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21/11/2024

“Consideramos grave retroceso de la Sala Séptima de Revisión”: Ambientalistas DiverGentes cuestionamos fallo de Corte Constitucional que revoca el amparo a Consulta Previa para Estación Guardacostas en Gorgona



Comunicado a la Opinión Pública

Bogotá, 18 de noviembre de 2024


La Sentencia T-470 de 2024 que revoca la providencia de la Sala Laboral del Tribunal de Bogotá en la que se ampara el derecho fundamental a la Consulta Previa al Consejo de Comunidades Negras Guapi Abajo y ordena suspender la licencia ambiental para la construcción de la Estación Guardacostas con sus 3 obras militares (radar, muelle y hangares) otorgada por la Autoridad de Licencias Ambientales al Ministerio de Defensa (Armada Nacional), constituye un preocupante retroceso a las garantías constitucionales al tratamiento preferencial a los afrodescendientes, establecido en el artículo 13 de la Carta Fundamental.
El fallo proferido por la Sala Séptima de Revisión, publicitado el pasado viernes por la gran prensa como “Corte Constitucional da Vía libre a la Estación Guardacostas en Gorgona”, conlleva una tergiversación de la Consulta Previa instituida en favor de Comunidades Negras, establecida por el Convenio OIT 169 y asimilado otrora a Bloque de Constitucionalidad, considerador por Naciones Unidas: “Pieza clave en la acción de la OIT a favor de la justicia social, objetivo reafirmado en el 2008 con la adopción de la Declaración sobre la justicia social para una globalización equitativa”.
La Sentencia T-470 que revoca el amparo a la Consulta Previa, desconfigura el instrumento consagrado en el Convenio OIT 169, al imponer al Consejo Comunitario Guapi Abajo la carga de la prueba de eventuales afectaciones directas por parte de la licencia ambiental para la construcción de las obras militares de la Estación Guardacostas, como requisito para poder realizar la consulta previa, desconociendo los principios ambientales de precaución y prevención, así como la “Dubio in pro Natura” que otorga en favor de la Pachamama el beneficio de la duda ante impactos del desarrollo de cualquier proyecto de infraestructura.
No obstante, se precisa que por parte del apoderado del Consejo Guapi Abajo, fueron arrimadas pruebas documentales provenientes de la prestigiosa Academia de Ciencias Exactas Físicas y Naturales (órgano consultivo del gobierno nacional), del Comité Científico de Gorgona (Facultades de Biología Marina de las Universidades de los Andes, del Valle, Distrital, y las Fundaciones Yubarta, Calidris y el Centro de Investigaciones en Medio Ambiente y Desarrollo, entre otros) y del Instituto Colombiano de Antropología e Historia, las cuales fueron omitidas por la Sentencia 470 para enrostrar falta de evidencia, no obstante los probados impactos ambientales de la proyectada Estación Guardacostas.
La Fundación Biodiversidad como apoderada del Consejo Comunitario Guapi Abajo, incoará incidente de nulidad ante la Sala Plena de la Corte Constitucional, evitando así que quede ejecutoriada la Sentencia T-470, prevaleciendo la orden de suspensión de la licencia ante la Autoridad de Licencias y la Armada Nacional. También se solicitará que se declare nula la desvinculación del Ministerio de Ambiente y de Parques Nacionales, por ser sujetos activos en la defensa de la licencia para la Estación Guardacostas, quienes a través de sus altos funcionarios señalan de mitómanos a los ambientalistas que defendemos este Santuario de Fauna y Flora. 

Armando Palau A. (Fundación Biodiversidad), Jimmy Viera R. (Poder Negro), Rubén Chávez L. (Fundación Pangea), Darío Gonzales P. (Investigador Indepaz), David Gómez F. (Fundación Nueva Luz), David Perafán (Corporación Ekoinc), Jorge Castellanos (Movimiento Cívico Conciencia Ciudadana), Ricardo Sánchez A. (La Rosa Roja), Fernanda López (Fraternales y Revolucionarias), Agustín H. Valencia M. (Casa Ideó), Lilian Flórez Gonzáles (Fundación Yubarta).
Contacto: WhatsApp ++57 301 2405912

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FRANCISCO CARRION
Le Maroc utilise le changement de position de la France comme monnaie d’échange pour exiger de nouvelles concessions de la part de l’Espagne


Un homme politique marocain souligne publiquement que la démarche de Macron impose à l’Espagne d’adopter “une position plus claire et essentiellement opérationnelle”.

Francisco Carrión, El Independiente, 15/11/2024
Traduit par Tafsut Aït Baamrane, Tlaxcala

Mohamed VI avec le président français Emmanuel Macron à Rabat. Photo EFE

Il était prévisible, mais le mouvement a commencé à se manifester de toute évidence. Pour s’imposer, sans demi-mesure ni euphémisme. À peine deux semaines après la visite d’Emmanuel Macron à Rabat, méritant tous les honneurs et agrémentée d’accords d’une valeur de 10 milliards d’euros, le régime marocain offre en public les premiers témoignages exigeant de nouvelles concessions de la part de l’Espagne et l’avertissant qu’elle est à la traîne.

La thèse défendue dans les officines de Rabat est que le virage copernicien opéré par Pedro Sánchez en mars 2022 a vite et mal vieilli. Il est dépassé par les événements et manifestement insuffisant au regard de la nouvelle position du président français, ardent défenseur depuis juillet non seulement des « trois pages » du plan marocain d’autonomie pour le Sahara, mais aussi de la souveraineté marocaine sur l’ancienne colonie espagnole, dont l’Espagne reste la puissance administrante de jure.

« Il ne fait aucun doute que le soutien exprimé par Sánchez dans sa lettre à Mohamed VI le 14 mars 2022 était à l’époque un pas courageux et considérable, mais dans le contexte actuel, il ne suffit pas que  l’Espagne considère la proposition marocaine d’autonomie présentée en 2007 comme la base la plus sérieuse, la plus crédible et la plus réaliste pour la résolution de la question du Sahara », déclare Mohamed Benabdelkader, ancien ministre de la Justice (2019-2021, dans le gouvernement El Otmani II) et dirigeant de l’Union socialiste des forces populaires, une organisation sœur du PSOE et incluse dans l’Internationale socialiste* avec le soutien exprès de la rue Ferraz [siège du PSOE, NdT], dans une interview accordée au média officiel marocain Rue20.com

Cette affirmation n’est pas isolée au sein de l’establishment alaouite, même si, jusqu’à présent, on avait évité de la formuler aussi clairement en public. Pour Benabdelkader, « la nouvelle perspective qui s’ouvre au niveau régional et mondial nécessitera certainement l’adoption d’une position plus claire et essentiellement opérationnelle ». Un avertissement direct à Sánchez, lancé par un parti d’opposition mais qui pratique une loyauté absolue envers le makhzen, qui pourrait être un avant-goût de nouvelles exigences et concessions.


Sanctions commerciales

La principale serait de suivre les traces de l’Elysée et de proclamer la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. C’est l’intention du Maroc, qui a célébré un prétendu erratum publié dans le BOE [Journal officiel de l’État espagnol, NdT] l’année dernière comme un signe qu'on était sur la bonne voie. En février, El Independiente a rapporté que le gouvernement espagnol avait reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara dans le cadre d’un appel d’offres pour la rénovation de l’école espagnole d’El Ayoun, accompagné d’une série de documents l’identifiant comme un territoire marocain. L’information a provoqué des versions contradictoires entre les ministères de l’Education et de la Culture, respectivement aux mains du PSOE et de Sumar. Finalement, le département d’Ernest Urtasun [ministre de la Culture, NdT] a refusé de rectifier le document, affirmant qu’elle s’était produite des mois auparavant, lorsque le socialiste Miquel Iceta dirigeait le ministère.

L’un des leviers que le Maroc utilisera pour imposer de nouvelles concessions est l’atout commercial, en élargissant et en attisant le différend entre les entreprises espagnoles et françaises. Lors de la tournée de Macron, le Maroc a récompensé la nouvelle direction prise par la France avec des contrats de milliards après deux années de crise déclenchée par l’espionnage du président français et d’une bonne partie de son cabinet par les services marocains utilisant le logiciel israélien Pegasus. Le gros lot est revenu à la société française Alstom avec la fourniture de 18 trains pour la future ligne ferroviaire à grande vitesse Kénitra-Marrakech, qui, pour 1,8 milliard d’euros, était en concurrence avec les sociétés espagnoles CAF et Talgo, la société coréenne Hyundai Rotem et la société chinoise China Railway Rolling Stock Corp.

