras) y el aniquilamiento temporal (la imposición de un tiempo muerto, el de la espera, el racionamiento, la agonía prolongada).

En esta configuración, como se esbozó antes, Gaza aparece como la figura paradigmática del campo, en el sentido que Agamben le dio: el espacio donde la ley se suspende para ejercerse mejor, donde la excepción se convierte en regla, donde las vidas quedan reducidas al estado de “vida desnuda” que se administra, se expone, se destruye. [6] El campo es el espacio donde se confisca el tiempo, donde se anula el porvenir, donde la historia queda congelada en la repetición del desastre.

Frente a esta lógica de cierre e inmovilización, la flotilla introduce un contratiempo. Cada partida, incluso impedida, incluso interceptada, produce una intermitencia, una ruptura en el tiempo homogeneizado del asedio. Inscribe en el presente una disonancia, el recordatorio de que el bloqueo no es un horizonte natural, sino una construcción política, y que, por lo tanto, puede ser cuestionado. En este sentido, cada flotilla encarna lo que Benjamin llamaba un Jetztzeit, un “tiempo del ahora” que arranca la historia de la continuidad impuesta, de la continuidad del desastre, para abrir una nueva constelación, que devuelve densidad al presente allí donde todo parecía congelado.

El navío, ya se ha visto, es esa “heterotopía por excelencia”, un espacio otro, móvil, errante, que lleva en sí su propio afuera. La flotilla, en este sentido, es una heterotopía insurgente que se opone a la espacialidad cerrada del campo. No triunfa materialmente sobre el bloqueo, pero despliega otro espacio-tiempo. Un espacio de travesía, un tiempo de recomienzo. Allí donde el bloqueo quiere imponer la repetición de la supervivencia, la flotilla impone la repetición de la insurrección.

Por eso la lucha de las flotillas no es solo logística o simbólica: es también kairopolítica. Oponen al tiempo muerto del asedio la irrupción de un tiempo por venir, de un presente que persiste, de un surgimiento que abre. Incluso interceptada, incluso impedida, la flotilla ya ha fisurado el tiempo del bloqueo. Ha recordado que la historia no está cerrada, que puede ser reinscrita, que otras configuraciones siguen siendo pensables.

Así, frente al campo que encierra en una temporalidad congelada, la flotilla despliega no una nueva continuidad, sino la experiencia de una discontinuidad temporal, de una temporalidad insurgente, frágil, intermitente, pero capaz de romper la evidencia del desastre, de recordar que todavía es posible actuar y resistir.



V. Política de la persistencia: vulnerabilidad y obstinación

Todo parece condenar a las flotillas a la insignificancia. Han sido y serán interceptadas por un ejército sobrepoderoso, apresadas por fuerzas navales que disponen de una superioridad tecnológica y militar aplastante. Transportan solo pequeñas cargas, irrisorias frente a las inmensas necesidades de una población hambrienta. No pueden romper materialmente el asedio, ni invertir la máquina de destrucción que se abate sobre Gaza. ¿Cómo, entonces, pensar el valor de estos gestos frágiles frente a un genocidio que se ejerce ante los ojos del mundo?

Es precisamente en esta desproporción donde reside su alcance. Judith Butler ha mostrado que la vulnerabilidad no debe entenderse únicamente como exposición a la herida, sino como condición de la acción colectiva, como recurso ético y político. [7]

Las flotillas encarnan esta vulnerabilidad: se exponen deliberadamente, saben de su impotencia relativa, asumen el fracaso probable. Pero es en esa exposición misma donde se aloja su fuerza. Pues la cuestión no es rivalizar con el Estado, sino testimoniar, mediante el gesto, la imposibilidad de aceptar el consentimiento general.

La desproporción deviene así un revelador. ¿Qué significan unos pocos barcos frente a un genocidio? La pregunta no anula el sentido del acto, sino que lo funda. Pone en evidencia la complicidad de las naciones occidentales, que arman y apoyan a Israel; la pasividad, e incluso la cooperación tácita, de numerosos regímenes árabes; el silencio o la indiferencia de una opinión internacional que terminó por naturalizar el asedio y por considerar el hambreamiento como un hecho consumado. La flotilla opone entonces un frente de rechazo. Dice: no. No al silencio, no al consentimiento establecido, no a la reducción del crimen a una fatalidad.

Esta obstinación frágil no es ingenuidad. Sabe que no puede vencer militarmente. Pero inventa una política menor en sentido deleuziano: una política de los márgenes, de la reanudación, de la intermitencia. Se opone a la soberanía que cierra, no por una contrasoberanía simétrica, sino por una sucesión de gestos vulnerables, abiertos, reinscriptibles. No produce una victoria, sino una persistencia.

Hay que pensar entonces esta persistencia como una forma de resistencia en el doble nivel espacial y temporal. Frente al campo, espacio de la excepción normalizada, la flotilla encarna una heterotopía precaria pero insubordinada. Frente al tiempo muerto del asedio, despliega un tiempo insurgente, el del recomienzo. Lo que opone al genocidio no es la potencia, sino la obstinación vulnerable de un gesto que se niega a desaparecer, que persiste a pesar del fracaso, que viene una y otra vez a pesar de la derrota.

Así, la flotilla no se define por lo que cumple, sino por lo que impide. Impide que la derrota sea total, que el silencio sea completo, que el consentimiento sea unánime. Inscribe una falla en el consenso asesino y recuerda que incluso frente al abismo, todavía es posible actuar, débilmente, minoritariamente, pero obstinadamente.