« Quelle que soit la lecture en Espagne du nouveau rapprochement de la France avec le Maroc, il est clair que les médias de notre pays voisin ibérique, en soulignant l’ampleur des projets signés entre la France et le Maroc lors de cette visite, et en insistant sur l’engagement de Paris à accompagner Rabat dans la défense de son initiative d’autonomie, auront compris deux choses importantes », argumente l’homme politique marocain. La première est que le « partenariat d’exception renforcé » entre la France et le Maroc est un signal d’alarme pour l’Espagne qui a besoin d’une stratégie plus compétitive et coordonnée sur le marché marocain. La seconde est que le président français, en plaçant la barre plus haut, a montré l’exemple que la nouvelle dynamique de la question du Sahara marocain nécessite non seulement des mots, mais des gestes, et appelle à des actions concrètes en plus des belles déclarations ». Cette semaine, l’ambassadeur de France à Rabat s’est rendu pour la première fois dans les territoires occupés du Sahara, accompagné d’une délégation d’hommes d’affaires et d’une promesse d’ouverture de consulat, le prix habituel exigé par la diplomatie alaouite.

La carte du Maroc, avant et après
«Pour la France le présent et l’avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine»
Le ministère français des Affaires étrangères a modifié la carte du Maroc sur son site internet pour inclure le territoire du Sahara occidental dans la cartographie du pays maghrébin, profitant du voyage de Macron à Rabat.

Débloquer la cession de l’espace aérien
La stratégie du Maroc consiste également à avancer sur certains dossiers qui n’ont pas été satisfaits depuis la lettre de Sánchez à Mohammed VI en mars 2022. Parmi eux, la cession de l’espace aérien du Sahara occidental, actuellement contrôlé depuis les îles Canaries. Dans le jargon aéronautique, FIR est une région d’information de vol où est assuré un service d’information de vol et d’alerte (ALRS). L’OACI [Organisation de l’aviation civile internationale] délègue le contrôle opérationnel d’une FIR donnée à un pays, en l’occurrence, celle qui couvre les îles Canaries et le Sahara occidental relève de l’Espagne.

Le groupe de travail mis en place par le Maroc et l’Espagne depuis le virage copernicien du gouvernement espagnol dans le conflit du Sahara et le début de la « nouvelle ère » des relations hispano-marocaines se penche sur la question du transfert de la gestion, qui - s’il est réalisé - constituerait une violation du droit international. Le partenaire de la coalition s’oppose ouvertement à cette mesure. « Nous rejetons la souveraineté marocaine sur le territoire du Sahara occidental. Nous rejetons également la souveraineté du Maroc sur les eaux territoriales et l’espace aérien », ont déclaré des sources de Sumar à notre journal il y a plusieurs mois. D’autres mesures qui auraient conduit à la reconnaissance du statut marocain du territoire, comme l’installation d’un centre de l’Institut Cervantes, ont été suspendues**.

Ces nouvelles exigences de Rabat, exprimées par un politicien socialiste, interviennent au milieu de l’impasse dans laquelle se trouvent les bureaux de douane de Ceuta et Melilla, complètement bloqués du côté marocain et avec le sentiment qu’ils ne seront pas ouverts parce que, pour les autorités marocaines, cela signifierait reconnaître les frontières terrestres avec l’Espagne, ce qu’elles nient avec insistance.

Le PSOE omet le Maroc dans son document cadre du Congrès

Dans ce contexte de concurrence entre la France et l’Espagne pour obtenir les faveurs du Maroc, l’absence de toute mention du Maroc et du conflit du Sahara dans le document cadre du PSOE pour son congrès qui se tiendra à la fin du mois à Séville est frappante. Le document se targue que « le PSOE a ramené l’Espagne au premier plan de la politique internationale et a porté notre prestige et notre influence à des niveaux sans précédent dans l’histoire récente de notre pays », mais omet toute référence au Maroc.
Lors du Congrès de 2021, la rue Ferraz avait cependant décrit le Maroc comme un « partenaire clé sur la rive sud de la Méditerranée », donnant un avant-goût des actions qui allaient suivre dans les mois suivants. « Nous devons continuer à renforcer ces liens et ces intérêts, ce qui nous permettra de surmonter certaines difficultés. C’est pourquoi, au cours des prochaines années, nous progresserons dans le partenariat stratégique bilatéral à long terme que les gouvernements socialistes ont toujours promu ; d’autre part, et comme elle l’a fait depuis son entrée en fonction, l’Espagne continuera à défendre en Europe le caractère stratégique que ce pays a pour l’Espagne et pour l’Europe », promettait le document.

L’Espagne et la France, par leurs actions diplomatiques de ces dernières années, ont été prises dans la rivalité entre le Maroc et l’Algérie. « L’Algérie partage avec le Maroc la tendance à considérer ses interlocuteurs en fonction de leur position sur la question. Au fil des ans, alors que le Maroc a abandonné l’option du référendum, Alger s’est accroché au principe de l’autodétermination, rendant impossible toute négociation de sortie de crise », note Khadija Mohsen-Finan, spécialiste du Maghreb et membre du comité de rédaction du magazine français en ligne Orient XXI. « En conséquence, le conflit du Sahara occidental s’est figé, ce qui est préjudiciable, d’une part, aux Sahraouis et, d’autre part, à l’ensemble du Maghreb, dans la mesure où cela empêche l’intégration de la région. L’Algérie perçoit désormais la coopération entre le Maroc et Israël comme une menace, ce qui accroît la tension et éloigne un peu plus la solution à la question du Sahara occidental », conclut-elle.

NdT
*Le Front Polisario fait  partie de l’Internationale socialiste en tant que membre consultatif.

** L’Institut Cervantes, qui dépend du ministère espagnol des Affaires étrangères, est dirigé par le poète grenadin Luis García Montero, militant historique d’Izquierda Unida (Gauche Unie), parti qui participe à la coalition gouvernementale de Pedro Sánchez à travers la plateforme Sumar de la vice-présidente du gouvernement Yolanda Díaz. En voyage au Maroc en mars dernier, il a déclaré : « Lors de ce voyage, la possibilité » d’ouvrir une annexe de Cervantes à El Aaiún n’a pas été envisagée.
L’Institut Cervantes compte actuellement six centres actifs au Maroc : Rabat, Casablanca, Tanger, Tétouan, Marrakech et Fès. Le projet d’en ouvrir un à El Ayoun avait suscité les critiques du Front Polisario et de l’eurodéputé Manu Pineda. Selon des sources espagnoles, 12 000 habitants d’El Ayoun parlent l’espagnol. D’autre part, une décision d’ouvrir une annexe de l’Institut à Tindouf en Algérie pour enseigner l’espagnol à des réfugiés sahraouis, prise en 2019, ne s’est jamais concrétisée. L’Institut est présent à Alger et Oran.
 

Pedro Sánchez devra faire encore un effort pour mériter une Koumiya


20/11/2024

RODOLFO WALSH
La Revolución palestina
Edición bilingüe/Édition bilingue


En 1974, Rodolfo Walsh, écrivain et journaliste révolutionnaire, militant des Montoneros argentins, est chargé par son organisation d’établir des relations avec le Fatah de Yasser Arafat, alors principal mouvement de résistance palestinien. De son voyage à Alger, Le Caire et Beyrouth, il rapporte un reportage publié par le quotidien Noticias.  50 ans plus tard, ce texte exemplaire, enfin disponible en français, est une lecture obligatoire pour tous les activistes, étudiants et chercheurs concernés par la cause des peuples, de l’Argentine sous « Mi Ley » à la Kanaky sous Macron.
Ce livre est publié à l’occasion de deux anniversaires :
Le 20 novembre en Argentine est la Journée de la Souveraineté nationale, commémorant la bataille de 1845, au cours de laquelle les combattants de la Confédération Argentine repoussèrent les envahisseurs franco-anglais qui entendaient coloniser le pays.
Le 29 novembre 1947, l’ONU adopta le Résolution 181, décrétant le partage de la Palestine entre les sionistes et les Palestiniens. Ce jour-là, les représentants de 33 pays déclenchèrent une catastrophe qui dure à ce jour.

En 1974, Rodolfo Walsh, escritor y periodista revolucionario, militante de los Montoneros argentinos, recibió de su organización el encargo de establecer relaciones con el Fatah de Yasser Arafat, entonces principal movimiento de resistencia palestino. De su viaje a Argel, El Cairo y Beirut, trajo un reportaje publicado por el diario Noticias. 50 años después, este texto ejemplar, por fin también disponible en francés, es una lectura imprescindible para todos los militantes, estudiantes e investigadores que se interesan por la causa de los pueblos, desde la Argentina bajo “Mi Ley” hasta Kanaky bajo Macron.
Publicamos este libro con ocasión de dos aniversarios:
El 20 de noviembre se celebra en Argentina el Día de la Soberanía Nacional, en conmemoración de la batalla de 1845 en la que los combatientes de la Confederación Argentina rechazaron a los invasores anglo-franceses que pretendían colonizar el país.
El 29 de noviembre de 1947, la ONU adoptó la Resolución 181, decretando la partición de Palestina entre sionistas y palestinos. Ese día, los representantes de 33 países desencadenaron una catástrofe que continúa hasta nuestros días.

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Índice
Nota del editor
Prólogo (Ángel Horacio Molina)
La Revolución palestina
Terror en Medio Oriente
La Embajada de Israel replica
Respuesta del autor a la embajada
Bio-bibliografía
Nota autobiográfica
Anexo Carta abierta de un escritor a la Junta Militar
Table des matières
Note de l’éditeur
Avant-propos (Ángel Horacio Molina
La Révolution palestinienne
Terrorisme au Moyen-Orient
L’ambassade d’Israël réplique
Réponse de l’auteur à l’ambassade
Biobibliographie
Notice autobiographique
Annexe Lettre ouverte d’un écrivain à la junte militaire
Nota del editor
En Argentina, bajo el gobierno del loco de la motosierra cuyo apellido podría leerse como «Mi Ley», uno se pregunta si Rodolfo Walsh es algo más que el nombre de una estación de la línea E del subte bonaerense para la generación más joven -los menores de 29 años-, la mayoría de los cuales votaron a un hombre que planea hundirlos aún más en el precariado y, si se insurgen, masacrarlos.
En la llamada América Latina del siglo XX, era un milagro que un revolucionario llegara vivo a los 50 años. Desde Emiliano Zapata hasta Ernesto Che Guevara, era habitual caer víctima de las balas antes de cumplir los 40.
Rodolfo acababa de cumplir 50 cuando, cerca de la estación Entre Ríos, cayó bajo las balas del capitán Astiz y sus gorilas. Corrió la misma suerte que su hija María Victoria, «Vicky», que había caído poco antes, a los 26 años. Pero a diferencia de muchas de las 30.000 personas forzosamente desaparecidas durante la dictadura militar, Rodolfo Walsh nos dejó una extraordinaria obra escrita, que desgraciadamente se ha traducido muy poco. Fue el inventor tanto del periodismo de investigación como del periodismo narrativo, en forma de «novelas de no ficción», nueve años antes que Truman Capote, generalmente presentado como su padre fundador por su libro A sangre fría. Pero Rodolfo no se limitó a escribir. Actuó, organizó y luchó, aunque lo único que tenía para defenderse de los esbirros que lo rodearon el 25 de marzo de 1977 era una ridícula pistolita que no le daba la medida. El día anterior acababa de empezar a difundir su 
Carta abierta de un escritor a la Junta Militar, con la que firmó su sentencia de muerte.
Rodolfo fue uno de los fundadores de la agencia de prensa cubana Prensa Latina. Fue uno de los pilares de Noticias, diario revolucionario que sólo duró el tiempo de un embarazo antes de ser prohibido por Isabelita por orden de la camarilla fascista reclamándose peronista que la rodeaba. Y en 1976 inventó ANCLA, la Agencia de Noticias Clandestina, que empezó a difundir información censurada sobre los crímenes de la dictadura.
Rodolfo, que murió como montonero, no siempre había sido peronista; incluso había sido furibundamente antiperonista y luego, en el curso de su labor investigadora, se había acercado a posiciones revolucionarias de izquierda, terminando con los Montoneros, esos extraños peronistas/marxistas/foquistas a los que se apresuraba a criticar por sus concepciones militarista-golpistas de la lucha, ya que aborrecía los métodos sumarios de ejecución de verdaderos o supuestos enemigos.
No he mencionado al Che al azar. Lo que ambos tenían en común era que eran argentinos por cuyas venas corría sangre irlandesa (véase más adelante la nota autobiográfica de Walsh). Los proletarios campesinos irlandeses que habían huido de la opresión de la pérfida Albión no habían encontrado un paraíso terrenal cuando desembarcaron en el Río de La Plata. La Plata no era para ellos. Tuvieron que laburar duro y dejar a su prole al cuidado de curas y monjas que sabían cómo adiestrar a esos zapallos, potencial carne de horca.
Al ir al encuentro de los palestinos, de Argel a Beirut, nuestro irlandés-argentino sabía que encontraría hermanos. De hecho, los Montoneros le habían pedido que estableciera contacto con Al Fatah. En un campo de refugiados, tuvo la impresión de volver a la Villa 31, en el conurbano bonaerense, donde trabajaba el padre Carlos Mugica, un luchador de la teología de la liberación que también fue asesinado y cuyo nombre lleva ahora la barriada.
Argentina e Israel no sólo tienen banderas similares. Sus historias de asentamientos son paralelas. Un chiste sudamericano dice: «El hombre desciende del mono, el argentino desciende del barco». Basta reemplazar argentino por israelí. Y bajo la ley de la motosierra, los argentinos corren serio peligro de sufrir un destino similar al de los palestinos. Las páginas de Rodolfo Walsh no han envejecido nada en cincuenta años. Tiempo para (re)leerlas. «El hombre del futuro es el que tendrá la memoria más larga» (Nietzsche)            

Fausto Giudice, Túnez, noviembre de 2024


Note de l’éditeur    
Dans l’Argentine sous la coupe du fou furieux à la tronçonneuse dont on peut traduire le nom par « Ma Loi » (Mi Ley), on peut se demander si, pour les jeunes générations -les moins de 29 ans - qui ont en grande partie voté pour un homme planifiant de les enfoncer encore plus dans la précarité et, s’ils se révoltent, de les massacrer - Rodolfo Walsh est autre chose que le nom d’une station du métro de la ligne E de Buenos Aires.
Dans l’Amérique dite latine du XXe siècle, arriver à l’âge de 50 ans et être encore en vie, pour un révolutionnaire, tenait du miracle. D’Emiliano Zapata à Ernesto Che Guevara, il était d’usage de tomber sous les balles avant d’avoir atteint les 40 ans. Rodolfo venait d’avoir 50 ans lorsque, près de la station Entre Ríos, il est tombé sous les balles du capitaine Astiz et de ses sbires. Il a ainsi connu le même sort que sa fille María Victoria, « Vicky », tombée peu de temps auparavant à 26 ans. Mais à la différence d’une bonne partie des 30 000 disparus forcés de la dictature militaire, Rodolfo Walsh nous a laissé une œuvre écrite extraordinaire, qui n’a malheureusement été que trop peu traduite. Il été l’inventeur à la fois du journalisme d’investigation et du journalisme narratif, sous forme de « romans de non-fiction », neuf ans avant Truman Capote, généralement présenté comme son père fondateur pour son livre De sang froid. Mais Rodolfo n’a pas fait qu’écrire. Il a agi, organisé, combattu, même s’il n’avait pour se défendre contre les sbires qui l’ont encerclé le25 mars 1977 qu’un ridicule petit calibre qui ne faisait pas le poids. La veille, il venait de mettre en circulation sa fameuse 
Lettre ouverte d’un écrivain à la junte militaire, par laquelle il a signé son arrêt de mort.
Rodolfo fut l’un des fondateurs de l’agence de presse cubaine Prensa Latina. Il fut l’un des piliers de Noticias, un quotidien révolutionnaire qui ne dura que temps d’une grossesse avant d’être interdit par Isabelita sur les ordres de la camarilla fasciste se réclamant du péronisme qui l’entourait. Et il fut l’inventeur, en 1976, de l’ANCLA, l’Agencia de Noticias Clandestina (Agence de nouvelles clandestine), qui commença à diffuser des informations censurées sur les méfaits de la dictature.
Mort comme Montonero, Rodolfo n’avait pas été péroniste « depuis toujours », il avait même été furieusement antipéroniste puis avait, au fil de ses travaux d’enquête, évolué vers des positions révolutionnaires de gauche pour finir chez les Montoneros, ces drôles de péronistes/marxisants/guévaristes qu’il ne se fit pas faute de critiquer pour leurs conceptions militaro-putschistes de la lutte, lui qui avait en  horreur les méthodes expéditives consistant à abattre sommairement les ennemis ou supposés tels.
Je n’ai pas évoqué le Che au hasard. Tous deux avaient en commun d’être des Argentins dans les veines desquels coulait du sang irlandais (lisez en page 80 la notice autobiographique de Walsh). Les paysans prolétarisés irlandais qui avaient fui l’oppression de la perfide Albion n’avaient pas trouvé un paradis terrestre en débarquant sur le Rio de La Plata. La Plata (l’argent, le pèze), ça n’était pas pour eux. Il leur avait fallu turbiner et confier leur progéniture aux curés et aux bonnes sœurs qui savaient comment s’y prendre pour dresser ces sauvageons, gibiers de potence en puissance.
En allant à la rencontre des Palestiniens, d’Alger à Beyrouth, notre Irlando-Argentin savait retrouver des frères. Il avait en fait été chargé par les Montoneros d’établir un contact avec le Fatah. Dans un camp de réfugiés, il a l’impression de retrouver la Villa 31 de la banlieue de Buenos Aires, où travaillait le père Carlos Mugica, combattant de la théologie de libération, lui aussi assassiné et dont le bidonville porte aujourd’hui le nom.
L’Argentine et Israël n’ont pas seulement en commun d’avoir des drapeaux similaires. L’histoire de leur peuplement est parallèle. Une blague sud-américaine dit : « L’homme descend du singe, l’Argentin descend du bateau ». Il suffit de remplacer Argentin par Israélien. Et sous la loi de la tronçonneuse, les Argentins risquent sérieusement de connaître un destin similaire à celui des Palestiniens. Les pages de Rodolfo Walsh n’ont donc pas pris une ride en cinquante ans. Il est temps de les(re)lire.
« L'homme de l'avenir est celui qui aura la mémoire la plus longue » (Nietzsche)