 

Conclusión: Una constelación de actos inacabados

Las flotillas por Gaza no deben entenderse como una sucesión de intentos fallidos. Componen una constelación de actos inacabados, fragmentos dispersos pero enlazados, que nunca se reabsorben en un cumplimiento final y que encuentran su fuerza en la persistencia misma de su inacabamiento.

El Madleen, impedido, no triunfó, pero reabrió un espacio de visibilidad y arrojó una luz cruda sobre Gaza. El Handala prolongó este gesto. La nueva flotilla, con varios navíos, afirma una obstinación que excede el acontecimiento puntual. Inventa un devenir-flotilla, una temporalidad de repetición creadora donde cada impedimento deviene condición de una reanudación.

Así se despliega una lógica paradójica: el fracaso no cierra, abre. Lo inacabado no condena, promete. La fragmentación no disuelve, compone. La vulnerabilidad no reduce, intensifica. Es lo que Benjamin nombraba la potencia de los fragmentos, lo que Deleuze pensaba como la repetición diferenciadora, lo que Butler reconoce en la vulnerabilidad expuesta, lo que Foucault y Agamben iluminan por la oposición entre la heterotopía y el campo.

Pues ahí se juega la dialéctica esencial: de un lado, Gaza como campo de aniquilación a cielo abierto, figura paradigmática de la excepción convertida en norma, laboratorio de una política del hambreamiento y del borramiento metódico, sostenida por la complicidad occidental y árabe; del otro, la flotilla como heterotopía insurgente, espacio otro, móvil, frágil, pero capaz de arrancar un afuera, de fisurar el cierre, de producir una temporalidad insurgente que recuerda lo intolerable.

Hay que replantear aquí aún la cuestión en toda su aspereza: ¿qué significan unos pocos barcos frente a un genocidio? La desproporción es abismal. Pero es precisamente en esa desproporción donde reside la potencia de estos gestos. No pretenden vencer, se niegan a consentir. No pretenden cerrar el bloqueo, se niegan a naturalizarlo. No pretenden abolir el genocidio, rechazan el silencio que lo rodea.

Cada partida inscribe una disidencia, aunque efímera, en un mundo saturado de complicidad. Cada barco testimonia que todavía es posible actuar, aunque débilmente, aunque minoritariamente. Cada fragmento recuerda que la historia no está cerrada, que puede ser reinscrita, que aún existen gestos capaces de romper los estados de normalidad impuestos.

Así, las flotillas componen una memoria insumisa. No una memoria de la victoria, sino una memoria de la persistencia. No el cumplimiento, sino lo inacabado como forma política. No la totalidad, sino la constelación fragmentaria de actos vulnerables y obstinados que, en el corazón del desastre, recuerdan la urgencia de actuar y el rechazo del consentimiento.

«Si está escrito que debo morir / Que mi muerte traiga esperanza / Que mi muerte se vuelva historia» [8], escribía Refaat Alareer, poeta de 43 años asesinado por un bombardeo israelí el 6 de diciembre de 2023. Estas palabras, que dicen que la esperanza nace de la interrupción misma, que el fragmento inacabado deviene promesa, que la muerte violenta se transmuta en un llamado a la persistencia, se encuentran, a un siglo y medio de distancia, con la fórmula de Blanqui: “solo el capítulo de las bifurcaciones está abierto a la esperanza” [9]. Pues es precisamente en la bifurcación tras el fracaso, en el recomienzo tras el impedimento, en el rechazo del cierre, donde se mantiene la posibilidad de otro porvenir.

Quizá ahí radique la lección silenciosa, o la señal secreta, que envían las flotillas: como el agua que no cesa de volver contra el dique, abren cada vez una brecha, recordando que ningún bloqueo, por hermético que sea, puede abolir para siempre el movimiento del mar y la esperanza obstinada de quienes lo atraviesan.

Gaza, no desaparecerás.

Notas

[1] Sylvain George, « Le Madleen ou l’inachevé comme forme (politique», AOC, 10 de junio de 2025.

[2] Declaración de la coalición Global Sumud Flotilla, 31 de agosto de 2025.

[3] El término hambreamiento (affamement) se usa aquí para subrayar que no se trata de una simple penuria alimentaria resultante de circunstancias económicas o bélicas, sino de una política deliberada de privación de recursos esenciales, destinada a someter y destruir a la población.

[4] Walter Benjamin, Tesis sobre el concepto de historia, 1940.

[5] Gilles Deleuze, Diferencia y repetición, 1968.

[6] Giorgio Agamben, Homo sacer. El poder soberano y la nuda vida, 1995.

[7] Judith Butler, Marcos de guerra. Las vidas lloradas, 2009.

[8] Refaat Alareer (1979-2023), poeta palestino asesinado en Gaza el 6 de diciembre de 2023 por un bombardeo israelí. Poema citado en numerosos homenajes internacionales.

[9] Louis-Auguste Blanqui, Instructions pour une prise d’armes, L’Éternité par les astres et autres textes, recueil établi par Miguel Abensour et Valentin Pelosse, Paris, Édition de la Tête des Feuilles, 1972.

Sobre las afinidades electivas entre W. Benjamin y Blanqui, véase el magnífico texto de Miguel Abensour., « W. Benjamin entre mélancolie et révolution. Passages Blanqui », en Heinz Wismann (éd.), Walter Benjamin et Paris, Paris, éd. du Cerf, 1986.