Fausto Giudice, Tunis, novembre 2024






 

18/11/2024

GIORGIO GRIZIOTTI
Equalize the world (Die Welt ausgleichen)
Die neuen Techno-Führer

Giorgio Griziotti, Effimera, 16/11/2024
Übersetzt von Fausto Giudice, Tlaxcala


Giorgio Griziotti war einer der ersten Computeringenieure, die aus dem Mailand Polytechnikum hervorgingen. Später erwarb er umfangreiche Erfahrungen im Bereich der IKT (Informations- und Kommunikationstechnologie). Seine Teilnahme an der italienischen Autonomiebewegung in den 1970er Jahren zwang ihn, einen Großteil seiner beruflichen Tätigkeit im Ausland auszuüben. Er ist einer der Animateure des internationalen Kollektivs „Effimera“. Autor von „Neurocapitalismo“ und „Cronache del Boomernauta“.
Als ich neulich aus Italien kommend auf dem Orly-Flughafen landete, war ich mit anderen Passagieren auf dem Weg zum Ausgang, als sich plötzlich eine Schlange vor einem beleuchteten Tunnel mit Türen bildete, durch die jeweils nur eine Person eintreten konnte. Ein weiteres automatisches Kontroll- und Erkennungssystem, als ob der Passagier, der bereits beim Einsteigen kontrolliert wurde, während des Fluges Waffen, Drogen oder andere illegale Produkte erhalten könnte. Diese x-te beunruhigende Flughafen-Neuheit ist eine von vielen Erscheinungsformen der allgegenwärtigen Sicherheitsbesessenheit in der realen wie auch in der virtuellen Welt, begleitet von einer Rhetorik, die die Wahrnehmung einer ständigen Gefahr nährt und eine Kultur der Angst fördert.


„Equalize, zum Schutz Ihres Business

Tatsächlich besteht die Gefahr oft deshalb, weil Befürworter des Sicherheitsdiskurses und Akteure der Cyberspionage im selben Lager sitzen und sich gegenseitig befeuern.
Equalize, das jetzt untersuchte italienische Unternehmen für Unternehmensrisikoanalysen – gemeint ist Industriespionage und nicht nur Industriespionage, da zu seinen Kunden der Mossad und der Vatikan gehören – ist in dieser Hinsicht beispielhaft: sein Eigentümer ist nicht nur Präsident der Fondazione Fiera Milano (Stiftung Mailand Messe), die 2022 vom Mitglied der Liga und Vorsitzenden der Abgeordnetenkammer, Lorenzo Fontana, ernannt wurde, und als Berater der Bocconi-Universität enge Beziehungen zu hochrangigen Regierungsvertretern unterhielt, darunter niemand Geringeres als die Senatspräsidentin und die viel untersuchte Tourismusministerin Daniela Santanchè.
„Equalize“ ist somit ein zeitgenössisches Beispiel für die neuen Machtverhältnisse zwischen Kontrolleuren und Kontrollierten im Zeitalter des ‚Überwachungskapitalismus‘[1]. Als Zuboff das Buch vor einigen Jahren schrieb, hoffte sie, dass der Kapitalismus reformierbar sei; heute scheint eine bemerkenswerte Tatsache diese Annahme ein für alle Mal zu widerlegen: der Aufstieg von Elon Musk an die Macht.
Wie von denen berichtet wird, die einen Blick in die Zukunft werfen konnten,[2] besiegelt Musks fulminanter Einzug in die Sphären der Regierungsführung die Verstrickung zwischen Staat und Techno-Tycoons oder Techno-Oligarchen, wie man sie auch immer nennen will. Seit den Tagen des Industriezeitalters ist das Big Business daran gewöhnt, die damaligen Mainstream-Medien zu erwerben und zu kontrollieren, aber jetzt erleben wir einen beispiellosen Quantensprung. Die siebzehn Milliarden impressions, die Musk allein mit seinen Tweets während des Wahlkampfs generiert hat, üben einen biopolitischen Einfluss aus, der selbst mit dem des Vorreiters Berlusconi mit seinen elektrischen Medien à la Mc Luhan nicht zu vergleichen ist. Gerade der Besitz riesiger Datenmengen ermöglicht es den Plattformen des Neurokapitalismus, die ihre eigenen Betriebsregeln weitgehend autonom festlegen, einen relevanten Einfluss auf Erzählungen, Wahrnehmungen, Emotionen und Entscheidungen auszuüben. Diese Macht formt aktiv Wahlen, Märkte und sogar persönliche Beziehungen, indem sie deren Dynamik neu definiert und ihre Entwicklungen auf tiefgreifende und allgegenwärtige Weise lenkt.
Nun, um auf Equalize zurückzukommen, ist es nicht überraschend, dass in einem solchen globalen Kontext auch intermediäre Akteure als neue Zentren privater Macht entstehen. Durch den Einsatz von künstlicher Intelligenz, Data-Mining und Hacking gelingt es ihnen, Informationen in ein Werkzeug des Zwangs und der Kontrolle zu verwandeln.
In diesem speziellen Fall war es das Ziel von Equalize, eine Art „Google der Nachrichtendienste“ zu werden. Zu diesem Zweck hatte das Unternehmen eine Plattform namens Beyond entwickelt, die durch die einfache Eingabe einer Abfrage zu einer Person oder einem Unternehmen ausgefeilte Berichte ermöglichte. Diese Berichte boten detaillierte Analysen und schlugen bei Bedarf weitere Erkenntnisse oder Untersuchungen vor.
Bis zu diesem Punkt mag Beyond anderen legalen Plattformen ähneln. Wie die Ermittler jedoch herausfanden, liegt seine zutiefst illegale Natur darin, dass mithilfe von RAT-Malware (Remote Access Trojan) illegal Informationen aus geschützten und vertraulichen Datenbanken abgerufen werden, um die vollständige Fernsteuerung des Zielsystems zu erlangen.
Zu den angegriffenen Datenbanken gehören die der Steuerbehörde (Serpico-System, das den Lebensstandard der Steuerzahler mit ihren Steuererklärungen abgleicht, AdÜ), Istat (Nationales Institut für Statistik), INPS (Nationales Institut für Sozialfürsorge), das Nationale Melderegister (ANPR), das Währungsinformationssystem (Siva) des Automobile Club Italia (Aci), vor allem aber das SDI, das Erhebungssystem des Innenministeriums[3].
Die relative Leichtigkeit, mit der es Equalize/Beyond zum Teil dank Komplizenschaft und Infiltration gelingt, Daten direkt von den Servern des Innenministeriums herunterzuladen, zeigt, wie selbst die sensibelsten Datenbanken, die von den zentralen Organen des Staates verwaltet werden und eigentlich besonders geschützt werden sollten, jetzt anfällig sind und auf dem Schwarzmarkt für gestohlene Daten landen. Dies ist wahrscheinlich auch das Ergebnis der zunehmenden Auslagerung einiger der kritischsten Knotenpunkte des staatlichen Funktionierens an den Privatsektor. Dies führt nicht nur zu einer Erosion der Grenzen zwischen öffentlich und privat, sondern auch zwischen denen, die kontrollieren, und denen, die kontrolliert werden.
Nutzer tragen oft, ohne sich dessen bewusst zu sein, durch die Nutzung vernetzter Geräte und digitaler Plattformen freiwillig zu ihrer eigenen Überwachung bei. Diese „partizipative Überwachung“ erzeugt eine kontinuierliche Rückkopplungsschleife, in der die erzeugten Daten erneut verarbeitet werden, um wiederum genau die Personen zu beeinflussen, die sie erzeugt haben. Ein Beispiel für diesen Mechanismus findet sich auch im Fall von Equalize, wo, wie ein Manager erklärte, täglich detaillierte Berichte über Website-Besuche vor Ort gesammelt wurden, einschließlich Informationen darüber, wer sich von wo aus mit welchem Gerät und Browser angemeldet hatte. Dieser Prozess ermöglichte eine detaillierte Profilerstellung der Benutzer, wobei nicht nur überwacht wurde, wer auf die Plattform zugegriffen hat, sondern auch, wonach sie gesucht haben.
„Equalize“ ist wahrscheinlich nur der erste große Fall, der ans Licht kommt, während andere in Italien, Europa und anderswo weiterhin im Verborgenen agieren. Sie sind die Begleiterscheinungen und lokalen Symptome der Welle des faschistischen Techno-Lösungsdenkens, die den jetzt unreformierbaren westlichen Demokratien den Todesstoß versetzt, wie Emanuele Braga in einem kürzlich in Effimera erschienenen Artikel argumentiert, in dem er unter anderem die (dumme) Böswilligkeit von Politikern und Intellektuellen der verstorbenen Linken anprangert. In diesem Zusammenhang hat mich das jüngste Interview von David Colon in der Tageszeitung il Manifesto mit dem bedeutenden Titel „Die neue Grenze der Techno-Oligarchen“ beeindruckt. Von seinem hohen Stuhl an der Science Po-Schule in Paris aus erklärt Colon, dass „Tech-Milliardäre beabsichtigen, die Politik zugunsten von Technologie und künstlicher Intelligenz zu entthronen, mit anderen Worten, zugunsten der Werkzeuge, mit denen sie ihr Vermögen gemacht haben.“ Der „gute“ linke Professor faselt am Tag von Trumps Wahlsieg von den „guten“ westlichen Demokratien, die gerettet werden müssten, weil sie von den „schlechten“ Autokratien des Rests der Welt ernsthaft bedroht seien, und merkt nicht einmal, wie unsinnig seine Behauptungen sind. Keine Technologie hat die Politik ersetzt oder wird sie ersetzen, da Elon Musk & Co. bereits die neuen politischen Führer des Kapitalismus des 21. Jahrhunderts sind ...

Nachtrag

Wie wir wissen, basiert die Rentabilität des Plattformkapitalismus auf der Umwandlung von Daten vom Gebrauchswert in einen Tauschwert (den sogenannten Netzwerkwert). Der Fall Equalize ist keine Ausnahme. Die Frage der Demokratie hat damit relativ wenig zu tun. Es geht um Kapitalismus, meine Liebe! Der Verkauf von Daten, die von der Beyond-Plattform manipuliert, verwaltet, ausgewählt und profiliert werden, ist in der Tat das Hauptgeschäft des Unternehmens. Aus den in einigen Zeitungen veröffentlichten Telefonabhörprotokollen geht hervor, dass eine einfache und einzige Informationsanfrage (die keine spezielle Ad-hoc-Untersuchung erfordert) durchschnittliche Kosten von etwa 200 Euro verursacht hat. Die Kosten für die Beschaffung solcher Informationen beliefen sich auf etwa 60 Euro, mit einer sicherlich beträchtlichen Gewinnspanne. Man sollte sich vor Augen halten, dass diese Informationen aus der Profilerstellung der Handlungen des täglichen Lebens eines jeden von uns stammen, ohne Ausnahme. Tatsächlich ermöglichen es die neuesten Algorithmus- und Cloud-Computing-Technologien, die Rohdaten, die durch die Nutzung von Apps auf Mobiltelefonen, Tablets und Computern entstehen, zu katalogisieren, auszuwählen, zu manipulieren und zu klassifizieren, um sie je nach den Bedürfnissen des Kunden und des Unternehmens in lesbare und verkaufsfähige Daten umzuwandeln. Es überrascht nicht, dass dies als Business Intelligence bezeichnet wird. Was (zumindest für Italien) relativ neu ist, ist die Besonderheit der von der Equalize/Beyond-Plattform verarbeiteten Daten: Es handelt sich in der Tat um äußerst sensible Daten, die mit dem Thema Datenschutz und Sicherheit zu tun haben, also um Daten mit sehr hohem Mehrwert. Wir sind nicht mehr nur mit der direkten Inwertsetzung des Lebens und der Verrentung des Profits konfrontiert, sondern mit der „Politisierung“ des Profits, mit allen damit verbundenen Implikationen (Andrea Fumagalli)

ANMERKUNGEN
[1] Zuboff, Shoshana. Das Zeitalter des Überwachungskapitalismus , Campus 2018
[2] Griziotti, Giorgio. Cronache del Boomernauta (Chroniken der Boomernauten) Mimesis Editions, 2023
[3] Das komplexe und umfangreiche behördenübergreifende Informationssystem, das in 13 Hauptanwendungsbereiche unterteilt ist, in die alle Arten von Informationen aus Beschwerden und Ermittlungen, von der Waffenverwaltung bis zur Ausländerkontrolle, von polizeilichen Erkenntnissen bis zur Ausschreibungsüberwachung einfließen.

17/11/2024

GIORGIO GRIZIOTTI
Equalize the world (Igual[iz]ar el mundo)


Giorgio Griziotti, Effimera, 16/11/2024
Traducido por Fausto Giudice, Tlaxcala

Giorgio Griziotti es investigador italiano independiente de mediaciones tecnológicas contemporáneas del capitalismo cognitivo, con experiencia de más de treinta años de asesoramiento en el campo de las tecnologías de la información. Debido a su actividad política en los años sesenta en el movimiento autónomo italiano, se vio obligado emigrar a Francia. Desde entonces reside en París. Autor de Neurocapitalismo (trad. Miguel Alonso), Melusina 2017 

El otro día, tras bajar en el aeropuerto de Orly procedente de Italia, caminaba con los demás pasajeros hacia la salida cuando, en un momento dado, se formó una cola delante de un túnel luminoso con puertas que dejaban entrar a una persona a la vez. Un sistema más de control y detección automáticos, como si durante el viaje en avión el pasajero, ya controlado al embarcar, pudiera obtener armas, drogas u otros productos ilícitos. Esta enésima novedad aeroportuaria inductora de ansiedad es una de las muchas manifestaciones de la omnipresente obsesión por la seguridad, tanto en lo real como en lo virtual, acompañada de una retórica que alimenta la percepción de peligro continuo como fomento de una cultura del miedo.

En realidad, el peligro existe a menudo porque los defensores de la narrativa securitaria y los agentes del ciberespionaje están en el mismo bando y se alimentan mutuamente.
Equalize, la empresa ahora investigada por analizar riesgos corporativos -léase espionaje industrial y no sólo industrial, ya que entre sus clientes figuran el Mossad y el Vaticano-, es ejemplar en este sentido: su propietario, además de presidente de la Fundación Fiera Milano, nombrado en 2022 por el líder del partido Lega Nord, Fontana, y consejero de la Universidad Bocconi, mantenía estrechas relaciones con altos cargos del Gobierno, entre ellos nada menos que el presidente del Senado y el muy investigado ministro de Turismo.
Equalize es, por tanto, una ilustración contemporánea de la nueva dinámica de poder entre controladores y controlados en la era del «capitalismo de la vigilancia»[1]. Cuando Zuboff escribió el libro hace unos años, esperaba que el capitalismo pudiera reformarse. Hoy, un hecho sorprendente parece desmentir definitivamente esta hipótesis: el ascenso al poder de Elon Musk.
Tal y como cuentan quienes han podido hacer incursiones en el futuro[2], la fulgurante llegada de Musk a las esferas de gobierno sella el entanglement (entrelazamiento) entre el Estado y los tecno-magnates o tecno-oligarcas, como quiera llamarlos. Desde los tiempos de la era industrial, el gran capital solía adquirir y controlar los entonces medios dominantes de comunicación, pero ahora asistimos a un salto cuántico sin precedentes. Los diecisiete mil millones de impresiones generadas por Musk sólo con sus tuiteos durante la campaña electoral ejercen una influencia biopolítica incomparable incluso a la del precursor Berlusconi con sus medios eléctricos à la Mc Luhan. Es precisamente la posesión de enormes cantidades de datos lo que permite a las plataformas del neurocapitalismo, en gran medida autónomas a la hora de definir sus propias reglas de funcionamiento, ejercer una influencia significativa en las narrativas, las percepciones, las emociones y las decisiones. Este poder moldea activamente las elecciones, los mercados e incluso las relaciones personales, redefiniendo su dinámica y dirigiendo su evolución de forma profunda y generalizada.
Ahora, volviendo a Equalize, no es sorprendente que, en este contexto global, los actores intermediarios también estén emergiendo como nuevos centros de poder privado. Mediante el uso de la inteligencia artificial, la minería de datos y la piratería informática, consiguen transformar la información en un instrumento de coerción y control.
En este caso concreto, la ambición de Equalize era convertirse en una especie de «Google de la inteligencia». Para ello, había desarrollado una plataforma llamada Beyond, que permitía obtener informes sofisticados con sólo introducir una consulta sobre una persona o una empresa. Estos informes ofrecían análisis detallados y sugerían nuevas perspectivas o investigaciones en caso necesario.
Hasta aquí, Beyond podría parecer similar a otras plataformas legales. Sin embargo, su naturaleza profundamente ilícita, tal y como han descubierto los investigadores, radica en la obtención ilegal de información de bases de datos protegidas y confidenciales mediante el uso de malware RAT (troyano de acceso remoto), con el que obtener el control remoto total del sistema objetivo.
Entre las bases de datos atacadas se encuentran las del Servicio de Impuestos [sistema Serpico, que mide la adecuación entre el nivel de vida de los contribuyentes y sus declaraciones fiscales, NdT], Istat (Instituto Nacional de Estadística), INPS (Instituto Nacional de la Seguridad Social), la Oficina Nacional de Registro (ANPR), el Sistema de Información Monetaria (Siva) del Automóvil Club de Italia (ACI), pero sobre todo el SDI, el sistema de investigación del Ministerio del Interior[3].
La relativa facilidad, gracias también a la complicidad y la infiltración, con la que Equalize/Beyond consigue descargar datos directamente de los servidores del Ministerio del Interior pone de manifiesto cómo incluso las bases de datos más sensibles gestionadas por los órganos centrales del Estado, que deberían estar hiperprotegidas, son ahora vulnerables y acaban en el mercado negro de los datos robados. Probablemente sea también el resultado de la creciente subcontratación al sector privado de algunos de los nodos más críticos del funcionamiento del Estado. Se trata de una erosión no sólo de los límites entre lo público y lo privado, sino también de los existentes entre quienes controlan y quienes son controlados.
Los usuarios, a menudo sin ser conscientes de ello, contribuyen voluntariamente a su propia vigilancia mediante el uso de dispositivos conectados y plataformas digitales. Esta «vigilancia participativa» genera un bucle de retroalimentación continua, en el que los datos producidos se reprocesan para influir en los propios individuos que los generaron. Un ejemplo de este mecanismo puede encontrarse también en el caso de Equalize, donde, según explicó un directivo, cada día se recopilaban informes detallados sobre las visitas al sitio, incluida información sobre quién se había conectado, desde dónde, con qué dispositivo y navegador. Este proceso permitía perfilar en profundidad a los usuarios, controlando no sólo quién accedía a la plataforma, sino también lo que buscaban.
Equalize es probablemente sólo el primer gran caso que sale a la luz, mientras que otros en Italia, Europa y otros lugares siguen operando en la sombra. Son los síntomas colaterales y locales de la ola de tecnosolucionismo fascista que está asestando el golpe de gracia a las ya irreformables democracias occidentales, como sostiene Emanuele Braga en un reciente artículo en Effimera en el que denuncia la (estúpida) mala fe de políticos e intelectuales de la difunta izquierda. Para terminar, me ha llamado la atención la reciente entrevista de David Colon en el Manifiesto con el significativo título «La nueva frontera de los tecno-oligarcas». Desde la altura de su cátedra en Science Po de París, Colon afirma que «los multimillonarios de la tecnología pretenden destronar la política en favor de la tecnología, la inteligencia artificial, es decir, las herramientas que han hecho su fortuna.» Parloteando, el mismo día de la elección de Trump, sobre las «buenas» democracias occidentales que hay que salvar porque están siendo seriamente amenazadas por las «malas» autocracias del resto del mundo, el buen profe «izquierdista» ni siquiera se da cuenta del sinsentido de sus afirmaciones. Ninguna tecnología ha sustituido ni sustituirá a la política: Elon Musk & Co. ya son los nuevos líderes políticos del capitalismo del siglo XXI....

Posdata
Como sabemos, el capitalismo de plataforma basa su rentabilidad en la transformación de datos de valor de uso a valor de cambio (el llamado valor de red). El caso de Equalize no es una excepción. La cuestión democrática tiene relativamente poco que ver. Es capitalismo, ¡carajo! La venta de datos manipulados, gestionados, seleccionados y perfilados por la plataforma Beyond es, de hecho, el principal negocio de la operación. Por lo que hemos podido leer de las interceptaciones telefónicas publicadas en algunos periódicos, una simple y única solicitud de información (que no requería ninguna investigación especial ad hoc) tenía un coste medio de unos 200 euros. El coste de obtención de esta información era más o menos de 60 euros, con un margen de beneficio ciertamente importante. El hecho que hay que recordar es que esta información se obtiene perfilando los actos de la vida cotidiana de cada uno de nosotros, sin excepción. De hecho, las recientes tecnologías algorítmicas y de computación en la nube permiten catalogar, seleccionar, manipular y clasificar los datos brutos resultantes del uso de apps en teléfonos móviles, tabletas y ordenadores en datos legibles y vendibles, en función de las necesidades del cliente y de la empresa. No es casualidad que esto se denomine inteligencia empresarial. Lo que es relativamente nuevo (al menos para Italia) es la peculiaridad de los datos procesados por la plataforma Equalize/Beyond: se trata, de hecho, de datos extremadamente sensibles que tienen que ver con la privacidad y la seguridad, por lo tanto, datos con un valor añadido muy alto. Ya no estamos sólo ante el valor directo de la vida y el devenir del beneficio, sino ante el devenir «político» del beneficio, con todas las implicaciones que ello conlleva (Andrea Fumagalli).

NOTAS:

[1] Zuboff, Shoshana. La era del capitalismo de la vigilancia: La lucha por un futuro humano frente a las nuevas fronteras del poder, Paidós 2020
[2] Griziotti, Giorgio. Cronache del Boomernauta (Crónicas del Boomernauta). Ediciones Mimesis, 2023 [de próxima publicación en español]
[3] El complejo y extenso sistema de información Inter fuerzas, que se divide en 13 áreas de aplicación principales en las que fluye todo tipo de información, desde denuncias e investigaciones, desde la gestión de armas al control de extranjeros, desde la inteligencia policial al seguimiento de licitaciones.


GIORGIO GRIZIOTTI
Equalize the world (Égaliser le monde)


Giorgio Griziotti, Effimera, 16/11/2024
Traduit par Fausto Giudice,
Tlaxcala

L’autre jour, débarqué à l’aéroport d’Orly en provenance d’Italie, je marchais avec les autres passagers vers la sortie quand, à un certain moment, une file d’attente s’est formée devant un tunnel lumineux dont les portes ne laissent passer qu’une seule personne à la fois. Un système supplémentaire de contrôle et de détection automatique, comme si, au cours du voyage aérien, le passager, déjà contrôlé à l’embarquement, pouvait se procurer des armes, des drogues ou d’autres produits illicites. Cette énième nouveauté aéroportuaire anxiogène est l’une des nombreuses manifestations de l’obsession sécuritaire omniprésente dans le réel comme dans le virtuel, accompagnée d’une rhétorique qui alimente la perception d’un danger permanent comme la promotion d’une culture de la peur.

En réalité, le danger existe souvent parce que les partisans du discours sécuritaire et les agents du cyberespionnage sont dans le même camp et se nourrissent les uns des autres.

Equalize, la société italienne d’analyse de risques - lisez espionnage industriel et pas seulement, puisqu’elle compte parmi ses clients le Mossad et le Vatican - pour les entreprises, qui fait actuellement l’objet d’une enquête, est exemplaire en ce sens : son propriétaire, en plus d’être président de la Fondation de la Foire de Milan, nommé en 2022 par le leader de la Lega et président de la Chambre des députés Lorenzo Fontana, et conseiller de l’Université Bocconi, entretenait des liens étroits avec de hauts fonctionnaires, dont le président du Sénat et la ministre du Tourisme Daniela Santanchè, qui a fait l’objet de plus d’une enquête.

Equalize est donc une illustration contemporaine de la nouvelle dynamique de pouvoir entre contrôleurs et contrôlés à l’ère du « capitalisme de surveillance »[1]. Lorsque Zuboff a écrit ce livre il y a quelques années, elle espérait que le capitalisme pourrait être réformé. Aujourd’hui, un fait marquant semble définitivement démentir cette hypothèse : la montée en puissance d’Elon Musk.

Comme le racontent ceux qui ont pu faire des incursions dans le futur [2], l’arrivée fracassante de Musk dans les sphères de la gouvernance scelle lentanglement (intrication) entre l’État et les techno-tycoons ou techno-oligarques, comme on voudra les appeler. Depuis l’ère industrielle, le grand capital avait l’habitude d’acquérir et de contrôler les médias grand public de l’époque, mais nous assistons aujourd’hui à un saut quantique sans précédent. Les dix-sept milliards d’impressions générées par Musk avec ses seuls gazouillis pendant la campagne électorale exercent une influence biopolitique incomparable même à celle du précurseur Berlusconi avec ses médias électriques à la Mc Luhan. C’est précisément la possession d’énormes quantités de données qui permet aux plateformes du neurocapitalisme, largement autonomes dans la définition de leurs propres règles de fonctionnement, d’exercer une influence significative sur les récits, les perceptions, les émotions et les décisions. Ce pouvoir façonne activement les élections, les marchés et même les relations personnelles, redéfinissant leur dynamique et orientant leur développement de manière profonde et omniprésente.

Pour en revenir à Equalize, il n’est pas surprenant que, dans ce contexte mondial, les acteurs intermédiaires émergent également comme de nouveaux centres de pouvoir privé. Grâce à l’intelligence artificielle, à l’exploration de données et au piratage, ils parviennent à transformer l’information en un instrument de coercition et de contrôle.
Dans ce cas précis, l’ambition d’Equalize était de devenir une sorte de « Google du renseignement ». Pour ce faire, elle avait développé une plateforme appelée Beyond, qui permettait d’obtenir des rapports sophistiqués simplement en introduisant une requête sur une personne ou une entreprise. Ces rapports proposent des analyses détaillées et suggèrent, le cas échéant, des réflexions ou des enquêtes plus approfondies.

Jusqu’à présent, Beyond pouvait sembler similaire à d’autres plateformes légales. Cependant, sa nature profondément illicite, telle qu’elle a été découverte par les enquêteurs, réside dans l’obtention illégale d’informations à partir de bases de données protégées et confidentielles grâce à l’utilisation d’un logiciel malveillant de type RAT (Remote Access Trojan), qui permet d’obtenir un contrôle à distance complet du système cible.
Parmi les bases de données attaquées figurent celles de l’Agence des impôts [système Serpico qui mesure l’adéquation entre le niveau de vie des contribuables et leur déclaration, NdT] , de l’Istat (Institut national de statistiques), de l’INPS (Institut national de sécurité sociale), du Registre national d’état-civil (ANPR), du Système d’information monétaire (Siva) de l’Automobile Club d’Italie (ACI), mais surtout le SDI, le système d’investigation du ministère de l’Intérieur[3].
La relative facilité avec laquelle Equalize/Beyond a réussi à télécharger des données directement à partir des serveurs du ministère de l’Intérieur, grâce aussi à des complicités et à des infiltrations, montre que même les bases de données les plus sensibles gérées par les organes centraux de l’État, qui devraient être hyperprotégées, sont désormais vulnérables et se retrouvent sur le marché noir des données volées. C’est probablement aussi le résultat de la sous-traitance croissante de certains des nœuds les plus critiques du fonctionnement de l’État au secteur privé. Il s’agit d’une érosion non seulement des frontières entre le public et le privé, mais aussi de celles entre ceux qui contrôlent et ceux qui sont contrôlés.
Les utilisateurs, souvent sans en être conscients, contribuent volontairement à leur propre surveillance en utilisant des appareils connectés et des plateformes numériques. Cette « surveillance participative » génère une boucle de rétroaction continue, dans laquelle les données produites sont retraitées pour influencer les individus mêmes qui les ont générées. Un exemple de ce mécanisme peut également être trouvé dans le cas d’Equalize, où, comme l’a expliqué un responsable, des rapports détaillés sur les visites du site étaient collectés chaque jour, y compris des informations sur qui s’était connecté, d’où, avec quel appareil et quel navigateur. Ce processus a permis d’établir un profil approfondi des utilisateurs, en contrôlant non seulement qui accède à la plateforme, mais aussi ce qu’ils recherchent.
Equalize n’est probablement que le premier grand cas à émerger, tandis que d’autres en Italie, en Europe et ailleurs continuent d’opérer dans l’ombre. Ils sont les symptômes collatéraux et locaux de la vague de techno-solutionnisme fasciste qui porte le coup de grâce aux démocraties occidentales désormais irréformables, comme l’affirme Emanuele Braga dans un récent article d’Effimera où il dénonce la mauvaise foi (stupide) des politiciens et des intellectuels de la défunte gauche. Pour conclure, j’ai été frappé par la récente interview de David Colon dans le Manifesto sous le titre significatif « La nouvelle frontière des techno-oligarques ». Du haut de sa chaire de Science Po à Paris, Colon affirme que « les milliardaires de la technologie entendent détrôner la politique au profit de la technologie, de l’intelligence artificielle, c’est-à-dire des outils qui ont fait leur fortune ». Déblatérant, le jour même de l’élection de Trump, sur les « bonnes » démocraties occidentales à sauver parce qu’elles sont gravement menacées par les « mauvaises » autocraties du reste du monde, notre bon prof de « gauche » ne se rend même pas compte de l’ineptie de ses affirmations. Aucune technologie n’a pris ou ne prendra la place de la politique : Elon Musk & Co. sont déjà les nouveaux leaders politiques du capitalisme du XXIe siècle...

Post-scriptum
Comme nous le savons, le capitalisme de plateforme fonde sa rentabilité sur la transformation des données de la valeur d’usage en valeur d’échange (la soi-disant valeur de réseau). Le cas d’Equalize ne fait pas exception. La question démocratique n’a pas grand-chose à voir là-dedans. C’est du capitalisme, chéri·e ! La vente de données manipulées, gérées, sélectionnées et profilées par la plateforme Beyond est en fait l’activité principale de l’opération. D’après ce que nous avons pu lire des interceptions téléphoniques publiées dans certains journaux, une simple et unique demande d’information (qui ne nécessitait pas d’enquête spéciale ad hoc) avait un coût moyen d’environ 200 euros. Le coût d’obtention de ces informations était plus ou moins de 60 euros, avec une marge bénéficiaire certainement importante. Ce qu’il faut retenir, c’est que ces informations sont collectées en profilant les actes de la vie quotidienne de chacun d’entre nous, sans exception. En effet, les récentes technologies algorithmiques et de cloud computing permettent de cataloguer, sélectionner, manipuler et classer les données brutes résultant de l’utilisation d’apps sur les téléphones mobiles, les tablettes et les ordinateurs en données lisibles et vendables, en fonction des besoins du client et de l’entreprise. Ce n’est pas un hasard si l’on parle d’intelligence économique. Ce qui est relativement nouveau (du moins pour l’Italie), c’est la particularité des données traitées par la plateforme Equalize/Beyond : il s’agit en effet de données extrêmement sensibles, liées à la vie privée et à la sécurité, donc de données à très haute valeur ajoutée. Nous ne sommes plus seulement confrontés à la vie directement valorisée et au devenir du profit, mais au devenir « politique » du profit, avec toutes les implications que cela comporte (
Andrea Fumagalli).

NOTES

[1] Zuboff, Shoshana. L’Âge du capitalisme de surveillance, Zulma 2022
[2] Griziotti, Giorgio. Cronache del Boomernauta (Chroniques du Boomernaute) Éditions Mimesis, 2023 (à paraître en français en 2025)

[3] Le système d’information interforces, complexe et étendu, est divisé en 13 domaines d’application principaux dans lesquels circulent toutes sortes d’informations, des plaintes aux enquêtes, de la gestion des armes au contrôle des étrangers, du renseignement policier au suivi des appels d’offres pour les marchés publics.


GIORGIO GRIZIOTTI
Equalize the world

Giorgio Griziotti, Effimera, 16/11/2024
Translated by Fausto Giudice, Tlaxcala

The other day, disembarking at Orly airport from Italy, I was heading with other passengers toward the exit when at one point a queue formed in front of a lighted tunnel with doors that let in one person at a time. Yet another automatic control and detection system, as if during air travel the passenger, already checked at boarding, could obtain weapons, drugs or other illicit products. This umpteenth anxiety-provoking airport novelty is one of many manifestations of the ubiquitous securitarian obsession in the real as well as the virtual accompanied by rhetoric that feeds the perception of continuous danger as promoting a culture of fear.


In fact, the danger often exists because proponents of the securitarian narrative and agents of cyberespionage are in the same camp and feed off each other.
Equalize, the now-investigated Italian corporate risk analysis company-read industrial espionage and not just industrial espionage since clients include the Mossad and the Vatican-is exemplary in this regard: its owner, in addition to being president of the Milano Fair Foundation, appointed in 2022 by the League member and Chamber of deputies chairman Lorenzo Fontana, and an advisor to Bocconi University, had close ties with senior government figures including none other than the president of the Senate and the much-investigated minister of tourism Daniela Santanchè.
Equalize is thus a contemporary illustration of the new power dynamics between controllers and controlled in the era of “Surveillance Capitalism”[1]. Zuboff, when she wrote the book a few years ago, hoped that capitalism was reformable; today a striking fact seems to disprove this assumption once and for all: the rise to power of Elon Musk.
As recounted by those who have been able to make forays into the future,[2] Musk's smashing arrival in the spheres of governance seals the entanglement between the state and techno-tycoons or techno-oligarchs, whatever you want to call them. Since the days of the industrial era, big business has been used to acquire and control the then mainstream media but now we are witnessing an unprecedented quantum leap. The seventeen billion impressions generated by Musk alone with his tweets during the election campaign exert a biopolitical influence incomparable even to that of the precursor Berlusconi with his electric media à la Mc Luhan. It is precisely the possession of enormous amounts of data that enables the platforms of neurocapitalism, largely autonomous in defining their own rules of operation, to exert relevant influence on narratives, perceptions, emotions and decisions. This power actively shapes elections, markets and even personal relationships, redefining their dynamics and directing their developments in profound and pervasive ways.
Now, returning to Equalize, it is not surprising that, in such a global context, intermediary actors are also emerging as new centers of private power. Through the use of artificial intelligence, data mining and hacking, they are managing to turn information into a tool of coercion and control.
In this particular case, Equalize's ambition was to become a kind of “Google of intelligence.” To this end, it had developed a platform called Beyond, which allowed for sophisticated reports simply by entering a query about a person or company. These reports offered detailed analysis and suggested further insights or investigation if needed.
Up to this point, Beyond might seem similar to other legal platforms. However, its deeply illicit nature, as discovered by investigators, lies in illegally obtaining information from protected and confidential databases through the use of RAT (Remote Access Trojan) malware, with which to gain full remote control of the target system.
Among the databases attacked are those, of the Internal Revenue Service [Serpico system, measuring the match between taxpayers' standard of living and their tax returns, Transl. note]), Istat (National institute of statistics), INPS (National Institute of Social Welfare), the National Registry Office (ANPR), the Currency Information System (Siva) of the Automobile club Italia (Aci), but above all the SDI,  the Survey System of the Ministry of the Interior[3].
The relative ease, thanks in part to complicity and infiltration, with which Equalize/Beyond succeeds in downloading data directly from the Ministry of the Interior's servers highlights how even the most sensitive databases, managed by the central organs of the State, which should be hyper-protected, are now vulnerable and end up in the black market of stolen data. This is probably also the result of the increasing subcontracting of some of the most critical nodes of state functioning to the private sector. It is an erosion not only of the boundaries between public and private, but also of those between those who control and those who are controlled.
Users, often without being aware of it, voluntarily contribute to their own monitoring through the use of connected devices and digital platforms. This “participatory surveillance” generates a continuous feedback loop, in which the data produced is reprocessed to again influence the very individuals who generated it. An example of this mechanism can also be found in the case of Equalize, where, as one manager explained, detailed reports on site visits were collected daily, including information on who had logged in, from where, with what device and browser. This process allowed in-depth profiling of users, monitoring not only who accessed the platform, but also what they searched for.
Equalize is probably only the first major case to emerge, while others in Italy, Europe and elsewhere continue to operate in the shadows. They are the collateral and local symptoms of the wave of fascist techno-solutionism that gives the coup de grace to the now unreformable Western democracies as Emanuele Braga argues in a recent article in Effimera in which among other things he denounces the (stupid) bad faith of politicians and intellectuals of the late left. In this regard, to conclude, I was struck by the recent interview of David Colon, to the Manifesto with the significant title “The new frontier of the techno-oligarchs.” From the height of his chair at Science Po in Paris, Colon states that “tech billionaires intend to dethrone politics in favor of technology, artificial intelligence, in other words the tools that have made their fortunes.” Babbling, on the very day of Trump's election, about the “good” Western democracies to be saved because they are being seriously endangered by the “bad” autocracies of the rest of the world, the good “leftist” prof. does not even realize the nonsense of his claims. No technology has taken or will take the place of politics while Elon Musk & Co. are already the new political leaders of 21st century capitalism...

Post-scriptum
As we know, platform capitalism bases its profitability in the transformation of data from use value to exchange value (the so-called network value). The Equalize case is no exception. The democratic issue has relatively little to do with it. It is capitalism, my dear! The sale of data manipulated, managed, selected and profiled by the Beyond platform is in fact the main business of the operation. From what could be read from telephone intercepts published in some newspapers, a simple and single request for information (requiring no special ad hoc investigation) had an average cost of about 200 euros. The cost of retrieving such information was more or less 60 euros, with a certainly significant profit margin. The fact to remember is that this information is gathered from the profiling of the acts of daily life of each of us, bar none. In fact, recent algorithmic and cloud computing technologies make it possible to catalogue, select, manipulate, and classify the raw data that comes from the use of apps on cell phones, tablets, and computers into readable and saleable data, depending on the needs of the customer and the business. Not surprisingly, this is referred to as business intelligence. What is relatively new (at least for Italy) is the particularity of the data processed by the Equalize/Beyond platform: it is, in fact, extremely sensitive data that have to do with the issue of privacy and security, thus data with very high added value. We are no longer only faced with life being directly put to value and the becoming annuity of profit, but with the “political” becoming of profit, with all the implications that this entails (Andrea Fumagalli)

NOTES
[1] Zuboff, Shoshana. The Age of Surveillance capitalism. PublicAffairs, 2019.
[2] Griziotti, Giorgio. Cronache del Boomernauta (Chronicles of the Boomernaut) Mimesis Editions, 2023 (to be published in English in 2025)
[3] The complex and extensive interagency information system, which is divided into 13 main application areas into which all kinds of information flows from complaints and investigations, from weapons management to foreigner control, from police intelligence to tender monitoring.


GIDEON LEVY
Le nouvel idéal sioniste : une génération d’Israéliens sans honte pour la guerre de Gaza

Gideon Levy, Haaretz,  17/11/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Yair Weigler, éducateur et patron d’une organisation appelée « Teachers for Change » [Enseignants pour le changement], vient de rentrer d’un long séjour parmi les réservistes de l’armée israélienne.

« Nous étions des colons, des habitants de Tel-Aviv, des personnes évacuées du bloc Katif [de la bande de Gaza] en 2005 ; nous étions des frères d’armes, des personnes travaillant dans l’éducation et dans la haute technologie... une compagnie de tanks », a-t-il déclaré poétiquement, comme s’il était un jeune homme revenant d’un voyage à l’étranger après l’armée et chantant les louanges des endroits qu’il a visités. Oh, Shujaiyya, oh, quelle unité. Quelle armée, quel peuple !

Simon Nsaka (Stillmatic), Zambie

L’ancien Premier ministre Naftali Bennett s’est empressé de partager les paroles de l’éducateur : « Une génération de lions a vu le jour en Israël. Je n’ai aucun doute sur le fait que ces hommes, les combattants et les réservistes, retourneront à la vie civile en étant plus idéalistes, plus compatissants, et que ce sont eux qui reconstruiront ce pays pour les 50 prochaines années. Il y a de l’espoir ! »

Même si l’on ignore le pathos gnangnan du petit politicien à la calotte tricotée, on ne peut qu’être consterné par le chaos qui se déroule sous nos yeux ébahis et impuissants. Le jour est la nuit et la nuit est le jour. Le nettoyage ethnique et le meurtre de masse sont des idéaux, et les crimes de guerre créent des civils qui sont meilleurs et qui ont plus de valeurs. C’est le sens de l’espoir dans le schéma de Bennett.

On le lit avec incrédulité. C’est ce qu’un enseignant israélien a à dire sur son très problématique service de réserve, et c’est ainsi que réagit un leader de la droite modérée, une personne qui incarne l’espoir d’une alternative. En 2024, en Israël, non seulement il n’y a aucune trace de bilan concernant ce que son armée a fait à Gaza et au Liban - nous nous y sommes habitués - mais on élève maintenant les crimes et la brutalité au rang d’idéaux. Les cours d’éducation civique expliqueront désormais comment le massacre de dizaines de milliers de femmes et d’enfants est devenu une valeur. C’est ainsi que l’on détruit une bande de terre et que l’on fait des Israéliens de meilleurs citoyens. Le génocide comme atelier pédagogique.

Ceux qui s’attendaient à un sentiment de culpabilité, à une comptabilité ou à des points d’interrogation éthiques obtiennent exactement le contraire. Quiconque s’attendait à une génération traumatisée par ce qu’elle a fait, avec des cauchemars incessants et à des pleurs dans le sommeil à cause des atrocités, reçoit en retour une fierté nationale. L’idéal sioniste, c’est maintenant la guerre qui fait rage à Gaza. Un crime terrible qui reste à définir devant les tribunaux internationaux, une guerre qui horrifie le monde entier, à juste titre, un crime qui est maintenant transformé en valeur. Une génération de lions est née ici.

Une génération de lions qui ne regarde pas un instant son œuvre en face. Elle est trop lâche. On peut comprendre la répression et le déni - sans eux, une guerre comme celle-ci ne pourrait être menée, une guerre inutile et débridée. Mais Israël a poussé la chose à un niveau encore plus inconcevable.
Jamais une telle fierté n’a été exprimée ici pour des crimes de guerre aussi horribles. Des officiers se promènent parmi les ruines de Gaza devant les caméras de télévision, tels des paons gonflés. Il n’y a pas un seul correspondant pour sauver la dignité de sa profession en demandant quelle est la signification de toute cette destruction. Quel était son but, sa légalité, sa moralité ? De quel droit avons-nous pu perpétrer de telles destructions ? Des convois de personnes les plus misérables vont et viennent sur le sable, en béquilles, en fauteuils roulants, dans des chariots conduits par des ânes affamés, des personnes prêtes à réciter au correspondant de la télévision Ohad Hamo tout ce qu’il leur demande en échange d’une goutte d’eau - et c’est ce qu’on appelle un coup journalistique pour soutenir l’orgueil professionnel d’Hamo.

Il est douteux que la télévision russe ose diffuser un spectacle aussi honteux depuis l’Ukraine. Là-bas, la honte l’empêcherait peut-être. Ici, il n’y a aucun sentiment de honte. Ni Hamo, ni Canal 12, ni les médias, ni Weigler, ni Bennett.

Ce n’est pas seulement qu’Israël a perdu tout sens de la honte. Il est fier de ses exploits. Ce n’est pas que les Israéliens considèrent la guerre comme un mal nécessaire, nous condamnant ostensiblement à vivre avec elle. Aujourd’hui, c’est un modèle de valeurs - la guerre comme poème pédagogique. Les Israéliens ont fait du transfert de troupes dans le nord de la bande de Gaza et du massacre dans le sud un patrimoine national, avec les albums photos et les musées qui suivront bientôt. Il sera beaucoup plus difficile de s’en remettre.

Bennett promet que cette génération de lions, dépourvue de conscience ou de boussole, est celle qui construira le pays pour les 50 prochaines années à venir. Imaginez un peu. Ça promet.